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[RP fermé] Parce que tout a une fin

Aria_la_rousse
Merci de prendre contact avec moi par mp, pour toute personne non invitée dans ce rp et désirant y participer


[La veille à Autun, à l'aube]

Une lueur orangée éclaira les cheveux de la rousse qui attendait à l'extérieur de sa chaumière.
Cette lueur, Aria l'attendait tout comme elle la craignait. Annonciatrice de la naissance d'un jour, cette lumière douce venait d'entamer les dernières heures de sa vie.
La jeune femme avait passé sa nuit assise sur ce banc de pierres. Elle avait voulu toucher une dernière fois le manteau sombre et froid qui recouvrait le village. Elle avait voulu le voir s'étendre sur sa forêt adorée, la couvant de ce voile épais. Elle avait voulu ressentir cette morsure du léger vent sur sa peau, comme pour s'habituer à cette obscurité dans laquelle elle serait bientôt plongée.

Les rayons s'intensifiaient doucement à présent. Résolue, la rouquine se leva pour aller réveiller son fils.
Loup, né de ce premier faux amour, bâtard roux qu'elle avait aimé et protégé comme une louve. Loup, du haut de ses deux ans, qui promettait déjà d'être aussi apprécié qu'elle l'avait été.
Les bras se resserrèrent tendrement autour du corps mal réveillé. La dernière étreinte, le dernier réveil, la dernière fois qu'elle le verrait frotter ses yeux encore endormis.

Avant de quitter la chaumière, elle vérifia que tout y était. Car oui, il fallait absolument que tout y soit.
Aria passa en revue chaque missive écrite. Elle n'avait pas eu le courage d'écrire à tous ceux qu'elle avait aimé…

Lettre n°1:

Citation:
A toi, mon miel, ma sublime,

Quand tu liras ce courrier, ma belle amie, je ne serai plus de ce monde. Je sais déjà combien tu me gronderais si tu m'entendais dire cela. J'adore quand tu me grondes, j'adore quand tu râles et j'adore quand tu succombes presque... je t'aime ma Lady.

Une connaissance m'aidera à accomplir ce geste que je suis incapable d'achever. On s'est données rendez-vous dans une clairière à la sortie de Nevers... tu y trouveras mon corps et je m'excuse pour ce que je te fais vivre.

Je te confie mon bien le plus précieux, je sais qu'entre tes douces mains, rien ne pourra arriver à Loup.
Toi seule en a la garde ma belle. Bien entendu, son parrain, Godefroy de Volvent tout comme sa marraine Maelle, pourront s'en occuper quand ils le souhaiteront de par leur statut.

Je te demanderai de prévenir ceux que nous connaissons en commun. Tu sais ceux que je porte ou non dans mon cœur, et à ceux qui y sont, je te demande de leur dire qu'ils resteront de très beaux souvenirs que j'emporte avec moi dans ce sommeil prolongé.

Ne pleure pas ma sublime, je t'ai connu joviale, je te veux toujours souriante et rougissante. Je veillerai sur vous... et peut-être aurais-je enfin l'occasion de voir ton corps tant désiré.

Tu me surnommais "tentation" tu ignores sûrement combien en réalité c'était toi le fruit défendu.

Ne m'oublie pas... je suis dans chaque grain de raisin, chaque gorgée de vin.

Adieu Lady et.. ne le punis pas trop… c'était ma décision.

Je t'aime,

Ta flamboyante, Aria


Lettre n°2 :
Citation:
Ma loutre, Ganju, Niria, Victoire, Anaëlle et Gaëlen

Lili, je ne suis plus parmi vous. Mais si le corps n'y est plus, mon cœur appartient toujours à ceux que j'aime. Et tu fais partie de ceux là. Reste toujours aussi forte. Je t'ai déjà détesté, adoré, admiré, aimé... protège ta famille, travaille ce caractère que je me plais tant à taquiner, garde ta fraicheur et ta droiture. J'accompagnerai toujours tes pas... je l'ai toujours fait, d'aussi loin que j'ai pu être.

Ganju, mon ami, mon frère de cœur. Tu es bien celui avec qui j'aurais eu les plus violentes disputes. Mais tu es le seul homme à ne m'avoir jamais abandonné au final. Merci pour ça, merci pour ce que tu es, merci d'aimer autant cette femme que tu mérites complètement. Je me souviendrai toujours de notre rencontre plutôt... mal entamée. C'était alors sans savoir la place que toi et ta famille prendraient dans ma vie. Reste aussi intègre.. ne me déteste pas pour ma lâcheté..

Niria, un jour on te lira peut-être cette lettre. Car à l'heure où elle est écrite, tu es encore un peu petite. Sûrement ne te rappelleras tu pas de moi. Sache que je t'ai vu grandir durant quelques années, je sens que tu deviendras une merveilleuse jeune femme, avec apparemment plein de caractère.. Ne le dis pas à ton père... mais si tu as des prétendants, fais bien attention…prends en un avec assez de répartie si tu veux que ton paternel ne le réduise pas au néant. Fais attention à toi et sois heureuse.

Victoire, Anaëlle, Gaëlen. Je ne vous aurai pas beaucoup connus. Je ne vous en aime pas moins pour autant. Soyez heureux.

Chère petite famille de Volvent-Franchimont, rendez moi un dernier service. Vous savez combien ma foi était faible... j'ai toujours préféré la forêt aux couvents... si vous parveniez à brûler mon corps plutôt qu'à les laisser m'enterrer... afin de rendre mes cendres au vent... je vous en remercierai jamais assez.

A jamais,

Je vous aime,

Aria



Elle fit venir un gamin pour qu'il aille livrer ces lettres à Lady et Lili, lui disant bien de prendre son temps, qu'il n'y avait rien de pressé.

Lettre 3 :



Citation:

Loup, mon amour,

Si tu lis cette lettre, c'est que tu as grandit. Que tu es en âge de savoir pourquoi je ne suis plus à tes côtés pour t'accompagner.

Me pardonneras-tu ma faiblesse un jour ?

Si je t'ai laissé, mon Loup, c'est que j'étais incapable de me reconstruire. Car vois-tu, après ton père, j'ai aimé... de façon tellement puissante que mon cœur ne s'est jamais remis de l'abandon qui en suivit.

Sache que je t'aime, je t'ai laissé auprès de ceux qui t'apporteront le meilleur dans cette vie.
Je te laisse le champ, le moulin, la chaumière ainsi que quelques économies sur lesquelles veillera Lady, ta mère.

T'abandonner me déchire, le fait d'y songer me confirme que je n'ai plus ma place ici.

Je te laisse aussi... ma flamboyance. Elle ne doit pas s'éteindre, tu as déjà le caractère qu'il faut pour t'éclairer.

J'espère que tu n'as pas perdu tes airs taquins. Je sais que tu dois être devenu un séduisant jeune homme... n'en use pas trop... profite de la vie sans aller dans les mêmes extrêmes que moi. Sois toujours loyal, franc et.... même s’il n'y a pas que mon sang dans tes veines... essaye de rester honnête.

J'ai confiance en mes amis, je suis certaine que tu es heureux aujourd'hui.

Je te souhaite une merveilleuse vie, mon tout petit.

Tes rires, tes larmes, tes petites mains, tes boucles rousses et ton sourire me manquent déjà...

Je t'aime,

Ta première maman.


Lettre n° 4
Citation:


Sans vous, je tombe.

Je vous aime.

A



La flamboyante envoya cette dernière missive, directement à son destinataire.

Elle referma la chaumière, investit quelques écus dans une monture qui les menèrent, elle et Loup à la demeure de Lady.


[Demeure de Lady, fin de matinée]

L'accueil de son amie, parvint à faire sourire Aria un peu plus sincèrement que ce qu'elle parvenait à laisser voir depuis son arrivée à la demeure. Elle avait demandé à Lady de lui garder Loup, car elle devait partir à Nevers et qu'elle en avait marre de le trimballer. Telle avait été l'excuse.
Déjà Loup partait jouer avec un petit salue de ses menottes potelées en sa direction accompagné d'un "A p'us tard 'man". Si le miel n'était pas entrain de la regarder, elle se serait effondrée tant ces adieux étaient cruels.
Envoyant une volée de baisers au petit roux, elle justifia son air sombre par quelques douleurs, éludant rapidement le sujet.

C'était fait, elle avait réussi à échapper aux questions inquisitrices de la sublime et avait reprit la route, la poitrine meurtrie tant son coeur battait vite et fort.

Sur toute la route qui la menait à Nevers, le cheval lancé à vive allure pour l'empêcher de faire demi tour, la jeune femme ressassait ses souvenirs en compagnie des deux hommes de sa vie : celui qui l'avait abandonné et celui qu'elle abandonnait.


[Arrivée à Nevers, à la clairière, fin de journée]

C'est le coeur au bord des lèvres qu'Aria était arrivée dans la clairière. Elle avait attaché la monture à un arbre, puis s'était recroquevillée en attendant qu'elle arrive... Elle, sa libératrice, sa meurtrière.

Jamais la nuit ne lui était apparue aussi hostile, jamais elle n'avait eut aussi peur de la mort.

Le seul avec qui elle en avait ri était aussi celui qui l'y avait poussé inconsciemment. Le seul avec qui elle l'aurait affronté avec insolence, l'avait lâché en route, arrachant avec lui son assurance, son arrogance, sa fierté... tout.
Il ne restait que les masques, plus que ces apparences qu'elle savait si bien manier à présent.
Car oui elle avait ri depuis, elle avait séduit depuis, mais jamais rien n'avait été fait sans l'espoir de le revoir apparaitre un jour, lui disant qu'il s'était trompé. Espoir que sa conscience avait vite fait d'étouffer en lui disant qu'un Theognis lassé, ne revient pas sur ses pas.

Là voilà donc, cette pitoyable rouquine, prête à rencontrer celle qui avait accepté de lui ôter cette vie qu'elle ne savait plus contrôler.

_________________
Sadnezz


"Un conte oublié. Certainement le plus court du monde.

Il était une fois une jeune fille qui demanda à un garçon s'il voulait l'épouser. Le garçon lui répondit non. Des lors la jeune fille vécut toujours heureuse sans laver de linge, ni cuisiner ni faire le ménage pour personne, en baisant avec qui elle voulait, en travaillant et dépensant son argent comme elle l'entendait.

FIN.


Le soucis, c'est que depuis que nous sommes toutes petites personne ne nous a jamais raconté ce conte. Et ils nous ont bien foutu dans la défection, avec ce putin de prince charmant..."


[Voici la mort]

A travers champs le pas paisible de la Corleone s'avance, se traine, avec la langueur des usés de la vie. La vie, frêle chose qui repose souvent entre les mauvaises mains. Quelques jours plus tôt, alors que l'italienne apprenait à un fruit rubicond le vertige du pouvoir sur des routes à peine enneigées loin de la Bourgogne, une missive cachetée lui était parvenue. Une bien étrange missive, et pourtant si peu surprenante. A sa lecture, les yeux corbeaux de leur destinataire s'étaient plissés, marbrant leur pourtour d'une infinité de petites rides. Aria, un nom qui s'accompagnait d'un visage mais surtout... D'un souvenir. Aria. Rousse, fière, détestable mais si familière. Tout comme les mots quelle avait craché au visage de son amant.

Alors c'est ta nouvelle poule?

Hé quoi... Les mots fâcheux fleurissent sous sa langue lorsque sans faux semblants elle les balance au Montereau, comme elle lancerait au couteau. C'était sa nouvelle poule, sa nouvelle presque officielle, lui qui ne savait pas savourer l'unique partage. Sur ce bateau ou Gorborenne jubilait en grand capitaine, elle avait du supporter cette présence, dérangeante. Aria. Sad avait eu beau être froide, désagréable, injurieuse, allant jusqu'à lui balancer de frêles projectiles gelés, l'Aria n'avait pas fléchit.

N'est-ce pas si bon d'avoir un adversaire à sa hauteur... Depuis cette rencontre entre deux eaux, la brune avait presque laissé derrière ses réminiscences, ravivées soudain en quelques lignes. La belle affaire. Aria veut la mort, Aria veut partir. Et pour lui, pour ce misérable, cet homme qui n'a à coeur que l'attachement d'une chaude nuit. Sad avait répondu, mais avait prit son temps. Ce devait être un simple malentendu...

Nevers était là, sous ses pieds indolents et sa cape vermillon. Et dans sa plus discrète clairière le corps transit d'une pauvre enfant. Elle est au rendez-vous, presque trop ponctuelle pour être hésitante... Et c'est bien ce qui pique la curiosité Corleonienne. Elle a maigrit, elle est malade, malade de lui, ce poison, ce déchu, ce... Parjure. Theognis, amant de mille, amour de tant, homme de si peu. Les herbes humides s'écartent et s'écrasent quand la brune vient se poser à quelques mètres de la rousse. Ses yeux balayent l'endroit, ses armes sont sagement rangées.


Alors c'est vrai. Tu es venue.

Tout ça n'est qu'une vaste blague. Ou un vaste piège. Plus grand chose ne l'étonne, à force.
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absente, selon l'humeur.
Aria_la_rousse
Le regard de la rouquine remonta le long de la silhouette apaisée et calme de Sadnezz. Cette brune à fort caractère avait toujours intrigué Aria. Une sorte de paix dangereuse émanait d'elle, un calme avant la tempête.
Les mots prononcés sans guère plus d'émotion eurent pour effet de plisser ses yeux de surprise. Comment avait-elle pu douter que ce qu'elle réclamait n'avait pas été un caprice de jeune amourachée. Elle avait pourtant eu l'occasion de la connaitre un peu, elle savait aussi que cela faisait deux ans qu'elle et le Baron partageaient leur vie.

Même si au début, Aria avait écouté les recommandations externes "protège toi", "tu n'es pas sa première et tu ne seras pas sa dernière", elle avait doucement laissé filer cette méfiance pour lui offrir une confiance sans égal. Qu'il est idiot d'aimer quand on sait que l'on s'offre au loup sans même essayer de lutter. Elle avait cru être louve, mais s'était retrouvée brebis lorsqu'il l'avait abandonné avec Loup, dans cette auberge de Guéret.

Cependant, si la brune ne la portait pas dans son cœur, une sorte de respect s'était installé entre les deux femmes. Les piques avaient été retournées, les morsures vicieuses avaient été évitées. Theognis était leur unique point commun. Et c'est ce point précisément qu'il fallait délier.


Pourquoi es-tu venue si tu en doutais Sad ? Mon courrier était sérieux. Même si je déteste avouer ça... j'ai besoin de ton aide.

Elle s'était redressée faiblement, cachant le vacillement qui la surprit un court instant. Jamais elle n'avait connu cette honte de se montrer si faible. Présenter cette facette d'elle même à l'ennemie de son unique amour était une réelle humiliation.
Mais cette requête avait été le seul élan de haine qu'elle avait eu contre lui. Le seul moyen qu'elle avait pour tenter de lui faire mal, ne serait-ce que de lui donner un regret, une pointe de peine, même une colère. N'importe quoi tant qu'elle lui arrachait une émotion.
Elle savait que Sadnezz ne pourrait refuser pareille opportunité. Elle savait que sa main à elle ne faiblirait pas.
Si le corps d'Aria était fragile, ses yeux, eux n'avaient jamais été aussi déterminés. Malgré la peur, malgré la peine, malgré la déchirure de savoir son fils loin d'elle, le regard qu'elle porta à la brune était sans appel.

Elle garda une certaine distance avec elle, comme si elle savait que lorsqu'elle ferait le pas de l'approcher, ce serait pour chuter.


Tu ne peux pas refuser ça. Quitte à mourir, au moins que ce soit par toi et pas par le premier gredin que je croise.
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Sadnezz
Ce n'est pas de la pitié, quand ses lèvres s'étirent en rictus. Non, c'est du mépris. Méprisable femme, tu t'es perdue. Tu es une égarée que la route a mené à moi. Ton envie est une méprise, tu te trompes. Je sais ce que tu penses , ces choses que l'on se dit lorsqu'on souffre d'avouer. Tu crois que je ne comprend pas, que je ne peux pas comprendre. Et bien que ce soit faux, ta démarche est révoltante. Ce n'est pas de l'incrédulité quand doucement se secoue sa tête. Non, ta présence est à elle seule un aveu, tu as le regard de celles qui ne reculent pas. Tout comme je ne reculerais pas, à te tenir tête, à t'écraser pour que la raison te revienne.

Sourdement, le dégout prend possession de son esprit, voile dense qui opacifie tout le reste.


Alors tu veux partir. Pour des promesses que tu savais factices.

Ha Théo... Tu en auras fait pleurer des filles, et tes mains auront souillé plus de corps que manié les armes. Regardes ce que tu fais... Regarde ce que tu leur fais. Elles exhalent à ton bras, se parent de mille couleurs et lorsque leurs attraits tu as trop regardé, tu les laisse se faner, misérablement. Regarde Théo ! Regarde celles qui n'ont pas le coeur à être détachées, à être libre. Elles flanchent sous tes pieds pour mieux se faire piétiner, et tu détournes tes yeux pour ne pas y penser. Baron, tu es l'opprobre! Baron, je t'ai aimé , pour toute cette putrescence que tu as dans la poitrine, autant que je te maudis pour l'infime part de toi qui a voulu me corriger. Pour cette fois, j'ai entre mes mains ce que tu as jeté du pied, la fragile part d'humanité que tu as laissé en défection. Regarde comme elle est belle, quand au moment qu'elle veut dernier elle n'a encore dans les yeux que l'espoir de se réveiller!

Et l'enfant? Qu'en est-il... Encore un orphelin, abandonné quelque part, comme les miens. Alors tu es de ce genre Aria, à brûler vive pour un espoir, mourir d'amour pour un mensonge. Ta dévotion m'écoeure, il ne t'a jamais donné que du foutre! Tout comme à moi, tout comme à elles... Dieu que c'était bon, quand il te partageais.. Je connais ses faiblesses, je sais bien ses fantaisies. Pourquoi es tu si faible! Je t'ai aimée inflexible, droite et rigide, quand tu soutenais mon regard et contrais mes réflexions. Tu n'es que l'ombre de toi, et moi, et moi... Je repense à cette lettre là.




Chère Sad,

Je suis désolée de t'écrire pour te demander ce genre de service. Je ne te connais pas assez et c'est peut-être ce qui me pousse à te le demander à toi et non à une autre. De plus, je suppose que tu pourras y trouver de quoi t'arranger aussi.

Pour faire simple, car je n'ai pas envie de m'attarder, il m'a quitté.
Moque toi si tu veux, dis moi que c'était prévisible, si cela te chante. Qu'importe, pour moi, il est trop tard. si mon coeur a déjà été abimé une fois, cette fois, il n'en reste plus rien.

Je ne veux pas chercher à me reconstruire, l'on pourra me dire "ça passera, tous ne sont pas ainsi" mais je n'y croirai plus. C'est mon destin d'aimer les seuls qui ne me feront aucun bien. Et ce destin doit s'achever.

Mais Sad, je n'en ai pas le courage, tu dois m'aider à finir ce geste qui toujours s'arrête par lâcheté.
Rejoins moi en Bourgogne. Aide-moi je t'en prie. Rend-moi ce service qui de plus t'assurera une nouvelle victoire sur cet homme que tu te plais tant à détruire.

Ce courrier m'est déjà difficile, dis moi juste "oui" et soulage moi de ce poids.

En attendant avec impatience ta réponse,

je te salue chère Belladone.

A très bientôt, j'espère.

Aria
.


Ni piège ni plaisanterie, Aria était venue pour s'éteindre méthodiquement, impudiquement. Et de sombres idées virent effleurer la Belladone, comme le baron l'avait surnommée. Si bien nommée... Une ultime attaque se dessinait, pour toucher plus que par les poings l'ego du seigneur d'Arquian. Où du moins ce qu'il en restait. Déchu pour avoir brigandé à ses cotés, battu en duel, abandonné. Baron dont elle s'est lassée, comme il se lassait de toutes...

Belladone fit un pas.

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absente, selon l'humeur.
Aria_la_rousse
Que n'aurait-elle pas donné pour devenir aveugle à ce regard, sourde à ces paroles, insensible à cette atmosphère lourde de mépris, de dégoût, de pitié à son égard.

Comme les choses changeaient vite en ce monde. Elle, la fière flamboyante, l'Helvète-Bourguignonne à l'orgueil démesuré, elle qui se plaisait à crier à ceux qui voulaient bien l'entendre, qu'elle était parfaite... Elle aujourd'hui réduite à ce corps devenu maigre, à cette peau devenue pâle, à ces cheveux, devenus ternes. Où était passée Aria ?
Vampirisée par un Baron qui s'en était allé voir d'autres femmes, plus jeunes, plus vives, plus espiègles... qui elles aussi seront à leur tour vidées de tout ce qui avait fait leur attrait.

Elle ne baisse pas le regard cependant. Tout est là. Ses dernières bribes de ténacité se trouvaient dans la faible lueur perçant ses agates. Elle regarde la brune, l'air de dire "hé bien quoi ? Est-ce moi qui te dégoute ? Je te fais de la peine ? Toi la Belladone ? Allons, regarde moi bien, oui je souffre, oui j'aime, oui je suis faible. Regarde comme je brise ce mythe de l'incassable, vois comme nous ne sommes au fond qu'éphémères, aussi dure soit ta carapace. La mort ne te fait pas peur, belle brune, ce que tu crains c'est d'un jour devenir ce que je suis. Tu méprises cette chose que je suis devenue, cette chute de l'être, cette perte de soi."

Le mouvement de l'italienne la fige. Sa haine pour Theo aura été plus forte que tout. Ce pas venait de sceller le pacte entre brune et rousse. Aria ne reverrait plus la lueur du jour. Le voile de la nuit serait son linceul.
Une sueur froide se glisse imperceptiblement le long de son dos mais rien, dans l'attitude de la rouquine, ne montre qu'elle veuille reculer.
Elle avait cette fierté, la rouquine, cette obstination du "j'ai commencé... je finis".
Et c'est soudainement la colère qui crispe ses mains légèrement, une envie de hurler "Regardez Baron à quoi j'en suis réduite ! N'auriez vous pas pu me laisser tranquille ce soir là à Autun, n'auriez vous pas pu taire cette envie d'enfants avec moi, n'auriez vous pas pu me laisser partir avec Isoel plutôt que de me jurer un amour fidèle… n'auriez vous pas pu me laisser libre ! Regardez ce que vos promesses m'ont fait ! Regardez ce que votre absence d'amour me coute... "
Mais non, ces phrases, elle les ravale. Elle a été habituée à en dire le moins possible à Theognis, sachant combien il détestait les situations trop sentimentales, et elle compte bien entrainer ces derniers reproches dans les flammes de l'enfer, si c'est là qu'elle doit aller.

La dextre se porte à sa ceinture et en tire la fine dague dont elle ne se séparait jamais. Aucun geste brusque. La main se tend doucement vers Sadnezz lui offrant l'objet. Ses doigts tremblent, car oui, elle a peur. Peur de l'inconnu qui l'attend. Et sa voix brise ce silence rendu opaque par la tension qui les unie.


Oui je veux partir. J'ai cru à ces promesses. Theognis est comme de l'eau... il trouve la faille et s'y insère, se faisant sa place jusqu'à ce que la fissure soit assez large, alors il trouve une nouvelle issue..
La fissure est trop grande. Alors oui, aide moi à partir.


Un léger sourire s'esquisse, pas un sourire, une supplique. "Ne me fais pas attendre Belladone ! Ne vois tu pas comme je te crains en cet instant ! Adores-tu à ce point contempler la peur dans les yeux de tes victimes ?! Plonge cette dague, je veux être libre et c'est le chemin que je choisi pour le devenir"
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Sadnezz
La nuit s'empare d'elles, deux silhouettes dans un décor qui s'étiole. L'envie de la pousser et de la laisser là est tenace, mais celle de lui tourner le dos alors qu'elle est à terre la répugne. Rien n'est palpitant sans résistance, le duel est gagné d'avance. Partagée, sa main se tend tout de même vers la dague tendue comme un insecte vers la lumière. A travers Aria, l'occasion de blesser Theognis une fois encore est tellement tentante...

Son visage se ferme, figé comme le masque étrange qui s'y accrochait les soirs de chasse. Une si belle femme, désirée et désirable, quel gâchis. Une victime, victime qu'elle répugnerait à être, sans fierté et sans plus de piquant. Elle a éteint le feu derrière le verre de ses yeux la rousse, elle a fermé les rideaux pour laisser entrer les ténèbres.

Un corps de femme en offrande, une dague, et le silence après des mots si étranges. Elle est venu mander la fin comme on vient chercher le début, et la Belladone ne cille pas. Tu veux en finir Aria? Tu me trouves longue à réagir? ...Les onyx brillent d'un éclat nouveau.... C'est que je ne sais si je dois être incisive plus que perverse.

Le pommeau roule dans la dextre qui vient se jumeler à la sénestre, serrant à elles deux la dague avec une force naissante. Un coup d'estoc est lâché avec colère dans un grognement étouffé et la dague vient mourir dans la panse de la flamboyante sans plus une once d'hésitation.


Tu es faible Aria.

Voilà, voilà comment finissent les blessées du baron, exsangues et gémissantes sous les spasmes de la souffrance. Et celle là, elle se vantera de le lui avoir prise, lui qui n'en voulait plus. S'il est l'eau, elle est le feu. Un brasier qu'il ne saurait jamais atténuer, sauf par son trépas.

Qu'elle était belle son adversaire... Saignée, point encore apaisée. Ses lèvres vinrent cueillir celles d'Aria, cherchant l'ultime soupir, mains toujours fermées sur la dague qui se réchauffa soudain de l'ichor volé.

_________________

absente, selon l'humeur.
Aria_la_rousse
Froide est cette nuit, froid devient le coeur de la rousse. Brûlant est ce sang qui souille sa robe, brûlantes sont les lèvres qui cueillent les siennes.

Le coup était venu, le corps s'était tendu puis replié sous la douleur.
Mais la brune tient bon, et la flamboyance perd doucement son éclat à mesure que le souffle s'accélère, puis s'amenuise, elle suffoque, elle a froid, elle a mal, mais c'est ce qu'elle a voulu... elle accepte.

Le corps cède, entrainant la brune avec elle lorsqu'elle se crispe sur ses bras. Une larme coule, seul aveu de sa lacheté. Oui elle était faible, et la douleur causée par la lame n'était rien à coté de celle qui lacérait son coeur.
Sa machoire se crispe, gémissante sous cette poigne qui ne lui laisse aucun répit.
Son corps se vide de ce liquide carmin qu'elle se plaisait tant à goûter chez le Baron.
Aria observe sa meurtrière, que ressent-elle ? L'aime-t-elle un peu ? La déteste-t-elle ? Quelle amante passionnée elle aurait fait et à cet instant, la rouquine n'éprouve aucun regret quant à son choix d'être achevée par elle. Etreinte mortelle qui les lie de cette lame plongée en elle. La rousse volage devenait l'amante de la mort, se laissant lentement envahir par ce froid cuisant.

Déjà, elle ne percevait presque plus rien, déjà, son corps n'était plus parcouru de soubresauts et se détendait doucement, déjà, ses lèvres ne réagissaient plus au contact des siennes.
Tout disparaissait, même son amour, ses regrets... et cette Bretagne qu'elle rêvait tant de voir.. et cette famille qu'elle avait souhaité. Plus rien n'avait d'importance. C'était donc cela la liberté.

Elle regarde la brune, Dieu qu'elle était terrifiante et belle à la fois. Dans un dernier effort, elle posa sa main sur la sienne. Elle ne pouvait plus parler, mais ce geste en disait long. Il la remerciait, il lui retirait aussi toute culpabilité, aussi froide Sadnezz puisse-t-elle se montrer, il voulait aussi dire "avec ça.. si tu ne l'emportes pas...".

Son regard se perdit, au delà de la Belladone. Le froid l'avait enveloppé à présent, et une dernière pression de la dague vint arracher le dernier souffle de la rousse.

_________________
Ladyphoenix
Journée ordinaire au Moutier, domaine de la famille de Julien, Lady, et les p'tits bouts. Journée ordinaire pour amie extraordinaire, Aria était en ces lieux. Cela expliquait le sourire de la Miel, ravie de revoir sa Flamboyante, sa Divinissime... Même si là, la lumière de ses yeux était plus faible, moins brillante, moins... vivante. A cette pensée, Lady secoua la tête: comment la vie-même pourrait-elle être "moins vivante"? Aria dansait la vie, Aria souriait à la vie comme on fait un pied-de-nez au destin, comme on fait face, malgré tout, sourire aux lèvres.

Et ce sourire-là, celui qui habillait les lèvres de la Rouquine, il était différent. Oh, parfois, alors que ses yeux se posaient sur son fils, le sourire, le vrai, réapparaissait une seconde, avant de laisser place à ce postiche désormais coutumier. Mais Lady savait qu'Aria était forte, une petite visite, et tout irait mieux. Oui, Lady était confiante, du moins tentait-elle de s'en convaincre elle-même.

Un sourire de Loup gambadant dans la pièce, Amellia à ses trousses, les jumeaux gazouillant, tout sourir', arrachèrent la Miel à ces préoccupations funestes, et elle s'affaira à distraire tout ce petit monde.

De temps à autre, elle passait à côté d'Aria, lui faisait faire un pas de danse, comme avant, ou lui prenait la main, y posait un baiser, et lui faisait un clin d'oeil, qui accompagnait un sourire laissant présager quelque chose comme "tu verras, tout ira bien. Je suis là". Le problème, c'est que si le message était passé, la Flamboyante ne l'avait peut-être pas interprété comme il l'eut fallu. Lady ne le comprendrait que bien plus tard... Que bien trop tard.

Mais Aria montrait quelques signes de lassitude et de fatigue, et son envie soudaine, semblait-il, d'aller se promener seule, fit sourire Lady, qui voyait là une tentative de son amie de se refaire une santé, près de la nature, près de ses sources... Deuxième erreur, alors que la Miel assurait Aria que oui, elle surveillerait Loup, que bien entendu, ça lui faisait plaisir, qu'il était un amour, et que, évidemment, elle les gardait tous à dîner ce soir, et que même, ils pouvaient rester un peu, une maison, c'est toujours plus agréable quand c'est vivant !

Aria avait donc pris la route depuis quelque temps déjà lorsque la Miel, voulant récupérer le doudou de sa cadette en pleurs, monta en sa chambre y quérir l'objet. Surprise, elle aperçut une lettre posée sur son oreiller. Intriguée, elle alla la ramasser, sourire aux lèvres à l'idée que Julien lui ait laissé un petit mot avant de partir travailler. Elle décacheta donc la missive et la parcourut.

Blafarde, les mains tremblantes, elle resta bouche bée une seconde, une minute, un siècle...avant de réagir et de courir à son secrétaire, pour coucher maladroitement et à la hâte quelques mots sur un parchemin :


Citation:
Lison,

L’heure est grave, Aria va faire une bêtise. Elle doit rejoindre « une amie » qui doit lui faire… ça… à Nevers, dans une clairière. Nous devons y parvenir avant que…avant que… ce soit fait. Et cette « amie » saura ce qu’une véritable amie de la Flamboyante lui fera alors !

L’heure est grave, te dis-je ; mon palefrenier prépare monture, et je prendrai la route aussitôt pour te rejoindre et que nous y allions toutes deux. Cette missive sera partie avant moi et devrait te laisser le temps de te préparer à ton tour. Lison… je ne peux pas y aller seule, je n’aurai pas la force. Tu dois faire quelque chose, pitié, Lison, fais quelque chose ! Pardonne-moi, c'est idiot, ce que j'écris, mais je suis dans un tel état...

Loup est ici, au Moutier. Je vais le laisser jouer avec les petits, sous la bonne garde de leur nourrice, et prétexter une course à faire, ou une affaire urgente à régler. Je ne dois rien lui montrer… Zéphyr est prêt… Je pars à l’instant.


Lady.

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Sadnezz
Pas de velléités dans les combats relationnels et aussi complexes soit-ils il y a toujours en eux un vainqueur et un vaincu. La femme aux mèches pourpres ploie contre le corps tendu de la Corleone, encaissant le coup. Sans opposer de résistance, elle suit cette chute, terrible et douce à la fois. Les iris se voilent, ils semblent pourtant hurler les mots que les lèvres ne diront plus. Les geignements de bête blessée ne la gênent pas plus, habituée aux réactions de souffrances que peuvent avoir les êtres meurtris la Corleone ferme les yeux et laisse Aria se nicher en son joug.

Si les questions de la jeune femmes lui étaient connues, la Belladone ne saurait lui dire les ressentiments qu'elle pourrait lui porter. Pas de désamour, mais pas non plus de grande amitié avant ce soir fatal. Les deux femmes se sont évitées, sans pour autant cesser de s'observer , sans relâche.

La mort qu'elle lui donne n'est pas un cadeau, car la Corleone reste intimement persuadée qu'aucun homme sur terre ne mérite le sacrifice d'une vie. Aria est jeune, et cette jouvence aura tout de même donné la vie... La nuit porte en son ventre les râles sourds d'une victime qui s'en défend, victime de l'indifférence de Theognis , victime de la folie vengeresse de Sadnezz. Au coeur des rancoeurs, la rousse s'éteint... libre. Elle en a connu des éprises du baron déchu, elle en a moqué des desiderata de l'Arquian... Les dernières avaient disparues, ou s'étaient égarées... Cathy, Damekay... Aria. Et mille autres. Toujours ce cycle, perpétuel ballet tragique autour d'un homme qui ne se satisfait jamais. Milles amantes oubliées qui viendront creuser la tombe de celui que Sad aimait détester, aimait souiller, aimait humilier. Mais qu'elle n'aimait plus depuis si longtemps.

La main sur la sienne lui a tout de même arraché un soupir, et le gout de la lippe rouge s'est éclairci. Elle était douce, et jeune, peut-être aurait-elle dû lui prendre plus que la vie cette nuit, peut-être. La dague fut enfin extirpée des chairs, lentement. Le froid reprenait déjà ses droits sur le métal souillé de rouge, rouge comme cette crinière ... Cette crinière...

Sad se redressa, prenant appui sur le sol. La lame vint tailler une longue mèche des cheveux d'Aria, qu'elle noua au pommeau. Sans lui accorder un dernier regard, la Corleone s'éloigna du corps qui n'était plus Elle, mais juste une simple enveloppe de chair bientôt froide et rigide. Un cadavre exquis.

Au lendemain, le Montereau recevrait d'un jeune cavalier envoyé de la Corleone une boite somptueuse au velours sombre et aux rubans vermeils... Vermeils comme le sang et les cheveux qui se trouvaient mêlés à une dague qu'il reconnaitrait certainement en jetant un oeil à l'intérieur. Vendetta.

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absente, selon l'humeur.
Lison..
Une pause. Dossiers rangés sur un coin de son bureau, Lison sortit et regarda l’horizon à bord du Renart, avant de s’asseoir sur le pont et de jouer avec ses filles sous le regard d’Alba. Gaëlen dormait paisiblement dans la cabine, Ganju veillant sur lui.

Elle riait avec ses filles tout en pensant à la couleur des tentures qu’elle souhaitait mettre à Morey. Elle était là tranquille quand un coursier les joues cramoisies et le souffle court vint lui remettre une missive. C’était Lady, affolée, Aria, clairière, empêcher, bêtise, Nevers, avant que, besoin de toi. Que se passait-il ? Elle allait demander à Ganju s’il comprenait quelque chose, lorsque devant ses yeux, repassèrent les images d’une petite tête ébouriffée, un petit nez retroussé parsemé de taches de rousseur, une missive glissée dans la main de la brune, le tintement de trois sous tombant dans celle du gamin. Absorbée qu’elle était dans son travail, elle ne l’avait pas ouverte. Un frisson lui parcouru le dos. Ou était cette missive ? Avait-elle un rapport avec celle de Lady ?

Lison se précipita dans le bureau, la lettre devait être là quelque part, jetant les dossiers au sol, elle la cherchait frénétiquement, puis la vit, là posée sur le bureau. Lison la regarda, n’osant pas la prendre dans sa main, comme si elle craignait d’en être brulée.

Respirant profondément, elle la prit finalement du bout doigts et l’ouvrit, découvrant l’écriture de sa belle Aria. Elle lisait les mots, et dès les trois premiers ce fut comme un coup de poignard en plein cœur.

« Lili, je ne suis plus parmi vous »

Néanmoins, se disant qu’elle comprenait mal leur sens, elle lut jusqu’au bout, les yeux fous, passant d’une ligne à l’autre. Elle comprenait, elle comprenait la lettre d’Aria et celle de Lady, mais son esprit s’y refusait.

La lettre lui glissa des mains et elle hurla, tant de douleur que de rage. Rage contre cet homme qu’elle avait tenté de respecter pour ne pas blesser trop Aria, gardant sa réelle opinion pour elle. Rage contre Aria qui n’avait rien écouté et pour sa faiblesse à présent. Et rage contre elle-même surtout. Elle qui avait donné le premier coup de couteau, puis elle qui n’avait pas réagit assez vivement, puis elle qui ne s’était aperçue de rien…

Elle mit quelques instants à retrouver ses esprits, laissa les deux missives sur le bureau pour Ganju. Il les trouverait et comprendrait, elle n’avait pas le courage d’aller lui dire. Puis elle sortit de la cabine et se précipita sur la berge, et sans prendre le temps de seller son cheval fila rejoindre Lady dans leur quête désespérée.

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Theognis


Sans vous, je tombe.

Je vous aime.

A


Quelques mots, des mots courts, des mots simples, des mots tendres et tragiques, des mots qui traversent l'âme comme un rayon de pluie.
Une lettre, couverte par le pouce, caressée en un signe d'adieu, une lettre debout et qui pique le doigt, une lettre couchée et fermée à jamais.
Ainsi Aria tombe. Son visage devient pâle, le monde obscur, dans son poing serré un souffle froid se mêle à ses doigts. En son esprit, toute pensée succombe. Seule demeure une conviction tenace.


C'est la Malédiction.

Il sait pourtant qu'elle l'aimait sans relâche, absolument. En Languedoc, Aelyce finit par tomber, elle aussi, consumée d'un amour trop violent. Et pourtant....

C'est la Malédiction.

Cette flamme, ce brasier dans l'âme, est comme un saint-esprit malin survenu des Enfers, il en est persuadé. La Dame, le fantôme qui hante depuis les temps jadis les cachots du château d'Arquian, la Dame le poursuit de sa haine, inlassablement. Elle le traque, guettant la moindre faiblesse d'âme chez lui ou ses proches, pour répandre la mort sur leurs corps déchirés. Théo en est persuadé.

Quand il lève les yeux, enfin, le jour brille au zénith, Limoges est en fête, les banquets se succèdent, les débats vont bon train. L'ambiance est enfiévrée, joyeuse et violente, les insolences précèdent les coups d'épées. Les élections comtales approchent à grand pas. Lui fend comme une ombre cette foule bigarrée, pour déboucher enfin sur le champ de la lice.
Il y a combat, aujourd'hui, un duel pour le plaisir, un amusement pour s'entraîner. Vu comme à deux mains il saisit la bâtarde, son rival a du souci à se faire.
Quelques minutes plus tard, le combat est gagné. Théo a trouvé de quoi se défouler, le sang lui cogne aux tempes, cela fait du bien. Dans l'euphorie de la victoire, il mange un bout puis va se reposer à la faveur d'une alcôve.
Fermant les yeux, les souvenirs lui reviennent en mémoire....



[To be Continued....Quoi ça fait classe, non?]
Ladyphoenix
Lady avait rapidement pris la route, à la suite du messager, une fois les enfants confiés, et son rôle de maman-rassurante-j'ai une course-urgente-à-faire-je reviens-trèsvite-les-enfants-soyez-sages accomplie. Seule la nourrice avec compris aux yeux sombres de Lady que quelque chose de grave se tramait, et la suivit dans le vestibule, alors que la Miel se munissait de son épée, les mains tremblantes. Elle se contenta de poser doucement sa main sur celle de l'épouse du Moutier, et d'un hochement de tête digne et éloquent qui se voulait rassurant. Son amie bien plus que sa maîtresse, Lady ne s'était jamais trouvée dans cet état auparavant, et la jeune demoiselle recueillie après la mort de ses parents ne put qu'articuler doucement, comme une caresse :

-Je prendrai soin des enfants. Filez.

Lady passant dans le salon afin de quitter les lieux y rencontra les enfants, courant, jouant, s'amusant, et elle dut réprimer ses larmes devant le sourire de Loup, à qui Amellia, du haut de ses quatre ans, tentait vainement d'expliquer que 'fieur", c'est "fleur", et que "oh, chait paheil".

Il fallait éviter ça... Voilà ce qui emplit la tête de Lady, l'heure n'était pas à s'apitoyer, mais à se battre, à combattre les funestes intentions d'Aria. C'est dans un regain d'énergie et de volonté qu'elle s'était donc précipitée vers son cheval, direction Lison, qui devait se trouver à bord du Renart.

Après une chevauchée qui parut durer des siècles, elle plissa les yeux, aperçevant une silhouette au loin, montée elle aussi sur un équidé. Une longue chevelure brune apparaut bientôt, et les détails de la silhouette, féminine, élégante, élancée, se dessinèrent peu à peu: Lison venait à elle. Un dernier élan de Zéphyr, et les deux femmes se rejoinrent rapidement.


- Je vois que tu as eu ma missive... Nevers, a-t-elle dit, filons, il faut arriver avant que le pire ne soit arrivé.

Nul besoin d'autre commentaire, elles se dirigèrent d'une même foulée vers Nevers, afin de rejoindre la clairière dont la Flamboyante avait parlé.

Elles arrivèrent à Nevers, tard, ou tôt, tout semblait se confondre, rien n'avait d'importance que de retrouver le sourire, la joie de vivre, l'élégance d'Aria devant elles. Faisait-il nuit, faisait-il jour ? Ferait-il encore jamais jour si jamais... Lady balaya l'idée des ténèbres qui envahiraient son âme si la Rousse n'était plus, et essuya négligemment la perle de rosée qui s'était sournoisement extirpée de sa paupière.

Un regard à Lison... l'expression du visage était la même. On y lisait à la fois l'inquiétude, la colère, et l'amour. Toutes deux étaient au bord de la brisure, du déchirement. A quel point le gouffre s'ouvrirait-il ? Elles n'en avaient alors pas encore l'idée, mais la clairière bientôt en vue, le désastre commencerait.

La nature, parfois charmante, à l'occasion d'une balade familiale, d'un pique-nique entre amis, d'une partie de pêche, avait ici cela d'effrayant qu'elle était silencieuse, calme, hantée par le simple bruit des brins d'herbe et des feuilles secoués par un léger vent. Un silence de...de mort. Un hénissement se fit entendre un peu plus loin, Lison et Lady, dans un élan commun, se ruèrent vers l'appel animal brutal, le cri effrayant et soudain d'une bête qui n'était assurément pas là pour rien...

Elles avançaient, elles se rapprochaient...Un corps au sol, une stupeur, un effroi de le reconnaître, même au loin... elles étaient arrivées, il était trop tard. La nature avait été son berceau, elle était maintenant son linceul. Ainsi s'ouvrait l'abîme.

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--Esprits_sibyllins


[A vivre au milieu des fantômes, on devient fantôme soi-même
et le monde des démons n'est plus celui des étrangers mais le nôtre,
surgi non de la nuit mais de nos entrailles. ]*


Limoges, la nuit est tombée depuis quelques heures. Lueur bleutée discrète qui flotte au dessus de la ville à sa recherche.

Lui, celui qu'elle a connu en double Baron, qui n'est aujourd'hui qu'un homme simple, ou presque. Hanté par celles qui l'ont côtoyé et qui aujourd'hui ne sont plus que silhouettes éthérées.
Ressentir sa présence pour le retrouver malgré le vent encore glacial.

Une chambre isolée et dans le lit une masse informe sous les draps. Il est là, endormi. Quelques égratignures ornant son visage à la peau halée. Il n'avait pas changé depuis le temps …

Alors d'une main séraphique, elle lui caresse la joue. De la pulpe aérienne de son index elle redessine ses lèvres tant de fois dévorées pour en libérer le chaud carmin …
Si elle avait encore eu un tant soit peu de consistance matérielle, elle en aurait frissonné puis sourit avec tendresse. Elle son amante « sophistiquée » comme il le lui avait dit.

Oiseau de mauvaise augure pour toute les femmes qui osaient partager son goût de la luxure, celles qui osaient s'abreuver à même ses lèvres, du pourpre de ses veines. Poison.

Lui Prométhée qui selon la théogonie d'Hésiode était le créateur … Au final, il n'était qu'arsenic. S'insinuant sournoisement dans les veines de ses victimes …

Dépendantes ... Elles l'avaient toutes été.

Jusqu'à ce que lui se lasse et lentement se détourne d'elles où qu'elles le ressentent comme tel. Aucunes attaches … C'était le maître mot de chaque pacte.

Maudit ! Tu es maudit Théo !

Voilà ce qu'elle aurait aimé lui crier. Silhouette vaporeuse qui désormais englobe le corps endormi de son ancien amant.

Mais tellement attirant … D'autres comme nous tomberont entre tes griffes, entre tes crocs …

Léger souffle glacial qui court sur la peau brûlante du dormeur. Lèvres vaporeuses qui viennent épouser les siennes comme autrefois, lors de leurs fougueux ébats. Ce que l'immatériel ne pourra montrer, mais qui serait là si elle était réelle, c'est une perle d'eau salée qui roule sur joue. Colère née de ce sentiment d'abandon avant leur dernière séparation. Colère de ne pas avoir pu le voir une dernière fois … Colère de ne pas lui avoir dit ce qu'elle ressentait, même si lui l'aurait refusé … Et la main séraphique d'enserrer la gorge de l'infortuné …

Sous les doigts éthérés, palpite alors le fluide vital qui lui fait défaut. Ce chaud carmin dont elle aimait s'enivrer.
Et la carotide qui bat fort dans sa main, preuve qu'il est toujours en vie, lui … La pression se relâche légèrement, comme pour tenter elle même de se sentir en vie par ce battement fort et régulier.




*Antoine Audouard / Un Pont d'oiseaux
Lison..
Lison avait vite retrouvé Lady, elles avaient chevauché rapidement, sans parler, toutes deux étant bien trop tendues et perdues dans leurs pensées pour cela.

Tout était flou, était endormi, tout retenait son souffle. Lison elle-même parvenait difficilement à respirer, ne cessant de ce répéter, non, c’est faux, je vais me réveiller et à nouveau, grimper aux arbres avec Aria et bouder car je n’aurai pas eu de tarte. Mais ses souvenirs étaient au final encore plus douloureux. Aussi préféra telle laisser le vide s’installer.

Un hennissement un course folle et désespérée, les deux femmes semblaient réunies dans la même terreur, la même horreur. Aria était là, le roux de sa chevelure tranchant dans l’herbe verte, les lèvres encore trop rouges sur le pale visage. Elle aurait pu être là, étendue et dormir, sans l’infâme rouge maculant sa robe blanche. Immobile, impuissante, Lison ferma ses yeux et pour ne pas hurler, pour ne pas frapper, serra ses points, enfonçant ses ongles dans sa chair. Son visage se ferma, ses traits se durcirent, une haine incommensurable s’insinuait en elle. Cet homme, volait tout sur son passage, volait la vie même. Elle resta un long moment ainsi rigide, tendue, tentant de rattraper la vie. Les images défilaient devant ces yeux, les fous rire partagés, leur révolte aux déchainés, leurs disputes, leurs provocations, leur complicité. Les mâchoires serrées, elle rouvrit les yeux, le visage d’Aria, ne sourirait plus.

Puis soudain une partie de la lettre d’Aria lui revint en mémoire.

Citation:
Chère petite famille de Volvent-Franchimont, rendez moi un dernier service. Vous savez combien ma foi était faible... j'ai toujours préféré la forêt aux couvents... si vous parveniez à brûler mon corps plutôt qu'à les laisser m'enterrer... afin de rendre mes cendres au vent... je vous en remercierai jamais assez.


Lison se courba enfouissant son visage dans ses mains et murmura :

Non, ne me demandes pas ça, comment je vais pouvoir le faire…. Non, non, je ne pourrai pas, Aria…. Je ne peux pas te la refuser, mais comment je vais le faire…

Et de tomber a genoux sanglotante
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Ladyphoenix
Stupéfaction muette des deux femmes dans cette clairière. Un siècle s’écoule alors que leurs yeux voient, mais leurs esprits se ferment. Un instant, Lady, prise d’une bouffée d’hystérie, semble sur le point d’éclater de rire et de dire « mais non, ce n’est pas elle, Aria nous attend au coin du feu, dans une taverne, on va arriver et elle nous fera des bisous et… », mais son cheval est là, le bouclier que lui a offert Théognis pend à son flanc. Aria est bien là, elle bouge, non ? Oui, elle se meut, c’est évident…

La Miel est sur le point de donner de petits coups de coude à Lison pour lui dire « oh, elle va bien, regarde, elle bouge, elle bouge, elle va bien, elle est … » mais Lison met genoux à terre ; elle réalise, elle, et Lady, qui jusque là avait combattu l’idée-même que leur amie eut pu être étendue là, reposant dans son linceul verdoyant, les muscles inertes mais quelques mèches portées par le vent, comprend l’affreuse réalité… pour la rejeter aussitôt.

Elle s’agenouille devant Lison, caresse ses cheveux et tente maladroitement de la rassurer, elle-même paniquée, parlant de plus en plus rapidement, les yeux grands ouverts d’hystérie subite:


Ne pleure pas, ne pleure pas, chut… là, ne pleure pas, elle va bien, elle est allongée, oui, mais tout au plus doit-elle dormir…

Plus fermement, secouant désormais vigoureusement les épaules de Lison:

Oui, c’est ça, elle dort, elle se repose, la chevauchée a dû la fatiguer, et alors elle a fermé les yeux quelques instants, sur l’herbe, pour se ressourcer. Lison, elle…regarde, mais regarde, il ne faut pas pleurer, elle va bien, elle dort.

La Miel a éclaté en sanglots et dans sa frénésie, entend bien prouver à son amie De Volvent-Franchimont qu’Aria dort simplement. Ainsi court-elle à la rencontre de la Rousse, étendue un peu plus loin. L’arrêt est brutal, silencieux. La Miel, persuadée que tout ira bien, voulant croire que tout ira bien, reste là, debout aux côtés d’Aria, et ne voit pas immédiatement le rouge maculant la robe de son amie. Non, le regard penché sur son visage, se fait doux, protecteur. Elle est si jolie, la Sublime, si belle quand elle dort.

Tu dors, je savais bien que tu dormirais simplement. Je le disais à Lison, qui est venue avec moi. Elle nous attend un peu plus loin, il faut que tu te réveilles, et on ira toutes les trois boire une coupe de vin. Aria ? Réveille-toi, lui murmure-t-elle, en caressant ses cheveux, les mains tremblantes. On doit y aller, maintenant, Loup nous attend, en plus… Aria ? Tu fais encore semblant d’être évanouie pour avoir un baiser ? Tu es impossible, tu sais !

Un sourire apparaît sur le visage de la blonde du Moutier, qui se penche pour poser un baiser sur le front d’Aria. Un éclair, une stupeur, un effroi : la peau est froide, glacée. L’empreinte de cette absence de chaleur pique les lèvres de la Miel, les engourdit, les rend inertes, aussi mortes que l’Autunoise étendue elle-même. La Miel a un mouvement de recul, sous la surprise, et tombe au sol, sidérée, stupéfaite. Elle reste là un moment, transie, les yeux rivés sur ce corps qui a si souvent tenté de l’étreindre et qui est maintenant si immobile, ce corps qui n’étreindra plus personne.
Les larmes coulent, les larmes pleuvent sur les joues ladyphoenixiennes, la pluie devient ruisseau, puis fleuve, qui emporte avec lui - les rires des enfants et les mistral gagnants…désolée - les souvenirs de leur complicité, et ravive ainsi les moments divins passés avec la deuxième rousse de sa vie, la deuxième rousse à la quitter…

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