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[RP] Retour en Breizh

Domdom
[I’m a poor lonesome rider…]

Le cavalier et sa monture avalaient les lieues à un rythme soutenu , sur le ruban ocre serpentant au milieu d’un moutonnement de petites collines ;

Où que porte le regard , d’est en ouest ou de sud au nord , hier comme aujourd’hui et sans doute pareil demain , le même décor : des côteaux tapissés de forêts , d’essarts et d’herbages.
Du vert partout , dans toutes ses déclinaisons , du vert clair au vert émeraude , en passant par le vert solitaire..
Vert déprime , oui…

L’encapuché avait quitté Thouars , où il avait laissé enfants et nourrices pour gagner en rapidité , depuis deux jours déjà et se dirigeait vers Rieux , au milieu de ce désert végétal oublié d’Aristote et des hommes.

Pas un village digne de ce nom sur cette route , pas une taverne où boire une bonne chope, pas une auberge dans laquelle se reposer.

Juste des hameaux loqueteux , vite traversés et vite oubliés , avec leur sempiternel cortège de chiens faméliques qui talonnaient le cheval , cherchant à lui attraper les jarrets et ces paysans peureux, osant à peine regarder derrière les carreaux sales de leurs fenêtres.

De temps à autre , le Vannetais croisait des voyageurs à pied ou à cheval qui prenaient juste le temps de le saluer d’un discret hochement de tête.
Il aurait voulu s'arrêter , discuter avec eux , prendre des nouvelles de Breizh.
Mais ils semblaient si pressés et peu avenants, que le conteur préférait ne pas le importuner.

Combien de fois avait il déjà pris ce chemin déprimant à en mourir ?
Beaucoup trop pour les compter !

Par contre, ce dont il se rappelait fort bien , c’est de la dernière fois où il l’avait emprunté : c’était sous l’escorte de la Wolback (la mère, hein…ne confondons pas quand même) , qui l’avait plumé de ses écus et de ses vivres comme un faisan , entre Angoulême et Saintes .
C’était en décembre dernier.

Dans sa grande magnanimité , La Montfort Laval avait proposé de l’accompagner jusqu’à Vannes…sans toutefois lui restituer son bien , alors qu’il s’étaient mis d’accord sur les modalités de restitution , à Hennebont , une fois rentrés.
Voleuse et sans parole , en plus

Bah …Ce sont les aléas du voyage en solitaire
maugréa-t-il , en se remémorant l’épisode.


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Domdom
[Songes à la lueur d’un feu de camp]

Assis en tailleur , l’homme regardait la danse des flammes léchant le bois du foyer qu’il avait allumé en début de soirée.
Il venait de terminer un maigre repas composé d’un morceau de lard , d’un oignon et d’une miche de pain , le tout agrémenté d’une bolée de chouchen et allait s’accorder un peu de repos, avant de reprendre la route dans la nuit.

Domdom aimait ces soirées au coin du feu , sentir la chaleur du brasier sur son visage, entendre le bois gémir, siffler , puis craquer sous l’agression des flammes , admirer la furtive étincelle perçant le noir de la nuit comme une luciole orangée .

Encore trois nuits comme celle là et il arriverait à Vannes, juste à temps pour assister au mariage de ses amis , Eloise et Karuna.

Il pensait à Evanaelle : viendrait elle le rejoindre là bas ?
Il l’espérait, mais connaissant sa rouquine, il en doutait fortement.

Lui revenait en mémoire la dispute qu’il avait eu avec sa compagne , l’autre soir , dans une taverne de Thouars.
Ils s’étaient craché leurs vérités au visage et chacun avait pris la route de son côté : elle , en direction de Poitiers et lui ,de la Bretagne.
Aucun des deux , drapé dans son orgueil , n’avait voulu céder , car même s’il était évident qu’ils s’aimaient , force était de constater que leur vie commune était plutôt cahotique.

Dom fouilla dans sa besace , s’empara de la dernière missive d’Eva et la relut une nouvelle fois : certains mots ne trompaient pas , ça ressemblait bigrement à une lettre d’adieu.

La lettre toujours en main, il observa le feu d'un air circonspect.

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Domdom
[Le Lendemain matin , entre ici et là bas]

Petit à petit , la sphère lumineuse du soleil commençait à apparaître , comme sortie du chapeau de la colline boisée , en un halo irisé dans le bleu opalescent du ciel .
En temps ordinaire, l’encapuché se serait arrêté pour saisir cet instant de magie, si rare dans cette nuageuse Bretagne.
Mais il avait tellement hâte de quitter la monotonie de ce bout de fin du monde , qu’il jugeait plus urgent de continuer sa route que de prendre le temps de satisfaire à un besoin de merveilleux.

Son seul et unique but immédiat : Rieux .

Un petit sourire aux lèvres , il songea à un vieux dicton , entendu un jour de marché :

« Si du clocher de l’église de Rieux, tu peux voir celui de l’église de Vannes , c’est qu’il va pleuvoir…
Si tu ne le vois pas, c’est qu’il pleut déjà… »


Toujours sensées , ces paroles de vieux sage, quoiqu’un peu exagérées et ironiques dans le cas présent .
Il ne devait plus être très loin de la cité fruitière , maintenant et avait certainement franchi les portes de la Bretagne depuis pas mal de temps déjà.

Pas de frontières , ni de poste de douanes dans cet océan vert , comment reconnaitre un arbuste poitevin d’une arbrisseau Breton ?
Comme quoi , les frontières, perverse invention de l’être humain politisé , n’existaient et n’avaient de sens que pour attiser la haine et les esprits de propriété belliqueux.

C’est fort de ces justes pensées que notre encapuché aperçut les remparts de Rieux au détour d’un petit bois.


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Domdom
[Une leçon de vie]


Rieux , ville de passage.
On n'habite pas Rieux , on ne fait que s’y arrêter.

L’encapuché n’ y avait que de bons souvenirs , dont un magnifique , moment merveilleux resté ancré dans sa mémoire.

Après s’être rincé le gosier en taverne (eh oui…on ne se refait pas…) , le Vannetais se dirigea vers le marché : il était plus que temps de refaire le plein de sa besace en vivres pour la fin du voyage.

Peu de monde entre les étals des marchands aujourd’hui.
Un blondinet le bouscula , filant comme l’éclair entre les grappes humaines : il lui fit penser à Valerien , son fils.
Ses enfants lui manquaient , mais ils auraient été une gêne pour cet aller et retour éclair entre Poitou et Bretagne.

Un peu plus loin , un attroupement .
S’approchant un peu plus , Dom aperçut un vieil homme, assis par terre , avec un seau , des pierres , du gravier et du sable autour de lui .
Quelques badauds , auxquels Dom se joignit , l’entouraient .

L’encapuché vit alors le vieil homme prendre les pierres et les mettre une par une dans le seau , jusqu’à le remplir en totalité.
Puis s’adresser à l’assistance , avec un sourire édenté :


Mon seau est il plein , braves gens ?

Pour sûr qu'il l'est !
répondirent les autres d’une seule voix.

Le vieillard leur sourit et commença à remplir le seau des graviers qui trainaient par terre.
En secouant le seau , les graviers arrivaient à combler les trous entre les pierres.

Nouveau regard interrogateur du vieux vers la foule en demi cercle autour de lui :


Et là ?

Personne ne répondit , voyant où le vieil homme voulait en venir.
Il se saisit alors de quelques poignées de sable qui s'infiltra et remplit tout l'espace disponible.

Apostrophant à nouveau son auditoire , il leur demandant quelle leçon tirer de sa démonstration
Dom fit un rapide tour de l’assemblée du regard : pas un mot.
Le vieux sage continua alors :


Maintenant, je voudrais que vous vous imaginiez que ce seau représente votre vie , messires et dames…
Les pierres représentent les choses importantes: votre famille , votre santé, votre travail ;
Des choses qui , si rien d'autre n'existait, feraient que votre vie serait quand même remplie.


Petit râclement de gorge du vieillard qui poursuit :

Les cailloux représentent les autres choses qui, sans être les plus importantes, comptent tout de même pour vous , comme vos amis , vos biens , par exemple…

Et pour finir , le sable représente tout le reste, toutes les petites choses sans importance.


Dom vit alors le vieillard se lever difficilement , tout en continuant sa démonstration :

Si vous commencez par remplir le bocal avec du sable, il n'y aura plus de place pour rien d'autre.
La même chose est valable pour votre vie : si vous dépensez trop de temps et d'énergie sur
les petites choses, il n'y aura plus de place pour les choses importantes.

Demandez-vous d'abord ce qui compte vraiment pour vous, puis efforcez-vous d'y porter la plus grande attention.
Occupez vous avant tout des choses qui comptent vraiment.
Le reste n'est que du sable….



Domdom resta ferma les yeux quelques instants , s’imprimant les dernières paroles du vieil homme dans l’esprit.
Mille questions surgissaient à l’écume de ses pensées , peut être cet homme pourrait il y répondre ?
Ouvrant à nouveau les paupières, il chercha le vieux sage du regard.
Mais celui avait disparu dans la foule, comme volatilisé.

Un peu frustré, le calvaphile continua son chemin parmi les étals.
Son estomac s’impatientait.


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