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Liste Ducale pour tuer le temps, à défaut de tuer la duchesse.

[RP]Douze chacaux dans un bocau...

Attila Caligula, incarné par Vassilissa
Les Douze Salopards (Les Affreux Freux)

La tente du Vieux est toujours là, surmontée de son corbeau empaillé qui jette un regard vide sur un horizon gris. Mais c'est maintenant dans une demeure cossue que les compagnons d'arme se réunissent à présent. Les finances sont bonnes et il est inutile de se geler les joyeuses quand on peut s'installer douillettement. Dans la cour, un tailleur de pierre maigre comme un coucou façonne des petits bustes souvenirs du Vieux, du Vicomte, de la Traitresse, Minouche et les autres, travaillant au ciseau de 8 et maillet de précision. On notera qu'il met du coeur à l'ouvrage quand il aborde un buste féminin, nu à la mode antique, allant jusqu'à tailler la poitrine alors qu'il s'arrête aux épaules pour les bustes mâles.
- Hep le Tape-Caillou! Lequel se vend le mieux?" demande le Vicomte qui passe dans la cour pattes dans le dos et truffe au vent.
- Oh Vot'Seigneurie, le vôtre est assurément très recherché. Une pièce de collection, qui va prendre une immense valeur! Les musées futurs se l'arracheront.
- Mmmmh combien de ventes?"
fait l'Ysengrin flatté.
- Euh.... une"murmure l'artisan en reculant d'un pas.
- GROUMPF!
- D'où son immense valeur à venir... quand la postérité vous aura rendu justice!"
s'empresse d'ajouter le bonhomme blanc de stuc et de peur.
- Lequel se vend le mieux alors?" La mine menaçante et tout crocs dehors du vicomte fait se ratatiner le tailleur, qui ne peut s'empêcher de lancer un regard furtif vers l'un des bustes tout juste achevé, minois espiègle et formes généreuses.
- Evidemment...
- On se l'arrache, les hommes surtout, mais les femmes aussi, qui en assomment leur époux"
fait plaintivement l'artisan.
- Tu vas enlever ce sourire idiot du mien" dit le vicomte en montrant quelle gueule -bien plus menaçante- donner à sa figurine. "Au moins je servirai à faire peur aux chiards".

La porte de la demeure s'ouvre violemment devant la botte du vicomte: "PARAIT QUE JE SUIS PAS VENDEUR!!!" Regards consternés de l'assistance, présentement presqu'au complet quoique toujours dans le camphre et le contre coup. "QUI A DIT ÇA AU LOUFIAT DE LA COUR?". Quelques museaux plongent vers une contemplation de chausses et une voix perfide pépie:
- Tu te lances dans l'épicerie vicomte?
- La politique! Bordel, Père a été Connétable, Capitaine et Prévot, le reste de la famille a fait le tour des charges de conseillers, on a meme un ou deux regnant chez les Ysengrin, si c'est pas vendeur ça.... Et puis ça ne peut pas être bien sorcier!
- C'est toi qui n'es pas vendeur
- Parceque je veux botter le cul de ces faux jetons de Reid?
- Parce que tu le beugles sur les toits.
- C'est pour leur laisser le temps de mettre Mémé en Helvétie, je suis humain. Un peu.
- Ce sera Thoros la tête de liste.
- Ah parce que lui est vendeur? Avec sa trogne d'assassin, son oeil torve et ses airs louches?
- Hey! J'ai réussi à refourguer la Pierre gasconne à un bon prix malgré mes airs louches!!!
- Bon d'accord, et tu vas leur vendre quoi?



Dehors, deux comparses sont accroupis contre le mur. L'un tient un bol breton, acheté ou probablement pillé lors d'une précédente guerre. Le bonhomme, qui émarge aux services de la Prévôté, tient le bol renversé contre le mur de a demeure. Il se retourne vers le second personnage, tout aussi dégourdi, affairé avec son propre bol, collé à son oreille.

- Alors?
- Alors rien, même pas la mer.
- C'est pas un coquillage!
- Même pas la soupe!
Le premier trifouille dans une poche et grogne:
- On a oublié le crin.[/b]
Quelques mêches de crin tendues entre les bols et la station d'écoute commence à recevoir.
- A y est! Je capte. "Thoros tête de liste, Ancien Maire, Chef d'Armée, Maitre Marchand, Maitre Coquin, Maitre Chanteur...
Vassilissa
Les Douze Sales au plumard (Les Affreu-Freuses)

Un peu plus loin, bien sûr, loin des bustes qui se cisèlent, des marteaux qui cognent dur et des tailleurs fêlés qui dressent les têtes de listes, les femmes font le programme. Blondes, brunes, rasées, tressées, à couettes et en couleurs, elles sont toutes affalées dans une tente obscure, ou elles délibèrent dans le calme et la paix :

- RENDS MOI LA PLUME, C'EST MOI QU'ÉCRIS C'QU'ON VA FAIRE !
- PAS QUESTION ! D'ABORD TES IDÉES ELLES SONT TROP NULLES, PERSONNE VEUT DE LA PAIRE DE BOTTE OBLIGATOIRE POUR LES MEMBRES DU CONSEIL !
- COMMENT ÇA, PERSONNE EN VEUT ? COMMENT ÇA, PERSONNE EN VEUT ? MAIS PERSONNE A DIT NAN, HEIN, J'CROIS PAS !
- Ouais ben p't'êt parce que tu cries plus fort qu'les autres ?
- La retraite à 55 ans !
- L'interdiction d'apprendre à nager pour les Alençonnais ! Qu'ils se noient dans le lac !
- La paire de ouilles obligatoire pour les juges ! Ça les chang'ra !
- La légalisation de la révolution !
- L'hymne à l'Hydre tous les matins en levant le drapeau !
- Les croissants au p'tit déj !
- La peine de mort pour les chuchottis en taverne !
- Les taupes à la lanterne !
- Les idiots en procès !

Quelques minutes plus tard, rien ne ressemblait plus à rien, tandis que les bottes volaient dans les airs. Sur le parchemin, une belle enluminure aux couleurs de Thoros, qui attendait impatiemment d'introduire un quelconque ébauchis de programme. Mais rien à faire.

- Oh ! On a oublié d'réouvrir les frontières pour les brigands d'tous poils qui voudraient viendre ici !
- Nan ?!? Et t'as pensé au chapitre comme quoi la Normandie s'rait annexée bientôt à not'début d'empire ?
- Et si on prenait pour devise un truc à la bretonne ? Chauds comme la Breizh, ce genre de truc ?
- Ben, on n'est pas bretonnes, si ?
- Ben si, moi si.
- Ouais, mais, moi nan.

Les ennemies d'Etat ainsi déblatéraient, tandis que la campagne peu à peu avançait. Bientôt, l'heure serait aux banderoles en tout genre, aux joutes orales et aux combats de rues. Bientôt, elles seront sur le pied de guerre pour vendre leurs slogans brodés sur écussons. Elles rêvaient déjà, écroulées sous la toile, le cœur dans les étoiles tandis qu'leurs bruns en ville prospectaient le terrain.
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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
Fleurinne
[les douzes sales et un bocal.]

Donnes j'ai envie de montrer que j'sais écrire maintenant... donnes, donnes le parchemin, j'fais de belles lettres avec de belles taches ! c'tout un Art ça...

Mes de moi zelles, arretez de faire voler les bottes, !!! ça fait mal de chien, surtout le talon dans l'pif. Grumf... Bon reprenons.
abolissons toutes les lois inutiles revenons à la simplicité pur ? Avec toutes ses lois la vache va dev'nir chevre...
Ouvrir les frontières aux brigands et indéfiniment ?
déjà proposer !! ta gueule
Hein ?? Ouai j'me tais, j'écris..
Comment voulez vous qu'on s'écoute dans ce bordel organisé ?
Annulé tous les postes de Douane inutile et réinvestissons l'argent économisé au mieux de nos interets. A nos les freux freux!!!
La maréchaussée ?
Ouai, ça va de soit!
laissez libre arbitre au citoyen encore pas noyer dans l'lac de fixer librement les prix du marchés, autorisé les échanges comme bon semble a chacun, on peut glanner quelque ecus en court.
Une offrende obligatoir a chaque début de semaine ?
quelqu'une a vu l'encrier ?
Vassilissa
[Sale en vie vaut mieux que désir fugace]

- Un encrier pour la dame, un !

Et l'encrier vola, provoquant un tollé parmi les malheureuses qui avaient mis toilette. Le crâne de la rasée jouait les dalmatiens, et la Blonde contemplait ses braies mouchetée noir. Elle grogna : "C'est la mode à Paris, d'toute façon..."
Et, toujours grognant, elle se leva et s'étira :


- Mira ? Ma botte gauche, s'teuplait. Fleur ? La droite... Là, sous ta fesse... Allez, bouge toi un peu, on plafonne, là...

Elle se pencha pour récupérer son bien et enfila ses bottes en sautillant sur une jambes. Au sol, ça pouffait sans interruption. Aucune ne semblait vouloir se lever, que ce soit pour aller bramer en ville ou pour aller se chercher un homme pour le dîner. Vass haussa les épaules et tourna les talons, agitant une vague main en signe d'au revoir.

Les rues d'Alençon baignaient dans la rumeur, et la nuit commençait à tomber. Elle frissonna avant de s'enrouler dans sa cape, prenant sans hésiter le chemin de la mairie. Une fois sur la grand place, elle s'assit dans un coin, observant l'agitation de la fin de journée. Les marchands remballaient leurs étals, les crieurs gueulaient les dernières nouvelles, et les passants pressaient le pas vers leur chez eux, bien plus accueillant que la brume qui menaçait de noyer toute la ville.


- Fait froid, hein ?

La voix venait de l'ombre, sans qu'on sache qui parlait. La blonde hocha la tête.


- Alors, ces élections ? On va les gagner, hein ?
- Bien sûr, on va les gagner. On va se sortir les atouts des poches, et on va les gagner.

Elle sourit dans le noir, et la lumière vacillante d'une torche vint danser sur sa prunelle.

- Y'a quoi dans le programme ?
- Le plus beau duc que la Terre ait jamais porté.
- Et la duchesse ?
- Une duchesse pour quoi faire ?
- Pour faire voter les vieux, les pervers, les puceaux ?
- Ah tiens oui, t'as raison, faut trouver une duchesse alors. On pourrait même mettre une perruque à la rasée...
*minute de silence remplie de songeries*
- Bon, et après ?
- Ben il faudra qu'ils se prosternent devant le duc, et ça chaque matin. Qu'ils lui fournissent viande, légumes, poissons en abondance...
- C'est bien, ça... Ils devront fournir quelques mâles, aussi ?
- Mmmmh ? Les Alençonnais te plaisent, à toi ? D'puis quand ?
- D'puis qu'y'a rien d'autre de mangeable sur l'marché, pardi...

La blonde haussa les épaules, agacée, et frissonna de nouveau.

- Les aut'vont pas tarder, nan ? On pourrait p't'être rentrer ?

La lanterne brûlait au dessus du tripot. "Lasse Hydre Sulfurique" attendait ses vainqueurs.
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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
Miramaz
[Les douces sales au bar]

Une tente de femmes où l'ambiance est joyeuse, chacune y va de son compliment à l'égard de ses co-listières, propose ses idées calmement et clairement, exposant son point de vue avec force sourire et courbettes...
Ou pas..
En vérité un brouhaha indescriptible s'élevait dans l'abri de toile, cris, insultes, objets volants, chopes s'entrechoquant, le tout accompagné d'empoignades vigoureuses montrant la passion des dangereuses donzelles.


POURQUOI tu notes jamais mes idées?
J'ai soif... puis des idées sobres peuvent qu'être mauvaises...
J'veux qu'on prélève un tribut sur la population mâle du village..
MAIS vous pensez qu'à ça..c'pire qu'un bordel ici
On leur pique tous les blonds? les bruns?
Pourquoi pas les roux tant qu'on y est..n'importe quoi
Bah sinon bière gratuite pour tous les hydrophiles et 2écus la chope pour les autres?
Bah tiens..si c'pas les hommes..c'est l'alcool.. z'êtes pas croyable..
Humpf Réquisition de toutes leurs affaires qui nous plaisent? bouffe, armes, vêtements?
Séance de torture tous les mercredis et dimanches après la messe?
On taxe la moitié des salaires des mineurs?
Rachat du poisson en DESSOUS de 10 écus? On ira l'revendre ailleurs comme ça..
Rasage du crâne de toutes les alençonnaises?
Marquage au fer de tous leurs hommes?
Bûcher de ROUX tous les soirs jusqu'à extermination totale, ça réchauff'ra et ça f'ra une occasion d'boire..

Alcool, homme, roux.. des idées parfaites pour la Rasée qui voyait déjà la victoire approchée à grandes enjambées, un programme aussi élaborée, avec des colistier(e)s aussi inhabituels ça ne pouvait être qu'un succès.
Vautrée dans un coin, aussi peu vêtue que sobre, Mira buvait, braillant de temps à autres, un sourire aux lèvres en observant ses compagnes.

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Attila_caligula
Petite promenade dans les campagnes, dans les villages, micro trottoir, serrage de pince et bain de foule... l'exercice est inhabituel pour l'Ysengrin, et c''est avec une certaine réticence qu'il s'y prête. Mais bon, la campagne a des impératifs, faut prendre la température de l'Alençon. C'est du moins ce que Thoros lui a dit en l'envoyant pousser ses gueulantes ailleurs.
- Je culbute, je note et je te fais mon rapport...
- Je parle pas de cette température Vicomte... sonde...
- Avec le doigt?
- Avec doigté! Tu ne penses vraiment qu'à ça où c'est un style?
- Je cherche épouse...


Quelques explications plus tard, le voici donc sur sa rosse, hélant le quidam, Bourgogne sur les talons, aussi maussade qu'un dompteur entrant dans une cage où les fauves se feraient les griffes en le regardant avec appétit.
- Hep toi là bas" lance le Leu avec un sourire de vendeur de tapis, "je suis un des douze Salopards et j'aimerais connaitre ta température..."
- Ah l'bonjour Sal'opard...

La botte part, reflexe même pas réprimé, et fait couler le raisiné du tarin impoli.
- Ce sera Vicomte S'alopard, néanmoins. Alors, cette campagne? Chaude ou froide?
- Oh bé mon vicomte"
fait prudemment le pécore en se tenant le nez, "pour sûr qu'on s'en fiche bien, vu qu'on sait déjà comment ça va se passer..."
- Éclaire ma lanterne, maraud, aurais tu une prescience politique qui me ferait défaut?
- Ben mon Vicomte, les Reid sont aussi vissé en Alençon qu'un mauvais furoncle dans le cul d'une ribaude. Profond et douloureux.
- Eh bien il y a justement les autres listes pour y remédier non?
- Mais mon Vicomte, avec tout le respect que je dois à vot' botte, vous allez vous prendre une bonne correction, vu que tout le monde a peur de vous.
- Et l'autre... l'aboyeur royal?
- Lui?"
étouffe d'un ricanement le pedzouille, "c'est blanc bonnet et pognes bien sales, mais nous pov'pinglots, on va toujours autant s'emmerder...
- Héhé ça je t'assure que non mon brave, mais en effet ce ne sera pas grâce à eux. Qu'est ce que tu voudrais pour être heureux? Vas- y dis moi, j'ai ma hotte de Père Noël..
- Du monde en taverne..
- Accordé, on y passe régulièrement.
- De la vie dans nos villages, les "culs d'or" ne s'y montrent plus.
- On ira voir vos mairies, promis. Vos "culs d'or sont tous soit enfermés au Château, soit au Louvre.
- De l'or.
- On ira vous en chercher, on supprimera les LP et tout voyageur sera "bon à prendre" et à tondre. De quoi élargir vos champs...
- ... de blé?
- .. de compétences.
- Moins de lois...
- Plus de loi du tout, seulement la coutume, accordé.
- Des curés pour les mariages.
- On forcera l'archevêque, par des amendes s'il le faut.

Le paysan affiche un large sourire où l'on peut compter les chicots survivants.
- Ben ça alors... je dois dire que j'aimerais bien voir ça.
- Tu verras bien plus. On connait à peu près tous les grands commerçants de France et de Bretagne, même outre manche. En étant terre de liberté, on attirera de nouveaux sujets, et votre lopin de terre oublié deviendra le Phare de l'Occident... faut bien avouer que ça va pas être bien dur, ça, et qu'on a déjà bien commencé.
- Y a-t'y pas déjà un Phare, loin a l'Est?
- Aaah Genève, peut être si tu regardes bien par temps clair, verras tu les fesses d'Izaac qui les montre au Louvre.
- Gagné mon vicomte, ça fait trop de choses que j'ai bien envie de voir de mes yeux à moi.
- Tu voteras pour nous alors?
- Ah beh c'est que je vote jamais moi. Ch'ais pas écrire.
- Prends ta fourche et suis moi.

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Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Attila_caligula, incarné par Miramaz
Parti à la fraîchen le Leu est confiant. Déjouer ces balourds de Royaux pour entrer en Argentan avait été un jeu d'enfant, grâce il est vrai à deux trois bricoles apprise de sa Sainte soeur Agrippine -puisse le Dode l'avoir toujours dans Sa main- qui n'avait pas son pareil pour coller son oreille sur les chemins et entendre les galops ennemis. Bourgogne était resté en arrière, avec le reste des bagages, et le rejoindrait plus tard. Pour le moment l'air est frais, la nuit claire, les arômes de la route riches et...
... tiens, pourquoi Diable est il le cul par terre?
Et que fout ce ridicule baton court et épais, à l'empennage noir, fiché dans sa poitrine? Et pourquoi une douleur indescriptible irradie-t-elle dans tout son être, comme l'aube se levant sur la campagne alentour? Un soleil miniature semble bruler dans sa poitrine, mais loin de le réchauffer, elle glace le sang bleu qui s'échappe à gros bouillon de sa plaie. Un sifflement de serpent, et Noupi hennit en se cabrant, pétarade d'honneur lâchée avec panache, alors que son encolure est percée d'un carreau d'arbalète, puis d'un second. La Rosse s'abat à quelques pouces de son maître, tête étrangement renversée vers lui, fixant sur le Vicomte toujours assis le cul sur la route un regard qui se voile avant de s'éteindre.

- Maudite viande sur patte, je me demandais si tu étais immortelle. Finalement non...
Avec mille effort, le Leu se met debout, s'aidant de sa bonne Tolède, l'Epée Ysengrin. Il fait face, chancelant, au brouillard derrière lequel la cataleptique Alençon sommeille. Dans un brouillard rouge, il voit les volutes de brume se déchirer tandis que retentit le roulement des tambours qui annoncent l'entrée en ville du Champion pour son Triomphe.
- C'est trop... il ne... fallait pas.
En fait de haie d'honneur, trompettes et vierges jetant des pétales de rose au son des tambours, c'est une patrouille de cavaliers qui chargent en martelant le sol de ses lourds sabots. Les visières et les lances sont baissées, l'allure est phénoménale.
- Ils ne sont... que trois..." grogne l'Ysengrin en crachant un long jet de sang. "Ca va être une boucherie!." Puisant un surcroît d'énergie dans l'idée réjouissante d'une bataille, le vicomte lève son écu frappé du Leu de gueule sur champ d'argent. Mais un coup puissant lui arrache cette maigre protection; l'arbalète a encore craché son trait assassin. Demeure l'épée, pointée sur le premier cavalier.
- SANGRE Y CA....
La lance fait mouche.
Il est étendu sur la route. La cavalcade s'est tue, le vicomte est seul contemplant le ciel pâle de l'aube, un vilain bout de bois dressé traverse son champ de vision. Il s'attend à voir défiler les épisodes marquants de sa vie en un instant.
Un visage de femme...
Ou le Dode, qui choisit son heure pour apparaitre et dispenser sa bile moqueuse.
Juste un gros rien, douloureux néanmoins.
Ça bouge, à la périphérie extrême de son champ de vision. Dans la zone où l'on doute de ce qu'on perçoit. Une ombre épaisse et noire, qui se tord dans une lascive reptation. Il voudrait tourner la tête et assouvir sa curiosité, mais la force lui manque. Il se contente de la traquer dans cette zone floue où elle esquive ses coups d'oeil.
Il n y a plus qu' à attendre.
Et soudain elle est là, dressée au dessus de sa gueule haletante. Une Hydre laide et bardée de crocs et d'épines, aux yeux vides, aveugles, qui répand une bave acide lui trouant les chairs. Les machoires s'ouvrent largement, assez pour l'engloutir entier.

Ce qu'elles font.
Rouquine
Trois soldats en goguette, ventant leur dernier exploit. La rouquine, posée au bar, prête à peine attention à leur récit et s'occupe plutôt à réajuster son décolleté. Les soirs de victoires, un soldat ça boit et ensuite...

Mais un nom la fige. Droite comme un "i", dos aux soldats, elle écoute le récit horrible du massacre de son client préféré. En deux temps trois mouvement, la voilà, essoufflée, dans la taverne de ses comparses, à qui hier encore elle livrait de la viande pour lui.


Le Vicomte.

Peu d'entre eux semblent croire qu'il puisse être si mal en point, le reste ne peut partir, et c'est donc Bourgogne qu'elle court chercher, non sans avoir par deux ou trois fois entendu la menace : "tu nous le gardes en vie, la rousse, ou c'est toi qui crèves." Ou comment se retrouver responsable d'un quasi inconnu en une leçon.

La nuit est déjà tombée lorsque les deux silhouettes presque comiques par leur différence se penchent enfin sur le corps inanimé du Vicomte. Une main fraîche lui caresse le front, les joues, essuie un peu le sang.


Allons mon loup, tu vas pas mourrir maintenant.... On commencait à peine à s'amuser, tous les deux...

Elle cache sa peine de voir la belle bête ainsi amochée derrière un sourire léger. Eh ouais, la catin a un faible pour le seul client qui l'ait jamais traitée en amie. Stupide, naïf même, mais si humain. Bourgogne porte son maitre sur le cheval, direction Argentan. La chambre d'auberge est propre, et les deux compères de fortune passent la nuit auprès du mourrant, tendant à ses blessures tant bien que mal, et regardant les draps blancs s'auréoler de rouge.

Et c'est à l'aube, quand Bourgogne s'est enfin assoupi, que la Rouquine tente le tout pour le tout.


Bordel, meurs pas, Vicomte... Tu sais pas qu'ils m'ont menacée de mort si j'arrive pas à te soigner...? Et puis le blond voulait venir, mais l'ont jeté en prison... T'aurais vu comme il avait l'air défait à la nouvelle. Faut tenir le coup..... Merdre, t'es glacé...Attends...

Et la puterelle au grand coeur de lever ses jupes et de s'asseoir sur le visage glacé de la vieille bête, pour le réchauffer de son fessier brulant. Le Vicomte disait que l' cul d'une rousse ça a des pouvoirs magiques. Le saviez pas ? Elle non plus, mais on va vite le vérifier.
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Vassilissa
Quelques heures plus tard...

- CARNE Y SANGRE !

Le ventre du mannequin explosa sous l'assaut, et mille brins de paille neigèrent sur la cour. Vass essuya la sueur qui perlait sur son front, et sa main droite, tremblante, laissa choir l'épée. De colère, elle frappa l'épouvantail branlant, brisant en trois morceaux ce qu'il restait de lui.
Elle jura encore, et frotta longuement son bras endolori, perdue dans ses pensées.
Une porte claqua derrière elle, et elle se retourna. Le barbier, un petit homme barbu et toujours pressé, s'apprêtait à sortir de la cour de l'hospice. Hargneuse, la Blonde le héla :


- Hey ! D'puis qu'vous m'avez touchée, j'peux p'us t'nir une épée ! M'avez fait quoi, chirurgien de malheur ???

Il haussa les épaules sans répondre, hâtant le pas vers le portail. Celui-ci s'ouvrit à la volée, et le médecin se jeta en arrière pour éviter le fol équipage qui entrait.

- PLACE, PLACE !

Les naseaux des chevaux fumaient dans l'air froid du matin, apportant à la scène une touche infernale. Du sang avait taché deux des tapis de selle, sous les fesses des soldats qui étaient pâles comme morts. L'un d'eux sauta à terre et se mit à gueuler :


- Foutre ! On l'a eu, enfin ! Il lèv'ra plus la queue comme avant, l'Vicomte ! L'est pas prêt de parader encore devant une alençonnaise ! Barbier, vérifie qu'il est mort et qu'y'a plus rien à faire, on l'emmène à la fosse commune.
- Vérifier qu'il est mort ? Mais il est raide comme une hampe de lance !
- Il est de l'Hydre. Ceux-là se relèvent partout quand on n'les attend plus. Le temps d'un aller r'tour, y'avait d'jà une rouquine, là-bas, qui l'avait ramassé et qu'essayait d'le r'mettre droit. On l'a cherché des heures. Vérifiez, c'est un ordre. J'veux pas qu'il fasse bordel dans not'petit cimetière, j'veux qu'il repose là bas définitivement.

La blonde depuis longtemps ne suivait plus l'altercation, bloquée comme elle était sur la première phrase. Vicomte. Le Vicomte. Son Vicomte...
Le regard dans le vague, la gorge nouée par l'angoisse, elle s'approcha du chariot, redoutant plus que tout ce qu'elle allait y trouver. L'odeur du sang lui souleva le cœur, et elle plaqua une main sur sa bouche. Du corps étendu dans le fourgon, on ne distinguait que les poils. Personne n'avait pensé à retirer les traits, et il gisait là comme la bête terrible qu'on avait fait de lui. Les yeux agrandis par l'horreur, la blonde ne vit pas le temps qui s'arrêtait. C'est une brutale bourrade qui la fit atterrir :


- C't'interdit d'regarder, mam'zelle ! De toute façon, on le rembarque !

Elle tombait des nues. Ne comprenait plus rien.

- Comment ça ? Vous pouvez pas l'remm'ner ! C'est pas possible...
- Oh que si, on le remmène. Le messire ici présent prétend que ça ne relève pas de son autorité, les morts d'Argentan. Hors on a trouvé celui-là au bord de la route qui mène à c'te cité.

Elle grimaça, choquée. Alors, il l'avait fait. Il avait tenté de les rejoindre, malgré les armées, la menace. Il avait voulu venir, pour la voir, la serrer, la consoler enfin. Elle en était certaine, perdue comme elle était, persuadée dur comme fer. Il était mort par sa faute. Elle serra les poings.


- Vous ne pouvez pas, vous ne pouvez pas. Je veux le reprendre, moi. Vous ne pouvez pas l'emmener, non, vous ne pouvez pas.

Les hommes commençaient à la regarder bizarrement, et on pouvait trouver le soupçon dans leurs yeux. Celui qui paraissait être le chef la repoussa sans ménagement.

- Bon, pas tout ça, on a de la route à faire avec not'chargement. Éloignez-vous, ma p'tite dame.

Elle recula, hagarde. Le monde basculait. Nan, pas lui, pas comme ça. elle se mit à hurler, en brandissant le poing vers le chariot :

- VIC, T'AS PAS LE DROIT D'MOURIR ! T'AS PAS LE DROIT ! S'TU CAUSES PAS A TRISTOTE, SI T'REDESCENDS PAS D'SUITE, J'TE BOUDE TOUTE TA MORT ! ET TU VAS VOIR COMME CE S'RA LONG, TU VAS VOIR !

Les larmes ruisselaient sur ses joues, transformant la scène en tableau d'impressionniste. Les hommes étaient déjà remonté à cheval, et la charrette macabre menaçait de partir. Elle bondit en avant, prête à je ne sais quoi. Un bon vieux coup de botte mit fin à son élan, et son crâne résonna quand elle heurta le sol. Elle compta les étoiles qui tournaient dans sa nuit, avant de relever la tête, meurtrie. Mais les croquemorts improvisés étaient déjà trop loin.

- VIIIIIIIIIIIIIC ! VIIIIIIIIIIIIIIIIIIC !
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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
Fleurinne
La nouvelle se repend vite, jusqu'au oreille de la Fleur. Au départ elle ne prete pas trop attention a ce qui se dit puis... Eberluée, elle écoute le reste de la conversation entre les gueux.

Vous savez le Vicomte, les soldats l'on eu !!! Le Vicomte... L'a tenter de r'venir en Alençon...
Oui, parait qu'il pisse le sang et qu'il est aussi rouge que l'tiens ou l'miens !
Si on allait arrosé ça ?
Ouai ou ça ? La municipale !
J'te suis...


Elle presse le pas, c't'un qui lui ressemble pas possible ! Une pale copie de Vic', lui l'est tranquillement attablée dans une taverne, les pattes poser sur les hanches d'un joli fleurons du village....
Elle déboule dans la grande rue d'ou sorte des cries suppliants, Capt'aine s'écroule à terre et le charriot s'en éloigne, comme si le temps était compté. "l'est dedans ?" Fleur se met en tête de l'arrêter pour le vérifier en se dressant sur son passage mais visiblement le charretier ne l'entendait pas de la même oreille et lance les chevaux a vive allure obligeant la Fleur à s'écarter. Un soldat a cheval la pousse du plat de sa botte et la fait tomber en arrière.

Raaaaaahhhh...

Fleur regarde le charriot s'éloigner.
Thoros
Thoros s'appretait enfin à prononcer une allocution de rigueur, passage rituel pour toute personne ayant la pretention de insensé de croire qu'il pourra faire mumuse avec un duché entier pendant un, voir plusieurs mois..devenir duc en somme.

Il se decidait enfin à delaisser sa torpeur pour ressurgir..l'euphorie première laissant place au chagrin lorsqu'il sut la derniere nouvelle..passionpomi..Attila à present qui restait sur le carreau..comme toujours il ne pouvait s'empecher de ressentir ce mal être caracteristique de la culpabilité qui nous ronge..cette culpabilité qui l'assaillait depuis si longtemps au point qu'il dut apprendre à vivre avec, s'en accomoder..

La mine sombre, mais le plus naturellement possible il se presentait donc devant la foule compacte applaudissant à tout rompre, sous les flash crepitant des..torches brandies en l'air, et etourdi devant la ferveur du peuple scandant chaudement son nom..thoros..thoros ! THOROS !oui..moi aussi je vous aime.. THOROS AU BUCHER ! certes..

Il leva les mains en signe d'apaisement,

Mes amis, je vous remercie pour votre soutien sans failles, vous qui ne baissez pas les bras face au despotisme de vos dirigeants qui manifestent la plus vive des attentions en ce qui concerne la mise à néant des libertés humaines..
Ainsi, et car vous l'attendez tous avec une impatience quasi insoutenable je vais vous le reveler, le voici, mon progr..


Deux gardes dissimulés dans la foule se frayerent à ce moment là un passage jusqu'à lui.

Messire Thoros..veuillez..

Bras joints directement tendus en avant cette fois,

Je sais..qu'on le mette aux fers.. (merci Jack! )

Et le fer fut
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Mon passé ne regarde que moi...et la moitié des policiers du royaume..
Rouquine
[ ce soir là ]

Il faut croire que le Vicomte avait raison sur les propriétés magiques des rousses... Après avoir demandé s'il était mort et au paradis, le voilà réveillé, et suffisamment raggaillardi pour fouiner du museau et tâter de la paluche tout en pestant sur ceux qui l'ont cloué ici.

Elle l'écoute, le cajôle, lui narre les marques d'amitié de pas mal de ses compères, la menace à son encontre s'il ne survivait pas. Il grommelle ou sourit, grimaçant parfois sous la douleur de ses blessures.

Elle lui propose de passer du temps auprès de lui, mais il lui répond qu'il est désagréable quand il est alité. Et la rouquine le quitte, satisfaite qu'elle a fait assez, et qu'il lui écrira s'il lui venait l'envie de compagnie féminine.

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