Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

Quand l'épée de Dieu visite la couronne fleurdelisée

Amael
La Terre était incessamment en mouvements, et ces mouvements étaient souvent dus aux troubles qui agitaient les royaumes et les états temporels. Ah qu'il serait bon le jour où, ralliant le Royaume des Cieux, la paix serait éternelle !
La Lorraine connaissait donc les vicissitudes terrestres en ces temps troublés.
Heureusement, des hommes et des femmes aux coeurs purs l'habitaient et la défendaient.
L'Evêque avait été chargé d'une mission, cependant, avant de l'accomplir, et afin de pouvoir la mener à bien, il devait s'assurer qu'il serait bien reçu auprès de la personne auprès de qui il devait mener sa mission.

Un messager à cheval, portant tabard aux armes de l'évêché de Metz et de la famille du Ried, qui était bien connue à Paris et au Louvre, depuis que le chef de famille avait été nommé pair de France par la Reine, avait gagné le palais royal.
Issu de la garde du jeune évêque de Metz, le messager avait remis son message à un membre de l'entourage de la Reine afin qu'il lui soit apporté au plus vite.


Citation:
    Metz, Palais des Evêques, IV Janvier de l'hiver de l'an de grâce MCDLIX


    A Sa Très Sainte Majesté la Reine de France, Béatrice Ière de Castelmaure-Frayner, Duchesse souveraine de Bolchen, Duchesse de Nevers, Comtesse du Lauragais, Vicomtesse de Chastellux & Baudricourt, Baronne de Chablis et de Laignes


      Votre Majesté, chère amie,
      Mes hommages.


    Tout d'abord, permettez-moi de vous félicitez pour le sacre qui vous a vu prendre pleinement possession de vos pouvoirs et qui vous a légitimé en tant que reine de France à la tête du Royaume.
    J'étais présent, mais n'ai pu vous féliciter personnellement, ayant du retourner en Lorraine rapidement suite à la magnifique cérémonie.

    Comme vous le savez peut-être, si ce n'est pas le cas, je vous l'apprends, la Lorraine a été agitée de quelques troubles ces derniers jours. Un groupe de vils brigands, appelés les Renards, a attaqué le château ducal de Nancy et en a pris possession. Ils sont issus pour la plupart du Berry et viennent tous du royaume de France.
    Fort heureusement, le courage et la pugnacité des lorrains ne sont plus a démontrés et nous reprendrons rapidement le Château, si ce n'est déjà fait. A l'heure où je vous écris, je m'apprête à quitter Metz et rallier Nancy, une fois là-bas, tout sera peut-être déjà réglé, je prie Dieu que ce soit le cas.

    Officiellement, ils sont venus pour se venger car un des leurs a affronté une armée lorraine et a de facto été battu.
    Cependant, diverses informations, ou rumeurs, sont parvenus à nos oreilles. Afin de connaître le fond de cette histoire, j'aimerais savoir si vous pouviez me recevoir au Louvre afin que nous puissions discuter de cette affaire et également des représailles contre ces gens et de la collaboration de la justice des provinces françaises dans le cas où ils retourneraient dans le royaume de France avant que la justice lorraine ne les ait châtié pour leurs actions et qu'ils aient payé.

    Dans un registre plus familier, j'espère que votre époux ainsi que vos enfants se portent bien. J'aurais plaisir à les voir, s'ils se trouvent au Louvre au moment de ma venue, si vous acceptez.

    Dans l'attente de votre réponse et l'espoir de vous revoir prochainement, portez-vous bien chère amie.

      Recevez mes sincères et respectueuses salutations,
      Que le Très-Haut vous garde et que Saint Nicolas vous guide !


    Amaël


_________________
Blanche_
Et qui d'autre que la dame de compagnie aurait pu porter le pli jusqu'aux mains de la Reine ?
Le messager délivra son courrier à un valet, qui obséquieux et raisonnable, s'empressa de courir par les couloirs et les escaliers, pour trouver la dame de compagnie. Elle siégeait, comme à son habitude, aux pieds de la Reine -littéralement, de surcroît- et cette posture lui plaisait ; elle avait l'avantage de la laisser voir, et sa position, si inférieure, lui convenait particulièrement compte-tenu de sa nouvelle condition*.
L'homme était pressé et rouge d'avoir couru. Il tendit la main, au bout de laquelle la lettre pendait, et chut dans la paume bretonne. Les doigts se refermèrent vivement, comme pour empêcher les saucisses couvertes de poils, les doigts du valet, d'entrer en contact avec les siens.
Blanche détestait à ce qu'on la touche, particulièrement si l'on était chaud et sentait la sueur.

Elle ouvrit, sous le regard des gens présents, et de Béatrice ; cela était habituel, et personne ne s'en offusqua. Rien de nouveau sous les voûtes peintes du Louvre...
Ayant fini sa lecture, très rapide du reste, car elle ne s'autorisait qu'une lecture des premiers mots, Blanche se leva et s'approcha à l'oreille de Béatrice pour lui signifier que l'évêque du Ried lui avait écrit.
Lui tendant la lettre, elle se rassit, sur son coussin de soie rembourré, brodé et doux, qui trônait au milieu des tapis.


*depuis l'édit du Grand Duc de Bretagne, Blanche n'a en effet plus le droit de porter le nom d'Altesse.
_________________
Beatritz
[Début février, appartements royaux]

La Reine et ses dames de compagnies, qui se relayaient auprès d'elle, n'avaient que peu de réelle intimité. Il y avait toujours quelque valet, quelque commis de cuisine, quelque coursier qui passait, errait, servait, se retirait.
La Reine baignait au milieu de ses courriers. L'une ou l'autre les lui portait, le résumait en vitesse, et on choisissait : réponse rapide, expéditive, quand il n'y avait pas grand chose à dire ni meme besoin de mettre en forme, mais besoin de réponse rapide.
Réponse moins rapide, pour une affaire de moindre importance : une pile pour la dame de Roynac et d'Alix, Axel d'Irissarri, cousine Castelmaure, dont la plume savait trouver les mots pour ces courriers d'importance
slash urgence médiane.

Et puis, il y avait les courriers auxquels la Reine répondrait en personne. Les courriers d'importance haute, parfois pressants. Eux, c'était inévitables, attendaient un peu.

Blanche alla chercher un nouveau courrier. Béatrice regarda les yeux de sa dame de compagnie s'agiter sur la lettre décachetée. De ses mains non gantées, pour une fois, la Reine caressait un gros chat blanc.
Le verdict tomba. Amael.

Avalant son broyé du Poitou, la Reine sourit, et parcourut la missive elle-même. Une barre soucieuse traversa son front.


-"Pouvez-vous faire porter un messager, en urgence, à Nancy, pour y trouver Monseigneur Amael du Ried et lui dire de vive voix que nous le recevrons lorsqu'il lui plaira ?"

C'était comme cela : à celle qu'elle croyait encore Altesse Bretonne, et dont aucune loi n'aurait pu changer la naissance, Béatrice ne commandait pas. Elle sollicitait.
_________________
Qui connait le moyen de multiplier les heures et diviser les tâches ?
Inscrit pour la visite royale en Castille ? Forum 1, partie espagnole

Amael
Nancy - Paris, Paris - Nancy, même avec les meilleurs coursiers, cela prenait un certain temps à parcourir. Surtout que le messager, arrivé à Nancy et ayant remis son message au château ducal, n'avait malheureusement pas trouvé son destinataire, qui gérait les affaires judiciaires de Lorraine depuis son palais épiscopal à Metz, si rien ne l'obligeait à être en la capitale lorraine. Après Paris - Nancy, ça avait donc été Nancy - Metz, puis Metz - Paris, un messager de l'Evêque portant sa réponse à la Reine, l'informant de sa venue prochaine, les malles étant déjà en train d'être remplies alors que le messager quittait la capitale de l'Evêché.

Faisant travailler son réseau d'informations, Amaël avait entre temps appris que sa deuxième chère amie, après le Reine, n'était autre que sa dame de compagnie. Il avait donc écris à la princesse bretonne à qui il devait les retrouvailles avec sa soeur afin de lui signifier qu'il espérait bien pouvoir la voir en privé après avoir vu Béatrice.

Lorsque le convoi messin arriva en la capitale française, il ne gagna pas le Louvre, mais l'hôtel particulier de la famille de l'Evêque, acheté quelques années plus tôt, lorsque le père d'Amaël était encore duc d'Alençon et non pair de France.
Ayant pris ses quartiers dans la demeure familiale parisienne, le jeune évêque avait pris une journée de repos après ce long voyage et avait fait en sorte de faire savoir sa présence à Paris à Béatrice pour savoir quand il pourrait être reçu et organiser leur entrevue.

Le lendemain, à l'heure prévue, le carrosse armorié aux armes de l'évêché de Metz et de la famille du Ried se rendit au Louvre où il déposa son hôte dans la cour d'honneur. L'Evêque, en grandes tenues d'apparats, on ne venait pas au Louvre tous les jours rencontrer la Reine après tout, même si celle-ci était une amie de longue date qu'on connaissait bien, fut ensuite conduit à travers les couloirs du palais royal, qu'il connaissait bien, pour les avoir arpentés plus jeune, lorsqu'il était au service de la Malemort, dans un salon privé où la Reine recevait ses invités. Invité à attendre, l'Evêque prit place et attendit patiemment la venue de Béatrice, qu'il n'avait pas revu depuis longtemps, et pas depuis son investiture sur le trône de France. Il espérait voir également Blanche par la même occasion ou juste après.

_________________
Beatritz
[Un peu avant la mi-février]

La dernière fois qu'on avait annoncé Amaël du Ried à Béatrice de Castelmaure, c'était à Chablis, c'était une visite à l'improviste, et la jeune Duchesse avait jailli de ses appartements en déshabillé pour aller aux devants du cher visiteur.
Ce jour-là, l'audience, sinon planifiée, était prévue, et la tenue bien moins fantaisiste, fort heureusement. Elle portait une robe qu'elle s'était fait confectionner avant de devenir Reine, et qui, au contraire de la plupart des robes royales, était parfaitement ajustée à son embonpoint. Ainsi coiffée, gantée et vêtue, elle arriva dans le salon où attendait l'évêque lorrain.

Un sourire l'accueillit :


-« Monseigneur, chacune de nos rencontres a un goût différent, et chaque fois un peu plus plaisant. »
_________________
Qui connait le moyen de multiplier les heures et diviser les tâches ?
Inscrit pour la visite royale en Castille ? Forum 1, partie espagnole

Amael
Assurément, cette rencontre-ci avec Béatrice ne serait pas similaire à la dernière, à Chablis, avant qu'elle ne devienne reine de France, qui avait été rafraîchissante de simplicité, les deux "vieux" amis ne faisant point de manière entre eux.
A présent, les choses avaient changé. L'un l'autre se devaient de respecter les us et coutumes, la bienséance et le protocole.
Informé juste avant son entrée de l'arrivée de la Reine, l'Evêque se leva, prêt à la recevoir, et alors qu'elle arrivait, souriante, il l'accueillit tout aussi chaleureusement.
Aux mots qu'elle prononça alors qu'ils marchaient l'un vers l'autre, il hocha légèrement la tête.


Ma reine. He oui, il était un de ceux qui pouvait se permettre d'appeler ainsi la reine de France, ça en jetait quand même. Et de toute façon, vu le nigaud qui avait été placé à la tête du royaume de Lotharingie et le peu de contacts avec l'Empereur, il reconnaissait volontiers sa chère Béatrice comme sa reine que les deux autres comme ses suzerains, après tout, il était avant tout alençonnais et avait servi la Couronne dès son plus jeune âge..
Vous avez bien raison, c'est toujours un immense plaisir, et une joie particulière, toujours plus grande, de vous retrouver.

Arrivé face à Béatrice, il inclina le buste en avant puis pris la main de la Reine qu'il effleura du bout des lèvres, là encore, petit privilège qu'il pouvait se permettre.

Mes hommages, Votre Majesté. Vous êtes radieuse. Je suis heureux que les responsabilités du pouvoir ne ternissent pas votre beauté. Dieu vous aime.

Il était là pour parler de sujets sérieux, néanmoins, il souhaitait également que cette entrevue soit de simples retrouvailles entre amis et non pas une entrevue diplomatique où l'un comme l'autre devraient rester dans leurs rôles et éviter tout amabilité du fait de leurs fonctions respectives.
_________________
Yolanda_isabel
Et si l'Altesse déchue de Bretagne est inévitablement dans le sillage de la Reine de France, il en est quasiment de même pour la Petite Princesse d'Anjou, qui elle, se partage entre les cuisines où elle rend visite au PMH, régulièrement, entre la chambre de son Pair, réaménagée depuis pour correspondre au bon goût - rose - de l'Infante. Et elle file, elle file l'Etoile Angevine qui se laisse glisser sur ses petites mules de Cordoue teintes en carmin. C'est qu'elle est pressée, qu'elle a une mission. Et ça glisse dans les couloirs du Louvre, jusqu'à ce qu'on la rattrape par le col pour lui éviter la confrontation douloureuse avec la réalité ou un simple mur.

-« Ma'ci ! »

Un sourire au piquet, un sourire où il manque une dent qui est tombée quelques jours auparavant.

-« Sa Majesté reçoit. »
-« Bah je le sais qu'elle reçoit, sinon je sera pas là, je sera ailleurs.. C'est Marraine, elle me reçoit, c'est dans la normalité.. »
-« Non, Votre Gracieuseté, c'est un évêque qu'elle reçoit.. A l'intérieur.. »
-« Ah.. Il est gentil, peut être ! Tu z'ouvres ? »

Car voyez-vous, elle a une mission l'Infante ! Levée de bonne heure pour aller user de ses passe-droits auprès d'une artiste qui commence à être connue dans le Royaume. Et dans les mains potelées, trône le trésor, une boîte rose foncée contenant des merveilles de douceurs, les Etincelants d'Ella Durée, qu'elle s'empresse d'aller porter aux côtés du trône de la Reine près duquel l'on installe un guéridon où vient atterrir le coffret. Après quoi, l'infante ronde comme ses sucreries de se tourner vers la Reine et de lui sourire aux anges.

-« Le bon jour Marraine ! »

Une petite révérence, de laquelle elle se redresse pour replonger de son mieux dans une autre, à l'adresse de l'évêque, cette fois.

-« Le bon jour .. euh .. Monseigneur ! »

Un coup d'oeil timide à Béatrice, dans l'attente d'une approbation, si jeune encore pour tout savoir, et pourtant, elle s'emploie à le faire le plus vite. Un regard aux marches au pied du trône, elle s'y laisserait bien tomber, glisser, aux pieds de sa reine, discrètement appuyée contre les pieds du siège, tout près d'elle. Parce qu'ils ne savent pas les Français comme le sourire d'une Reine est semblable à celui d'une Mère.

Yolanda le sait.

_________________

« Yolanda Isabel de Josselinière : créatrice de la Disney Parade du XVème siècle ! » - Breiz.
Blanche_
C'est rigolo, comme les souliers vénitiens de Blanche répondent, par un son plus rauque et lourd, au babillage décousu et léger des mules roses de Yolanda. Yolanda avance, court, trottine, ventre à terre, comme l'une de ces petites merveilles que l'on paye une fortune à l'époque, pour singer les Rois d'Angleterre*.
On dirait une comptine de pluie qui coule, mignonnette et enfantine, suivie par un tonnerre grondant et lourd. Les pas, plus loin, tendent à retrouver sans discrétion ceux de leur petite pupille, Yolanda sus-nommée, la petite princesse d'Anjou et terreur du Louvre. L'aînée hume le fumet sucré de son engeance fictive, elle tourne le chef alors vers une silhouette rose et grassouillette, qui s'engage dans le dédale de couloirs comme un Minotaure miniature, et soudainement adorable.
Quand enfin, elle la retrouve, c'est pour assister médusée à l'entrée fracassante de la porteuse de macarons jusqu'au devant de la Reine. Sous les yeux divins de la Reine.
Ô, cruauté ! N'aurais-tu point pu épargner à ce coeur sensible, la vision décevante d'une disciple qui bafoue les règles élémentaires de politesse ?

L'orage entre, se calme soudain derrière une façade souriante qui referme à petits pas et mouvements fins la porte qu'elle vient d’ouvrir. Elle s'avance, c'est amusant comme les talons cessent de claquer sur les dalles marbrées une fois qu'on y prête attention.
Elle adresse un sourire à sa jeune, et adorée petite rose, cependant qu'elle ploie devant la Reine, sans interrompre la conversation, et s'assoit à ses pieds, sur les marches, là-même où comme de coutume traîne un coussin brodé gwen ha du.
Et tôt elle enjoint silencieusement Yolanda Isabel à l'imiter, sûre d'ailleurs qu'elle le fera, puisqu'elle est Elle, un peu, beaucoup, elle bientôt, si rose et si parfaite dans son imperfection.
Sucrerie lâchée pour calmer la bête.


Ma Chérie, sois sage, j'ai une surprise pour toi. Maintenant, chut !

* Référence à la passion des petites bébêtes de Blanche.
_________________
Amael
Alors qu'il présentait ses hommages à son amie, le regard d'Amaël fut attiré vers l'arrière de Béatrice. Oh, pas le royal céans de la Reine, non, mais ce qui se passait derrière elle. Une enfant entra dans l'antichambre et rejoignit les deux vieux amis. Elle semblait bien éduquée mais fort jeune, et à ce qu'elle dit, il semblait que c'était une filleule de Béatrice.
Lorsqu'elle le salua, le visage de l'évêque resta de marbre. Amaël n'était pas attendri par les enfants, déjà lorsque lui même il était enfant, comme Blanche lui avait tant de fois dit, il était trop sérieux, se prenant déjà pour un adulte. Il n'y avait que son fils, qu'il avait connu six mois, avant de devenir prêtre, qui avait un peu réussi à l'attendrir. Il ne connaissait même pas sa fille et personne en dehors de la famille de son épouse connaissait tout cela. Il avait failli tout révéler à Blanche, mais les choses s'étaient passées différemment que ce qui était prévu.

La princesse bretonne arriva d'ailleurs sur les talons de la petite fille. Toujours dans le dos de Béatrice. Elle aussi rejoignit la Reine et l'Evêque et sans un regard, un sourire, un mot à son vieil ami tant honni auparavant, elle s'assit aux pieds de Béatrice. Amaël, quelque peu froissé, ne dit rien, seul ses lèvres pincées trahissaient son agacement. Immobile, silencieux, il attendit que Béatrice parle avant de le faire lui-même.

_________________
Beatritz
-« Monseigneur, nos traits se remplissent, ce qui ne peut que donner bonne mine à une femme. Nous ne manquons de rien, sinon peut-être de tranquillité. La Couronne est certains jours bien lourde. »

La Reine était femme et la Reine était mère. La Reine était hautaine – car sa mère et sa grand-tante régnaient sans partage sur Autun, les Tapiolie, qui en avaient tout le caractère, comme s'accordait si bien à le décrire le Beau Cardinal. La Reine avait une grand conscience aiguë des convenances.
Mais la Reine avait des faiblesses de cœur. Elle était bienveillante, à défaut d'avoir, certains le diront, les épaules assez larges pour porter le manteau royal. On ne peut s'attacher à ses enfants en bas âge, de peur de trop souffrir de leur disparition. Alors, ayant confié le soin de ses deux fils à des nourrices et gouvernantes royales, comme auparavant à de bonnes femmes bourguignonnes, elle reportait son affection sur sa presque filleule, sur sa ni tout à fait charmante, ni tout à fait polie Yolanda ; ces travers, c'étaient ceux de l'àge, bien sùr. L'erreur était pour ses parents de la laisser baguenauder de par le Royaume. Et, quitte à avoir des parents absents, autant se placer sous l'aile de la Reine.
La Reine femme, la Reine mère, la Reine bienveillante.
La Reine dont la hauteur fut balayée par l'attendrissement.

On pouvait lui en faire le reproche ; et bientôt d'ailleurs, le visage de son hôte se para des traits de l'agacement. Une Reine avec des défauts. Mais qu'importait, au final ? Si elle disait : « C'est ainsi », c'était ainsi, et il n'y avait pas à discuter.


- « Monseigneur, voici Yolanda Isabel de Josselinière-Dénéré-Penthièvre, fille du Pair Erik de Josselinière et de l'ancienne Intendante aux Menus Plaisirs, Fitzounette de Dénéré-Penthièvre. Elle tient de son père un sang bourguignon qui nous l'attache, et de sa mère, un attachement aux menus plaisirs... Tenez, prenez l'un de ces macarons. Ils sont faits par Ella Durée, et les cuisines du Louvre ne sont pas encore parvenues à les égaler. »

Ayant remercié Yolanda d'un clin d'oeil, résolument attendrie de voir la quenotte en moins dans le sourire du visage grassouillet, elle avait poussé la boite en direction de l'Évêque.

- « Et voici Blanche de Walsh-Serrant, Altesse de Bretagne, notre dame de compagnie depuis quelques mois déjà. »

Béatrice ignorait en effet deux choses : que les règles héraldiques bretonnes avaient changé et renvoyé Gwen à la roture, et que le Ried connaissait déjà la Walsh-Serrant.

- « Ne nous tenez pas rigueur de leur présence : nous avons en l'une et l'autre entière confiance et nous pouvons parler en leur présence sans crainte.
Allons, venons-en à l'objet qui nous brule les lèvres : vous aussi avez entendu cette idiote rumeur, qui nous désigne comme commanditaire de la prise de Nancy ? »

_________________
Qui connait le moyen de multiplier les heures et diviser les tâches ?
Inscrit pour la visite royale en Castille ? Forum 1, partie espagnole

Amael
Oh je l'imagine, oui.

Amaël était un ambitieux, il l'avait toujours été, et ça encore, Blanche lui avait souvent dit. Mais de là à devenir roi, c'était trop d'ambition pour lui et il se savait incapable de diriger un royaume. Par contre, il se voyait bien porter la trirègne et les habits blancs et ors un jour et commander à des millions d'âmes pour leur salut dans l'éternel. Il était arrogant, hautain, méprisant même avec certains, ça encore, il l'avait entendu des dizaines de fois de la bouche de la Bretonne. Mais il avait pour sa famille et ses amis une tendresse sincère et n'était plus le même homme dans le cercle privé que devant les regards du monde. Le jeune évêque effaça donc cette mine froide et distante de son visage et détendit ses traits, se laissa sourire et adoucit son regard.
Lorsque Béatrice présenta sa filleule, il tiqua sur les deux derniers noms de la jeune fille, et fut désolé pour la jeune enfant de son ascendance maternelle. On portait tous notre fardeau et la pauvre était affectée de la tare d'être à moitié angevine. Heureusement que la moitié noble, bourguignonne, de la fillette était bien présente et qu'elle avait trouvé en la Reine une protectrice.
Se penchant légèrement vers elle il prit un macaron et le goûta.


Mon enfant, c'est un délice, s'en est même presque un péché, je vous remercie.

Il sourit ensuite à Blanche en la saluant avec une grande déférence, plus qu'il n'aurait du même, espérant une réaction amusée de son amie bretonne qui le savait à cheval sur l'étiquette. Puis ils entrèrent dans le vif du sujet, et c'était mieux, une fois le sujet clos, ils pourraient parler d'autres choses.

Oui en effet, et j'appris la nouvelle avec étonnement et en même temps un certain amusement. La reine de France et son mari, le Tyran de Lorraine, comme certains le surnomment, voulant conquérir les provinces francophones du Saint-Empire.
Entre nous, et pour être franc, comme je l'ai toujours été avec vous, ma Reine, l'idée n'est pas mauvaise en fin de compte mais je doute qu'avec tout ce que vous avez à faire en France vous ayez le loisir d'organiser pareille conquête.


Amaël sourit franchement, car il avait vraiment oscillé entre l'étonnement et l'amusement en l'apprenant de la bouche du duc de Lorraine. Au fond de lui, il avait même secrètement trouvé l'idée plaisante, au regard de la situation impériale. Mais c'était plus une chimère qu'un réel projet.

Enfin quoi qu'il en soit, ces rumeurs ont vite été écartées bien entendu, mais afin de dissiper tous les doutes j'ai demandé au Duc de pouvoir me rendre au nom de la Lorraine à Paris. Et par la même occasion, c'était pour moi l'occasion d'un petit retour en France, d'une agréable visite à une amie très chère et de vous retrouver après votre couronnement. Et pour ne rien vous cacher, j'ai certaines choses, plus personnelles, dont je voulais vous entretenir.
_________________
Blanche_
Amael avait raison.
Aussi, lorsqu'il s'inclina pour elle, bien trop, vraiment trop pour ce qu'elle était désormais -quoiqu'une récente révélation épistolaire en provenance directe de la Duchesse de Bretagne changeât son statut tout à fait- Blanche se mit à sourire, et se reprit pour ne pas que sa moquerie soit évidente.
Il était bon de retrouver l'innocence d'une relation amicale sincère, où l'agacement ne gagne jamais les taquineries. Aurait-il été autre, et surtout pas évêque, qu'elle ne lui aurait point témoigné la même proximité, mais Amael avait revêtu cet habit qui lui ôtait tout désir, et, ainsi protégée par une parole sainte, Blanche se sentait à même de lui offrir une affection intime débordante.
Fallait-il alors, perdre tous ses droits sur elle, pour qu'elle autorise à y faire rêver ?

La voix de Béatrice dans son dos, car rappelons que Blanche, comme la dame de compagnie royale qu'elle était, reste devant, et légèrement décalée vers le coté droit, assise sur les simples marches en dalles blanches et froides de la grand salle. La voix, donc, lui parvenait intensifiée par le volume en écho démesuré, qui presque instantanément, renvoyait une voix plus rauque et plus masculine. Cela agrandissait l'emprise d'une voix de femme, assurément, si les yeux des invités en glissant sur les habits du pouvoir ne sentaient pas déjà leur douce domination leur parvenir.
Tout, dans l'allure de Béatrice de Castelmaure témoignait de son nouveau statut, même, à ses pieds, la vaincue barbare bretonne.
Quel exotisme !
Obéissante comme une bête bien domestiquée, l'effarouchée Hermine n'en perdait, même si lui arrivait d'oublier, pas moins l'idée qu'elle n'avait eu recours à la Reine que pour assouvir son sombre dessein.
A la voir, sur les marches du Royaume, si prompte à plaire et rester avec Chablis, le doute était permis sur ses réelles motivations. Car si elle était si vengeresse, l'instinct, lui, du châtiment, l'avait quittée.

_________________
Yolanda_isabel
Blanche est là !

C’est vrai que Blanche est là ! Blanche qu’elle suit partout et à l’inverse, Blanche qui souvent, lui court après partout. Blanche enfin qui se laisse couler aux pieds de Béatrice, Blanche qui étale sa grâce sur les marches, comme une barrière invisible, au-delà, il y a la femme, il y a l’élégance, devant cette barrière, il n’y a que le commun, que la banalité. Blanche enfin qui au gré du murmure de sa voix, lui offre un instant de joie.

Une surprise ! Pour elle ! Elle voudrait lui demander plus encore de quoi il est question, mais Blanche a dit « Chut » alors elle se tait, et se tourne adorable adorée vers Sa Reine qui la présente. Maman et les Menus Plaisirs, Papa et la Bourgogne, Maman et l’Anjou, Papa et la Picole.. Ca s’vaut ! Mais le sourire s’éclaire et s’étire quand Marraine lui offre un clin d’œil.

Le clin d’œil est au regard ce que le sourire en coin est à la bouche, un grain de malice, une complicité qu’on offre à la dérobée. Mais pour Yolanda, ça n’est pas étonnant, pourquoi le serait-ce ? Convaincue que le Très-Haut a choisi Béatrice comme Sa représentante pour ce que son sourire est doux et aimant et que son regard est pur d’un bleu délicat, d’un bleu rare qui ne s’accorde qu’à la Royauté. Oui, Yolanda juge que Béatrice est Reine parce qu’elle est humaine, et c’est aux pieds de cette humaine qu’elle se laisse glisser, étalant doucement autour d’elle, les jupons roses. La petite tête aux boucles blondes discrètement appuyée contre une des jambes de la Reine, contre un des pieds du trône. Non, elle ne recherche pas volontairement le contact d’une mère, elle glisse, c’est différent, elle ne le fait pas exprès ! Et l’évêque d’aimer les macarons, bien sur que tout le monde aime les Etincelants, ils sont si doux, mais malgré l’évidence de la chose, elle sourit, les mains humblement déposées sur les jupes, et timide, la petite voix s’élève, pas trop.


-« Je suis bien.. contente que vous aimiez .. » Comment elle a dit déjà Marraine ? Ah ! « Monseigneur. »

Et les choses sérieuses commencent, elle essaye de comprendre les mots, les oublie aussi vite qu’ils coulent de leur bouche, se rassérène en repensant au contentement de Béatrice et de l’Evêque concernant les macarons, et soudain, une idée revient. La surprise ! Alors la main potelée vient cueillir celle de Blanche avec un sourire impatient.

Je veux ! Je veux ! Je veux !

_________________

« Yolanda Isabel de Josselinière : créatrice de la Disney Parade du XVème siècle ! » - Breiz.
Beatritz
Les macarons, un péché ? Mais Son Eminence Vincent Diftain a dit que c'était une vertu, prendre plaisir aux bonnes choses ! Si, si ! Béatrice aurait-elle mal compris sa confession pré-sacre ?
Là n'était pas la question, car la discussion quitta vite les macarons, non sans que la jeune Reine eût remarqué les progrès linguistiques de sa bientôt filleule.

Non, Béatrice n'avait pas le temps d'organiser la conquête d'un pays qui, à défaut d'être aimé, l'avait accueillie avec chaleur. Son époux n'en avait pas davantage le temps, plongé qu'il était dans le droit royal qu'il avait pris l'initiative de réformer à sa sauce, en grand homme de lois qu'il avait toujours été.


-"Nous entretenir de choses plus personnelles..."

La Reine eut un visage amusé :

-"Par exemple, que vous avez constaté à la Hérauderie impériale que de petits malins en mal de reconnaissance ont cru fin d'amender sans requête des concernés la fiche de la famille von Frayner pour y retirer, entre autres multiples et regrettables mentions, celle de notre union avec Guise von Frayner ? Ces gens sans doute croient que nous effacer de ce registre retirera à notre époux le titre de Roi consort !"

La Souveraine de Bolchen était de retour. Elle les avait trop côtoyés, ces Impériaux... Leur humour, elle ne l'avait jamais goûté, mais à leurs machinations puériles, elle trouvait beaucoup d'amusement.

-"Mais allons, ce ne sont sans doute pas de ces affaires personnelles que vous vouliez parler, cher ami."
_________________
Qui connait le moyen de multiplier les heures et diviser les tâches ?
Inscrit pour la visite royale en Castille ? Forum 1, partie espagnole

Amael
Amaël sourit également à l'évocation des problèmes à l'Hérauderie Impériale, voyant que Béatrice prenait cette affaire avec humour.

J'ai en effet eu vent de cette affaire, de même que d'autres d'alliances de familles que certains ne reconnaissent pas. Enfin, c'est assez amusant vu de l'extérieur, les généalogistes de l'Hérauderie Impériale semble avoir bien du mal à faire leur office. Mais en effet, ce n'est pas de ces affaire privées que je voulais vous entretenir.

Il s'arrêta un instant, observa Blanche, cherchant à voir si elle était attentive à leur discussion ou non, puis continua.

A vrai dire j'ai plusieurs choses totalement différentes à vous demander. Je ne sais par quoi commencer.
Avant tout, je voulais savoir si vous étiez satisfaite de votre Grand Aumônier. Je pense que vous devinez où je veux en venir avec cette interrogation. Songez-vous à le remplacer ? J'avoue le trouver totalement effacé à sa fonction et de facto, la Maison Ecclésiastique est des plus endormie, sauf l'Hôtel-Dieu peut-être, hors je me souviens d'un temps où les Grands Aumôniers faisaient beaucoup pour les liens entre la Couronne et l'Eglise et pour la foi de la famille royale.
C'est d'ailleurs ce qui m'a amené à une seconde réflexion, sur vos fils. J'aimerais les rencontrer, surtout votre aîné, mais je me suis étonné de ne pas les savoir baptisés. L'ont-ils été ou non ?


Béatrice le connaissait, elle devinerait donc que si au premier abord on ne pouvait voir que de l'ambition dans les propos du jeune évêque, cela n'était pas le cas, au fond. Bien sûr, il n'était pas totalement désintéressé, mais au-delà de cela, c'était surtout de l'intérêt pour les enfants de Béatrice. Son plus jeune fils était encore bien jeune, mais l'aîné devrait bientôt quitter les jupons de ses nourrices pour commencer à recevoir une éducation, tout comme son propre fils ... Un des sujets qu'il souhaitait aborder ensuite avec son amie.
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)