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[RP] Un courrier d'outre-tombe ou grand moment de détresse

Sorianne
Chez elle, au matin.


Les premiers rayons de soleil venaient jouer sur le visage endormi de Sorianne, ce qui eut le don de la réveiller en douceur. La jeune femme étira son corps engourdi mais sentant la fraîcheur de la pièce, elle se recroquevilla rapidement sous les draps et l'édredon. Comme tous les matins, tous les jours, il lui manquait... Elle avait commencé à se faire une raison. Elle y était obligée. Pour les enfants... Puis elle était bien entourée et ses amis la faisaient penser à autres choses. Mais quand elle était seule...
Elle passa une main sur ses yeux afin d'ôter toute trace de larmes et se leva. Finis les pleurs.

Debout, entourée de ses draps afin de se tenir chaud, en plus de la chemise qu'elle portait, elle vit les courriers de Jakson. Elle les avait encore lu la veille... Pourquoi voulait-il autant de mal? So arracha le regard à ces papiers, et alla se préparer un bain avant de se couler dedans. Ne penser à rien, c'était le mieux.


Un peu plus tard


Vétue d'une robe de velours, d'un violet profond, elle était assise sur le bord du lit et brossait ses cheveux, le regard dans le vide. Un bruit à la fenêtre lui fit lever la tête et elle fronça les sourcils de voir à nouveau ce volatile. Elle hésita longuement à aller voir ce qu'il tenait. Elle ne voulait plus de nouvelles de Jakson. Il en avait assez fait. Mais l'oiseau ne semblait pas vouloir partir aussi finit-elle par se lever et alla ouvrir. L'oiseau fit le tour de la pièce avant de lâcher ce qu'il tenait en bec. Sorianne se pencha afin de ramasser le vélin, pendant que le messager attendait de pouvoir repartir.

Quoi il veut une réponse cette fois-ci? La dernière lettre qu'il a envoyé ne lui a pas suffit à se satisfaire? Il veut mes impressions aussi maintenant? Pfff.

So jeta la missive sur le lit. La réponse et même la lecture attendrait. Elle ne voulait pas savoir ce qu'il avait à lui dire. Pour elle c'était clair. Il n'était pas revenu, il ne pouvait être que mort. Et elle s'était juré la mort de son beau-frère de mari s'il osait revenir la narguer ou lui redire que celui qui aurait dû l'épouser avait fuit. Cela ne pouvait pas être le cas! Veg n'aurait jamais fait ça. Ce n'était pas un lâche.

La journée passa tranquillement... So s'occupa des monstres, surveilla celui de Lisbelle, le chien, pendant qu'elle s'occupait à coudre dans l'atelier prévu pour, pas qu'il aille encore faire n'importe quoi avec les pelotes... Elle eut un sourire au souvenir de la pièce principale et du carnage, chaises renversées et autres, alors que les jumeaux avaient couru aprés le chien pour rattraper la pelote qu'il avait déroulé et fabriqué un labyrinthe dans toute la pièce. Satané Croktou...

La soirée bien entamée, elle coucha les jumeaux, demandant quand leur père reviendrait... Comme presque chaque soirs... Elle ne pouvait se résoudre à leur dire. Une fois les enfants endormis, elle alla dans sa propre chambre et son regard fut attiré par le courrier reçu au matin. L'oiseau n'était plus dans la pièce mais nul doute qu'il attendait toujours non loin. Avec un soupire, elle monta sur le lit et s'assit en tailleur dessus. Prenant le vélin, le cœur battant, se préparant à avoir des nouvelles de Jakson lui rabâchant sans cesse la même chose, elle l'ouvrit et son cœur bondit dans sa poitrine. Cette écriture... Le souffle lui manquait au fur et à mesure de sa lecture... Les cicatrices à ses poignets semblaient la brûler. Non il était mort il ne pouvait être que mort! Il pourrait être là dans la journée... Il était juste à côté... Lui pardonner...

Un sanglot, un hoquet de surprise, non, non ce ne pouvait qu'être Jakson qui la tournait en bourrique... So porta une main tremblante à sa bouche, et elle se la mordit au sang afin d'étouffer le cri qui voulut jaillir. Cela ne pouvait pas être lui...

Sans plus réfléchir, elle écrivit un mot bref, mais suppliant, espérant qu'il serait en possibilité de la recevoir. L'oiseau envolé, elle attendit la réponse et dés qu'elle l'eut, harnacha Razel et galopa jusqu'au village. Pénétrant à la Belle, So se dirigea droit sur les escaliers. Elle ne vit personne, le regard perdu dans le néant.

Perdue... il l'avait abandonné... Il avait fui... Il l'avait laissé et lui demandait le pardon... Ses poignets la brûlaient, il n'avait aucune idée de ce qu'il avait fait... Les marques à vues, pas de bracelets, partie trop vite. Dés qu'elle vit son ami, elle sentit les larmes lui monter aux yeux...


Col...

Les mots lui manquaient. Comment dire ce qui la taraudait sans s'humilier totalement et encore plus? Elle se tût et ne fit que lui tendre la lettre reçue. La gorge trop serrée pour émettre le moindre son.
_________________
Colhomban
Le ton suffisait à marquer la tristesse, deux grands yeux verts lui faisaient face, se voilant doucement de larmes tandis que la lèvre tremblotait. Par Aristote, que lui avait-il fait ? Que lui avait-il écrit ?

***

Colhomban avait reçu quelques heures plus tôt une étrange missive, mots brouillés, auréolés de taches d'encre, à l'écriture pressée et tordue. Il s'était empressé de l'ouvrir découvrant avec horreur la souffrance qu'elle recelait. Une supplique, une courte supplique à l'odeur de martyre.

Dans ce courrier Sorianne lui demandait instamment l’autorisation de le rejoindre à la Belle, comme si la demande était nécessaire… Il y avait répondu positivement, rapidement aussi, essayant de masquer son anxiété par des phrases concises. Une douce fureur l’avait habitée tout le reste de l’après midi, ses pas avait pris un rythme saccadé, et il avait tourné ainsi dans sa chambre un bon moment. Combien de fois s’était-il rendu à la fenêtre qui donnait sur l’entrée de l’auberge ? Le brun s’était arrêté de compter quand le nombre avait dépassé les dix allés retours...

Un doute le taraudait cependant, elle l’avait « déjà fait » une fois, pourquoi pas une autre, face à tant de mauvaises nouvelles, de surprises malsaines ? Il avait fini par serrer son poing valide à s’en casser les doigts et s’était efforcé de prendre son mal en patience.

Enfin au bout d’un moment qui avait paru une éternité quelqu’un avait frappé à sa porte.

***

Sorianne était là maintenant, si fragile devant lui, un air bravache sur le visage, elle lui tendait un morceau de parchemin, la fameuse lettre. Un souffle aurait pu l’ébranler à cet instant et il perçut alors toute l’ampleur du chagrin qui la submergeait. Du bout des doigts il saisit le papier qui semblait brûler la peau de la jeune femme. Presque malgré lui ses sourcils se froncèrent aux premiers mots, et une rage, à la puissance jusqu’alors inconnue, gonfla son cœur quand il eut terminé sa lecture. Le maraud aurait été là qu’il n’aurait pas pris de gants pour le mettre en charpie.

Levant les yeux de sa lecture hâtive il observa le brin de femme posté devant lui. L’instinct prit le dessus, un désir fou de la protéger, de la bercer contre son cœur, de l’enlacer et la soutenir. Doucement, il défit l’attelle qui soutenait son bras gauche, le membre censé être inerte se souleva sans mal, se pliant et se dépliant sur commande. Un secret que So et lui partageaient. Ses bras s’ouvrirent alors en une invitation à l’étreinte. Il avait besoin de la respirer…
Sorianne
La jeune femme était là, debout à l'entrée de la chambre qu'habitait Col, observant ses réactions à la lecture du courrier. Main tremblante cachant les lèvres tout aussi tremblantes... Elle ne voulait pas croire ce qu'elle avait lu, elle ne pouvait pas. Mais la réaction de son ami fut loin de la rassurer, la confortant malheureusement dans ce qu'elle ne voulait pas croire... Un léger sanglot se fit entendre, alors qu'elle essayait de lutter au maximum contre tout ce qui l'envahissait... Pendant qu'il libérait le bras dit invalide, de l'étreinte du tissu...

Quand il l'invita à venir contre lui, elle hésita un bref instant, mais n'y tenait plus. Comment avait-il osé lui faire ça? Mains tendues vers lui, elle s'accrocha à lui, désespérée, ne sachant plus quoi penser, ne sachant plus quoi faire. Le visage caché dans les plis de la chemise de Col, elle se laissa aller, ne supportant plus la situation, entre les courriers de Jakson, les mois passés à se demander, le fait de se convaincre qu'il était mort pour faire passer la douleur et lutter contre les mots de son beau-frère, et voilà qu'il lui demandait pardon de l'avoir abandonné.

Elle s'accrochait à Col comme s'il était ce qui ne lui ferait pas perdre raison. So sentait qu'elle perdait pieds, elle avait l'impression que rien de ce qu'elle faisait n'arriverait à la sortir de ce gouffre dans lequel elle s'enterrait. Beau sourire, fin amusement, rien de cela n'était vrai, elle avait l'impression de sombrer dans la folie et elle ne s'en sortirait jamais. Comment tout ça avait pu chavirer du jour au lendemain? Comment tout avait pu changer si vite?


Qu'est-ce que je dois faire?

Un conseil? Besoin d'aide. La chaleur qu'il lui offrait lui faisait se sentir protégée, rien ne lui arriverait là. Les larmes ne tarissaient pas, les sanglots continuaient à la secouer, elle ne savait plus où elle en était elle ne savait plus quoi faire. Comment lui pardonner après ce qu'il avait fait? Comment lui pardonner après qu'il l'ait trahie une nouvelle fois... Comment avoir confiance en lui...

Aide moi Col, je t'en supplie...

C'était la première fois qu'elle demandait de l'aide, la première fois qu'elle laissait la fierté de côté, la première fois qu'elle se sentait à ce point flouée, et la première fois qu'elle se sentait aussi en confiance avec un homme, au point de le supplier de l'aider. Peut-être aurait-elle honte de s'abandonner ainsi, mais elle ne voulait pas penser, tout se mélangeait, elle ne savait plus...

_________________
Colhomban
La brune extirpa un sanglot de sa bouche, tentant de le masquer de ses doigts frêles. L’invitation de Colhomban sembla la faire hésiter et enfin chancelante, comme un animal blessé, elle se lova contre l’homme, une infinie tristesse roulant de ses yeux jusqu’à la chemise du brun. Elle était là, petit bout de femme, secouée de sanglots spasmodiques, le cœur déchiré, convulsée de chagrin.

Lentement la main de Col vint caresser les boucles sombres, tandis que So se tenait à lui comme une future noyée à sa bouée de sauvetage. Il avait peur, terriblement peur. Peur qu’elle ne cède à cette ridicule pression, peur qu’elle ne plie l’échine et qu’elle ne pardonne, peur de la perdre… Pensées bien égoïstes… Leur relation d’amitié s’était étoffée au fil des mois passés sur Angoulême. Il y avait eu ses missives échangées sur un ton courtois, amuseur, et léger. Puis ce voyage-enlèvement vers Périgueux, où un long baiser avait été échangé dans une auberge de la capitale, fait qui ne s’était jamais reproduit, hantant cependant le jeune homme chaque fois qu’il l’apercevait. Leurs rapports n’avaient pas changé malgré l’intimité qu’ils avaient partagé un temps, un trait de caractère que Col aimait beaucoup chez Sorianne : elle ne se forçait en rien, mais ne différait jamais non plus en caractère, c’était plaisant… Les lettres étaient devenues plus amicales, plus des exutoires à leur vie mouvementée. Ils se voyaient peu, mais partageaient beaucoup. En quelques mots : une amitié précieuse à Colhomban.

Ses doigts glissèrent le long de la nuque de So et l’enlacèrent avec force. Se penchant sur elle, le jeune homme huma lentement les cheveux de son amie, s’imprégnant de la brunette avec un brin de convoitise. Il se ressaisit, à quoi pensait-il bon dieu ?


Qu'est-ce que je dois faire?
Aide moi Col, je t'en supplie...


La phrase avait des accents de supplication. Col se figea, resserrant son étreinte autour du corps menu.

Je ne peux faire de choix à ta place ma mie. Il lui était douloureux de ne pas se prononcer, lui qui mourait d’envi de chasser Végokours avec force. Il faut que tu y réfléchisses avec calme. Sans oublier tes enfants dans le choix final… Je sais que tu prendras le bon. Saches ma Sorianne que je resterai avec toi aussi longtemps que tu le désireras. Je ne te laisserai pas, tu m’entends ? Jamais…

Oui, lui, jamais il n’abandonnerait femme et enfants, jamais il ne se jouerait d’une femme aimante à ce point, brisant toute une famille par immaturité. Jamais… Levant le menton humide de So il la regarda dans les yeux. Elle était un peu sienne à ce moment, un peu Sa Sorianne, Son amie, Sa mie. Perdu dans ses prunelles émeraudes Colhomban prit conscience d’une chose étrange et délicate : il lui semblait bien qu’il l’aimait…
Sorianne
Faire le bon choix... Mais quel choix? Elle aimait Vegoku, mais il se jouait d'elle. Les courriers de Jakson lui revinrent en mémoire et elle se sera d'autant plus contre son ami. Le croire mort était moins douloureux que de l'imaginer courant jupons, malgré tout ce qu'il disait, comment penser qu'il ait fui? "Les seuls conseils que je pourrai te donner en laissant mon animosité envers toi de côté, c’est de te retrouver un nouvel amant, car tu dois sans doute le savoir, Vegoku n’a jamais raffolé des longs célibats…" Il l'avait trahi, anéanti la confiance qu'elle lui portait, juste en lui écrivant, juste en lui envoyant un bref mot, lui demandant son pardon... Elle l'aurait préféré mort!

"Je ne te laisserai pas, tu m’entends ? Jamais…" Ces mots arrachèrent à So une petite plainte, c'est ce qu'il disait lui aussi, c'est ce qu'il disait avant de l'abandonner, avant de la laisser, préférant aller vivre sa vie ailleurs, loin d'elle, elle qui aurait tout donné pour lui. Comment pouvait-elle faire confiance à ces mots?! Un jour ou l'autre ils ne seraient plus que paroles, et s'oublieront, comme il l'avait oublié le temps de quelques mois pendant lesquels elle avait cru devenir folle.

Mais là, la tête posée au creux de l'épaule amie, elle voulait le croire. Faire un choix... Pardonner? Ne pas pardonner? So était rancunière, mais pour Veg et tout ce qu'elle ressentait pour lui, elle lui avait déjà pardonné de nombreuses fois. Mais maintenant... Elle lui en voulait au delà du possible. Humiliée et maintenant enchainée à quelqu'un qu'elle voulait aimer mais sans retour, quoi qu'il dise il n'y avait pas de retour, ce n'était pas réciproque...S'il l'aimait autant qu'il le disait, jamais il ne lui aurait fait ça...

Fuir... Une envie furieuse de fuir la prit, fuir loin de tout, s'isoler, ne plus penser, ne voir personne et maudire celui dont le nom était marqué à côté du sien sur un vélin de l'église. Col choisit ce moment pour lui relever la tête qu'elle avait basse, pour croiser son regard. Regard sombre, doux comme une caresse, Colhomban, son ami... Prévenant et s'inquiétant pour elle, la réconfortant quand cela n'allait pas... Il lui faisait confiance au point de lui avoir dévoilé le secret qu'il gardait caché sous une étoffe, aux yeux de tous. Encore maintenant il l'a consolait... Que ressentait-elle pour lui? Il était là à chaque moment dur. Tout prêt, elle n'avait qu'à tendre la main et il était là.

"Je ne te laisserai pas, tu m’entends ? Jamais…" Les yeux embués de larmes, Sorianne ne quittait pas Col du regard, le fixant dans les yeux, le sondant, comme si elle cherchait à savoir à quel point ce qu'il disait était vrai... Oui elle lui faisait confiance, il ne l'avait jamais trahi, toujours présent...

Sans vraiment s'en apercevoir, les larmes avaient ralenti, la respiration s'était faite plus profonde, saccadée, s'oublier? Elle avait besoin de s'évader, de s'abandonner, de ne plus penser à rien. Le temps semblait figé et là, sentant la chaleur de son ami, ses bras autour d'elle... Sans vraiment s'apercevoir de ce qu'elle faisait, comme dans un état second, état de détresse, elle approcha lentement le visage de Col vers le sien, une main délicate posée sur la joue marquée... Juste s'oublier, tout oublier, ne plus penser... Se réconforter... Se sentir aimée...

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Colhomban
Le brun en avait tenu des femmes dans ses bras, des blondes, rousses, brunes, des femmes d’un soir, ou bien celles qu’il s’imaginait pour la vie… Cleen, Mélisandel, Cubitérus, Kaolis, Alethea, il y en avait eu des demoiselles, mais jamais il n’avait ressenti cela auparavant. C’était comme si tout son corps s’appliquait à réconforter Sorianne, tout son être, toute son âme, comme si son cœur pleurait avec elle. Colhomban insista sur sa dernière phrase, sentant la jeune femme se détendre petit à petit. Elle scruta ses prunelles avec attention, peut-être y cherchant un mensonge, c’est alors que lentement, très lentement leurs bouches s’attirèrent l’une à l’autre.

Un début tout en sagesse, savoureux et délicat, les lèvres de Sorianne étaient douces comme de la soie, voluptueuses, invitant au baiser de par leurs formes. Col ne saisit pas toute la portée de l’acte en son commencement, mais quand une de ses mains glissa au bas du dos de la jeune femme, la serrant un peu plus contre lui, il se rendit compte que rien ne l’arrêterait, hormis le désistement de son amie.

Et le baiser dura…

De chaste et fragile, il devint plus audacieux, lèvres se cherchant dans un accès de désespoir, la peur de perdre l’autre mouvant les bouches étourdies en une communion parfaite. Les bras de Col enserrèrent la brune. Le jeune homme se retint cependant de donner à son étreinte tout le ressenti du moment : il aurait pu l’étouffer contre son cœur… Il se sentait balayer aux quatre vents, sa poitrine se gonflant de plaisir, sa respiration s’hachant de plus en plus, la tête et le cœur prêts à exploser. Jamais auparavant il n’avait ressenti tant de choses, il se plut à apparenter cela à de la passion.

Ho certes ! Il faisait une bêtise peut-être, surtout en situation si périlleuse, avec une demoiselle fragile à ses côtés, trahie et perturbée. Il était loin d’être idiot et savait pertinemment qu’ils n’avaient pas les mêmes sentiments, et que tôt ou tard il devrait fermer son cœur. Mais là, franchement, il en avait cure !
Sorianne
Les deux souffles se mêlent, sages et hésitants, doux et profonds. Un besoin de chaleur, un besoin important de ne plus se sentir seule, elle se laissait aller. Sans vraiment se rendre compte de ce geste, elle s'abandonnait au réconfort. Les lèvres liées à celles de son ami, en un baiser empreint de douceur, elle ne pensait plus. Juste aux sensations qui l'envahissaient au fur et à mesure que le baiser s'enhardissait. La main qu'elle sentait descendre au creux de ses reins lui prodiguait une chaleur bienvenue, se sentir serrée, là contre le cœur de quelqu'un, juste ce qu'il lui fallait, un moment de douceur, d'oubli et d'abandon...

Le sablier du temps stoppé, cet instant juste à eux, juste pour eux. Les cœurs s'échauffent et les gestes prennent de l'aplomb. Col, son ami... La sensation grisante d'être désirée, protégée et à cet instant elle y crut, il ne l'abandonnerait pas... Le souffle court, elle aurait voulu rester ainsi à jamais, juste là, dans les bras protecteurs. La main perdue dans les cheveux sombres du jeune homme, ne voulant pas qu'il mette fin à tout ceci, trop terrifiée à l'idée de se retrouver seule.

Les corps se rapprochent, en une étreinte passionnée et passionnante, souffles mêlés, alors que les lacets glissent, libérant des parcelles jusqu'alors inconnues, monts, creux, tendres vallées, qu'une seule et unique personne avait eu l'occasion d'explorer jusqu'à maintenant, une carte au trésor pour le jeune aventurier, prés à y découvrir la passion d'un moment, ou d'une vie. Bruit délicat du tissu qui dans un doux murmure soyeux tombe en corolle, mettant à nu des territoires invitants au voyage. Avec un frisson, la jeune femme ferme les yeux, laissant le regard assombrit parcourir les courbes offertes. Un seul avait eu ce droit, un seul être avait été autorisé à ça. Des larmes perlèrent, et elle chercha les lèvres chaudes et invitantes, sentant qu'elle se perdait dans ses pensées.

Lentement, elle l'effeuilla à son tour, tissus caressant la peau douce d'un homme que la jeune femme ne savait définir, son ami, son sauveur, son amant... Il la retenait, retenait son esprit de sombrer dans la folie... Les peaux nues se frôlent, les doigts, en des gestes doux et hésitants découvrent, caressent les marques, à jamais gravées, les souffles se mélangent en un baiser passionné tandis que les sens se déchainent. L'esprit ailleurs, pensées évadées l'espace d'un moment béni. La douceur d'un édredon de plumes, un frisson, une hésitation, peut-être ne l'a-t-il pas senti, le baiser offert lui fait oublier, des larmes roulèrent des yeux clos, mais elle fit fi de cela, attirant à elle son ami, ne voulant pas le faire hésiter à son tour, et dans un gémissement les deux amis devinrent amants...

Lentement, douce, et exaltante, la danse des amoureux commence, emplie de désir, de sensualité, de tendresse... D'amour? Peut-être... D'évasion, de libération... Pour Sorianne plus rien d'autre ne comptait autour d'eux... Juste cet instant, ce moment volé... Les corps s'emmêlent et se mêlent, se serrent et se desserrent, se réchauffent, s'enhardissent et la danse perd un temps, puis un autre, accélérant au rythme des cœurs, au gré des sensations. Un moment d'égarement, de folie douce... Alors qu'une vague de bonheur étreint la jeune femme, qui sert contre elle Colhomban, s'accrochant à lui comme à sa vie, peur de se perdre, peur qu'il ne la laisse partir, peur, alors que les corps se tendent, et que les cœurs s'affolent, elle laisse échapper un sanglot...

~*~*~*~

La main de Sorianne tenait la main blessée de celui qui était dorénavant son amant. Son pouce effleurait les cicatrices, en redessinait le contour, mais son esprit était ailleurs... Qu'avait-elle fait...? Ouvrant les yeux, elle regarda le beau jeune homme qui l'avait faite sienne... Colhomban... Le seul à avoir pu obtenir autant d'elle à part Vegoku si elle ne comptait pas ce brigand à Mâcon... Qu'avait-elle fait...? Comment avait-elle pu se laisser aller ainsi? Trahissant celui qu'elle disait aimer... Les lèvres tremblantes, peu rassurée, ne sachant plus qu'elle conduite adopter, perdue dans une situation qui la dépassait, elle murmura son interrogation...


Col... Et maintenant...? Que va-t-il se passer?... Est-ce que ça veut dire qu'en fait je ne l'aime pas? Est-ce que je me suis trompée tout ce temps?

Comment pouvait-on aimer quelqu'un en ayant un amant...? Comment faisaient donc ces femmes? Comment pouvaient-elles penser aimer et aller voir un autre homme... Elle avait l'impression de passer son temps à pleurer aujourd'hui... Les larmes étaient là, apparaissant quand elle ne le voulait pas. Incompréhension, elle ne comprenait pas, la panique menaçait même. Que faire dans ce genre de situation? Que fallait-il faire, dire ou même penser?! La main de So se resserra sur celle de Col, cherchant de nouveau soutien, ou réponse qu'elle même n'avait pas et n'était pas en mesure de s'apporter par elle même.

Vegoku n'était pas mort, il allait même bien, se trouvait aux abords de la villes... Et elle l'avait à son tour trahie... "trouve toi un nouvel amant"... Jakson... So repensa au vélin qui devait être posé sur la table.


Qu'est-ce qu'on va faire Col? ... Qu'est-ce que je dois faire?

Elle fixait les prunelles noires faces à elle, l'air désorienté, situation inconnue et qu'elle répréhendait avec force jusque là.
_________________
Colhomban
Proximité des corps.
Valse, temps et contre temps.

La robe de Sorianne vint grossir le tas de vêtements qui gisait au sol : capes, col, châle, gilet,… Lentement le velours sombre laissa la voie à des parcelles de peau ivoires, reflets soyeux sous la lumière de quelques bougies. Colhomban battit des cils, conscient et inconscient du moment qu’il était en train de vivre. Il avait franchi un songe dès que ses mains avaient caressé la demoiselle, la débarrassant tendrement des dernières dentelles qu’elle affichait. Puis se fût son tour, son cœur s’accéléra quand les doigts frais de Sorianne parcoururent son corps, il se laissa bercer par son pouls affolé. Le moment dépassa toute espérance et il se déconnecta de la réalité, flottant dans les limbes délicieuses du désir.

Ce fût comme une première fois… Il la couvait du regard tant qu’il le pouvait, se sentant brûler de l’intérieur, consumer de plaisir sous les prunelles émeraudes, attiser par les boucles brunes qui balayaient sa nuque. Les minutes semblèrent des heures, des heures des semaines, et les semaines : l’éternité.

Membres enchevêtrés pour un rythme plus endiablé.
Lèvres brûlantes et amères.

Etait-ce ses larmes qu’il goûtait ? Il ne la serra que plus fort, tentant de l’arracher à la culpabilité qui devait fendre son cœur. Ho, il l’aurait prise sa peine, se serait noyé dedans, l’aurait soulevé à bras le corps, et l’aurait englouti pour elle, le cœur aux bords des lèvres, prêt à se le lacérer rien que pour son bonheur. Il la bascula sur le côté, la nourrissant de baisers redoublés. Enfin dans une ultime étreinte une vague de plaisir les submergea, l’étreinte devint d’autant plus sensuelle.

* * *

Col se réveilla quand une douce caresse parcourut son bras blessé. Noir, tordu en de multiples balafres, l’homme avait pris l’habitude de le dissimuler, ayant honte que cette horreur engendrée par la guerre fut visible à tous. Il aurait lu bien plus de pitié dans le regarde des gens que maintenant, quand il le faisait passer pour inerte. Mais So s’en accommodait, partageant ce secret avec le brun, regardant l’objet de ses cauchemars comme quelque chose de normal. Pour cela il lui en était reconnaissant. Il ouvrit lentement les yeux croisant deux pierres vertes aux reflets séduisants.

Depuis quand le regardait-elle dormir ? Il s’étira doucement, et tenta de remettre de l’ordre dans ses cheveux, se sentant d’un coup bien pudique une légère rougeur colora ses pommettes. La brune s’était redressée sur ses coudes et ses sourcils se froncèrent, le doute n’était pas loin…


Col... Et maintenant...? Que va-t-il se passer?... Est-ce que ça veut dire qu'en fait je ne l'aime pas? Est-ce que je me suis trompée tout ce temps? Elle hésita, ses yeux s’embuèrent légèrement, et elle tourna la tête vers la fenêtre. Une larme glissa le long de sa joue et sa prise s’affermit sur la main de Colhomban. Qu'est-ce qu'on va faire Col? ... Qu'est-ce que je dois faire?

Il se redressa quelque peu, surpris par l’intensité des interrogations de son amie. A vrai dire sur le moment, perdu dans l’ivresse de leur étreinte nocturne il n’avait pas réfléchi. Mais là, bien conscient, détaché de la folie charnelle il avait juste envie de… recommencer. Il reconnut que c’était quelque peu égoïste, mais n’arrivait pas tout à fait à se défaire du contentement de la savoir encore à ses côtés. Sans y réfléchir vraiment il avait eu peur qu’elle ne se soit enfuie pendant qu’il sommeillait. Maintenant, que faire ? C’était de bien bonnes questions, et il ne pouvait répondre véritablement. S’il lui faisait part de ses réponses, de ses vraies réponses, elle serait effrayée. Il leva les yeux vers elle, se rapprochant pour caresser les mèches brunes, et murmura.

Je m’effacerai. Il rectifia. Je m’effacerai un temps. Ca te permettra de prendre le recul nécessaire. Mais… Je vais me battre tu m’entends ? Je ne veux pas qu’il gagne, pas après tout ce qu’il t’a fait subir. Sauf si… Si c’est ce que tu souhaites… Il caressa le visage humide. Sorianne, je reste ton ami malgré ce que nous venons de faire. Nous recherchions de la châleur… Il espérait que ce fût plus que cela. Je serai toujours là, même si tu rentres chez toi… Mais je ne veux pas qu'il gagne. Ca non ! Il serra la machoire d'un air déterminé. Puis, tout à coup son regard se voila. Mais si tu me demandes de partir, je le ferai... Un baiser se posa sur le front de la demoiselle. Tu comptes tellement pour moi...
Sorianne
Elle le regarda se redresser, ne le quittant pas du regard, ne se rendant pas encore bien compte de tout ce qu'il venait de se passer, ne comprennait pas la portée de tout ceci. Aucune honte, pas de gène, de l'incompréhension et la peur de l'inconnue. Que faire maintenant...? Comment se comporter? Est-ce que tout allait changer? Sorianne blémit aux premiers mots de Col, et elle sentit sa gorge se nouer. Il voulait s'effacer... Il voulait la laisser réfléchir... Intérieurement paniquée à l'idée de se retrouvée seule, à l'idée que ce qu'il venait de se passer allait l'éloigner de son ami, cher ami... "Je reste ton ami"... Apaisant... Oui elle voulait qu'il reste son ami, elle voulait qu'il reste auprés d'elle comme il le faisait maintenant depuis un moment... Un baiser au front, douce comme une caresse et elle ferme les yeux à ses derniers mots. Les mots qu'il avait dit tournaient dans sa tête, trop pleine d'interrogations.

Tu m'as dit ne jamais me laisser, tu me l'as dit, je n'ai pas envie que tu... Que tu t'effaces... Ne t'éloignes pas pour ça... Nous restons amis, rien ne doit changer... Ne me dis pas que tu vas t'effacer, ne me le dis plus...

Que voulait-elle dans le fond? Elle appréciait énormément Colhomban, elle l'aimait beaucoup. Mais comment? Ce qu'il venait de se passer était bien plus que de l'amitié, un besoin de chaleur? Oui, besoin de s'abandonner au réconfort... Mais n'était-ce que ça? Abandonnée depuis trop longtemps, trop de doutes et de peine... Oui il devait avoir raison... Le courrier reçu de Vegoku avait achevé la confiance qu'elle voulait mettre en lui, avait clos le deuil qu'elle lui portait, préférant le penser mort que lâche au point de l'abandonner les enfants et elle... S'il savait à quel point elle aurait préféré la mort que d'imaginer vrai ce que disait Jakson dans ses courriers... S'il savait à quel point elle était passée prés de perdre la raison par sa faute... Et il lui demandait son pardon, il osait lui demander pardon pour tout ce qu'il avait fait. Comment lui pardonner tout ça? Comment lui pardonner cette fois? Oublier ce qu'il avait fait, oublier l'abandon et la douleur constante pendant tous ces mois, Comment pourrait-elle se réveiller chaques jours à ses côtés, se demandant si oui ou non il ne la laisserait pas de nouveau? Comment Vegoku pouvait-il imaginer qu'elle serait naïve au point de lui faire de nouveau confiance?

Un baiser, chaud et doux la surprit. Elle ne s'était pas aperçue qu'elle pleurait encore. Mais à partir de maintenant c'était fini. Il l'avait trahi une fois de trop, trahi et blessé plus qu'il ne l'aurait pensé. So porta une main délicate au visage de Col, tout en lui rendant son baiser. Elle ne voulait pas penser à ce qu'elle faisait, elle ne voulait pas penser aux conséquences ni même à ses actes, tout ce qui lui importait c'était ce désir et cette chaleur qui revenait au plus profond d'elle, se laisser aller une nouvelle fois, elle penserait demain, oui, en se réveillant elle y penserait. Pour l'instant seule la danse entamée lui importait, nouvelle danse là dans l'intimité d'une chambre éclairée de quelques bougies sur le point de s'éteindre. Avec lui, elle se sentait aimée, et elle ne voulait que ça, au moins une dernière fois, avant de se rendre compte de ce qu'elle faisait, tant qu'elle était perdue dans son rève, juste cette nuit, rien que cette nuit...


La faim apaisée elle n'arrivait pas à trouver le sommeil. Calmée, apaisée, mais pensive. Toujours sur son nuage, toujours pas vraiment elle même, mais il fallait qu'elle réponde. Il fallait qu'elle envoie la réponse au courrier reçu. Si elle le faisait elle serait peut-être soulagée d'un poids. Elle ne pleurerait plus pour lui, il ne méritait pas ses larmes, il ne méritait pas ce qu'elle lui avait donné, tout ce qu'elle lui avait donné.

Doucement, elle quitta la couche, faisant son possible pour ne pas réveiller son amant endormi. Amant... Ami... Etrange sensation... Jamais auparavant il ne lui serait venu à l'idée de se laisser aller avec quelqu'un d'autre que celui qui aurait dû être son époux, et voilà que ce dernier venait de la jeter dans les bras d'un ami... Seulement un ami? Elle commençait à en douter. Une petite moue et elle secoua la tête, non inconcevable... Et pourtant comment aimer quelqu'un qui n'hésite pas à partir et revenir comme si de rien n'était malgré tout le mal qu'il a pu faire...? Rhaaa! Trop de questions! So alla ramasser la fine camisole qui se trouvait toujours au sol, et s'en vétit, avant de chercher le courrier qui l'avait amené ici. Où pouvait-il être? La jeune femme finit par le trouver, au sol lui aussi. Elle s'approcha de la table où se trouvait le matériel d'écriture de Col et tourna le regard vers lui... *Allez So, répond*

Prenant son courage à deux mains, elle écrivit ce qu'elle pensait du courrier qu'elle avait reçu. Pas de détails, juste un résumé succint de ce que son départ avait entrainé, du mal qu'il avait fait en se jouant d'elle à ce point et en abandonnant femme et enfants derrière lui par lâcheté, et de ce que ses mensonges avaient fait. Jamais plus elle ne le croirait, quoi qu'il dise. Elle ne savait pas encore si elle pourrait jamais lui pardonner. Elle ne pouvait se prononcer là, maintenant. La seule chose dont So était sûre c'était de la lâcheté dont il avait fait preuve, et de ce qu'il ressentait pour elle... Pas grands choses...

Elle resta un moment à la fenêtre, observant l'oiseau messager venu chercher son dû au son léger du sifflet qu'elle avait pris soin de prendre. Elle ne s'attendait pas à une réponse... Mais le deuil avait pris fin avec la lettre qu'il avait eu le malheur d'envoyer. La tristesse partie, ne plus penser! Sa tête risquait d'exploser... Sorianne retourna auprés de Col, se glissant dans le lit, discrétement. Observant l'homme endormi à ses côtés, elle se demanda à nouveau ce qu'elle devait penser... Un ami cher, ami qu'elle ne voulait pas perdre. Tendant une main vers lui, elle fit glisser une mèche qui la génait dans son observation, silencieuse. Elle lui devait beaucoup...



Au matin, avec un maudit piaf à la fenêtre


Qu'est-ce que c'était que ce boucan? Elle avait l'impression de n'avoir dormi que cinq minutes, un mal de tête épouvantable lui vrillait le crâne et elle n'aspirait qu'à rester un peu plus sous les draps, à savourer le contact et la chaleur l'entourant, des bras l'encerclant... Des bras l'encerclant?! So ouvrit brusquement les yeux, se retrouvant nez à nez avec Col et se recula vivement, mais qu'est-ce... Une exclamation de surprise et *BAAAM* elle avait glissé, ayant oublié que les lits avaient un bord, et s'était retrouvée le séant au sol. MAIS! Elle n'avait surtout pas lâché le drap! Le derrière douloureux suite à la chute elle grimaçait tout en se frottant le bas du dos d'une main

Co...Co.... Col?? Mais qu'est-ce que...

Elle piqua un fard, devenant écarlate et ses joues la brulant aux souvenirs de la nuit passée. Qu'est-ce qu'elle avait fait??! Tous gestes interrompus elle restait béate devant son ami et rouge, génée comme pas permis... Oh elle avait aimé pour sûr, mais si peu l'habitude des autres hommes...

Je...

Savais plus quoi dire... Savais plus où me mettre, plein de choses qu'elle aurait pu dire et qui seraient allées comme un gant à la situation... Pendant ce temps là l'oiseau faisait son cirque à la fenêtre, attendant qu'on lui ouvre afin d'apporter la réponse au courrier envoyé pendant la nuit. Mais So n'arrivait pas à détacher les yeux de Col, qu'allait-il penser d'elle?! Elle avait vécu tout ça comme un rêve... Et non, c'était bien ce qu'il s'était passé... Mortifiée... Voilà ce qu'elle était. Pas tant par ce qu'il s'était passé, mais surtout pour ce qu'il allait penser...

Désolée... Je... Non ne crois pas que je sois comme ça! Non non! Ne... C'est la première fois que... Que ça m'arrive, c'est... Désolée, pardon,

Fallait qu'elle respire, elle virait au pourpre... Est-ce qu'elle regrettait?? Nan justement! Et ça lui faisait peur! Et...

Qu'est-ce que tu vas penser de moi?!

Aussi rouge que les pivoines, elle se cacha sous les draps qu'elle tenait encore, les levant au dessus de sa tête, et s'enfouissant dedans, là toujours assise au sol dans sa camisole pour seul vétement.
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Colhomban
La réponse de la brune avait fait sourire le jeune homme. Ce qu'elle pouvait être mignonne... Il se mordit la lèvre, bien conscient que ses oreilles étaients lointaines tandis que ses prunelles la dévoraient des yeux. Ce n'était pas correct ! Il tenta de se morigéner encore une fois, mais las de se faire la morale, Col finit par plonger sur la bouche charmante et finit d'occuper ainsi leur nuit...

***

L'étreinte avait l'air de s'être poursuivie un bon moment, il entendait les oiseaux chanter dehors qu'il était encore en train d'embrasser la demoiselle. Il ouvrit un oeil, curieux de savoir quelle tête elle arborerait au réveil. Fichtre ! Il n'y avait pas une Sorianne mais deux ! Il ouvrit des grands yeux, se demandant si elle avait caché cette jumelle aux yeux de tous, et se rendit compte que quelqu'un lui massait les pieds... Par Aristote s'en était une troisième ! Le brun se redressa, et fut vite contraint de reconnaitre que les cinq Sorianne qui tournaient maintenant autour de lui étaient radieuses. Malheureusement le fantasme n'était qu'un rêve et il s'éveilla en sursaut quand un bruit mat secoua toute la chambre.

Co...Co.... Col?? Mais qu'est-ce que...

Le jeune homme afficha une mine penaude : lisait-elle dans les rêves ?! La question fut supplantée par un instinct primaire quand il se rendit compte que la moindre parcelle de son anatomie était libre et exposée à la vue de tous, enfin surtout de la brunette. Il piqua un fard et tenta de récupérer un bout de drap avant qu'elle ne s'échappe plus en avant sur le parquet. Mais que faisait-elle les fesses par terre ?

Je...

Il leva le nez vers son amie, presque aussi rouge qu'elle, ses yeux cherchant où regarder tandis que la peau ivoire de la jeune femme était visible entre chaque plis du tissu qui protégeait son corps. Il n'en vira que plus écarlate et entreprit de la saluer, toujours plié en deux, les bras cherchant un édredon pour "s'habiller". Pendant ce temps Sorianne balbutiait, l'air de celle qui cherche de l'air en surface. Col sourit tendrement. Ce qu'elle pouvait être trognonne... Il secoua la tête, reconnaissant que hier dans la nuit, ce genre de remarques ne l'avaient aidé en rien, le poussant justement à lui sauter encore dessus... Se rappeler les moments magiques de la veille ne firent qu'attiser son mal être. Et si elle changeait d'avis et ne voulait plus le revoir ? Son regard se fit anxieux et il attendit qu'elle parle la première.

Désolée... Je... Non ne crois pas que je sois comme ça! Non non! Ne... C'est la première fois que... Que ça m'arrive, c'est... Désolée, pardon... Qu'est-ce que tu vas penser de moi?!

L'amante disparut sous les draps et un long soupir s'échappa du tas de tissu. Colhomban, interloqué, ne put s'empêcher de rires aux éclats ce qui eut le don de faire tressaillir la demoiselle.

So... Il rampa du lit, se ceignant la taille au passage de sa chemise. Une fois au sol, il se mit à quatre pattes, et souleva doucement un pan d'étoffe. Hum... Puis je rentrer ? Il lui sourit tendrement, et se glissa sous la tente improvisée dont le pilier central était Sorianne. Il la regarda un instant, lui caressa la joue maintenant écarlate et approcha ses lèvres pour y déposer un baiser. Il se ravisa à quelques centimètres, aussi douloureux cela fut-il.

Hum... Excuse moi... S'asseyant en face d'elle il vint poser son menton sur son épaule.

Sorianne, il n'y a pas de mal. Ce qu'il s'est passé cette nuit et juste... Comment dire... Un reflet de ce que nous ressentons...? Il se mit à rougir. Je... Pour ma part, je ne regrette rien! C'était si... si... fantastique... Je comprends que tu sois perdue, aussi je te laisse tout le temps que tu désires pour te "remettre" de cela. Saches que mon amitié est indéfectible. Je reste à tes côtés si tu le souhaites... Et pour ce qui est de ce que je pense de toi, tu restes la même Sorianne que j'affectionne par dessus tout, sauf que maintenant je sais où tu as un grain de beauté... Il se fendit d'un sourire, et s'allongea à moitié en s'appuyant sur ses coudes. Il regarda un instant son bras difforme et noir avant de tourner les yeux vers la belle.

Souhaites-tu que je te ramène ? Les petits vont s'inquiéter s'ils ne te voient pas rentrer...
Sorianne
Rouge comme jamais, elle avait ramené ses genoux à la poitrine, bien cachée sous les couvertures. Jamais elle n'aurait pensé imaginer ce qu'il s'était passé. Comment avait-elle pu?? La détresse du moment? Le sentiment d'abandon qui s'était fait bien trop fort? Ou une amitié qui avait évolué au fur et à mesure du temps, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte?! Pfff elle ne savait plus. Des mois qu'elle pleurait Veg et il lui disait lui même l'avoir abandonnée... Culpabilité un peu calmée, mais pommettes toujours aussi écarlates.

Le rire de col renforça même la couleur, olalala... Quelle gêne! So se renfonça un peu plus sous le drap qui la recouvrait entièrement, mais rapidement, elle vit un coin se soulever et essaya de se cacher derrière ses genoux, sans y arriver bien entendu! Elle ne lui répondit pas quand il demanda à entrer mais apprécia la caresse sur sa joue. Confuse, elle eut un léger mouvement de recul quand il chercha à lui poser un baiser, elle ne savait vraiment plus où elle en était, complètement perdue, dépassée.

Si cela avait été possible, elle aurait rougit encore plus aux paroles prononcées ensuite. Est-ce qu'elle regrettait elle? D'autres baisers, d'autres gestes lui revenait en mémoire, mais tout ceci gâché par un courrier, juste quelques mots jetés sur un vélin, qui venait donner un goût empli d'amertume aux souvenirs qu'elle chérissait jusque là... Amertume, déception et trahison... Alors non, elle ne regrettait pas. Elle esquissa un sourire, les pommettes toujours aussi colorées.


... Fantastique? Ah oui?

Elle se redressa prenant une pause un peu fière, mais sans trop en faire, et avant de prendre des airs de conspiratrice.

Ce grain de beauté, une seule personne en a connaissance hormis toi, donc... Elle mit un doigt sur ses lèvres en signe de silence... Sinon je serai dans l'obligation de te tuer, et ce serait bien dommage...

Les joues finirent pas décolorer, pas vraiment réfléchit, mais pour l'heure se perdre dans des réflexions trop intense ne la tentait pas. Elle aspirait au calme après tout ce qu'il s'était passé. Trop de choses en quelques mois. Trop pour elle. Col s'étendit, et elle ôta la couverture d'au dessus d'eux, ne s'en servant que pour se protéger du froid. Son regard glissa sur le bras blessé du jeune homme et elle parla à voix basse

Je ne pense pas regretter non plus tu sais... Mais je n'ai aucune idée de ce que je dois penser... De ce que je dois faire... Je lui en veux... Je ne peux pas pardonner ce qu'il a fait... Pas cette fois... Je ne pourrai plus lui faire confiance... Mais je ne sais pas où j'en suis...

So regardait Col, les yeux dans les yeux, elle aimerait tellement qu'il comprenne... Il le lui avait dit, mais elle espérait vraiment que ce soit le cas.

Tu penses vraiment que ce qu'il s'est passé c'est ce que nous ressentons?

Non décidément, perdue. Préférait ne pas trop réfléchir, surtout qu'un charpentier s'en donnait à cœur joie dans son crâne. Un nouveau sourire quand il lui proposa de la ramener.

Je veux bien. Mais il va falloir éviter les gens qui seront en bas, sinon ma réputation sera faite et ça va jaser au village...

Avec un petit sourire la So se leva, ensevelissant Col sous le drap en le faisant exprès bien sûr! Bon retrouver ses vêtements...

Tu ne regardes pas hein...

Les voilà! So passa rapidement jupons et robe, avant de nouer les lacets qui retenaient le corsage et profita que Col se vêtisse pour passer les bas. une fois finie, elle se tourna vers lui et posa la question qui la tenaillait tout en allant vers lui en passant une main sur le membre blessé...

Col?... Pourquoi ne libères tu pas ton bras?

Elle rougit en se rendant compte que cela pouvait être embarrassant pour lui et en se détournant vit l'oiseau à la fenêtre, sûrement fatigué de faire du bruit et qui attendait patiemment.

Excuses moi, je suis trop curieuse... Je pose des questions génantes et... Pardon...

Pour mettre fin à la gène générée par sa question indélicate, elle se rendit à la fenêtre et finit par détacher le courrier porté.

Citation:
Demain, midi là où était la forge, ne sois pas en retard.


Un petit déglutissement, une crispation, et une angoisse profonde la pris. Qu'allait-il se passer? Se revoir après tout ce temps où elle voulait le croire mort... Elle se serait réjouis de le retrouver en vie, en serait peut-être tomber de bonheur, mais le fait qu'il ait fui, l'ai trahi, lui enlevait toute réjouissance. Oh oui, elle lui en voulait tellement...

Je... Il faut que j'aille à la forge de Vegoku... Quand le soleil sera au zénith... Il y sera...

Est-ce qu'il voulait vraiment revenir? Est-ce qu'il voulait vraiment se faire pardonner sa lâcheté? Comment le pourrait-elle? et est-ce qu'elle serait assez forte pour résister à l'attraction qu'il exerçait sur elle...? Non... Comment être attiré à ce point par quelqu'un qui vous a fait autant de mal...? Qui a failli vous couter la vie... Pas pur égoïsme... Elle lança un léger coup d'œil inquiet à Col, son... Amant...
_________________
--Jakson




Le jour était loin de se lever lorsqu'un géant arriva au lieu où s'était jadis trouver une forge, il était en avance d'au moins une demi-douzaine d'heures sur le rendez-vous qu'il avait donné à une jeune femme. Il s'arrêta un instant, regardant le lieu où une vie avait peut être était prise avant de relever la capuche de sa cape. Il plongea une main dans sa poche et en ressortit un parchemin protéger par du cuir, il s'avança de quelques pas et le posa bien en évidence afin que la jeune femme n'ait aucun mal à le voir. Puis il recula pour regarder le lieu où il avait perdu toute sa famille nouveau soupir, puis plus rien. Il resta debout dans le silence puis aux bouts de trois-quatre heures il partit.

Jakson a écrit:
Chère Sorianne,
Permets-moi de reprendre la couleur d'encre qui est la mienne ainsi que mon écriture.
Ce que tu peux être stupide et borné.
Je t'écris en te disant que Vegoku est en vie et tu ne peux me croire alors que si j'imite l'écriture de Vegoku utilises sa couleur et signes comme lui tu me crois sur parole ?
J'en serai presque déçu.
J'aurai pu me jouer de toi encore longtemps, mais comme je l'ai déjà prouvé auparavant, tu es juste un objet avec lequel j'aime m'amuser et si je n'ai pas voulu pousser le jeu aussi loin que je le pouvais c'est parce que je n’éprouve aucun désir pour toi, non pas que tu sois laide (quoique) mais les femmes qui se jette dans les bras du premier venu...très peu pour moi...
Je ne vais pas abuser d'avantage de ton temps.
Au plaisir de continuer à correspondre avec toi, et qui sait peut être qu'un jour je t'écrirai pour te dire que j'ai retrouvé mon frère, ou encore tu m'inviteras à ton second mariage...
Ton époux qui t'aime et te veux du bien.
Moi.



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Colhomban
Col?... Pourquoi ne libères tu pas ton bras? Excuses moi, je suis trop curieuse... Je pose des questions gênantes et... Pardon...

Même quand elle se mordillait la lèvre inférieure de cette façon enfantine elle était irrésistible. Colhomban battit des cils et revint à la réalité, une main fine caressant son bras difforme. Pourquoi ? Parce qu’il avait honte. C’était sa punition, son mal, sa culpabilité… Il leva les yeux vers le linteau de la cheminée et observa en un sourire tendre deux pots de faïence posés sur la large poutre du foyer. Il leur devait bien cela aux mistinguettes… Son sourire se teinta de morosité et encore une fois il se força à revenir à l’instant présent.

Sorianne le noya sous le large drap qui les recouvrait, cachés de la face des royaumes, détournant habilement le sujet de la conversation. Elle s’habilla sans réelle hâte et notre jeune homme ne put résister à jeter un coup d’œil en biais vers la demoiselle si bien faite. Elle se posait des questions, cela se lisait dans son regard, mais c’était bien normal pour cette mère de famille qui venait d’être blessée plus d’une fois en si peu de temps. Col se leva à son tour, conscient du poing qu’il maintenait toujours crispé, comme une envie de battre le malotru qui faisait souffrir la délicate. Il chercha des yeux sa chemise, s’exhortant au calme et à la discipline qu’il avait goûté un temps dans l’armée : la maîtrise de soit était souvent salutaire dans les combats les plus acharnés. Il enfila ses braies de velours, et chercha des yeux ses bas de soie. Sorianne se dirigeait en un froissement de tissu vers la fenêtre pour chasser un oiseau qui y piaillait depuis un bon moment.

La fenêtre s’ouvrit en un grincement sonore, et pendant que Col finissait d’enfiler ses bottes So se pencha vers le volatile, détachant un tube de cuir foncé. Une missive ? Il passa son catogan dans sa chevelure brune dardant un œil curieux vers la demoiselle. Cette dernière ouvrit la lettre, décachetant un sceau qui lui était connu. La brune vacilla, trembla et fut prise d’un émoi incontrôlable. Col n’eut que le temps de tendre le bras pour l’accueillir au creux de son épaule, l’inquiétude lui vrillait les tripes.


Je... Il faut que j'aille à la forge de Vegoku... Quand le soleil sera au zénith... Il y sera…

L’air lui manqua, sa tête s’emballa en un bouillonnement furieux, et il resserra son amie, son amante, son… aimée contre lui, essayant encore de la sentir près de sa personne, humant l’odeur de fleurs de ses cheveux. Il n’était donc pas mort… Quel terrible revirement de situation de la part de ce tyran. La raison lui manqua un instant et il se vit tirer l’épée contre l’homme. Par Aristote, il ne voulait pas la perdre ! Soit : se faire sage, l’aimer en silence, veiller sur elle de loin, prendre en considération son hypothétique refus de le revoir après cette nuit passée ensemble, mais la laisser à un voleur de cœur, un bandit qui foulait les âmes au pied, il n’en était certainement pas prêt ! Son cœur se tordit, et il attrapa le menton de Sorianne dans sa main.

Je viens avec toi. Ne serait-ce que pour t’accompagner… Je te laisserai avoir la discussion que tu désires avec lui, mais je souhaite être non loin de toi. Pour être sûr… Pour être vraiment sûr… Il caressa la joue blanche. Tu n’as pas le droit de discuter avec moi sur ce point. Il se fit catégorique. Allons finissons de nous habiller, et allons à la rencontre de… ce… hum…

Colhomban attrapa son gilet, son col de laine et sa cape cirée. Il avait à peine finit de rattacher les bandes de son bras difforme que Sorianne était prête à son tour. Le jeune couple descendit alors vers le rez de chaussée en hâte, Colhomban parlant bien fort dans la salle principale conformément à leur stratagème.

Sorianne, c’est par-fait ! Une broderie fine, un tissage sans faux croisement… Non vraiment, ces dernières pièces sont superbes. Je t’en prendrai plus souvent. Il lui fit un clin d’œil et la pria du menton de continuer son avancée vers la porte d’entrée.

Maître d’Eusébius ! Maître d’Eusébius ! Maître d’Eusébius ! Sieur Colhomban !

Le brun fit mine d’ignorer l’appel du tavernier et hâta le pas, mais les appels alarmés du petit homme replet, bras droit de Miss Jones, eurent raison de ses nerfs. Il se retourna froidement vers lui, plus sec qu’il ne l’aurait voulu.

Quoi ?! Une missive lui fut présentée avec plusieurs phrases murmurées sur un ton d’infinie excuse. Lorsque Colhomban reconnut le sceau de cire pourpre qui ornait le parchemin il lui sembla que le sol se dérobait sous ses pieds. Nerveux, il décacheta le tout avec des mains tremblantes.


Colhomban,


Mon cher Frère,

Je n’ose imaginer si ce sont des traits de surprise ou de dédain qui se peignent sur ton visage à cet instant. Je n’ose imaginer si tu ouvriras cette lettre... Je me dois de faire tout comme et m’excuse d’avance des nouvelles que j’ai à t’annoncer.

Mère se meurt. L’hiver breton fut rude d’après Théodore, et une congestion a atteint ses poumons. Je sais que Père t’a chassé des terres, mais à ce jour, dans le délire de la fièvre, et entre deux sifflements de sa respiration bien mal aisée elle ne demande que toi.

Que tu aies été chassé n’enlève rien au fait que tu sois l’aîné depuis qu’Heyctor a été rappelé par Aristote. Cesse de fuir Colhomban et donne à Mère ce qu’elle désire le plus en ce royaume : te voir.

Bellissima et Théodore se joignent à moi pour te supplier de revenir sur le domaine. Tu es un D’Eusébius, et « les D’Eusébius jamais ne fuient ».

Affectueusement,
Ton Frère Tristan.


Une main essuya son front moite et il tourna des yeux à la limite de la révulsion vers Sorianne. La lettre datait déjà de plusieurs jours. Il se devait de faire vite. De filer, rapide… Col regarda So encore une fois et tourna les yeux vers le parchemin froissé qu’il tenait entre ses mains. Comment expliquer à la femme qui occupait son esprit et son cœur qu’il lui avait menti ? La nervosité lui sécha la bouche et il déglutit plusieurs fois avant d’ouvrir la bouche. La brune s’était déjà rapprochée de lui, les yeux teintés d’inquiétude à son tour.

Mère… Ma mère… Son visage donnait le ton du message. Je dois y aller Sorianne. Il leva la main pour lui caresser la joue. Tu… Je… Désolé… Le ton se fit murmure. Tristan… Il le dit… Et je.. l’aîné…

Les excuses n’étaient pas audibles et rouge de honte il fit demi tour pour se précipiter dans sa chambre bourrer deux sacoches de bâts à charger sur sa monture. La route vers la Bretagne était longue et il se devait de faire diligence rapide. Redescendant en courant il fut heureux et terriblement soulagé d’y retrouver sa brune. Il l’entoura sans pudeur de son bras dit valide, et l’embrassa à en perdre le souffle déclenchant derrière lui des murmures outrés.

Je ne t’oublierai pas So ! Je reviens vite ! Je te le jure ! Je… Il prit ses mains dans les siennes. Si tu savais comme je m’en veux de te laisser avec Vegoku. Son regard s’embruma un peu, la voix lui fit presque défaut. Je t’écrirai dès que possible. Prends soin de toi…

Au fil du bref échange ils avaient poussé dehors main dans la main, les sacoches de l’homme furent arrimées sur Fengor et d’un geste gracieux il se mit en selle. Un coup de talon le précipita sur la route, il fit tourner sa monture pour un dernier geste d’aurevoir et fila vers le nord. Vers la Bretagne, domaine des D’Eusébius.
Sorianne
Qu'allait-elle faire? Qu'allait-elle penser et dire en se retrouvant face à lui? Est-ce qu'elle allait craquer? Est-ce qu'elle pardonnerait en le revoyant? So posa le front contre l'épaule de son ami. Non elle ne pardonnerait pas... Pas cette fois... Elle ne le pouvait pas... Mais et les jumeaux? Pourquoi tout ceci était-il si compliqué? La jeune femme le pensait mort, disparu à jamais et le voilà qui réapparaissait, qui revenait après tout ce temps où elle avait cru sombrer dans la folie, retenue par ses amis. Comment pourrait-elle pardonner ça, la traitrise, l'abandon? Il lui avait juré, juré de ne jamais la laissé, et n'avait pas tenu cette promesse, fuyant une union qu'en réalité il ne voulait pas. Comment avait-elle pu le croire? Mais s'il la regardait avec ce regard, et cet air, et s'il trouvait de bons arguments? So poussa un profond soupir, pourquoi fallait-il que tout ceci lui arrive? La vie était sans doutes bien trop belle avant tout ça... Col lui releva le visage et elle se perdit dans les yeux sombres. Il était si gentil... Elle avait confiance en lui et savait, du moins espérait que lui, ne la trahirait pas...

Colhomban voulait la suivre, venir avec elle. La jeune femme voulu protester, préférant affronter cette rencontre toute seule... Juste au cas où... Mais il la coupa en plein élan, sûr de lui et son regard l'empêcha d'insister. Elle fit une légère moue, peur de ce qui allait se passer dans peu de temps... Et finit par acquiescer. Que pouvait-il se passer... Qu'elle prenne son courage à deux mains et qu'elle dise à celui qui aurait dû être son époux qu'elle ne pouvait pas lui pardonner parce qu'il l'a trop blessé cette fois? Hochement de tête quand il lui suggère? de finir de se vêtir. En y pensant elle revira écrevisse. Elle ne pouvait s'empêcher de glisser des regards vers le bras qu'il rebandait. Pourquoi s'infligeait-il ça? la jeune femme failli lui proposer son aide, mais il avait fini quand elle même eu fini de se préparer.

Tout en descendant, elle priait discrètement pour que le petit plan fonctionne... Personne ne l'aurait vu passer le matin et pas repartir la veille au soir... Cela semblait déjà compromis, mais So essaya de marcher le plus possible avec Col, essayant de réfréner le feu à ses joues, feu qui couvait et qui ne devait surement pas manquer de se faire remarquer, aussi se dépêchait-elle en direction de la porte, essayant de faire semblant de ne voir personne, ni même reconnaitre quelqu'un dans cette auberge. Mais quelqu'un appelait Col, et la jeune femme ne put s'empêcher de se retourner quand elle sentit qu'il ne suivait plus. Le fard et le sourire s'effacèrent derechef quand elle vit l'expression qu'il affichait. Elle attendit sans bouger qu'il ait lu le courrier qui lui était réservé, sourcils froncés, un brin inquiète. Pas lui non plus... Elle mordit sa lèvre, se rapprochant de lui.


Col?

Elle blêmit un peu plus quand elle comprit ses paroles au sujet de sa mère... Et qu'il devait y aller. Bien sûr qu'il devait y aller! Bien sûr qu'il devait se rendre au chevet de sa mère. Elle n'eut le temps de rien qu'il était déjà remonté. So le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Pourquoi le sort s'acharnait-il? Perdue dans ses pensées, elle ne le vit revenir qu'au dernier moment, quand il l'enlaça et elle ne put que se laisser aller, à répondre au baiser donné, en souvenir de la nuit passée. Elle regretterait plus tard. Ce n'est qu'en se séparant et en entendant les gens autour qu'elle réalisa et qu'elle piqua un fard. Tout en sortant, des promesses, elle, inquiète, est-ce qu'il les tiendrait? Ou ferait-il comme Veg? Elle ne le quittait pas des yeux, non il lui disait vrai. Elle le savait. Mais... Elle pensait le savoir pour Veg aussi... Pincement de lèvres et elle remua la tête pour lui faire comprendre qu'elle avait comprit. Et il partit. So lui suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse de sa vue.

Elle resta là un moment, fixant le point où son ami avait disparu. Un bruit lui fit tourner la tête, et elle se rendit compte de ce qu'il venait de se passer. Rougissant de nouveau encore plus, elle passa une main dans ses cheveux pour ôter les longues mèches qui lui tombaient devant le visage à cause du vent et fila sans demander son reste. tout en harnachant Razel, elle repensait à cette nuit... Au baiser qu'il lui avait donné ce matin... Le mieux était de ne plus penser. Plus maintenant. Pas encore.

La jeune femme se rendit au lieu du rendez vous, un peu à l'avance il est vrai. Le cœur battant, elle approchait. Elle avait tellement ralenti son cheval qu'elle aurait pu y aller à reculons ce serait revenu au même. So appréhendait de se retrouver face à Lui. Elle l'aimait, il l'avait trahi comme jamais. Une fois de trop... Comment pourrait-elle lui pardonner sa disparition? Comment lui pardonner cette lettre? Il avouait lui même avoir trahi sa promesse. A mesure qu'elle arrivait, elle se sentait oppressée. Le souffle court, elle déboucha sur la clairière où se tenaient les restes calcinés d'une ancienne forge. Avec du mal, elle descendit de sa monture, lui caressant doucement l'encolure avant d'avancer à pieds. Elle avait l'impression que sa poitrine allait exploser tant son cœur battait fort. Maintenant elle regrettait comme jamais le départ de Col. Elle aurait énormément donné pour l'avoir à ses côtés, qu'il lui donne le courage d'affronter son... Beau-frère... Lui qui aurait dû être son époux mais qui avait changé sa place avec son jumeau...

Elle parcourut les lieux du regard, un frisson lui descendit le long de l'échine. Il n'était pas encore arrivé. Le grand corps n'était pas encore visible. So baissa les yeux, inquiète de la façon dont cette rencontre allait se dérouler. Quelque chose lui attira son attention. Un étui de cuir... Avec un froncement de sourcils, Sorianne se pencha pour le ramasser et l'ouvrit...

Elle ferma les yeux et se baissa doucement, jusqu'à se mettre assise sur la terre froide et les cendres qui maculaient toujours l'endroit. Elle ne savait dire ce qui lui passait par la tête. Soulagement? Désespoir? Ce n'était pas lui... Au fond d'elle, elle sentait qu'elle aurait aimé le revoir, aimé revoir ce sourire si cher à son cœur et qui la rendait si... Il n'était pas là, et ne serait plus jamais là. Jakson avait fini de la tromper encore et encore. Soulagée. Oui, soulagée de savoir qu'il ne l'avait pas abandonnée. Soulagée de ne pas avoir été trahie à ce point. Soulagée de savoir qu'il ne l'aurait pas abandonnée de la sorte. Mais terriblement chagrinée, il avait vraiment disparu... Il n'était plus et ne reviendrait jamais... Il fallait vraiment qu'elle se fasse une raison. Mort, il était mort. Comment avait-il pu lui dire un jour, de ne pas pleurer s'il venait à la quitter comme ça? Comment pouvait-elle ne pas verser de larmes pour lui?

Un long moment passa, durant lequel elle pensa à lui, essayant de faire diminuer le flot salé qui passait la barrière de ses cils. Tant de mois... Il fallait qu'elle le dise aux jumeaux. Il fallait qu'ils sachent... Mais elle appréhendait ce moment, bien plus que tout autre. Pourtant il le fallait, il fallait qu'ils arrêtent de croire qu'il allait rentrer demain.

La jeune femme finit par se relever lentement. Et elle se promit de ne pas revenir ici avant un très long moment. Le temps que passe la douleur, même si au fond d'elle, elle savait qu'elle ne passerait jamais totalement. Il fallait qu'elle se reprenne. Il fallait qu'elle arrive à sortir de ce trou qu'elle avait creusé. Pour ses enfants... Pas un regard en arrière quand elle s'en fut, retournant auprès de Razel. L'avenir était maintenant devant elle, et ce n'était plus aux côtés de Vegoku. Il resterait présent à jamais avec elle. Jamais elle ne l'oublierait, et il gardera toujours la plus grande place.

Sorianne fuit. Elle fuit ce lieu qui lui rappelait tant de choses. Fuir était moins douloureux que de penser. Fuir pour penser à demain et pas au passé. Les larmes avait séché, mais l'intérieur saignait toujours. Intérieur peut-être pansé par un ami cher, un ami qu'elle ne voulait surtout pas perdre. Ami... Qu'elle n'arrivait pas définir réellement. Amant... Pourrait-elle se laisser aller de nouveau comme la nuit passée sans éprouver aucun remords? Elle avait hâte qu'il revienne, hâte qu'il rentre. Elle aurait tant aimé lui parler de tout ce qui lui passait par la tête, essayer de savoir s'il avait les réponses à ses interrogations. Si seulement...

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