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Quand le coeur se fait trop lourd

MarieAlice
Passage rapide à Limoges. Un de plus.

Sentiment que sa vie n'était plus que cela désormais, une succession de passage de villes, de départs plus ou moins rapides, de crochets, de détours. Et qu'à force elle s'était perdue en chemin. Qu'ils s'étaient perdus serait d'ailleurs plus juste, plus proche de son ressenti, de ce poids qu'elle trainait déjà depuis quelques temps.

Maintes fois on lui avait demandé ce qu'elle avait à ainsi être toujours d'humeur sombre, et lui plus que tout autre. Et à tous elle ne pouvait que répondre qu'il n'y avait point d'aide à lui donner, que la solution viendrait d'elle seule. Mais aucun ne comprenait, tous voulaient aider. Certes ils étaient inquiets, se sentaient impuissants, et détestaient cela autant qu'elle, seulement le résultat était au final le contraire, l'énervant et l'épuisant à toujours répéter la même chose.

La décision, elle l'avait enfin prise, ne se sentant pas soulagée pour autant ou du moins en partie, sachant que ce qu'elle lui restait à faire, était sans nul doute le plus dur. L'affronter, son regard, sa peine, ses questions.

Elle poussa la porte de la bibliothèque, entrant à la suite et le trouva assis au bureau, sans doute à relire quelques parchemins pour la Confrérie. Elle resta là à l'observer un moment, le regardant écrire, un rayon de soleil jouant avec une mèche rousse de sa chevelure, ses longs cheveux que ses doigts avaient si souvent parcourus. Un soupir.


Flaiche?
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Flaiche
Limoges.

Flaiche était rentré quelques temps plus tôt, avec Seleina et Arthur. Enfin il avait retrouvé son chez soi qui lui avait tant manqué. Pas qu'il s'attachait vraiment au Limousin, non, c'était plutôt le contraire même. Trop de querelle, trop de paroles mesquines et vindicatives les uns contre les autres. Il avait eu besoin de partir, tout comme Marie, même si celle ci semblait encore plus profondément affectée que lui.
Il fallait bien dire que si lui avait fait un peu de politique, elle s'y était impliquée pendant chaque jour de sa présence, qu'elle fasse partie ou non d'un conseil. Elle avait toujours été là, pour les autres, pour le comté, pour renaissance même, bien plus que certains égocentrique puérils ne l'avaient laissé entendre.
Combien de fois lui avait il dit de ne pas donner trop, de ne pas faire tout cela à ses dépends, car elle était comme cela, donner, donner, donner, toujours plus, même lorsque cela risquait de la perdre elle même.

L'architroubadour soupira. Aujourd'hui encore, le Limousin n'était que querelles intestine autant que stériles, et il comptait bien éviter de s'en mêler une fois de plus. Tout ce qu'il voulait, il l'avait. Une famille, des amis fidèles, un espace de création qui, même s'il ne fleurissait pas comme il l'aurait voulu, continuait à survire malgré les stigmates du passé.
Il avait retrouvé une sorte de seconde famille dans la Licorne, et malgré un retour difficile, il s'y sentait désormais bien, et désirait y évoluer avec le temps et son implication sans faille.

Il se sentait bien chez lui, entouré de ses amis, ceux en qui il avait pleine confiance. Et ceux qui avec le temps, gagnerait celle ci.

Seule ombre au tableau, l'état de Marie l'inquiétait. Son moral ne semblait pas s'améliorer avec le temps, elle paraissait depuis des semaines triste et perdue. Rien, il ne pouvait rien faire, que constater, malgré sa volonté d'aider, de la serrer contre lui. Il osait tout juste s'approcher, ne voulant l'ennuyer. Cela lui pesait de ne rien pouvoir faire, il n'aimait pas la voir triste et il fallait bien reconnaitre qu'elle lui manquait terriblement. Son sourire, les baisers volés, leur complicités et leurs jeux....tout cela semblait si loin.

Elle devait arriver aujourd'hui à Limoges, il espérait donc qu'un retour aux sources pourrait lui faire du bien, cela dit il en doutait fortement.

Il soupira a nouveau, se replongeant dans la lecture de son parchemin pour chasser ces pensées sombres. Il ne l'entendit pas arriver, déjà complètement absorbé par sa lecture.

Le son de sa voix le tira de son parchemin. Il le va la tête et sourit, scrutant le visage de sa belle pour y déceler l'humeur du moment. Pâle, et triste. Le Limousin n'y avait donc rien changé...cela ne le surprenait guère, d'après ce que lui même avait vu, ce devait être même plutôt le contraire. Il ce leva et vint l'embrasser, posant ses mains sur ses bras comme pour la soutenir, ne se séparant pas de son sourire.


Oh ! Bonjour amour ! Vous êtes bien arrivés ? Cela fait longtemps que vous êtes là ? Tu désires quelque chose en particulier ? Un bain, à manger ? Te reposer un peu ?
MarieAlice
Il s'était levé à peine l'avait-il entendu, se dirigeant vers elle tout sourire, pour l'accueillir. Elle n'avait pas manqué de remarquer son regard sur elle et se doutait que sa mine ne devait pas le rassurer plus que cela.

Un baiser, puis une avalanche de questions et une Marie de moins en moins à l'aise.


Bonjour Flaiche. Je veux bien boire quelque chose oui, quelque chose de fort même.

Quelques pas pour se placer devant la croisée et regarder le parc, se donner une contenance qu'elle sentait s'effilocher sous ses yeux et son amour.

Pour le reste, j'y songerai plus tard mais merci de t'en inquiéter.

Nous sommes arrivés ce matin et nous repartons ce soir comme tu le sais puisque nous voici à nouveau en mission.


Léger soupir à ces mots. Missions oui, elle en avait perdu le compte depuis quelques temps et n'était pas dupe d'une des raisons qui faisaient qu'elle les acceptait voire même se porter volontaire. A toujours courir on avait guère le temps de penser à autre chose que l'instant présent ou le futur proche. Nulle question à se poser la plupart du temps, suivre voilà tout.

Le paysage devant elle, enneigé, sans doute pour peu de temps encore, la plongeait un peu plus dans ses pensées, laissant divaguer son esprit au gré des souvenirs qui s'y trouvaient dissimulés.

Eymoutiers. Cadeau de Nicotortue puis de Rochegarde, l'ancrant en Limousin alors même qu'elle allait le fuir, les fuir tous. Pour mieux se retrouver? Jolie illusion.

Comment trouver les mots pour expliquer l'inexplicable? Comment faire pour planter un couteau dans un coeur qu'on aimait encore malgré l'éloignement, les différences, les aléas? Comment faire pour ne pas se haïr? Non cela elle savait parfaitement que c'était trop tard. Voici longtemps qu'elle se haïssait, s'évitant le plus possible. Et pourtant...


Flaiche, il faut que je te parles. Je pense que tu devrais t'asseoir et te servir un peu d'alcool toi aussi.

Droit au but, sans doute le plus simple, et les fioritures n'allaient ni à l'un ni à l'autre, ne leur ressemblant pas. Demi-tour pour le regarder, pour fixer cet homme et tout ce qu'il représentait avant de planter la lame.
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Flaiche
Ton de la voix qui confirme les soupçons liés à sa mine sombre. Un verre d'alcool, d'alcool fort. Violette pour la dame. Elle devait en avoir bien besoin.

Corps qui se détourne, s'éloigne un peu, pour regarder au loin, dans le vague. Sans doute ne regardait elle même pas, simple couche superficielle passant devant ses yeux. Flaiche savait l'esprit de Marie occupé à tout autre que la contemplation de ce qui était ses terres.
Autre chose.....mais quoi. Il aurait donné sa fortune pour savoir ce qui hantait cette tête si familière, ce qui rendait si triste ce visage tant aimé.

Que ce passait il donc dans les méandres sombres de son esprit. D'un caractère gai, rieur libéré, il n'aimait pas voir ce genre de voile recouvrir corps et coeur de ceux qu'il aimait. Il avait apprit à combattre la maladie. Il avait appris à gérer les petites peines du quotidien en apprenant à écouter, comprendre, conseiller les divers membres de la confrérie, et parfois ses amis. Il avait parfois braver la mort, par amour. Amour pour elle.

Pourtant aujourd'hui tout son savoir, tout son vécu restait impuissant face au mal qui rongeait à petit feu celle qu'il avait toujours aimé. Celle qui malgré les embuches, avait finit par accepté d'être sa femme, celle qui lui avait donné plus que tout autre. Une famille. Noyau dur dans un coeur de poète, il chérissait cette famille plus que sa propre vie. Elle en était le maillon le plus important, celui par qui tout avait été possible. Il fallait aujourd'hui le consolider, le soutenir.....mais comment ?
Même elle n'avait pas les réponses. Le temps, encore une fois, devait faire son oeuvre.

Nouveaux mots qui s'échappent de sa bouche. Mauvaise nouvelle. A n'en point douter, il n'allait pas apprécier ce qu'il allait entendre. S'asseoir, prendre une verre...mauvais présage, peu de chose en somme si l'on considérait la peur qui venait de l'étreindre, tel un frisson glacé remontant sa colonne en le traversant de toute part. Calmer la panique qui tentait de prendre possession de lui.
Que lui arrivait il donc ? Reprenant le contrôle de ses émotions, il servit un verre de violette à Marie et lui apporta, il revint à la table, prit la bouteille au liquide verdâtre et peu engageant et s'en servit un verre. Il s'en retourna alors derrière le bureau, suivant les instruction de son épouse en s'installant dans le fauteuil.


Bien.....je t'écoute. Qu'as tu d'aussi important à me dire ?
MarieAlice
Prendre le verre tendu, empli de cette liqueur qui partout la suivait, donc la couleur et le parfum la représentaient si bien en tout temps et tout lieu, y plonger son regard puis ses lèvres pour y puiser la force nécessaire.

Comment pourrait-il lui dire tout cela, sachant les ravages engendrés par cette décision? Comment supporter de le voir s'effondrer? Même si elle savait avoir raison au fond, il restait... Flaiche... Son Gardon. Unique poisson médicastre, unique indéfectible soutien contre vents et marées, bras tendus quand elle tombait, épaule quand elle pleurait, aimant, amant quoi qu'elle ait pu faire. Alors pourquoi?

Parce qu'elle n'était point aveugle, parce qu'elle savait que même s'ils étaient si proches, ils ne cessaient de s'éloigner, chacun plongé dans ses occupations. Que partageaient-ils désormais réellement ensemble? Une couche? Depuis qu'elle allait mal non, même plus cela. Et elle ne pouvait que le remercier de cette attention de plus. Oui de plus, parce qu'elle aurait pu difficilement dire qu'il n'était pas attentionné. Il l'était, dès qu'ils étaient ensemble. Et c'était plutôt là que le bât blessait. Combien de fois l'avait-on cru célibataire à force de la voir en permanence seule? Elle en avait perdu le compte et n'était plus étonnée ni blessée à force. Comme elle disait souvent, tout était question d'habitude.

Une gorgée d'alcool, liquide brûlant sa gorge, puis elle ouvrit enfin la bouche.


Je m'en vais Flaiche.


Direct, sans doute la meilleure solution après tout.
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Flaiche
Assis dans son fauteuil, sirotant son verre lentement d'un oeil scrutateur, Flaiche ne pouvait que constater le trouble qui semblait agiter un fois de plus l'esprit de son épouse. Une fois de plus, et toujours une fois de trop.

Parfum de menthe qui gagne sa bouche, forte, fraiche. Force de l'alcool qui distille sa douce chaleur. Alcool artisanal, né des petites expériences médicales du gardon. Peu apprécié vu la force du breuvage, relevé par une pointe de poivre lui donnant corps.

Questions qui s'enchainent dans la tête du médicastre, peut être autant que dans celle de sa femme, lui faisant face. Souvenirs qui remontent, les peurs, les angoisses. Les discussions avec elle, avec Seleina, sur le même sujet.
Les paroles qui avaient suivi, son amour pour elle, son amour pour lui. Angoisses qui avaient été enfouies...mais qui restaient bien là. Elles l'avaient toujours été.
Mais le mal ne provenait pas de la, il le savait en partie. En partie seulement.

Bah ! Chasser les angoisses, une fois de plus. Attendre qu'elle parle, que les mots sortent. Il espérait au fond que la discussion ferait mal, et ferait ressortir ce qui la rendait sombre depuis des semaines. un mal pour un bien. Des larmes, de la douleur....pour un sourire. Aristote savait combien il en avait envie, combien il souhaitait revoir la joie, le rire, le bonheur sur les traits de celle qui partageait sa vie depuis si longtemps, depuis tant d'année dans son coeur.

Les paroles tombèrent, tel un couperet, mettant fin a toute réflexion autre que celle qui suivrait la réaction aux mots prononcés.

Elle partait. Cela il le savait. Il partait lui même, étant en mission pour la Licorne. Alors quoi ? Avait elle déjà oublié qu'il y avait fait son retour récemment, la confrérie nécessitant moins de son temps, ne courant plus le risque de s'écrouler même si pas aussi vivace qu'il l'aurait souhaité. Réaction


Eh bien je sais oui, je te signale que je suis Licorneux aussi. Enfin je veux dire que j'y suis.......

Arrêt brutal. Les mots, après ces instants d'incompréhension, avaient finit par être compris, intégrés. Couleurs qui s'échappent, sensations de froid que même l'alcool ne parvient à éteindre. Pâleur mortelle. Regard qui se fixe dans le sien. Peurs et angoisses qui ressurgissent instantanément, tel un coup de fouet mental, vif, douloureux, tétanisant.

Regard qui se fixe dans le sien. Aucun doute maintenant. Verre qui se lève, se vide d'un trait. Chercher la bouteille du regard...besoin de force. Maudire sa bêtise de ne pas l'avoir prit avec lui, de ne pas avoir comprit assez tôt. Jambes en coton qui ne le porteront pas. Elle avait prévu cela, elle l'avait fait asseoir. Comme elle le connaissait bien....elle qui venait de lui planter sa lame dans le cœur, froide, insidieuse.

Retour du regard vers elle, lentement, voulant fuir, ne pas avoir comprit, ne pas avoir entendu. Toujours la même résolution dans les yeux de la jeune femme, teintés de souffrance cette fois. Elle sait. Son affolement, sa douleur, sa peur.....Elle doit le lire dans ses yeux, le ressentir au plus profond d'elle. Alors pourquoi ? qu'a t'il fait, qu'a t'il dit pour que sa morosité actuelle lui soit désormais destiné, tel une flèche frappant en plein centre, la mauvaise cible, déviée de sa course par un vent improbable. Incompréhension.


Marie.....amour......non
MarieAlice
De prime abord, il ne semblait pas avoir compris, prenant ces quelques mots pour leur départ commun vers la Guyenne, la mission de la Licorne et pour elle un voyage prévu d'avance, et qui, pour une fois, tombait bien.

Elle allait lui expliquer qu'il se trompait quand il comprit enfin. Nul besoin qu'il le dise, elle le connaissait si bien qu'il lui suffisait de peu pour connaître son humeur, ses envies. Et là.. Entre sa pâleur, son regard, son silence à peine rompu par trois mots qui lui percèrent le coeur tout autant qu'elle venait de percer le sien.

Elle approcha la bouteille, sa boisson qu'elle avait goûtée une fois, la trouvant trop forte en goût mais il était libre de l'aimer lui.

Quelques pas, liquide vert versé lentement dans son gobelet, pas trop, elle savait que l'alcool pouvait être une sorte de refuge quand on avait mal, mais aucunement une solution. Bouteille posée non loin de lui.

Maintenant...

Maintenant expliquer ses raisons, son choix, le long cheminement qui l'avait menée à cela. Bien sûr qu'elle en connaissait le résultat. La douleur qu'il ressentait, elle l'avait imaginée, la ressentait également. Oui, elle lui faisait mal, connaissait l'intensité de la douleur, cela faisait des jours, des mois qu'elle vivait avec. Se sentir sombrer, lentement, sans savoir à quoi s'accrocher, juste glisser lentement..

Combien de fois lui avait-il demandé ce qu'il pouvait faire? Combien avaient tenté de l'aider? Sa réponse était immuable. Personne ne pouvait rien sauf elle et tant qu'elle ignorait la solution, s'il y en avait une, impossible de faire quoi que ce soit.

La décision était finalement venue, sans qu'elle puisse dire que c'était forcément la meilleure. Mais au moins elle en avait pris une. Partir, quitter le Limousin, le quitter lui aussi même si elle continuait à l'aimer. Et les raisons elle les lui devait, leur devait.


Flaiche...

Elle s'agenouilla près de lui, n'osant le toucher encore, ancrant les noisettes dans le bleu des yeux du Gardon.

Je ne peux plus vivre ici, en Limousin. J'y étouffe, m'y sens mal. Voir ce qu'il devient, les voir ne plus pouvoir vivre ensemble sans s'écharper... Je n'y arrive plus.

Profonde inspiration, reprendre tant qu'elle pouvait, tant que sa gorge qu'elle sentait se serrer doucement pouvait laisser passer ne serait-ce qu'un filet d'air, que ses yeux qui commençaient à la picoter restaient néanmoins sec.

Je t'aime Flaiche mais je n'y arrive tout simplement plus. J'ai l'impression que nous sommes dans deux mondes séparés, différents même. Tu passes ton temps à la Confrérie, moi à la Curia. Je dois me rendre à des invitations, à des banquets, à des festivités, mais seule, parce que tout cela te pèse. Tu sais combien de fois on m'a demandé si j'étais célibataire?

Quand avons-nous partagé un moment à nous, quand sommes-nous ensemble, vraiment ensemble, avec un sujet qui nous anime tous les deux?

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Flaiche
Déplacement de la perce neige qui semble lire dans ses pensées. Juste Une fois de plus ce la dit, ils se connaissaient tellement que souvent les paroles étaient inutiles. Comment pouvait on en arriver la malgré une telle symbiose ? Qu'est ce qui pouvait détraquer si totalement la machine pour que d'un coup, tout s'arrête après un rodage et une optimisation de fonctionnement ? Des moments de doute, de douleurs....ils en avaient eu. Des bêtises, ils en avaient fait, comme tous. Une séparation même les avaient finalement rapprochés, leur faisant comprendre à quel point ils étaient liés l'un à l'autre, si semblable malgré leurs différences.

Alors quoi ?

Question qui restaient en suspens alors que, la main tremblante, son verre rencontrait une nouvelle fois ses lèvres, se posant sur celles ci et s'y pressant pour mettre une fin ponctuelle mais temporaire à ce phénomène désobligeant. Liquide avalé d'un trait. Verre reposé avec dans les yeux une lueur de désespoir. La chaleur éprouvée par la descente de la boisson n'était même plus d'un grand réconfort. Au contraire, il en aurait voulu plus, toujours plus, à s'en bruler le corps, le cerveau, et l'âme toute entière.

Oublier. Fuir. Faire disparaitre cet instant, cette angoisse lancinante, douloureuse, rongeant tel un tapis de braise, consumant à petit feu.

Elle lui avait laissé la bouteille...avait elle su lire aussi profondément en lui ?
Son nom prononcé. Simple surnom que tous utilisent, plus de sobriquet affectueux. Dieu que son nom sonne creux lorsqu'il sort de ses lèvres, au son de cette voix qu'il avait pu entendre des milliers de fois, entre larmes et plaisirs, entre murmures et cris.

Raisons qui se font jour. Le limousin. Ca, il comprenait. C'est comme si la peste avait marqué autant les corps que les esprits, et qu'une haine noire, profonde et sournoise, se déchainait sans relâche, faisant de simple maux des prétextes à des guerres intestines ne débouchant encore et toujours que sur pire que ce qui les avaient provoquées.

Soit. Mais cela n'avait cependant aucun rapport avec lui. Une nouvelle fois, alors quoi ?

Arriva alors le coup fatal, froid, intransigeant.

N'avait il pas voulu, désirer, espérer partager avec elle ? Il avait patienté, attendu qu'elle aille mieux, qu'elle semble se départir de son humeur maussade, ne désirant pas la gêner; Il aurait pu dilapider sa fortune, ses biens matériel, tout ce qu'il possédait pour lui rendre son sourire....seulement l'argent n'achetait pas tout. Il était don resté à l'écart de ses bras, de ses lèvres, de leurs jeux qu'ils appréciaient tant par le passé. Il aurait voulu travailler avec elle, trouver quelque chose qui les unissent un peu plus, quelque chose qui semblait lui manquer, mais qu'ils n'avaient su trouver.

Que répondre a tout cela ? Que dire lorsqu'on se sent impuissant, en tête à tête avec le vide, le néant, ce manque total de solution, d'idées qui auraient pu sauver....... trop tard.

Il fallait réagir, tenter de contrecarrer, de combattre, ne pas céder au trouble, à la peur, à la douleur.


Amour je ne désire que ça passer du temps avec toi ! Tu me manques et tu le sais ! Je te l'avais dit lorsqu'on suivait encore le cortège.
Et si on a pas réussit encore à trouver quelque chose qui me permette de partager ta vie, ton travail, on finira par trouver !
Je sais qu'on ne partage pas forcément tout, mais c'est ce qui fait notre différence, et puis on c'est toujours aimé malgré cela !
Regarde notre mariage ! N'a t'il lui même pas fait suite à une rupture, parce qu'on semblait s'éloigner l'un de l'autre ?
Ne pars pas sur un coup de tête, je t'en prie. Tu n'es pas bien et je le comprend, mais on est fait l'un pour l'autre. On se connait mieux que quiconque, sais ce que l'autre pense, ce qu'il ressent d'un simple regard....tu ne peux balayer tout ça !
Moi aussi je t'aime, je t'ai toujours aimé, t'ai attendu...malgré.....malgré....ne me fais pas revivre ça je t'en prie.


Mains qui se crispent, qui se serrent, yeux qui semblent fourmiller...d'un picotement caractéristique de l'assèchement du coeur, se vidant de son eau par ce que certains appellent les fenêtre de l'âme.
MarieAlice
Ne pas fléchir malgré l'envie de lui demander pardon et de rester là à ses pieds, de s'oublier totalement comme il lui arrivait de le faire, pour qu'il soit heureux de l'avoir près de lui. Parce que c'était ce qu'il voulait, la garder, l'aimer, faire comme si tout allait bien. L'aimer, parce qu'à ses yeux elle était celle qui était ce qu'il avait toujours voulu, douce et pourtant forte, libre, indépendante mais aimante, tendre. La mère, l'épouse, la maitresse, la complice.

Complices ils l'étaient, l'avaient été presque dès le départ d'ailleurs. Amis, confidents, amants... Toujours à lire l'autre sans faire d'effort, à deviner ses pensées d'un regard, à ressentir sa peine ou sa joie. Mais depuis plusieurs mois, même côte à côte, elle les sentait s'éloigner. Pas s'aimer moins non. Juste se perdre de vue, un peu plus chaque jour. Venir boire un verre avec les autres? Non il ne s'y sentait pas bien, pas à sa place, ne les connaissait pas. Il avait fini par passer un peu plus quand ils étaient à Vendôme puis quand Seleina les avait accompagnés. Une tête connue, un maitre troubadour, logique donc. Son monde à lui. Celui dans lequel elle avait mis un pied, tentant de mettre en mots les sentiments. A ses yeux bien sûr, elle était douée mais aux siens, elle se sentait étrangère, ne comprenant pas toujours de quoi ils parlaient, incapable de reproduire bien des défis ou des jeux.

Le poète et la politicienne... Cela aurait été certes grandement résumé leur couple à la base, réduire leur vie à deux fonctions. Pourtant, par moment, elle avait l'impression que c'est ce qu'ils étaient devenus, deux êtres s'aimant, vivant côte à côte mais se rejoignant de moins en moins.

Coup de poignard pour lui, le même pour elle. Le retour de la lame. Le premier passage? Celui de la décision qu'elle venait de planter dans son coeur. Le second? Et bien le résultat du premier.

Le voir s'effondrer, lentement, au fur et à mesure qu'il réalisait ce qu'elle disait, ce que cela impliquait, comme si chaque mot était affuté pour mieux l'atteindre.

Elle avait su que ce serait dur, avait maintes fois répété cette scène dans sa tête, mais c'était bien pire quand dans le pire scenario envisagé.


Je sais que tu veux tout cela.. Et nous l'avons fait en quelque sorte à travers ce voyage. Avons-nous été plus proches? J'ai la sensation que ce fut le contraire. Si proches et pourtant si loin.

Je sais que c'est aussi de ma faute, parce que mon humeur t'a fait prendre du recul, que tu t'es dis que j'avais besoin de temps, de calme, pas que tu sois là dans mes jambes.

Et je nous ai séparé un peu plus....


Larmes enfin, plus envie de les retenir, plus de raison non plus d'ailleurs. Juste une folle envie de prendre en elle ce mal qu'elle lui causait. Oh pour un bien dans son esprit, pour son bien même mais cela l'entendrait-il? Ou même voudrait-elle lui dire... Parce qu'elle l'avait observé avec Seleina et que si elle avait hésité, les voir ensemble n'avait fait que la conforter dans la pensée qu'ils seraient heureux ensemble.

Et le plus dur serait à venir quand elle dirait vers où elle partait.... Un coup de plus mais elle ne lui mentirait pas, elle ne l'avait jamais fait.

Je ne veux pas te faire revivre quoi que ce soit et c'est justement parce qu'on se connait par coeur que je sais que je ne te rends pas heureux.. Et je ne le suis pas non plus.

Tu m'as attendue, bien sûr. Tu vois bien que je ne sais que te blesser. Avec moi tu fuis, tu me vois m'éteindre et tu ne peux rien. Je ne veux rien balayer, juste vivre.... Là je me meurs, je t'entraine avec moi, je vous entraine tous.. Je le sais. Ne me dis pas le contraire.

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Flaiche
Le cortège....décidément il ne garderait de cette épreuve, car cela l'avait été pour lui, que très peu de bons souvenirs. Voyage qui s'éternise, ne jamais pouvoir s'arrêter assez longtemps pour apprendre à connaitre un peu les gens, arriver, découvrir partir, en moins de temps qu'il ne fallait pour s'en rendre compte.
Visages inconnus la plupart du temps. Ou visage qui se faisaient connaitre, un peu plus dans chaque ville traversée....mais toujours se sentiments d'être à l'écart. Il ne l'était pas par faute des personnes présentes, mais par ce qu'il était lui même, un inconnu dans leur monde, ou ceux ci ce côtoyaient depuis un temps certains, ou s'étaient développé les connaissances des autres, une camaraderie, une complicité....et parfois même un amour.
Mais qu'en connaissait il lui....


Non amour, la encore nous étions séparés. J'aurais du rester en Limousin, nous aurions eu plus de contact par courrier que durant tout ce sombre voyage. Nous étions là les deux oui, mais nous n'étions pas ensemble.
Je ne suis pas pour ma part un officier royal, ne sais rien ce et de ceux qui gravite autour d'eux, de la politique du royaume. Alors quelle que fut votre sujet de discussion, quelque soit la personne dont vous parliez, quelque soit vos allusions de taquinerie....je n'y entendais rien, n'y comprenait rien, n'y connaissais rien.
Comment voulais tu que j'apprécie dans ces conditions ? Comment aurais je pu ne pas me sentir à l'écart ? Alors non, le cortège était tout sauf un moment de partage.


Mains qui se crispent en entendant ses paroles....ne pas revivre.....ça...
Souvenir qui remonte, glacial. Grimace contenue. La douleur....sourde...intenable. Et la solitude. Le manque de gout pour toute chose, pour toute vie. S'il considérait cette dernière comme un don, qu'il n'attenterais jamais a la sienne pour autre chose qu'en sauver une autre, il était clair qu'elle pouvait être cruelle au delà de toute mesure, à faire trembler les mains sans relâche, a faire pleurer à se dessécher le corps d'une passion perdue.
Une fois même, il avait cru devenir fou.n L'enlèvement. Il n'avait plus repensé à ce jour depuis tant de jour...peut être même aurait il pu oublier...mais voila que toujours plus sournois, cet évènement venait le frapper au coeur. la rage monta en lui tel un flot se libérant de sa prison, la brisant net et se faisant violent, total, ravageur.

Lutter.

Pour ne pas laisser cette folie l'emporter, pour ne pas renverser le bureau dans un hurlement bestial.
Serrer son verre à en avoir les doigts blancs...a le faire éclater....mais ne pas céder. Regard fuyant, yeux qui se ferment, ne rien dévoiler. Envie irrésistible d'envoyer la bouteille se fracasser dans les flammes de l'âtre, de voir le feu consumer et consumer encore. Chaleur, cendres flammes et rugissement de folle satisfaction, de douleur lancinante...Purifier par le feu !
Froide inquisition brulant ces hérétiques !
Flaiche sursauta, reprenant ses esprits partit vagabonder sur les sentiers de la haine et de la démence, s'étonnant de sentir couler sur ses joues quelque chose d'humide....de sentir trembler ses mains... et non seulement celles ci mais son corps tout entier...Panique.
S'accrocher, désespérément, ne pas céder, ne pas la perdre.


Ne dis pas ça amour....je t'aime et suis heureux avec toi...tu n'entraines personne, c'est une passade, ça va aller mieux; il faut juste trouver comment...
Si je ne peux pas t'aider, sans doute....


Lumière qui se fait. Ses raisons n'en sont pas....bien entendu. Jusqu'ou la manipulait il ? Serait il la cause même de son mal...

Flux...et reflux. Nouvelle vague, nouveau vertige, nouvelle déraison.

On ne lui volera rien cette fois. Même s'il doit tuer. Tuer oui. Personne ne l'en privera cette fois. Sa vie seule était en jeu, il frapperait donc, froidement, sans relâche, frapper, frapper, frapper, toujours plus fort, toujours plus acharné, sentir la vengeance l'animer, se délecter de la douleur de ce démon, rire de voir la couleur de son sang, jaillissant toujours plus, à chaque coup....

Personne ne lui volera plus.

Elle n'a rien dit, mais il sait désormais. Regard qui ne masque plus rien de sa colère, digues ayant cédés sous le poids des flots incessants, sous leur force. Rire sardonique, malsain. Médicastre méconnaissable. Murmure presque inaudible.

Ainsi il estime peut être avoir gagné...

Plus fort, pour quelle entendent bien cette fois.

Je suppose qu'il n'est pas nécessaire de te demander où tu comptes partir...la bourgogne est sûrement une charmante région....
MarieAlice
Toujours à ses côtés, elle écoutait, attentive et pourtant lointaine, perdue entre leurs tourments communs, ceux qu'elle leur infligeait, ceux que le temps, le travail, leurs goûts leur avaient infligés.

Il pouvait nier avec énergie, elle devait néanmoins lui faire entendre raison avec la même force, elle le leur devait. Dénégation d'un signe véhément de la tête.


Plus proche par courrier? Tu sais bien que non. Voici longtemps qu'aucune missive ne passe de l'un à l'autre, même lorsque nous sommes séparés. J'y ai ma part, peut-être parce qu'à force de lire et rédiger des rapports, prendre ma plume même pour des messages personnels me paraît parfois bien difficile mais ce n'est point une excuse.

Se lever, se remettre debout pour continuer tout en restant proche, à portée de mains et de voix.

Tout ceci t'est étranger dis-tu.... Combien de fois ai-je tenté de t'expliquer avant d'y renoncer sachant que de toute façon cela ne t'intéressait pas? Ce n'est pas un reproche, juste une constatation. J'ai tenté de m'intéresser et de participer à la vie de la Confrérie mais ce que tu as ressenti lors de ce voyage, je le ressens là bas. Je ne m'y sens pas à ma place, au milieu de vous tous, n'arrive pas à participer à vos jeux.. Je...

Elle serra les poings, pourquoi revenir encore et toujours là dessus? Pour le convaincre? Pour se convaincre? Se trouver des excuses là où il n'y en avait pas? Se dédouaner?

Comment avaient-ils pu en arriver là... Si seulement elle le savait. Elle ignorait tant de choses et plus le temps passait plus elle s'en rendait compte. Tant de certitudes balayées d'un revers de main par une vie qui ne cessait d'avancer, se moquant des obstacles et des envies, des pensées et des espoirs.

Images inondant sa mémoire, se superposant.. Leur rencontre, leur amitié croissante, l'évidence se faisant petit à petit jour qu'ils n'étaient point que cela. Il avait bravé tant de choses pour elle, et la moindre n'était pas son entêtement. Et n'était-ce point celui de Flaiche contre lequel elle se battait?

Elle se tourna en l'entendant à nouveau et alors qu'elle allait répondre, le vit changer, son visage se fermant, son regard la clouant sur place, un rire qu'elle ne lui avait jamais entendu rompant le silence avant qu'il n'achève l'ouvrage par quelques mots. Nul besoin de lui dire, il avait compris aussi cela.

Que répondre à cela? Et pourquoi cette colère soudaine? Il ne l'avait nullement habituée à réagir ainsi, avec cette violence qu'elle devinait contenue mais pour combien de temps...

Nous y sommes passés au départ du voyage.

Se retenir, calmer le jeu alors qu'elle sentait monter sa colère à elle en réponse à la sienne. Se disputer n'était pas ce qu'elle avait voulu ni prévu et elle connaissait par coeur les ravages de la tempête qu'elle gardait prisonnière en elle depuis un long moment déjà.

Je suppose qu'il n'est nul besoin de te demander dans quels bras tu iras te consoler... La Touraine en produit de doux et blancs...

Trop tard, oeil pour oeil, dent pour dent. Noisettes à lueur verte se plantant dans l'azur assombri. Vent rugissant entre les murs de sa prison, cherchant l'ouverture, la fissure dans laquelle il pourrait s'engouffrer pour l'élargir et s'évader.
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Flaiche
Main qui se crispe de rage en entendant ses mots. Depuis le début donc, il s'insinuait, sournois et perfide, dans les méandres de son cœur qu'il avait finit par atteindre.
Il était désormais clair pour le médicastre qu'il était la cause de tout. Tout sans exception. L'humeur maussade, la tristesse, les souffrances. Occultant jusqu'aux évènements de Vendôme, la colère et la haine envahirent définitivement son esprit, rendant ce ''Lui'' responsable de maux qu'il aurait su en temps normal n'avoir rien à voir avec ce qui arrivait désormais.

Seulement voila, le temps normal n'avait plus cours. Pour la deuxième fois de sa vie en Limousin, Flaiche était devenu un autre, monstre de haine et de rancœur, violent et acerbe. Plus de gardon, plus de poète, juste un petit reste d'humanité tapie au fond de ce qui constituait une déferlante de rage, totale. Seule la lueur d'espoir qui lui était restée la dernière fois, et la volonté de vengeance avaient su ramener le médicastre à la raison.

Aujourd'hui, il ne semblait y avoir aucune once d'espoir. Juste la vengeance, froide, amère, envahissante. Cela dit, elle contrôlait déjà tout.
Colère transmise, se traduisant par une pique cinglante de la perce neige, le frappant de plein fouet.

Hurlement bestial, primaire, alors que ses mains agrippent le bureau et le jette à terre, renversant parchemin, verre et bouteille, encrier et plume, le tout se déversant sur le sol dans un fracas assourdissant.

Regard qui se fixe sur elle.


JE NE VEUX PAS ÊTRE CONSOLE !!! JE TE VEUX TOI !

Elle a bon dos la Touraine, elle sait s'effacer quand il le faut elle, elle ne tiens pas à s'imposer. Elle ne tente pas d'envahir, volant et pillant, et n'allant pas jusqu'aux limites l'impertinence en trouvant que les autochtones sont gênants !

Alors c'est ainsi que tu me vois désormais...un être sans cœur volant de femme en femme au gré de ses ''petits chagrins'', les utilisant comme de vulgaires objets et s'en séparant sans remord ?
Est ce que c'est lui qui te mets des idées pareilles dans la tête pour arriver à ses fins ? Ou peut être m'accuses tu de faire ce dont tu te sens coupable ?

Ah mais non suis je bête ! Il est vrai que je n'ai pas de sentiments moi, je fais tout par intérêt, dans la tromperie et le mensonge. Je fais tourner les têtes pour mieux m'en repaitre sournoisement, insatiable manipulateur ! Tu as mis le temps pour t'en rendre compte, j'ai connu plus rapide !!!


Serviteur qui entre à la volée, alerté par le vacarme provoqué par la chute du bureau. Regard du gardon qui se pose sur lui avec toute la force de sa colère, n'ayant aucun besoin de parler pour faire comprendre qu'il dérange. Ce dernier referme la porte prestement, affolé, et file à d'autres occupations sans demander son reste, faisant au préalable circuler le message qu'il y a de l'eau dans le gaz entre les maitres et que vu l'état de la bibliothèque le travail avait intérêt d'être fait et même mieux que jamais.
MarieAlice
Un hurlement, un bureau se retrouvant à terre dans un fracas de bois et de verre brisés, parchemins souillés, encre répandue au sol... Autant de signaux que chez lui le vent avait trouvé l'ouverture et soufflait désormais dans la pièce sans supporter le moindre obstacle.

Mots qui claquaient à leur tour, cris, phrases assassines, accusations. Un véritable déluge qui menaçait de les engloutir et pas d'arche ici pour sauver qui que ce soit.

Porte ouverte, sans doute par un serviteur, porte fermée aussi vite, nul besoin de poser des questions , la scène et le regard de Flaiche devaient être suffisamment parlant.

Poings serrés, ongles qui se plantaient dans les paumes, y dessinant des croissants de lune rougeoyant, noisettes devenues émeraudes, dernier coup de semonce de l'ouragan avant que les digues ne cèdent.

Regard se posant à nouveau sur l'encre qui lentement s'avançait vers ses bottes, se calmer... Se calmer... Se...


Envahir? Voler? Piller? Je suis soudain devenue ta propriété comme ce siège? Ces parchemins? Ce bureau?

A chaque mot, un doigt pointait l'objet en question comme pour mieux souligner ses dires. Elle leva à nouveau le regard en même temps que sa voix se faisait plus forte, blanche de colère difficile à contenir.

Et c'est ce que tu comptes me faire subir si je ne t'obéis pas Floryan? Me jeter au sol? Me piétiner jusqu'à ce que j'entende raison?

Quand ai-je dit que tu étais sans coeur? QUAND?!

Comment oses-tu salir ainsi ce que j'ai ressenti et ressens encore pour toi? Ce qui a donné vie à Maeve? Ce qui nous a uni? Quand ai-je porté à ton encontre une seule de ces accusations?


Un pas en avant, cuir se gorgeant de l'encre répandu, tremblante, le sang cognant à ses tempes.

Tu m'as vu me refermer jour après jour tout en luttant autant que je pouvais, pour résister, pour tenir, pour essayer de retrouver ce sourire que tu aimes tant. Je n'ai réussi qu'à m'enfoncer.

Nouveau pas, craquement de verres sous la botte.

Tu m'envoies tout à la figure et tu t'étonnes que je répondes? Mais bien sûr, seule moi suis la fautive, je n'ai jamais voulu que cela, te faire souffrir, te mettre plus bas que terre, t'enfoncer encore et encore...


Avancée jusqu'à rencontrer le bois contre ses jambes, bureau comme unique rempart entre les deux époux, témoin muet de la rare scène qu'il n'y ait jamais eue entre ces deux là. Si proches à ce toucher, si proches à se gifler, si proches et si loin...

Je pensais que tu me connaissais mieux que cela Floryan. Je ne t'ai jamais vu ainsi mais je sais désormais l'image que tu as de moi.

Quant à la culpabilité, tu m'as vue à Vendôme, malade d'être dans cette ville qui m'a fait perdre notre premier enfant. Malade d'avoir été la cause de tous ces morts, de toute cette folie. La culpabilité je vis avec depuis tant de mois, alors je t'en prie, fais-toi plaisir, déverse la tienne sur moi. Je ne suis plus à ça prêt.

Il n'a rien dit ni rien fait pour prendre ta place, pour faire ce dont tu l'accuses. L'ai-je souhaité? Oui tu penses bien. Je n'ai rêvé que de cela
, fait un geste de la main englobant la pièce, depuis ce 14 novembre.

Et puisque tu me veux moi...


Elle commença à délasser sa robe, ses doigts nerveux bataillaient avec les liens.

Servez-vous mon Seigneur et Maitre.
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Flaiche
Trembler de rage, yeux baissés pour ne pas voir sa provocation, poing qui se serre, faisant blanchir les doigts par la force de contraction. Sentir le sang battre dans ses veine. Contenir, contenir, contenir.

Fou. Les mots ne l'atteignent même plus, comme si les idées développées par la brune s'effilochaient pour se mourir à ses pieds. Bouillonnement intérieur. Lave, bile, brulure, venin, poison.
Mâchoire close, elle même serrée à en briser des os.

Rien ne subsiste du gardon. Il est un loup, pire même, car la bête tue pour se nourrir. Lui tuera par plaisir, pour voir souffrir, pour faire souffrir, entendre les suppliques de l'agonisant, s'en délecter, s'en repaître. Faire mal comme on lui a fait mal. Oeil pour oeil, dent pour dent. Arracher le coeur et le dévorer, le prendre comme un trophée et le dévorer, sentir le sang chaude l'organe finissant de battre couler le long de sa gorge et rire, mordre la chair et l'avaler tout rond.
Il serait le prédateur, plus jamais la proie.

Yeux qui se ferme, tête qui se penche un peu plus vers le sol. Sourire qui nait. Carnassier. Rire de gorge, tout intérieur mais audible quand même par la femme qui se tient à ses cotés. La connait il ? Qu'importe ! Elle est à, semblant le défier en s'offrant. Elle fera l'affaire. Elle sera parfaite même. Elle est loin de s'imaginer ce qui l'attend. Elle sera moins fière lorsqu'elle verrait son propre sang maculer sa robe, s'y déverser à flots.
Alors elle verrait son coeur, et la terreur la submergerait, dans un ultime soupire. Rien en serrait plus intense que cet instant.

La bête était entrée, tapie pendant tant d'années que son existence même avait été occultée. Qu'était elle ? Elle même n'en savait rien. Haine farouche tirée d'un autre temps, d'une autre vie. Sa vie d'avant. Enfouie dans un nuage de gris, étouffant, brulant. Elle était haine, et c'est tout ce qui comptait pour elle.

Mouvement enfin. Poing qui se détend. Dans quelques minutes, tout serait finit. Elle serait la première à tomber. La maisonnée suivrait. Tout disparaitrait dans un déluge de sang. Offrandes nécessaires pour sentir le pouvoir en lui, la puissance et la maitrise. Son pied de nez au destin. Il serait LE destin. Tout balayer, de quelques gestes, et ne laisser que poussière et fumée.
Il en sentait déjà l'odeur.

La fumée.......la fumée.....Panique.

Halètement. Suffocation. Poumon en feu.

Une présence. Une petite voix....si faible qui semble l'appeler au loin.

Une ombre. Peur. Tenter de hurler. Plus de voix, manque d'air. Voile.

Ne pas mourir.

Chute, choc, dur et froid. Reprise d'esprit.

Respirer !

Flaiche ouvre les yeux, prenant une grande respiration salutaire. Où est il ? Que se passe t'il ?

Surprise et effroi. Ses propres mains se dégage de son cou, douloureux. Il les regarde, perdu, ne comprenant pas.
Genoux au sol. perce neige penchée sur lui, visiblement inquiète.


Amour......qu'est ce qui se passe ?
MarieAlice
Fermée à tout ce qui l'entourait, concentrée sur sa rage qui pour l'heure se répandait dans ses doigts qui malmenaient les lacets de sa robe.

Chaque mot de Flaiche avait fait mouche, chaque regard de même, chaque geste... Pour chacun d'entre eux c'était une pierre de plus apportée au mur érigé, un peu plus de métal pour la gangue autour d'elle.

Furieuse, blessée, elle se sentait de plus en plus traquée comme un animal sauvage qu'on aurait tenté à tout prix d'enfermer. Grognements tandis qu'elle s'acharnait, tirant sur les liens à s'en rougir les doigts, voire se les couper. Ce qui fut fait dans les secondes qui suivirent, une perle de sang venant faire une tache vermeille au milieu de l'encre noire, faisant naitre des vagues. Oh, minuscules certes, mais qui en virent d'autres lorsque des gouttes suivirent la première.

Son regard se perdit dans la marée noire à ses pieds tandis que sa bouche se refermait sur la coupure, goutant le liquide salé, oubliant le bois brisé, les parchemins souillés, ses chausses se gorgeant d'ébène.

Aucune attention portée à l'homme en face d'elle, à celui qui avait tant représenter à ses yeux, qui comptait toujours même si elle avait pris conscience de la fin inéluctable de leur histoire. Ils en construiraient une autre, parce qu'ils seraient toujours liés quoi qu'ils fassent. Il aurait pu détruire pierre par pierre cette bâtisse qu'il n'en aurait point été autrement.

Et pourtant un son, un bruit de respiration difficile, étranglée la tira de la spirale de ses pensées, les noisettes se tournèrent vers lui pour le voir suffoquant, mains sur sa gorge, paniqué. Avec un air... Un air qu'elle avait déjà vu, qui lui vrilla le ventre, lui fit oublier sa colère, sa peine et se pencher au-dessus de lui, morte d'inquiétude.


Flaiche? Qu'as-tu? Que se passe-t-il? Qu'est-ce que tu faisais à t'étrangler?

Ses mains se posèrent sur celles de celui qui était toujours son époux, pendant qu'il leur faisait lâcher prise, le tirant vers elle pour qu'il se relève, chercha des réponses dans ses yeux.

JEAAAAAANNN!

Hurlement tandis qu'elle l'entrainait avec précaution vers un siège, l'y installait puis lui servait un verre de son alcool.

Porte ouverte à la volée, gargouillis émis sans doute dûs à la surprise de voir la pièce dans un tel état, vite rentrés dans la gorge du valet au vu des émeraudes de sa patronne.


Faites-moi porter un linge baigné dans de l'eau fraiche. Et propre bien sûr.

Main glacée venant se poser sur le front de Flaiche en attendant, geste de l'autre pour faire comprendre à Jean qu'il avait plus qu'intérêt à faire fissa, ses yeux se reposant sur le Vicomte, attendant une réponse.

Valet reparti, racontant entre deux courses à qui voulait l'entendre qu'un ouragan semblait avoir élu domicile dans la bibliothèque.

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