[RP] Si l'Archange Gabriel fait grève...

La sortie de la salle d'audience fût périlleuse, mais Arégonde ne lâcha pas prise et éloignant tant bien que mal son Beau de sa proie, l'écoutant ronchonner, grommeler, protester, utiliser des noms d'oiseau et autres images dont il avait le secret elle le fit se poser sur un banc proche de la Vienne celui où il était si charmant de s'asseoir en été avec les branches du saule pleureur qui bruissaient dans la brise en amont du quartier des bouchers et des tanneurs, là où l'eau est encore pure et donne envie de s'immerger. Mais nous étions loin de l'époque joyeuse, et le gris du ciel, les branches aussi léthargiques que la Comtesse et le vent froid qui lui rappelait pourtant son frère ne rendait pas la tâche facile à Arégonde. Elle ignorait sa réaction et pire encore elle l'appréhendait alors profitant qu'Attila reprenne sa respiration elle se commença son discours par quelque chose qui pourrait éveiller son intérêt.

- Mon Tendre, puisque vous voulez la vérité je vais vous la donner sans artifice. Lasse de vous courir après, lasse de vous attendre, de n'avoir que des nouvelles odieuses j'ai décidé d'utiliser le seul pouvoir que j'avais entre les mains pour vous attirer à moi ! J'avoue avoir répandu une rumeur grotesque utilisant la crainte que le cerf peut provoquer pour que le Ban soit levé et que vous me reveniez, et je ne regrette Rien, le résultat est là vous êtes auprès de moi.

Elle se tait un instant regardant si cette révélation farfelue à l'effet escomptée et cela semble fonctionner il tend l'oreille alors elle poursuit.

- J'en viens maintenant à la partie la plus importante de ma confession, vous savez comme moi que je ne vous reproche pas d'avoir usé et abusé de mon corps, j'étais consentante et consciente de mes actes seulement...

Elle s'arrête, joue nerveusement avec ses doigts prend une grande inspiration.

- Je n'avais pas envisagée que cela pourrait porter plus qu'atteinte à mon âme...

Fait rouler ses yeux.

- Oh et puis mouise ! Je suis grosse.
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- ... qu'est ce que c'est que cette mauvaise foi de mort de faim? Je vous demande un peu... arriviste moi? Je pète dans la soie depuis mes langes... qui étaient justement en soie persane. Ma tétine en ivoire d'Afrique! La peluche sur laquelle je me faisais les crocs en zibeline des monts d'Oural, Pour qui me prend elle cette petite.... cette petite.... certes sa croupe est petite, Et bien tournée.
Mais comparer mes canines à des hallebardes! Parler sans savoir! Moi! Héritier d'une famille qui occupa tous les foutus sièges de ce conseil!
Ses tétons donneraient des vertiges au St Père certes.. mais qu'a-t-elle à les balancer de la sorte en gesticulant pour son parquet!

Finalement le flot de paroles de l'Ysengrin passe du rythme effréné d'une charge de cavalerie lourde à celui d'un pas de chasseur, puis enfin s'apaise comme le débit lent et paisible de la Vienne sur les bords de laquelle le mène sa cousine.

- ... le ban... oui oui bien entendu... oui me voici... ses yeux sont coquins j'en jurerais... et en effet je suis à votre coté... mais elle me chauffe les humeurs par ses airs désinvoltes et ses raisonnements éthérés si propre aux femelles! Oui oui je vous écoute ma belle cousine... le Cerf? Quel cerf? ah le Ténia! Oui bien bien, surveillez votre alimentation en ce cas... si par mégarde je n'avais pas un contrôle héroïque sur moi même, nul doute que je lui volerais dans les plumes, cette petite effrontée... quoique ce serait plutôt les plumes d'édredon qui voleraient... oui, votre confession? Justement j'y songeais... oui merveilleux instants ma cousine.

Le feu jaune qui luisait dangereusement à la sortie du château s'éteint dans des pupilles qui se dilatent. Le leu pose son regard sur Arégonde qui détourne le sien, obligeant son cavalier à lui poser une patte gantée sous le menton et braver sa pudeur.

- Le monde s'estompe au regard du souvenir que vous évoquez. Il me tarde de nous rafraîchir la mémoi...


GROSSE?



...






...



Deux battements de coeur, une mâchoire pendante, un anévrisme sur le point de rompre et une descente suivie d'une remontée de glotte plus tard, le leu exhale le reste d'air contenu dans ses poumons essorés comme des serpillères.

D'une voix de vieillard blanchi sous le harnois, il halète:
- Mais c'est merveilleux.
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Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac

Son sang se fige lorsqu'elle l'entend aboyer, le bourdonnement dans ses oreilles est intense. Elle se crispe, elle s'attendait évidemment à ce que la situation ne l'enchante guère mais de là à penser que le Vieuxcomte de Pfffff y était pour quelque chose, ou bien d'utiliser cette théorie absurde pour échapper à ses devoirs elle ne s'y attendait pas. Même le cilice qu'elle porte depuis cette nuit auprès de son frère ne la blesse pas autant que l'air de son Cousin. Tentant de retrouver une contenance digne, elle expire l'air coincé dans ses poumons avant de reprendre une respiration quasi normale. Les sourcils froncés elle le toise.


- Inutile de murmurer. Le Sainct-Merveille n'a Rien à voir là-dedans mais pour qui me prenez vous ? Je n'ai aucun doute là-dessus vous êtes responsable de mon état, et si je dois mettre au monde un bastard alors il en sera ainsi. Je ne vous importunerez plus sachez le. Personne n'en sera Rien, dès que l'évidence de ma situation deviendra trop présente je me rendrai en Germanie pour y faire retraite.

Elle se retourne, jette un regard sur la Vienne qui subitement est devenue plus grise, et dont les clapotis se font plus vigoureux, un vent frais vient calmer le feu de ses joues et ses pensées se tournent un instant vers Gabin, puis ses yeux piquent une poussière sans aucun doute qu'elle chasse d'un revers de main, il n'y paraît plus quand elle fait de nouveau face à Attila. Elle a repris le contrôle.

- Ne devrions nous pas commencer les courriers pour les élections ?
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Certes le vicomte n'est pas une lumière. Qu'on ne compte pas sur lui pour résoudre les mystères de l'eau tiède ou du fil a couper le beurre. L'eau est comme les femmes, soit froide soit chaude. Et le beurre, c'est à la louche. Sans qu'il y ait forcément de rapport entre les deux.
L'Ysengrin est donc passablement frontal. Ca ne l'empêche pas de savoir que quand on trempe son biscuit, les effets ne sont pas toujours tous immédiats.
Sa surprise est passablement feinte,
Et sa joie bouillonne maintenant dans tout son être frustre et velu. D'une famille quasi éteinte, il allait faire une meute prospère. Voilà ce qui passe dans les cablages primitifs du cervelet Ysengrin.
Croissez et multipliez.
Premier cour de catéchisme donné par Soeur Ada D'Assurmonbidet qui dut quitter le couvent quelques semaines après que le jeune loup eut démontré combien il avait assimilé la pertinence de ce commandement.

Du coin de l'oeil, le cousin regarde sa cousine qui joue le détachement résigné en laissant néanmoins transparaître une secrète émotion. C'est avec une joie non dénuée de malice et d'un soupçon de cruauté qu'il reprend d'une voix froide:
- Certes ma cousine. La Germanie est encore trop proche de Rome pour la honte que vous devez éprouver. Je déploierai mille efforts pour vous obtenir une ambassade royale auprès des Kirghizes, ou une nonciature auprès du grand Khan pour convertir les païens d'Orient. Je ne promets Rien. Et si je devais échouer...
Soupir consterné pour masquer le rictus goguenard qui nait sur ses babines.
- ... il me faudra alors vous épouser, je le crains. Mère m'en avait adroitement suggéré l'idée, évoquant ce qu'une telle union pourrait avoir de comique...
Grimace pincée au souvenir d'une oreille encore martyrisée par la poigne maternelle quand il avait avoué l'irréparable accomplissement de la féminité d'Arégonde par ses oeuvres... et son intention de recommencer le plus tôt possible.
- Bas les masques cousine! Epousez vous dis-je!
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Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac

Les violes se mettent à jouer un air gai et entraînant, les branches du saule se couvrent de feuilles, la vienne chante joyeusement, l'herbe se macule de fleurs de toutes les couleurs, le soleil irradie la scène de sa douce chaleur et Arégonde touche un instant le firmament lorsque une voix qu'elle reconnait entre toutes, celle de sa logique toute inébranlable la sermonne : "Il te prend pour une OIE ! Et ce n'est pas étonnant tu te conduis comme telle, comme si être un utérus ne te suffisait pas, non mais regardes toi !". Retour sur terre, le sol est boueux et froid, tout comme l'air et le regard qu'elle offre à son Cousin, certes la lueur est difficile à ternir mais elle le doit.


- Nous épouser.... Quelle idée... C'est mal venu de se moquer... Vous avez l'embarras du choix et s'il le faut je peux offrir une seigneurie à une de vos poules, ou bien à cette merveilleuse Vass dont vous me contez les mérites, encore que je doute qu'elle l'accepte.... Personne n'a besoin de savoir. Je ne veux pas vous mettre en cage et encore moi m'y enfermer.
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L'air narquois, conquérant et un peu fiévreux d'Attila se fige. Celle-ci, on ne lui avait pas encore faite!
Il se dresse d'un bond et agite les bras en tous sens, finalement l'orage éclate.
- Bordel ma belle cousine! Vous auriez manqué à la collection! Dans le genre du refus vous avez les Palmes Académiques! La Pannecé voulait un toutou, pas un loup errant, pour la Montfaucon je n'étais pas pas assez titré, trop pour Vass, et voilà que pour mon bonheur vous me refusez votre patte!
De dos, s'adressant plus à la Vienne et à Limoges qui s'étale sur ses berges qu'à sa belle cousine, le vicomte bout. Une fine vapeur monte de sa silhouette comme sa température atteint des sommets.
Les petits rouages du cerveau primitif se mettent en branle et passent en revue les arguments les plus décisifs pour emporter la décision: Vierge de Nurenberg, Cages de Droux, claustration dans le salon de Mère pendant quelques minutes, torture du frère sous les yeux de la soeur, empalement du frère, éviscération du frère, décapitation, énucléation, éventration, démembrement, élongation, torsion, crémation, inhumation, et taille des oreilles en pointe... du frère.
La voix de l'Ysengrin tombe plate et froide comme une lame de hache.
- C'est votre Frère? C'est cela?
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Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac

Moment de panique intense. Arégonde en reste le souffle coupé, blême. Gabin, c'est lui qu'elle rêvait d'épouser quand elle serait grande, chimère d'enfance mais aujourd'hui c'est la femme qui doit choisir. Sa logique n'étant pas d'une grande aide, son coeur battant en sourdine pour son frère, il ne lui reste que sa raison et cet amour fou pour Attila. N'est ce pas lui qui sait la faire avancer, n'est ce pas lui qui réveille d'un regard, d'un mot, d'une caresse ce qu'il y a de plus vivant en elle, n'est ce pas lui qui a su lui montrer des chemins de vie, n'est ce pas lui qui lui apprend à OSEr ? Nul besoin de lui parler d'amour avec lui elle sait à quoi s'attendre pas de déceptions, pas de faux espoirs. Elle s'approche doucement. Décision prise. Elle glisse sa main fraîche dans la patte d'Attila.

- Je n'ai pas dit non, je veux juste être certaine que si votre dépit vous pousse à m'épouser il ne vous changera pas, pas plus qu'il ne me changera. Chacun ses tourments, chacun ses envies mais le même besoin de les partager et de guérir les peines de l'autre, d'avoir une descendance noble qui trônera sous une couronne royale, de pouvoir vivre ce qu'on a à vivre ensembles ou séparés mais de savoir que toujours sur l'épaule de l'autre notre place est conservée à défaut d'une dans le coeur. Si c'est ce que vous me proposez j'accepte notre union.... à deux ou trois conditions ceci dit.

Elle ponctue son discours par un claquement de langue léger, tout de suite regretté pour des raisons obscures mais il lui faudra du temps pour passer cette manie.
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