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[RP] Modra Necht

Thorvald_
Le colosse se laisse emporter dans cette histoire qui ne lui ressemble pas. Trop de robes ecclésiastiques à son goût, trop de regards fiévreux emplis de haine plus de que luxure. Il n'est pas dans son élément.

Pourtant, l'homme aux yeux gris, aussi gris que les siens, qu'il a déjà croisé naguère aux Miracles, a raison de sa légère méfiance. Déterminé et assuré, bel homme (ce qui ne gâche rien) Rumvald l'emporte dans son sillage. En faisant miroiter l'or, il sait déjà que la presque totalité de la salle se mettrait à ses pieds.


Je m'apprêtais à les sauver gratuitement, mais puisque vous insistez ... je viens chercher ce coffre

Tandis que Rumwald empoigne la brune, Thorvald soulève avec aisance la rousse à demi-évanouie et la charge sur son épaule. Sitôt recouvrés ses esprits, elle ne va certainement pas tarder à se débattre, à taper des pieds et des poings, mais il en a emporté de plus coriaces dans son antre. Elles finissent toutes par céder. Et si ce n'est de gré, la force du géant les y contraint. Même si finalement, ce soir-là, il y a peut-être plus rentable que la bagatelle.

C'est ainsi qu'après un bref énoncé du contrat, ils se retrouvent dans la ruelle à faire les présentations. Comme c'est charmant ...


Je suis Thorvald mais je crois que presque tout le monde ici me connait ... Partons ce soir, oui, et éloignons le plus vite possible de ce commanditaire des plus ... glaçants. Vous auriez dit "surprenant", vous ? Tiens ...


Un demi-sourire désinvolte apparait sur ses lèvres charnues, comme pour souligner l'ironie latente. Quelque chose lui dit que cet encapuchonné est bien le genre à mettre le feu à la Cour des Miracles et à sa dite vermine, à vouloir sauver le monde en le purifiant de ses âmes dévoyées ... Brr.
Alara
[On attrape pas les mouches avec du vinaigre ...]

... Enfin c'est ce qui se dit car bien souvent la réalité est tout autre, surtout dans les bas fonds nauséabonds.




La main toujours accrochée à la gorge de la rousse, la Sauvageonne regarde les pupilles suppliantes se voiler doucement, faisant naître sur ses lèvres ensanglantées, un sourire de plus en plus large. Et elle de contempler son oeuvre, l'expression de son visage en disant long sur ses pensées ... "T'aimerais que j'te lâche hein ? Rêve ma belle et crève ..."
Mais alors qu'elle sent le dernier souffle venir, tout autant que cette exquise excitation qui lui vrille les sens, une large serre s'ancre sur son bras, l'attirant vers l'arrière et l'obligeant à lâcher sa proie. Elle se débat contre cette force qui l'entraîne loin de sa victime, de celle qu'elle aurait voulu voir rendre l'âme pour avoir osé la provoquer.


Nan mais ça va pas ?! Z'allez m'lâcher oui ?

Et la brune hystérique de se débattre et de frapper à l'aveugle celui qui ose interrompre son moment de plaisir, afin de ne pas perdre la rousse des yeux, mais déjà la foule se referme sur le corps inerte de la rouquine.

A Paris, si l'on tue en arène, mieux vaut avoir la foule pour soi... Ce soir, des dizaines d'hommes bavaient autant pour vous que la rousse. La mort attendra... Sauf si... Vous insistez.

Les bottes se plantent dans le pavé, pour stopper la course qu'on lui impose ... Avec violence, elle arrache son bras de cette serre qui l'emprisonne ... Maintenant rivetée au sol, elle pivote pour faire face à son pseudo sauveur, gâcheur de plaisir ... Et c'est avec surprise, qu'elle découvre un être étrange, aux cheveux de couleur de lune, tranchant avec les siens, jais façon nuit noire ... L'intonation particulière la fait tiquer, tout comme l'accent peu commun ... Les sourcils se haussent et la tête se penche sur le côté pour évaluer le potentiel ennemi ...

En quoi la vie ou la mort vous intéresse donc ? Vous m'voulez quoi ? J'vous connais pas ...

Les émeraudes rencontrent les iris gris aux reflets troublants, jaugeant l'intrus de pied en cape.

La vie de mes probables partenaires m'intéresse. Une affaire pour des milliers de pièces, impossible d'accomplir seul.

Les mots résonnent dans la tête de la sauvageonne ... Partenaire ... Pièces ...
Puis le regard s'éclaire tandis qu'il suit le mouvement du bras pour fixer la direction ce qui lui est indiquée. Regard intrigué sur l'encapuchonné planté en retrait un peu plus loin.


J'vois .... Si c'est suffisant pour m'permettre d'réccupérer c'que j'viens d'perdre par vot' faute et d'me r'payer une rapière ...

Mais des bruits de pas derrière elle la font tourner la tête, une ombre colossale et difforme s'approche d'eux, il lui faut un court instant pour deviner qu'il s'agit d'un homme, de haute stature, portant la rouquine sur son épaule. Le sourcil gauche se arque, laissant la brune interrogative sur la tournure des évènements, cherchant à reconstituer un puzzle qui n'en est peut-être pas un.

L'homme aux cheveux de lune s'adresse alors à eux :


Notre payeur commun veut absolument nous montrer le trésor pour juger de sa crédibilité. Je ne l'ai pas vu moi même... Pouvez vous m'y accompagner ?

Elle reste un long moment sans bouger, réfléchissant aux éventuels risques qu'elle encourt. Il lui reste toujours sa dague, sa Précieuse qu'elle garde toujours avec elle, elle s'en servira si cela doit mal tourner ... Alors, sans un mot, le corps se met en mouvement, acceptant l'invitation faite. Un rapide revers de main pour essuyer le sang qu'il lui reste sur le menton, le flot s'étant finalement arrêté, ne subsiste qu'un léger suintement.

Le cortège avance en silence derrière cette ombre de bure qui semble glisser sur le pavé. Une lourde porte, quelques coups frappés, l'attente puis le grincement lugubre qui ouvre sur l'antre du secret ... Lumière étrange et vacillante, distillée par les flambeaux, l'odeur de moisissure se mêlant à celui de la cire chaude. Puis une grande salle où trône des coffres encadrés parce ce qui semble être des gardes malgré leur mise d'hommes d'Eglise. Une fois tous présents, dans un silence religieux, les hommes s'animent, ouvrant chaque coffre d'où émane les reflets d'or ... Convoitise ... Les émeraudes scintillent à cette vision ô combien séduisante ...

Celui qui les a enrôlé se lance alors dans son discours explicatif, exposant les tenants et les aboutissants de l'affaire dont il veut leur voir confier la charge. Un contrat, net et sans bavure, ou presque.
Les yeux ne peuvent se détacher de cette richesse qui leurs tend les bras. Vénale la brune ? Totalement ... Les émeraudes se décrochent à regret de cette divine fortune, pour se poser sur l'homme à l'accent germanique, acquiesçant seulement tandis qu'il se présente ainsi que leur guide encapuchonné.


Je me nomme Rumwald. Et notre brave guide Pépin... Qui est aussi docile que sa langue coupée et son incapacité à lire et à écrire. Notre payeur est plutôt surprenant vous ne trouvez pas ?

Léger frisson qui parcourt l'échine de la brune, l'enjeu est de taille vu la récompense offerte et le discours de fin annonce qu'aucune bévue ne sera tolérée, tout comme un éventuelle retournement de veste.

Le colosse jusque là muet, prend parole à son tour.


Je suis Thorvald mais je crois que presque tout le monde ici me connait ... Partons ce soir, oui, et éloignons le plus vite possible de ce commanditaire des plus ... glaçants. Vous auriez dit "surprenant", vous ? Tiens ...

'Chantée, j'suis Alara. Présentation succincte tout en se massant l'épaule balafrée. M'faut juste l'temps d'soigner ça avant d'partir, s'rait con qu'ça s'infecte ...

Pas même un regard pour la rouquine qui a semble-t'il repris du poil de la bête. Elle ne perd rien pour attendre ...
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Shirine
[Par c'que la mort c'est pas encore pour aujourd'hui!]

N'empêche, elle a beau dire qu'elle s'en fou de la mort, la rousse, ça fait chier quand même de mourir! Et ça fait mal aussi. Elle a failli y passer deux fois déjà, persuadée que la troisième est la bonne...

Pourtant, le Très Haut semble encore en avoir décidé autrement...

Au moment où sa vue se brouille et où il lui semble que son âme est prête à décoller, la trachée se dégage et l'air s'engouffre. Elle se repli sur le côté et tousse à s'en arracher les poumons. Les larmes assaillent ses yeux qu'elle ferme, ne songeant qu'à aspirer l'oxygène et se protéger la gorge. Si son père la voyait, il serait furieux d'apprendre que sa fille prend des risques aussi irraisonnés. Pourtant elle le lui a dit: les plans suicidaires c'est le lot quotidien du Lion de Juda. Les Sicaires ont cette tendance folle à se jeter sans crainte dans des combats à première vue perdus d'avance...

La foule l'étouffe à son tour. Elle ne voit rien, mais elle sent l'agitation autour d'elle. Foutez-moi la paix, a-t-elle envie d'hurler. Ils ne comprennent pas qu'elle veut RESPIRER? Elle tente alors de se redresser pour lever les mains et essayer de les éloigner, mais quelqu'un l'empoigne, la soulève et elle se retrouve la tête en bas, toujours à tousser.

Il se passe quoi là?



[Plus tard.]

La rousse reprend ses esprits doucement. Le sang lui a monté à la tête et elle a tenté de négocier calmement qu'on la remette sur pied. Pas la peine de chercher encore les ennuis. Le grand brun qui la transportait lui dit vaguement quelque chose, mais Shirine n'a même pas le temps de se souvenir comment il s'appelle qu'elle doit suivre le mouvement et se voir expliquer ce qu'elle fou là.

Alara donc... Fallait qu'elle retienne ce nom...

Et Thorvald, mais oui! Bien entendu... Elle lève les yeux vers lui, un peu étonnée de le revoir.

La Sicaire croise les bras. Elle ne doit pas ressembler à grand chose, sale et tachée de sang.


Et moi Shirine. J'voudrais juste aller récupérer mes armes. J'y tiens...

"Ce poignard courbe vous accompagne désormais partout, y compris au Jardin des Délices." Ca compte.
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Thorvald_
[Arrivée à Bourganeuf]

Bourganeuf, Limousin ... Ce n'était pas la porte à côté, cette affaire. Il avait fallu réunir montures, vivres, armes ; coucher dans des auberges inconnues à l'écart des grandes villes. Le tout payé rubis sur l'ongle grâce à l'or de leur étrange commanditaire. De l'or facile. De l'or à foison. Pour une entreprise délicate.

Il avait été décidé qu'ils se scinderaient en deux groupes, pour plus de discrétion et d'efficacité. Thorvald proposa à la rouquine de chevaucher avec lui. Et ce fut avec plaisir qu'il laissa le Pépin à Rumwald et Alara. Ce gars-là ne lui inspirait pas confiance.
Ils se rendirent directement au château, tandis que les autres enquêtaient sur les allées et venues de la fameuse nièce à terroriser.

Cette destination convenait parfaitement au Colosse. Avec un peu de veine, il n'y aurait personne à tuer. Juste immobiliser un garde ou deux, mettre le feu aux tapisseries et emporter les bijoux. C'était du moins ainsi qu'il se l'imaginait. La suite serait-elle si aisée ? ...
Alara
[Bâti, bourdon, surjet ... Séance coutûre !]

Présentations faites, chacun se retire. Le colosse emmène la rouquine et la brune se retrouve seule avec le Germain ... Léger soupire discret, puis elle lui lance un léger regard, avant de finalement poser une question frisant l'absurde au vue de tout ce qui s'était déroulé.

Dites .. V'connaitriez pas un médecin dans le coin ? Va falloir, r'coudre j'crois ...

Les émeraudes fuient les perles inquisitrices, se concentrant sur la balafre ornant l'épaule et où ses doigts jouent pour en rapprocher les deux berges.

Mieux, une bonne connaissance. Je t'y amène... Tu m'as l'air trop désarmée pour la route.

Elle ne mouftera pas malgré son orgueil touché à vif par le ton taquin qu'il utilisera pour lui répondre et insinué sa faiblesse, seul un haussement de sourcil esquissé témoigne de la légère contrariété. L'argent mis en jeu dans cette affaire vaut bien le coup de mettre à mouchoir sur un égo un peu trop souvent démesuré. Quoi que ...

C'pas vraiment un problème ça ... J'veux juste m'faire rafistoler et si possible par quelqu'un pas trop mauvais, j'voudrais pas perdre un bras bêtement. Trop sûre d'elle, sans doute ... Mais sa dague toujours dissimulée, elle se sait protégée et se gardera bien d'en faire part. J'vous suis.

Nouveau ricanement. Ne t'en fais pas... Personne ne veut mourir bêtement. Et fort de son savoir d'ajouter : Les surprises... Paris regorge de petits groupes affamés. Je doute encore qu'après ton duel, tu ne perdes plus qu'un bras. Quel dommage... L'homme aux cheveux de lune, se tourne et se lance dans un parcourt sinueux, au gré des ruelles glauques.
La brune, quand à elle, ne relèvera pas les dernières paroles, se plongeant dans le mutisme tandis qu'elle le suit dans les venelles crasseuses. D'aucuns diraient que ces deux là forment tout sauf un couple et ils auraient bien raison. Rien, mais rien, si ce n'est l'appât du gain, n'aurait pu les rapprocher. Or le sort est parfois étonnant à ce sujet, et pour preuve.

Leurs pas les mènent vers des rues plus animées, les regards lubriques masculins ne se font pas prier pour se poser sur le physique athlétique de la brune. Des voix l'interpelent de manière graveleuse et auxquelles elle répond d'un simple regard noir qui suffit souvent à mettre court à toute harangue.
Excursion terminée, trois coups frappés à une lourde porte. Celle-ci s'ouvre en même temps qu'une recommandation est soufflée discrètement.
Une dernière chose. Evite de planter quoi que ce soit sur une main balladeuse.

Une voix féminine mais grave surgit. Ah, Hibou, tu m'amènes une nouvelle ? Le Germain éclate de rire et rétorque aussi sec. Plutôt tes talents Marie... En couture cela va de soit.

C'est le temps qu'il faut à la brune pour réaliser dans quel genre d'endroit il l'a conduit. Un temple de la luxure dans toute sa splendeur, des femmes dénudées, de l'alcool coulant à flot et où des flacons d'opium passent discrètement de mains en mains ... Léger mouvement de recul de la Sauvageonne, accompagné d'une grimace boudeuse, mais le Germain semble un habitué et à contre coeur, elle pénètre dans le lieu de débauche. Sa présence attirant forcément les regards, mais pas que ... Elle repousse une main qui vient l'air de rien, flirter sur une hanche. Elle serre les dents, maudissant celui qui a osé la trainer dans un endroit aussi sordide que celui-là.

C'est c'que vous appeler une médecin vous ? Légère grimace de la brune, dont le regard se pose sur la tenancière. J'espère qu'elle sait c'qu'elle fait au moins ... Ton sec et volontairement mal aimable.
Je vois... Tu préfères que l'on te brule la peau ma chérie ? Tu me diras, on n'y verra qu'une tache...
Léger gromellement. C'bon allez y ... Les émeraudes se reportent sur son accompagnateur. On doit parler je crois, donc on a un peu d'temps pour qu'vous fassiez ça bien ...

Changement de décor. Une chambre sans aucun artifice luxuriant, au calme. La tenancière qui sort son nécessaire de couture pendant que le jeune couple se toise et s'appréhende un peu mieux. Et tout s'enchaine entre questions et grimaces de douleur.
La petite entrevue terminée et quelques points plus tard, on retrouve une brune fraichement armée d'une nouvelle rapière à la garde finement ouvragée et damasquinée. Rendez-vous pris, ils se séparent.


[Un mois plus tard, Bourganeuf dans son blanc manteau ...]

Limousin, terre déjà foulée pour un larcin étrange dont elle s'était chargé. Cette fois, elle le découvre dans le blanc cotonneux de la neige fraichement tombée. Les pas des chevaux sont feutrés et le rétif est inhabituellement calme.
Les quatre "compères" se sont retrouvés pour régler les derniers détails de la mission. Ils se divisent en deux groupes et comme prévu la brune tient compagnie au Germain, pour son plus grand plaisir (à lui hein !). Une longue attente s'en suit aux abords d'une propriété, guettant les faits et gestes, les allers et venues ... Dissimulés dans un sous-bois à l'abri des regards ... Bien que bien couverte, la brune plutôt habituée à l'élément aquatique sous sa forme liquide, laisse de temps à autre échapper un gromellement.
P'tain ça gèle ... Alors elle retire ses gants et se réchauffe les mains sous la retombante crinière du rétif.

La nuit tombe et promet d'être longue ... Mais alors que les complies sont bien avancées, du mouvement les sort de leur léthargie. Trois chevaux sortent dans les bourrasques glaciales, les cavaliers faiblement éclairés par leurs lanternes.
Les deux guetteurs enfourchent alors leurs montures et suivent les traces laissées dans la poudreuse. A bonne distance pour ne pas être remarqués, le Germain menant la poursuite. Les renseignements, glanés au cours de la semaine précédente dans le village, avaient été fructueux et avaient permis de bien se préparer à l'action prévue. Il fallait espérer maintenant que tout allait se passer comme prévu et que les deux groupes accompliraient leur tâche de façon irréprochable.

_________________
--Rumwald



[ Douces et utiles petites choses... ]


- Bourganeuf, soir du rituel -

Silence... Ode à la perfection suprême. Loin d'être impatient, le Hibou se remémore les noms de chaque petite âme. Caël et Mélusine... Le sourire laisse déborder la joie pensive du futur malsain. Le jeu prend tellement de tournures amusantes, troublantes, excitantes... Comment s'en passer ?
Et ce cadeau de l'Église montré par le muet serviteur... A faire pâlir les vivants. Vraiment ce contrat est une bénédiction maléfique.
Peut être qu'un succès lui donnera droit à plus de visite d'un maître du purgatoire... Tendre perspective. Il serait presque d'accord à revêtir ces fioritures dorées aristotéliciennes, pour les avantages peu communs qu'il a pu souligner du regard. Après tout le loup se cache toujours là où on l'attend le moins...


Dommage... Il ne neige pas.

Le germain aime les flocons. Ces petites étoiles à la couleur de la pureté qui échouent lascivement une à une aux Enfers, n'est ce pas de l'Art digne d'un Dieu ? Il faudrait d'ailleurs les peindre en gris... Oui ce serait une belle entrée sur la véritable matière humaine.
Et puis, quoi de mieux pour se cacher que ce spectacle hivernal... Même si la filature prenait un coup, il aurait adoré... Tant pis. La prochaine fois, il réessaiera dans une autre place... Une fermière aux cheveux parsemés de ces merveilles... La jugulaire tremblotante...

Bruits de sabots. Les images s'évaporent aussi vite que le souffle brumeux.

Le contact n'avait pas menti... Yule va apprécier de nouvelles offrandes. Paganisme... Il y avait une éternité qu'il n'avait plus entendu parler des rebelles des racines profondes. Et quelles belles plantes... Faux jumeaux et mère prêts à accueillir quelques divinités sournoises, aux yeux des véreux de la croix. Alléchant...
Sa coéquipière du moment oublie ses grognements et rejoint avec hâte son destrier. L'artiste n'en attendait pas moins... Les armes ne peuvent pas rester gelées éternellement. Ce serait leur accorder trop peu d'honneur. Voilà un rite qu'il faudrait inventer, assurément, il y a assez de cœurs sanguinolents à offrir chaque jour... Plus de gâchis.

Rire morbide retenu, les deux sombres cavaliers suivent les proies lumineuses, avec bien plus de distance que d'habitude, le Hibou craignant que le compère ailé de la noble soit entrainé à quelques surprises plus gênantes qu'appréciables. Peut être aurait il dû se charger d'empoisonner l'animal... Mais trop voyant. Un bon diner pourtant, qui sait...

Le regard grisâtre juge de l'état de sa partenaire plusieurs fois au cours de la filature, parfois avec trop d'attardement... Juste pour le plaisir de la penser serrer les dents de rage. La mercenaire n'aime pas la luxure, pauvre jeune fille... Trop de sel dans son sang, il lui avait dit. Que de caractère... Ce serait pourtant si détonnant dans un autre monde... Ah cruelle cruelle cruelle.

Puis les pupilles captent le changement de paysage, lac scellé du désir d'une dame à la glaciale cape blanche... Les bottes rejoignent la douceur, près d'un arbre, mains gantées nouant les rênes. La jeune brune copie le geste avant de rejoindre le compagnon.


On ne peut pas continuer avec eux... Si jamais les jumeaux ont de bons réflexes inculqués, ils rejoindront leur chair... Qui va au cœur de la forêt. Prends garde au faucon et occupe toi du fils... On va s'amuser.

Les canines sadiques se révèlent avant de disparaitre dans un sourire peu engageant. Les jambes prennent l'habitude du terrain au fur et à mesure de l'approche discrète pour la forêt. Pas de bruit perçant de la part de l'oiseau... L'ombre peut maintenant devenir leur alliée. Pas à pas, les jeunes proies sont plus visibles. L'instinct prend le dessus... Duo dangereux qui ne doit pas lâcher une seconde leurs cibles. Les iris germaniques aux cernes affreuses se font rapidement à l'obscurité, il ne reste plus qu'à attendre LE moment.

L'infime instant où la proie se doute mais ne sent rien... Le repas délectable que tout homme de l'ombre se permet quand il peut jouer...

Et alors qu'une lanterne inconsciente ose venir s'aventurer à l'inconnu... Les serres se ferment au signal des lames tapies. L'artiste susurre son texte, écartant à peine quelques brindilles platines des infantiles oreilles féminines, le fer froid de la mort plaqué sur la peau chaste du cou.


Bouh.

Coucou Hibou, Coucou Hibou, Coucou Hibou, Coucou...


***Musique : Day light in New Orleans de Jesper Kyd***
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--Melusine_
[ Coucou Hibou, Coucou Hibou, Coucou Hibou, Coucou ]

Il fait sombre.

La tête blonde penche légèrement sur le côté et les iris métalliques se plongent dans la noirceur de la foret. Maman dit qu’il ne faut pas craindre la foret, non, elle est habitée par Cernunos, le Dieu cerf gardien des bois et des animaux. Ce qu’il faut craindre c’est-ce que les hommes on fait d’elle. Un lieux souillé par leurs méfaits.

Il fait sombre.

Les éclats de voix de son frère bruyant lui parviennent à peine, son attention en proie à cette contemplation obscure. C’est étrange… Le feu attise toujours l’envie de brulure, la mort: celle de la douleur. Elle se souvient, une fois, Maman était revenue de la chasse. Oh elle ne chassait pas souvent, car çà avait toujours été le travail de leur… père. Elle se souvient s’être infiltré discrètement dans la grange où le cadavre du cerf avait été déposé. Et ce regard noir qui la dardait sans aucune lueur pour animer ses pupilles.

Vide… vide…. vide…

Une profondeur inouïe. Un gouffre sans vie. Elle avait approché sa main pour toucher l’animal. Maman c’était retourné posant sur elle son regard azuré… vide. Elle tenait dans sa main la flèche sanglante qui avait transpercé le cerf et sur son visage, aucune expression. Parfois Maman semblait morte… morte, mais toujours vivante. Elle s’était contenté d’approcher d’elle et de la poussé au dehors, sans une parole. Les portes de la grange s’étaient refermées derrière elle.
Ce jour là elle a compris, que la mort était quelque chose de fascinant… à ne pas craindre, mais à ne pas admirer non plus.

Il fait sombre.

Ses doigts se resserrent sur l’arceau de la lanterne. Un pas suit un autre, et la voilà en marche vers le fruit de sa curiosité. Elle promène la tâche jaunâtre au bout de son bras tentant de ne pas la renversé alors qu’elle se bat avec la neige qui entrave ses petites jambes. Les premiers arbres l’encadre tandis qu’elle s’éloigne des berge du lac. Cette forêt, elle la connait sur le bout de ses doigts, et même si elle serait incapable de retrouver son chemin sciemment, elle sait que son instinct saura la conduire hors de ses méandres. Maman, une fois de plus leur avait appris, les abandonnant l’espace d’une heure au milieu des bois, restant toujours à quelque mètre d’eux sans pour autant se faire voir… Maman avait toujours eu peur… peur du pire alors elle les préparait.

Un crissement infime l’immobilise dans son avancé. A peine tourne t’elle la tête que le froid s’attaque à sa gorge.

Bouh

La bouche s’ouvre comme pour hurler un cri qui s’étouffe dans sa gorge muette. Le cœur s’excite à lui en arracher la poitrine et ses doigts s’ouvrent subitement lâchant la précieuse lanterne. Un souffle contre sa joue. Une odeur qui s’immisce dans ses narines alors que la panique tambourine dans chaque parcelle de son corps.

Peut à peu, la bougie renversé s’essouffle dans sa carapace de verre.

Il fait sombre….


--Cael_
[ Un brasse-bouillon dans la neige ]

_ Et voilààààààààà!

Bas écartés, sourire lui faisant deux fois le tour de la tête, le gamin admire sa sculpture de neige. Cul de jatte et plus d’être bancal, le bonhomme blanc ne semble pas avoir été gâté par les mains créatrices. Un bras entour sa poitrine enfantine, alors que le coude du second prend appuie sur celui-ci, le chenapan cale son menton dans sa main, prenant un air hautain.

_ Du grand Art! C’est du grand Art!

Un pli barre le front voilé par quelque mèches blondes. Y’a que’que chose qui manque.

_ Humm…

Claquement de doigt sonore, la solution lui vient soudain.

_ Une chevalier sans son épée, c’pas un chevalier…

Un regard espiègle se pose sur la monture de sa mère. Bien sanglé à la selle de l’étalon, cachée sous le couvre-rein de l’animal, brille la garde argenté d’une épée effilée. Un coup de tête à gauche, un coup de tête à droite, on en saura rien! La fouine s’approche à pas de loup de l’ibérique tendant calmement la main vers l’objet de ses désires. Plaquage d’oreille du côté de l’animal, moue renfrognée du gamin qui veut se faire autoritaire. Les regardes se croisent, se toisent et se dardent. Tu m’auras pas cette fois. La demi-portion est proche de son but! Mais le claquement de dent brutal du géant, mais fin à sa témérité.

Caël recule d’un bon. Encore une victoire pour l’étalon intimidant.

_ Ouaaaaiiiii profite en pendant qu’t’es en forme! Tu vas vois quand tu s’ras q’une vieille carne!


Boudeur, le gamin tourne les talons. Arf tant pis pour l’épée, mais il lui faut des moustaches à ce brave bonhomme de neige! Guilleret, c’est sur sa propre monture qu’il jette son dévolu. Fils de l’autre saloperie et de la gentille percheronne, Visildur, c’est le cheval parfais! Plantant ses pieds derrière le grand gris, prenant soin de se décaler pour éviter une éventuelle croupade, le gamin attrape les longs crins gris qui tombent en cascade du couard de l’animal.

_ Toi au moins t’es gentil, et mon Gamin?


"Gamin", c’était comme çà que çà mère appelait ses chevaux, et naturellement, Caël, lui-même passionné par ces créatures, en avait fait sa propre expression.
Commençant son office, le gamin tire un à un les long poils grisâtres.

Alara
[Quand le Hibou chante,
La nuit est silence. *]


Brune penchée sur l'encolure du rétif, furtif murmure à l'oreille de ce dernier afin qu'il mette son habituelle mauvaise humeur de côté. Etonnamment l'équidé se plie au bon vouloir de sa cavalière et s'abstiendra de tout bruxisme malgré la proximité de son congénère.
En botte à botte, les deux chasseurs, traquent leurs proies, à bonne distance, bien loin des yeux perçants du rapace. Le bruits des sabots amorti par le feutré de la neige épaisse.

Et malgré le froid piquant sa peau, elle ressent de temps à autres la brûlure du regard lubrique de son partenaire et ce sont alors ses dents, à elle, qui grincent sous la contrariété. Il sait qu'elle fulmine et en joue, en abuse même ... Elle enrage, en silence ...

Au loin, la mère et les enfants s'arrêtent au bord d'un lac gelé en lisière de forêt.
Grande étendue de glace, diamant de cette nature figée, contre le sombre apparat du monde végétal endormi qu'est la forêt. Dans ce dernier se glisse sournoisement les deux chasseurs, prêts à bondir sur les deux âmes presque pures, livrées à elles mêmes dans la nuit qui pourrait devenir leur linceul ...

Naïve, la jeune Melusine qui s'aventure un peu trop loin de ses "gardiens".
Téméraire, le jeune Caël qui dans son ambition ne voit pas le vrai danger qui surgit derrière lui.

Le Hibou referme ses serres sur la petite fille, tandis que la Sauvageonne se faufile derrière le garçonnet. Un bras armé qui l'enserre, la pointe de la Fidèle flirtant avec la jugulaire palpitante. Et l'autre main lui bâillonnant la bouche pour éviter toute alarme intempestive.

Les émeraudes glissent vers le comparse, sourire malsain aux lèvres. Elle maintient la frêle carcasse agitée devant elle, maigre protection, mais non négligeable, en cas de défense inattendue.

Elle attend le signal de son meneur. Apprendre de ses pairs, de son mentor pour l'occasion. De frondeuse, elle passe assujettie dans les limites qu'elle a elle même fixé : "Jamais j'n'utilise ma lame pour torturer ou saigner un môme, jamais ... Hommes, femmes, j'm'en fous, mais pas de mômes, c'tout. Question d'principes."

Restant sur ses gardes, aux aguets, elle assure ses arrières, craignant qu'ils ne soient pris à revers.




* Charles de Leusse

_________________
--La_vieille_corinne



[ Maison de Gladriel]

Petit à petit la lumière qui guidait les 3 cavaliers s’évanouit dans la nuit. La vieille nourrice avait sourit et remontant son châle sur ses épaules d’une poigne noueuse, elle héla le vieux chat qui trainassait à ses pieds.

_ Aller Chaussette, on rentre maint’nant, on va passer la nuit toutes les deux!

La lourde porte de pain se referma. Aussi rapidement que ses vieilles guiboles le lui permettaient, la Corinne s’empressa de rejoindre le coin cuisine, séparé du reste par un petit muret surmonté de quelque barreaux de bois s’enfonçant dans le plafond. Le chat toujours collé dans les pattes pour qu’elle aie matière à râler, elle s’activa à débarrasser la table pour entreprendre de faire sa vaisselle dans le grand bac à eau.

_ Fais gaffe que j’t’y trempes po, toi!


La vielle chatte grise était prévenue, elle n’avait plus qu’à bien ce tenir. Mazette! Toute cette ménagerie! Trois chevaux, un piaf et un chat, c’est que la bonne Dame ne s’arrêtait jamais.

L’argenterie enfin séchée, astiquée et rutilante se retrouve rangée dans le buffet sa place. Un regard satisfait se pose sur le coin cuisine et les mains noueuses calées sur ses hanches, elle affiche un sourire satisfait.

_ C’po beau çà, hein?

Le travail terminé, le repos mérité! Désormais, son temps lui appartient. Lentement, la vielle nourrice se dirige vers le grand fauteuil qui trône près de la cheminé face à son semblable. Un râle de satisfaction filtre entre ses lèvres quand elle s’enfonce dans le velours vert de son siège. Au chat de sauter sur ses genoux et une main calleuse vient caresser le poil gris avec affection.
Seul le crépitement des flammes grésille dans le calme silence. Lentement, affectueusement, les mirettes émeraudes de la vieille embrassent une fois encore cette pièce qu’elle connait dans les moindre recoin. Elle s’efforce de retenir tous ces détails qu’elle connait déjà, comme si c’était la dernière fois qu’elle les voyait. A son âge, Aristote sait bien que tout peu arriver, et plus que la mort, c’est l’oubli que l’on craint.

La bonne Dame avait sut mener sa barque. Tisserande, lieutenant, animatrice et directrice de bains, bien que la plupart de ces activités n’avaient pas été accompagné de salaire, l’argent, elle avait su le gagné, mettant sa famille à l'abris du besoin. Ce qu’elle apprécie la vieille, c’est que malgré cette aisance, la coquette petite maison ne transpire pas l’opulence. La maisonnée ne déborde pas de richesse, c’est juste que chaque élément qui la compose se montre finement ouvragé et raffiné, car la Dame Gladriel apprécie l‘art sous toute ses formes.

La Dame aime lire, et les nombreux livres qui jalonnent les trois petites bibliothèques en témoignent. Des piles de vélin, il y en a aussi sur le bureau au bois vernie, encore éclairé par une bougie au bougeoir finement décoré. Le regard glisse sur les deux étagères accolées au mur, à côté de la porte d’entré. Celles-ci encadre un lourd coffre. C’est peut être l’objet le plus simple d’apparence et le moins raffiné qui occupe la maison, mais la solide serrure qui le tien scellé témoigne de son importance. La clef? La Bonne Dame la garde toujours secrètement caché. Dans cette malle, c’est les souvenirs qu’elle y enferme. Des habits, des armes, des lettres de guerres… tout ce qui lui reste de son défunt fiancé.

L’attention se porte ensuite sur les épais rideaux et les tentures qui les isolent du froid. Une fois encore, la Bonne Dame a sut se montrer de bon gouts. Pas particulière coquette, s’il y a bien une chose pour laquelle la Dame se permettait quelque folie, s’était bien ce qui concerne les étoffes. Rideaux, linge de maison et robe, ah! Elle aime le beaux tissu, les belles coutures! En même temps, on ne pouvait en attendre moins d’une tisserande de son talent et de son expérience. Sa garde robe? C’est un vrai petit trésor.

La vieille se lève lentement du fauteuil, faisant grincer ses vieux os. Elle s’approche du mur qui lui fait face, celui là même qui sépare la maison de la grange qui y est accolée. Tirant sur une cordelette, elle ouvre une trappe. C’est que les bêtes produisent naturellement de la chaleur, même si y’a le feu, un peu de chaud de plus ne fait pas de mal! Et puis cette bonne odeur de foin… hum!

_ Ah c’est qu’y va f’lloir ouvrir là haut!

Une trappe identique à été construite dans la chambre de la Dame Gladriel ainsi que dans la salle d’eau qui lui fait face. Ah la salle d’eau! Voilà un luxe que peu peuvent se payer -ou prenne la peine de ce payer. Alors que la plupart vont dans les bains municipaux, la bonne Dame avait souhaité avoir ses bains personnels. C’est agréable, elle dit pas, mais elle avait jamais trop compris d’où venait cette manie de se tremper tous les jours dans un bac d’eau. "Pour l’hygiène" qu’elle avait dit, "çà vient de Rome." " Rhum? Voilà un nom qu’il est bizarre, z’aurait pu trouver autre chose…" C’est une ville du sud apparemment, de celui là même d’où qu’il on apporté les routes pavées.Oui la vieille est pas doué en géographie.Elle connait Bourganeuf est c'est déjà bien assez! Tout de même… Habiter à Rhum. "J’suis po une ivrogne moi!" Voilà ce qu’elle lui répondait quand la bonne dame l’incitait à prendre un bain. Elle n’a d’ailleurs jamais compris pourquoi elle ne comprenant pas cette remarque… M’enfin bref, depuis elle avait fait des efforts. Deux bains par semaine c’est bien suffisant!

_ Boh on mont’ra après tiens!

Et la vieille de retourner poser ses fesses sur le fauteuil. Voilà bien des années, qu’elle était au service de la Dame Gladriel, juste à la naissance des petiots. Trois mois avant sa grossesse, elle avait perdu son fiancé… assassiné. Quel horreur!
Ah! Elle en avait passer du temps à l’étage, dans la chambre des p’tits, chantonnant quelque comptine en les berçant sur la chaise à bascule tandis que leur mère patrouillait dans la ville.

Ah! Ces p’tits angelots. Un sourire étire les lèvres ridées. Pour sûr, elle ne les quittera pas de si tôt. De nouveau elle caresse Chaussette qui a retrouvé sa place.
A tous les coups, la vieille sera en plein roupillon quand la petite famille reviendra.
--Gladriel
[ Au lac Cristallin ]

Le froid semble l’avoir gelé. Les flocons balayés par un souffle timide demeure inanimés sur les épaules immobiles. Combien de fois a-t-elle rêvé, de prendre racine au pied de ce chêne qu’elle porte en son cœur? Devenir hamadryade, enlacée à ses branches, à jamais lié à ce souvenir dont elle n’a jamais réussi à faire le deuil. Les doigts se resserrent, cherchant à saisir une main qu’elle ne peut plus étreindre depuis longtemps. Combien de fois à t’elle rêvée d’être faible… combien de fois à t’elle rêvé de fuir dans les entrailles du lac… L’envie de ce dernier souffle.

Parce qu’elle Aime, telle la muraille rongée par le lierre, Gladriel s’est laissée peu à peu empoissonner sans jamais flancher. Vivre dans la douleur pour les voir sourire, eux. Cette joie de vivre qui lui manque temps, remplacée par une amertume qu’elle a toujours caché. Sauver les apparences pour les yeux de ses enfants.

Un cri strident la tire de sa rêverie. Un soupire s’épanche de ses lèvres, le soupir même d’une mère harassé des bêtises de son garçonnet, mais qui, secrètement, ne peut s’empêcher d’en rire en son fort intérieur. Caël! Digne fils de son luron de père! Une imagination sans faille ainsi qu’une ponctualité irréprochable au rendez-vous de la connerie. Celui-là, les lui fera toutes et Andvari en a déjà fait les frais. Qu’à t’il encore inventer cette fois-ci!

_ Caël! Je t’ais déjà dit que les plumes pour écrire, on ne les prends pas sur les faucons!


Nouveau soupire. Lentement, la mère entreprendre de se retourner.

_ Allons au cercle, les dieux seront rav…


Les mots se meurent aux bords de ses lèvres.

Le cri du rapace sonne comme l’hallali perçant l’écrin de langueur dans lequel s’est plongé l’esprit noyé dans ses souvenirs. Les ailes déployées, tentant d’intimider l’adversaire, sa nervosité rejoint celle de l’étalon rétif qui entraine les deux autres dans son renâclement. Nouveau cris strident qui lui laboure le crâne.

Le sang se glace, les traits se tirent. Le cerf est aux abois, les muscles bandés tels la corde d’un arc, prêts à claquer au moindre signale. Le regard farouche de ses deux saphirs perce son visage qui demeure d’une inexpression glaciale.

La main quitte le tronc sur lequel elle avait trouvé appui. Elle esquisse un pas de côté. D’une marche mesurée, lente, elle descend le déniveler. La lourde cape de cuir râpe sur le sol en un crissement rauque. Et ces yeux, tels deux flèches azurées, restent plantés sur l’être qui la taraude.

La castelcerf s’immobilise. Impassible.
Des mouvements qui s’esquissent devant elle, de la danse du faucon alarmé, du piaffement des chevaux déroutés, elle n’en voit rien. Rien. Une masse floue et effacée.

Une seul chose lui apparait: La lame blanche nichée sous le menton de son enfant.

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--Rumwald



[ Cadeau empoisonné de Morphée ]


- Berges du lac de glace, orée de la forêt -

Le temps se suspend... Enfin la Reine daigne se dévoiler de ses tours de bois, sans défense, sans possibilité de jouer la renarde. Si la mission doit se solder par un échec, l'artiste lui n'hésitera pas d'égorger le bourgeon palpitant d'une coupe claire... Parfaite. La simple idée d'avoir tout contrôle nourrit son immense orgueil, au point de laisser un rire narquois s'échapper, d'offrir une première marque en l'esprit complètement hagard de la fillette. Instinctivement, les serres accentuent leur emprise, le poignard maintenant capable de sentir chaque battement apeuré. Les premières fondations peuvent dorénavant se construire... Lentement... Fin charbon jouant sur la frêle feuille.

Regarde Mélusine...

L'enfant ne se débat pas, la fine bouche accentuant un joli miroir de l'effroi maternel. Le germain aspire avec délice l'ambiance des lieux, ses yeux clairs parcourant d'une horrible lenteur sa prochaine Vénus...

Ne trouves-tu pas Maman... Belle ?

Léger soubresaut enfantin. Délicieuse ainée... Ne bouge donc pas naïve... Tu vas te blesser...

Chut... Maman est très douce n'est-ce pas...? Jamais elle ne ferait de mal à ses tendres trésors. Elle va être très... Très... Trèèèès obéissante.

Deux billes grises se plantent au même instant chez Gladriel. Sans se presser, le jeune squelettique laisse sa main non armée se saisir d'une sacoche, rendant libre voix à la gamine mutique.

Maman va être très gentille... Tout se passera bien pour tout le monde. Sinon...

Déchirure futile au cou, ode au carmin. La pureté de la peau vient s'entacher d'une entaille à peine indolore, réveillant les perles aux coins des âtres, rivières déferlantes sur les joues blanchies par le froid. Le ton devient affreusement sec et dégoulinant de folie, le sourire disparu l'espace de quelques secondes.

Je la saigne comme une truie.

L'avertissement est lâché avec fracas, maitre à courber l'échine des plus audacieux. Le Fou murmure le respect et son indépendance, de sa robe mystérieuse et unique... Marginal jusqu'au bout des ongles. La simple et froide colère qui emplit les iris de la véritable proie excite son corps entier, le croissant reprenant sa place d'origine, dérangé à souhait. Le cuir à peine boursouflé est jeté aux pieds de la robe de velours.

Maman va doucement ouvrir et approcher jusqu'au nez ce qui est à l'intérieur... Sans théâtre...

Le cadeau est une éponge. Mélange de jusquiame, chanvre et mandragore, les divines effluves plongent chaque âme dans un sommeil profond... Assez pour qu'un barbier puisse devenir boucher... Assez pour que deux assassins n'aient pas de surprises sur le chemin du retour. Voilà l'offre du sadique germanique. Une visite chez Morphée de la Reine... Ou un voyage sans retour de la chair féminine soumise à ses pinces.

Tic tac... Tic tac... Tic tac...



***Musique : Amb Zone de Jesper Kyd***
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--Gladriel
[ Lac Cristallin, Larmes de carmin ]

Les saphirs se harponnent aux émeraudes de la femme. Le sang bout dans ses veines, rivières impétueuses dont le flot véhément est contenu par la seule vue de la lame collée contre la gorge de son fils. L’esprit de l’ancienne lieutenante carbure à toute vitesse. Un œil file sur la garde de son épée accroché au flanc de sa monture. Trop loin. Elle pourrait tenter d’y courir en un geste inespéré, mais la neige qui lui noie les chevilles, cette robe qui lui entrave les jambes… et que dire de cette blessure qui se réveille quand la chaleur et le froid se font mordant, à cet endroit même où une lame lui avait transpercé la cuisse des années auparavant.

Les seuls armes qu’elle possèdent sont le poignard fixé contre son mollet et le stylet lové dans son corset.
De son sang froid effroyable, la mère jette ses paroles comme le serpent crache son venin.

_ Lâche mon fils.

Regarde Mélusine.

Le regard de Gladriel se tourne vivement et se plante sur un visage qui semble appartenir à un cadavre. Une peau d’albâtre au regard d’argent rehaussé par des cernes d’un violet noirâtre… L’effroi la gagne. Une lame blanche vient aussi barrer la gorge de sa petite fille. La mâchoire se serre. Les saphirs passent d’un visage à l’autre, de son fils à sa fille, de l’homme à la femme.

Ne trouves-tu pas Maman.. Belle?

Un frisson glacé lui remonte l’échine, lui tendant la colonne comme un pantin dont on viendrait de tendre le fil. Et la lame s’active traçant sur la peau de sa fille une ligne vermeil. Les saphirs se parent d’horreur. Un claquement de dents sur l’intérieur de sa joue freine cette envie soudaine de bondir sur l’enflure. Les larmes qui déferlent sur les joues de sa petite fille lui lacèrent le cœur. Une haine meurtrière lui envenime les veines. Cette même agressivité qui fait grogner la mère louve avide de sang quand on s’en prend à ses petits… mais à défaut d’attaquer, elle ne peut que sortit les crocs.

Le visage de la Castelcerf se tend, les entrailles tiraillées par cette frustration des plus atroces. Les deux lames plaquées sur les gorges enfantine sont comme deux armes enchâssé dans sa propre gorge. Elle est désarmée. Son cœur se resserre quand son regard se pose sur le visage de sa fille muette.. Et les larmes carmines qui ruissellent sur son cou…

Une bourse de cuir vient s’échouer à ses pieds dans un fracas feutré. Un regard lui est à peine accorder, et les saphirs se plantent de nouveau dans les perles métallique.

Le qui, le pourquoi, le comment sont des questions qui ne lui viennent même pas à l’esprit. Une seul chose la préoccupe, la vie de ses jumeaux.

_ Relâchez mes enfants… et je saurais me montrer des plus dociles.

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--Rumwald



[ Audace et Limite ]


- Le marché du Fou -

Le jeu continue... La louve ne grogne plus. Elle propose. Rumwald hésite entre s'esclaffer ou commettre l'infâme. La peau douce d'un enfant qui se gorge d'un rouge nouveau, incongru, inacceptable aux yeux de tous. Un véritable festin pour ses propres pupilles, une poignante œuvre qui restera gravée à jamais. Pur et Impur... Blanc et Écarlate... La candeur noyée, envolée, par un simple geste, un son unique qui s'échappe dans l'air. Ah et que supposer des réactions des spectateurs... Va-t-elle se jeter sur lui sans un mot ? Crier sa haine ? S'agenouiller devant son Art suprême ? Rester plantée là, avant de rejoindre un nouveau monde, incapable d'accepter la vérité ? Ou bien profiter d'une aide surprise de la part d'une coéquipière qui a vu ses préceptes bafoués par un partenaire d'affaires ?

Ce serait une si merveilleuse manière de se retirer de la scène... Une ou deux paires de bras iraient se déchainer contre sa coquille physique, la lapider ici et là, applaudir l'artiste à leur manière. Tout serait... Beau. Mais la curiosité l'empêche de cisailler l'implorante bloquée. Oui, le germain veut d'abord voir si la mère serait capable de marchander une seconde fois sa chair... Par colère. Les mots incisifs reprennent en l'oreille de Mélusine :


Tu entends douce Mélusine... Maman veut t'abandonner...

Le gris clair ne quitte pas d'une semelle le bleu saphir, sait-on jamais, que la renarde tue sa propre petite, d'une griffe mal avisée.

Maman veut croire en la bonté... Elle croit que tu ne peux pas mourir comme Papa...

Rire sadique incontrôlable.

Mais elle a tort... Je peux le faire... Si elle ne fait pas ce que je lui dicte.

Les tièdes larmes pures continuent de tracer deux sillons de peur. Le fou aurait presque envie d'y gouter d'une serpentine assoiffée.

Allons allons... Sèche tes perles... Maman n'a sûrement pas du comprendre. Alors je vais répéter...

L'accent pincé reprend de plus belle, entre excitation et sérieux, les lèvres éternellement souriantes.

Si Maman inspire, elle aura ses petits à la fin, bien vivants. Si Maman continue de croire que je suis un vulgaire marchand... Je prendrais soin d'élever ses bébés... Bien entourés... De la viande fraiche obéissante pour les amateurs innovants... Et de m'en "séparer" quand je serais las de ces enfantillages.

Et les canines d'appuyer ses propos sur un lobe innocent, très faible prémice de l'Enfer que souhaiterait le monstre. Les âtres de l'âme perdue dans les limbes de la folie questionnent une dernière fois les pupilles féminines : Vas-tu encore choisir, ma nouvelle Muse, au péril de tes frêles agneaux ?...

***Musique : Invasion on the Mississippi River de Jesper Kyd***
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--Gladriel
[ La peur aux entrailles, une prise en tenaille ]

Elle est enchainée. Épinglée par sa crainte, le doute, la peur de commettre la fatale erreur. Tenue en joug par les deux lames qui enserrent la gorge de ses enfants, elle s’enrage, comme une louve prisonnière d’une cage dans laquelle elle demeure immobile. De louve pourtant, elle passe chienne, chienne qui aboie du bout de la laisse qu’elle ne peut briser.

Sous la lourde cape de cuir qui voile le corps, une main discrète s’active. Lentement ses doigts remontent sur le tissu de la robe pour rejoindre le stylet niché entre sa poitrine. Il sommeille, aux côtés d’une croix druidique, dans l‘attente de gouter au sang frais d‘une gorge béante. Ses doigts pincent la petite garde. Durant des années, Gladriel a crié son aversion pour les armes et la violence, mais elle a, par la volonté de son éducatrice et la force des choses, touché à toute les lames possibles et inimaginables. Des ses arts meurtriers, elle n’en a fait l’usage que depuis la naissance de ses enfants, et bien qu’elle ne la jamais assumé, Gladriel à été élever pour être une machine à tuer. Vois Mélianos, au final tu as réussis…

Elle pourrait lancer son stylet, et à coup sûr, elle percera un front ou un œil, mais aussitôt l’un des agresseurs éliminé, l’autre aura tôt fait de ramener le score à zéro en volant la vie de l’un de ses enfants… Doit elle en sacrifier un pour la survie de l‘autre? Cette simple pensée lui glace le sang d’horreur. La voix du sadique vient mettre fin à ses réflexions.

Abandonner sa fille?! Il ose proférer de telles infamies! Les saphirs se parent d’une tendresse effrayée en se lovant dans les perles métalliques de sa Mélusine, se voulant rassurante. Ne t’inquiète pas ma chérie, Maman va faire le nécessaire, Maman va vous sauver…

Maman veut croire en la bonté... Elle croit que tu ne peux pas mourir comme Papa...


Un déchirement.


Le masque glaciale éclate comme un miroir qui se brise. Les mots transpercent l’ultime point faible comme un poignard sournois frappant en pleine colonne. Un simple mot, pour répandre dans son cœur les sentiments les plus véhéments. Dans son esprit se déverse un flot de souvenir… Le visage d’un homme, ange assassin, la chaleur d’une étreinte, les départs à la guerre et les attentes interminable… et cette dépouille sanguinolente assoupie sous les branches du chêne.

Les deux saphirs ne sont plus que le reflet de la terreur. Comme sait-il? Pourquoi est il au courant! Durant des années elle a arpenté Bourganeuf, connaissant chaque pavé de ses sombres ruelles, chaque pierre de ses remparts! Elle est les yeux de la ville, elle qui fut sergent, lieutenant et maintenant gardienne. Ces deux visages n’ont jamais passé les murs de Bourganeuf, jamais depuis sa mort. Ils ne sont pas d'ici... Ils ne peuvent pas savoir.

Pourtant...

Gladriel le comprend maintenant, ils ne sont pas que de vulgaire pillards de chemin. Ils savent pour la mort d’Arami et la mère vient seulement de réagir: ils connaissent le nom de ses jumeaux. Ils sont là en connaissance de cause, ils sont là dans un but précis. Soumise a la fatalité, ses bras tremblent…

Pourquoi…

Pourquoi encore… Qu’à t’elle fait? Pourquoi ne l’a laisse t’on jamais tranquille. Pourquoi ne les laisse t’on pas vivre, eux qui veulent se faire oublier du monde! Depuis la mort d’Arami, depuis la disparition de Mélianos, le monde s’acharne sur elle, tentant de faire sortir les cadavres de leurs tombes, lui faisant payer les vengeances inassouvies, par ce qu’elle a eu le malheur d’aimer ses deux être, parce qu’elle a toujours été leur seule point faible, à eux, qui furent incapable d’aimer.

Ceux-là, pour qui viennent t’il, pour son fiancé ou sa marraine? N’ont-ils donc pas compris qu’ils ne sont plus de ce monde!

Ce visage qui demeurait sans âge, s’affaissent et se tirent sous le poids des années qui se fait soudainement sentir et le rictus qui lui peint les lèvres crie sa haine envers cet homme au visage écorché par un sourire sadique. Ce sourire, elle le lui fendrait bien jusqu’au oreille.

Il persifle ses menacent et ses lèvres cadavériques viennent saisir l’oreille de sa petite fille. Cette image lui fait l’effet d’une décharge.

_ Ne la touche pas!

A la mère d’hurler une parole veine appuyé par le cri strident du faucon perché plus loin. D’un mouvement en avant immédiatement stoppé par un brin de raison, elle vient percuter la petite bourse échouée à ses pieds.

Les saphirs s’y accrochent. Son cœur se resserre. Désemparée. C’est la seule solution. Les musclent de sa mâchoire tremblent d’être trop contractés. Lentement, elle s’accroupie.

_ Ne la touche pas…

Ses prunelles se scellent à ce regard qui l’écœure. Ses doigt viennent doucement se saisir du cadeau empoisonnés.

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