[RP] N° 86 : Presbytère de Bourganeuf

Un mois après son arrivée au seing du village limousin, la diaconesse était satisfaite de son ouvrage : la demeure était enfin présentable.

Le presbytère, déserté de tout habitant en l'absence de diacre ou de curé, avait vu la poussière s'accumuler dans les diverses pièces de vie, les toiles d'araignées tisser allègrement leurs toiles partout le long des murs, et mesme les rats et autres souris avaient fini par trouver un havre de paix dans cette maison silencieuse.
Eloin était donc restée quelques jours de plus que prévu à l'auberge, le temps de déblayer correctement au moins de quoi vivre proprement en attendant d'avoir pu tout nettoyer.

Le rez de chaussée de la façade donnant sur la rue était agrémenté de deux belles arcades, une double-porte permettant d'entreposer des marchandises se trouvant juste derrière le pilier sur lequel les deux arcs de pierre se rejoignaient. La moniale avait fait de cette cave l'écurie de son cheval, puisqu'elle n'avait pour le moment rien à déposer dans la pièce au sol de terre battue.
Dans un coin de la salle, un élégant mais étroit escalier en colimaçon menait au niveau supérieur ; et, à son exact opposé, un petit réduit abritait une cuisine éclairée par deux hautes et minces ouvertures vitrées.

A l'étage, elle avait fait de la triste et froide grande salle une pièce agréable, dont les murs étaient désormais dissimulés derrière de grands et larges draps de tissus teintés de couleurs pastel, qui ornaient auparavant la salle principale de sa demeure bordelaise, et qu'elle avait emportées avec elle lors de son départ. Cette salle serait celle de la paroisse, avec des tables d'études pour les pastorales des fidèles d'une part ; son bureau et une armoire d'autre part.

Enfin, sous les combles se trouvait le logement de la moniale : deux chambres de dimensions similaires ; plus une petite pièce dotée d'une cheminée en laquelle la frileuse qu'elle était passerait certainement les longues et fraîches soirées d'automne et d'hiver. La galerie, en revanche, agrémenterait les beaux jours, et elle ne manquerait point de s'y installer dans un fauteuil, lors des chaudes soirées estivales !

Pour le moment, assise à la table de travail, dans la salle de la paroisse, Eloin relisait le courrier reçu de celuy qui serait, sous peu, son frère par alliance.
Sa plus jeune soeur allait enfin prendre époux, elle qui avait tant souffert à cause d'hommes légers et irresponsables. Après le trépas de son frère et la santé déclinante de sa soeur cadette, le mariage de Marye redonnait le sourire à la chef de famille, tant les derniers moys furent durs et empreints de deuils...
_________________

Arrivée devant le presbytère, Merwyn frappe a la lourde porte de chêne.

Dame Eloin? Êtes vous la ?
_________________
)

Eloin poussa un soupir de satisfaction en posant sa marmite au dessus du feu, achevant ainsi la préparation d'un ragoût de porc qui la nourrirait durant quelques jours.

Elle oya toquer à son huis alors qu'elle quittait la cuisine, et rejoignit donc l'entrée pour accueillir son visiteur. Elle sourit en reconnaissant la tribun de Bourganeuf.

Bonjorn, donaiselà Merwyn ! Venez, entrez-donc ! Déclara-t-elle en s'effaçant pour la laisser passer.

Sa jument émit un faible hennissement en sentant une odeur étrangère, mais Eloin passa devant l'enclos de sa monture sans plus s'en préoccuper. Elle invita sa visiteuse à la suivre dans l'escalier, puys, lorsqu'elles parvinrent à l'étage, elle luy désigna la chaise face à son bureau.

Bien, maintenant que nous sommes au chaud, dites-moy ce qui vous amène, ma fille...
_________________

La porte s'ouvre sur la diaconesse qui la salue et la fait entrer.
La saluant respectueusement en retours, Merwyn pénètre dans le lieu.
Sur le coté, une monture se manifeste et la jeune femme tend sa main pour que l'animal puisse prendre connaissance de son odeur.
Suivant la religieuse, elles se retrouvent donc a l'étage et celle ci lui demande le but de sa visite.

Eh bien voila ...Je venais d'une part m'assurer que tout vas bien et que vous êtes bien installée et d'autre part vous parler des fêtes de fin d'année.
Le lieutenant Blaise et des membres de la maréchaussée sont en train de chercher et d'installer un sapin pour décorer la grand place. Comme je m'occupe aussi un peu de l'animation, j'aurais aimée savoir si vous aviez prévue quelque chose de spécial pour cette période.

En attendant la réponse, elle jette discrètement un œil a la ronde. L'endroit est simple mais chaleureux.
_________________
)

La moniale sourit devant la sollicitude de la tribun.

Je me portes fort bien, et, ma foy, je ne pouvais rêver mieux comme demeure qu'icelle ! Elle était fort poussiéreuse, mais je suys parvenue à la rendre convenable à mes attentes.

La diaconesse se retint de pousser un soupir en oyant sa visiteuse parler des fêtes de fin d'année. Dire que l'année serait bientôt achevée ! Il s'était déroulé tellement d'évènements durant celle en cours qu'elle ne l'avait vu défiler ! L'hiver l'avait surprise, elle qui d'ordinaire s'y préparait dès les premières pluies de septembre.

Et bien, j'ai coutume de célébrer une messe pour la Sainct-Noël, au cours de laquelle je lis l'hagiographie dudit sainct dans sa totalité aux fidèles, ce qui leur permet de mieux comprendre pourquoi nous faisons la feste le jour dit.
Cela dit... Peut-estre pourrais-je découper l'hagiographie en quatre ou cinq parties, ce qui me permettrait de partager la lecture avec quelques-uns des habitants de Bourganeuf... Songea-t-elle tout haut.

Elle se leva lors, et alla chercher un pichet qui reposait au dessus de la cheminée, maintenant le liquide contenu à une douce mais réconfortante chaleur. Elle le posa sur le bureau avec deux verres.

Voulez-vous un peu de vin chaud ? Je puys également vous proposer du lait frais...
_________________

La messe...Il est vrai que Merwyn ne s'y rend pas souvent, et encore, pas souvent est un euphémisme.
Perdue un moment dans ses pensées, elle ne remarque pas que dame Eloin s'est levée. C'est seulement quand elle reprend la parole que la tribun revient a la réalité.

Hm? Pardon... Un peu de vin chaud par ce froid serais le bienvenus, merci.

Pour en revenir au sapin et sa décoration. J'espère pouvoir compter sur votre présence. Vous aurez ainsi l'occasion d'annoncer votre messe et participer a la chaleur qui peu se développer entre les paroissiens a ce moment particulier.
_________________
)

Elle servit donc du vin dans les deux verres.

C'est du vin issue des caves de l'abbaye de Noirlac, sise en duché de Berry. Il n'a point l'exceptionnel goust d'un cru de Médoc ou de Bourgogne, mais il est fort agréable...

Elle porta le verre à ses lèvres pour en prendre une gorgée, avant de hocher la teste en signe d'accord.

Je viendrais avec plaisir assister à la décoration de cet arbre, je pense que ce sera une bonne occasion de discuter avec les habitants de Bourganeuf !
_________________

Merwyn en bois une gorgée et répond

L'abbaye de Noirlac, j'en aie entendue parler quand je me trouvais a Châteauroux. Mais ça remonte a un certain temps déjà.
Notre spécialiste des abbaye c'est Gueldnard. Enfin surtout de leurs caves je dois dire. Mais depuis qu'il est porte parole au conseil, on ne le vois plus guère a Bourganeuf....

Elle sirote doucement le breuvage chaud en pensant a ceux qui ont quitté la ville.

Bref..
Je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps et vais donc m'en retourner a mes affaires.
Je vous remercie de votre accueil et vous dis a bientôt au pied du sapin.
_________________
)

Les abbayes sont souvent connues tant pour leur spiritualité que pour la qualité de leurs vins ! Répondit-elle dans un sourire amusé. Ainsi vous avez vécu en Berry... Quelle est la raison qui vous poussa à quitter ce duché ? Questionna-t-elle, avant d'ajouter prestement.Vous n'estes point obligée de me répondre, il est des moments où je suys fort curieuse !

Elle secoua la teste en la voyant se préparer à prendre congé.

Vous ne m'avez pas le moins du monde dérangée, ma fille, au contraire. Il me fut agréable d'échanger ces quelques mots avec vous !
_________________

Pendant qu'elle enfile sa cape, Merwyn précise

Je disait m'y trouver et non y habiter. En effet ce fut la mon premier voyage hors de Bourganeuf.
Faut dire qu'avec ma fonction de tribun je n'aie guère l'occasion de me déplacer. Mon second voyage, et dernier en date, m'amenas a La Rochelle pour voir la mer en mai de cette année.

Puis elle prend congé.
_________________
)

Eloin regarda la tribun se couvrir avant de quitter le presbytère, et se contenta de hocher la teste en oyant la précision qui luy fut faite.

La bonne soirée à vous ! Lança-t-elle juste avant que Merwyn ne disparaisse dans l'escalier, tout en se demandant si elle n'avait point vexé la jeune femme.

Plus tard, alors que la nuit était tombée sur une Bourganeuf enneigée, la moniale eut la surprise d'entendre de nouveau toquer à sa porte. Point de visite d'un paroissien, cette foys, simplement un messager venant luy livrer les dernières hagiographies publiées par la Congrégation du Sainct Office de Rome.
Voilà qui luy fournirait de la lecture pour quelques jours, et, peut-estre, une idée de sermon pour une prochaine messe, songea-t-elle en refermant la porte, après avoir donné un écu au cavalier.
_________________

Elisa frappa a la porte du prèsbytere
Puis ouvra la porte
Dame Eloin vous etes la ?

La moniale brossait la robe de sa jument, l'animal se laissant faire en hennissant de contentement de temps à autre, lorsque quelques coups retentirent à la porte. Elle s'interrompit et flatta l'encolure de Noisette qui émit un bref soufflement, comme pour luy dire que la visite arrivait au mauvais moment, ce qui tira un sourire à la diaconesse.

Eloin alla ouvrir sans prendre le temps d'enlever le tablier qu'elle avait passé sur sa tenue, et sourit en reconnaissant l'une de ses paroissiennes.

Bonjorn, ma fille ! Entrez donc ! Déclara-t-elle en s'effaçant pour laisser passer sa visiteuse, prenant soin de refermer la porte derrière elle.

Venez, nous serons mieux dans la salle , enchaîna la moniale en guidant la jeune femme dans les escaliers.

A l'étage, elle la fit entrer dans une pièce assez vaste, chauffée par un bon feu brûlant au seing de l'âtre de pierre. Son bureau se trouvait non loin, luy permettant de profiter de cette chaleur. Elle invita sa paroissienne à prendre place sur l'une des deux chaises placés devant le bureau, et s'installa, pour sa part, sur la chaise à haut dossier qu'elle avait récemment fait amener de Guyenne.

Que me vaut le plaisir de vostre visite, ma fille ? Manda-t-elle lorsque toutes deux furent installées.
_________________

s 'essayant sur la chaise qui lui était offerte Elisa dit :
Et bin Dame Eloin je je ....
Voila j aimerais que lors de votre prochaine messe si c est possible
Euh comment vous dire
J ai perdue mes parents en cette periode de l année et j aimerais leur faire honneur
Vous comprennnez ?
_________________
L'amitié est lente à mûrir, et la vie si rapide. L'amitié est une fleur que le vent couche et trop souvent déracine.

La moniale hocha la teste aux paroles de sa paroissienne. Pour sur qu'elle comprenait, elle qui n'avait jamais connu ses parents ; elle dont l'époux était mort loin d'elle, sans qu'elle ne se doute de rien ; elle qui avait aimé une femme comme une mère, et qui l'avait perdu bien trop tost à son goust !

Je comprends, ma fille, et je suys bien sure preste à faire quelque chose pour leur assurer le repos éternel.

Faut-il préparer des funérailles, ou une simple messe en leur mémoire ? *

Elle se tut et se leva, traversa la pièce pour se rendre au vaisselier qui trosnait non loin de la porte d'entrée, et en sortit deux gobelets de cuivre qu'elle revint poser sur la table.

Désirez-vous une tisane, du vin chaud, ou du lait bien frais de ce matin ?


_________________