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[RP]Du royaume des ombres à celui des songes...

Miramaz
[Limoges, par une nuit aux forts relents de gnôle]

A pas pressés elle avait rejoint le Castel de St Pardoux, sursautant au moindre bruits de pas dans les ruelles désertes à cette heure tardive. La journée qui s'avérait banale à première vue c'était transformé en calvaire vers la fin, les nombreux verres d'eau de vie ingérés avait bel et bien chassé l'ennui mais également le peu de prudence et de réflexes qu'elle possédait. Agressée par un jeune écuyer elle ne l'avait dominé qu'avec peine et grâce à l'inexpérience de celui-ci, et plus tard encore quand un homme avait cherché à profiter d'elle, elle n'avait pas su comment se défendre, réagissant plus en femelle apeurée qu'en mercenaire aguerrie.

Frissonnante de peur autant que de honte, elle s'était enfermée dans la chambre qu'elle occupait chez le Vicomte, se servant de nombreuses rasades de cet infâme piquette importée de Bourgogne, elle en détestait le goût mais n'avait rien de mieux sous la main pour apaiser les battements de son cœur. La carafe vidée, et l'âme légèrement apaisée elle se glissa sous ses couvertures, tournant et virant sur sa couche à la recherche du sommeil, les scènes de la journée hantaient son esprit, accompagnée par d'autres du même acabit. L'ivresse vint finalement à bout de sa résistante et un sommeil agité la gagna, elle sursautait, geignait faiblement, marmonnait une suite de mots incompréhensible.

Que se passait-il derrière les paupières closes de la Rasée? Quelles pensées la tourmentaient ainsi, l'empêchant de trouver un repos si ce n'est mérité au moins utile pour affronter le jour suivant? Perforons la pierre lisse de son crâne et observons ce qui s'y agite.. Des souvenirs d'échecs face à plus fort qu'elle, des moments de lâcheté où des excuses pitoyables lui sauvaient la mise pour ne pas avoir à se battre, d'autres encore où elle se taisait tout simplement sachant d'avance qu'elle n'aurait pas le dessus contre l'adversaire.

Et derrière tout ceci, un souvenir plus cuisant que tous les autres, scène d'un passé déjà lointain où la mercenaire possédait encore chevelure et simulacre de famille, époque où la Zoko n'était pas qu'un nom recouvrant des morts. Agrégation d'hommes et de femmes aux caractères dissemblables et suivant pourtant les mêmes meneurs, elle comptait encore parmi ses rangs un être flamboyant, autant par sa tignasse que par son tempérament. Le plus fort il voulait être, meilleur que tous il se prétendait, Mira l'admirait alors tout en le redoutant, non pas que sa force l'effrayait -elle en voyait de pire à l'œuvre sans frémir- mais ses railleries, son assurance suicidaire remuaient les tripes de la Prunette lorsqu'elle se trouvait en sa présence.

Le souvenir qui revenait la torturer à chaque mésaventure, impliquait donc le Rouquin: une fois de plus il avait voulu les impressionner, déclarant qu'il pouvait tous les battre un par un, mais que pour Mira il pouvait même la battre si elle s'associait avec un autre membre, le bel Armand. L'apprentie vipère, déjà mal à l'aise quand à son absence de talents guerriers, s'était sentie vexée, mortifiée au plus profond de son âme d'être ainsi rabaissée. Grande gueule malgré tout, elle avait quand même réclamé son combat, le voyant plus comme un entraînement nécessaire à son apprentissage plutôt qu'un duel mesurant sa force. L'épreuve n'ayant jamais eu lieu, elle n'avait pas eu l'occasion de lui montrer qu'elle n'était pas si nulle que ça et conservait depuis cette impression d'être une chose sans consistance, un être négligeable..

Le visage à l'expression narquoise emplit tout à coup son esprit accompagné d'un rire moqueur et dans un sursaut, entrouvrant les yeux elle se redressa dans un demi-sommeil. Assise sur le lit défait, le regard vide rivé vers la porte de la chambre, elle murmura d'une voix ensommeillée mais dénuée de crainte:


'Jour Jules.. f'sait longtemps.. t'fais quoi ici? T'es v'nu me voir?

Sans s'inquiéter plus que ça de voir un mort se dresser devant elle, elle lui adressa un sourire ravi, le Rouquin était là, conforme à ses souvenirs, et elle ne voyait rien de plus normal qu'entamer la discussion, c'était peut être l'occasion ou jamais d'obtenir ce qu'elle voulait.
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--Fission



[ Sambre pensées ]


- On ne le répètera jamais assez... C'est dans votre tête -

Alcool, divin compagnon des amants de la sœur du jour, dignes porteurs de la toile arachnéenne du coude... L'élixir éponge la souffrance, calme la peur, nourrit l'irréel. Gorgée après gorgée, l'impossible n'est plus qu'une barrière de bois qui ne demande qu'à être fracassée, tant l'inconnu ne nous a jamais tant attiré. La fête de Dionysos bat son plein spirituel, tandis que le corps croque à cette gourmandise. Les gestes ne peuvent que paraitre habituel aux âtres de l'âme emplies par les lourdes effluves.

Un rêve éveillé... Une douceur dans ce monde de fous, où l'Ankou s'essouffle à manier la faux. Les sens s'ouvrent et se perdent, mais le cœur sourit. Dans ce monde il ne peut rien nous arriver... Aussi vrai que le bébé s'affaire sur une des deux merveilleuses collines féminines ; Aussi vrai que notre corps cuit depuis trop longtemps sous la force d'Hélios. L'épée de damoclès s'évapore pour laisser place à la tranchante imagination. L'ivresse ne fait pas le vice, elle le montre*. Et cette vipère aime jouer avec sa proie, réveillant les profondeurs de l'âme, les impatients crocs venimeux grattant sur la surface de ce bouclier inconscient, pourtant presque impénétrable armé du fer de la sobriété.

Cette fois encore, le mort sera déterré de son oubli. La grande gueule du rouquin n'a pas fini de cracher... Pas encore. Une compagne l'appelle, l'invoque, et le salue. Un sourire fébrile, désillusoire, marqué par la chienlit de la vie. Le visage de la rasée porte son poids, ses stigmates, aussi sûrement que l'excité mercenaire aimait multiplier les échecs, ses cicatrices, ses folies. Pur produit de la jeune rage apeurée par la défaite de sa propre force, il n'attendait que ça... Tester. Le Sambre n'était jamais satisfait d'un entrainement... Sa religion et ses convictions restèrent enracinées dans la culture barbare de l'art de verser le flux carmin. Et c'est ce qui eût raison de sa vie. A trop vouloir atteindre les sommets, les roux peuvent aussi se brûler... Morbide paradoxe.

Mais laissons parler les cendres à travers les souhaits de l'esprit de la dénommée Miramaz... Car après tout, ce qu'elle voit n'est que le miroir d'un inaccompli, un incomplet, son désir...


J'sais pas. T'dois trop pleurnicher pour ma pomme.

Les onyx bien connus ne lâchent pas d'une semelle la face du nouveau masque de la mercenaire.

Faut dire... C'date. On s'est d'jà peu vu... Et franchement, tes conneries - oui ça ne peut être que ça pour le malin - t'ont bien changé Mira. Presque le borgne qui chouine encore...

Long soupir du chevelu de queue. Flamboyant de douceur, bien entendu, comme d'habitude, on est à la Zoko.


Mais va, y a la nuit pour raconter hein ?...

Mieux vaut se rassurer. Tiens une boutanche, ça fait un bail.


C'bon ta gnôle ?


Ne jamais rater une occasion en or quand il s'agit de partager l'eau de jouvence entre hommes d'armes. La lune va durer à n'en pas douter.


* Proverbe


***Musique : Mezzanine de Massive Attack***
Miramaz
Elle l'observait attentivement, une part d'elle-même vaguement consciente que tout ça n'était pas normal, sa conscience -recroquevillée dans un coin de son crâne, submergée par cet état éthylo-songesque- lançait des appels , se traduisant par quelques frissons secouant son échine et le hérissement de sa pilosité brachiale.
Mais l'ivresse rêveuse était la plus forte et lorsque ses paroles se répandirent jusqu'à elle, sans qu'elle ne sache si c'était le murmure du vent qu'elle interprétait ou bien des souvenirs qui se combinaient pour provoquer ceci, elle ne sursauta même pas, concentrée sur le sens des mots.

Pleurnicher pour lui, elle? Puis quoi encore nan mais..s'prenait pour qui l'Rouquin..c'pas comme si elle avait r'gretté sa mort..bon un peu m'enfin pas plus qu'c'elle d'un aut' après tout..
Une grimace vint tordre les lèvres de la rasée alors qu'elle acquiesçait aux phrases suivantes, ça f'sait longtemps oui, bien avant qu'il n'lâche son dernier souffle, et même alors s'étaient juste croisés quelquefois, au milieu des aut'.


Mes conn'ries? Quelles conn'ries? Puis j'pas changé moi..j'suis toujours en vie..t'jours d'bout..t'jours chiante..la même en mieux c'tout..

Le sourcil gauche se haussa légèrement, alors que le regard s'assombrit, se durcissant pour toiser l'ex-frère d'armes, toute lueur amicale envolée.

C'quoi l'rapport avec Mal'? Laisse-le dans son coin si c'pour cracher d'ssus..

Nan faut pas y toucher au borgne, c'lui dont elle se réclamait la nièce, ya qu'elle qui pouvait l'critiquer, les aut' n'avaient rien à dire ou elle grognait férocement.. Mordue la mercenaire? Pire qu'ça.. juste complètement paumée, à s'raccrocher au grognon comme à un roc au milieu d'une tempête, seul repère immuable dans son existence.

Le soupir qu'il laissa échapper et les questions suivantes ramenèrent un peu de calme dans sa caboche complètement retournée. Tiens une bouteille s'trouvait dans l'coin final'ment, pourquoi pas d'la prune, elle n'était plus dans l'monde réel autant en profiter..
Le nez renifla pour s'assurer qu'il n'y avait pas tromperie sur la marchandise et une rasade fut bue à même le goulot, c'qu'elle préférait la liqueur d'prune, l'allait pas laisser Jules tout boire sans partager.
Boutanche qui rejoignit pourtant la main de l'apparition éthérée, la Prunette se recroquevillant sur elle-même, jambes repliées contre la poitrine, bras refermés autour et menton calé au sommet.


C'toujours bon d'l'alcool..sauf l'vin bourguignon..m'enfin yen a plus d'c'truc alors.. Puis s't'aimes pas la Prune c'm'en f'ra plus c'pas grave.. Puis d'abord..d'puis quand on s'pointe dans ma chambre au milieu d'la nuit sans rien à écluser? T'fais suer Jules..apporte ton litron la prochaine fois..

Le regard se fit légèrement moqueur alors qu'elle suçotait ses lèvres, savourant la saveur fruité qui les imprégnait et puis les épaules se haussèrent, la voix reprit plus lasse tandis que les yeux papillonnaient sur la silhouette de la Flamme d'outre-tombe.

Raconter quoi? T'sais qu'j'pose plus d'questions que c'que j'cause.. T'veux connaître la lente agonie d'l'insouciante et inconsciente Mira, morte pour d'venir la désespérée et désespérante Rasée? T'veux jouer avec l'tas d'nœuds qui s'trouve sous mon crâne lisse? Démêler l'éch'veau d'contradictions qui fait d'moi c'que j'suis? Ou t'préfères parler toi, m'raconter comment t'as clamsé? M'décrire comment c'est l'Enfer? P'tête même qu'on a l'temps d'tout ça et d'plus encore, la lune ralentira sa course pour nous s'il le faut..
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--Fission



[ Déprime & Raison ]


- Une oreille mortelle... Immortelle ? -

Lentement mais sûrement, la Rasée se dévoile, agite le rationnel comme on joue du canif devant un chien enragé. Un geste perdu d'avance mais où l'on place tout son désespoir, sa dernière chance, sa survie. L'allégorie infinie pourrait pourtant disparaitre, laisser seule la couleuvre abandonnée se mordre la queue, périr dans son propre venin. De tels discours, le rouquin en avait lui même une foison à murmurer, à crier, à pleurer...
Cependant, pour une raison ou une autre, quelque chose l'oblige à rester ici, à tendre l'ouïe devant cette apeurée qu'il n'a que trop peu connu... Et reconnu.

Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Tout les séparent et les lient à la fois. Il doit trouver le problème, et peut être plus. La liqueur de prune est avalée sans broncher, se gâche réellement sur ce qui ressemble à un lit. Le goût ne lui donne plus aucun doute. Elle est en Limousin. Mira si tu savais... Là où tu m'appelles... Ici tout a commencé... Ici tout a terminé. Les coïncidences l'amusent, presque à le rendre jouasse d'avoir enfin un divertissement ironique.

Et alors que la mercenaire se laisse envahir par une des pires et vieilles maladies du monde, le rouquin cherche ses mots, ses crocs, ses coups de gueule, son audace... Un bout par lequel débuter... Une pique à envoyer... De quoi requinquer la paumée. L'astre du moment saura garder sa dictature, le temps d'amputer le fruit pourri qui dévore les entrailles. Cette même gangrène qui a donné aussi sa propre mort quelque part...

Il ricane, averti l'âme en peine au carrefour des chemins de l'illusion.


Ouais... J'veux jouer. T'imagines bien qu'on s'emmerde dans notre trou noir en bas. Alors te voir te dépêtrer, pour sûr, je manquerais pas une miette.

Le sombre regard vient se planter dans les prunelles ravivées d'une pointe de colère.

T'veux que j't'explique comment j'ai crevé, alors que tu sais d'jà à qui poser la question... Demande lui donc à ton doute... C'est bien tout c'qu'il t'reste pas vrai ? La blonde est partie, le pilier des monstres se repose dans un trou, la troupe s'effrite...

Le sourire prend une teinte compatissante.

Ça d'vait arriver. S'est passé c'qui s'est passé. Mais c'pas à moi d'te le dire. J'peux pas t'le chuchoter toute façon Mira. Quand t'es mort, t'as des chaines, comme de pas raconter ce que tu ne sais pas. Les Enfers tu les verras... Un jour ou l'autre.

A moins que tu ne sois pressée brunette... A moins que tu n'ai déjà baissé les bras... A moins que tu n'ai rien compris. L'alcool change de pognes. Les onyx par contre ne cessent de fixer les iris féminins.

T'peux pas t'jours compter sur l'colosse pour qu'il t'foute une beigne dans la gueule, ou t'casse un doigt, pour qu'tu t'reprennes. C'est à toi d'marcher sur les braises. C't'à toi de maraver tout ceux qui t'font chier. C't'à toi d'te battre, d'égorger, de les passer par l'fil d'la lame. Eikorc, c'est un malade, comme nous, mais il se démerde avec ses problèmes.
Et puisque la Zoko est sur l'fil du rasoir, qu'est ce qui t'empêche de continuer d'être mercenaire ? Tu veux chialer, gueuler ? Vas-y. Éclate ton sac. Par contre, pour la suite, ç'dépendra que d'tes bras, ton cul et ta tête.


Mais qui est-il pour lui donner des leçons, lui le perdu d'avance ? Rien. Un tout petit rien. Une voix et un corps nés par la volonté d'une coque abimée, proche d'une abysse... Le Sambre ne joue que le rôle que la compagne lui demande : balancer une corde, la hisser puis... La défier.


***Musique : Un million de lézards de Astonvilla***
Miramaz
Elle l'observait, se méfiant de ce silence qui s'installait, l'illusion allait-elle se dissiper, la silhouette se brouiller, comme à la fin d'un rêve, sans lui laisser de souvenirs ? Mais non, l'esprit était encore assez embrumé pour continuer cette discussion onirique, ricanements et regards peu amènes précédèrent l'attaque verbale.

*compter sur l'colosse...avoir mal pour s'reprend'...marcher sur les braises...maraver, s'battre, égorger...prend' l'gros comme exempl'*

Un grondement prit naissance au creux de la gorge de la Rasée, se transformant en un rire à la sonorité désagréable en franchissant la bouche close. Rire bruyant autant que grinçant, qui secouait tout son corps dans d'irrépressibles spasmes, la laissant haletante quand enfin il se tarit.

Rictus moqueur accroché aux lèvres, les yeux revinrent se planter dans ceux de son hilarant visiteur alors qu'elle quittait sa posture pour se tenir debout face à lui, au centre de la pièce. Voulant ridiculiser son emphase, elle força sa voix et agita les bras en tout sens simulant les scènes qu'elle évoquait.


Han.. mais oui..j'y avais pas pensé.. j'vais sauter sur l'premier péquin v'nu pour lui coller mes poings dans la trogne.. l'suivant j'lui f'rai un deuxième sourire juste pour m'sentir puissante..et j'continuerai ainsi.. f'sant couler l'sang sans raison.. m'faisant éclater la trogne pour maîtriser ma vie..

Un nouvel accès de rire l'agita en s'imaginant laissée pour morte dans un fossé, barbouillée de sang, la caboche en bouillie pour avoir voulu adopter les préceptes du Rouquin.

Et.une fois qu'j'ai fait ça ç'donne quoi? J'aurai prouvé qu'j'mérite ma place dans l'métier? Quand j'aurai m'né des dizaines d'combats sans clamser s'pass'ra quoi ? J's'rai d'venue une légende.. un d'ces tas d'muscles qu'on donne en exemple pour leur folie? Comme Eik..

Et un autre ricanement pour ponctuer ses dires, accompagné d'une grande rasade de prune pour faire passer tout ça. Puis sans lui laisser le temps de réagir, elle continua, un sourire retors venant défigurer un peu plus son visage railleur.

Ou s'non.. j'te prends pour modèle..t'étais doué comme mercenaire toi.. à t'jours vouloir progresser..défier les aut'..on voit c'que ça t'a apporté.. la vie rêvée..oui..j'vais tout faire comme toi..

sauf crever comme un chien..

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--Fission



[ Langue de vipère ]


- Sourd martyr -

Ça y est, la coquille se fêle. Le rouquin apprécie la folie grandissante qui frappe aux portes de l'inconscience, avide d'éclater à la face de tout clampin qui veut jouer au plus malin. Il a le beau rôle... Cicatrices étirées dans un croissant malsain.
La théâtrale voix continue de prendre le pas sur l'onde narquoise, gorge rafraichie du fruit salvateur avant chaque reprise. Le ton monte, les mots fusent, et le roux reste là, impassible, loin de la fougue trop longtemps démontrée. Il tend une paire d'oreilles attentives, la face figée d'un sourire qui n'attend qu'une chose... Qu'elle appelle la déraison. Des gênes ? Pas l'ombre. Des doutes ? La vipère n'est peut être pas chiche.
Une simple envie de trouver une bonne poire sur qui se lâcher à défaut d'avoir les couilles de trouver un gros lot. Peur de la Mort aussi qui sait... Sous ces airs sadiques de paroles se cache peut être une froussarde qui tend la joue.

L'image le laisse éclater dans un fou rire à son tour. Combat à peine engagé, mais le Sambre n'est pas satisfait :


Oh 'scuse moi Mira... J'pensais pas qu'tu m'attendais pour si peu.

Les onyx narguent furieusement, la mine toujours esclaffée.

C'va, t'as tout vidé ? T'viens d'comprendre c'que c'est d'être mercenaire ou t'veux t'mettre à la couture, en bavant d'vant un ruban rose, comme ces minettes qui hurlent dès qu'on claque leur vierge popotin ?

Histoire de se plonger aussi dans la peau d'un acteur, l'éthéré roc carmin se lève du pieu tâché de ci de là, écartant les bras d'un geste digne de croyant, avant de faire face à la langue de serpent, la voix beaucoup moins amusée.

T'attendais à quoi ? Une glorieuse mort, l'épée à la main, un corps qu'gît à côté d'ta carcasse ? Qu'on t'regarde souvent en bien ?

Teinte de rire désabusé.

Tu t'es engagée toute seule chez quelques monstres, et t'crois qu'moi j'vais v'nir m'faire chier pour t'dire d'prendre exemple...

La prune est volée puis jetée contre un mur au hasard.

J'vais t'dire Rasée. Moi c'moi, Eikorc c'est Eikorc. Et y a personne pour d'venir un jumeau. Et j'crois pas t'voir dit juste là d'copier...

La fougue s'insinue silencieusement dans les veines, tambour lent aux tympans.

R'garde toi. J'sais pas c'qui est l'pire, l'gars crevé comme un chien comme d'autres dans l'métier, ou une gamine qui pleure maintenant qu'elle a personne à suivre. L'cabot l'a mieux à faire qu'une geignarde dans ton genre qui s'est fait éclaté par quelqu'un, sûrement moins fort vu ta gueule d'enterrement, et qu'a b'soin juste d'se suer avec des paroles. Quoi d'mieux qu'un mort comme moi pour ça hein ? T'as rien dans l'froc. T'as pas d'confiance.

Sciemment, le rouquin se défoule à son tour, animé d'une énergie qu'il n'avait pas ressenti depuis une éternité, excité dans un seul but guerrier.

Finalement t'as raison... Sur c'point là t'es bien égal à ma pomme. T'veux bouffer les racines aussi ? Vas-y t'seras une honte pour personne ainsi.


***Musique : Lonely day de System of a Down***
Miramaz
Elle se tassait sur elle-même alors qu'il se dressait pour lui faire face, c'est qu'il était imposant le roux mine de rien, puis il ne savait pas se contrôler c'était bien connu, s'agissait pas de se prendre un coup sans s'y attendre. Sa réaction la surprenait, elle qui s'attendait à ce qu'il s'énerve, le voici qui se foutait d'elle à son tour.
L'aurait bien marmonnée qu'l'était plus vierge d'puis un bail son popotin, qu'même pour la couture sur peau elle n'touchait pas une aiguille et qu'les rubans roses c'tait comme les rouquins..bon pour l'feu..mais elle se retint attendant la suite, les yeux surveillant le moindre geste du Flamboyant.

Grommellement qui s'accentuèrent, elle avait voulu le ridiculiser et n'avait plus qu'à s'en mordre les doigts à défaut de lui arracher la gorge pour le faire taire. L'avait toujours su où elle mettait les pieds en suivant la Norf c't'été là, qu'le mercenariat c'tait pas l'meilleur boulot pour faire d'vieux os..qu'c'tait pas la vie la plus facile..l'avait jamais r'gretté son choix..c'tait pas maint'nant qu'l'allait changer d'avis. Les monstres, elle n'les voyaient plus comme tels d'puis longtemps, et si elle n'voulait pas leur r'ssembler, elle n'fuyait pas pour autant leur exemple.

La boutanche s'éclata contre un mur effrayant la Rasée, sursaut du corps suivi d'un sursaut d'orgueil après la nouvelle flopée de critiques. Plus aucune lueur amusée dans le regard, l'ex-compagnon d'arme avait touché un point sensible..


J'suis pas plus gamine qu't'es un chien.. et j'pleure pas, arrête d'rêver.. j'suivais personne..j'continue comme ça.. aucune raison qu'j'geigne..pas comme toi qui t'plaignait tout l'temps qu'on voulait pas r'connaît' ta supériorité..l'pauv'rouquin mal aimé..

La menue silhouette s'approcha de la sombre illusion, s'arrêta à une portée de souffle, menton pointé vers lui, le regard empli d'un désir brûlant, une paume en appui sur le torse éthéré, l'autre main prenant place sur l'entrejambe du roux.

Sûr qu'pour ça..j'peux pas m'comparer à toi..et j'veux pas..j'doute qu'soit avec ça et d'la confiance qu'j'devienne moins geignarde..

En dessous de la ceinture, les doigts se serrèrent de façon un peu plus douloureuse, alors qu'au dessus le poing martelait sèchement le thorax.

J'suis une honte pour personne..j'le s'rai jamais..t'comprends ça..pas une ratée comme toi..
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--Fission



[ Espace Vital ]


- Zone rouge -


Il fallait un pas, la Rasée lui offre le sien. De toutes les blessures que l'on peut trouver chez le rouquin, il y en a une invisible avec le genre féminin. Manque de bol pour sa pomme, le jeune con avait fâché le mauvais chevalier à la robe écarlate. Elle l'avait longtemps attendu, bien après l'avoir aperçu se plonger dans les limbes interdites, tant la caboche du renégat n'avait pas supporté l'extrême brûlure bien placée à la nuque. Ce n'est qu'à la sortie d'un premier Enfer que l'excité fît face à son pire adversaire masqué. Le bâton de la Justice était porté par la Pivoine, aussi glacial et acide que pouvaient être ses deux émeraudes vengeresses. L'assassin aurait bien voulu arracher ces yeux à chaque incision, frappe à l'estomac... Puis ensuite, il ne suffisait plus qu'un simple toucher ou même une approche pour que l'envie d'exploser chaque membre du Tyran soit l'unique idée implantée en l'esprit tortueux.

De la torture, l'eau avait coulé. De la sorcière limousine, le sang avait pissé. La Femme ne pouvait plus être supportée. Si l'envie luxuriante n'était pas au rendez-vous, le Flamboyant ne réfléchissait pas, il décrochait une mandale, puis continuait sur sa lancée. Sûrement que chaque fille qui avait dépassé la limite venait le tuer, sans aucun doute, pourquoi penser autrement... Très peu d'exceptions furent accordées, et une seule put rentrer dans le vif du sujet.
Les autres n'avaient plus qu'à se coltiner un rageur. Un gueulard dont on prendrait vite plaisir à le provoquer, puis rabattre le clapet.

Il n'attendait que ça, faire plus ample connaissance les poings sur la gueule. Tout les moyens étaient bons pour qu'une table se renverse. Narguer, moraliser, sourire, crier, poser le doigt là où il faut...
Mira a du comprendre. A son tour, elle utilise les bonnes armes. Elle pénètre le domaine et farfouille l'indécence. La mercenaire frappe à porte et attend une réponse. Le conscient interroge le fond du sac, avide de trouver une sortie à un mal être grandissant. L'éthéré doit détenir le trésor, assurément. Seulement, la réflexion au teint roux n'est plus là.

Elle est proche. Elle le touche. Elle le tient.

Les phalanges de la dextre rencontrent la mâchoire. Violence et rage viennent écraser l'éveil. La Rasée s'effondre sur un sol digne du prix de l'auberge. C'est en tout cas ce que l'on doit ressentir quand toutes les pores de la peau ne peuvent plus subir les attaques d'un mélange piquette-prune. Le combat devient intérieur, un rêve au goût amer de revanche.


R'veille toi.


Il n'a pas disparu, toujours vêtu du même apparat, quoique l'ajout d'une lame à la main droite. Le monde alentour n'a pas de couleur, le sol est juste ferme, comme de la pierre. Nul besoin de détails... Seule l'action importe.

Si ta seule envie c'est d'te faire retourner après avoir ramassé, ç'peut s'arranger brunette...

Le Sambre ricane, inchangé, l'arrogance à la pointe de l'épée, l'impatience à la garde. C'est bien ce que tu souhaitais vraiment, non compagnon ? Alors viens... Satisfais ton désir. Empoigne ton fer et fais vibrer ton corps... Dansons.


***Musique : Duplicata d'Idem & Ez3kiel***
Miramaz
Fixant le visage du rouquin, les yeux détaillaient chaque expression, essayant de deviner le cheminement de ses pensées, essayant de savoir si son geste avait fait mouche. Elle ne connait rien de son histoire, ne sait pas les blessures qui le font réagir ainsi ou autrement, elle fonctionne juste à l'instinct . Et ses souvenirs, autre aide, qui lui rappellent qu'il n'approchait guère les femmes sauf la Féline, qui ne compte pas comme telle, plus panthère que femme, plus animale qu'humaine. Son instinct ne l'avait pas trompé, elle le comprit en sentant le poing percuter sa mâchoire, était-ce le contact féminin qu'il ne supportait pas, ou bien l'impression de domination exercée par le geste de la mercenaire, elle n'en savait rien et s'en fichait.

Légèrement secouée par le contact avec le sol, elle perdit son ivresse, dégrisement brutal dû à la vague de douleur qui la traversa brièvement, laissant le corps sobre mais l'esprit toujours dans un monde secondaire. Les yeux clos se ré-ouvrirent en réponse à l'ordre de Jules et dans un ricanement elle se remit debout, son épée presque trop lourde pour elle dans sa senestre, et une de ses dagues en dextre, apparues là par une simple pensée. Deux lames contre une, déloyal? Le Flamboyant étant plus grand, plus fort, plus masculin, l'équilibre se devait d'être rétabli autant que possible.


T'es si sûr d'êt' en état d'm'approcher quand on en aura fini? Tu t'crois t'jours l'meilleur ? Qu'j'vaux rien face à toi, qu'il m'faut d'l'aide pour rendre un duel intéressant?

Méfie toi Jules..j'suis p'tête à peine plus musclée qu'avant..frêle en apparence..mais j'ai rien à perdre..la douleur j'en ai plus peur d'puis longtemps..j'la cherche, j'la provoque et ne la fuis pas.. Tu veux danser.. dansons mais personne ne sait qui imposera ses pas à l'autre.

Elle souriait la Rasée en s'approchant de lui, un demi-sourire moqueur, consciente de la stupidité de la situation, la suite de son existence dépendait d'un combat contre une vision. Pas de risques réels, et pourtant l'issue sera lourde de conséquence, le décor flou pourrait être une arène, et eux les gladiateurs engagés jusqu'à la mort.. D'un haussement d'épaules elle chassa toutes pensées parasites, concentrée sur son frère d'armes, étudiant du coin de l'oeil le moindre de ses gestes, là pour apprendre elle comptait bien ne rien rater.

Et vivement elle plongea en avant, dague en protection pointée vers la face rouquine alors que l'épée balayait l'air pour atteindre un genou. La vivacité est son seul avantage, travaillé jour après jour loin des regards, à défaut de pouvoir se battre avec force elle savait au moins attaquer rapidement, souvent utile pour porter le premier coup mais ensuite, seul Aristote savait quelles qualités pourraient être mobilisées. Le coup parti, elle se redressa sur la gauche de son adversaire, son agaçant sourire toujours vissé aux lèvres.


J'vais t'taillader les mollets..A genoux, tu t'sentiras p'tête moins supérieur..L'grand Jules en cul-d'jatte, s'rait une belle œuvre ça..

Se moquer, agacer son adversaire jusqu'à ce qu'il libère sa colère pour lui régler son compte, c'était ce qu'elle espérait en débutant ainsi.
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--Fission



[ Grandes gueules... ]


- Grands vices -


L'Homme se plait au combat. Pourquoi le nier... C'est instinctif, enfoui. Il suffit de voir cet air béat d'admiration devant un cadeau de la Camarde, mille fois écrit écrit et crié comme le plus fin des calices, pour comprendre que la bête intérieure a commencé à s'éveiller.
Arrogante, instable, dangereuse, elle écarte la raison, avale la bonté, piétine la peur d'oser. Non, regardez-moi, acclamez-moi, poussez-moi à faire des limites humaines de simples clous à écraser.
Comprendra-t-on ne serait-ce qu'une once du vicelard plaisir qu'a notre folie à jouer avec le feu... Cet exécrable brasier prêt à enflammer notre poing crispé, vibrant à chaque semonce guerrière, et d'en faire une masse avide de frapper la viande aussi sèchement qu'un boucher veut la rendre tendre.

Et si la fournaise ne s'arrêtait qu'à cet avantage... Le Malin serait plus aimé que détesté. Cette drogue nous change, pose un nouveau masque qui peut finir figé si abusé. La Comédie et la Tragédie ne pourraient plus se targuer d'être les plus populaires... Immense est la force de la Haine.

A chaque soldat sa lame et ferveur. Le rouquin était la mauvaise herbe à abattre. Fonceur, désobéissant quand plus fort lui tournait le dos, partisan de la Mère Vengeance et surtout incapable de se contenir ; Le combat était sa scène, son âme, du début à la fin. Quoi de mieux pour tenter de détruire la balance du Monde, si bien protégée des doigts de la Justice...
Et si même une minuscule brèche ne fît pas apparition de sa main sur le pilier chevaleresque, le Sambre avait apparemment provoqué une réaction en chaine intérieure pour certains. Comme quoi même les chiens galeux ont leur chance. Grisant.

Victoire, défaite, on ne saura jamais vraiment. Il n'a que posé les graines, les autres ont donné leur engrais ; Et quelles merveilleuses marionnettes diaboliques... Des chieurs colériques de premier ordre. L'esprit empli à la liqueur de corne d'abondance doit vraiment adoré les transcendantes surprises.

Dès lors, l'éthéré s'en donne à coeur joie... Duel ? Femme ? Parfait. Eclatons les veines et faisons des bleus une seconde nature de peau. Pour une fois, il ne se lance pas, laisse l'autre venir chercher le contact, l'ultime ivresse. Qui sait, il pourra peut être profiter d'une rasée sonnée...
Première charge de la piquante brune, bien décidée à lui en faire baver. Vrai qu'à deux on se marre mieux ; Un nouveau défi pour le bretteur. Elle cherche déjà à le rendre handicapé. Bond en arrière. C'est qu'une donzelle est bien vicieuse dans ses choix, quels qu'ils soient. Un moment d'égarement face à l'ennemie, et vous voilà eunuque, dans le meilleur des cas. Mais ce serait mal connaitre les monstres mercenaires... Toujours à couper d'abord des morceaux.


J'vais t'taillader les mollets..A genoux, tu t'sentiras p'tête moins supérieur..L'grand Jules en cul-d'jatte, s'rait une belle œuvre ça..


Le fougueux lui rend son rire narquois et profite directement de l'ouverture du jeu des grandes gueules. Le fer de la mort vient ardemment percuter son jumeau adverse... Délicieux choc. La balance de la force joue à peine pour le roux, mais assez pour lui donner le temps d'un coup de poing retourné. Il revient soudainement chercher le crissement des armes, épée contre épée, main contre poignet. L'arrogant se laisse submerger par l'excitation, titillant à son tour les nerfs féminins. Il serre sans remords, un sourire de Satan aux lèvres, même si la dague est proche.

Oh mais si je détruis d'jà ce p'tit minois, j'veux bien perdre un bras... Une léchouille "camarade" ?

Autre bataille préférée du poussiéreux roc carmin : les folles paires d'yeux qui crient leurs lots d'injures et de vers acérés. T'inquiète pas Mira... T'auras ta revanche... Avec un poignet de dagueuse bien endolori.


***Musique : Mon coeur brûle (oui là j'fais la traduction) de Rammstein***
Miramaz
Lames qui se heurtent brutalement, empêchant la chauve d'apercevoir à temps le coup suivant, un poing la percute à nouveau plus bas cette fois, le souffle se fait rauque alors que la gorge se comprime sous la douleur. Juste le temps de se redresser que les épées luttent de nouveau, faisant chanter le métal de leur corps alors que la dague restée haute s'approche lentement du visage du rouquin. Lentement,y mettant toute sa volonté, elle pousse sa lame vers lui, la douleur dans son poignet ne lui donnant que plus envie de réussir, elle sent la pointe accrocher la peau, goûtant le plaisir de sentir la chair cesser toute résistance.

C'mon poignet qui souffre.. mais ta trogne qui s'abîme.. la léchouille tu veux aussi que j'te la donne? Suffit d'mander t'sais..

Amusée, elle se lèche les lèvres, laissant sa langue explorer sa bouche tuméfiée par le coup précédent, récoltant l'inimitable goût métallique du sang, quelques dents malmenées pleurent des larmes carmines, juste assez pour nourrir son envie. Cet homme échappé de l'enfer lunaire incarne tout ce qu'elle doit combattre, il est ses peurs et ses défauts, roux mais pourtant homme, frère mais adversaire.. Malgré les apparences elle ne doit pas lâcher, aller jusqu'au bout de ce duel, perdre ou gagner mais ne pas s'enfuir, ne pas s'abandonner. Pourtant disparaitre serait la solution la plus douce, il suffirait de presque rien, une douleur plus vive, un bruit plus fort pour que la brume des songes se déchire et la laisse seule dans sa chambre. Le mauvais rêve serait chassé pour cette nuit, repoussé jusqu'à un autre soirée peu alcoolisée où il ressurgirait devant une Rasée plus aguerrie..

Lâche, elle ne l'est pas assez pour ça, bien longtemps qu'elle a appris qu'une fois le combat commencé on ne fuit plus...ou alors.. c'est la peur de ne plus avoir cette occasion qui la garde dans cet état de torpeur onirique, la peur de garder toute sa vie le goût amer d'un duel manqué. Un reste de fierté fait trembler sa frêle carcasse, chassant la grisaille qui habite son esprit depuis bien des mois. Bats-toi, maintenant et après, mercenaire tu te dis, prouves-toi, prouves-leur que tu mérites cette vie, que tu n'es pas qu'une âme perdue, qu'une loque sans importance, qu'une ivrogne inutile.. L'esprit a beau perdre du temps ainsi, le corps lui ne reste pas inactif, il se fait plus souple, plus ferme, le regard plus assuré soutient celui du Sambre, aucune injure ne s'y lit, seulement le désir d'un corps à corps âpre, où sueur et sang se mêleront..

Ses lames s'écartent lentement semblant céder du terrain pour mieux s'agiter l'instant d'après, agaçant flancs et cuisses en vives piqûres. Multiplier les estafilades, faire perler le sang de l'apparition diabolique, glisser peau contre lame et inversement..c'est ce qui fait briller son regard, ce qui attise cette lueur de désir.

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--Fission



[ Volonté ]


- Calculateur emmêlé -

Le feu colérique se laisse surprendre. L'adversaire n'a plus le même esprit. Le duel prend une tournure bien étrange. La caboche interroge le peu de matière grise et pioche dans les souvenirs connus. Cette lueur, cet immonde ennemi...

DÉGAGE !

Imprévu. Improbable. L'ombre du balafré ne voyait pas un tel retournement de situation. La rage l'aveugle soudainement, épris d'un incontrôlable désir de planter sa lame en plein ventre de la Rasée changée. Le miroir le bouffe de l'intérieur, lui auparavant qui se nourrissait de cette peur et lâcheté, le voilà devant un contraire absolu. Elle a une chance, elle peut le faire disparaitre. Et ces yeux... Comme tout ceux qui ne lui ont que rendu sa fougue aussi faible qu'un nain enragé. L'ombre ne veut pas y croire, exulte sa haine, se venge des coups déjà assénés sans réfléchir, et tente de forcer le destin :

Alors c'est ça hein ! T'crois qu'y va s'ffir d'minauder comme c'foutus chevaliers...

Le roc fêlé tente d'ouvrir ce livre brillant d'un nouvel éclat, multiplie les attaques osées, quitte à sentir sa peau se fendre des morsures de la petite peste.


C'quoi tes belles paroles... Crache l'morceau. T'vas lever ta lame pour n'pas faire dos...

La folie s'oblige à rire, pour rendre ces yeux moins sûrs d'eux.

T'veux croire en quoi... Ta p'tite gueule d'trainée ? AH !

Les jambes du roux fauchent furieusement, narguent la force féminine, le corps n'hésitant plus à braver le nouveau danger, les jumelles mortelles quand à elles retrouvent une étreinte carnassière, l'une bien heureuse d'avoir pu se débarrasser de la petite sœur aiguisée. L'ex mercenaire joue de son poids, genoux à terre bloquant l'agilité allongée.

J'hâte d'voir ton p'tit espoir d'gamine d'sparaitre 'ssi bien qu'moi... C'monde mérite qu'les flammes !

Les onyx dévorés par son envie de destruction, le reste de Sambre pousse à bout les engagements rêvés de la Rasée, trop menacé de son mini trône poussiéreux. Peut être que finalement, tout ça n'est qu'une abominable farce... Un simple moyen de rendre les erreurs du passé aussi claires que de l'eau de roche. Il a le beau rôle...



***Musique : Moskau de Rammstein***
Miramaz
Elle pare ou esquive souplement ce qu'elle peut encaissant le reste sans broncher, estafilades et marbrures se multiplient sur sa peau, le sang coule sans douleur, trop excitée par ce corps à corps pour ressentir autre chose que le désir de dominer son partenaire. Le soumettre par une victoire, le réduire à l'état d'adversaire comme un autre, le faire chuter du piédestal sur lequel il se trouve encore, ces envies font palpiter plus rapidement son cœur et déclenchent des vagues brûlantes au fond de ses entrailles. Désir bestial et brutal, échauffant ses sens comme lors d'une étreinte passionnée, l'odeur du mâle et la chaleur de sa peau qu'elle sent à chacun de leurs contacts brutaux la mettent en transe, dans un état ou plus rien ne compte si ce n'est tenir debout plus longtemps que lui.

Son histoire de chevaliers glisse autour d'elle sans qu'elle ne réagisse, ne voyant pas le rapport avec la situation actuelle, elle comprend juste que sa rage augmente sans savoir pourquoi et décide d'en jouer. Le pousser à bout, qu'il se laisse dépasser par sa haine d'où qu'elle vienne, qu'elle l'aveugle et lui fasse perdre sa lucidité. Les insultes qu'elle récolte la font sourire plus encore alors qu'elle minaude de plus belle, jouant de ses charmes autant que de ses lames, ondulations lascives de son corps accentuées par la vivacité de ses lames. Danse sensuelle mais pas mortelle les coups échangés ne portant pas encore leurs fruits, piqûres d'insectes plutôt que faux tranchant les chairs, sang et sueur ruissellent pour modifier la donne rendant les peaux glissante, diminuant l'accroche des armes lors des coups mal ajustés.

Elle se retrouve soudain à terre sans rien avoir vu venir ne s'étant pas méfiée des jambes du rouquin, ayant oubliée qu'un combat ne se joue pas qu'au dessus de la ceinture. Débarrassée de sa dague et pourvue seulement de son épée trop longue pour être d'une quelconque utilité, elle ne peut qu'user de son corps pour tenter de repousser un Jules ayant pris le dessus. De trémoussements en soubresauts, sa situation ne s'arrange pas coincée qu'elle est par ce corps dont elle aurait appréciée le poids dans d'autres circonstances. Le regard qui la fixe n'est pas loin de l'effrayer, la lueur qui y brille semble être un reflet des enfers promettant mille douleurs à celle qui le soutient pourtant, refusant de détourner les yeux. Un sourire narquois est toujours vissé à ses lèvres, vestige de la confiance qui l'habitait encore quelques instant auparavant.


C'monde mérite les flammes et c'est toi qu'on a envoyé pour faire l'sale boulot? T'ont promis quoi les princes démons en échange? Une d'leur créature pour agrémenter tes nuits, une femelle diabolique qui embrasera ton corps?

Faisant fi des lames qui la menacent, elle redresse brusquement le buste pour venir mordre les lèvres venimeuses, refermant les dents sur les renflements pourpres, étirant la chair comme pour lui arracher avant de rouler des hanches pour projeter son corps vers la droite dans une autre tentative de recouvrer l'avantage.
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--Fission


[ Les serpents vivent en rampant... ]


- ...Et rejoignent leur fin de la même manière -

L'enragé perd la tête. Efforts devenus caducs, bien que le volcan ait éclaté tout son saoul, il reste toujours cette poudre de courage dans ce croissant narquois. Les erreurs se font vite sentir dans les mouvements du Sambre, abattu de l'intérieur dans son petit jeu de forcing. La fatigue aidant, l'esprit colérique perd les restes de confiance encore présents, et laisse place aux peurs du perdant. Les paroles de la Rasée sifflent à peine en la caboche trop touchée que le cauchemar s'emmêle dans sa propre toile. Rien ne va plus. Les dents grincent dans le roulé boulé et les injures n'osent même plus sortir de ces lèvres au goût amer du funeste futur. Le mal corporel s'embourbe avec ce carmin buccal, laissant pour plus tard l'infect plaisir de l'adversaire à écouter les douloureuses réponses de ses actes.

Elle a changé. Il n'a plus rien à foutre ici.

La dame de fer s'évade de la menotte dextre dans un ultime crissement, et la peau moite du cou peut déjà sentir la glaciale sensation de ne faire qu'un avec celle du cochon prêt à être saigner. Les poings se serrent et le corps se tend aux limites de l'appréhension. Une seule question taraude encore le miroir aux allures du rouquin : pourquoi n'en finit-elle pas tout de suite ?
Dérouté entre sadisme et pitié, l'inconscient se laisse aller aux différents mortels scénarios... Et revient sans comprendre à la charge, de cette rage qui a toujours été le phare de sa vie de pourceau.


N'femmelle... V'chier Mira ! T'peux parler... T'vivras t'jours seule. T'eus c'que t'voulais d'moi alors qu'est c'que t'ttends ? Saigne !
Miramaz
Mouvements qui s'enchaînent sans avoir l'impression de maîtriser quoi que ce soit et pourtant, c'est sa lame qui caresse le cou de son chimérique adversaire. Il est à sa merci, enfin un combat dont elle n'aura pas à avoir honte, cette victoire efface les précédentes défaites comme une page qui se tourne.. Plus qu'un dernier effort pour achever la transformation, faire couler le sang comme il le réclame pour enfin ne plus être la trop tendre Mira.. L'égorger, le saigner, lui fendre le cou pour ne plus baisser les yeux en annonçant sa «profession».

Son premier mort hors bataille, son premier meurtre sans autre raison qu'une victoire définitive.. L'entrée dans la cour des «vrais», ceux qui n'ont pas peur de prendre une vie, ceux qui n'hésitent pas et agissent sans tergiverser. Elle en est encore loin, prolongeant ce moment de flottement, indécise malgré l'ordre du Rouquin. Doucement la lame égratigne la peau, incisant à peine assez l'épiderme pour faire couler le liquide effrayant. Les noisettes fixent la fine ligne écarlate sans que la bouche ne se torde pour marquer sa gêne, elle ne se détourne pas comme fascinée.

Premier pas sur la voie qu'elle veut emprunter mais pas le plus dur, le Sambre saigne trop faiblement bien loin du pourceau qu'on égorge. La faible rasée n'ose pas encore appuyer la lame, trancher la peau, scinder les chairs pour que la vie gicle en pulsations violentes et irrémédiables. Il n'est qu'une apparition sorti de ses rêves, elle le sait déjà mort mais éprouve autant de difficultés à l'achever que s'il était bel et bien vivant. Elle pourrait le laisser se dissiper parmi les ombres de la nuit et oublier toute cette scène si le dard de l'humiliation n'était pas si douloureux.

Aiguillon perçant son esprit tel une douleur anéantissant tout autre pensée, il doit mourir et elle doit le tuer sans plus repousser l'inévitable. Des ombres il a surgi à son appel et aux ombres elle doit le renvoyer pour affronter les prochains sans crainte. Accompagnée d'un soupir la main se fait lourde, le métal embrasse la chair plus profondément, le vermillon jaillit avec vigueur, éclaboussant autant l'arme que la main qui la tient, baptême sanglant synonyme de renaissance. La gorge bée dans une mortelle blessure, l'épée est retirée dans un murmure:


Je t'ai eu Jules.. toute seule..j't'avais dit qu'j'en étais capable..

Bulles carmines et corps qui se brouille, dernière vision qu'elle aura avant de retrouver un sommeil sans rêve. Au matin seules quelques images brumeuses lui reviendront, réminiscences néanmoins suffisantes pour provoquer l'abandon de son humeur maussade..
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