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Info:
la Vicomtesse d'Arnac Pompadour, Marie Alice d'Alterac, a pris la décision de quitter le limousin et de s'installer en Bourgogne. Ce RP est le RP de son départ de la ville de Limoges et de ses adieux auprès de ses proches.

[RP] Quand le vin est tiré, il faut le boire

Mariealice
Longue avait été la prise de décision. Longue et douloureuse, comme toutes celles qu'elle prenait depuis quelques temps déjà.

Fuite en avant? Le cortège l'avait été dans une certaine mesure oui. Tout comme ce qu'elle faisait depuis Vendôme. D'ailleurs y rester 15 jours pour les fêtes de fin d'année n'avait fait que lui remettre un peu plus en mémoire toute la douleur et la souffrance tapies là, au fond de sa tête.

Si encore, seule elle avait à souffrir de tout ceci, mais non, elle entrainait tout le monde avec elle. Flaiche qui se sentait inutile et impuissant, Enguerrand qui voulait l'aider alors qu'il n'en avait pas la force, devant déjà lutter lui-même, et tous les gens qui l'entouraient, la côtoyaient, la sentaient perdue alors qu'elle n'avait de cesse de répondre que personne, à part elle-même, ne pourrait quoi que ce soit.

Une lumière avait fini par pointer dans le noir qui la cernait. Inattendue, surprenante, rapide. Presque incongrue dans sa venue. Et des choix s'étaient imposés. Bourgogne, le Ténébreux.

Le reste ne concernait finalement que ses proches, le résultat lui était désormais visible et su. Flaiche et elle se séparaient, vivant désormais chacun de leur côté, même si leur lien demeurait fort, immuable presque, parce qu'elle ne pouvait le concevoir autrement. Gardon resterait à jamais Gardon, à ses yeux, à ceux de leurs enfants. Ils avaient parlé, longuement, pleuré même et s'étaient mis d'accord sur les choses à faire.

Partie devant, elle avait préparé le départ, l'avait annoncé, certains tentant de l'en dissuader. Mais il était trop tard. Elle serait dans quelques jours résidente bourguignonne, Flaiche pourrait suivre son chemin qu'elle espérait plus heureux qu'avec elle. Seleina l'y aiderait sans nul doute, leurs amis communs aussi comme Ewaele, Mac... Longue liste en fait. Les enfants viendraient avec elle mais bien sûr il pourrait les voir quand il le voudrait, quitte à ce qu'il vienne en Bourgogne ou qu'elle les lui envoie avec une escorte ou les amène pour quelques jours.

Restait désormais à partir pour de bon, à dire au revoir à ceux qu'elle croisait, à voir Enguerrand aussi, autre double qu'elle laissait en Limousin. Elle se souvenait désormais avec acuité les rencontres avec tous, certaines discussions, ressentait plus fort encore les liens entre eux.

Dire au revoir...Trois mots qui semblaient simples de prime abord. Mais dans les faits, c'était bien différent.

Malles prêtes, chargées sur les coches, les enfants jouaient avec leur nourrice en attendant le signal de départ. Elle... Elle faisait le tour de la maison, laissant glisser ses doigts sur un meuble ici, son regard sur une tenture là. Des scènes se déroulaient devant ses yeux, des visages et des voix disparus se superposant aux pièces vides de vie. Larmes coulant alors, silencieux témoins de la peine ressentie, celle qu'elle cacherait à nouveau avec ses soeurs.

Elle était là, dans le salon, observant le jardin dans lesquels les enfants se poursuivaient en riant, perdue dans ses pensées, plus que quelques heures....

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Enguerrand_de_lazare
Quelles pensées pouvaient bien traverser l'esprit du Baron en cet instant précis. Ceux le connaissant pouvaient sans grande peine se douter des angoisses et tristes idées qui l'occupaient depuis quelques jours déjà. Les autres ne se voyaient opposé que ce visage fermé, fatigué, aux traits tirés par les épreuves, grimoire à peine entrouvert sur une âme pour tous dissimulée.

Depuis des heures déjà, il arpentait sa demeure sans but aucun, croisant ses deux serviteurs et son inénarrable intendant sans même leur adresser le moindre regard, manquant de les percuter dans ses aveugles aller et venues.
Par instant, au détour d'une fenêtre donnant sur la demeure voisine, il pouvait apercevoir l'agitation qui l'occupait. Bagues, carrosse, malles et sacs divers. Montures piaffant d'impatience, servantes et valets arpentant le cour en tout sens. Le départ était proche. Départ de son amie, de sa soeur, de son double. Départ de celle qu'il avait connue depuis ses premiers jours en ces terres limousines, avec qui il avait tant et tant partagé, souffert, ri.

La décision était prise. Irrévocable. Sans appel. Il la connaissait assez pour cela. Avait il réellement tenté de l'en dissuader? Fort peu de son propre avis. Combat perdu d'avance qui ne pouvait se solder que par ce jour là, instants se déroulant sous yeux, alors que lui même avait le plus grand mal à croire que ces moments là étaient bien réels et qu'ils se gravaient dans les tablettes de leur histoire.

Un départ. Une perte. Une déchirure.
Il allait devoir lui dire au revoir. Afficher un maigre sourire sur son visage. Débiter quelques banalités et mots affectueux. Eviter son regard et garder ce voile sur son visage. Tristese et lamentations n'empêcheraient point cet instant. Autant donc ne pas l'alourdir encore plus par débordements de sensiblerie inutile.

Profond soupire du Baron, regard perdu sur quelque broderie relatant antique bataille.
Ironique image que celle de ces hommes morts depuis des siècles, se ruant au combat, prêts à affronter la mort tandis que lui, pour une fois, ressentait ce sentiment qu'il haïssait plus que tout. La peur. Peur de ne plus la revoir. Peur de mettre le pied dans un monde nouveau, une vie différente et à jamais s'éloignant de celle qu'il avait connue.

Violent coup de poing soudain asséné sur le plateau de la grande table ornant la pièce où il se tenait. Douleur irradiant jusque dans son épaule sous la force du coup. Douleur suffisante à peine pour chasser ces pensées honnies.

Courage chevalier. Tu ne vas hélas pas affronter là lances et épées, mais il va te falloir affronter ce moment.

Enjambées rapides et décidées, l'homme quittant rapidement la pièce pour se diriger vers la porte arrière de sa demeure, donnant sur cette petite cour, communiquant avec les jardins de sa sœur par ouverture dans le mur ceinturant sa propriété.
Une brève halte, immobile, dans l'encadrement de la petite porte, à l'orée de la propriété de la vicomtesse. Il allait devoir le franchir ce foutu rubicon!
Un pas en avant, à nouveau. Plus de retour en arrière possible.

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Ewaele
C'était une nuit où la lune était presque pleine. Le sommeil d’Ewaële était agité, troublé par d'étranges rêves ... Plus précisément un seul rêve, bien différent de tous les autres. Une personne au loin qui s'approchait lentement d'elle. Cependant un peu trop flou pour discerner les traits de cet individu.

La jeune femme se réveilla en sursaut, comme s'il s'agissait d'un cauchemar. Il n'y avait pourtant rien d'effrayant. Pourquoi ce songe était-il si différent de tous les autres ? Pourquoi la tracassait-il tant ? Quoiqu'il en soit, elle n'arrivait plus à se rendormir. Pendant environ une heure, elle resta allongée sur son lit à contempler le plafond, repensant à cette vision du sommeil, nébuleuse, et pourtant beaucoup plus nette que toutes les autres. Peut-être simplement différent parce que la plupart de ses nuits étaient sans rêve.

Bien qu'elle était au beau milieu de la nuit, Ewa savait qu'elle n'arriverait pas à refermer les yeux. Elle se leva, s'étira, et promena son regard sur sa chambre déserte.


Je ferai bien une petite promenade nocturne ...

La rousse ouvrit grand sa fenêtre et chercha du regard l’astre de la nuit. Dès que les rayons argentés caressèrent sa peau pâle, elle se mit instantanément à frissonner… Ses sorties nocturnes étaient bien rares ces derniers temps. Mais cette nuit là, la Comtesse avait besoin de prendre l'air. Elle marcha une partie de la nuit accompagnée par sa buse. Elle s’installa pour finir avec son oiseau sur la branche solide d'un arbre, assez basse pour y descendre sans difficulté. Des bancs de brouillard roulaient au ras du sol comme des hordes de fantômes. Limoges semblait reposer dans une épaisse couche de nuages.

Seulement quelques minutes plus tard, les premiers rayons du soleil percèrent l'horizon pour prendre le relais de ceux de la lune, qui disparut graduellement. Ewa s'étira comme si elle venait de se réveiller d'une nuit profonde, secoua ses jambes dans le vide comme une enfant, et s'apprêta à sauter de son perchoir. Elle atterrit avec souplesse par terre, déchirant brusquement la brume entourant son point d'atterrissage, cette brume qui frôlait encore le sol en ce début de matinée, et qui ne s'effacerait qu'à l'approche du midi.

Elle se mit à courir, pas de course effréné, sa respiration était tellement intense que tout résonnait en elle, écho terrible dans sa tête. Marie, c’est Marie qu’elle voyait dans ses rêves. Une brulure amère envahit sa gorge alors qu’elle pénétrait dans le salon de sa suzeraine, son amie, sa sœur de cœur…

Le regard des deux jeunes femmes se croisa, se plongeant l'un dans l'autre. Celui de Marie brillant. L'autre, celui d’Ewa, était aussi vert que les landes irlandaises, où semblait miroiter une flamme de colère, signifiant sa souffrance et sa peur.

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--Mariealice


Un mouvement, une porte s'ouvrant dans le mur mitoyen partagé avec Enguerrand, coeur qui se mit à battre plus vite.

Qui d'autre que son frère pouvait, à cet instant, la passer? De l'autre, nulle nouvelle et ce depuis si longtemps. Il s'était enfermé dans un couvent et depuis, rien ne filtrait de sa retraite. Dege....Ses deux frères si différents et pourtant à qui elle tenait pareillement même si, de part la vie, elle s'était plus rapprochée de plus vieux. Grands frères protecteurs ayant fort à faire avec leur petite soeur bien trop indépendante et tête brûlée.

Que lui dirait-elle qu'il ne savait déjà? Qu'il ne pourrait lire en son regard? Qu'ils ne s'étaient déjà dit ce jour là à Ryes? Elle savait pour sa part, que ce qu'il n'avait appris alors, personne ne le saurait. Enfouis au fond d'elle,étant devenu même une part de son être, de son âme, ces secrets là resteraient à jamais à l'abri derrière l'éclat parfois voilé des noisettes.

Oh la jeune femme savait fort bien que les au revoir seraient difficiles. Tout tant que la décision l'avait été à prendre. Douloureuse, du début à la fin. Lente également. Le cortège était tombé à point nommé, besoin de bouger, sentiment d'étouffer petit à petit. Et au début, le simple fait de voyager, de faire des rencontres, de voir défiler les paysages avaient suffit à la débarrasser – du moins le croyait-elle – de cette sensation. Avant qu'elle ne refasse surface, plus violente qu'avant, l'enfermant aussi sûrement qu'une cellule au fond d'un donjon. La seule différence dans le cas présent étant qu'elle possédait la clè mais n'arrivait plus à mettre la main dessus.

La véritée s'était faite jour, petit à petit et il avait bien fallu l'admettre. Elle ne voulait plus vivre en Limousin. Au fond d'elle, voici longtemps qu'elle le savait mais il avait fallu mettre les mots et l'accepter enfin. Sans qu'elle le sache, la décision elle avait prise longtemps avant. Ce qu'elle avait trouver en arrivant n'avait fait que la conforter dans l'idée qu'elle n'était plus à sa place.

Certains diraient sûrement qu'elle fuyait ou bien abandonnait le Comté qui lui avait permis de grandir. Elle ne les détromperait pas. Chacun ses raisons, chacun sa vision des choses, elle savait pourquoi elle partait, les gens qui comptaient à ses yeux l'apprenaient au fur et à mesure, le reste... Un haussement d'épaules vint ponctuer le cours de ses pensées. Elle avait donné, estimait l'avoir assez fait. Point.

Alors qu'elle allait bouger et aller à la rencontre d'Enguerrand, un bruit de course lui fit tourner la tête vers la porte du salon.

Une rousse échevelée, furieuse à en juger son regard, venait de pointer le bout de son nez et de ses bottes dans la demeure plutôt calme jusque là.


Bonjour Ewa. Respire, je ne suis pas encore partie.

Noisettes contre émeraudes, soutenir et s'apprêter à entamer la douloureuse et longue journée. Pas avec la plus facile ceci dit.
Ewaele
Respire, je ne suis pas encore partie.

Respire, respire, elle en avait de bonnes. Elle n’avait pas vu Enguerrand et elle s’était dirigée vers une fenêtre tournant le dos à la scène et à ses amis.

Lors de ces moments là, elle devenait menaçante, se faisait aussi dure qu’un roc et ça la poussait dans ses retranchements mentaux pour s’empêcher de se laisser aller et de poursuivre son analyse suicidaire. Ewa n’avait alors plus le choix et ses pensées déviaient vers un nouvel axe de réflexions.

Son esprit lui donnait l’impression de tourner en rond, continuellement. Sa situation ne risquait guère de s’améliorer mais, égoïstement, elle ne pouvait s’en contenter. Prise dans une spirale sans fin, elle sentait qu’elle n’avait rien à se reprocher mais qu’elle ne pouvait s’empêcher de s’en vouloir pour cette fatalité qu’elle subissait et qu'elle ne pouvait point changer. Et à jamais.

Elle secoua la tête, faisant voleter ses mèches rousses. Elle leva les yeux et vit des nuages sombres et imposants passer devant l’éclat du soleil. Comme elle, l’astre ne pouvait rien faire, juste laisser filer le temps en espérant qu’il amoindrisse ses peines et les efface. La jeune femme regarda défiler les nuages au-dessus d’elle. Ses prunelles d’émeraudes descendirent sur les jardins qui s’étendaient devant elle.

Comment une vie pouvait-elle basculer aussi rapidement? Comment était-il possible de changer aussi radicalement d’environnement ? Elle ne comprenait pas et ne comprendrait sans doute jamais trop naïve qu’elle était ou trop utopiste.

Ewaële était prise de désarroi. Elle semblait complètement déboussolée. La Comtesse éprouva de la compassion pour Marie. Ses yeux chavirèrent vers un vert apaisant, même si elle ne savait pas si son amie pouvait interpréter ses changements d’humeurs grâce à ses yeux.

Ewa s’approcha de sa suzeraine et entra dans la lumière d’un faible rayon du soleil qui devait percer au travers d’un nuage. Elle s’avança jusqu’à sa sœur de cœur et lui tendit la main. Tentant le tout pour le tout, elle prit le parti de lui offrir un timide sourire. Comment devait-elle se comporter avec elle ? Ewa était perdue, elle n’aurait jamais du se précipiter comme ça icelieu, elle aurait du demander à Nico de l’accompagner, elle se serait senti moins seule après, moins... Elle tira légèrement sur la main de sa vis-à-vis pour effacer le pas qui les éloignait, elle l’a prit dans ses bras et dans un murmure étranglé par la peine on put entendre.


Ne pars pas, je t’en supplie ne pars pas !

Elle savait que ces mots ne servaient à rien, et que les dés étaient jetés mais elle avait besoin de le dire, de s’entendre les dire. Elle ne pouvait rester là sans rien faire sans au moins avoir essayé une fois.
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--Mariealice



Un long moment ou quelques secondes d'échanges silencieux entre les deux amies, les deux presque soeurs, la rousse face à la brune, les noisettes dans les émeraudes.

Cela faisait si longtemps qu'elles se connaissaient, avaient partagé, même de loin, tant de choses, savaient lire d'un simple regard ce qui pesait, ce qui faisait sourire....

Et là, Marie lisait de la peine, du désarroi puis soudain il s'adoucit, se faisant un peu plus serein.

Main tendue, main prise et serrée, sourire pour sourire, bras l'emprisonnant, comme pour mieux pour la retenir, mots se plantant dans son coeur.

La serrer contre elle à son tour, presque la bercer, lui faire sentir qu'elle était encore là, qu'elle le serait toujours puis se détacher pour que les prunelles s'ancrent à nouveau.


Ewa, cela fait des mois que je le suis dans les faits, vous le savez tous. Cela ne changera rien à votre vie de tous les jours.. Si ce n'est pour Flaiche.

Un soupir à peine retenu, souvenirs remontant de leur discussion houleuse puis de celles qui avaient suivi, plus calmes, plus sereines. Bien sûr qu'il lui manquerait, qu'eux tous lui manqueraient. Mais rester...

Un coup d'oeil sur les enfants jouant dans le jardin avant de prendre les mains de son amie dans les siennes.


Je ne peux pas rester. Si je le fais je finirai par me renfermer sur moi-même, par dépérir. Et peu comme le Limousin en ce moment d'ailleurs. Je n'ai pas la force ni l'envie de lutter encore. Et puis pourquoi? Non place à d'autres.

Et puis je ne serai pas si loin, vous pourrez venir nous voir, je reviendrai également. Tu sais bien que même à mille lieues de distance, cela ne change en rien ce que nous sommes l'une pour l'autre. Qu'il suffira que tu appelles pour que j'accours.

Il y a longtemps que tu as pris ton envol...


Sourire à l'encontre d'Ewaele, regard où se mêlaient tristesse, douleur, angoisse mais aussi espoir, bonheur. Rien n'était jamais simple ni tout d'une pièce.. Non.. Rien.
Enguerrand_de_lazare
Il était resté, immobile, faisant face à la demeure de Marie Alice. Au loin lui provenaient le son de rires et de cris d'enfants. Insouciance de la jeunesse, qui saurait en d'autres lieux retrouver les jeux qui les faisaient se divertir en ce limousin qu'ils allaient quitter se peut pour toujours.

Fin sourire se frayant chemin sur le visage du chevalier. Même en les pires instants d'une vie, l'éclat d'un rire enfantin ne pouvait que réchauffer le cœur le plus malheureux. Avait il puisé force assez à cette écoute là pour enfin avancer à nouveau? Toujours est il que le voilà qui reprenait enfin sa progression, se dirigeant à pas lents mais réguliers vers la porte arrière de la demeure.

Ouvrir celle-ci. Ne pas s'arrêter. Poursuivre sans réfléchir plus avant.
Quelques pas pour traverser la cuisine déjà presque vide de tout ce qui avait fait sa vie. Son âme. Âtre finissant de se consumer. Cellier quasi désert. Quelques rares ustensiles oubliés là par les domestiques semblaient comme le narguer, derniers vestiges d'une vie passée à présent enfermée dans malles et ballots.
Poursuivre la marche. Traverser les pièces sans s'y arrêter, tel fantôme glissant en silence dans quelque maison hantée, abandonnée par ses occupants.
Le grand escalier menant à l'étage de la grande bâtisse avait été laissé sur sa dextre. La grande porte double menant sur le salon s'offrait maintenant à ses yeux.
Sons d'une discussion provenant jusqu'à lui. Voix par trop connues. Familières. Proches. Si proches.
Ewaële et Marie Alice.
La discussion et les adieux n'en seraient donc que plus douloureux.

Une brêve halte, avant de s'avancer à nouveau, le grand frère pénétrant enfin dans la pièce.
Léger sourire, presque une grimace, pour saluer les deux femmes.
Gorge nouée. Mains glacées. Regard triste et résigné.
Un mot, un seul réussit à passer la barrière de ses lèvres.


Bonjour...

Il s'était tu ensuite, immobile, ne pouvant avancer plus outre, bras ballants. Perdu.
Il l'avait fait. Il avait réussi à venir jusqu'ici.
Le plus dur restait encore à faire...

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Nicotortue
Le regard morne, l'air profondément ennuyé, le Comte n'écoutait que d'une oreille distraite la longue litanie de chiffres débitée par les intendants de ses divers domaines, sollicités par son vieil intendant Guillaume, comme tous les 3 mois, pour une inspection générale. Il avait assimilé le nombre d'agneaux nés à Neuvic sans broncher, la quantité de blé récoltée à Turenne sans grimacer et le nombre de jours de corvées effectués par les paysans de Brassac sans soupirer mais les choses s'étiraient en longueur. Peu chalait au Comte agneaux, blé et corvées. Tout ce qui lui importait, c'était de savoir que ses revenus lui permettraient encore une fois de soutenir un train de vie fort dispendieux et, qui plus est, d'amasser quelques poignées de pièces d'or supplémentaires dans les coffres scellés au plus profond du donjon de Turenne. Pourtant, rien ne laissait présager que le rituel trimensuel était pour se finir... le montant global des recettes avait à peine été évoqué et il restait encore à planifier toutes les dépenses. Bref, encore des heures moroses en vue.

Pourtant, un léger coup frappé à la porte, un grincement de porte et quelques mots murmurés à son oreille délivrèrent le Comte de son pensum. Laissant ses comptables à la tâche, il s'éclipsa aussi rapidement que possible et, suivi de son seul écuyer, quitta l'hostel de Brassac. La course à cheval fut rapide et il démonta devant la porte cochère de l'hostel d'Altérac où l'agitation confirma ce qu'on venait de lui annoncer. Fronçant les sourcils, il pénétra dans la Cour, repéra un valet qui semblait donner des ordres et le fit le conduire jusqu'à sa maîtresse. La porte s'ouvrit et le Comte entra, voyant déjà présent Marie, bien sûr, mais également son frère et... Ewaele, déjà au courant bien sûr. Il salua tout ce petit monde d'un sourire franc et chaleureux, avec, en sus un léger baiser pour Ewa, un gros poutou pour Marie et une poignée de main ferme pour Enguerrand. Il arrivait à un moment où l'émotion semblait culminer à un summum, à voir les visages de ses vis-à-vis. D'un ton dans lequel perçait la déception, il dit :


Alors, c'est donc vrai ? Tu nous quittes pour de bon ?!
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--Mariealice



Des pas sur le pavé, reconnaissables entre mille, même pas besoin de tourner la tête pour savoir qui s'approchait. Enguerrand.

Il avait donc fini par entrer, il est vrai qu'elle l'avait vu passer la porte du jardin puis plus rien, occupée avec Ewaele.

Un au revoir de plus , une déchirure de plus, après tout elle savait parfaitement qu'en partant, tout ne sera pas facile, loin de là même.Et ce n'était pas le moment de flancher.

Lâchant les mains d'Ewa, elle se retourna vers son frère et lui sourit avant de venir le serrer dans ses bras. Les noisettes se perdirent dans l'ambre, dialogue muet dans lequel passérent tant de choses. Son amour incommensurable, sa peine, sa confiance, sa présence toujours pour lui en tout lieu, rappel de ce serment fait à la Licorne. Des mains brûlantes vinrent prendre celles glacées pour les réchauffer. Que lui dire qu'il ne savait déjà? Tête baissée, front contre l'épaule rassurante, solide, de son double pourtant parfois si différent, un bonjour murmuré, doigts serrés sur les siens.

Nouveau pas, se redresser, s'armer de courage et se retourner à nouveau, s'extirper des bras bienfaisants pour faire face et sourire au Comte de Turenne, poutou rendu.


Bonjour Nico, comment vas-tu? Et oui tu vois je pars, il est temps, mais je ne vous quitte pas, je serai toujours là pour vous, pour tout ceux que j'aime. Et puis quoi la Bourgogne n'est pas si loin et et je reviendrai. Vous ne comptez tout de même pas vous débarrasser si facilement si?

Faire de l'humour comme un rempart à la douleur, pour mieux lutter contre les larmes, sourire et les rassurer, faire du mieux qu'elle pouvait. Mais dieu que c'était difficile...Elle aurait préféré, et de loin, se retrouver sur un champ de bataille, épée au clair que dans cette pièce.
Ewaele
Que penser ? Là était la grande question, en effet, Ewa avait l’impression désagréable de danser d’un pied sur l’autre sans pouvoir rester immobile. Comme une lumière à laquelle se raccrocher, le sourire léger de Marie lui fit chaud au cœur, même si tout un flot de sentiments était palpable, elle devait se convaincre du bien fondé des choses.

Elle n’avait pas de question à proprement parlé, c’était plutôt un questionnement lancinant, et elle n’était pas certaine que Marie puisse y répondre. Néanmoins, elle avait évidemment quelques questions d’ordres plus pratiques, mais il était vrai qu’elle était fatiguée, ces questions attendraient donc plus tard, toujours plus tard, de tout façon Enguerrand arrivait et ce qu’elle lisait sur le visage de l’homme la remua tellement, qu’elle ne se rendit pas compte que sa Suzeraine la laissait là, et qu’elle avait reculé de quelques pas animée à nouveau par un sentiment de colère et de profonde injustice.

Lui là maintenant, tout s’enchainait, trop vite sans doute, des mains qui la lâchaient, un tourbillon qui l’emportaient loin trop loin, et un baiser, si doux, si léger et ce fut ce dernier qui la retint dans cette pièce qui devenait trop étroite, voire irrespirable pour elle.

Marie auprès d’Enguerrand prit le temps de répondre à Nico, alors qu’Ewa avait rejoint ce dernier pour être sur de ne pas détaler plus vite qu’elle ne l’aurait voulu. Se raccrocher à quelque chose ou plus exactement à quelqu’un avant que la situation ne lui échappa pour de bon, et que son cœur broyé d’incompréhension déraisonna et ne lui fit faire l’impensable. Elle glissa donc sa main sur son bras, comme souvent voire toujours maintenant quand ils se retrouvaient ensemble. C’était devenu un geste naturel et l’un comme l’autre n’y prenaient plus vraiment garde. En était-ce de même pour les autres, cette question n’avait jamais vraiment effleuré la rouquine.

L’ironie du sort qu’on ne maitrisait pas, l’ironie de la réponse de Marie qui se voulait rassurante, sans doute confiante, trop confiante à son goût, essayer de leur faire avaler des couleuvres en mettant une pointe d’humour dans sa réponse. Qui croyait-elle vraiment tromper ?! Pas Ewa en attendant, mais sa petite sœur de cœur ne rétorquerait pas, elle n’en avait pas envie, et surtout pourquoi faire ? Cela ne changerait rien au fait ! Elle partirait coûte que coûte.

Sa main doucement sur le bras de son partenaire se fit plus lourde, elle devait lui rappeler qu’il devait. Non il ne devait, pas, elle ne savait plus exactement, mais Marie était encore là, après il serait trop tard. Elle tourna la tête vers les extérieurs où les rires des enfants se faisaient entendre. Elle devrait sortir à un moment donné, aller leur dire au revoir à eux aussi, elle ne s’en sentait pas la force.

Retour dans la pièce étonnamment calme, trop calme, ambiance chargée. Elle leva son visage vers Nico, ses yeux interrogateurs voulaient savoir si c’était bien le moment de faire ça ? Y’avait-il un moment idéal de tout façon ? Demain elle ne serait plus entre ses murs.

Ewa soupira et inconsciemment laissa sa tête venir prendre appui sur l’épaule du Comte, ses yeux se fermèrent un instant. Oui elle avait prit son envol depuis un moment, mais elle, sa grande sœur, elle avait toujours été là, dans l’ombre, souvent lui donnant des conseils autant qu’elle le pouvait, tous très judicieux et souvent que trop vrai, que la rousse n’écoutait pas forcément, têtue comme une mule qu’elle était. Oh Marie, Marie, sa tête la martelait du prénom de son amie, si chère en son cœur. Elle avait l’impression de la perdre, de lui dire au revoir définitivement. Son cœur saignait et à part prendre appui sur l’homme qu’elle aimait pour éviter de sombrer, elle ne pouvait rien faire, rien dire. Elle se sentait si impuissante, si misérable mais aussi si égoïste, car elle voyait sa peine, mais pensait-elle au bonheur, du moins elle l’espérait que Marie partait chercher? Non trop aveuglée de sa souffrance elle ne pouvait concevoir cela ainsi. Elle l’aimait, la chérissait, elles auraient pu être du même sang que ça aurait été exactement pareil. Elle était son autre et ça personne ne pourrait jamais sans doute le comprendre…

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Enguerrand_de_lazare
Arrivée en la salle du Comte de Turenne, nouveau frère licorneux tout récemment admis au sein de l'Ordre.
Poignée de main échangée en guise de salut. Gorge nouée. Lèvres desséchées. Celui qui était chevalier, Grand Maitre d'un Ordre Royal ne pouvait en cet instant précis, trouver mots et force assez pour ne serait ce qu'échanger simples banalités de convenance.

Une étreinte ensuite, entre ce frère et cette sœur. Si liés. Si proches. Et qui ce jour allaient se séparer, les lieues s'accumulant sous peu entre eux de plus en plus.
Lien fraternel.
Lien éternel qui quoi qu'il se passe les unirait à jamais.
Une mer avait été traversée pour que ceux là puissent se retrouver.
Un continent avait été franchi pour qu'ils puissent se découvrir.
Ce ne seraient pas cette misérable distance là qui saurait mettre à mal leur lien.

Et pourtant.
Et pourtant, Aristote que cette séparation le dolait.
Aurait il pu imaginer ce jour venant où l'un des deux choisirait chemin différent? L'avait il craint? L'avait il peut être su au fond de lui sans jamais pouvoir se l'avouer. Ces deux là étaient indépendants, allant au gré de leurs instincts et de leurs devoirs. Il était donc écrit qu'un jour viendrait où l'un d'eux déciderait de partir ailleurs, vivre aventure et vie différente.
Marie avait été la première.
Ainsi cela serait il donc.
Il avait fait choix de rester et de ne point la suivre, espérant encore trouver en ce Limousin parcelle de ce qu'il tant aimé par le passé.

Un regard entre ces deux là échangés.
Un contact physique de ces êtres unis.
Quelques mots murmurés, inaudibles au delà du cercle qu'ils avaient formé.
Mots de cet amour fraternel si puissant. Mots de réconforts. Mots de mise en garde.
Promesse avait été faite. Ils seraient toujours là l'un pour l'autre. Le reste, au fond, n'importait que fort peu.

Un pas en arrière de la jeune femme, rompant cet instant si douloureux mais ô combien indispensable.
Sensation d'étouffement, vertige intérieur envahissant le licorneux.
Libéré. Soulagé d'un insoutenable poids.
La séparation venait d'avoir lieu en ce moment précis. Le reste n'avait plus d'importance.
Le plus difficile venait d'être fait, et il avait réussi à affronter cette nouvelle épreuve, bien plus terrible et épuisante que nombre des combats qu'il avait déjà menés.

Silencieux, perdu dans ses pensées, il resta là, immobile, observant la scène se déroulant sous ses yeux sans que celle ci ne traverse la barrière de sa conscience.
Il attendait.

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