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[RP] Memento audere semper

Aelis
[Ambiance]

Atmosphère confinée de l'intérieur d'un carrosse.
Alanguie sur une paire de coussins de velours bleu, bordés d'un liseré doré, une jeune fille, pas encore tout à fait femme.
Les yeux fermés, elle feint le sommeil, pour pouvoir penser à son aise.
Sa poitrine se soulève au rythme d'une respiration régulière, tandis que ses boucles brunes jouent du ressort, en parfaite synchronisation avec les cahots de la route qui bercent la belle somnolente.
Dans le vide pend une blanche main, et sur ses genoux repose un livre fermé.
Sur la couverture de cuir sont inscrits en lettres d'or les mots : "Roman de Tristan".

En face d'elle, un homme.

Cette jeune femme a nom Aélis Maledent de Feytiat.
Soeur Aélis Maledent de Feytiat, elle tient à cette marque d'appartenance à l'Église Aristotélicienne et à l'Ordre Grégorien ; c'est le seul titre qui lui reste.
Revenue de Flandres pour bouter les hérétiques hors de Savoie, et embarquée Dieu sait comment pour l'attaque de Genève, qu'elle réprouvait cependant.
A présent, elle était en route pour rentrer en Savoie.
Les différentes zones de combats avaient été traversées sans trop de difficulté, et s'ils ne faisaient mauvaise rencontre, ils arriveraient sans encombre à leur destination.

Leur destination...
Cette chose là même qui occupait les pensées de la jolie brune, entre autres.
Avait-elle pris la bonne décision ? Seul Dieu le savait.
Mais plutôt que de suivre sa raison, elle avait écouté son instinct, qui lui dictait de ne point retourner en Flandres.
Du moins, pas tant qu'elle n'aurait pas tenté quelque chose pour échapper au destin qu'elle s'était elle-même choisi, et auquel elle pensait être liée, jusqu'à la mort.
Une chance de salut s'était pourtant offerte à elle... Ou plutôt, elle s'était offert une chance de salut, avec l'aide précieuse de la rousse Servane.
D'ailleurs, il faudrait qu'elle lui écrive, dans les prochains jours. Pour la maudire, ou la remercier, cela dépendrait sans doute de l'évolution de la situation.
Mais étrangement, elle s'en allait confiante.
Non point qu'une boule d'inquiétude ne lui montât pas au ventre qu'elle elle pensait aux diverses réactions que tout ceci allait produire...
Mais cela serait colossal. Du grand Aélis.
Sans doute une chose dont ils se souviendraient longtemps !
Qui allait peut-être bouleverser son destin, aussi, surement...

Lentement, mais surement, le rythme de la voiture ralentissait.
Jusqu'à l'arrêt total.
Ouvrant ses paupières pour découvrir deux grands yeux noirs, attrapant le livre dans ses mains, elle s'enquit d'une seule chose, telle une enfant impatiente :


Sommes-nous arrivés ?
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Roi-lezard
Atmosphère confinée de l'intérieur d'un carosse.
Assis jambes croisées sur la banquette faisant face à la jeune pucelle, un homme d'âge mûr, pas encore tout à fait enterré.
Les yeux ouverts, il observait la damoiselle sommeiller, se demandant si la vertu sédative de la mandragore subtilement glissée auparavant dans le vin de miel avait enfin produit son envoutement.
Son regard glissa un instant sur les courbes de sa poitrine qui témoignait non sans un certain charme de sa saine respiration, avant de s'attarder sur cet innocent visage à peine secoué par le piètre état des sentiers alpins. Montjoie avait l'air songeur.
Dans sa main légèrement tremblante s'éteignait peu à peu sa vieille pipe délaissée, tandis que sur un plateau d'argent placé à son chevet trônait une bouteille d'Armagnac sérieusement entamée.

En face de lui, Aelis Maledent de Feytiat.

Son excellence Raoul de Montjoie, le roi lézard, d'autres diraient : de la défection dans un bas de soie. En temps que diplomate, il avait tenté d'éviter cette guerre. En temps que chevalier, il y avait répandu le sang des réitres suisses, et en temps que prince il avait senti le moment propice de retirer ses cartes du jeu afin de retourner à ses ouailles. Et voilà que par un malicieux coup du sort, la suite de messire Raoul avait finalement repris les sentiers savoyards avec à son bord une invitée de dernière minute. La zone de guerre fut traversée sans encombre, l'immunité diplomatique permettant d'éviter bien des tracas que devait souffrir le commun des mortels. La voiture avait quitté Genève et son odeur de souffre, longeant le Léman jusqu'à Thonon, elle avait bifurquée sur La Roche sur Foron, passé Cluses et Magland. Le pays de Montjoie apparaissait désormais à travers les fenêtres du carosse.

Leur destination...
Le sujet monopolisait pour ainsi dire les neurones en ébullition de l'impérial, parmi d'autres.
Avait t'il fini par sombrer définitivement dans la folie ? Seul le Très Haut le savait.
Quitte à y mettre sa main au feu, il toucherait l'ennemi au coeur, ce qui lui dictait de détourner la jeune promise du mariage qui l'attendait dans les Flandres.
Le diable avait fait son offre, ce jour ou il avait croisé la damoiselle en une taverne genevoise alors qu'elle cherchait compagnie pour rentrer au pays, et Montjoie avait misé son âme à 5 contre 1. Une fière mercenaire du nom de Servane avait été la seule témoin de ce discret enlèvement.
La jeune diaconesse avait été consentante à prendre les chemins en compagnie de messire Raoul, ce qui avait facilité bien des choses, mais pouvait t'elle seulement se douter dans quelle aventure la belle venait de s'embarquer...

Lentement, mais surement, le rythme de la voiture ralentissait.
Jusqu'à l'arrêt total.
Soeur Aelis ouvrit ses paupières pour découvrir les grands yeux noirs de son excellence, qui attrapant le livre dans les mains de la jeune femme, l'invita à descendre de voiture, un sourire galant sur les lèvres.

" Sommes-nous arrivés ? " avait t'elle questionné.

Contrairement à ce que la damoiselle devait s'attendre à découvrir en descendant de voiture, point de ville ou de château, mais un flanc de montagne rocheuse et l'entrée d'une sombre caverne. L'équipage du carrosse quitta les lieux avec les bagages, tandis que Le sire de Montjoie et deux de ses loyaux sbires qui guettaient leur arrivée la conduisirent dans les profondeurs de la roche.

Son éminence grise répondit finalement :

" Nous y sommes presque damoiselle Aelis, voici la grotte de la Balme, une fierté familiale qui je l'espère, vous ravira de ses charmes peu ordinaires. Soyez la bienvenue sur les terres de mes ancêtres. "

Leur progression pédestre, éclairée de quelques torches allumées en hâte, s'arrêta une centaine de mètres en contrebas, au bord d'un lac souterrain. De là les compagnons de fortune embarquèrent sur une précaire embarcation, les deux soldats aux rames, et leur maître étonnamment mystérieux. Quelques kilomètres d'une étendue d'eau sombre et calme à présent les séparaient du château des Rosiers, ce qui allait donner l'occasion d'une croisière surréaliste.



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Aelis
[Ambiance]

Descente de voiture.
Intriguée, elle se laisse guider par Son Excellence.
Une... Grotte ?

Curieusement, la jeune femme faisait entièrement confiance à Montjoie.
À aucun instant, elle ne se dit que peut-être, il l'emmenait là pour... La noyer, ou autre.
Et pourtant, Dieu sait combien d'histoires invraisemblables pouvait produire le cerveau de la jolie pucelle.

Au lieu de douter, elle se laissa entraîner vers une barque, dans laquelle quelques hommes de Raoul avaient déjà pris place, brandissant quelque torche.
Elle prit place à l'avant de l'embarcation, debout.
Fière et droite.
Son Excellence prit place également ; l'on poussa la barque à flot, et le périple aquatique débuta.

Au fur et à mesure que l'embarcation fendait les eaux sombres, le spectacle devint pour la diaconesse un véritable enchantement.
Elle ne prononçait mot, mais se gorgeait de l'étrange beauté du lieu.
Les reflets de la lueur émise par les torches sur les parois rocheuses.
Le miroitement de cette même lumière sur la surface calme de la rivière souterraine.
Le bruit de l'eau qui coule, goutte à goutte... Ploc. Ploc. Ploc.
Et l'écho de leurs moindres gestes, qui se répercutait decrescendo...

L'air se rafraichissait, et instinctivement, elle serra la cape bleu marine doublée de vair sur sa gorge.

Une étrange langueur la prit.
C'était comme si, tout à coup, il avait absolument fallu qu'elle s'endorme...
Afin de ne risquer la chute, elle se rassit, précautionneusement.
Et même...
Elle pose un bras contre la proue du bateau, et laisse pendre l'autre au dessus des flots, de sorte que la pointe de ses doigts blancs effleure la surface de l'ondée.
Ses paupières étaient lourdes...

Mais il ne faut pas qu'elle s'endorme.
Pas maintenant...
C'était tout de même tentant.
Mais non...
Elle devait rester éveillée.
Continuer d'observer, tout autour d'elle.
Ne pas perdre une minute, une miette d'information...

Au cas où les choses tourneraient mal.

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Roi-lezard
" Souquez moussaillons... " avait sereinement ordonné messire Raoul aux deux hommes de main qui tenaient fermement les rames. Lui même se tenait à la poupe, main droite rivée au gouvernail, et s'assurait de la trajectoire optimale de l'embarcation parmi les stalagmites et autres rocs immergés des eaux, tout en gardant l'oeil sur la jeune captive qui ignorait encore les terribles desseins qui lui étaient secrètement réservés par le maître des lieux.

" Oussaillons, aillons, ons... " avaient semblé rétorquer les échos moqueurs renvoyés par la voûte naturelle de la grotte. Dans les entrailles de la montagne, il n'y avait nulle âme en mesure de contrarier le plan machiavélique qui semblait désormais suivre son cours sans entrave. Les premières pièces étaient avancées sur l'échiquier, et c'était par les fous que le ténébreux chevalier avait pris l'initiative tactique.

La belle semblait absorbée dans ses pensées, ignorant probablement les querelles intestines de la cour ducale auxquelles elle allait se voir mêlée, se laissant bercer pour l'heure par les charmes sombres et minéraux de la navigation aux flambeaux, par l'apaisante mélodie des gouttes d'eau provenant de la fonte des neiges depuis les sommets de l'Occident et s'infiltrant à travers sols jusqu'à cette cavité oubliée, là, si près des Enfers.

Peu à peu, les gestes de la petite Maledent se faisaient imprécis, maladroits, presque inconscients. Aussi inexorablement que l'équipage s'approchait de la berge et de leur destination, le poison avait fait son chemin dans les veines de la damoiselle. Les deux matelots lancèrent alors un regard lourd de sous entendu à leur stoïque capitaine. Comme convenu, ils guettèrent dés lors la moindre défaillance physique de la part d'Aelis pour passer à la phase suivante de leur plan.

Devant eux apparut soudainement une lueur. Sur la berge les attendaient d'autres valets de Montjoie. C'est en cet instant que la fatigue devint trop forte pour la jeune femme, et que ses sens la quittèrent pour laisser la place au monde des songes.

" Faites de doux rêves, princesse. " furent les dernières paroles du Baron qu'elle put entendre avant de sombrer, inconsciente.

Un instant plus tard les valets, depuis la rive, avaient jeté une corde à bord de la barque qui fut solidement amarrée. La prisonnière et les trois compagnons furent hissés sur la terre ferme, et tous prirent un sommaire escalier de pierre afin de quitter les profondeurs pour retrouver l'ai libre, où presque, car il n'était autre que celui que l'on respirait en le Château des Rosiers, la prison des sires de Montjoie.

La captive fut portée avec précaution par les valets, Montjoie ouvrant la marche. Après avoir parcouru les bas étages de la maison, couloirs humides parsemés de geôles verrouillées et autres oubliettes dont ne s'échappaient que de vaines plaintes et quelques rats, ce fut au tour des étages plus raffinés et réservés au baron et à ses sbires de voir passer le cortège menant leur hôtesse du jour vers une cellule dorée, le donjon où la pucelle fut bordée par son excellence dans un lit douillet. Malgré cette petite attention de la part du geôlier, la lourde porte fut fermée à clé et les seules fenêtres étaient barrées d'épais barreaux de fer.

Quelle surprise celà allait être pour la damoiselle qui n'allait probablement reprendre ses esprits que le lendemain...
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Aelis
[Et le lendemain...]

Elle ne savait trop combien de temps elle avait passé à dormir.
Longtemps, lui semblait-il.
Un sommeil agité, et secoué de terribles cauchemars.
Arthur, sa mère Aliénor, un croquemitaine et deux ou trois loups...
Le lot classique : Les proches disparus, et les monstres de l'enfance.
Cependant, tout en cette nuit lui avait semblé plus fort, plus réel...

Elle s'était réveillée, en sueur, toute habillée (seule sa cape avait été retirée, et attendait sur une chaise).
Dans un lit confortable, mais inconnu.
Des bribes d'images des évènements de la veille revenaient doucement, dans sa tête où une douleur martelante revenait à intervalle régulier.
Chancelante, elle se leva, et son premier réflexe fut d'aller raviver les braises rougeoyantes.
Ceci fait, elle avisa un broc d'eau, sans doute destiné à sa toilette.
Bravant la morsure du froid des dalles de pierre sur la plante de ses pieds nus, elle s'en saisit, et le déposa au coin du feu, afin que l'eau qu'il contenait tiédisse.
Pendant ce temps, et toujours tout près de la cheminée, elle entreprit de se mettre à l'aise.
Aussi se dévêtit-elle de sa robe, son corset, sa chemise de corps et ses bas, n'étant pas en état de se demander si quelqu'un pouvait faire irruption dans la pièce ou non.
Heureusement pour elle, ce ne fut le cas, et elle put baigner son corps nu de l'eau qu'elle avait fait tiédir sans être inquiétée.
Et une fois rafraichie, elle n'eut plus qu'à enfiler une chemise de nuit et une robe de chambre, extirpée de sa malle que l'on avait montée pendant son sommeil.
Chausser une paire de mules...
Et se diriger, logiquement, vers la sortie.
Mais elle avait beau presser la poignée, le lourd battant ne cédait pas.

Captivité... Son cœur se serra, et elle se mit à battre frénétiquement du poing contre la porte.

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Roi-lezard
Insomniaque et à légère tendance paranoîaque, le Baron dormait habituellement très peu et d'un sommeil léger. Peut être n'avait t'il pas fermé l'oeil cette nuit là, car nombreuses étaient les pensées qui torturaient son âme, d'autant plus que la présence en ses murs de la jeune prisonnière avait de quoi exciter son imagination.

C'était donc de bonne heure ce matin là, qu'il avait quitté ses appartements pour se délasser et faire quelques brasses dans ses bains romains de Saint Gervais pendant que le Château était laissé sous bonne garde.

Ceci fait, c'était à bride abattue qu'il avait parcouru le chemin retour vers le Château des Rosiers et sa salle de jeux où l'attendait le chevalier Vuillhaume de Montfalcon pour une partie de cartes qui se révéla lourde de conséquences pour ce dernier, lorsqu'au beau milieu d'une endiablée partie de ramponneau, le vieux Bohémond de Seyssel qui faisait office d'arbitre, en vint soudainement à lui planter sévèrement sa dague dans la main en lui arrachant un hurlement de douleur.

" Montfalcon, vous êtes disqualifié.. " avait calmement grincé des dents le Seyssel.

En effet, la main crispée et tremblante du chevalier livide, encore clouée à la table par la lame vigoureusement enfoncée dans sa chair et jusque dans le bois du meuble, laissait à présent répandre son sang sur un as de pique honteusement dissimulé alors que l'autre main du tricheur tenait encore serré le nombre réglementaire de cartes. L'as de pique était définitivement de trop.

C'est à cet instant qu'avait fait son apparition un humble valet, proclamant à son maître que "la damoiselle" était éveillée. Encore surpris de l'issue inattendue de sa partie, le Montjoie se leva la mine grave afin de se retirer de cette mascarade. Il quitta la pièce accompagné du serviteur en maugréant à l'attention du féal sénéchal Bohémond :

" Noyez moi cette vermine insolvable dans la piscine, sénéchal, les murènes sont affamées. "

Ce fut donc sous les cris de protestations et de supplications que Raoul et le serviteur quittèrent l'atmosphère tendue du salon de jeux. Raoul envoya le valet quérir Aélis Maledent afin de la convier à dîner, tandis que le baron fit lui-même un détour par les cuisines afin de s'assurer que les cuisiniers y étaient bel et bien à pied d'oeuvre selon ses ordres. Le ramponneau, ça ouvre l'appétit et le Montjoie ne lésine guère sur les moyens de ravir les papilles de ses invités.


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Lorsque le valet arriva enfin dans la tour du donjon, muni de son trousseau de clés, il pouvait entendre les appels désespérés de la damoiselle tambourinant sur la lourde porte de chêne. Il appréciait son maître mais il trouvait qu'il avait dépassé les bornes en enfermant une belle fleur innocente en un lieu si lugubre. Maniant son trousseau en cherchant la clé adéquate, il prononça quelques mots afin de la rassurer autant que possible.

" Damoiselle, n'ayez crainte, je vais vous ouvrir. "

La clé tourna finalement dans la serrure. " Cric.. clac.. " et le valet s'inclina exagérément comme s'il pouvait rattraper les mauvaises manières du baron par son propre excès de zèle. Il se tenait devant elle, silhouette voûtée aux airs timide et sympathique.

" J'espère que vous avez bien dormi damoiselle, et que vous avez faim, car le maître vous attend pour dîner. Si vous voulez vous donner la peine de me suivre, je vais vous conduire à lui. "

Ils descendirent lentement l'escalier en colimaçon, parcoururent les couloirs parsemés de quelques oeuvres d'art exotiques ramenées de diverses contrées d'orient par les sires de Montjoie, avant d'arriver enfin en la somptueuse salle à manger, ou s'entassaient tous les plus singuliers signes ostentatoires de richesse de la demeure, ainsi qu'une cheminée qui donnait une lueur charmante et de la chaleur à la pièce.

Une longue table rectangulaire avait été préparée pour deux, de beaux couverts d'argent, du pain et des boissons colorées étaient mis en évidence, tandis que des fumets appétissants semblaient provenir de l'arrière salle dont la porte était entrebaillée. Le valet tira une chaise afin de l'offrir non sans manières à Aélis.

Pour le moment, son excellence semblait manquer à l'appel.
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Aelis
Après un certain temps (et même un temps certain), passé par la damoiselle à tambouriner contre le battant, des bruits de pas se firent entendre.
Une voix rassurante, mais point celle de Montjoie.
Clé qui tourne dans la serrure, elle s'écarte de la porte, tandis que les gonds grincent.
Un valet sans âge apparait dans l'entrebâillement, lui indique que son maître l'attend pour dîner.


Dîner ?
Seigneur, il doit être bien tard...
Laissez-moi un instant, le temps de me vêtir plus convenablement.


Porte qui se referma, pour autant, point à clef.
En temps normal, elle aurait soigné sa mise pour dîner avec un Baron...
Mais, en colère d'avoir trouvé porte close à son réveil, elle n'enfila qu'une simple robe blanche, ceinte à la taille d'un lacet de cuir noir.
Quant à ses cheveux, elle ne fit que les relever en un vague chignon sur sa nuque.
Ce fut donc une Aélis au naturel qui ouvrit la porte, et emboîta le pas au valet.

La damoiselle n'eut guère le loisir d'admirer les œuvres exposées dans les couloirs, mais elle se promit cependant d'y revenir.
Le faste déployé en la salle à manger lui fit regretter sa mise si simple.
Mais une diaconesse ne doit faire montre de vanité !
Au sentir des délicieuses vapeurs qui émanaient d'une pièce voisines, et considérant les encore discrètes protestations de son estomac, elle ne fit point de manière pour prendre place sur la chaise qu'on lui présentait.

Admirant la table ainsi garnie, elle parcourut du bout du doigt les armoiries de Montjoies, gravées sur le manche de sa fourchette.
La lueur du feu de cheminée produisait, sur la peau d'albâtre d'Aélis, de charmants reflets mordorés.
L'inspection de ses couverts terminée, elle leva la tête vers le domestique, et demanda de sa voix claire :


Votre maître ne se montrera-t-il donc point ?

C'est qu'elle avait faim...
Ventre creux n'a point d'oreilles... Ni de patience !

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Roi-lezard
Par delà la porte entrebaillée, messire Raoul pareil à un chef d'orchestre, mettait la main à la pâte de concert avec cuisiniers et laquets de sa Maison, apportant parfois sa petite touche personnelle, veillant au grain, s'assurant de la parfaite harmonie entre les sucrés et les salés, goûtant ça et là en fin gourmet, avant de donner ses dernières instructions quant à l'ordre bien précis qui allait rythmer la prochaine symphonie gustative. Finalement les plats étaient à point, et les artistes en ordre de bataille.

" Maestro, compagnons, tous en scène et en cadence, pas de fausses notes je vous prie... "

La porte s'ouvrit et le Baron entra dans la salle à manger, bientôt suivi par le chef de cuisine et sa colonne de commis, fiers et marchant au pas.

Damoiselle Aélis se trouvait déjà attablée, de ses plus humbles atours parée, mais cette apparente simplicité avait le mérite de rendre en grâce à sa fraîcheur et sa beauté naturelles. En face d'elle, son excellence à la réputation de veuf acariâtre et solitaire, s'il tenta de n'en rien laisser paraître, fut touché par les charmes ainsi dévoilés de la jeune Maledent.

Comme on était en droit de s'y attendre, les regards de la pucelle se voulaient perçants d'interrogations. Le Baron allait devoir s'expliquer quant à ses manières bien cavalières.

Anticipant accusations et autres questionnements, le Montjoie fit parler en premier lieu sa langue de bois :

" Damoiselle Aélis.. Bonjour, vous êtes radieuse... C'est une joie pour moi de vous offrir l'hospitalité. Soyez assurée qu'en dépit de devoir vous garder en ces murs, et ce quelque soit votre volonté, il n'est pas dans mon intention de vous nuire.
Cette violence dont je me sens l'obligé, ne doit être qu'imputée à l'orgueil de certains de vos parents, et de leur refus de voir appliquée en notre bon Duché de Savoie une digne Justice. "


Satisfait de sa pirouette diplomatique, le maître des lieux s'approcha lentement et au plus près de la jeune femme, apprêtant ses lèvres à déposer sur le velouté de sa peau un courtois mais néanmoins outrecuidant baise main...
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