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[RP]Les rousses sont méchantes. Mêmes les presques blondes.

Little_die
Si vous voulez intervenir, merci de m'envoyez un MP !


    [Avez vous déjà vu une religieuse ivre ?]


Les habitués de la taverne portant le nom douteux des "Jupons Rouges", non. Du moins, pas jusqu'à aujourd'hui. Tous étaient assis autour d'une table, et au bout de la dite-table, il y avait l'objet du délit. Sœur Margot, toute de noire vêtue (enfin, anciennement vu que les taches de bière éclaircissait ou assombrissait un peu l'ensemble, selon les doses.)

- Et... *hips*... c'est à ce moment que.... *hips* que je... c'est à ce moment *hips* que je me suis.... rendu compte que... *hips*, y'avait plus de *hips* petote... petite... petiote *hips* !

Et hop, une nouvelle chope de bière pour fêter ça !
Pour ceux qui n'aurait rien compris, petit retour en arrière...




Plus tôt dans l'après-midi...

Sœur Margot se tient dans un coche. En face d'elle est assise une enfant d'une dizaine d'années, qui n'a pas prononcé un mot depuis le début du trajet, au point de mettre mal à l'aise la sœur quarantenaire. Toutes ses tentatives de jeu n'y ont rien fait. L'enfant est resté muette.
Pourtant, elle est plutôt jolie, avec ses cheveux mi-blonds mi-roux qui lui tombent en boucles du coté de sa tête et ses yeux marrons. D'accord, sa peau pâle donne l'impression qu'ils sont rouges à certains moments, mais ça, c'est plus le fruit de l'imagination inventive d'une religieuse en quarantaine qu'une véritable description.
Mais elle ne parle pas, non. Elle se contente de se tenir là, assise en face d'elle, à tripatouiller son jeu de cartes et à faire sauter des dés dans le creux de sa main. Et quand la Sœur a prit l'initiative de les confisquer, l'enfant l'a regardée avec une telle intensité que Margot, prudente, les lui a rendu au bout d'un quart d'heure.

" Allons, Margot, reprends-toi, ma fille ! " songe la Sœur, paniquée en déglutissant. Conduire une enfant du couvent à l'orphelinat, ce n'est pas sorcier ! Juste un petit trajet de trois heures dans un coche brinqueballant, quelques secousses et des détails à régler, et puis, c'est fini !
Sauf quand l'enfant en question est si maussade, si muette, et si étrange que cela en devient bizarre. Elle n'a même pas de nom, juste une appellation pour le moins excentrique. Little Die. Little Die, c'est comme ça que les autres enfants l'appellent. Idiot, sans doute, mais n'ayant rien trouvé de mieux, on finit par l'appeler comme ça au quotidien.
"- Hé, Little Die, passe-moi le sel !
- Little, tu peux me prêter un oreiller ?
- Little Die, tu viens jouer avec nous ?"

Il n'y avait que la réponse qui ne changeait jamais. Un perpétuel silence suivi d'un regard aussi méprisant qu'écrasant, compléter par l'ignorance TO-TA-LE de la phrase. Que ce soit ordre, question ou proposition.
C'est comme ça que la mère supérieur a décidé de s'en débarrasser.
Une secousse plus violente que les autres, ainsi qu'un choc surprenant mit fin au fil de pensées de Sœur Margot, qui se releva rapidement et passa la tête par la porte du coche.

- Hé, (Remplacez par le mot que vous voulez), tu peux pas faire attention ?!
- S'cusez, ma soeur, mais c'est qu'on a embouti un autre coche, et...
- J'veux pas de vos excuses, compris ?! Redémarrez, il faut arriver le plus vite possible à l'orphe...

Petit coup d'œil précipité à l'intérieur du coche.

- ... nat...

L'autre porte du coche était grande ouverte, et à l'endroit où se tenait Little Die, il ne restait plus qu'un bout d'uniforme sale, et une paire de chaussures propres..


C'est ainsi que Sœur Margot se retrouva sans coche et cocher, perdue dans une grande ville dont elle ne connaissait plus le nom, à la recherche (ou presque) d'une enfant psychopathe, avec comme seule monnaie d'échange une paire de bas du couvent et deux chaussures soigneusement cirées...
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Sadnezz
Que les journées sont longues. Les routes se ressemblent et ne se suivent pas... La monotonie la gagne, et lui arrache un long soupir qu'accompagne un râle de souffrance venu du fond de la gorge exsangue d'un vieillard. Les yeux se lèvent au ciel, non pas pour son Tres Haut habitant mais pour le besoin de s'exaspérer un peu. Ces derniers temps, la besogne n'avait plus de gout. Sa dague touchait le coeur anonyme des malchanceux et ses mains leur pauvres poches trop vides, ainsi allait la vie. Regard à sa victime. Pour cette fois, l'envie de lui dire que le guignon ne tombait jamais deux fois au même endroit n'avait même pas pointé le bout de son museau. Si même le cynisme l'abandonnait... L'heure était grave.

L'état blasé périodique avait frappé sans crier gare, au détour d'une énième prise. La Corleone n'était pas de nature à se trainer, mais il y avait une certaine récurrence à ces envies de.. de rien. Et ce depuis une bonne année déjà. La mort de l'Eroz n'avait rien arrangé. Sur qui allait-elle pouvoir déverser son fiel désormais? Regard aux yeux sans éclats du cadavre encore à ses poulaines.. Certainement pas sur lui. Les morts étaient d'un ennui...Non loin, le bruit d'une collision ne l'émeut même pas, les voitures étaient d'un ennui... Le déclin. C'était le déclin.

[Plus tard dans la journée]

Le spectacle valait le détour. Adossée contre le mur d'une taverne dont elle se foutait plus ou moins du nom, la Corleone secouait doucement la tête. Navrant. Ce qu'elle regardait comme le reste de la taverne d'ailleurs restait l'un des meilleurs ou pires spectacles de sa vie, c'est selon. Une none hoquetant son ivresse, entre rire et larmes... Une none ! Une femme de dieu bordel. L'image à elle seule constituait blasphème et la Corleone toute brebis galeuse qu'elle était était étonnement sensible à la colère divine. D'ailleurs il n'était pas bon d'associer dieu et bordel, c'était bien connu. Ricanement. Posant sa chope à demi vide, Sad lâcha de loin:


J't'aide s'tu veux.


Calculatrice? Si peu. Son histoire de môme n'était pas tombée dans l'esgourde d'une sourde. Désintéressé n'est pas Corleone. Puis fallait bien faire cesser cette triste représentation. Quand la Sad disait qu'elle avait bien fait de pas s'faire soeur... Si même les nonnes abusaient du calyce...Feuque.

Puis les gosses, elle pouvait pas se les sentir. Enfin si, d'une certaine façon elle les sentait à une lieue à la ronde, ce qui lui permettait le plus souvent de dévier sa trajectoire, l'air de rien. Pauvre femme, encore une victime de ces choses soit disant naturelles qu'on appelait poliment les gniards. Non, Sad aimait pas les gosses. Ils feraient mieux d'être un peu ennuyeux. D'ailleurs au fil du temps elle s'était forgé une certitude. L'avait jamais été gosse.

Sautant sur ses jambes, la brune se rapprocha de la pauvresse . My godnezz, vu de près c'était encore plus déguelasse. Pour le coup elle fit un pas en arrière, histoire de rester à bonne distance. Allez savoir pourquoi, l'italienne s'était soudainement toute ragaillardie. Et une vilaine grimace et un rictus plus tard...


100 écus.

Chichi et manières non plus, c'était pas Corleone.
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Désire ce que tu ne peux posséder. Désire moi.
Little_die
- J't'aide s'tu veux.
- Hein ?! Késako...

Petit sursaut de la nonne. Mais qui donc osait l'interrompre dans son discours soigneusement élaboré afin de trouver une âme charitable capable de l'aider gratuite...
Stop.
Qu'avez dit la femme, déjà ? J't'aide, s'tu veux ? Quelque chose comme ça. Si on rajoutait deux-trois voyelles... ou consonnes, Margot ne savait plus trop, l'alcool commençant à faire ses effets, cela donnait une proposition d'aide -certes peu polie et peu développé-, mais une proposition tout de même.
Il ne manquait plus que le gratuite....


- 100 écus.

Arf, oui, c'était bien trop beau pour être vrai.
100 écus ?! Mazette, la bougresse devait être drôlement qualifié pour demander une telle somme. Pisteuse d'enfant, c'était reconnu comme profession ? Certainement pas à voir l'allure de la drôlesse. Petite grimace dédaigneuse d'une nonne alcoolique (qui ne ressemble d'ailleurs plus du tout à une nonne). Puis, afin de bien faire comprendre qu'elle ne donnerait pas une telle somme d'argent juste pour retrouver un gosse (Somme d'argent qu'elle n'avait pas d'ailleurs, notons-le), elle se raidit et... patatra, bascula en arrière sur quelques badauds qui couinèrent aussitôt de terreur. Pensez-y, ce n'est pas tout les jours qu'on a la merveilleuse chance d'être écrasé par une nonne...


- 100 écus ? *hips* Parfait. Tu me retrouves *hips* la gamine, et je te les donnes. Avec des bas, *hips* et des chaussures en prime. *hips* balbutia la nonne après s'être relevée

Puis, se penchant avec un air de conspiratrice dévouée à la solde d'un quelconque ennemi, elle ajouta, comme pour prouver qu'elle donnerait bien l'argent. Visiblement, Margot ne doit pas être au courant d'une certaine règle appelé communément par quelques bibles obscures : la pauvreté.

- Je suis dans un couvent...

Se relevant tout à fait, elle déclama avec un grand air.

- La gamine répond *hips* au nom de Little Die. *hips* Rousse-blonde, j'sais plus trop *hips*... yeux bruns. 10 ans à tout casser *hips*... Complétement ta...

Margot se plaqua la main avec violence sur la bouche. Hors de question d'ajouter "complétement taré". Cela pourrait décourager son pig... heu, sa traqueuse de gosses.

- Complétement jeune. Voilà. *hips*

Elle claqua des doigts et s'essuya les mains sur sa robe de nonne. Restait plus qu'à attendre que l'autre folle fasse son boulot. Après, tout était une affaires de jambes. Histoire de courir vite quand la bougresse découvrirait qu'elle s'était faite royalement arnaquée..
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Sadnezz
[Avez vous dejà vu une Corleone se faire rouler?]

Sad toisa la femme d'un air blasé. Des bas et des chaussures? C'te blague. Comme si la brigande allait récupérer de vulgaires chaussures portées par je ne sais qui d'abord. Seules les poulaines trouvaient grâce à ses yeux, pour l'amour du moche diront certains. Mais pour les écus, la none avait accepté. Un marché était un marché. Puis comment ne pas voler au secours des serviteurs du Tres Haut...? Réponse plus tard.

Elle est dans un couvent. Teh, Sad l'aurait pas deviné... Se pourrait qu'elle n'y reste pas si longtemps que ça si elle rentrait à quatre pattes . Elle réprime un rire mauvais. "Little Die" Donc. Information tout à fait inutile vu que les mioches elle les appelait pas, elle les sifflait. "Rousse-blonde... " Ouais, avec des reflets bruns et des mèches châtains certainement, elle voyait le truc d'ici. "Yeux bruns". Ha. Elle avait des yeux. Bon, faudrait faire avec.

Dix ans et toutes ses dents, la tâche s'avérait simple comme un bonsoir. Et voilà cent écus à se mettre sous la dent, sans trop se fatiguer. D'ailleurs la brune était déjà partie, laissant la none au moment même ou ses esgourdes avaient accueillies le " d'accord" concluant. Déjà sur la route de son petit pactole sur patte.

Alors , alors... Où est ce que j'irais si j'étais un gosse... décidément trop dur à imaginer. En essayant avec un où n'irais-je pas, la chose lui apparaissait déjà plus aisée. Pas pres d'un couvent déjà . Bien avancée l'italienne... De toute façon, il n'y avait pas le feu au lac. Aussi la Corleone prit le chemin de la place du marché, tranquillement mais sûrement .

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Désire ce que tu ne peux posséder. Désire moi.
Little_die
Quelque part dans la ville. Enfin, plus pour longtemps. Normalement.

Little Die était certes, jeune, mais pas bête. Elle savait très bien qu'avec juste un jeu de cartes et deux dès, elle ne s'en sortirait pas. Si elle voulait s'en sortir sans trop de mal -en évitant par la même occasion les coups de taloches des marchands à qui elle vole... emprunterait quelques denrées- elle devrait ruser. Jouer à la gamine éplorée et sans saveur, perdue toute seule dans la grande ville à la recherche d'une quelconque famille.
A cette pensée, la bouche enfantine se plisse dans un semblant de grimace. Elle aimait certes tromper les gens, admirer la lueur interloquée dans les yeux des adultes que ses réactions trop matures provoquaient, mais jouer à la gamine avide de fanfreluches et de lapins roses, ça non.
C'était d'ailleurs à cause de ça que les gens la trouvaient bizarre, la pointant du doigt en chuchotant à son voisin : Regarde, c'est la nouvelle gamine recueillie par le couvent... Un sacré numéro cette petite... On sait pas trop d'où elle vient, ni comment, mais tout ce qui est sûr, c'est qu'elle est pas normale...
La plupart du temps, elle répondait par un regard noir qui faisait fuir les commères. D'autres fois, elle montrait les dents. Dans tout les cas, les gentilles paysannes s'enfuyaient, incapable de supporter sa présence. Cela ne la dérangeait pas vraiment. Se confiner dans ses pensées, ne vivre que pour effrayer les autres, se moquer de leurs réactions tellement prévisibles... Elle aimait ça.


S'enfuir du coche où elle était retenue en compagnie de Soeur Margot ne lui avait pas posé de problèmes. Ouvrir la porte, c'était bien trop facile, et Little Die aurait préférée plus de difficultés... Mais qu'attendre d'une nonne ? Si on lui avait bien appris quelque chose, au couvent, c'est que la perfection, c'était soit trop parfait, soit pas assez.
Maintenant, elle déambulait dans les rues à la recherche d'une échoppe au fumet appétissant, pieds nues. Cela ne l'empêchait pas de courir vite, et elle appréciait de sentir les pierres sous ses pieds. Le seul truc qui la dérangeait, c'était les saletés qu'elle évitait d'un saut agile, se foutant royalement des regards surpris des passants. Elle n'avait pas que ça à faire.
D'ailleurs, n'était-ce pas une boulangerie qu'elle apercevait, là-bas ... ?


Quelques minutes et beaucoup de vociférations plus tard...

- RAAAAH ! ATTENDS QUE JE TE RETROUVE, SALE GAMINE, ET JE TE COUPE LA MAIN ! VOLEUSE ! Rends-moi immédiatement mon pain !
Évidemment, ne crier ne servit strictement à rien, et Little Die se fondit dans la foule, laissant derrière elle une impotente grosse femme se démenant comme un beau diable devant son échoppe. Quelques gentilhomme voulant jouer au galant tentèrent de s'interposer, mais eurent droit au genou de l'enfant directement envoyé au niveau de leurs entrejambes. Elle avait appris à viser juste...
Les cris de la boulangère retentirent longtemps encore derrière elle tandis qu'elle traversait la place du marché en un éclair afin de gagner l'église. La jeune fille trouva facilement l'imposant bâtiment et se coula derrière la façade de pierres grises. Là, elle se laissa tomber sur le sol avec un sourire aussi victorieux que moqueur sur le visage.... Trop facile. Bien trop facile. Presque décevant. Seul l'odeur et la texture croustillante du pain l'empêchait de se morfondre sur le manque de réaction des adultes.


* Pas de remords * songea t-elle en mordant dans la croûte.

Oui, pas de remords. Pas de place pour le regret. Elle se battrai une autre fois, défierai Aristote-à-la-barbe-blanche encore quelques temps... Un jour, peut-être... certainement.

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Sadnezz
La place du marché, ses odeurs et merveilleux étals à dépouiller. Sad respira un bon coup pour apprécier l'ambiance du jour. Regard aux marchands et à leur chère marchandise, la chafouine lorgna tout ce qui devait l'être. Les fruits de celui-ci sont pourris, l'haleine de celle-ci semblable à sa poiscaille. Mhhh, joies du marché. Une paire de poulaines peut-être? Nan, ne pas dévier de sa tâche première, la môme. Tiens elles ont des doubles lacets. Foutredieu, mieux vaut s'écarter de la tentation, 100 écus dormaient dans la poche d'une none qui n'en ferait même pas bon usage. La gosse. Han, y'a un rabais dessus! Dilemme.

Poussant un juron elle détourne le regard de ce que le Sans Nom a mit sur sa route pour tenter de l'éloigner de sa dévotion. Haem. Aider une none, c'est noble. Le Tres haut le lui rendra. La none aussi. L'italienne reprit sa route, serpentant dans la fourmilière à la recherche d'un signe divin. Alle grogna lorsqu'un pauvre type la bouscula, s'excusant promptement et continuant sa course... Bien vite stoppée par les charretons qui circulaient dejà eux même avec difficulté dans les allées. Ricanement. Bien fait.

Il revint penaud, balbutiant qu'il n'avait pu rattraper la fillette. Fillette... Fillette? Pauvre de lui. Encore un qui ne savait pas rester à l'écart de ces choses nauséabondes que sont les enfants. Les enfants c'est bien connu ont des petits yeux fourbes, des petites jambes vigoureuses , ils vous échappent comme les grains de sable glissent entre les doigts qui tente de les retenir...

Eclair de lucidité, enfin. C'est peut-être la sienne. Sad prit la direction indiquée par le piètre courseur. L'église... La gosse serait-elle encore un peu en manque de foy? Une paire de poulaines neuves à double lacets fraichement "empruntées" sous le bras, elle entra, inspecta. Elle aurait pu les payer avec les écus du vieillard oui mais...Nan. La brune ressortit pour faire le tour de l'édifice... Que voulez-vous, on attrapait pas les mouches avec du vinaigre.

-Pas de regrets- songea-t-elle en tripotant le cuir de sa nouvelle acquisition.

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Désire ce que tu ne peux posséder. Désire moi.
Little_die
Le pain avait un drôle de goût... Sans doute que la boulangère n'avait pas eu le temps de le terminer. Quoi qu'il en soit, elle savait désormais qu'elle n'irait plus chercher de ce coté-ci. Bien trop artificiel.
Elle se hâta de terminer sa maigre pitance, et se lécha les doigts. Pas question de gâcher la moindre miette de mie ou de croûte. Celle-ci irait aux oiseaux, et Little Die avait horreur d'être poursuivi par des moineaux qui attendaient patiemment qu'elle leur jette la fin de son déjeuner...

D'un bond, elle se releva en époussetant son uniforme. Le corset la serrait, et les jupons la gênaient.
* Pfff ! Je hais ces frusques ! *
Sans penser une seule seconde à pouvoir revendre les beaux vêtements du couvent, elle se pencha et arracha littéralement les couches de tissus superflus. L'ensemble lui donnait une allure rocambolesque assez surprenant.

Little Die s'apprêtait à reprendre son début d'aventure lorsqu'elle percuta une femme à l'air plutôt pressée... et qui tenait une paire de poulaines à doubles lacets dans les mains. L'enfant ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil fait de pure convoitise sur les chaussures... Elle en avait assez d'esquiver les saletés malodorantes sur le sol.
Profitant de la surprise de la femme, Little Die se jeta sur la main retenant les poulaines tant convoités et mordit sauvagement leur propriétaire. Puis, ni vu ni connu, elle s'empara des chausses et s'enfuit à toute vitesse... encore.
Laissant derrière elle une Sadnezz certainement surprise, et en colère. Très en colère.



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Sadnezz
[Quand l'enfant mord à l'hameçon, telle est prise qui croyait prendre.]

Lorsque la brune arriva paisiblement derrière le bâtiment, il se passa une chose qu'elle mit deux bonnes secondes à assimiler. Deux trop longues secondes. Elle eut le temps d'apercevoir une frimousse à la chevelure de feu, de la sentir aussi puis de resserrer ses mais sur... Le néant.

Les poulaines! La gosse! Branle bas de combat dans le crane Corleonien, la gosse avait mordu... Sad avait trinqué.


Humpf!


Se retournant vivement, elle vit détaler la petite diablesse comme si le feu brûlait à ses fesses. Les dents serrées et la bouche tordue d'une surprise mal acceptée, la Corleone persifla comme pour s'assurer de n'avoir pas rêvé:

Elle m'a mordue!


pointant un doigt accusateur sur la mioche pour s'attirer l'appui des quelques témoins de la scène au cas où sa vengeance laisserait la petite voleuse misérablement amochée, Sad se mit à courir à ses trousses, serrant sa dextre endolorie et hurlant mille dieux.


Volée! Elle m'a volée!


Pour sûr que la brune lâcherait pas la petite guenon de sitôt. Une voleuse volant une voleuse doit savoir voler sans ses mains. Car foi de Sadnezz, elle les lui couperait, prenant le soin de s'occuper d'abord un à un de ses doigts. Des poulaines, SES Poulaines. Sacrilège, ultime offense, terrible erreur. Puis la fierté gonflant sa poitrine de rage, il était impensable de laisser une petite fille de chienne partir avec son bien, son honneur et sa réputation.

Hors de question de se ramener devant la poivrote none avec la mine pathétique du gars qui avait perdu la piste de cette petite punaise au marché, quitte à courir jusqu'au soir. Car désormais elle savait à quoi ressemblait l'objet de toutes les discordes, à un enfant, un môme, un chiard de la pire espèce, de celle qui lui donne des frissons d'horreur et de dégout. La Belladone courrait plus vite, mais l'agilité n'était pas au rendez-vous. La gosse commençait à se faire petite à l'horizon. Brandissant un poing vengeur, un cri sonna comme une promesse.


J'vais te botter le train LITTLE DIE! T'entends! Je vais t'faire bouffer tes chicots!!


Si tu m'crois pas hé... T'ar ta gueule à la récrée.

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Désire ce que tu ne peux posséder. Désire moi.
Little_die
    [Comment s'attirer les pires ennuis made in Italie en dix leçons]


De la même façon qu'elle avait semé la boulangère, Little Die sema Sadnezz. Du moins, le crut-elle. Les menaces que pestaient la Corleone ne l'atteignait guère. Question d'habitude, diront certaines mauvaises langues...
Non, ce qui surpris Little Die et la força à ralentir pendant trois malheureuses micro-secondes qui lui auraient sauver la mise -et peut-être même la vie-, ce fut la phrase criée par sa dernière victime en date qui semblait vraiment en colère d'être délester de ses premières poulaines :


- J'vais te botter le train LITTLE DIE! T'entends! Je vais t'faire bouffer tes chicots!!

Gné ?! Pardon ? Elle devait avoir mal entendue. Elle n'avait pas parlée depuis son arrivée en ville, et elle était sûre que Sœur Margot n'aurait pas été jusqu'à placarder des affiches : WANTED LITTLE DIE, Mort ou vive (mort, c'est mieux). Merci.
Alors, comment cette dame aux grands airs pouvait-elle connaître son patronyme ? En plus, contrairement aux autres qui se lamentaient royalement sur leur bien perdu, la femme semblait plus déterminé à lui botter les fesses qu'autre chose... Et visiblement, elle comptait bien réussir.
Elle secoua la tête et ré-accéléra... Bizarrement, le paysage ne défilait plus comme avant, et plusieurs minutes passèrent avant qu'elle ne se rende compte qu'un bonhomme lourd comme un bœuf venait de la soulever de terre et qu'elle s'acharnait à battre des pieds dans le vide depuis plusieurs secondes...
C'est ce qu'on appelait avoir la poisse...
Bon. Tentons le tout pour le tout. Essai 1) Mordre. Raté. Ses dents claquaient dans le vide. Essai 2) Se débattre. Raté. Son bourreau était beaucoup trop fort. Essai 3) Faire des petits yeux larmoyants. Raté. De toute façon, il ne la regardait même pas.


- C'est à vous, ça ? fit Grosse Brute en la tendant à Sadnezz comme si elle n'était qu'un vulgaire paquet de patates.
* Non ! J'appartiens à personne ! Lââââââââââchez moi ! * hurla mentalement l'enfant, piégée par sa promesse de ne plus parler depuis... Depuis longtemps.

Bon. Si elle ne pouvait pas avoir les poulaines, personne ne les aurait. D'un lancer calculé à la perfection, elle envoya valser les poulaines... dans une gouttière située au troisième étage d'une maison de pierre glissantes. Là, personne n'irait les chercher de sitôt.... Surtout que, après l'averse qu'il y avait eu la veille, il devait avoir de l'eau dans les gouttières. Et sécher des poulaines, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus facile...

Fière de son lancer, mais pas tellement de s'être fait piégée d'une façon aussi puérile, elle se cantonna à son éternel sourire moqueur et sarcastique. Qui n'était plus tellement convaincant lorsqu'elle croisa les yeux furieux de la Corleone...

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Sadnezz
[Règle numéro un: poulaines volées, jamais pardonnée. Poulaines amochées, une jambe cassée.]

Essoufflée et les joues qui commençaient à rougir, Sadnezz perdit de vue la gosse. Ha... Non... Là elle la voyait. Voyait plus. Voyait. Voyait plus. Le petit manège dura tant que la fillette tourna dans les ruelles crasseuses . Jusqu'à..

Ha!


Un doigt toujours aussi accusateur sur la petite chose, la Corleone ne put s'empêcher d'afficher un rictus vainqueur mêlé d'épuisement. Elle était là, pendue à la grosse pogne d'un homme corpulent comme elle aurait voulu la voir pendue à un gibet. Appelons ça un homme à poigne qui tombait à pic. Attrapée au vol le petit cafard, de quoi lui lancer un regard aussi froid que moqueur lorsqu'elle arriva à sa hauteur. Mais en parlant de vol...

Elle ne put que pousser une exclamation d'horreur lorsqu'elle vit la gosse consciente d'être coincée, balancer sa paire vers une espèce de gouttière pourrie. La scène se passa un peu au ralenti devant les yeux effarés de la Corleone qui tendait en vain une main salvatrice, visage figé d'effroi, voix déformée tout ça tout ça... Un peu dans ce genre là:


Leees............. pou...........laaaiines......!


Trop tard, retour à la dure réalité. Cette môme avait vraiment le diable au corps, et ce n'étaient les pauvres poulaines quillées qui diraient le contraire. Sad planta ses yeux corbeaux dans ceux de la petite captive avec une indicible haine. Machinalement, elle fouilla dans une de ses poches et en sortit les quelques piécettes du vieux cadavre qu'elle fourra dans la pogne libre du gros type. Rendons à César ce qui lui appartient, sans l'intervention de la brute, elle courrait encore....

Grazie, voilà pour toi.


Sans avoir cessé de toiser la petite souillon, Sad s'enquit de l'échanger sans ménagement , l'attrapant par les cheveux tout en la reposant à terre. Demi tour gauche, l'heure de régler les compte avait sonnée, mais pas avant une petite réparation. Laissant à plus tard l'idée de finalement accepter les bas et les chausses de la soeur pour les lui faire manger, elle traina la fillette jusqu'à la grande gouttière en empoignant sa lame bien en vue. Au bas du bâtiment, elle tourna la petite trogne vers son visage et lui ordonna fermement:

Tu vois ta connerie? Hé bien maintenant tu vas aller la réparer... Grimpe!


Elle plaqua la môme panse contre le mur de pierre et lui fila une légère estocade sur les fesses, y maintenant l'épée comme menace. Elle ne pourrait jamais grimper récupérer la paire, mais une belle frayeur n'avait jamais tué personne. Vengé, si, assurément. Crispant sa senestre plus fort sur les cheveux de la petite, elle renchérit d'une voix plus cinglante.


Grimpe ou je t'embroche ici et maintenant.

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Désire ce que tu ne peux posséder. Désire moi.
Little_die
- Leees............. pou...........laaaiines......!

Le sourire moqueur s'élargit en voyant la mine horrifiée de Sadnezz lorsqu'elle aperçut les poulaines dans la gouttière. Le sourire moqueur devint aussi grand qu'un croissant de lune une nuit sans lune lorsque sa poursuivante daigna la regarder. Oups... Elle n'aurait peut-être pas dû... Elle n'avait pas l'air très contente, la dame...

Comme si ça ne suffisait pas (elle avait été balloté dans un coche horrible en compagnie d'une nonne, elle s'était enfuie sans chaussures et avait marché deux-trois fois dans du crottin (heureusement que les fontaines existent), son vol de poulaines s'était mal passé, et leur propriétaire lui réclamait le service après-vente de luxe) la démone-aux-yeux-noirs l'empoigna par ses cheveux, lui arrachant un gémissement de douleur indigné et la traina dans des rues, non sans avoir jeté quelques piécettes dans la main de Grosse Brute (à qui elle tira bien volontiers la langue. Puérile, certes, mais pour le moment, elle ne pouvait pas faire mieux).


Little Die était encore à se demander comment elle pourrait faire payer à Grosse Brute son comportement indigne d'un gentleman (elle en était à s'imaginer les merveilleuses statues que pourrait donner le plongeon de GB dans une cuve d'argent en fusion) quand la démone sortit une fine lame.
Plus fascinée qu'autre chose, l'enfant se pencha vers le coutelas et l'observa dans ses moindres détails. Dieu était témoin, elle vendrait son âme (enfin, ce qui lui restait d'âme non vendue) au diable pour posséder un truc dans ce genre-là.


- Tu vois ta connerie? Hé bien maintenant tu vas aller la réparer... Grimpe!

Hein ? Réparer sa connerie ? Elle avait cassée quelque chose ? Elle mit un petit temps de trop à comprendre que la démone voulait récupérer ses poulaines mouillées ou vives. Et qu'elle lui demandait de grimper le long de la gouttière pour les récupérer. Bande d'ingrats. Après sa merveilleuse performance digne des Jeux Olympiques Moyenâgeux, il fallait qu'on l'envoie annuler son exploit. Horreur et damnation.
Prête à tout pour ne rien faire, Little Die planta ses yeux bruns dans ceux noirs de Sadnezz... et déchanta vite fait bien fait lorsque la démone la plaqua contre le mur, la main crispé sur ses cheveux, la lame appuyé contre son fessier.
* Aïe ! Ça coupe, c'te engin ! *


Grimpe ou je t'embroche ici et maintenant.

Tout compte fait, une petite séance de sport, ça n'avait jamais fait de mal à personne, non... ?
Jetant un regard noir à la démone, Little Die empoigna une maigre prise et commença son ascension, la gorge légèrement nouée, et pas très rassurée, il faut l'avouer. Mais sa fierté l'empêchait de redescendre et de pleurnicher. Elle récupérerait les poulaines, coûte que coûte, et rabaisserait son caquet à la démone.
Grimper le long du mur fut plus difficile que prévu, et elle tomba dès le premier mètre parcouru. Ignorant superbement le regard de Sadnezz, elle ré-empoigna une légère estocade dans le mur, et se remit à grimper. Cette fois-ci, elle glissa le long des pierres dès la première grimpée.
Son manège recommença une bonne dizaine de fois, mais hors de question de s'avouer vaincue. La démone avait une lame, les poulaines étaient en haut, et elle devait les récupérer... Pfff, la prochaine fois qu'elle voudrait en mettre pleins les yeux aux adultes, elle choisirait un vieux pépère sénile et handicapée. C'est moins dangereux.

Elle en était à son cinquante-quatrième essai lorsqu'elle réussit à trouver un chemin plus sur.
Ignorant pour la énième fois son fessier endolori et ses pieds couverts de griffures saignantes, elle glissa les dits-pieds dans une fente du mur, et s'acharna à se hisser. Cette fois-ci, elle parvint à grimper le long du mur jusqu'à sa moitié. Réprimant un cri de joie qui se serait bien vite transformé en hurlement de terreur en voyant le vide sous elle, elle se mit à étudier le restant du mur à escalader. Il n'y avait plus aucunes prises, et la prochaine fenêtre était à plus de dix centimètres au dessus d'elle.
Tentant le tout pour le tout (de toute façon, elle tomberait dans les deux cas), Little Die s'arracha à ses appuis et tenta de se propulser vers l'appui de fenêtre. Évidemment, cela ne se passa pas tout à fait comme prévu : pour cause, elle rata l'appui de fenêtre décidément trop glissant, ne réussi pas à se rattraper et... tomba.

Vous êtes certainement déjà tomber, oui ? Alors passons les détails horriblement ennuyeux de la chute. Oui, elle fut longue. Oui, elle fut atroce. Et surtout, oui, elle fut douloureuse. Surtout à la fin.

Les larmes lui piquaient les yeux, pourtant, elle les refoula. Hors de question de pleurer devant Elle ! Little Die se contenta de serrer sa cheville en se mordant les lèvres jusqu'au sang afin d'atténuer la douleur. Ce qu'elle réussit à faire vu qu'un filet de liquide rouge tomba de son visage pour dégouliner sur le reste de son uniforme. Mais sans que l'horrible sensation de brûlure qui se répandait désormais dans tout son corps ne cesse.
* Alors là, si je me suis cassée quelque chose, je jure de ne PLUS JAMAIS envoyer de poulaines aux endroits irrécupérables. La prochaine fois, je me contente de les balancer dans un tonneau de bière... * se jura t-elle en tentant de se relever sans succès.
Comme si ça ne suffisait pas, il fallait maintenant qu'elle dépende de la Corleone. Suuuupeeerrr !!!

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Sadnezz
Sad ne se priva pas d'afficher un sale sourire à chaque chute de la môme, qui à sa grande surprise était plus fière que réfléchie. Pour une fois qu'elle lui trouvait autre chose qu'un défaut. Lorsque la gamine resta cul au sol en se tenant la cheville comme Sad s'était tenue la main plus tôt, la Corleone rangea son air satisfait pour balancer avec dédain un:

Tsss.. Petite joueuse.

Hé hop, un petit coup dans l'amour propre au passage. Reprenant une grande inspiration lasse, la Corleone empoigna Little Die par la nuque pour la tenir en son joug sans plus prendre de risques. Elle ne résista pas à l'envie de lui coller une bonne baffe qui claqua sur le dur de sa caboche mal peignée.

Debout. Avanti!


Il était temps de ramener sa monnaie d'échange mi rousse mi blonde à pont port, à savoir chez la vieille fille de dieu. Elle pressa le pas, la mioche tenue bien en avant et la lame toujours près de sa culotte. C'est pas comme si cent écus ne dormaient pas dans un coin à l'attendre sagement... La petite comédie avait assez duré, elle y avait laissé des écus, des poulaines et de la patience, gagnant une morsure et un marathon... La none paierait cher son silence, la gosse était complètement tarée. Elle s'était bien gardée de le lui dire.

Marchant d'un pas décidé, elle prit le chemin en sens inverse faisant exprès de temps à autre de serrer le petit cou de la diablesse. La taverne fut en vue rapidement, la boucle allait être bouclée et Sad rentrerait paisiblement au bercail, sous en poche. La taverne avait désemplit et lorsqu'elle foula son sol sale, il lui sembla que des regards curieux avaient trouvé leur nouvelle attraction. Le duo improbable. C'est que la none avait un peu décuvé... Tapant d'une main ferme sur le bois de sa table, la Belladone prit un malin plaisir à la sortir de sa torpeur vaporeuse. Relevant le menton et avançant la gamine sous son nez, elle la toisa.


C'est bien ça?


Petite secousse à la mioche comme s'il s'agissait d'un vulgaire objet perdu.

Allez, files moi de l'écu qu'on en finisse. T'as déjà de la chance de pas payer un supplément pour cette punaise.

La prochaine fois que la petite fuirais, la none ferait bien de s'en trouver ravie au lieu d'essayer de la récupérer...
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Désire ce que tu ne peux posséder. Désire moi.
Little_die
    [Retour au point de départ. 'fin, on essaie.]


Bon. En cas de problème, il fallait toujours évaluer la situation pour trouver le moindre petit échappatoire. Donc, récapitulons :
Son bourreau avait un poignard. MAUVAIS. Elle boitait, et s'était certainement cassée quelque chose. MAUVAIS. Sœur Margot lui ferait payer au centuple sa fuite. TRÈS TRÈS TRÈS MAUVAIS. Oh, non, elle n'avait pas peur de la nonne. C'était ses baffes qu'elle craignait.


- Tsss.. Petite joueuse.

Mince, elle détestait cette voix d'avance. Petite joueuse... Savait-elle, au moins, la démone, qu'elle n'avait plus que le jeu ? Et petite, elle l'était. En taille, et certainement dans la tête aussi. Mais on se console comme on peut, non ? Y'a des gens plus mal lotis qu'elle.

La Corleone la saisit par la nuque, et la baffa avec une violence rare qui envoyer valser ce qui lui restait de cheveux bien en place. Un instant, la tentation de voir la tête de Sœur Margot quand elle la verrait remplaça la douleur.


- Debout. Avanti!

Un court moment, elle voulut demander "Où ?". Un court moment seulement. Elle se contenta de garder les lèvres bien serrées et de guetter la moindre occasion de se libérer. Occasion qui ne venait pas. D'ailleurs, où irait-elle avec une cheville en compote ? Certainement pas très loin. Elle serait vite fait rattraper par son bourreau.
Un petit éclair de lucidité parvint soudainement à se frayer un chemin jusqu'à sa conscience embrumée par la douleur. En général, les adultes se contentaient de lui foutre une bonne raclée avant de la laisser dans une ruelle sombre. Celle-là, au contraire, l'entraînait elle ne savait où.
Pas de doute possible, y'avait Sœur Margot derrière, car ce n'était certainement pas par affection que la démone ne la lâchait pas.

Enfin, après une marche douloureuse pour son cou, Sadnezz l'entraîna dans une taverne. Une taverne ? Depuis quand Sœur Margot trainait t-elle dans une ta...
La fin de sa pensée se perdit en route, quand elle aperçut la nonne. Non... ? Ça ne pouvait pas être...
Un rire moqueur franchit le barrage de ses lèvres, sans se soucier de la Corleone qui s'approchait. Décidément, si même les nonnes se mettent à boire, où va le monde ?


- C'est bien ça?

***
***
***

Margot releva la tête de son énième chope de bière et lança un coup d'œil à la mioche que tenait Sadnezz. Elle eut envie de crier "Nooon" en se rendant compte qu'il s'agissait bien de Little Die. Bon sang, elle peut pas finir dans une ruelle égorgée, cette gamine ?!

- Heu... elle était mieux coiffée... *hips*... mieux vêtue... *hips* et... *hips* moins sale... répondit difficilement la nonne en avalant une goulée de bière.

- Allez, files moi de l'écu qu'on en finisse. T'as déjà de la chance de pas payer un supplément pour cette punaise.
- Écu... quels écus... ?


***
***
***

Little Die avait une irrépressible envie de rire. Pas un rire de joie, non, mais un rire bien moqueur, sarcastique, qui donnerait envie de vomir à la nonne.
Une récompense, donc, c'était ça ? Évidemment, la Corleone n'avait pas la tête d'un bon samaritain. Mais le plus cocasse, c'était qu'elle, elle savait très bien que Margot n'avait pas le moindre sous.
Devait-elle... Non, ce n'était pas raisonnable... Allez, pourquoi pas ?
Elle prit la parole. La première fois depuis des années. Sa voix était certes rauque, mais forte, et une intense satisfaction y perçait. Satisfaction que certain appelleraient du sadisme...


- Combien ?

Combien pour ma... "capture" ? Parce qu'au cas où vous l'auriez oubliée, Sœur Margot est une nonne... Et les nonnes ont rarement d'argent...


Le "Sœur Margot" était prononcé avec un mépris glacial, et le mot "capture" était quelque peu hésitant.
Elle repris en appuyant bien sur les syllabes histoire de se faire comprendre de la Corleone, car c'était bien à la Corleone que Little Die s'adressait.


- Vous l'aurez compris, cette serpillère délavée qui se prétend nonne est fauchée...
To-ta-le-ment fau-chée.


Un sourire moqueur s'afficha sur les lèvres de l'enfant. Qui dit arnaque dit grabuge, et qui dit grabuge dit possibilité de fuite...
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Sadnezz
ricanement lâché, quel humour.

C'te petite drôlesse.


Regard plus appuyé à la none. Ha. Mais elle plaisante pas la bigote. Comme une étincelle qui illumine les onyx bruns tout à coup... Son poing s'abbat lourdement à coté de la main de la soeur sur la table, faisant trembler les cadavres de chopes.

Comment ça "quels écus?"

Comment ça sans le sou? Son air se fait menaçant presque instinctivement, babines retroussées et tout crocs sortis. La gamine vient enchérir histoire de jeter de l'huile sur la Sad... D'un geste sec, la Corleone lui fait ravaler son sourire et revient à la femme. La nervosité diffuse dans les moindres expressions de la Belladone trahi son impatience et son envie de lui mettre la main dessus. Mais toucher aux ouailles du Stote porte malheur, du moins la brune le pense.

Tu m'as dis 100 écus pour cette diablesse et maintenant tu joues!!? Ha tu veux jouer...


Comme une poupée de chiffon la gosse est tirée vers l'arrière, et la belladone retourne d'où elle vient. Rugissant son fiel, elle ne jette même pas un dernier coup d'oeil à la bougresse et lâche avant de sortir de la taverne:


Pas d'écus, pas d'punaise! Remercie ton Tres Haut, la prochaine fois je m'arrêterai pas au fait que tu porte la soutane espèce de chiabrena!

Bien qu'il n'y aurait pas de prochaine fois, l'idée d'avoir fait tout ça pour des paroles en l'air lui arracha un grognement de rage. Elle se défoula un peu sur la môme, la trainant comme un sac de navet jusqu'à ce que lassitude s'en suive. Direction: bercail.

Tout comme les poulaines avaient été malencontreusement perdues, tous les coches à proximité de la taverne partirent malencontreusement en fumée...

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Désire ce que tu ne peux posséder. Désire moi.
Little_die
    [Comment échapper au couvent et aux nonnes et s'en mordre les doigts]


- Comment ça "quels écus?"

Ok, mission réussie. La démone est fâchée. Dans deux-trois minutes au moins, elle la lâchera afin de se défouler sur la pauvre Margot. Cela dit, Little Die ne va pas la plaindre, hein. Une nonne, ça ment pas, elle ne fait que récolter le fruit de son funeste péché.
Mais non, Sadnezz ne la lâcha pas. Elle la tira en arrière avec une force qui lui donna envie de hurler : J'suis pas un sac à patates ! Et alors que la Corleone aurait dû la lâcher afin de donner deux-trois baffes à la religieuse ivre, elle se contenta d'abattre sa main libre sur la table et d'envoyer la nonne aux diables avec un grand "PROCHAINE FOIS" et quelques menaces qui eurent tôt fait de réduire ce qui restait de dignité à Margot en résidus de poussière.... pardon, d'alcool mauvais.
Puis, comme prise d'une soudaine bienveillance, Sadnezz se retourna et commença à s'avancer vers la sortie, la traînant derrière.


- Pas d'écus, pas d'punaise!*Hein ?! Comment ça, pas de punaise ? Elle va m'égorger, la diablesse ? Et m’abandonner au fond d'une ruelle ?* Remercie ton Tres Haut, la prochaine fois je m'arrêterai pas au fait que tu porte la soutane espèce de chiabrena! *Heu, moi, j'serais pas contre le fait que tu lui règle son compte tout de suite plutôt que la prochaine fois...*

Sadnezz ne lança même pas un regard à la nonne que déjà, elle s'éloigna... et Little Die avec, tirée en arrière vers quelques obscures destinations. Evidemment, la démone prenait un malin plaisir (du moins le soupçonnait-elle) à choisir les chemins les plus irréguliers histoire qu'elle en pâtisse. Une punition pour sa résistance ? Mais qu'est-ce qu'elle avait fait, corne du diable ? C'est quand même pas si grave que ça de mordre la main d'une parfaite inconnue, de voler des poulaines et de bousiller les dits-poulaines tout ça en dix minutes top chrono !
... Si ?
Bon, pour son "hôte", cela devait être vraiment grave vu la façon dont elle la tirait sans ménagement par le col de ce qui lui restait de robe. Et ses gémissements de douleur ne semblait pas l'attendrir. Bien au contraire.
*Mais pourquoi elle prend pas de coche ?*
Regard lancé aux différents véhicules qui passaient à coté et qui se retrouvait miraculeusement avec deux ou trois roues sciées et un cheval hors d'usage en quelques secondes. Bon, d'accord. Pas de coches. Après tout, elle devait sans doute bien l'avoir mériter avec le coup des poulaines.


- Tu m'emmènes où ? finit-elle par demander. Non, par que si tu comptes me tuer pour te débarrasser de moi vite fait bien fait, dis-le, histoire que je recommande mon âme à Aristomachin, hein.

Le tutoiement était venu naturellement. Ultime provocation d'une enfant aux fesses endolories par les rues bosselés. Chacun se défend comme il peut. Chacun pour soi, et personne ne s'est jamais plaint, qu'on se le dise.
Little Die n'attendit pas la réponse et tenta de se relever afin d'échapper à la Corleone. Mais en général
Cheville inutilisable + empoignade féroce par une démone donne rarement= Fuite dans les règles de l'art.
Énième soupir ennuyé et endolori.

Comme quoi, on peut échapper à ce qu'on croit être une pire calamité et regretter d'être parti lorsqu'on en trouve une autre...

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