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[RP] Orgueil & Choux Fumés

Anya.
[101, Rue Sans-Fond, Maison d'Anya Von Haareweiss]

Le soir s'était couché sur la Lorraine et la maison d'Anya était enfin calme. Le lutin habitant la maisonnée s'était endormi et Blanche-Neige s'était attelée à un exercice qu'elle appréciait grandement, la correspondance. Ces derniers temps elle n'avait pas eu l'occasion d'écrire, bien trop occupée par son poste de tribun et de poursuivante d'armes. Peut être avait-elle sous estimé la quantité de travail que donnaient ces deux fonctions, néanmoins Anya ne s'en plaignait pas.
François, son fils, lui s'en plaignait déjà un peu plus, mais il se plaignait tellement souvent que la Von Haareweiss ne voyait pas la différence par rapport à d'habitude.

A la lueur d'une bougie, Anya était penchée sur un vélin vierge. La plume dans la main droite et la version précédente de sa lettre dans la main gauche, la blonde avait beaucoup de mal à entamer cette lettre. La jeune femme devait user de subtilité et faire bonne impression. Aussi devait-elle s'appliquer particulièrement et choisir les bons mots sans pour autant avoir l'air superficielle. Difficile tâche que d'écrire en voulant se draper de mystère et être naturelle à la fois.


Citation:
D'Anya Von Haareweiss
A Orantes de Volvent, expéditionnaire en récupération de choux,

Cher Orantes,

Je ne sais quand vous lirez ce message, je sais seulement que vous le lirez bien après son écriture. Et encore, mes mots avaient déjà pris du retard, et ce par votre faute.
En effet j'avais écrit une lettre un jour où l'inspiration s'était emparée de moi mais le porteur chargé de vous la délivrer est revenu me voir deux jours plus tard, lettre en main, m'expliquant que vous aviez quitté la Lorraine selon l'aubergiste du Petit Renard Gris de Toul.
Je serais une une menteuse si je disais que ce départ en catimini ne m'avait pas déçue. Mais je suppose que les choux n'attendent pas...

Les choux ! Revenons en ! Vous ne m'avez toujours pas donné le nom de cette variété de choux aux vertus médicinales. Au passage je ne sais même pas quelles sont ces dites vertus. Il faut que vous m'en appreniez plus, je suis très intéressée. J'espère que la Bourgogne en est satisfaite et qu'elle ne vous a pas dépêché en Lorraine inutilement. Quoi que j'ai été très contente de vous revoir.

Comment vous portez vous ? Je sais, je fais tout dans le désordre, mais en même temps si je vous écris c'est pour prendre des nouvelles, alors qu'importe l'ordre. Le voyage retour s'est bien passé ? J'espère pour vous qu'il n'y a pas eu de difficultés ou de mauvaises rencontres en chemin...

En ce qui me concerne, d'ici quelques jours je vais partir en direction de la Bourgogne. Revoir ma famille, une amie qui se marie sous peu, et puis vous voir vous aussi. Je ne sais pas la date exacte de mon départ et je ne connais pas non plus la durée de mon séjour bourguignon. Il se peut d'ailleurs que je me réinstalle là-bas, mais rien n'est arrêté. Ce n'est qu'une éventualité.

Je reconnais que ma missive est quelconque. L'autre était bien mieux. Mais je ne voulais pas recopier bêtement. De toute manière le feu l'a dévorée. Vous ne l'aurez donc pas, ça vous apprendra à partir sans prévenir. A moins que ce ne soit pour m'éviter, auquel cas ça j'en serais très attristée, et puis surtout je ne comprendrais pas pourquoi et il vous faudrait d'excellents arguments.

J'achève ici ma lettre. Il est tard et le risque que je m'endorme sur la lettre et que je l'abime est beaucoup trop grand. Et oui, je prends soin de mes affaires, surtout quand elles sont destinées à d'autres.

J'attends de vous lire avec impatience,

Amicalement,
Anya.


La blonde avait signé en toute simplicité. Rompre la solennité qui n'avait selon elle plus trop lieu d'être.
Délicatement elle plia la missive et souffla sur la bougie avant d'aller se coucher. Demain, à l'aube, la lettre allait prendre la direction de la Bourgogne.

_________________
Orantes
[Demeure d’orantes de Volvent- Cosne - un matin avant Tierce ! ]

C’est de bon matin que Maurin, le valet du jeune Volvent, vint réveillait ce-dernier. A l’entendre hurler au travers de la bâtisse, on aurait pu croire que le clocher de la bonne église de Cosne était en flamme, mais non, rien de ce genre. Juste une missive de Lorraine mais que le domestique savait très attendue. Il entra donc sans frapper dans la chambre du Renart qui, la gueule enfarinée, le regarda avec des yeux ronds d’étonnement de tant de familiarités. Maurin qui se rappela soudainement que son maître était toujours de méchante humeur avant que Tierce n’eut sonné arrêta aussitôt de s’époumoner et se contenta hypocritement de quelque chose du genre :
- Mon bon maître, on vient de déposer cette missive pour vous. Il s’agit d’un courrier de Lorraine.
Et le laquais –homme à tout faire de disparaître aussitôt de l’antre du Renart encore engourdi.

Orantes parcourut avec hâte le parchemin dont il connaissait déjà l’expéditrice. En lisant les mots de la borgne, il comprit tout de suite qu’il n’était pas sorti d’affaire. Cette rocambolesque histoire de choux le suivrait jusqu’au bout et la jeune femme avait le don de relancer les épisodes qui auraient dû être oubliés promptement. Voilà qu’elle lui demandait encore de justifier sa présence en Lorraine ! Et le pauvre Orantes n’y connaissait fichtrement rien à ces maudits légumes. Il posa aussi sec la missive, s’habilla aussi vite qu’il le put, absorba cet ignoble bouillon de poule que Maurin lui avait concocté et fila jusqu’au bourg de Cosne. Là-bas peut être trouverait-il un apothicaire, un rebouteux ou quelques sorcières qui maîtriseraient les sombres lois de la botanique et qui pourraient lui parler des vertus des infusions aux choux…


[Le soir de la même journée]


Cela n’avait pas était chose facile pour le jeune bourguignon mais grâce à sa persévérance, il avait réussi à glaner quelques informations auprès d’une vieille rebouteuse cosnoise. Et ce qui devait se confirmer se confirma : les choux n’avaient pas le moindre pouvoir apaisant, pas le moindre effet analgésique et encore moins curatif. Bref, il lui faudrait tout inventer et il savait que la tâche serait délicate. Il se gratta la tête un bon moment avant de commencer à gratter furieusement le parchemin posé sur son écritoire :

Citation:
Ma très chère Anya,

Vous me voyez fort affligé d’avoir eu à quitter si prestement la Lorraine et de pas avoir pu vous en alerter auparavant. Mais c’est qu’en effet, les mêmes affaires qui m’avaient fait venir jusqu’à Toul m’y ont aussi rapidement chassé. Et puisque vous n’ignorez rien de la cargaison que j’étais venu chercher et que vous semblez grandement curieuse de ces histoires de choux, laissez-moi vous en avertir un peu plus. Je suis moi-même peu familier des arcanes de la médecine et de l’herboristerie mais après renseignements auprès du commanditaire des dits légumes, il se trouve que ces choux, qu’on appelle aussi Brassica oleracea, ont apparemment grand pouvoir pour soulager les mots de ventre les plus aigus. Il se trouve de surcroit ( mais cela je vous demande de ne pas l’ébruiter ) qu’à la Cour de la Duchesse de Bourgogne, beaucoup ont les intestins très fragiles en ce moment. Pour quelles raisons, je l’ignore mais vous comprenez mieux maintenant l’importance et l’urgence de ma mission sur vos belles terres de Lorraine.

Mais laissons-là les problèmes gastriques des Grands de Bourgogne. Je suis fort aise d’apprendre que vous serez bientôt céans dans notre beau duché et c’est avec beaucoup d’impatience que j’attends votre arrivée. Peut-être cette fois-ci aurons-nous l’opportunité de nous rencontrer ailleurs que dans une auberge sordide ou dans une foret glaciale.
Quant à une éventuelle installation de votre personne en Bourgogne, cela serait chose formidable même si vous ne m’avez pas fait part des raisons d’une telle possibilité.
Je pense souvent à vous Anya et je dois reconnaître que souvent vous me manquez !

Tendrement.

Orantes

_________________
Anya.
[ 101, Rue Sans-Fond, Verdun, encore et toujours la maison d'Anya]

Ce n'était plus une maison, mais un champ de bataille. Les préparatifs pour le voyage d'Anya et son rejeton étaient presque bouclés. Seuls quelques affaires trainaient ici ou là, attendant d'être ramassées et empaquetées avant le départ prévu dans la journée. A moins qu'Anya n'ait décidé une fois encore de le repousser.
Car depuis quelques jours celle qui bouclait les baluchons, c'était plutôt Louise, qui d'habitude s'occupait de François quand sa mère devait s'absenter, travailler, ou quand elle avait la tête ailleurs.

C'était précisément pour cette dernière raison que Louise était présente ces derniers temps. La blonde avait d'autre chats à fouetter et préférait passer ses journées devant sa fenêtre à attendre impatiemment l'arrivée d'une réponse d'Orantes. Au passage l'allure vestimentaire en avait pris un bon coup, Anya gardant presque toute la journée ses robes de nuit et oubliant de se coiffer, si bien que sa tête ressemblait à ...à euh...bah à rien en fait. Après tout, dans la logique de la lorraine, son allure était bien moins importante que la réception d'une lettre d'Orantes.

Aussi, quand un ptit bonhomme pointa le bout de son nez, missive à la main, devant la maison 101 de Verdun, l'alerte générale fut sonnée. Le porteur de bonne -ou mauvaise, sait-on jamais- nouvelle fut remercié et la blonde qui voulait se concentrer pour lire fit en sorte que tout le monde fiche le camp.


« - Louise, va te balader avec François et acheter des provisions pour notre départ. J'ai une missive à écrire ! Et François je compte sur toi pour être sage. A plus tard mon caneton.»

Avant de l'écrire il fallait déjà lire ce que lui racontait le Bourguignon. Car elle en était sure, c'était bien lui qui lui avait écrit, ce ne pouvait être personne d'autre. Telle une gamine elle alla s'asseoir sur son lit et déplia la missive avant de se plonger dans une lecture concentrée.

Ou comment achever une blonde en perdition. Finir sa lettre par « Tendrement. »

Maaaaaa ! Devenait-il fou ? Avait-il décidé de jouer franc jeu après l'avoir prise pour une grosse nunuche la dernière fois qu'ils s'étaient vus ? Toujours est-il que la dernière phrase et le dernier mot avant la signature avaient eu le don de donner le sourire à Anya jusqu'aux oreilles. Du coup l'histoire des choux était reléguée au second plan même si la VH n'allait pas manquer de revenir sur le sujet.

Maintenant, restait à savoir si les mots écrits avaient été sincères. Pourtant Anya avait confiance en Orantes, il lui fallait juste une confirmation, quelque chose qui l'empêcherait de douter. La ruse ne fut pas longue à trouver, mais Anya jugea plus « cruel » encore de l'infliger à la fin de sa lettre. Car oui, elle n'avait pas perdu de temps et s'était déjà mise à répondre à son correspondant.


Citation:
Mon cher Orantes,

Je suis contente d'avoir de vos nouvelles car je sais maintenant que vous n'avez rien eu en retournant en Bourgogne or je commençais à m'inquiéter.
Les choux seraient donc un bon remède pour les maux des Grands de Bourgogne ? Intéressant, très intéressant même. En avez-vous gardé pour que je puisse les examiner ? Si leurs qualités sont bien celles que vous me décrivez, elles pourraient faire la richesse de la Lorraine ! Or des richesses, nous en manquons malheureusement...

Mais je ne souhaite pas vous rendre pessimiste, aussi je n'insisterai pas plus sur la question. Nous partons ce soir avec François. J'espère être en Bourgogne d'ici une semaine en ayant autant de chance que vous. Même si la chance n'est pas un trait spécifique dans la famille. En ce qui concerne mon éventuelle installation en Bourgogne, elle est motivée par mon envie de me rapprocher de ma famille, des quelques amis que j'ai là-bas et j'aurais de vos nouvelles plus rapidement. N'est-ce pas là une bonne chose ?

Quoi de nouveau par chez vous ? Vous avez retrouvé vos occupations habituelles je suppose, maintenant que vous êtes libre de votre contrat en marchand de choux. En ce qui me concerne j'ai officié il y a peu à une cérémonie d'anoblissement. La duchesse de Dabo octroyait trois terres et a jugé bon de me présenter l'un de ses nouveaux vassaux. Un homme charmant au demeurant. Je ne sais pas vraiment quelle idée elle avait en tête mais la duchesse semblait vouloir jouer les entremetteuses. D'autant plus que le tout nouveau Seigneur de Walscheid avait l'air intimidé, ce qui m'a étonnée. Suis-je intimidante ?

Je n'ai plus beaucoup de place sur mon parchemin pour poursuivre et n'en ai pas d'autres, si cela vous intéresse je ne manquerais pas de continuer plus tard.

Vous me manquez aussi.
Très affectueusement,

Anya.


La fin était piquante. Comment allait réagir le Renart ? Anya avait hâte de lire sa réaction même si elle n'avait aucunement l'intention de lui infliger de la peine. Et comme elle avait plus d'un tour dans son sac elle savait pertinemment que si jalousie il y avait de la part du bourguignon, elle ne serait que passagère. Anya pratiquait l'art de faire attendre et de ne pas se dévoiler trop vite, et ça c'était comme la vengeance, elle le faisait plutôt bien.
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Orantes
[Cosne – Demeure d’Orantes de Volvent]

Les missives allaient et venaient, parcourant le long chemin tortueux entre la Bourgogne et la Lorraine. Le dernier pli, Orantes le reçut alors qu’il s’apprêtait à passer à table. Maurin s’était donné du mal pour satisfaire le bourguignon et allait lui servir un bon chevreau rôti à la sauce dorée, plat qu’aimait particulièrement gouter Orantes. Mais ce fut sans compter l’effet de ce parchemin qui glissait entre les doigts du Volvent. Le regard se fit noir et le souffle court. Soudainement, Orantes se leva et fit tomber sa chaise :
Ah la garce !
Il quitta aussitôt la pièce au grand désarroi de son valet pour se rendre devant l’écritoire de sa chambre. Il saisit la plume et griffonna la colère au cœur.

Citation:
D'Orantes de Volvent,
A Anya Von Haareweiss,

Chère Anya,

Je suis bien heureux que vous sembliez vous préoccuper un peu de ma personne et c’est en effet sans le moindre encombre que j’ai pu rejoindre ma bonne cité de Cosne. Quant à la cargaison, il ne m’en reste rien et il était écrit que leurs qualités devaient échapper à votre étude. Je ne connaissais pas chez vous ce goût si prononcé pour les choses de la nature ou plutôt pour les plantes et autres légumes. Car vous semblez moins érudite pour tout ce qui concerne le règne animal et encore moins le genre humain…
Quant au reste ; j’entends par là vos badinages galants dans rangs de la noblesse lorraine, j’espère qu’ils vous donneront l’occasion de trouver un autre mâle susceptible de jouer la comédie à Madame Votre Mère. A moins que le pauvre bourguignon sur lequel vous êtes tombée dans une auberge de Toul fasse encore l'affaire ...
Pour ce qui serait de votre caractère qui aurait le don d’intimidé les seigneurs lorrains, vous me voyez dans l’impossibilité de donner un avis, ne vous connaissant encore qu’assez peu. Toutefois au vue de notre dernière rencontre et à la lecture de vos missives, d’autres adjectifs me seraient venus plutôt qu’icelui…

Au plaisir de vous voir en Bourgogne !

Orantes de Volvent.


Orantes lâcha la plume nerveusement. Dire que sa réponse le soulagea un tant soit peu eut été excessif. Cependant son orgueil avait été touché, une fois encore, par les mots de la borgne et sa missive ne pouvait avoir un autre ton. Mais que diable lui voulait cette femme ?! Prenait-elle un malin plaisir à le torturer de la sorte ? Peut-être n’était-elle que pure inconstance…
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Anya.
[ Quand la Demoiselle des Glaces joue avec le feu, elle se brûle.]

Auberge Champenoise. Anya avait quitté la Lorraine avec son fils quelques jours auparavant mais avait tendance à trainer en chemin. Voyager avec un enfant était source de ralentissement, surtout celui là. Ils découvrirent une auberge sur leur route et Anya décida de s'y arrêter durant deux jours.
La Von Haareweiss jouait avec François quand on vint frapper à la porte.

Une lettre.

La blonde plissa l'œil en se disant que le porteur de la lettre avait du se taper tout le voyage entre la Bourgogne & la Lorraine pour finalement apprendre qu'Anya se trouvait en Champagne. Décidément la blonde savait faire courir les hommes.
Les hommes justement, il n'y en avait qu'un qui attirait son attention et il était de toute évidence l'auteur de cette lettre. Une pincée d'appréhension monta en Anya qui avait pourtant hâte de lire la réaction de son bourguignon favori et de voir s'il tenait à elle. Rapidement elle parcouru les lignes de la missive et bien que haute comme trois pommes, elle tomba de haut.

Si au fond la virulence des mots semblait montrer combien Orantes avait été touché par le petit jeu vil et perfide de la borgne, elle avait su, également, blesser la jeune femme qui se rendait compte à cet instant qu'elle avait peut être forcé la dose. Jamais elle ne l'avait vu en colère, mais ce qui transparaissait de la lettre troublait la lorraine.

Résignée, presque déprimée, mais surtout pleine de remord, Anya alla s'asseoir et prit un parchemin.


«  - Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire... »

Elle soupira. Elle était déjà allée trop loin dans sa comédie et tout ce qu'elle pouvait faire c'était empirer la situation. Peut être n'allait-il même pas lire sa réponse et elle l'aurait compris, voire accepté. Mais elle devait tenter, rattraper sa boulette géante quand bien même elle devait tout avouer ce qu'elle avait sur le cœur. Avouer ? Être sincère ? Ça devenait presque bizarre pour elle qui s'était plongée dans les mensonges, les excuses à deux écus et les farces toutes plus grotesques les unes que les autres. Cependant, elle reconnut qu'elle avait joué trop longtemps et qu'en conclusion, elle avait perdu.

Citation:
D'Anya Von Haaareweiss,
A Orantes de Volvent,

Le Bon jour.

Ces mots sont écrits depuis une auberge champenoise. Peut être que son destinataire ne lit pas cette missive, aussi, si vous êtes un domestique un peu trop curieux, attachez votre maitre et forcez le à lire ce fichu parchemin que j'aurais écrit avec beaucoup de mal.

Je suis triste de votre réponse. Triste de vous avoir blessé. Triste de votre emportement. Triste de me dire qu'il se peut que vous ne m'adressiez plus jamais la parole et que la dernière phrase de votre lettre ne soit qu'un effet de politesse pour apaiser votre colère. Triste surtout, d'imaginer les « autres adjectifs » me concernant qui ont pu vous venir à l'esprit. Je me rends compte en écrivant ces lignes que ce n'est même pas de la tristesse que je ressens, c'est bien pire.

Pour remettre les choses à leur place, ne vous imaginez rien concernant le Seigneur de Walscheid. Absolument rien. Nous avons été présentés, mais je comptais vous dire, non sans malice je le reconnais, que, tout charmant qu'il soit, je n'avais pas l'intention de faire plus ample connaissance avec lui dans la mesure où mes pensées étaient déjà fortement occupées par une personne étrangère à la Lorraine.

Il y a plein de choses que je souhaitais vous écrire. Comme par exemple vous expliquer que l'affection que je peux porter à la Lorraine en son intégralité n'est même pas le centième de celle que je peux vous porter. Que si j'ai eu trop tendance à changer d'attitude vis à vis de vous, c'est principalement par maladresse.
Je reconnais avoir été peut être cruelle dans ma dernière missive. Mais ne l'êtes vous pas aussi à présent ? Vous êtes injuste dans votre jugement envers moi. Injuste envers ma pensée, mais surtout, injuste envers les sentiments qui m'animent.

Vous vous trompez à mon sujet. Entièrement. Si une autre personne d'autre m'avait adressée ces mêmes mots je n'aurais pas pris la peine d'achever ma lecture et aurais pris mes dispositions pour ne plus jamais avoir à faire à elle.

Au fond je n'arrive même pas à comprendre votre lettre, comme vous ne comprenez surement pas les miennes.
Certes j'ai trop joué, trop voulu être la plus futée à souhaiter vous faire avouer ce que je n'arrive pas à vous avouer moi même. Après tout, il n'y a peut être rien à vous faire reconnaître, peut être me suis-je baignée dans un flot d'illusions que l'on voit toutes plus cruelles les unes que les autres lorsque l'on émerge. Je me sens idiote. Absolument idiote. Partagée entre regrets et incompréhension. Je ne crois pas, de plus, avoir assez de mots pour l'exprimer comme je le ressens. Et je m'en excuse.

En espérant vous relire, mais surtout vous revoir,

Avec toute la tendresse que mon cœur peut donner.
Anya.


Elle savait sa lettre fouillie. Désordonnée. Mais elle résumait l'état de sa pensée du moment, mais surtout de son cœur qui se serrait dès qu'elle repensait à ce qu'elle avait lu un peu plus tôt. C'était un peu la lettre de la dernière chance, mais surtout la lettre la plus sincère qu'elle avait pu écrire jusque là.

_________________
Orantes
[ Cosne – Demeure d’Orantes de Volvent]

Les choses avaient trop tardé et il était temps de faire fi des convenances. Les deux s’étaient trop jouer l’un de l’autre. Orantes n’en pouvait plus de tous ces faux-semblants, la jonglerie des sentiments n’était pas son fort. Il fallait qu’il ouvre son âme à la borgne.

Citation:
Chère Anya,

Votre dernière missive a été un grand contentement pour moi. Certes cela pourra vous paraître pour le moins brutal de ma part mais enfin vous avez daigné me faire part de l’affection que vous me portez. Jusqu’alors, j’avais le sentiment désagréable de n’être que le jouet de vos maniements et cela me plongeait dans un profond désarroi. D’abord cette étrange comédie que vous me demandiez de jouer auprès de votre mère puis l’apparition de ce seigneur lorrain, cela faisait beaucoup pour quelqu’un qui vous aime plus que vous ne l’imaginez. Soit ! Mon histoire de choux était parfaitement ridicule et vous avez percé à jour le réel motif de mon arrivée en Lorraine : vous voir encore une fois … Votre présence, votre malice, votre sourire me manquaient violemment. J’aurais du vous manifester d’emblée mes sentiments mais l’auriez vous compris alors ? J’en doute.

Quoiqu’il en soit, soyez sans crainte, nous serons amener à nous revoir promptement, je viens en effet de recevoir l’invitation d’Antonio Licors pour son mariage avec Dame Arambour. Je sais que vous comptez parmi les invités. Pour ces noces, nous n’auront point à faire de farce et c’est loyalement que nous nous reverrons.

Le cavalier des glaces qui vous aime…

Orantes de Volvent.


_________________
Anya.
[ Pause casse-croute sur un chemin, quelque part vers la Champagne, ou la Bourgogne...enfin par là quoi ]

Marcher, ça creuse. Et pas qu'un peu. Anya n'aurait pu dire depuis combien de temps elle marchait en compagnie de son fils depuis qu'ils avaient quitté la dernière auberge où ils avaient passé la nuit, mais elle se doutait que cela faisait un bon moment. Les ventres gargouillaient et la pause fut la bienvenue.
Tous deux assis sur le chemin, ils mangeaient ce qui restait de leur provision : du pain, un ou deux fruits encore frais, et un bout de viande qu'Anya avait rationné. La pause allait s'achever quand un homme arriva auprès d'eux. La Von Haareweiss n'eut aucun mal à le reconnaitre : c'était le même zigoto qui était venu lui apporter la terrible missive d'Orantes de Volvent.

Méfiante sur le contenu de cette nouvelle lettre, Anya s'approcha de l'homme et tendit la main pour qu'il lui remette la missive tant attendue. La lettre était tellement attendue que la fille aux boucles dorées s'empressa de commencer sa lecture.

Mais euh...il était toujours là le gens. Il comptait rester là longtemps ?


« - Non mais je reste...au cas où vous répondiez de suite. J'en ai marre de faire des allers-retours pour votre correspondance. »
« - Tant piiiiiiiis... »
« - Comment ça tant pis ? »
« - C'est un peu votre métier. De courir partout. Allez zou, débarrassez moi le sentier, je trouverais bien quelqu'un de moins fainéant pour porter de toute urgence mes lettres. »


Le sourire était un peu cynique, voire sadique. Puis Anya se mit à marcher tout en lisant attentivement les mots de son cher bourguignon. L'homme avait quitté les lieux et François continuait de manger, allant même jusqu'à piquer dans la réserve.

Peu à peu, la joie se dessina sur son visage. Plus que de la joie, du bonheur. Ce genre de bonheur qu'elle n'avait pas vécu depuis fooooort longtemps. Il l'aimait !
Comme une gamine elle avait envie de sautiller partout, de crier que « hourra elle avait gagnééééé », qu'elle était la plus heureuse du monde et qu'il était le plus bel homme que la terre ait supporté depuis toujours. Bon, ça elle l'avait finalement intériorisé. Déjà parce que le porteur de message devait être encore là, pas loin, à attendre derrière un bosquet. Et puis parce que François allait encore faire le curieux et c'était le genre de chose qu'Anya n'avait pas envie de lui expliquer, en tous cas pas à cet instant précis.

La Von Haareweiss ne voulait pas perdre de temps pour lui répondre. La peur de perdre ses mots était trop forte, et puis s'il l'aimait autant qu'il le disait, il devait être aussi impatient de la lire qu'elle l'était de le lire lui. La seule inquiétude qu'elle avait, était de ne pas être niaise et perdre tout son charme maintenant qu'ils s'étaient avoués l'un à l'autre.


Citation:
Mon très cher Orantes,

Je crois que vous ne pouvez pas imaginer combien votre lettre me rend heureuse. Je suis rassurée, j'ai cru que vous m'en vouliez tellement que vous ne souhaitiez plus jamais me revoir.

Mais je suis ridicule maintenant. J'ai tellement voulu lire ces mots ou les entendre de votre bouche (mais pour le moment je suis forcée de seulement les lire) qu'à présent je ne sais plus quoi dire. J'ai peur de ne pas exprimer mes sentiments aussi fortement qu'ils le sont. Vous voyez ? C'est horrible, vous n'imaginez pas comment.
Mais si vous pensez que vous m'aimez plus que je ne vous aime, vous vous mettez le doigt dans l'œil jusqu'au coude mon cher. Il est tellement fort qu'il m'empêchait de vous être honnête et m'a forcée à me jouer de vous. Néanmoins, vous l'avez dit vous même, je ne suis pas très douée en ce qui concerne les relations humaines, mais je fais de mon mieux. Je veux faire de mon mieux, surtout avec vous.

Cependant je m'interroge. Comment est-ce possible ? Comment quelqu'un de si élégant, de si bien élevé et raffiné a pu s'éprendre d'une jeune femme comme moi à qui la vision est tronquée et dont les idées sont parfois farfelues, du moins d'après ce qu'on me dit. C'est comme si un chat venait à aimer une vilaine petite souris. Mais je ne vais pas m'en plaindre, surtout pas.

Je suis heureuse de savoir que vous serez aussi présent aux noces d'Arambour Démesquine et Antonio Licors. Je pense passer à Cosne, car je doute pouvoir attendre jusqu'à ce mariage pour vous revoir. J'arrive sous peu en Bourgogne, mais même ce « peu » semble être dans une éternité.

Je vous laisse (car oui si je continue à écrire je vais être retardée dans mon voyage et je n'aime pas le retard, encore moins maintenant.). J'espère vous relire une fois de plus avant mon arrivée dans quelques jours.

La destructrice de porte qui vous aime.
Anya
.


La blonde avait fait exprès de terminer sa lettre avec une formule empruntée à celle d'Orantes, un petit signe humoristique censé lui rappeler son entrée fracassante à l'auberge Touloise.
Pliant sa lettre, la jeune femme regarda un peu partout avant de se rendre compte que son porteur de messages n'était toujours pas parti. Au moins elle était sure que sa tendre missive arrive rapidement...

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