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[RP] De l'éducation des jeunes filles, Leçon Première

Isaure.beaumont
La pluie s’abattait sans pitié sur l’Alabrena, bourrelle de la jeune Isaure. Oui, son sort était bien plus triste encore que celui que l’on avait réservé à un condamné le matin même. Les coups brutaux qui s’étaient abattus sur les croupes rembourrées des quatre chevaux lui semblait, à cet instant, d’une tendresse extrême. Son supplice n’avait duré qu’un instant, voire quelques longues petites minutes. Mais le sien ? Il durait depuis deux longues heures.

Et le silence fut rompu une énième fois par les soupirs exaspérants de la damoiselle de Morvilliers. Qu'y avait-il de passionnant à broder ses initiales sur un mouchoir ? Qui pouvait s’épanouir dans les fils et les tissus, sincèrement ? Qu’y avait-il de glorieux à broder de vulgaires nappes pour les autels ? Oui, sincèrement ? Seules les sœurs, touchées par la Grâce de Dieu pouvaient prétendre à cet art. Les ouvrages des nobles dames ne méritaient pas de recouvrir la pierre sacrée, et encore moins les siens.

Et les exquises pervenches se perdaient dans le ciel menaçant, tandis que les boucles dansaient de désespoir contre les joues encore dorées par un soleil qui à présent désertait. L’ouvrage trônait sur ses genoux, inachevé.


Au moins à Morvilliers, je serai libre de vaquer à des activités bien plus intéressantes, marmonna-t-elle en posant son regard désabusé sur la comtesse et la jeune bâtarde du baron de Digoine.

Son regard s’attarda un instant sur la Griotte. Elle aurait dû l’aimer ; après tout, elle était la sœur de Cassian, et pourtant, elle voyait en elle une rivale. Ne saviez-vous pas qu’Isaure était de celles que l’on appelle possessive ? Et bien, c’est fait à présent. Et la Saint Just lui appartenait. C’était la suzeraine de SA sœur et surtout, elle était la première à avoir été confiée aux bons soins de la comtesse de Lavedan. Elle devait donc être la Première petite damoiselle de son Ignoble Grandeur. La fille d’un duc ne passait-elle donc pas avant celle d’un petit baron ?

Et le regard se tourna vers la fenêtre avant qu’un nouveau soupir ne franchisse les lèvres de la brune.

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Gnia
Morne et triste journée.
Elle avait pourtant pas trop mal commencé avec cette petite sortie spectacle populaire que la Saint Just ne prisait pas tant que ça. Y'avait pas à tortiller, c'était bien plus drôle d'assister à un écartèlement quand l'on avait soi-même prononcé la sentence.
C'était après que ça s'était gâté. Une pluie drue et froide s'était abattue sur Montauban, confinant tout le monde à l'abri des murs des maisons, entassés au plus près de l'âtre. La Saint Just aurait bien accompagné la Morvilliers dans son concerto de soupirs, mais il fallait faire contre mauvaise fortune bon coeur. Le temps ne permettait ni une leçon d'équitation pour la jeune Blanc-Combaz, ni une séance d'entraînement à l'épée, ni même une petite chasse histoire de dire. Non que la pluie put interdire de chasser, mais Agnès savait sa poitrine fragile et il convenait de ne point trop tenter le destin. Une grippe, une mauvaise toux étaient si vite arrivées.
Alors l'on avait pris les ouvrages de broderie et elle pestait en silence à chaque fois qu'elle se plantait l'aiguille dans le doigt.
Dieu que c'était chiant à mourir. Et en plus on y voyait rien, même en plein après-midi.

Elle entendit alors la réflexion d'Isaure et haussa un sourcil avant de poser son ouvrage.


Et qu'est-ce que vous auriez fait d'intéressant avec cette pluie ?
Moi j'vous aurai bien emmené à la cueillette des champignons, mais d'une, j'doute qu'on en trouve encore, et de deux, j'pense pas vraiment que ça vous aurait plu...


Et comme la saint Just ne pouvait pas décemment reconnaitre qu'elle devait encore plus se faire chier que la Morvilliers, elle s'attela à réfléchir rapidement à une solution de rechange pour occuper cette ennuyeuse fin de journée.

Mais cela dit, vous avez raison, Morvilliers, broder ne sert strictement à rien dans la vie mis à part quand on a une vie de merde. Chose à laquelle nous pouvons prétendre échapper de par nos rangs et de par le fait que nous ne sommes pas mariées.

Elle se leva alors, envoyant valdinguer le joli surcot d'apparat qu'elle était en train de rehausser de fils d'or. Le dogue de Bordeaux qui ne la lâchait pas d'une semelle s'ébroua aussi.

Mettez vos capes, mes damoiselles. On va rester dans le ton de la journée et vous montrer des choses qui peuvent s'avérer utiles si un jour vous parvenez au difficile exercice du pouvoir.

Petit précis de tyrannie à l'usage des nuls. Lissone ouane.

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Griotte
Après la pluie, le beau temps ?

Les gouttes d'eau s'écrasaient toujours sur le rebord de la fenêtre, mais un éclaircissement bienvenu semblait enfin se profiler à l'horizon de cette longue journée morose. Si le ciel persistait à vouloir rester nuageux, la Saint-Just venait de mettre fin au supplice des aiguilles, picorant les doigts malhabiles de la Griotte. L'élève avait encore un long chemin à faire avant d'égaler feue la Dame aux Framboises, qui lui avait livré maintes enseignements, dont celui de la broderie. La tache avait été ardue avant que la jeune Blanc-Combaz ne soit parvenue à coudre ses initiales sur un morceau d'étoffe, sans qu'on ait l'impression que la tache n'ait été accompli par un borgne manchot, qui aurait abusé de la piquette du coin avant de manier le fil et l'aiguille.

Il est donc fort aisé d'imaginer le peu d'entrain que la jeune fille mettait à l'ouvrage, lorsque la Comtesse leur proposa une nouvelle leçon après que la pimbêche n'ait poussé un énième soupir. Ce changement d'activité arrivait à point nommé. Il en aurait fallu de peu avant que la Griotte excédée ne se mette à expérimenter l’acupuncture sur la Morvilliers. Inutile de vous préciser que la cobaye en aurait réchappé avec les nerfs en pelote - dans le meilleur des cas - tandis que sa tortionnaire ne se serait jamais sentie aussi détendue.

Les émeraudes délaissèrent le fil et l'aiguille pour se poser sur la Saint-Just. Sa prise de parole avait interrompu la jeune fille dans sa réflexion. Abandonnant ses idées de tortures sur Isaure, elle resta néanmoins dans le ton lorsqu'elle demanda avec curiosité :


On va apprendre à torturer les pécores ? Avec une pince rougie ou un fouet métallique à la main, je suis sure que ça doit pas être bien compliqué de faire régner l'ordre ! On peut aussi soumettre les idiots indociles en les collant au pilori, mais c'est un peu plus encombrant et moins facile de l'avoir sous la main.

Tel père, telle fille. La Griotte marchait sur les pas du Balbuzard persécuteur.
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Gnia
La Saint Just regarda en coin Griotte, l'oeil torve, oscillant entre l'envie de penser "brave petite" ou de se demander si c'était une si bonne idée de lui en donner d'autres. Mais il s'avérait qu'elle appréciait finalement les jeunes filles qui promettait d'être aussi peu conventionnelles qu'elle même ne l'était.
Ceux qui rêvaient d'épouses dociles brodant au coin du feu, intendantes silencieuses de leur domaine, ne s'égayant que de la visite d'un troubadour ou de l'organisation d'une réception mondaine quelconque et surtout menant à bien leur fonction première, pondeuses de descendance, ne prisaient guère l'indépendance que la Saint Just affichait ostensiblement. Et bien leur en prenait.
Aussi, elle s'entichait ces femmes en devenir qui voulaient découvrir les activités violentes soi-disant réservées aux hommes - chasse, joutes, maniement des armes et guerre, qui se montraient curieuses des rouages du pouvoir, qui s'émerveillaient, en somme, de découvrir les mystères de l'antre du bourreau.

Et de répondre avec un sourire presqu'attendri à la jeune Blanc-Combaz


Avant de passer à la pratique, nous commencerons par étudier l'art et la manière, jeune fille. Chaque chose en son temps.


Tout en s'habillant pour affronter le temps pourri, la Saint Just prit ses précautions et glissa dans son aumônière un flacon de sels et une poignée de cardamome. De quoi soigner les pâmoisons que pouvaient provoquer ne serait-ce que l'odeur des chairs brûlées et celle, si prenante, de peur, d'urine et de sang mêlées.

Maîtresse improvisée d'une leçon de cruauté et élèves à la curiosité malsaine prirent enfin place dans un coche sans armes distinctives et les chevaux firent route dans le lacis des ruelles montalbanaises jusqu'à l'antre du bourreau, non loin de la prison et du poste de guet.

Conservant la large capuche sombre baissée sur le visage, la Comtesse sortit du coche sous la pluie battante et souleva le lourd anneau rouillé qui tenait lieu de heurtoir et le laissa lourdement retomber sur le panneau de bois patiné par les ans et les intempéries.

"Vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir."

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Isaure.beaumont
[LJD Gnia, LJD Griotte, désolée pour le retard... J'ai pondu un truc rapide, désolée pour la qualité ! J'essaie de suivre un peu plus, mais quelques jours bien chargé, je n'ai pas eu une minute à moi !]

Si la jeune fille avait pu répondre à la Saint Just, elle lui aurait certainement affirmé que chevaucher sous la pluie en composant une nouvelle ballade avant de se sécher au coin du feu avec, entre les mains, un bon ouvrage de quelques merveilleux auteurs, aurait eu bien plus d’intérêt que quelques bouts de ficelles pendus à une aiguille. Mais la comtesse avait été plus rapide. Déjà les trois femmes s’emmitouflaient dans leurs fourrures. Et quand le programme fut dévoilé, l’ombre d’un sourire vite réprimé passa sur le visage de la Morvilliers. Voilà une leçon pleine d’attrait. Après tout, c’était un cours qui n’était pas dispensé à St Louis, alors ce ne pouvait être qu’intéressant… Et faisant mine de traîner les pieds, la jeune brune au teint naturellement hâlé emboîta le pas de la comtesse, se plaçant volontairement devant sa nouvelle grande amie. Quitte à être chienne, autant être chef de meute, et elle lui ferait bien savoir.

L’on peut être fier, arrogant, sûr de soi, mais toute cette morgue vous quitte lorsque vous pénétrez dans l’antre du maudit. Et Isaure n’échappait pas à la règle. Il lui fallut quelques secondes pour se ressaisir. Si l’idée d’en apprendre plus sur la torture et les châtiments l’avait séduite, celle de côtoyer un homme tel qu’un bourreau l’enchantait bien moins. Ce genre d’êtres était certes bien utile pour la société, mais elle préférait les savoir assez loin d’elle.



Que faisons-nous ici ? N’est-ce donc pas vous qui allez nous instruire ?

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