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Info:
Avant que ça ne disparaisse définitivement...

[RP] Estuve: Aux bains d'Ô

--Matthurin


[Rue des vieilles estuves]

En ce petit matin de novembre 1457, Matthurin, adossé à la porte de son établissement, contemplait d'un oeil pensif l'animation qui régnait dans la rue.
Une étuvière qui passait lui lança une oeillade aguicheuse mais perdu dans ses pensées il réagit trop tard.
A son déhanchement il reconnut la Perine avec laquelle il avait passé de bons moments... autrefois.
Le sourire au lèvres, caressant machinalement sa barbe, il se rappela son arrivée à Paris cinq ans aupravant.
A trente ans il s'était résolu à quitter la maison paternelle. Prendre la succession de son père ne l'intéressait plus, pas plus qu'entrer dans les ordres ou devenir soldat.
Une recommandation des moines du Tastevin en poche il était donc monté à la capitale et avait trouvé à s'employer chez un étuvier.
Depuis.... depuis il en avait fait du chemin!
Le sourire de Matthurin s'accentua et il bomba le torse.


Maistre des estuves....ma foi, ça sonne bien! Qui l'eut cru?
Pas mon père... Le Tout-Puissant ait son asme! Ni les bons moines pour sûr!
Maistre des estuves... et celle-là est à moi à présent!

Ce disant, il se retourna pour admirer une nouvelle fois la facade de son établissement. Une large devanture, un sous-sol sur toute la longueur, un petit jardin à l'arrière, le rez-de-chaussée dédié aux bains, le premier étage pour les chambres, au second son domaine privé et ce nom peint en lettres rouges: Aux bains d'Ô...
Tapotant le chambranle de la porte d'entrée, il murmura:


Y'a plus qu'à! Ensuite je songerai à prendre femme... une pas trop dépensière, ni trop bavarde, ni trop bigote... et agréable à voir... Arf! Je m'emballe commençons par le commencement!

Après un dernier regard à la rue où résonnaient les appels des étuveurs, Matthurin entra.
La porte refermée il rameuta ses troupes.


La Madelon! Pierre! Appelez les autres et ramenez vos fesses! On a du pain sur la planche! Faut qu'on ouvre dans une semaine!


RP ouvert à tous... y compris aux indésirables RP parlant . Si vous avez des remarques, des suggestions... je prends! mais par M.P. uniquement
--Matthurin
[J-3 Inspection des locaux]

Matthurin avait de quoi être fier: en quelques jours de menux travaux, de réaménagements et de récurage intensif, il avait réussi à donner un coup de jeune à l'établissement et se sentait maître en son royaume.
Tellement content de lui d'ailleurs que toutes les nuits, chandelle à la main et vêtu de ses seules braies il partait faire le tour de son domaine, histoire de vérifier... une dernière fois...


Des fois que que'que chose n'irait point et que les chirurgiens-barbiers me tombent dessus... Ces maudits trouveront ben la p'tite beste pour me retarder si j'y prends point garde...

Alors, d'abord on commande et on paie en deniers sonnants et trébuchants voir mesme en écus si je sais m'y prendre...

Passé le comptoir où les clients se voyaient remettre un drap et un nécessaire de toilette, on accédait à l'antichambre qui servait de vestiaire, toute de bois sombre et de tentures vertes.
De là, deux portes menaient soit à la salle de transpiration, soit au bain chaud.
La salle des bains au sol carrelé de rouge sombre et aux murs peints de fresques bucoliques et marines comportait une grande cuve collective en son centre, et six baquets plus petits tout autour. De larges et hautes fenêtres ouvraient sur le petit jardin à l'arrière.
La salle d'étuve, carrelée de blanc et aux murs enduits de chaux était plus neutre, plus propice à la relaxation. Le centre de la pièce s'abaissait en pente douce vers un conduit d'évacuation. Des bancs de bois disposés un peu partout étaient le seul mobilier. Au sol, près de trois des murs, on pouvait voir trois ouvertures fermées par des grilles ouvragées qui servaient à amener la vapeur d'eau.
L'étuve de Matthurin était une étuve humide.
Le mur donnant sur le jardin était percé de trous pour évacuer la vapeur et apporter la lumière.


Tout pour se laver et se détendre... grasce aux bons soins des estuvières... Tiens en parlant de celles-là... va falloir faire du ménage là-d'dans aussi!
Mouarf... c'est qu'y s'fait tard... on verra demain il y fera plus clair!

Baillant à s'en décrocher la mâchoire mais impatient d'être déjà au lendemain, le Matthurin remonta au second pour s'endormir en comptant les deniers à venir qui ne manqueraient pas de tomber dans sa bourse.
--Matthurin
[J-2 Revue des troupes]

Il étaient six. Six alignés devant lui, le regardant d'un air interrogatif, inquiet et même...effronté!


Ttttt... va falloir que ça change...

Six dont il avait "hérité" en même temps que l'établissement. Trois femmes et trois hommes... quoi que pour l'un d'entre eux...
Les mains dans le dos, l'air hautain, Matthurin les toisa un à un sans rien dire. Histoire de les faire mariner un peu.


Mouaih... le blondinet élancé pas plus épais qu'un clou, j'ai mon opinion... et pis c'est quoi ces couleurs criardes? Enfin... du moment qu'y fait bien son ouvrage et qu'y m'approche pas de trop près... Y' paraist qu'il est bon barbier.
Pis y'a le Pierre. Ca c'est de l'homme et du vrai! Y dépasse tout le monde d'une teste avec une musculature à faire paslir un équarisseur ou un bourrel! Une perle rare qui pourra estre utile en cas de grabuge...
Le suivant... Bah.. rien à dire... à voir! Tiens comment qu'y s'appelle déjà? Arf...
Bon, les femmes à présent. Voyons voir...
La Madelon... une effrontée de première celle-là! Mais avec tout ce qui faut là où il faut... Va falloir que je la tienne à l'oeil des fois que...
Pis les deux jeunettes... pas grand chose à dire... Faut qu'elles fassent leurs preuves...

Crénom de nom ça a intérest à filer droit tout ce monde!!

Après avoir prit son temps, Matthurin s'éclaircit la voix avant de se lancer dans un discours de circonstance.


Hum... Bien. Alors voilà. Ouvrez bien vos esgourdes et retenez!
Vous estes céant dans une maison honneste qui offre un service de qualité!
Ce qui veut dire des sourires, des courbettes si besoin, de la discrétion! Anticipez au lieu de vous faire désirer! Je veux voir personne occupé à rien faire! Y'a de l'ouvrage pour tous moi itou du lever au coucher... Et surtout! Surtout! Je veux voir aucun d'entre vous dans les chambres à l'étage avec un ou une cliente sans une bonne raison! ON EST POINT DANS UN BORDEL CEANT!!!

Matthurin se tut un moment, observant les réactions avant d'adopter un ton plus conciliant.

Bon. Si vous le souhaitez je puis faire aménager les combles comme ça vous aurez une chambrette sur place. Pis je vous laisse vos dimanches pour aller à la messe... et mesme que ce jour-là vous aurez le droit d'utiliser l'estuve pour votre convenance personnelle, j'en ferai autant. Et si y'a des pourboires... je vous en donnerai une partie, en plus de votre paie... Mais faudrait voir à point abuser! Hein? Je sais compter!


Matthurin se permit un petit rire du genre "je veille au grain" avant d'aller chercher derrière le comptoir tout un tas de choses qu'il avait préparé. Et tout en distribuant à chacun ce qui lui revenait il expliqua:


Ces chainses de toile légère et sans manche c'est pour vous les estuvières. Comme vous le voyez, j'ai pensé à tout... les costés sont fendus jusqu'à mi-cuisses...Pas pour jouer les donzelles, hein! Pour avoir plus... hum... d'aisance. Pis ce fichu c'est pour vos cheveux. Ca f'ra plus propre.
Je vous donne aussi un nouveau baquet pour les lavements avec une louche de bois. Un drap de grosse toile, un houssoir de belles plumes et... un savon! Prenez en soin c'est un gallique*! Et ne l'usez point inutilement il m'a cousté fort cher!
Mes dames...


Léger signe de tête, mi-moqueur mi-obséquieux.


Vous officierez auprès des clients dans cette tenue pour tout ce qui relève des soins. En plus, vous aurez en charge le récurage, le lavage des draps et le ménage à l'étage. Compris? Bien...

Mes sieurs... à vous!
Pour vous ce sera des braies. Tout simplement...mais deux paires! Une pour la cave et l'autre quand vous aurez à faire aux bains ou à l'estuve.
Pour toi le barbier...
Tiens, je te donne un baquet, une louche, un drap , des ciseaux... Pour ce qui est des parfums et autres outils tu dois avoir le matériel propre à ton mestier? Bien-sûr, toi pas question que tu aides au sous-sol. Mais je compte sur toi pour les services à domicile si jamais un client en fait la demande...ou une cliente...

Coup d'oeil aux deux derniers hommes. Petit sourire en coin.

Pour vous, la cave sera votre domaine. Le bois, les cheminées, le chauffage, le remplissage et le vidage des cuves. Donc tenez vous en forme et n'oubliez point de boire! C'est qu'y va faire chaud en bas!


Raclement de gorge.


Arf... en parlant de boire... j'arreste là pour aujourd'huy, j'ai l'gosier sec! Vous pouvez disposer!


savon gallique*: à l'huile
--Matthurin


Par un petit matin blafard, pendant que tous ses employés s'affairaient aux derniers préparatifs et alors qu'un peintre finissait de donner la dernière touche de couleur à une enseigne de bois pour laquelle Matthurin avait passé commande, celui-ci paufinait ses tarifs.
Sur une feuille de velin épais, il nota avec application:





    Estuve 4 écus
    Bain chaud 6 écus
    Estuve et bain chaud 9 écus
    Drap 2 écus
    Chambre 10 écus la nuitée
    Possibilité de mangeaille, veuillez mander au Maistre des estuves


Puis, sur un second velin, il inscrivit:



Les bains sont ouverts le:
    lundi et mercredi pour les sieurs
    mardi et jeudi pour les dames et les enfançons
    vendredi et samedi sans distinction de sexe

Fermeture le dimanche, jour du Tout-Puissant

ESTABLISSEMENT FORMELLEMENT INTERDIT AUX MALADES ET FEMMES DE PETITE VERTU


Après avoir longuement admiré son oeuvre, Matthurin fixa les deux affiches au mur, derrière le comptoir puis sortit surveiller le peintre qui mettait l'enseigne en place.
Le bonhomme venait juste de descendre de son escabeau que la trappe du sous-sol donnant sur la rue s'ouvrit. Un Pierre ruisselant de transpiration passa la tête.


ca y est not'e Maistre! On est fin prest! L'eau est chaude!!


Bien, bien... enfin! File quérir mes estuvières! Et qu'elles aillent crier l'ouverture dans les ruelles alentours!

Peu de temps après, Matthurin s'installait derrière son comptoir en se frottant les mains à l'idée de voir enfin ses efforts récompensés. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes...
--Matthurin
Vouaih vouaih vouaih... C'est point gagné...

Fin de première journée. Mathhurin avait regagné ses appartements au second étage, trois pièces pour lui tout seul...le luxe!
Attablé, il faisait le compte des écus récoltés et la recette de la journée n'avait rien d'exceptionnelle.


Une journée pluvieuse à souhait! Une journée à dégouster le client. Tant qu'à prendre un bain...autant se planter sous une gargouille !
Bon...Où j'en étais?

Matthurin arrêta de machouiller la plume qu'il tenait pour noter :


Alors... cent-dix écus...pour arf... onze clients... un commerçant, deux estudiants en goguette...c'est mieux que rien... mais ça va point faire bouillir la marmite très longtemps.

Un soupir frustré et il reposa la plume avant de se lever pour aller à la fenêtre qui surplombait la rue. Dehors il faisait presque nuit.

Espérons que demain il fera beau. Demain c'est le jour des femmes... gageons que, curiosité féminine oblige, elles seront plus nombreuses... J'enverra le Pierre et son second pour appeler au bain. Vu sa prestance...ça en appastera plus d'une!
--Matthurin
[Coule la Seine sous les ponts de Paris...]

LES BAINS SONT CHAUDS!! Les bains sont chauds!! Les bains sont chauds c'est sans mentir! Venez vous baigner et estuver sans plus attendre.... Les bains sont chauds...

En descendant ouvrir son établissement ce matin-là, Matthurin baillait tout en prêtant l'oreille aux appels de Pierre qui s'égosillait en remontant la rue.
Bien que fatigué par une nuit un brin agitée (il avait passé son temps à essayer de saisir des formes rebondies bien tentantes qui lui glissaient entre les doigts...) le bonhomme était plutôt satisfait. Son affaire commençait à marcher et les écus à rentrer.
Histoire d'être tranquille, il alla faire un tour aux latrines et en sortant de là, tomba sur ses trois étuvières en tenue de travail.
Son rêve de la nuit lui revint en même temps qu'un certain inconfort au niveau des braies...


Qu'est-ce que vous faistes céant à paresser? Vous n'avez point de draps à tendre dans les cuves? Allez y'a de l'ouvrage!!

Sa sortie tonitruante lui valut trois paires d'yeux étonnés, mais sans attendre, Matthurin tourna les talons pour aller se refugier derrière son comptoir en attendant les premiers baigneurs de la journée.
--Matthurin
Une heure plus tard, Matthurin sortit de derrière son comptoir pour aller jeter un coup d'oeil dans les salles de bains. Il était plutôt satisfait: la carrure et les appels du Pierre avaient eu l'effet escompté sur toutes les femelles du coin et plusieurs s'étaient décidées à franchir la porte de son établissement.
S'assurant que le vestiaire était désert, le blond barbu passa de l'autre côté.

Ca f''ra mauvais genre si je tombe nez à nez avec une de ses femmes nue et glapissante...

Il s'approcha du mur qui donnait sur la salle de transpiration. Sur les boiseries qui montaient à mi-hauteur, il tatonna pour dénicher un loquet dissimulé dans une grappe de raisin et fit pivoter un panneau de bois en souriant.


Parfait... rien de tel pour observer si tout va bien sans déranger la clientèle et la pudeur des pucelles...

Le propriétaire précédent avait eu la riche idée de faire installer deux ouvertures discrètes, une pour chaque salle.
Un léger nuage de vapeur surprit Matthurin. L'étuve était saturée de vapeur d'eau. Le temps d'ajuster son regard et l'étuvier fit le tour de la salle carrelée.
Des corps alanguis, des femmes papotant nonchalamment, la Madelon affairée à laver les cheveux d'une vieille qui se laissait faire les yeux clos.
La plupart des femmes étaient nues mais Matthurin n'y prêta aucune attention particulière. Depuis le temps qu'il travaillait aux étuves, la nudité le laissait indifférent. Par contre, une chainse humide qui collait à la peau avait un je ne sais quoi de... mystérieux, érotique...

Arf... v'là que ça m'reprend... si ça continue faudra que j'aille rendre une petite visite...

Se secouant, Matthurin referma la trappe d'observation avant d'aller vers celle de la salle de bain. Même mécanisme dissimulé, même trappe discrète.
Les deux autres estuvières étaient là. L'une occupée à transporter des seaux, l'autre à installer des courtines sur un arceau de bois pour deux femmes qui venaient de monter dans une cuve. Une jeune à peine pubère et une plus vieille bien en chair.


Assurément la fille d'un riche marchand et sa nourrice ou sa suivante... Bien... tout est en ordre...
--Matthurin


Etrange... bizzarre... Durant toute la journée qui venait de s'écouler, Matthurin avait eu l'impression d'un malaise.
Certains regards échangés, certains sourires moqueurs ou ironiques, un je ne sais quoi dont il n'était pas parvenu à se défaire.
Pourtant, les affaires avaient bien marché, les clientes s'étaient succédées et à l'étuve, tout le monde, lui y compris s'était démené sans compter.
Mais restait cette impression...

Après avoir fermé boutique et congédié ses employés, Matthurin monta à l'étage faire ses comptes.
La recette se révéla prometteuse.
Mais toujours cette impression....
Les comptes finis, la nuit tombait déjà. Le barbu baîlla à s'en décrocher la mâchoire avant de passer une main sur ses yeux fatigués.
Et là, surprise...
Sur sa main, une traînée noire.


Nom de Dieu!!

Dans l'appartement, la chaise renversée résonna tandis que l'étuvier se précipitait vers le petit miroir en verre vénitien qu'il utilisait parfois -souvent- pour vérifier l'état de sa barbe blonde -vanité quand tu nous tiens!-.
Et là....

Arf... c'était donc ça.... Y z'ont osé... Misérables!! Vendus!! C'est assurément une des filles...La Madelon!

Sur son oeil droit, un beau cercle noir, de la taille d'un gros écu. Ca lui donnait un air de chouette, pas très discret.
Dégouté et vexé, le Matthurin cracha au sol avant de se débarrasser de la marque. De la suie.

Les pouilleuses! Tu m'étonnes qu'on me regardait de travers... Me faire ça à moi leur maîstre! J'm'en vas te les surveiller moi les estuvières... Je vas leur passer l'envie de s'moquer...

Dans son esprit, il ne faisait aucun doute que le crime de lèse-majesté était l'oeuvre des femmes... et il était même prêt à parier sur la Madelon!
Pas une fois il ne lui vint à l'idée que sa curiosité avait été découverte et que c'était là un avertissement.
--Mathusin.
Mathusin avait suivit son Maitre de Gascogne jusque la capitale. Et lui si élégant, et prêt à plaire à toute belle fille, se sentait crasseux de son périple, incapable de séduire quiconque. Il se mit donc, son Maitre et sa fiancée installés en leur demeure, en quête d'un bain public.

L'établissement qu'on lui conseilla parut sur le champ convenir. Peu de gens s'y pressait, et le lieu respirait la propreté: Rien de pire qu'un endroit malodorant, on en ressort toujours plus puant que lorsqu'on y entre. Avec les cancrelats et les morpions en sus.


Hola! Y a t'il donc quelqu'un séant?


Une jolie pucelle passa derrière lui dans la rue, lui jetant un coup d'œil des plus engageants. Si le tenancier ne se pressait pas plus, il aurait tôt fait de trouver plus agréable occupation...



--Matthurin
Voilà! Voilà... J'accours!

C'est un Matthurin rouge et transpirant qui déboula dans l'entrée en entendant appeler.
La journée avait mal commencé. Un retard dans la livraison du bois et l'heure habituelle de l'ouverture des bains était passée depuis longtemps quand enfin tout fut prêt. Le temps d'ouvrir les volets, de donner un coup de main au sous-sol et la matinée était déjà bien entamée. Ce qui faisait autant de clients de perdus...
Sans compter qu'avec tout ce tintoin, pas le temps de mener l'enquête pour connaître l'auteur du crime de lèse-majesté.
Voyant une tête inconnue, le maître étuvier afficha un sourire de circonstance tout en vérifiant d'une main la fermeture de ses braies.


Voilà... me voici... qu'est-ce qu'on peut faire pour ton service... Mon Si... mon brave?
Bain chaud? Estuve? Récurage? Savonnage? Fais ton choix!


Tout en causant, le Matthurin tentait de jauger l'homme. Une mise simple mais de bonne qualité. Aucune fioriture.
Du doigt, il pointa le tableau qui affichait les services et tarifs.


Arf... ça m'a pas l'air d'un estudiant affamé... trop maigre cependant pour un bourgeois...un valet...?
--Mathusin.
Récurage et savonnage, l'ami! Et des belles filles à croquer pour me masser les orteils! Mathusin le Bel a de quoi payer largement!

Et le fidèle serviteur montra dans le creux de sa main une demi-dizaine d'écus, le sourire carnassier aux lèvres:

Mon Maitre est gentilhomme et me fait profiter de ses largesses!

Mathusin n'avait pas encore la trentaine et fomentait mille projet. Bien que loyal au grand Watelse, il n'imaginait pas vieillir à son service. Acheter un lieu de détente ou un lieu de débauche - mais n'est ce pas la même chose?? - étaient l'un de ces merveilleux projets.

Il souffla à l'oreille du tenancier:

Si possible, je préfère les rouquines coquines...

Et appuya sa demande par un clin d'œil entendu.


--Matthurin


Le clin d'oeil et l'allusion passèrent inaperçus car Matthurin, les yeux fixés sur les quelques écus avec lesquels le serviteur pensait s'offrir un bon nettoyage, n'avait pas grand humour dès qu'il s'agissait de ses affaires.
L'étuvier hésita, un brin embêté, un poil désabusé.


Ben dis-donc... si c'est là toute sa richesse... à peine de quoi se payer un bon pain alors un bain...pfff! Son maistre est un grippe-sou pour le moins!

Néanmoins, un client étant un client. Et celui-ci étant de plus doté d'un maître qui constituait lui aussi un client potentiel...Il convenait de se montrer bon commerçant.
Résigné, Matthurin tenta cependant de faire bonne figure guettant l'occasion de se saisir des écus proposés.


Ben ma foi... Mathusin le Bel dis-tu? Amusant... moi c'est Matthurin...Maistre estuvier! A ton service!
Allons-y pour un bain chaud donne-moi tes écus et comme je suis bon prince... pour toi, le drap sera gratuit!
Mes estuvières sont accortes et expertes dans leur art... tu feras ton choix...
Paie-moi, passe la porte que voici , le vestiaire est derrière et ensuite... bon bain Mathusin le Bel!
--Sucre
Sucre, bien après avoir soigné ses blessures, prit la main de Carlotta et la suivit vers les étuves. Il n'avait jamais pris de bain dans les étuves. Ce sera pour lui une nouvelle expérience surtout accompagné d'une aussi jolie damoiselle. Il n'avait pas prévu qu'elle l'emmenerait ici mais après tout, sa compagnie allait être des plus agréables surtout dans un bain.
L'établissement était propre, sûrement un tout nouveau établissement dont le patron voulait faire fortune. Un gentilhomme était déjà en train de discuter avec, semble-t-il, le patron. Vu l'état de ses vêtements et ses paroles éloquentes, ce devait être un riche marchant. Espérons seulement que les tarifs ne soient pas trop élévés pensa-t-il.

Se retournant vers sa compagne, laisse moi m'occuper du prix, je suis doué pour ce genre de chose. Un sourire pour accompagner ses phrases.
Un marchand parvenu voir un noble et une catin, un couple qui allait peut-être étonné le patron.

Eh patron! Mon amie et moi nous voudrions recevoir les bienfaits de ton modeste établissement. Nous aimerions avoir une étuve privée, où personne ne nous dérangera. I
Il sortit une bourse bien remplie d'écus.
S'il savait où l'argent avait été récupéré, il en ferait une drôle de tête assurément.
--Sucre
Il s'approcha du patron et lui chuchota à l'oreille: Vous aurez un joli pactole de 200 écus, si vous nous fournissez l'étuve dans quelques jours et si vous obéissez à la dame.Elle restera six jours dans votre noble établissement. D'accord l'ami?

Il espérait seulement que cela allait marcher, les écus étaient véritables mais les jours faisaient bien des surprises. Il s'entreprit de réfléchir et se dit qu'au moins, Carlotta aura de quoi se reposer avant son retour. Retour qu'il fêtera avec elle en la satisfant comme il se doit. Un large sourire se fendit sur ses lèvres en pensant à ce retour qui sera des plus magnifiques. Une lettre l'avait rappelé en terres normandes pour un problème de finance, il devait malheureusement la quitter pour règler ce soucis. Deux cents écus tout de même, heureusement que son marché et ses petites affaires fonctionnaient à merveille. De quoi nourrir toute une marmaille pendant des semaines.

Il se retourna vers Carlotta et lui fit part de ses plans: Le messire vous acceuillera ici en attendant mon retour. Je dois malheureusement partir en Normandie règler un problème politique. Six jours suffiront. En attendant, visiter la ville et ses paysages, mettez tout à mon nom, je règlerais vos dettes personnellement. Je...Carlotta... J'ai une chose à vous dire...Je crois que je vous aime et j'ai très envie de vous. Soyez sage, je reviendrais le plus vite possible. Ne plus vous voir serait me condamner à mort...

Il n'attendit pas de réponse des deux partis et s'en alla en vitesse règler son affaire des plus urgentes. C'était le sacrifice du plaisir de voir Carlotta qui le fouetta de plus belle à partir et à revenir pour la revoir. Il espérait simplement qu'elle ne s'enfuit point avant son retour.
--Matthurin
Et le valet qui prend tout son temps pour me filer la monnaie... et l'autre qui veut une estuve privée...200 écus qu'il a dit? Mazette!! D'où c'est qu'il a pesché ça? Et la donzelle? D'où c'est qu'il la sort? Pasque faut point m'en conter... je sais les r'pérer les coureuses de remparts...

Tout en cogitant, le Matthurin ne quittait pas des yeux d'un côté les cinq malheureux écus et de l'autre une bourse pleine de deux cents écus. Il voulait les deux même si pour cela il lui fallait faire quelques courbettes supplémentaires et fermer un oeil ou deux...

Le jeune beau plein aux as donna ses ordres avant de partir assuré d'être obéi en tous points.
Et le maître étuvier de s'éclaircir la voix, un peu gêné aux entournures avant de s'adresser à la femme.


Hum... bien... va donc pour quelques jours dans mon establissement...modeste ou noble c'est selon... Je peux te fournir une chambre propre à l'estage. Pour la mangeaille faudra payer en plus et pour les bains...ben c'est aujourd'huy la journée des hommes...donc faudra patienter jusqu'à demain.

Puis, à l'oreille de l'interéssée, de chuchoter une précision qui lui tenait à coeur.


Juste un détail avant que je te montre où ça s'trouve... hum...on n'est point dans un bordel céant... et j'voudrai point avoir des ennuis avec les chirurgiens-barbiers si tu vois c'que j'veux dire... alors on se tient à carreaux, hein?


Soudain inquiet, le regard de Matthurin fit un aller-retour du valet à la femme.


Eh ben, j'suis fait! Si par hasard celle-ci se mettait en teste de faire son commerce chez moi et si celui-là a dans l'idée de mander plus qu'un massage des pieds.... Va falloir que j'ai l'oeil... et le bon!
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