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[RP] Sortie au clair de Lune

Rodrielle
Citation:
Pause !
Je fais juste une pause. Non, je n'arrêterai jamais, mais là j'ai besoin de souffler. Je suis une femme aussi, j'ai des besoins, des envies... Et j'ai une fille maintenant. Je veux autre chose !

Pour une fois que je prends du bon temps, tu viens me faire des reproches. Et t'étais où toi, de toute façon ? Depuis le temps qu'on ne s'est pas vu, tu oses venir pour me proposer ca ! Tu te prends pour qui ?! Chacun de son coté maintenant, mon vieux. Je me suis faite un nom à présent, j'ai un groupe que j'entraîne et qui me respecte bien plus que tu ne me respecteras jamais ! Et puis j'ai l'âge de me débrouiller, nom d'un chien !

Alors trouve quelqu'un d'autre pour faire ce coup-là ! Je prends des vacances ! Et lorsque tu viendras me trouver pour autre chose que ces fichus contrats, je serai là.

Ciao
L'Ombre.


Cela faisait bien longtemps qu'elle ne signait plus une lettre à destination de son frère par son prénom. Tout comme cela faisait bien longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu. Leur relation se résumait à quelques missives, de quelques mots où l'un signait d'un "A." et l'autre de "L'Ombre". Parce qu'après tout c'était lui qui l'avait surnommé comme cela, tout comme c'était pour qu'elle devienne Ombre qui la contactait.

Mais cette nuit là, Rodrielle était en rogne. Ne pouvait-elle donc pas profiter de quelques jours sans devoir reprendre les armes ? Pour une fois qu'elle était bien quelque part, avec sa fille et ses amis, il fallait qu'il vienne tout gâcher. "Paris. Belle somme. Contacte moi. A." qu'il avait marqué dans sa lettre ; même pas un "bisou à Mat' et toi, tu me manques p'tite soeur". Remarque, jamais il ne lui avait parlé comme cela , trop concentré sur son apprentissage et son éducation... Sa petite soeur s'était effacée pour devenir son élève. Point. Et après l'on se demande pourquoi elle est froide par moment !

Mais aujourd'hui, Rodrielle voulait autre chose. Bien que sa vie ne se passerait jamais de son "passe-temps" qu'elle savourait en compagnie des Crocs Rouges, la tatouée souhaitait autre chose... De l'amitié, qu'elle avait trouvé ici à Autun, mais aussi de l'amour. Que quelqu'un - enfin! - puisse la voir autrement que comme un assassin sans coeur et sans reproche... Qu'une femme marquée à l'œil et au visage par son passé surement sombre...

L'Ombre marchait lentement jusqu'à la place, tête baissée. Une fois qu'elle fut assise sur le rebord de la fontaine centrale, elle relut la lettre qu'elle lui enverrait d'ici quelques minutes. C'était un bon choix. Après tout, ce n'était pas lui qui ferait son bonheur. La lettre fut envoyée, et la tatouée resta assise là, au clair de Lune, attendant patiemment. Quoi ? Elle ne savait pas. Une rencontre, un miracle, une idée...

Quelque chose qui la changerait. Du moins, en partie.

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Nayiel
Un voyage vers Nevers pour voir sa soeur de coeur, qu'elle n'avait d'ailleurs croisé qu'en coup de vent. Déception. Mais elle avait rencontré un couple charmant là bas. Elle avait eu l'honneur d'assister a leur mariage, selon sa coutume a lui, les avait aidé. Honneur, mais léger pincement au coeur. Petite déception. Des belles nouvelles, mais des déceptions. Heureuse pour eux, mais... Puis, retour a Autun, contente de revoir ses amis, heureuse d'apprendre de nouvelle maternité, mais déception. Le bonheur des uns fait... le bonheur des uns. Elle n'était pas malheureuse, oh ça non. Mais elle n'avait jamais été très patiente, et le temps mettait son endurance a rude épreuve.

Ce soir là, après un moment en taverne, elle sortit prendre l'air. Elle avait besoin de réfléchir, de penser a sa vie, son passé et son présent, et qui sait, son futur aussi. Elle déambulait dans les ruelles de sa ville, les yeux fixés sur les pavés qui défilaient sous ses pieds, levant parfois les yeux pour se moucher dans les étoiles. Elle finit par entendre une sorte de clapotement. De l'eau, pas loin. Pourtant le lac était loin. Elle leva les yeux et constata qu'elle se trouvait prêt de la fontaine. Elle aperçut Rodrielle, assise tout prêt, en train de laisser un pigeon s'envoler.

Lentement, elle s'approcha de la jeune femme et murmura, pour ne pas la faire sursauter non plus, le but n'était pas là:

Et bien, belle demoiselle... Qu'est ce que tu fais encore dehors a cette heure là? Une insomnie?
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Rodrielle
Le regard s'était perdu dans l'eau, à contempler le reflet de la Lune. Toujours en rogne, contre lui, contre elle, contre toute cette vie qu'elle regrettait à présent, l'Ombre se demandait si elle avait bien fait. Serait-elle capable d'arrêter une fois pour toute ? L'Amour, la Mort... Ses deux "êtres" si chers à son cœur... La raison de toute sa vie. Pourrait-elle résister à cet appel qu'elle ne cesse d'entendre ?

La voix douce de Nayiel lui parvient alors. Comme une mélodie la sortant de son cauchemar éveillé. La tatouée relève donc la tête, puis son regard sombre vers son amie qui semble être dans le même état de questionnement qu'elle. Elle esquisse enfin un sourire, léger, signe de son humeur, puis répond tout aussi doucement pour ne pas réveiller les endormis alentours.

En quelque sorte, oui. Je médite. Certaines nuits sont faites pour se remettre en question... Celle-ci est la mienne.

Très vague comme réponse, mais la tatouée n'a nullement l'habitude de parler de sa vie. Trop complexe, trop "anormale". Peur de la réaction de ses amis, de son entourage. Depuis quelques temps, l'Ombre s'inquiète beaucoup du regard des autres... trop, même.

Et toi, ma jolie, que fais-tu debout et seule à cette heure où tu devrais être tombée entre les bras de Morphée et ceux de Garett ?

Elle tapote enfin le rebord de la fontaine. Invitation à s'assoir et à se confier. Nuit de confidence, nuit de secret, nuit d'amitié...

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Nayiel
La belle tatouée leva son visage vers elle, ses yeux sombres fixant la blondinette. Un fin sourire étira légèrement ses lèvres, et Nayièl hocha la tête en l'entendant murmurer...

Une nuit pour se remettre en question. C'est la tienne, mais, tu accpeterais de la partager avec moi? J'en ai grand besoin aussi...

De vagues réponses en réponses vagues, de brides d'émotion en esquisse de soucis. La nuit, le clair de lune, le silence insiterait surement les deux femmes a se confier. Bien que ni l'une ni l'autre n'ai l'habitude de cela. Surtout vu ce qui tournait en boucle dans l'esprit de Nayièl. Etonnement, elle avait reçu un pigeon. Vu la signature, son étonnement avait grandi. Lui, blessé, mourant. C'était brutal, et violent, et pourtant, cela aurait du arriver depuis longtemps déjà. Mais elle s'en voulait quand même, Nayièl, de l'avoir abandonné. Léger soupir en pensant que sa vie n'avait été, avant Autun que danger, risque, infamie, blessure et mort. Et puis, depuis Autun, quelques amitiés fortes, mais presque toutes perdues, quelques instants de bonheur trop courts. Quelques bonnes nouvelles, mais la gourmandise humaine réclame toujours plus. Les paroles douces de Rodrielle la ramenèrent a la réalité, lui faisant un instant quitter la noirceur de ses pensées pour retrouver celle de la nuit.

La voyant tapoter le rebord de la fontaine, elle se rapproche et s'installe a ses cotés, regardant dans le vague un instant. Garrett... Une esquisse de sourire se peignit sur son visage, et elle répondit à Rodrielle:

Garrett dors profondément, et j'avais besoin de réfléchir. Et rien de mieux que la nuit pour ça. On peut comparer la noirceur des ses doutes et de ses troubles, à l'obscurité nocturne. Et, le silence, le calme, la solitude, c'est parfois reposant...
En fait, je crois que la nuit c'est le moment où je suis vraiment moi, sans le sourire de façade, et la carapace. Mais assez parler de moi, j'en ai déjà trop dit... a toi maintenant...


Elle regarda son amie, une amitié récente, mais il fallait bien un début a tout. Nayièl voyait bien qu'elle se questionnait, qu'elle réfléchissait, semblait retracer des parcelles de sa vie. Comme elle le faisait aussi.

Nuit de questionnement, et peut être de délivrance. Nuit de confidence, de connaissance, ... Nuit de partage, et peut être d'espoir.
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Rodrielle
[Confidence pour Confidence...]

Les deux femmes semblent se ressembler, plus que ce que ne le croit l'Ombre tatouée. Elle écoute donc Nayièl sans quitter son regard, tente de retrouver confiance... Hors de question de se montrer faible aux yeux des autres : Rodrielle a une fierté et elle y tient. Sauf que là... Nayièl lui parle de la nuit, de l'effet qu'il lui fait, de la carapace qu'elle retire à ce moment-là, et Rodrielle se retrouve un peu en elle. Finalement, beaucoup portent un masque pour cacher la personne que l'on est réellement... Pourquoi autant de secret ? Pourquoi autant de crainte vis-à-vis des autres ?

A son tour de parler. Mais que dire vraiment ? Qu'elle doute, qu'elle regrette ? Qu'elle souhaite tout valser mais qu'elle ne le peut pas... Qu'elle a certains besoins à assouvir mais qu'elle ne peut plus... Son regard lâche enfin le regard de la blondinette pour se poser dans le vide. Son sourire s'amoindrit, elle hausse les épaules... Que dire...

La nuit est mon moment de vie, habituellement. Sauf qu'aujourd'hui je me demande ce que je vais faire... Ma vie défile devant mes yeux et je comprends que j'ai raté beaucoup de choses. Je regrette. Et je vieillis... seule.

Elle se tait. Sa gorge se noue alors que ses souvenirs défilent devant ses yeux. La perte de ses enfants, la perte de ses amis, ses mauvais choix, ses mauvais désirs...

Tu vois, Nayièl, j'aimerai tant de choses que je n'arrives pas à avoir... J'ai choisit une voix qui m'a amené à perdre tous ceux que j'aime. Je suis perdue...

Elle soupire enfin, retourne sa tête vers la jeune femme et tente d'esquisser un sourire. Le regard de Nayièl n'est finalement pas plus joyeux que le sien...

Autant ou plus que toi, je ne le sais pas...

Rodrielle avait emprunté un ton léger pour rendre moins grave l'ambiance du moment. Les deux femmes semblaient tellement dans le même état...

Nuit de confidence, nuit de réponses...

_________________
Nayiel
[En tête à tête avec ses problèmes, et ceux d'une amie]

Regardant toujours Rodrielle, elle la vit détourner les yeux, fixé le vide, faire disparaître son sourire. On a toujours un pied dans l'plat! Elle y était allée gaiement Nayièl sur ce coup là. Comme souvent. Mais, elle se disait qu'extérioriser ne faisait pas de mal parfois. Et son amie semblait vraiment perdu cette nuit là. Elle voulait l'aider, mais ne savait plus tellement comment s'y prendre. Elle savait aussi qu'elle ne connaissait rien de l'histoire de la tatouée, ce qu'elle avait vécu, ceux qu'elle avait perdu, ce qu'elle avait fait. Mais, Nayièl ne parlait jamais de son ancienne vie non plus, elle devait bien l'admettre. Ses crimes, sa débauche, son "travail", ses clients, son frère...
Elle l'écoute, attentive, et finit par poser sa main sur l'épaule de la belle tatouée.

Tu sais, la vie passe vite, c'est vrai. Et beaucoup de personne tente de lui courir après, il s'accroche, mais ne parvienne jamais à être heureux. Ils sont accrochés désespéremment à la calèche, et ils pleurent de ne pouvoir monter dessus. On l'a toutes deux lâché cette calèche. Mais, on est toujours là. Et on peut le rattraper. Il n'est jamais trop tard. Elle suit une route déterminée d'avance, et on la connait cette route. Il ne tient qu'à nous de prendre un raccourci, de passer dans les taillis, et les bois, dans les ronces, et les prairies, pour la rattraper. Et cette fois, ne pas la manquer.
Mais on va y arriver, il faut y croire, ma belle.


Nouveau regard vers son amie. Oui, elles sont perdues toutes les deux. Mais peut être Rodri l'est-elle plus qu'elle ne l'est. Nayièl et son perpétuel optimisme, Nayièl et sa perpétuel croyance dans les gens, Nayièl tout simplement. Elle avait l'habitude de se perdre aussi, la blondinette, et donc l'habitude de sortir de ces mauvais pas, de retrouver sa route, son chemin, son destin. Mais Rodrielle était perdue, et elle le voyait. Elle savait une chose par contre, c'est que jamais elle ne serait seule.

On vieillit tous. Mais tu n'es pas seule. On est là pour toi. Tu as des tas d'amis ici. Je suis là pour toi. Et il y a tous ces enfants dont tu t'occupes. Sans toi, ils seraient perdus, et ils t'aiment vraiment énormément. C'est comme si tu étais leur mère a tous. Tu te rend compte, tu es mère des dizaines et des dizaines de fois!

Esquisse de sourire, elle tentait d'offrir une vision moins triste a son amie. Un peu d'espoir, un peu de sourire, un peu de joie.

Et l'amour, parce que je sais que tu pensais a ça... L'amour... Tu sais, l'amour c'est une rose. Il faut du temps, et de la patience. Un homme a semé la graine, mais la rose n'a pas encore poussé. Elle ne va tarder, j'en suis sure. *surtout ne pas terminer sa fameuse pensée: "l'amour est une rose, on nous l'offre, on en prend soin, du moins, on essaie, mais elle finit toujours par faner.*
Tu es belle, tu es drôle, tu es... merveilleuse tout simplement. Les hommes ont des oeillères pour l'instant, mais, il y en a un, un qui va te remarquer, un à qui tu feras tourner la tête. J'en suis sure. Tu ne vieilleras pas seule. Ne le cherche pas, ne l'attend pas cet amour. Et tu verras, il arrivera de lui même, sans que tu oses y croire.

Elle devait essayer de lui apporter des réponses. Et, en guise d'amour, elle se servait de l'unique exemple auquel elle osait se fier pour le moment: Garrett. Il lui était apparu, il était venu l'éclairer de sa folie et de sa blondeur contagieuse. Le seul fait de penser a lui, lui redonnait le sourire. Pourtant, elle savait Nayièl. Elle savait qu'elle aimait trop. Trop fort, trop violemment, trop. Elle savait que le jour où elle perdrait cet amour, sa vie disparaîtrait en même temps. Il était sa lumière, il était son sourire, il était son coeur, son oxygène. Tant qu'elle le savait heureux et en bonne santé, même loin de lui, elle pouvait vivre. Ce n'était pas un amour dans lequel elle s'oubliait pour l'autre. C'était un autre amour, plus fort encore. Mais combien de temps durerait-il encore.

Nuit de doute, de philosophie, d'espoir,... Nuit, et étoile, lumière.
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Rodrielle
Les émeraudes ne quittent plus la blonde une seule seconde. Comme des discours qu’elle n’avait pas connus, comme une enfant presque, elle l’écoute. Que lui dit-elle, donc ? Qu’il y a de l’espoir, pour elle ? Rodrielle en sourit, peut être Nayièl est la seule à croire encore en elle… Même la tatouée n’y croit plus. Comme beaucoup le disait, et elle la première, elle était damnée. Mais elle aimait cela, en fait. Mais, pourtant ce soir, tous les mots sont les bienvenus. Et Nayièl est la meilleure pour remonter le moral, une amie fidèle qui semble croire en ce qu’elle dit.

Alors Rodrielle commence à revoir le tableau avec des couleurs. Les enfants de l’orphelinat… ses enfants. Elouan, Marine, Sha, Louana, Gaelle et les autres… Tous ces petits reportaient leurs espoirs sur elle, et leur confiance aussi. Et ils étaient devenus, en peu de temps, sa raison de vivre, ses lumières… Elle les aimait tous comme ses propres enfants, tous autant qu’ils étaient. Quant aux hommes… Cette partie là du discours de Nayièl la fit rire doucement. Les hommes, par contre, elle n’y croyait plus, pour la simple et bonne raison qu’elle avait subit trop d’échec. Sa vie sentimentale, depuis le décès de son premier défunt époux, était un cimetière… Ca, elle n’y croyait plus du tout.

Merci, ma belle. Tu as vraiment les mots qui redonnent le sourire. En espérant que tu aies raison… La vie est tellement étrange… Et j’avoue ne pas comprendre ce qu’il m’arrive en ce moment.

Ressentir de la peine, de la faiblesse… Elle qui, avant, avait appris à tout refouler. Des années de retenues, des années où la fierté et la force étaient seules maîtresses. Mais depuis qu’elle avait pris cette décision de ne plus suivre son frère dans ses contrats, de ne plus servir, elle se sentait… différente.

Le silence s’installa pendant quelques minutes. Rodrielle tentant de comprendre ce que sa vie allait lui réserver et Nayièl perdue dans ses pensées troublées. A son tour de parler. Rodrielle se tourna à nouveau vers elle, en posant sa main sur son épaule. Geste de réconfort, geste maternel…

Et toi, que t’arrive-t-il ma jolie ? Quels tourments peuvent bien envahir ton âme si pure ?

Son regard s’accrocha aux lumières des yeux de Nayièl. Elle se demandait comment une femme aussi pleine de bonté pouvait être aussi esseulée. Car elle ne savait pas, l’Ombre, ce qu’était le passé de son amie, elle ne savait pas qu’elles étaient bien plus proches que beaucoup d’autre par rapport à cela.

Nuit de connaissance, nuit d’entraide… La nuit, la Lune, la Vie…

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Nayiel
[A moi maintenant...]

La blonde ne quittait pas son amie des yeux. Elle parle, et elle voit la tatouée qui l'écoute. Et elles sourient toutes deux. Elles se sourient. Confidences, conseils, et la nuit qui rapproche deux jeunes femmes perdues aux passés a peut prêt semblable. La nuit qui rapproche deux jeunes femmes qui ne se connaissent que si peu au final, alors que tant les lient. Pourtant, l'amitié entre elles deux est sincère, et semble fidèle et qui sait, durable surement. Toujours y croire même dans les cas désespérés. Et ce soir, elle avait besoin de réconfort son amie. Mais sa philosophie de vie a la blonde lui soufflait toujours des mots d'espoir et d'encouragement. Rien n'est jamais perdu. Il suffit d'y croire pour réaliser de grandes choses. Alors elle essayait de souffler son espoir et son optimiste a ceux qui en avait besoin, a ceux à qui elle tenait. Et Rodrielle en faisant partie.

Continuant de lui rappeler tout ce qu'elle a, toutes les personnes qui tiennent a elle, Nayièl regarde la belle brune retrouver peu a peu son sourire. Et en parlant des enfants de l'orphelinat, en pensant a garrett, la blonde retrouva elle aussi un peu courage et sourire. Après tout, elle n'était pas seule elle non plus. Elle le savait, mais pourtant, il était de ces moments où elle ne supportait pas de mettre ceux qu'elle aimait en danger. Ce passé qui ne la laissait jamais en paix, ses anciens compagnons qui la harcelaient, ... Tant de blessures non refermées, tant de cicatrices réouvertes dernièrement, tant d'amour aussi pour l'homme l'ayant fait le plus souffrir au monde...

La voix de Rodrielle vint interrompre ses pensées une nouvelle. Sans rien dire de plus, elle lui sourit. Un sourire pour lui montrer que c'est normal, que les amis sont importants, qu'elle est là tout simplement, et qu'elle le resterait toujours. Un sourire pour lui faire comprendre que quoi qu'il arrive, a n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, elle serait là pour elle. Un sourire pour lui redonner encore le sien. Un sourire qui exprime tout, sans besoin des mots. Et le silence de la nuit qui les englobe a nouveau. Calme, serein, glacial, grand. Une main se posa sur son épaule. Tendre, compatissante, maternelle, réconfortante.

Nayièl ne put s'empêcher de rire doucement en l'entendant. Tournant a nouveau son regard vers sa belle compagne d'une nuit de doute, elle reprend la parole. Un murmure, discret, laissant percevoir son amertume, ses regrets, son inquiétude aussi, plus qu'elle ne l'aurait voulu.

Mon âme est loin d'être si pur que tu le penses ma belle...
Ma vie aussi défile devant mes yeux, et je perçois toutes mes erreurs. Toute ma vie jusqu'ici n'a été que gachis. Mais je ne regrettais rien. Mon passé fait parti de ma vie, de mon expérience. Je ne veux pas l'oublier, j'ai appris beaucoup de choses qui m'ont fait avancer...


Elle marqua une courte pause, repensant a son passé, ceux qu'elle avait perdus, ceux qu'elle avait achevé, peiné, meurtri, ceux qu'elle avait trahis. Elle repensa a son frère, et sa main glissa inconsciemment sur son ventre. Les cicatrices physiques, bien que vilaines, l'étaient nettement moins que celle du coeur et de l'âme. Ce bougre. Il l'avait tant fait souffrir. Et pourtant, elle ne se résignait pas a le haïr. Elle n'y arrivait pas. Malgré tout, il restait sa moitié, son incompris, son fou, son maître. Son frère, remplaçant de son père, lui... Elle reprit un peu plus fort:

Aujourd'hui, je croyais avoir trouvé le bonheur. Je ne suis plus seule, je suis entourée... Mais mon passé me rattrape. Et tout ce que j'ai aujourd'hui risque de partir en fumée...

Elle frissonna la belle blondinette. Finalement elle avait peur. Elle avait un service a rendre. Dans ce milieu, elle ne pouvait refuser. En refusant, elle mettrait la vie de ceux qu'elle aime en danger. Mais si elle acceptait, tout allait recommencer, elle le savait. Ils ne la laisseraient plus partir. Plissant le nez, elle haussa les épaules. De toute façon, elle n'avait pas le choix.

Oui, je suis perdue... Je n'avais rien, j'ai trouvé le bonheur, et je vais tout perdre a nouveau. Les coups du sort... Finalement, on en est pas au même niveau, mais presque...

Elle haussa les épaules. Trop en dire était dangereux, pourtant le besoin de se confier se faisait sentir. A lui, elle ne pouvait parler. Oh, elle avait essayé déjà, mais son impulsivité lui faisait peur, et elle se devait de le protéger. Mais elle n'avait personne d'autre a qui parler. Zoziote ayant déjà ses propres ennuis, elle ne voulait pas en rajouter, sa soeur ne mangeait déjà plus, elle ne pouvait lui mettre plus de poids sur le dos et la remuer davantages. En les autres elle n'avait pas assez confiance, bien qu'il s'agisse de ses amis. Elle laissa échapper un léger soupir, a peine audible. Rodrielle était différente. Elle ignorait son histoire, son passé, mais pourtant, elle sentait qu'elle n'avait pas besoin d'en dire beaucoup pour que la tatouée comprenne. Peut être avait-elle déjà vécu les mêmes choses...

La nuit avançait, lentement, patiemment, comme pour laisser du temps aux deux femmes. Le temps de se parler, de se confier, de se réconforter, de s'aider. Le temps d'apprendre a nouveau a espérer, a garder espoir. Le temps de trouver une solution ou un objectif. Le temps de s'apaiser.

Oui, c'était bien une nuit d'amitié et de partage. Une nuit où tout redevient possible, où le temps semble s'arrêter pour permettre a des âmes tourmentées de souffler, et de retrouver leurs repères. Une nuit de solitudes partagées, cassées par le soutien mutuel qu'elles s'apportent.
Un brin de vent agite légèrement leur cheveux.
Nuit de renouveau et fraicheur éphémère. Nuit, noirceur et lumière, peur et ténèbres contre espoir, envie et lumière...
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Rodrielle
[Révélation]

La nuit passait doucement et le silence régnait toujours dans le centre d’Autun, permettant aux deux jeunes femmes de remettre leurs idées en place. Rodrielle regardait Nayièl sourire simplement, semblant ravie de remonter le moral à la tatouée. Mais à présent, c’était à son tour de remonter le moral de son amie car, bien qu’un sourire soit dessiné sur son visage, ses yeux étaient emplis de tristesse… Tristesse que la tatouée connaissait bien. Alors la jolie blonde se livre, petit à petit, en disant suffisamment pour comprendre. La peur, la vie que l’on ne peut oublier, un passé trop présent et qui revient toujours… Tout dans l’attitude de Nayièl lui faisait comprendre que, finalement, elles avaient des vies bien plus similaires qu’elle ne le pensait.

La main de Rodrielle caresse lentement le dos de son amie. Tactile, la tatouée tentait par se simple geste faire comprendre à son amie qu’elle aussi était là. Mais comment aborder le sujet, telle était la question. Elle aussi devra surement en dire plus ; et ce n’était pas un bon moyen pour oublier sa propre vie. Tant pis. La tatouée regarda Nayièl d’un air grave, sérieux, mais tout en restant amical. La tatouée poussa un léger soupire et prit enfin la parole… Révélation.

Ecoutes, je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans ta vie. Mais saches que si tu as besoin d’aide, je suis là. Je connais ce regard, je connais ces gestes, parce que j’ai eu les mêmes. Ce sont les signes d’une vie vraiment pas rose, d’une vie mouvementée où notre lame est notre seule amie, une vie où l’on croit être seule et ne pas pouvoir se fixer quelque part…

Elle s’arrête alors, attendant la réaction de son amie. Peut-être n’avait-elle pas totalement raison, peut-être que c’était le cas… Mais avant de continuer, elle devait savoir si c’était le cas. Connaître les faits pour pouvoir aider, pour pouvoir agir. Rodrielle était comme cela : travailler sur du concret, sur du précis, et aujourd’hui encore.

Je ne sais pas si je suis de bons conseils, mais je crois que le seul moyen de ne plus être embêté par son passé est de le combattre. Une dernière bataille contre son passé, et contre les acteurs de celui-ci, pour pouvoir mieux profiter de l’avenir… Et si tu as besoin d’aide, je suis là pour ça.

Un nouveau sourire à son ami, plus mesquin, car cette partie de la nuit portait sur l’unique plaisir qu’elle avait. Elle porta une main sur la garde de son sabre, révélation intime et discrète à la jeune femme blonde sur sa propre vie. Nuit, révélation et entraide, nuit de nouveau combat contre sa propre vie…

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