Afficher le menu
Information and comments (13)
<<   <   1, 2, 3, 4   >   >>

[RP] Et au septième jour, il reposa.

Sadnezz
Vite, une poulaine, vite une cape! Sad bondit, attrapa ce qui lui passa sous la main en essayant de se couvrir malgré son agitation et ses gestes désordonnés.

Erooooz!!


Le temps de se mettre le minimum décent sur le dos , il était dejà loin. Elle resta au seuil, pantelante. Une moue indignée déformant son visage, et ses poings se serrant. L'incompréhension forma des plis sur son front. Comment pouvait-il lui faire le coup deux fois? Où allait-il comme ça, dès qu'il ouvrait un oeil sur la journée nouvelle? Sadnezz baissa les yeux sur la neige. Il est tôt... Peu de gens étaient sortis à cette heure.. Et c'est un vilain sourire qui naquît sur son faciès. Là au sol, l'Eroz avait semé ses traces de pas comme le petit poucet ses cailloux. Bien ancrées dans la neige, elles filaient droit vers l'extérieur du village.

Sans plus réfléchir, la Corleone suivit la piste avec attention, sans même prendre le temps de refermer sa porte. Une rue, une autre, puis tout cessa. neige fondue, traces indéterminées, mélanges d'autres pas et de crottin ... Sad leva le nez droit devant elle. Quelques maisons... L'enceinte ...


Rha! Chiabrena!


Rester à pleurnicher le retour de cet espèce d'ingrat envouté? Tsss.. Elle fila en direction opposée, bien décidée à ne plus flâner en couche et à ramener un peu pitance pour les jours à venir... Elle l'aurait sans courir.
_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
--_eroz_
Bien loin des colériques élans de sa transalpine, l'Eroz lui gisait littéralement dans la chambre de la rousse puterelle. Ses doigts se crispaient et se détendaient comme s'ils battaient une mesure inaudible. Ses yeux fixaient un point imaginaire au plafond, perdus dans un vague étrange. A ses cotés, la rousse avait posé la fiole à demi vide qu'il avait payé avec... De jolis bijoux.

Sad se rendrait bien vite compte de cette disparition en dessous de sa paillasse. La femme avait enfouit le tout entre ses mamelles, qui de toute manières ne devraient pas être mis à mal vu l'état du brun ... Avait-elle un peu forcé la dose? Haussement d'épaule. Pas qu'elle crachait sur une partie de gaudriole avec celui-ci non... Elle s'allongea à ses cotés, contemplant les nouvelles bagues qui ornaient ses doigts usés en riant doucement.

Sous ses yeux à présent clos, il savoura l'univers illusoirement et provisoirement coloré des drogues brutes, ses muscles pris d'assauts par de petits spasmes saccadés et point encore douloureux... Depuis qu'il avait gouté les breuvages de cette ribaude là, il en était resté obsédé. Il venait la voir tous les matins, pour son heure de plaisir en bouteille, sans même avoir l'envie de la toucher.

Au vu de l'index curieux que la rousse laissait courir sous la ceinture du trublion, elle ne pouvait en dire autant...


___________________
Sadnezz
Quelques provisions et quelques remords plus tard, la Corleone filait à cheval loin de la ville. Longeant le lac gelé, elle s'appliqua à ne plus penser à ce qu'elle laissait derrière elle, pendant quelques heures du moins. Sur la croupe de sa bête, un paquetage fait mille fois, de quoi se sustenter quelques temps et de quoi trouver de quoi se sustenter quelques temps... Une lame, une dague, une outre d'eau. Le tout couvert par l'épaisse cape hivernale qui tombait jusque sur les fesses de sa monture.

Le blanc environnant donnait à la campagne un air trop propre, presque inquiétant. La neige avalait les claquement de sabots et les empreintes de sa chevauchée. De longs volutes vaporeux s'échappaient des naseaux de sa monture, qu'elle ne sollicita pas trop. Sad n'était pas préssée... Mais malgré toute l'application qu'elle pouvait y mettre, l'image de cet ingrat d'Eroz revenait la hanter.

La monture continua sa chevauchée jusqu'aux sortir du duché, chemin qu'elle ne connaissait que trop... Sa réflexion la poussa à se demander s'il n'était pas temps de reprendre ses affaires hors de ses terres, sous le soleil de nouveaux horizons. Cette sortie inopinée avait peut-être du bon .

_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
--_eroz_
Lorsqu'il émergea des limbes opiacées, l'esprit encore un peu lent, il ne remarqua pas que son ceinturon avait été défait. Ses doigts pincèrent l'arrête de son nez quelques instant. Assise en tailleur pres de lui, la rousse l'observait avec attention. Il claqua un peu ses joues qui reprirent vite des couleurs, et se leva en tanguant une ultime fois.

C'était..

Intense? Son égo de mâle étouffa le mot. C'était tres intense. Il eut l'impression d'avoir été balloté par ses sensations déréglées des heures durant, et d'ailleurs ce n'était peut-être pas une impression... Il toisa la femme sans expression particulière.

ça a duré longtemps?
Trois bonnes heures...
Trois heures?! Funérailles. Elle va me tuer.
Elle?

Déjà parti sans même un au revoir... La rousse afficha un air boudeur de poupée contrariée puis en faisant tourner la bague qui ornait son majeur, ravala son sentiment. A un sourire succéda un haussement d'épaules.

Tu me reviendras bien assez tôt, le brun.
Et ton argent aussi.

Elle aéra la pièce, prête à reprendre sa tâche habituelle. Au suivant...


Pendant ce temps là, l'Adonis courrait à la recherche de sa brigande. Il regarda les clients de chaque tavernes sur sa route, les têtes de la messe sur le parvis, avant de n'arriver chez elle. Et là.... Il ne trouva qu'un mot, trônant fièrement sur sa porte pour lui apporter réponse.



Puisque tu as fort à faire... Je rentre après deux nuits.


Il l'arracha avec hargne, découvrant néanmoins avec soulagement que la porte n'était pas close. Partie! Elle était partie.

___________________
Sadnezz
[Peu après la mi-nuit, au commencement du Jour sixième.]


Pupille dilatée , esprit en ébullition , la Corleone cherchait une proie au coeur de la nuit, nuit qui ouvrait déjà le matin d'une nouvelle journée, pour oublier ....oublier quoi? Que dans le pire elle était la meilleure, cette pulsion rageuse qui lui tenaillait la poitrine, cette envie de violence qui éclatait dans sa tête, ce besoin d'envoyer au diable la pauvre créature qui passerait trop près... Il y a des jours comme ça, où dans sa petite caboche brune cognaient des besoins irréductibles de faire du mal, d'écraser la fourmi qui chemine sur la route qu'elle s'est appropriée, d'entrer en chasse... Elle avait prit soin de s'éloigner jusqu'à la tombée de la nuit des terres Bourguignones et l'heure de s'activer avait sonnée.

Filer à la brune, excitée par l'aventure et le défi, ne pas savoir sur qui elle tombera et y mettre toute sa verve, même pour n'y gagner qu'un échange des corps, qu'un éclat de sang, qu'un cri dans la nuit... Frapper où ça fait mal, canine luisante et oeil pour oeil, il est donc des soirs où se laisser guider par ses bas instincts d'animal est un plaisir viscéral et jouissif. Portée par cet élan nocturne, ses mains cuirassées étreignent sa lame, fébriles et avides d'une saignée inopinée... Trancher dans le vif, c'est tout ce qu'elle n'a jamais su faire. Les rencontres et les ruptures brutales, les décisions inattendues, tout ce qui fait d'elle une de ces personnes qui ne reculent pas, par fierté ou pas.

La lune était apparue, au loin un village. Il lui fallut peu de temps pour trouver sa victime au rendez-vous, la démarche et la chevelure claire laissaient apercevoir de loin qu'elle était femme... Bien imprudente. Pas de monture, elle semblait pressée. Une femme seule dans la nuit, un peu comme elle, mais une créature toute offerte à ses noirs besoin du soir... Celle qui était au mauvais moment, au mauvais endroit. L'éclat lunaire se reflétait sur un bouclier, qu'elle portait à son bras. Frêle coquille de noix contre la tempête qui ravageait l'esprit Corleonesque... Sad savait combien il était courant de voir des femmes armées mais sans une once de dextérité ou de savoir sur le comment manier les dites armes. Enfin, laissons lui une chance de prouver que les généralités ne font pas toujours leurs preuves pensa-t-elle.

A sa vue, la brune se planta au milieu du chemin telle une statue muette au regard figé et inexpressif. Observer un peu, attaquer beaucoup; telle était la règle de la nuit. Cette inconnue ouvrait le bal, et bien qu'elle ne pût encore distinguer ses traits elle semblait bien affublée, peut-être une damoiselle de bonne famille... Mais l'absence de cheval la fit douter, et cette nervosité dans le pas... La belle aurait-elle peur du noir? Elle ne semblait pas l'avoir remarquée, perdue dans des pensées bien mystérieuses.


Elle est perdue la damoiselle?

C'est qu'il y avait un droit de passage dans le coin... Et qu'elle devrait s'acquitter de payer avant de continuer à cheminer sur son terrain de chasse. Un rictus s'empara de ses lèvres et ses yeux noirs pétillèrent d'une étincelle toute perverse.Ce soir tu es à moi ma belle, offre moi la première danse, que je débute ma soirée en beauté. Sad l'avait apostrophée assez haut et sec, en tapotant sa lame d'un air déterminé. Pour commencer, ne pas l'apeurer de trop, qu'elle ne rebrousse pas chemin en détalant comme une lapine... Ensuite, the show must go on.

L'envie de lui sauter dessus sauvagement lui raidit les muscles, elle serra sa dextre sur le pommeau, déjà la donzelle levait le nez sur elle. Visage de jouvence contre ruses de l'expérience, voilà un larcin qui s'annonçait enrichissant. La Corleone passa sa langue sur l"ourlet de ses lèvres, les battements de son coeur pulsèrent plus fort dans sa poitrine. La montée d'adrénaline de la rencontre, premiers regards qui se croisent et s'apprivoisent ... Ou se déchirent.


Moment se recoupant avec celui de "L'ouverture de la chasse, belle nuit pour être volé non?"
_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
--_eroz_
Tourne vire, froisse les draps où il la déposait encore la veille... Partie, pendant qu'il s'adonnait à ses envies évadées, ses nouveaux plaisirs justes découverts, comme un enfant revient à sa nouvelle cabane chaque jours plus émerveillé... Trop axé sur son nombril, il en avait sans doute trop vite délaissé celui de Sad. Pour preuve, il se trouvait comme un con depuis la veille, à s'enivrer du seul parfum qu'elle avait laissé accroché à l'étoffe de l'édredon. Il embaumait "elle", et perdait un peu aussi ses plumes il fallait dire. Comme une valse moribonde, la poussière qu'il laissait échapper lorsque l'Eroz le manipulait tourbillonnait dans le rayon du matin passé par une fenêtre fraîchement ouverte.

Inconsciemment, il avait désiré chasser cette trace tenace qui le ramenait à l'essence même de sa personne. Plus rude que les mots laissés à qui voudrait bien les lire sur l'entrée, son odeur.. Sa signature. Que faisait-elle en ce moment même? Pendant qu'entre ses doigts s'écrasait le plumet blanc, il redessina sa silhouette, son sourire... Mélancolie poignante, rare chez l'Eroz. Cette pensée qu'elle avait préféré s'en aller plutôt que d'affronter une réalité qui ne lui plairait pas l'avait touché, là où ça piquait.

L'envie d'aller oublier dans les fioles de la rousse était revenue au matin, mais l'état prostré de l'Eroz l'empêchait d'y retourner. Pour elle, il n'irait pas, la lutte avait commencé.


___________________
Sadnezz
La nuitée avait laissé place au jour clair, les nuances de vert ci et là annonçaient le redoux, lente fonte des neige. Elle avait rejoint la ville la plus proche, dans ce duché qu'elle connaissait mal. Ses activités de la veille lui avaient redonné une énergie toute nouvelle, un petit coup de fouet... Non elle ne l'avait pas rêvé, elle avait bien battu une gamine , les piécettes versées au fond de sa besace pouvaient en attester.

Pas la gloire cette rixe, juste de quoi se payer le pain d'un matin avec le luxe d'un bol de lait au miel... Mais ce n'était pas grave, la Corleone en était ressortie en pleine forme, comme antan . Déjà elle prévoyait de repartir en chasse après la sexte et cette fois, elle userait d'expérience pour choisir sa cible...

Abandonnant les chemins fréquentés, elle reprit sa route, plus légère que jamais. Sad revit l'espace que quelques furtives secondes le dernier coup porté à la blonde, comme un dernier spasme après l'amour, l'ultime soubresaut de forces... Les onyx sombres fouillèrent l'horizon, la Bourgogne n'était plus très loin et elle revenait lentement sur ses pas. Eroz... Cet idiot lui manquait... Mais elle se tiendrait à ce qu'elle avait annoncé, ça lui ferait les pieds. Un imperceptible sourire s'immisça sur les lèvres, la signification était claire:
al successivo.

Toute la sainte journée, elle avait croisé des visages, des petits convois, des marchands... Chaque rencontre était silencieusement et minutieusement étudiée. Celui ci, un pauvre, il n'aurait rien à rapporter à part ses dents , et encore. Celle-là, trop vieille, plus vieille qu'elle, pas assez palpitant. Ceux là, trop nombreux, folle mais point trop la brune. Ce gamin, trop gamin, la belle affaire... Puis en plein jour, la Corleone avait moins de facilité que dans l'antre de la lune. Les allées et venues de tout ce petit monde s'étaient succédées jusqu'à la tombée de la nuit sur la route. Finalement lasse, elle décida de rentrer au bercail, peut-être que de doux bras masculins manquaient un peu aussi...
_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
--_eroz_
Jour dernier.


Cloué à cette entêtante odeur comme un convalescent à son lit l'Eroz n'avait pas su sortir de son amertume... Il était resté livide, enchainé à ses remords, réfléchissant trop. Le manque était palpable... Le froid s'était immiscé dans les moindres recoins de la maison, le feu n'ayant pas été entretenu ni ravivé... Une loque. L'intenable absence, cruelle présence qui faisait défaut, et un jour nouveau s'était levé...

Encore habillé, il écoutait les rumeurs du village qui filtraient au travers des murs.. Et si elle ne revenait pas? Il avait lutté pour l'attendre, presque sagement. Mais les heures alourdissaient la tâche. Son corps avait froid, son être avait faim, son âme avait soif... Il ne pouvait pas faire comme elle, puiser une force en des mains ramenées l'une à l'autre, se repaître d'un crédo latin incompréhensible et lever les yeux vers les cieux...

Il se mit en tête des vérités montées de toutes pièces. Nul salut sur terre pour ses meurs légères. Tandis qu'elle restait inflexible aux embûches de la vie, lui ne pouvait que faire génuflexion aux pieds de la dévorante emprise de ses vices. Sa vie n'était qu'eau trouble, nulle main tendue pour l'en tirer... Elle était partie. Bien qu'elle n'ai certainement jamais gouté la douceur de l'innocence, elle avait plus de force raisonnable que lui. Pauvre homme. Simple homme. Dans l'attente l'esprit de l'Eroz se consuma jusqu'à la dernière minute. Faible, oui il l'était.

Comme une vieille marionnette sortie d'un placard il s'activa avec peine, membres engourdis d'une trop longue immobilité. Sous la paillasse, le dernier écu laissé la veille en bonté factice est récupéré... Le brun sortit de son trou, refaisant le chemin de la veille comme une machinerie enrayée, persuadé qu'elle ne reviendrait pas. Il rejoindra l'impie, que ses sens s'étourdissent, se taise la rancoeur, se panse la douleur.


- C'est bien ma veine
Je souffre en douce
J'attends ma peine
Sa bouche est si douce * -

___________________
Sadnezz
C'est en ses bras qu'elle se voit déjà prendre repos de ces deux nuits loin de lui. Le fessier tanné par la chevauchée retour, la Corleone est fatiguée. Sa monture écume aux porte de la ville, ayant adoptée cette fidèle manie de se presser plus que de raison sur le chemin de la maison. Sur le pavé gelé, la cadence se calme,les foulées s'amenuisent et les pas se méfient. Le fer glisse et la Corleone se tend un peu... Tout doux, le repos n'est plus très loin. Le tang de sa dague la blesse un peu depuis quelques heures, douce brûlure du contact à ses hanches. Les courbatures tiraillent sa frêle carrure; il est des douleurs que même l'hiver ne sait faire taire.

Soudain, la prunelle sombre est captée par une silhouette qui longe la rue principale. Sad suit l'intrigante du regard, la frôle et la démasque sans aucune peine... Tête basse, c'est l'Eroz qui progresse à son opposé. Sad tire sur les rênes pour s'axer dans sa direction. Il se traine... Il à l'air si... Pâle, et pourtant si beau. Elle retient un cri et tique. Pourquoi le héler, il est loin.... Et il entre dans... Dans ...Un lupanar.

Son coeur a un raté lorsque l'entrée l'avale et le fait disparaitre. Il est entré... Il est ... Saisie de stupéfaction elle met pied à terre, vaguement vacillante. Pas d'autre explication possible que ce que l'évidence lui souffle au creux de l'oreille... Ses poings se serrent sur le cuir des rênes, sa mâchoire claque un peu. Sans quitter la porte cochère dénuée d'enseigne, elle avance chevrotante vers le discret mais non moins connu établissement...

Sans perdre une seconde, la brigande maitrise ses élans de colère et attache sa bête à l'un des anneaux ancrés dans le mur du bâtiment. Il y a forcément une autre explication... Un rire nerveux la saisit, et c'est en poussant la porte qu'elle l'étouffe en déglutissant . Le sang froid est encore diffus dans ses veines, mais une malsaine pulsion frémit à peine ... Là, quelque part.

Le taulier essuie quelques chopes, à cette heure ou la clientèle ne se presse pas encore. Elle connait bien sa trogne carrée, presque édentée. Un sourcil interrogateur se hausse à la vue de Sad, qu'il connait pour être "l'amie" du brun. Le duo ne passait pas inaperçu les jours d'orage... Mais personne ne savait encore ce qui les liait depuis peu... Sad balaya la grand salle du regard, puis revint au gros tenancier. Bien sûr elle pouvait le presser de questions, mais n'ayant pas la force d'ouvrir la bouche elle resta prostrée, livide devant sa grosse carcasse. Le sourcil se coucha bien que des traits d'inquiétude demeurèrent. Il balbutia un pauvre :

Il est monté, si tu le cherches...
_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
--_eroz_
Un triste sourire à la rousse lorsqu'il constate que tout l'attend déjà, concentré d'ivresse posé sur une console de fortune... Elle savait qu'il reviendrait, peut-être même l'a-t-elle attendu la veille? Le sourire se fit contrit, il s'en voulait un peu maintenant qu'il savait combien attendre pouvait s'avérer difficile... Il effaça le tout en se confortant dans l'idée qu'une putain n'attendait pas. Elle lui apparaissait hermétique à tous les sorts de l'amour, objet à usage multiple qui console quand faire se doit et qui passe à autre chose lorsqu'à la porte frappe le client suivant. Vision toute masculine ...

Un baiser sur la joue claire et les écus qui tintent pres de sa fiole remplie... Son contenu semble bien moins clair qu'habituellement, mais à défaut de s'en inquiéter le jeune mâle s'en réjouirait presque... L'envie de s'assommer littéralement le prend aux tripes, qu'il se réveille ou pas, désormais tout lui est égal. Eroz se laisse tomber comme un poid mort sur les draps de la diablesse, goutte empoisonnée perlant au recoin de ses lèvres. Que l'apaisement vienne, vite. Dormir, hiberner pour ne plus attendre un retour incertain...

Il se laissa chuter dans le redoutable néant qui l'étreignit rapidement, le visage figé dans une expression grave. La rousse s'allongea près de lui comme les autres fois, laissant vagabonder ses mains sur le corps aux muscles fins de son jeune client. C'est qu'à force de le voir à son seuil tous les matins, elle s'y était attachée... Il parlait peu, comme les autres mais... Il n'était ni brutal ni pervers. Elle en regretterais presque de n'avoir couché avec lui que deux petites nuitées. Depuis près d'une semaine, il ne la désirait plus. Seules les herbes maudites que les filles de joie savouraient lorsque la vie se faisait trop rude avec elles avaient retenues son attention... Il était si adorable, qu'elle pouvait bien partager un peu...

Une myriade de petits baisers tombèrent en pluie sur les joues et les lèvres de son visiteur favori, un peu de tendresse dans cette vie de ...brute. La jeune femme n'avait pas résisté à l'envie de le garder un peu plus à elle... Les doses avaient augmentées en conséquences... En quelques minutes, le bel était déjà bien loin.

Lorsque ses sensations se déchaînèrent, il eut l'impression de toucher les nuages. Langueur hallucinogène qui s'exhale, bienvenue au royaume de l'illusoire. Sur son corps, les caresses de la catin lui procuraient d'étranges douleurs mêlées de plaisir... Il ne voulait pas cela, mais que faire lorsque plus rien ne nous appartient.


___________________
Sadnezz
Damnée, elle est damnée.

Aristote ne peut pas lui faire ça.. Non, elle refuse l'idée de trouver SON homme dans d'autres draps. Gonflant sa poitrine d'un fugace regain de courage, sad monte les marches, en se répétant que tout n'est qu'un terrible malentendu. Ce ne peut être que ça, une méprise . Ce n'est pas ici qu'il vient tous ces matins où il s'échappe de ses bras... Non. L'idée est catégoriquement tuée dans l'oeuf. Sa démarche devient plus pressante, les dernières marches semblent être d'interminables monts. Le couloir est sombre, une porte entrebaillée laisse s'échapper quelques rayons timides, comme un appel à y regarder de plus près. Quelques pas encore...

Juste devant la chambre, ses convictions s'envolent... La main qui pousse le bois de la porte tremble un peu, sa gorge se noue .. Craignant le pire, elle ne sait plus si elle doit rester où partir. Les pupilles se dilatent et l'ouïe capte les moindres sons que la baraque laisse filtrer, une sueur froide vient arracher un frisson à la Corleone. Doucement, elle risque un regard à l'intérieur.

Son sang ne fait qu'un tour. Un vertige terrible l'ébranle. Le choc est si violent qu'il lui coupe le souffle, un coup de poing ne lui aurait pas fait plus d'effet. Il est là... Et ses pires craintes aussi. Il n'est pas seul. Lovée contre lui.. Une femme à la crinière de feu embrasse la peau nue de son cou. Se retenant au mur pour ne pas tomber, Sad a un mouvement de recul. Elle se sent défaillir, s'effondrer. L'air manque, elle suffoque. Sans regarder à nouveau, elle s'éloigne de cette chambre où elle l'a vu au lit d'une autre, trébuchant dans les escaliers, elle court jusqu'à l'extérieur.

Comment... Comment a-t-il pu? Lâche. C'est plus fort que lui, toujours en cavale... Il était là haut, il y est encore. L'image est plantée dans ses yeux, la blessure est foudroyante. Le sel de ses larmes vient inexorablement, la pression est trop forte. Il l'a trahie. Il l'a tuée. Le cheval est laissé là, titubant jusqu'à chez elle la Corleone ne se remet pas de cette déchirure... Les choses la dépassent. Elle ne peut contenir sa haine et sa rage, détruisant tout ce qui se met en travers de sa route, jetant aux loups chacune des affaires à celui qui l'avait bléssée et humiliée . D'un geste vif, hurlant et pleurant, elle se saisit d'un vélin où elle couche quelques mots à peine lisibles.





Viens ce soir à la bâtisse, besoin de toi.

Sad.


Une larme s'écrasa sur le papier, souillant l'écrit. Vite, la missive devait être envoyée. Essuyant rageusement ses pleurs, son regard se voila. Il était temps de faire les choses à sa manière...
_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
--_eroz_
[Quelques heures plus tard...]

Lorsqu'il mit son nez dehors, la pâle luminosité du temps à la neige lui fit plisser les yeux. A trop s'enfermer on fini par fondre aux premières lueurs... Un horrible mal de crane martelait ses idées, point encore toutes remises à leur place et ce n'était pas les cris de gosses à coté qui arrangeaient son cas. Il brandit un poing rageur en se tournant vers la marmaille qui braillait avant de se figer dans son geste.

C'est pas bientot f...
Il resta coi une seconde. Hé! Il est pas à vous ce canasson! Allez ouste, avant que je vous botte le train!

Il ajouta le geste à la parole et fit fuir en courant une nuée d'enfants espiègles dont une bonne partie s'arrêta plus loin pour lui faire de sinistres grimaces. En face du bâtiment, ils jouaient avec la bête détachée et visiblement abandonnée... S'approchant du cheval en question, il sourit. Elle était revenue! Il connaissait bien sa bête pour l'avoir souvent pansée... Bénévolement. Eroz se saisit des rênes en longe et prit la direction de la bâtisse, canasson sur ses pas. Il aurait pu lui mander ce qu'il foutait là, mais il s'abstint, les feux d'hérétiques étant à la mode ces temps ci... Plus personne n'avait d'humour dans ce bled.

Sans plus se poser de questions, il s'empressa pour la rejoindre, tirant sans vergogne sur le cuir. La cruelle avait voulu lui donner leçon, c'était bien rentré dans sa caboche cette fois... Lorsqu'ils arrivèrent, il ne prit même pas la peine de rattacher l'animal. Il se chargea des affaires laissées dans les sacoches de la selle qui avaient visiblement été fouillées par les gamins et poussa la porte du pied.

A l'intérieur, tout était sombre... Le calme le surprit même un peu, habitué à entendre crépiter le feu, bouillir le chaudron, crier la Corleone... Visiblement, les fenêtres avaient été recouvertes de papier gras pour défier le moindre rayon de s'immiscer. Carrure figée, il fouilla la pièce du regard en tentant de s'habituer à l'obscurité. Ce qu'il put déceler c'était le vide qui avait été fait dans la maison... Et dans le fond, une silhouette immobile semblait attendre... Presque intimidé, il murmura imperceptiblement:


Sad...?


___________________
Sadnezz
Lorsqu'elle le vit rentrer, de douloureux flashs lui revinrent en rafale. Elle avait eut tout le temps de les imaginer l'un contre l'autre, se caressant, se désirant, transpirant de concupiscence... Insoutenable vison que cette autre l'embrassant , lascive et offerte . C'était elle, l'improbable silhouette qu'il retrouvait, l'imprévue dans le silence qui guettait une absence... Pourtant, ce n'était qu'une putain, elle gagnait son pain en vendant ses fesses à des Eroz avertis... Lui, lui seul connaissait les tenants et aboutissants, tout était commis sciemment. Il l'avait trahie pour une pauvre faiseuse de vérole, pour misérable une envie frivole.. Misérable.

S'il y avait bien une chose dont Sadnezz n'était pas dotée, c'était cette faiblesse des à cotés. Où était-elle lorsqu'il fallait voir qu'en lui, ils étaient deux? Perdue dans l'extase d'un amour désuet... Absorbée par le souffle nouveau de promesses et de mensonges. Ses joues s'étaient creusées de peine et de colère, désormais la fêlure coupait aux idées qui s'y pressaient.

Alors qu'elle pouvait voir sur son visage une étrange joie qui l'indignait, lui ne pouvait pas capter l'expression de son visage dans le sombre qui les environnaient. Sad avait attendu à son tour et avait eu trop de temps pour la réflexion... Trop.

Elle s'avança à mi chemin de l'Eroz, à la limite du jour qui entrait pour illuminer les ténèbres qui avaient prit possession de la baraque. Ses bras s'ouvrirent pour accueillir le parjure, une larme s'égara sur sa joue. Une fraction de seconde, ses affaires furent lâchées pour venir se perdre dans l'étreinte de la Corleone, il lui revint .. Mélange du pire, de son désir, sentiment qui la renvoie à leurs nuits d'amour... Une seule de ses questions n'aura certainement jamais réponse.


Pourquoi...?


_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
--_eroz_
Elle est là, c'est bien elle, sa douce, sa cruelle, son destructeur amour... Ses bras sont un appel, un refuge où la paix rase tout. Laissant tomber ce qu'il tenait dans ses bras, il va s'y noyer , s'y perdre... Comme un enfant dans les bras de celle qui lui a donné vie, Eroz vient savourer le contact charnel de Sad, fermant les yeux de bien-être, n'entendant plus rien de ce qui peut l'être. Comme une immersion dans la douceur enveloppante de l'eau, cette étreinte lui arrache un long soupir où se mêle d'étranges émotions.

Elle tremble un peu sa latine, elle lui murmure une chose qu'il n'est pas capable de comprendre, non... Lui qui n'a pas encore su lui dire les trois mots fatidiques se sent tellement petit dans le creux de son étreinte. Ne faut-il pas être divine pour susciter telle confusion dans son esprit...

Elle est fébrile son aimée, ces retrouvailles encore presque inespérées au matin sont d'une intensité rare... Toutes ces années perdues, à se ronger le foie pour des si futiles rancoeurs.. N'était-il pas fou d'être aveugle à ce point? Les passantes endormies tant de fois dans ses soirs ne reflétaient que l'insipide vie qu'il menait avant de percer la cuirasse de l'italienne. des regrets, toujours tant de regrets...

Son souffle se fait court, ses paupières frémissent... C'est si douloureux d'aimer. La brûlure qui le prend par derrière est insoutenable, il l'aime, il l'aime à en devenir dingue. Elle est dans sa peau et dans ses chairs, elle lui arrache un râle et fait convulser son pauvre coeur malade... Malade d'elle. Sa vison est ainsi, le jour se fait dans l'obscurité, elle est là , contre lui... Il na plus le temps de demander à son tour pourquoi, se laissant aller contre elle... Il suffoque.. Il aurait tant aimé qu'ils se comprennent... La lueur qui l'appelle semble si proche que ses mains s'agrippent à Sad comme à un radeau de la méduse... Mais dejà ses jambes se dérobent sous lui.

Elle s'efface un peu sa létale dulcinée.... Ne s'étaient-ils jamais compris...?

[Traduction de Nina Simone là]
___________________
Sadnezz
La dague avait pénétré sinueusement dans son dos, aussi fort que pouvait l'être leur étreinte frémissante. La lâcheté pour un lâche... La colère avait aveuglé la tristesse, la déraison épousé la raison... Sad ferma les yeux sur son geste en se mordant férocement la lèvre, sanglot étranglé. Ses oreilles devinrent soudes aux râles de son jeune supplicié et ses mains tremblantes se rejoignirent sur la nuque de l'Eroz... Honteuses, elles demandèrent pardon... L'adieu était brutal, terrible. Il partait. En quelques soubresauts saccadés entre ses traitres bras, il partait.

Le nez enfoui dans son cou, elle respira une ultime fois son odeur en réprimant l'envie de hurler , là contre sa gorge encore si chaude . Hurler pour comprendre, hurler pour que quelqu'un l'entende là haut... La rédemption ne viendrait jamais, et s'il fallait aller en enfer ce serait avec l'amertume de sa trahison.

Resserrant l'étau, elle le soutint lorsque doucement il se laissait glisser... Une scène muette lui revint. Deux cavaliers se rapprochèrent subtilement l'un de l'autre puis se séparèrent, s'égarant en différents chemins pour s'unir de nouveau au détour d'un bosquet. Ces deux cavaliers étaient la tortueuse route qui les avait guidés l'un à l'autre... Le jeu s'étendit jusqu'au dernier soupir, jusqu'à sentir toute vie s'évaporer, l'un contre l'autre.

Le corps inerte de l'Eroz n'abrita bientôt plus l'ombre d'une vie, mais quelques larmes salées vinrent l'abreuver encore dans le silence mortuaire. La Corleone était restée accrochée à lui, sans pouvoir s'en défaire de longues minutes durant... Couvant son erreur, retenant la chaleur qui s'étiolait. Lorsque la dague fût retirée, elle lui brûla les mains. La viscosité carmine qui les avait recouvertes lui parut pour la première fois insoutenable. L'objet fut balancé à travers la pièce et s'échoua quelque part dans un bruit froidement métallique.

La passion est chose bien dévorante... Menée par les pulsions d'esprits torturés. La passion parfois nait et meurt comme un pauvre papillon ... Des années enfermée , en dormance sous la protectrice chrysalide.. un jour explosion de couleur, beauté qui prend un envol éphémère... puis fragile créature agitant ses ailes fatiguées de derniers spasmes de vie sur le parvis d'un église... La passion fait et défait, sans l'ombre d'un remord.

_________________

Les murs ont des oreilles, mes oreilles ont des murs... Spiritu Sanguis.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)