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Reprise des Rps "De la guerre de Savoie" et "Combats autour d'Annecy"

[RP]Combats d'Annecy ou le début de la fin... enfin !

Scath_la_grande
[Terce assaut, la nuit du 14 au 15 décembre, les belettes crèvent la gueule ouverte… ou pas]


Suivre Melian, Suivre Melian, Suivre Melian…
V’là les consignes de son sicaire préféré, martelé dans sa caboche rousse à grand renfort de rabâchage, juste au cas où il y aurait des fuites de cerveau.
Ouais, ben à force de reluquer le troussequin du cap’taine, ça commençait à la démanger sévère. C’était que la petite avait des besoins pantagruéliques à satisfaire, et pas de ceux qu’on faisait derrière un buisson, non, non on parlait bien de mouiller l’goupillon, filer un coup d’arbalète, de dérouiller l’Totor, de guiser et j’en passe.

Et sa chair faible fut tôt faite satisfaite, caprice rassasié par un médicastre déjà familier de ses vermeilles, fraîchement estropié la nuit précédente.
La belette avait repéré son claudiquant amant d’un soir ou plus si affinités et s’était empressé d’enfiler son bras fin au sien, de lui sourire, enjôleuse, en s’enquérant de son état.
Elle roula des hanches, oscilla du pigeonnier alors que ses fauves enfermaient les iris d’acier du brun dans un regard troublant.
Elle s’offrit comme infirmière improvisée et lui, se proposa d’ausculter les profondeurs de sa gorge, ainsi se déroula la nuit, sous les ressacs violents de deux carcasses qui s’accidentaient, se liaient et se déliaient.



[L’heure du combat…]


Son souffle haletant formait des nuages chimériques aux portes de ses lèvres, la rouquine attendait, tremblante de cette excitation qui régnait avant la bataille. Impatiente et pourtant avec ce fond de peur qui lui tordait les boyaux à en dégobiller sa bouffe sur ses arpions.
A la bourre, la belette avait dû courir afin de rejoindre sa compagnie, tignasse voletant à tout vent, il avait été bien dur de quitter la couche encore tiède des ébats.

L’attaque vint soudaine, fulgurante. Mêlée de corps, d’armes, de larmes, de cris, chairs à crever qui s’élançaient dans la crainte d’une faucheuse planquée dans l’ombre d’une lame.
Scath se dressa de toute sa fierté bretonne, le front haut, les tempes battantes. La bête hargneuse plongea, l’épée dans une garde plus basse que d’accoutumée, bien mal lui en avait pris.

Elle s’attela à un bonhomme, vêtu d’un blanc immaculé, assurément pour mieux se fondre dans le paysage givré de l’hiver. Le savoyard avait de la poigne et de la technique, en usait avec habilité tandis que la rousse, sourcils froncés dans sa concentration, parait les coups de plus en plus difficilement. Le bras toujours vaillant, fatiguait et son attention faiblissait avec.
La Grande ne vit pas l’assaillante venir de son flan droit, elle ne sentit que l’âpre brûlure du métal tranchant l’ivoire de sa peau dans le cou.
Ses yeux crépusculaires se tournèrent lentement vers la femme qui venait de l’attaquer, agrandis sous la surprise, l’information de la douleur ne parvenant que laborieusement à son chef, annihilée par ses prises de Jusquiame.
Un fragment d’inattention dans le temps et tout bascula, le guerrier face à elle, fit valdinguer son bouclier, la Grande esquiva un mouvement de retrait pour trouver une parade plausible, enhardie, elle en oublia tout élémentarité des règles, rester sur ses gardes.

Ses mains hyalines lâchèrent le pommeau de son arme qui tomba dans la neige dans un bruit étouffé. Les prunelles scathiennes se rétractèrent subitement alors qu’un de ses poumons se gorgeait de sang.
Non, la gamine ne comprit pas de suite, elle porta sa main là où la douleur la figeait dans un carcan de froid, sous l'arrondi tendre d'un sein, en pleine poitrine. Un liquide tiède, visqueux glissa sur ses doigts que la rousse ramena à hauteur de vue. Du carmin et celui là, il se buvait pas.


Bordel !

Ses lèvres tremblèrent, ses fauves égarés s’agitaient dans leur cage de chair, et sa carcasse fini par s’écrouler sur le tapis blanc qui se mariait à merveille avec l’éclat de feu de sa chevelure.
Les yeux gobaient la voûte céleste où l’aube pâle et hésitante commençait éclore. Une pensée pour Mirwais, son roi qu’elle avait sciemment laissé de côté, et même une pour sa Ciguë, pétale de vie encore si fragile.
Rideau…



[Les limbes]


On lui bouscule les côtes.
-Aanor ! Lèves toi, je n’ai pas que ça à faire… vous foutriez pas tout le temps sur la gueule, ça m’f’rait des vacances…
Surprise, la rousse ouvre les yeux et observe cet endroit vide de tout où règne le silence, la forme qui lui parle est cachée sous une cape élimée d’une couleur indéfinissable.
-Ils sont où les autres ?
La chose soupire agacée.
-Grouilles-toi, je dois encore aller en chercher d’autres !
-D’autres quoi ?
-Âmes ! Nom d’un linceul t’es morte ma p’tite Aanor.
Scath hausse un sourcil, étonnée.
-Je ne suis pas Aanor, vous vous êtes plantée m’dame… ? M’sire ? Huuuu Faucheuse ?
-Tu n’es pas…. ??? Hum
La forme désincarnée se saisit d’une étrange tablette lumineuse qu’elle manipule d’un doigt maigre. Elle tapote tout en râlant.
-Foutu matos de meeerde, technologie mon cul oui… Cet I Plad bug encore… fait ch… nan mais elle est où cette foutue rouquine… Chargement d’Annecy… 4 heures et 6 min… alors une rousse… ben si c’est toi ! Nom de naissance Aanor donné par sa mère, renommée Odile par les nonnes du couvent Saint Machin… et enfin dernier nom Scáthach, raccourci en Scath !
-On essaye de rouler la mort, hein ? Ben ça l’fait pas… suis-moi maintenant j’ai encore quelques clients à prendre.

-Nan mais j’veux pas mourir moi ! J’vais pas clamser bêtement dans ma seconde guerre… je dois veiller sur mon colosse blond, sur ma naine rousse, sur mon occitane brune, sur ma liqueur de framboise… vous pouvez pas m’emmenez… je refuse !!!!
La belette pare son museau d’un air boudeur, le nez relevé snobant carrément l’encapée.
La mort se retourne et dans le trou béant de sa capuche, deux lueurs froides brillent et une voix courroucée s’agite.

-Je suis la MORT !! Crains moi ! Petite chose insignifiante sinon…
-Oui sinon quoi ??? Z’allez me tuer ??? Mouarf z’êtes marrante vous !
-Petite insolente !!!
La Grande Faucheuse se saisit d’un petit objet, pianote dessus et le porte là où devrait se situer un de ses oreilles.
-Allô ? Fred ? Ouais c’est Momo, dis avec le cas de 4317 d’la région savoyarde…… ouais ceux qui s’foutent sur la gueule… j’ai un 89… veux pas calancher la d’moiselle……. Franchement l’Patron fait ch… avec ce truc de ressusciter là… J’peux même plus bosser tranquille… mmm ? …. Oui, oui tu la rayes de la liste. Hé Fred après on s’fait l’apéro ? ……. Mouarf t’es con toi……. Ouais c’est ça Tchusss ma poule.
L’objet est rangé alors que les yeux de la rouquine sont écarquillés, toute à l’étonnement de ce qui vient de se produire. La Mort traficote un peu sa tablette, et Scath sent sa carcasse peser de plus en plus et les sensations de la rattraper une à une… peur, froid et… douleur.


[Atterrissage douloureux...]


La Grande se demanda si c’était un délire post mortem, que bientôt le souffle lui manquerait et se tarirait dans sa poitrine car déjà sa respiration devenait de plus en plus difficile. Elle se tourna sur le côté, la poitrine si douloureuse, et toussa avec peine, du sang inonda sa bouche. « Meeeerde j’vais crever et j’ai rien à boire ».

Un bruit de pas, indistinct lui parvint, elle leva une main, tremblotante. « Hey les mecs… si jamais n’oubliez pas de me ramasser, hein, ça serait con que je dégeulasse ma robe de boue, hein ! »
Être une belette ou comment cultiver l’art du futile…


Oh Tad ! Promis je ralentis la Jusquiame ! ...demain... peut-être...


*Tad = Père en breton
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"Ce n'est pas de ma faute si je suis si parfaite ! C'est Deos qui m'a faite ainsi !"
Rudolf_karnap
[Le soir du troisième assaut]

Doux sommeil du juste qui frappe l’épuisé à la conscience calme. Doux sommeil qui se refuse au bocan pourtant exténué. La brise fraîche qui vient atténuer la dernière trace thermique de la belle qui vient de le quitter? Non coupable. Les draps défaits qu’il n’a pas, pensif, prit le temps de replacer? Non coupable. Quelconque regret inavoué? Peut-être… Pas vraiment… Ah si? Inquiétude? On se rapproche. Quoi qu’il en soit, le colosse se met en branle, se lève, évite l’appui douloureux de sa claudicante et enfile ses vêtements. Une pensée pour la cape qu’il regrette avoir oubliée, il quitte la tente.

À son regard s’offre un camp vide, la rumeur du combat lui parvient. Il se hâte dans le noir de la nuit vers son étoile des bergers faite de lueurs de torches et de reflets métalliques. Le fracas familier s’offre bientôt dans toute sa grandeur à son oreille. Frappe les épées, cognent les boucliers, fracassent les haches, froissement du métal. La lune alliée à la neige donne un air onirique à la scène. L’éclaire sans lui conférer plus de clarté. Un frisson ébranle le colosse qui cherche des yeux les siens. Son acier sonde le visage des combattants, court de l’un à l’autre. La neige étouffe les sons, noie les perceptions du Réformé qui doute tout d’un coup de son éveil.

Spectateur d’un affrontement entre deux armées fantômes muettes, le géant chancèle, tombe. La morsure du froid le réveille, digne messagère de la blessure du colosse une douleur cuisante foudroie son flanc gauche. Couché dans la neige, frissonnant, les bruits à ses oreilles deviennent réels, à nouveau fracassants, tonitruants, chaotiques. Tout semblant d’ordre que sa fièvre lui avait inspiré disparait et il se relève. Prit d’une nouvelle détermination, il s’avance parmi les combattants qui regagnent déjà leurs camps. Bute sur des corps, inconnus, Savoyards, Helvètes, Lions, Hydriques, Eldoradesques, les blessures sont profondes, il les ignore, tout pris dans l’égoïsme de ses inquiétudes pour ses proches.

Ses yeux hagards fouillent les cadavres, quand soudain, il arrête ses recherches chaotiques. Il suit de l’œil l’écarlate qui rompt l’immaculé de la neige. Ses aciers chevauchent l’ivoire souillé de vermillon. Son esprit se refuse à comprendre un bref instant, l’instant précédant, le voilà penché sur le corps. Autant, sinon plus blessé que les précédents, une volonté ineffable d’épargner mort à celle-là l’étreignit. Une de ses mains visita le vide habituellement comblé par sa besace et un juron retentit. Quel idiot il était. Ni une ni deux, sa chemise est en lambeaux et ces derniers sont en passe d’occuper l’emploi le plus noble de leur courte carrière, bandages à titre temporaire. Il serre, il noue, il bloque l’hémorragie au cou, puis à la poitrine. Un vif examen lui apprend que le cœur remplit encore son office. Il croit apercevoir les paupières papilloter, les lèvres s’entrouvrent et laissent échapper un souffle qui pourrait vouloir contenir des mots. Gardant l’exhortation au calme habituelle dans ces cas pour lui, il soulève la Belette, faisant fi de sa propre douleur et se dirige hâtif vers sa tente.
Scath_la_grande
[Terce assaut… où le temps s’est figé depuis le 15 décembre]


Oh Tad ! Promis je ralentis la Jusquiame ! ...demain... peut-être...

On vient jusqu’à elle.

‘fin si je suis vivante d’ici là…

Les bruits de pas étouffés par le moelleux liliale lui parviennent distinctement, d’ailleurs la mustélidé se tourne pour l’accueillir, le museau dans la direction hume l’air comme pour deviner qui se cache derrière l’ombre.
La colossale carcasse se découpe, sombre, sur un ciel qui s’éclaircit sous le joug de l’aube.
Les paupières cillent sous les iris vacillantes, Belette croit le reconnaître, elle lui sourit faiblement.


Mirwais…

Non roukmoute, il y a erreur sur le colosse, çui là, l’est brun.
Pour l’instant elle ne s’en soucie guère, car déjà les frissons l’ont rattrapées, courent sur sa peau de calcédoine l’agitant en légers tremblements, les membres gourds piqués par le froid.
La Grande a perdu de sa superbe, son pétillant s’en est allé chercher des fraises sous la neige.
Il ne subsiste qu’un souffle malingre au fond de sa poitrine, et c’est au prix d’un effort incommensurable qu’elle l’entretient.
Rudolf se penche, la dominant de toute sa stature, au contact inquiet de ses doigts sur son corps, à l’odeur de leur nuit enchevêtrée qu’il transporte avec lui, elle sait à présent que c’est l’helvète et nul autre.

Depuis ses paupières mi-closes, la rouquine l’observe, comme un animal pris au piège, en cet instant si vulnérable.
Elle déteste ça…
Il la soulève tandis que l’air glacé pénètre dans ses poumons dans une grande inspiration, il investit le sang, la chair, corrompt les battements de sa toquante…
Tout s’éteint.
Silence.




[Les limbes… Quoi ?? Encore ?!? Nan mais j’ai déjà donné !!]


Le lieu est étrange, du rien à perte de vue, du néant à perpette, du voilou de partout, même la mort est aux abonnées absentes.

-Hum ? … instant de réflexion avant le braillement d’orfraie de la voix sublimifique de la rouquine… Vous êtes là m’dame ?
Vacuité auditive totale. Deuxième essais.
-M’sieur ? ………… La Faucheuse ? ………… Mam’zelle ? ………… La Mort ? ………… Ou que sais-je… Houhouuuu…
-…
-Oh la vioc !!! Tu ramènes fissa ton linceul moisi et tes os pouraves !

Un grondement venant du tréfonds des abysses vient la secouer toute entière d’un souffle. La seconde suivante, un grognement de mécontentement se fait sentir juste à côté d’elle.
La voix caverneuse prend les hauteurs de la colère.


-QUI… ose me déranger pendant mes œuvres ! Quel est l’impudent qui s’octroie le droit de me parler avec cette arrogance… reconnait l’animal. Ah c’est toi ! Qu’est-ce que tu f.. Hum ! Que veux-tu mortelle ? Tu es déjà déçue de l’existence terrestre pour revenir si vite ?
-Justement, j’allais vous retourner la question. Qu’est-ce que j'fous là ! Vous m’avez renvoyé sur… ‘fin là d’où j’venais. Je veux y retourner ! Maintenant ! Tout de suite ! Immédiatement ! … Sinon….
-Sinon quoi ! Petite insolente, va ! Tu crois me faire peur… A moi ! La Grande Faucheuse…, prend un air moqueur, sinon tu vas faire quoi ? Me tuer ? Éclate de rire.
-Sinon je viendrai vous emmerdelifier éternellement !

Les secousses qui agitent le linceul s’arrêtent d’un coup en même temps que le rire.
De suite la main désincarnée sort le petit objet que Scath avait déjà pu observer précédemment et pianote rageusement dessus, enfin le porte à l’écoutille.


-Ouais Fred c’est encore Momo ! ………… J’t’envoie quelqu’un ! Une morte non ressuscitée ! ………… Tu parles… Ouais un cas 336 ………… Son numéro ? Atta… je crois que c’est 4617…
-4317 !!!
-Hum oui s’cuses 4317 ! ………… Une rouquine du nom d’Aanor...
-Scath !!!
-Bon elle préfère qu’on l’appelle Scath. Soupire. ………… ouais tu vas voir… une vraie chieuse !!! Sous le tissu de bure sombre, ça se gondole sévère. On verra ça taleure ! Ouais Tchusss ma poule!

La mort déplie lentement ses bras comme des ailes, lui donnant des allures d’oiseau de mauvais augure. Elle avance un long doigt effilée devant elle et pointe une direction.
Du néant alors, surgit un couloir, étroit et vouté, une douce clarté accueille le regard à son extrémité.
L’instant est important.
Scath à cette impression de vivre-dans la mort- un moment unique, un virage dans son existence-de macchabée novice- et solennelle, elle se tourne vers la créature à la silhouette étriquée pour recueillir les paroles fondamentales qui la guideront dans son périple à travers ce rituel initiatique tel Orphée traversant les enfers pour chercher Eurydice…


-Au fond du couloir, à gauche, fait la voix âpre de la passeuse d’âme.
-Huuuuuuuuuuuu ?

Là c’est sûr, d’un coup, la quête perd en mysticisme.

...

Plus loin, bien loin de la conscience d’une rouquine, on s’escrime à la maintenir en vie.
Le froid a œuvré pour le compte de la Faucheuse, tout en défaveur d’une belette qui n’a de couleur que sa tignasse de feu et le carmin de son sang.

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"Ce n'est pas de ma faute si je suis si parfaite ! C'est Deos qui m'a faite ainsi !"
Rudolf_karnap
[15 décembre, 4h46 du matin, le temps en pause syndicale.]

Le colosse déboule dans son habitacle, tente toute sauf spacieuse. La rousse est délicatement déposée dans un tas de chiffon que le Rud se plait à nommer lit. L'image n'est pas sans évoquer une perle dans son écrin de tissu. Le vermeil maculant l'irréel ivoire accentue cette impression qui s'empare un moment de l'Helvète. Il déglutit, reprend le contrôle de son esprit gambadant et se penche sur le corps inerte. Ses doigts viennent caresser la peau du cou, fouillant pour une palpitation si désirée. La joue du Bocan vient effleurer les lèvres entrouvertes de la belle, quémandant un souffle.

Ses doigts trop fébriles et gelés ne captent rien, mais sa joue frémit. Ne prenant pas le temps de se questionner sur les causes possibles du souffle qui n'émane pas ipso facto de la bouche de son amante, le colosse se raccroche à l'espoir, le transforme en certitude et calme ainsi son coeur qui semblait bien décidé à lui faire un mauvais sort. Il dégaine sa dague, l'inquiétude remplacée par une hâte sans nom. Le vêtement de la Belette est déchirée complètement au niveau de la poitrine. La blessure plus profonde est la priorité. Il retire le bandage sommaire et laisse choir les haillons ensanglantés au sol. Il porte la main à sa besace non loin et en sort fil et aiguille.

Il entreprend de refermer les lèvres de la plaie avec hâte, mais méthode. L'aiguille mord la chair, le fil passe, l'aiguille mord à nouveau, on serre. Un coup d'oeil à la rousse pour voir si elle réagit. Retour à la plaie, l'aiguille perce encore l'ivoire hérissé par le froid. La plaie laisse couler le sang à intervalle lents, mais réguliers, preuve que le palpitant est encore à l'ouvrage. Une fois la plaie refermée, il coupe le fil, fait un noeud.

Une nouvelle fouille dans sa besace, il sort une bourse, l'ouvre, en sort des feuilles d'une plante dicte de la Saint-Jean. Il mélange quelques feuilles avec de l'eau dans une écuelle en bois et étale l'Achilée sur la plaie. Il ceint la blessure d'un bandage propre qu'il attache dans le dos de la Grande.

Concentré sur son travail, il se retourne maintenant vers la plaie du cou, reprenant peu à peu contrôle de ses pensées, réfléchissant de manière plus rationelle.
Scath_la_grande
[Interlude aux limbes toujours un 15 décembre, on vous l’a d’jà dit !]


Promenons-nous dans les limbes
Pendant qu’la mort n’y est pas
Si la mort y était, elle nous tuerait
Mort ! Où y es-tu ! Que fais-tu !
J’enfile mon linceul… Mouhahahahaha


La comptine enfantine s’égrène dans le silence de l’abîme, et l’éclat de rire s’interrompt sous le grognement en provenance direct du néant, suivi de près par une bourrasque glacée qui l’enveloppe.
Soupir de Belette…


-T’a vraiment pas d’humour la vioc !

Sa carcasse indolente tangue en direction de la clareté diffuse dans l’fin fond du corridor/tunnel/’fin bref le trou pas rassurant avec de la lumière au bout.
La rousse se laisse transporter… oui mais par quoi ? Une myriade d’angelots ailés à poil tous dodus ? Des hérissons copulateurs de coquelicots volants ? Une nuée de nains bouffeurs de viandes avariées ?
Mwé… Mystère ! Mais l’a pas l’impression que c’est ses quilles qui l’emmènent à quelqu’part en tout cas.

Une question supplante l’autre après que lui parvienne à ses esgourdes un « craaak ! » contestataire.
« Huuu ? C’est quoi ça ? ‘tain ça ressemble au bruit d’une étoffe qu’on déchire. »
Le constat s’ensuivit d’une méditation intensive.
Oui c’est dur de réfléchir dans les limbes, sans rien avoir à boire. En plus Scath a le gosier en atrésie -non ce n’est pas le pays de Candy !- ce qui n’aide pas à l’analyse.
Tilt !


-Haaaaaaaaaaaaan j’avais dit pas les habits !!!

Pas le temps d’houspiller contre ce crime vestimentaire, même si les houppelandes ça vaut la peau de l’artiche surtout quand on risque gros de marauder chez la bourgeoise.
D’ailleurs est-ce qu’on l’entendrait depuis l’trou du cul de l’antichambre d’la mort où elle se trouve coincée ?
Non, et ce n’est apparemment pas du tout le moment des doléances sur les frusques, à peine le temps de ciller que le décor est bouleversé dans un flash aveuglant. De l’abîme sibyllin, la rousse se fait planter au milieu de… nan mais c’est quoi c’te pièce ?
Comment dire… en un mot blanc, blanc et blanc… Ah pardon ça fait trois.
Un vrai festival de l’immaculé, des pans de murs nivéens, du plafond opalin, du sol de calcédoine…
De la blancheur émail diamant à vous en esquinter la rétine.

Recadrage de la vue, c’est que la pureté lilial, ça vous bouffe l’œil, il faut gentiment habituer les fauves à la lumière. A la mise au point de sa pupille, une silhouette se dessine, elle en perçoit le mouvement. La chose se lève et vient à sa rencontre.
C’est un homme, le poil ras en guise de cheveux, le visage avenant légèrement piqué d’une barbe blonde. Plutôt jeune, elle aurait dit…


-Deos ? C’est vous ? J’aurai parié que vous étiez plus vieux qu’ça !

Et à l’inconnu de partir dans un éclat de rire et d’aller de son laïus aux apparences commerciales.

-Service Après Mort, bonjour, que puis-je à ton service ?
-Gniiiiiii ?
- Moi c’est Fred, maintenance des réseaux mortels. Bon apparemment c’est toi la chieuse qui ne veut pas clamser.
-Gniiiiiiii ?
-Bref…T’es le cas 4317 d’la région savoyarde, c’est juste une erreur 104 qui s’est glissée dans ton disque dure ! Mwé mwé…
, il se gratte la barbe naissante et se laisse tomber sur un siège, qui vous l’auriez deviné est… blanc… J’attends mon assistant qui doit me ramener ton dossier, avant de commencer.
-Gniiiiiiiiii ?
-Mwé et à part « Gniiiii » tu sais dire autre chose ?
-Gniiiiiiiii…
- Installes-toi donc…
lui désigne un endroit en face de lui dépourvu d’assise
-C’est quoi c’t’endroit ? C’est bizarre… Pourquoi chuis ici ? Pis y a pas de chaise !
-Ici c’est le S.A.M., le Service Après Morts, je n’aime pas à me répéter ! On s’occupe des bugs…
-C’est quoi un bug ?
-Un truc qui plante !
-Comme une graine ? Et ça germe après ?


Le type tout angélique qu’il soit commence à atteindre les limites de son quota de patience.
Soupape de sécurité ouverte, il pousse un soupir…


-Et pour ma chaise, hein ! Pourquoi j’ai pas un bon fauteuil pour mon postérieur belettique ?
-Y a pas de siège parce qu't'as pas d'fion !!! J’te signale que tu n’es qu’à l’état d’esprit, t’es toute éthérée, pas de corps, walouuu. Pfiou envolée la chair, la douleur et tout ça… t’as vu il n’y a pas que des désavantages à être morte.
-Couuuuuac !
La voix stridente de la belette s’étrangle dans sa gorge. Mon corps si parfait, si sublime, architecture sans le moindre défaut, œuvre du tout puissant ! Il est où ? Il est où !!!
J'VEUX MON CORPS !!!!

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"Ce n'est pas de ma faute si je suis si parfaite ! C'est Deos qui m'a faite ainsi !"
Scath_la_grande
L’ange conserve une attitude impassible face à la vindicative rousse, haussant à peine un sourcil.
Le fameux assistant vient d’arriver, c’est un grand bonhomme, à la peau d’ébène, sa grande bouche entrouverte à l’appel d’un rire gouleyant qui le secoue de petits sursauts.
Stupéfaction qui vient de saisir une belette en pleine crise de revendication corporelle et qui s’abrège de ce fait dans un silence interloqué.
La roussette malgré tous ses voyages n’avait jamais croisé de sa vie un gars aussi noir. Le teint mat, oui elle connaissait, mais là… ça restait un mystère de la création divine. Et de le scruter sans gêne, faut dire que parmi tout ce blanc, c’est difficile de ne pas s’accrocher à ce bout de charbon. Elle toise, jusqu’à l’impudence du regard.


- Ah Doudou ! Tu tombes bien… T’as bien pris les rétrospectives des ses souvenirs ? Parce qu’elle la mémoire d’un navet c’te gamine, j’ai essayé de sonder… mais rien de rien… si elle picolait moins aussi !
-Oui tout est là mais je t’ave’tis c’est le foutoi’ là dedans…
et de se marrer en tendant la même tablette que la faucheuse tenait entre ses doigts plus tôt, dis c’est v’ai que tu t’es fait ve’tement puni’ par la mè’e supé’ieure du couvent de Sainte Boulasse à B’est ?
Se tournant vers le l’ange blond.
-J’ai lu dans le dossier qu’la ‘oussette lui en avait fait subi’ du’ant son séjou’ là bas. Elle lui au’ait dit qu’elle avait de la moustache et qu’elle puait du bec… et qu’elle…
-Oh ça va hein ! L’encourages pas non plus… et puis on ne se moque pas des gens qui tâtent de l’enfer… c’est très mal !
-Dites ? Pourquoi l’Doudou il est tout cramé ? Vous l’avez trop cuit ?


Déduction provenant des sources culinaires scathiennes : « quand c’est tout noir c’est cuit ! »
L’ange lâche un soupire et sur un ton de léger reproche, s’adresse à son assistant.


-Je t’avais dit que le sarrasin c’était trop extravagant quand on reçoit des gens de c’coin là, la prochaine fois, fous ta tenue de Viking, les grands blonds ça passe toujours inaperçu dans ce genre de lieux.
-L’blond c’est fadasse comme couleu’… pis j’aime pas l’accent du no’d…
-Mwé !


Tapoti-tapota nerveux, les doigts du préposé aux erreurs de mort glissent sur la fameuse tablette. La faisant chatoyer en dessins fascinants pendant que la mustélidé boude, contrariée qu’on ne lui ait pas fourni réponse à sa question.
Voix triomphale du ledit Fred.


-Voilà, le bug a été trouvé !
-Alors ça germe ?
-Argh… heu ? Non… ! C’te donzelle a un grain… c’est pas possible !
-Ah voyez ! Un grain qu’on plante et qui germe… ça bug… ? C’est ça, j’ai bien compris ?


Soupir prononcé et levage des yeux en l’air pour le blondinet qui fait claquer sa langue contre son palais d’agacement.
Et de reprendre.


-J’ai trouvé la faille, c’est juste à cause des températures trop basses que tu es revenue nous mouiser de la sorte ici et tu vas bientôt t’en retourner aux affres des la douleur… enfin… il appuie sur un point précis de sa tablette lumineuse… Allez, bon débarras !

Les sensations muent étrangement entre le feu et la glace, la Belette perd pattes, sent sa densité s’étirer, se tortiller sans qu’aucun contrôle de sa part ne puisse être appliqué.
Distorsion de ses impressions qu’elle ne possède plus tout à fait, elle se soulève et se fait happer dans une sorte de néant.
Noir…
Noir…
Et encore noi… on s’en fout… elle est où la lumière bordel !



Hey ? C’est quoi c’te endroit ?
Il n’y a pas comme une rouspignole dans le potage là ! ... non ?
Arf s‘sont gourés la bande de gland ! C’est pô possible ça !

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"Ce n'est pas de ma faute si je suis si parfaite ! C'est Deos qui m'a faite ainsi !"
Scath_la_grande
[Han mazette mais qu’est-ce que je viens foutre dans cette histoire…]


La chute lui paraît interminable, c’est long, c’est chiant, c’est… BAM !!! « Aïeuuuuuuuu »
Ah ? C’est fini apparemment.

Hey ? C’est quoi c’te endroit ?
Il n’y a pas comme une rouspignole dans le potage là ! ... non ?
Arf s‘sont gourés la bande de glands ! C’est pô possible ça !

On dirait qu’il y a comme un changement de décor… ce n’est pas ce que la rousse a commandé, il y a comme une erreur de casting corporel là.


-Ohé les deux têtes de glands, y a un souci !!!

Râââââ punaise, pour sûr qu’ils sont entrain de se pinter la tronche avec leur grande copine la faucheuse. Si c’est pas navrant de voir des trucs pareils, ils sont au service de Deos et sont même pas fichus de partager.

-Youhouuuuu le S.A.M. ?

...
-F’ed ? On y va ?
-Ah non c’est une chieuse ! Et c'est l'heure de l’apéro, Momo nous attends…

...

-J’ai un bug qui germe dans la plante… v’nez voir !!!

...
-Pitête qu’on…
-Chuuut ! Tais-toi malheureux…

...

-Hey j’vous entends, j’sais que vous êtes là, hein ! Picolerez plus tard…

...
-Ben voilà, bravo !!! Va encore nous casser les noix.
-Ben F’ed, on n’a pas de noix… on est des anges… je te ‘appelle…

...


-Bon qu’est-ce que tu veux, t’es pas contente ? Nous ne sommes pas responsables des dommages occasionnés par la mort, c’est écrit dans le contrat !
-Quel contrat ?
-Celui que tu signes à ta première bouffée d’air dans tes poumons…
-Ah ? Nans mais c’est pas ça… vous vous êtes gourés de corps…
-Pardon ?!?!?
-J’sais pas ce que vous avez trafiqué avec vos trucs lumineux, mais vous m’avez expédié dans une carcasse à Pétaouchnock ou je ne sais trop où…
-Ah non impossible, ça c’est le S.R. qui gère cette partie là…
-Gniiii ?
-Le Service Réinsertion ou comme vous dites, réincarnation… c’est quoi le truc, t’es tombée dans un corps de vache ?


Des cascades de rires invisibles viennent échouer jusqu’aux oreilles spirituelles de Scath.
La rousse inquiète quand au devenir de son corps gracieux qui se baladerait sans son âme et on ne sait où, mit fin au gondolage de l’ange préposé en plantes germineuses qui bug.


-C’est fini d’se gausser oui ! Pas que ça à faire… Et dire que mon sublime corps est entrain de pourrir dans d’la boue dégueulasse, en plus on m’a déchiré ma houppelande… journée de mer…
-Oui bon c’est quoi le problème…
-Ahem… j’aimerai bien savoir par quel miracle, je suis entrain de courir… enfin non, pas moi, enfin le corps que j’habite et dont je ne maîtrise rien du tout… après mettre reçue un bourre-pif par un type moustachu qui prétend que je lui aurait piqué une pomme… non enfin pas moi, le corps que j’hab… ‘fin bref…
-Oui et… ? J’vois pas…
-Je suis censée être mourante et entrain de me vider d’mon sang, j’vous rappelle que je me suis faite empaler comme une saucisse à griller par des savoyards… et pis marauder les pommes c’est pas mon vraiment mon « obi »comme dirait les angloys.


Petit silence gêné…

-Ah oui… ? Hum…
-Et c’est pas fini !
-Ah ?.... Doudou appelle Momo, dis lui qu’on aura du retard…
soupire… dis lui qu’on s’occupe du cas de la chieuse… ouais l’comprendra tu verras. Oui donc ?
-Ben je ne suis pas au même endroit…
-Comment ça ?
-Ben je me rappelle bien…. Les remparts, la neige, les montagnes, le froid, l’hiver tout ça quoi…
-Hmmm ?
-Et là pfiou plus rien… on dirait l’été, ça fouette l’air iodée et je coure dans des venelles qui ont l’air de tout sauf savoyardes, non enfin c’est pas moi qui coure… c’est mon corps qui… vous avez compris le principe…
-Ah ! Oui effectivement… mais normalement je n’ai pas reçu la formation pour la réinsertion de l’âme dans un autre corps… je ne sais pas faire…


Petits bruits de farfouillement et de messes basses entre les anges qui ne parviennent pas jusqu’au esgourdes de la rousse qui piétine intérieurement dans ce corps étranger.

-Ah ! Dans nos données, il est inscrit que c’est bien ton corps… bizarre…
-Ah ? ‘ttendez, mon vaisseau fantôme vient de s’arrêter… j’ai l’impression que je connais c’te endroit…
-Je crois que j’ai trouvé…
-On dirait Brest…
-Han miiiiirdeu la grosse boulette ! L’patron va nous arracher les auréoles !

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"Ce n'est pas de ma faute si je suis si parfaite ! C'est Deos qui m'a faite ainsi !"
Scath_la_grande
[Une âme erre, amère…]


L’indolent esprit s’enlise et s’ennuie dans ce corps qu’il ne maîtrise point, c’était comme être propulsée aux commandes d’une armée sans pouvoir ordonner.
Soupir...
La rouquine subit, ne peut qu’être observatrice impuissante à travers les lucarnes étrangères de cette créature qui s’anime, vit de manière individuelle.
Défilent devant elle, les venelles aux murs sans teint, au goût saumâtre des réminiscences d’une belette qui à l’époque, tapait dans la maraude facile.
Ses doigts fins et malicieux répondaient aux doux appels de la bourse replète des bourgeois distraits.

Au passage, l’esprit trimardeur accroche du regard une enseigne un peu miteuse, dont les lettres s’effritent gentiment en guise de réponse au temps qui s’écoule.
« Le Sein-supplice »
Étrange nom pour une piètre taverne, aux vitres opaques de crasse qui ne devait guère laisser de chance aux rayons de soleil à l’intérieur.
Non pas une gargote à vin, plutôt un lupanar qui a trépassé son heure de gloire.
Et d’entendre s’échapper de la carcasse parasitée de l’âme scathienne, une étrangeté familière.


    « Quelle bande de tartignolles, z’ont fait une faute à Saint-Supplice »

Gnîîî ? Ce timbre là, elle le connait bien… trop peut-être… cette voix tout droit sortit d’un tiroir de son enfance.
Non, impossible, qu’est-ce qu’elle foutrait là et par quelle opération du Saint-Esprit –pas sain de l’esprit pour le coup- elle aurait atterri ici…



-Freeeeeeeeeeeed !!!! Le « esse-ah-hem » !!! J’ai b’soin d’une explication… et fissa l’explication, hein !
-Hum ! C’est à cause de mon doigt, il a ripé sur l’écran tactile…
-Nan mais ranafout’ d’comment c’est arrivé… d’ailleurs c’est quoi un cran tactile ? C’que je veux savoir c’est ce que je fiche dans mon corps de gamine, parce que c’est bien ça ! Hein !!! Vous m’avez exilé dans mon enfance !
-Huuu nan pas vraiment…
-Comment ça pas vraiment ? C’est moi ou c’est pas moi, c’est pourtant pas bien compliqué ! Je suis UNIQUE ! Je suis si parfaite que le Grand Architect de l’Univers, là-haut, n’a fait qu’un seul model !!!
-‘core heureux ! Quant l’Grand Patron a vu le spécimen, Il a du casser le moule !
-Hé ho hein ! J’vous rappelle que c’est quand même vous qui m’avez expédié ici… hum… dans mon heuu… passé…
J’ai une quête ? C’est bien ça… ? Je dois changer quelque chose qui bouleversera la face du monde ?



On sent l’instant de réflexion intensive produit par l’ange blond qui cherche désespérément une technique anesthésiante qui le débarrasserait définitivement du blabla roux.
Inspiration. Expiration. On reprend.



- En fait ce n’est pas vraiment un retour dans le passé, c’était juste un banal accident digital, et pouf ! Nous t’avons expédié à l’intérieur d’un de tes souvenirs…
-Hu wé mais ça me dit pas ce que je fous là !
-J’ai dit que mon doigt avait RIPÉ ! BORDEL ! D’habitude, nous gardons ces instants précieux de la vie pour que le sujet en attente de son dernier jugement ne s’ennuie pas trop. C’est que c’est long avant de pouvoir obtenir audience avec les hautes instances divines…. Ce retour là, était juste une boulette !
-Vous auriez quand même pu me faire revivre un souvenir de bêchage, c’est pas ça qui manque pourtant… j’me serai moins emmerdassée ! L’enfance… c’est pas la meilleure période de mon existence…
-De bêchage ?
Cherche sur sa tablette lumineuse. C’est étrange, je n’ai aucun souvenir de jardinage en mémoire pourtant…
-Mais non F’ed, pas ce gen’e de ja’dinage…
se marre… Hein pitite côôquine va !
-…ahem…



Un chérubin passe, touffe blonde sur le crâne, à moitié à poil et à plume, avec des ailes de hérisson pygmée.


-De toute façon, ce n’est pas nous qui choisissons les souvenirs, c’est aléatoires, suivant le sujet…
-Mwé ! … maintenant vous me sortez d’là fissa, vous me réintégrez dans mon corps, on s’appelle et on s’fait une bouffe…
-On s’y attèle déjà !
-…Et moi j’fais quoi en attendant…
-Tu subis et tu te la boucles, qu’on puisse bosser tranquille et réparer !
-Han !


A présent il n’y a plus qu’à attendre le dénouement des gréements de cette histoire-là
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"Ce n'est pas de ma faute si je suis si parfaite ! C'est Deos qui m'a faite ainsi !"
--Souvenir_odilien
[Enfin la fin ! Ou le début d’une autre histoire]


Dans les grandes lignes, qu’est-ce donc Odile…
Un animal de compagnie ? Une jonquille rousse urticante ? Un accessoire de guerre du genre bruyant ?
Comment dire…
C’est une étrange créature qui a piqué la cavale depuis deux-trois mois du couvent où elle moisissait et se galvaudait en ânonnage stupide de cantiques.
Odile c’est le genre de mioche qui a grandi trop vite et mal, à l’intérieur d’un corps étriqué en longueur, la silhouette est grasse comme un balai à la diète.
Malgré une jolie bouche où les chignoles s’alignent bien en ordre et dont l’émail garde encore cette blancheur seyante aux jeunes années, la connerie malheureusement pend souvent aux paroles et les questions cons ne manquent jamais de fouler ses lèvres, ce qui gâche un peu le portrait… ou pas.
Trônant sur sa caboche, une boîte à tif roux lieu de rencontre des nœuds et véritable balançoire à poux.
Sa peau se mêle indistinctement à la nippe pour ne former qu’un agrégat de guenipe couleur marron-crasse virant au gris-craspec.
En bref, Odile c’est un attentat à la propreté et au bain.

Voilà la gosse c’est tout ça ! Et même bien plus encore… mais on pas l’éternité à disposition…
Pour l’instant ce n’est que le souvenir éthéré d’une rousse belettique qui s’est faite emmanchée en Savoie et dont l’âme affleure dans tous les recoins de l’au-delà.
Après la série de « Scath dans les limbes », « Scath va se faire voir au S.A.M. » et « Scath et le retour au passé décomposé » la belette vient même à se demander à quand les prochains tomes « Scath en vacances à la montagne de la désolation », « Scath cueille des fruits au jardin des délices » et « Super Belette VS Déos, le jugement dernier »…
Tant qu’à faire… qu’elle ne soit pas venue pour rien.



Sous le regard bileux de la matrone, la gamine est entrée et s’avance en trottinant jusqu’à elle, l’œil commerçant de la patronne est affûtée et jauge déjà l’éventuelle qualité marchande de la mioche.
D’après la moue qui s’affiche sur le visage de fouine obèse de la maquerelle, l’Odile vaut pas grand-chose, le sein pas encore naissant, la côtelette maigre, les fesses en planche, rien de quoi affoler la clientèle de marin.



Hey la galvaudeuse, t’es bien trop filasse pour la profession horizontale… Vas-t-en chercher emploi ailleurs… et ici on ne fait pas dans les petiotes surtout à celles qui ressemblent à ren.


L’enfant de lui répondre dans un presque français-breton qu’elle est à la recherche sa mère.
Une certaine rousse, ouvrière de la cuisse, plutôt jolie à ce qu’on lui a dit, tributaire du nom de Lizig qui travaillerait ici d’après la sœur Clothilde, une des rares qui avait porté un intérêt à la fillette.
La mère-maquerelle de lui rétorquer qu’elle ne parle presque pas le breton mais qu’elle le comprend surtout quand il s’agit de transaction financière. Car elle vient de la capitale, et que là-bas on parle le français avec classe et élégance, c’est le summum des vies futiles là-bas, c’est l’éden des rêves oubliés.
Vrai, qu’elle remarque aussi, l’ogresse, que la môme a la même couleur de cornalines, et la tignasse égale que sa mamm* et puisqu’Odile est d’sa lignée, elle veut bien lui offrir l’emploi ici, elle pourra toujours débuter comme cerisette*, parce que la môme c’est forcé, elle doit avoir les mêmes prédispositions naturelles pour les aspirations dévoyées que sa maternelle.
A Odile de ne rien comprendre et de froncer ses sourcils automnaux, elle, elle ne perd pas de vue son interrogation.
Ah ! Oui aussi, qu’elle lui dit la grosse matrone sur un ton d’oublieuse-quelle-sotte-je-suis, la fameuse « Lili la dossière » appelée comme ça pour ses prestations artistiques auprès de la clientèle, oui, oui elle s’égare encore une fois la dondon et se reprend pour annoncer avec autant de tact qu’un diplomate angevin :



La Lili, qu’est-ce qu’elle m’a rapporté un sacré pécule avec son cul celle-là, c’était d’la besogneuse. Hein ? Ah ? Oui ! Ben la Lili, elle a baisé la camarde ma p’tite.
Baisé la Camarde… ? C’est qui ça ? Lâche la mioche en faisant un effort de parlé français.
Elle a fait la grande culbute, oublié de respirer, soufflé la dernière bougie, quimpé, rendu sa bûche, clamsé quoi…

Elle est morte ma p’tite et c’est pas tout neuf…
Ah ? Alors c’est définitif !


Long silence pesant, voilà la seule remarque que la rouquignone émet à ce sujet.
C’est que la gamine n’est pas du genre expansive dans l’affect, on ne lui a pas laissé ce loisir au couvent et probablement que le ressort de ses émotions s’en trouve cassé, une handicapée du sentiment, une boiteuse de la larme en quelque sorte.

L’esprit diffus de la Belette dans sa prison, s’agace, s’insurge contre le Service Après Mort qui l’a paumé en plein milieu d’une réminiscence qui franchement aurait pu être plus gai que l’annonce du calanchage maternel.
Elle s’emberquine sévère dans ce corps sans matière, sans émoi, simple vigie d’un bâtiment qui suit un tracé déjà connu par elle.
Soudain une vive douleur la traverse… dans la poitrine… c’est étrange… mais le souvenir d’Odile se déroule quant à lui implacable, inchangé…



Dites ? Le français se trouve hésitant sur la langue de la gamine, et une menotte se glisse dans une de ses poches pour en ressortir une médaille argentée un peu esquintée et lui tend. Ça vient de Mamm, ça vaut beaucoup de sonnantes ?


Ralalalala juste au moment où ça devient intéressant, la où scissure de sa mémoire il y a eu, voilà que la Scath perçoit à nouveau les sensations de son corps, bruits qui l’enveloppe s’entremêlant au souvenir, douleur encore accompagnée d’une sensation de froid, de membres gourds, de tiraillement de la peau…
La souvenance s’étiole par pan, tout devient confus à l’intérieur de cette chimère, les voix s’éloignent et reviennent avec irrégularité tandis que les images l’aveuglent.



Ça ? La maquerelle observe la rondelle et étale son sourire en denture de cheval. Ça vaut pas assez pour te donner l’pain du jour, ma fille. C’est donc toi qui l’a ? Lili m’avait dit que c’était un souvenir de ton père…
Mon Tad ?
Une sentimentale c’te gamine là… elle lui avait maraudé avant son grand départ pour je-ne-sais-où…
Vous le connaissiez ?
Moui… pas vraiment, c’était un habitué, toutes mes filles en étaient folles d’ce type là. Franchement, à part qu’il mettait plein de mots dans ses phrases, je vois ce qu’elles lui trouvaient… du charisme peut-être… il s’défendait bien au verbe…
Ça ne peut-être qu’un noble…
Tssssss, la vieille ricane, je me souviens qu’il avait un nom pas commun…
Ah ?

    "-Allez la chieuse on te réexpédie dans ta carcasse… tu ne vas pas nous manquer…
    -Naaaaaaaaaaaaaaan pas maintenant !
    -Nan mais t’es une vraie emmerdelifieuse toi ! Tu sais pas ce que tu veux. Zou ! Du balais ! Bye Bye !"



L’esprit se vrille aux dires de la vieille catin, résiste à l’appel de la vie… de son saignant qui bat douloureusement dans son poitrail… grappiller du temps… entendre ce foutu nom qui était passé à la trappe de sa mémoire.
S’accroche encore, et toujours…



Un nom comme… Santé Juanes… non… voilà ! Sancte Iohannes…


Couic… fin de transmission…


NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!!!


La Belette s’assoit avec violence dans sa couche, les yeux exorbités par ce voyage dans les coulisses de la mort, ou bien n’était-ce encore une fois qu’un des effets néfastes de la Jusquiame.
La peau halitueuse frissonne, Scath s’allonge toute en sueur… la respiration en saccade, l’esprit en désordre.



    "-Bon Doudou, t’appelles Momo et tu lui dis qu’on arrive tout de suite pour l'apéro !"



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