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[RP] La nuit à Craon, la caille crie.

--Sulpice
De cette taverne il n'y avait pas plus d'un quart d'heure de marche pour atteindre l'Abreuvoir où notre homme logeait. Mais il fallait pourtant, la nuit, quelques précautions à ce cheminement.
Ramulf, l'épée nue en sa main droite, portait de l'autre main, fort au-dessus du chef, une torche de la taverne et marchait trois pas devant les deux autres pour les éclairer. Mais Albald lui ayant fait remarquer que, son domestique étant gaucher il vaudrait mieux qu'il fut à sa gauche afin par là de le couvrir, il le fit placer comme le gascon avait dit, celui-ci marchant à sa droite, son épée à la main. Point de lune et à l'entour pas un bruit que leurs pas, lesquels cependant ils étouffaient pour garder l'ouïe en alerte, tandis qu'ils longeaient l'Enfer prudemment. Le sous-quartier passé, ils empruntèrent le Calvaire, qui est droit et large assez, avant de s'engouffrer dans le Jardin, constitué de rues étroites et tournoyantes, lequel débouchait sur l'Abreuvoir où il avait son logis. Et à peine s'étaient-ils engagés dans ledit quartier qu'Albald lui dit à voix basse:

-Sieur, on va nous courir sus. Je le sens à un petit muscle que j'ai dans la paume droite. Si cela se fait, combattons tous trois dos à dos, chacun protégeant l'autre. Et, Sieur, peux-je avoir une de vos dagues?
Il la lui bailla sans mot dire, le gascon la passa à sa ceinture. Notre homme tira la sienne et enroula sa cape autour du bras qui la tenait, le coeur le toquant fort, mais alors que le moment d'avant, il était de fatigue rompu, tout soudain se sentait-il léger et bondissant.
-Sieur, lui murmura Ramulf à sa gauche, il me paraît ouïr des frôlements le long des proches maisons.
-Oui! Dis-je, il va falloir en découdre. Je le sens aussi!
Les dix pas qui suivirent furent parcourus à la façon des chats, le pied pesant à peine sur le pavé, le jarret ramassé et l'oreille pointée. Car combien que la torche en sa lumière dansante éclairât fort bien, on ne voyait encore âme qui vive.
-Dos à dos, Sieur! souffla encore Albald.
Les angles du carrefour qui venait n'étaient point droits, mais comme dit plus haut tournoyant, et c'est dans ce tournant que se fit l'escarmouche.
-Tue! Tue! cria une voix forte, déchirant le silence de la nuit.
Et tout soudain, une nuée de gueux, saillant des trous de l'ombre comme autant de rats, fondit sur eux, l'arme au poing et poussant des hurlantes étranges sans aucune peur du guet, car de guet il n'y avait plus trace à Craon, cuidant en avoir finit des trois malheureux en une bouchée.
Ils se mirent donc dos à dos, ou plutôt flanc à flanc, puisqu'ils étaient trois, et sans dire un mot ni même crier à l'aide, sachant fort bien qu'aucun manant ni habitant de la ville n'oserait même entr'ouvrir son huis pour les mettre à l'abri. Ils engagèrent le fer fort roidement avec ces gueux dépenaillés, lesquels puaient, en outre, à vous faire raquer vos viandes. Albald, d'entrée de jeu, en laissa deux sur le carreau, rien qu'en allongeant le bras avec une inouïe promptitude, sa dague cependant parant les coups qu'on lui portait...
.ecks.
A la tombée de la nuit, une petite troupe quitta l'Echaudoir discrètement. Empruntant les étroites ruelles, les trognes bouffies des Mercandiers se dirigèrent vers la Vieille-Ville. Le roux marchait à leur tête, il avait désormais l'habitude d'arpenter la cité dans la pénombre, et c'est à la simple lueur de la lune que la petite armée sillonnait les rues, jusqu'à l'Abreuvoir. Une fois sur place, il leur indiqua de quelques gestes les porches sous lesquels ils devaient se poster, et rester silencieux, jusqu'à ce que leur homme approche.

L'attente se fit longue mais discrète, jusqu'à ce que la lumière d'une torche viennent faire danser les ombres de trois hommes le long des murs. Là, les ouïes les plus fines purent entendre quelques chuchotements et enfin, l'assaut fut donné et les gueux levèrent le glaive contre le mauvais payeur et ses hommes. Dans l'obscurité, le trio faisait une cible facile avec leur torche à la main, on ne voyait qu'eux.

Les Mercandiers ne sont pas connus pour leur finesse particulière, et les premiers assauts leurs furent fidèles. Le premier, un jeune éleveur sans le sou et épais comme un fil de fer, était simplement venu s'empaler sur Abald, suivi de près par un autre gueux. Les suivants marquèrent un temps d'arrêt, laissant place au doute et à l'hésitation. Ils mirent en place un semblant d'organisation, encerclant doucement le trio pris pour cible. Petit à petit le cercle se rétrécit et de nouveaux coups furent portés. Tandis qu'Abald parait toujours les coups, ce n'était pas le cas de Ramulf. Un violent coup de bâton vint faire flancher son genoux, et il manqua de se retrouver à genoux, faisant vaciller ses compères appuyés sur lui. La brèche était créée, et c'est le maitre qui cette fois encaissa une lame de boucher au niveau de l'épaule. A la moindre faute d'attention du trio, les coups pleuvraient, ce n'était qu'une question de temps...
--Sulpice
L'orage refluant sur lui, il ne vit plus rien que les pointes qui le menaçaient moins inquiet des épées qu'il rabatait que d'une longue pique qui visait sa poitrine sans qu'ils puisse atteindre celui qui la maniait. Et cette épaule gauche qui le tançait depuis plusieurs minutes maintenant sur une brève inattention..
Ayant navré deux ou trois de ces truands, il eut le temps de saisir une dague et de la lancer sur le piqueur. La lancegaye tomba sur le pavé, laquelle il ramassa vivement de la main gauche et augurai alors bien mieux de son combat, tenant à distance sur sa senestre ceux que son épée ne pouvait engager. Il ne sut ce que fit Ramulf dans le même temps, mais quand le premier assaut reflua, il vit deux corps couchés devant lui sur le pavé, signe qu'il avait bien labouré.
Les gueux, sans les assaillir plus outre, ne se retiraient point pour autant, conciliabulant entre eux dans une étrange parladure où il n'entendait miette. Et certes, les occis ou navrés qui gisaient tout autour d'eux ne laissaient pas de les rendre songeurs, sans compter qu'il n'était plus si facile à les courir sus étant donné le rempart que ces corps faisaient.
-Sieur, lui souffla Albald, foin de cette lancegaye, elle vous encombre, reprenez plutôt votre dague. Elle vous fera bonne usance quand ces méchants revoudront mordre.
Il fit comme il avait dit mais ce faisant, il voulu prendre langue avec ces coquins, ce qui, à défaut d'autres avantages, leur gagnerait du moins du temps.

-Mes drôles, s'écria-t-il, ne vaut-il pas mieux s'arranger? Que quérez-vous? Mon escarcelle? Ou le sang de mon cœur?
Un gueux gras et fort assez, qui portait un bandeau noir sur l'œil, pris la parole.
-Vous ayant vu festoyer vos copains en l'auberge, nous n'appétions qu'à la première. Mais maintenant, nous voulons le second aussi. Vous nous avez pris trop d'honnêtes gojats!
-Ha! bonnes gens! cria-t-il, ce n'était point malice, mais défense légitime! Et combien de vous encore devront gésir, roides sur le pavé, avant que je n'y répande mes tripes? Ne vaut-il pas mieux que je vous baille mes écus et que vous m'ouvriez le chemin?
-Nenni! cria l'homme au bandeau, la pécune, nous l'aurons de surplus! Je vous veux tous trois vidés de sang comme canards en broche! L'honneur me le commande!
-Albald, dit-il à voix basse, as-tu ouï ce coquin? L'honneur est-il un anneau d'or dans le groin d'un pourceau?
A peine cependant avait-il dit, qu'en criant "Tue caille, tue!" les gueux se ruèrent de nouveau à l'assaut mais point si fièrement qu'à la première fois ni avec tant de cœur, leurs pieds butant sur les occis qui les entouraient, et leurs armes rencontrant partout les points de leurs épées. Cependant, en s'avançant moins et en moindre désordre, ils n'étaient point autant décousus, et il comprit après quelques minutes de ferraillement et deux-trois éclairs, que ce borgne n'était leur chef, qu'ils labouraient à les fatiguer, et qu'en amont de tout cela, une petite cohorte à l'allure des moins sympathiques observait tranquillement cette scène.
-Non.. ce ne peut-être..
Un nouvel éclair déchira la pénombre.
Finn.
Embarqué un peu plus tôt par le Rouquin avant d'avoir pu décemment prêcher Boulasse, sainte patronne des gosiers en pente raide, l'Irlandais lui emboîtait depuis le pas à travers les ruelles efflanquées qu'il apprenait progressivement à différencier. Encore caneton, la recrue s'en remettait aux appréciations avisées des plus expérimentés.
L'ordre du jour était à la sanction, et restait pour le moment assez obscur à ses yeux. Ce qui ne l'empêcha de lâcher chopes et ribaudes pour répondre à l'appel de la funeste cohorte.

La nuit n'avait été que dédale, sombre balade qui s'achèverait sans doute en veillée funèbre à l'aube venue. Le crissement des lames venait de faire voler en éclat l'illusoire quiétude de cette nuit craonnaise, lorsqu'à quelques longueurs de macchabée d'eux s'empoignèrent leur téméraire avant-troupe et les trois promeneurs mal éclairés. Paradoxe, les mercandiers censés leur déblayer le chemin s'affalaient les uns après les autres telles les viandes froides qu'ils passent habituellement au hachoir.

Un demi-sourire faillit se glisser sur les traits flegmatiques de l'Irlandais avant que celui-ci ne réalise la frivolité de son outillage...
Une simple dague partiellement émoussée par des années de labeur endormie à l'intérieur de son doublet de cuir. L'émeraude vagabonde parcourant les alentours en vue d'un meilleur ustensile pour la besogne à venir surprit le coup d'œil en aval frappé par la foudre à la vue de ses camarades. L'inquiétude précédente fut mise au rebut face à la bien plus grande de son opposé et fendit finalement la gueule en demi-lune du Gaélique. La nuit se faisait prometteuse...

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"Kiss me, I'm Irish!"
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