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[RP] Vengeance acidulée

Griotte
[Bourgogne - Retour dans le nid du Balbuzard, sous son aile protectrice.]


Heures sombres. La lueur d'une chandelle vacillait au-dessus d'un parchemin sur lequel s'étalaient des mots que la morveuse avait peiné à écrire. Elle avait hésité longtemps avant de se décider à prendre la plume pour confier son désarroi et le malheur qui s'était abattu sur elle.

Voila plusieurs semaines qu'elle vivait dans le mensonge et l'illusion, tâchant de faire bonne figure pour ne pas trahir le secret qu'elle portait en elle. Un secret bien trop lourd, que dévoilaient ces mots, couchés sur le vélin. Des mots qu'elle ne parvenait pas à confier à ses proches. Des mots qui faisaient brûler en elle la soif de vengeance. Des mots dont elle avait honte.


Citation:
A Princesse Rodriguette & la Paillasse blonde.

Je croise les doigts pour que cette lettre vous parvienne et qu'elle ne reste pas sans réponse, comme ce fut le cas pour les précédentes missives que je vous ai envoyé lors de ces derniers mois. Je ne sais si elles se sont perdues en route ou si vous préférez rester silencieux plutôt que de donner de vos nouvelles à la môme que je suis. J'ose espérer que vous vous souciez encore un peu des anciens Fauchards fauchés et que vous porterez intérêt à la disgrâce qui frappe l'une des vôtres.

J'ai été violée par Iban Etxegorry. Cette raclure n'est autre que l'amant de la Comtesse du Lavedan, Agnès de Saint-Just et de Dublith, dont je suis la dame de compagnie. Je vivais sous son toit en étant persuadée que je ne craignais rien. Je pensais qu'elle veillait au grain et qu'elle assurait la protection de sa mesnie. Au lieu de ça, elle passait ses nuits à se faire sauter par un hérétique ou un violeur, quand ce n'était pas par les deux, qui sait ? J'ai préféré prendre la fuite et retourner en Bourgogne.

Je veux que vengeance soit faite sur la crapule qui m'a déshonoré, ainsi que sur sa catin surtitrée. Aidez-moi, soyez les bourreaux du mien. Torturez-le. Faites-le souffrir. Je veux qu'il se sente broyé dans sa chair, comme j'ai pu l'être par sa faute. Je veux qu'il soit humilié, mais ne le tuez pas. Je veux qu'il crève de mes mains et que la dernière chose qu'il voit soit sa victime lui donnant le coup de grâce avant que la Faucheuse ne l'emporte vers l'Enfer lunaire.

Quant à la Comtesse, prenez-lui ce qu'elle a de plus cher : son héritier. Vous les trouverez tous deux à Montauban, où vous croiserez peut-être Iban. Faites d'une pierre deux coups et je pourrais enfin retrouver un semblant de paix.

Aidez-moi et je vous offriais mon soutien indéfectible. Le fer rouge en sera témoin.

Salutations acidulées,
Griotte
Kar1
[Comme de par zazard.. Déjà en Guyenne.]


On pourrait presque dire qu’elle anticipe la blonde. Coincée dans son Toulouse de malheur depuis des mois déjà, c’est comme si elle avait senti la détresse d’un des gosses de la troupe. L’en faisait pas vraiment partie la Griotte, les chefs avaient épargné les enfants d’un fer brûlant qui aurait certainement abimé leur peau encore toute douce et innocente. Ils avaient du cœur? Nan.. Un nabot, ça change d’avis comme de chemise, c’est bien connu. Et risquer de perdre un de ses membres pour une amourette sans lendemain parce que ça veut savoir comment qu’on s’emboîte, certainement pas. On ne peut jamais prévoir ce qu’ils deviennent après la venue des poils pubiens et/ou de la perte de sang mensuelle. Quitte à prendre des risques, autant leur apprendre ce qu’est la vraie vie, celle semée d’embuches et les laisser prendre leurs décisions tout seuls, comme des grands quand ils seront en âge de le faire. Bon normalement, elle sait les conditionner pour les faire rester auprès d’elle. Enfin c’est ce que Karine croit alors qu'elle ne les a jamais compris, c’est un fait.

La Louise est partie par monts et par vaux juste pour contredire sa mère. Ca fait plus « grande graande » comme elle dit. La Griotte elle, est partie avec un bout de caisse orléanais. Pour être honnête, personne ne lui a jamais intimé l’ordre de revenir. Ou si en fait? Dans ce cas, la blonde ne s’en souvient même plus. Elle devrait se demander où se trouvent les quelques piécettes d’or confiées, c’est vrai ça! En tout cas, une chose est sure, on ne peut décidément pas faire confiance aux gosses. Mais dans un sens, elle aime bien les traitres. Ça lui donne l’impression que c’est elle qui donne ce trait de caractère. L’a toujours été comme ça, pensant que tout arrive dans ce Royaume grâce à elle. Une légende quoi!
Ça remonte le moral de toute une troupe, alors d’une blonde toute seule, imaginez l’impact.

Ces piécettes alors.. Elles ont surement été dépensées dans les décombres d’une maison close ou mieux encore; dans l’obtention d’un diplôme de bonne conduite. Oui, ça surprend hein. Juste avant que la blonde ne se fasse discrète à essayer en vain de sauver la Barrique d’un alcoolisme destructeur, elle avait appris en Bourgogne qu’Eusaias était le père de Griotte. Le monde est petit, et le bourguignon n’en rate pas une. Pote certes, m’enfin pas pour autant que la blonde adhère dans l’accumulation des illégitimes, faut le vouloir quand même. A sa place, elle aurait étouffé l'affaire et puis c'est tout. Ce ne sont que des mômes, mer
de! Et pour féliciter la gosse du fait qu'elle soit devenue une Blanc Combaz, il n'a pas trouvé mieux que de transformer la fille de catin en femme de société. Encore une idée saugrenue. C’est vrai quoi.. La blonde n’en faisait pas une future femme parfaite lorsqu’elle l’avait entouré de bras cassés Fauchards? Voyez bien qu’il faut qu’elle se console avec ce qu’elle a Paillasse. Pis en temps et en heure, elle saura ce qu'il en est devenu de toute cette fortune.
Ça brille les pièces, encore plus qu’un Trône Royal entouré de pots de chambre.


« Vrouuuuuuuuuuuuuuum.. » Ça c’est le bruit du pigeon toutes ailes dehors. De rares espèces qui volent aussi bien que les goélands. Attention à l’atterrissage.. PAF! En plein dans le mile pendant qu’elle prend le soleil là, dans la cambrousse guyennaise, cul posé sur son fameux Trône que Paillasse ne lâche plus d’une semelle.

« Couic! » Ça c’est le bruit d’un oiseau qui crève. Et c’est pour toutes les espèces la même chose. La blonde ne s’en lasse jamais. Surtout quand elle est assise sur son trône préfé..blablablablabla..

Un saut du siège, une embarcation déséquilibrée sur son Palo quadrupède, en route pour Montauban, le début des emmerdes. Miam..

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Gnia
[Montauban - L'Alabrena]


Et alorrr 'suite, les miniciens y z'ont trouvé le voleur et pi l'ont tapé crô fort ! Tout les gens y criaient ! Hourra ! Hourra !

Et la gamine de battre des mains et de pousser des cris en décrivant à sa mère le spectacle de marionnettes qu'elle avait vu en compagnie de sa nourrice au gré d'une ballade dans Montauban. La Saint Just écoutait le babillage de sa fille d'une oreille distraite, le visage se crispant imperceptiblement lorsque la jeune enfant piaillait trop fort.

Habitude prise depuis quelques mois, Sa Grandeur recevait dans ses appartements quelques instants avant le coucher ses deux enfants et leurs nourrices. La jeune Niria tranchant résolument par son bavardage incessant avec le calme qui émanait du nourrisson emmailloté qui ne quittait pas le giron de sa grasse nourrice.
Toutefois, ce soir là, Agnès attendait encore quelques instants avant de couper court à cette visite qui aggravait dangereusement une nervosité croissante qui ne la lâchait pas depuis quelques semaines. Ses doigts nerveux trituraient le tissu de sa robe tandis qu'elle remuait intérieurement quelques sombres pensées. L'une des domestiques en charge de la descendance comtale eut tôt fait de se rendre compte que sa maîtresse ne s'intéressait guère à la volubile fillette pas plus qu'elle ne s'était enquise ce soir là de la santé de son enfant mâle qui était venu au monde si chétif.
Enfin, la petite troupe s'égaya et quitta la vaste chambrée.


Et commencèrent alors à s'égrener les heures sombres de la nuit, les plus difficiles pour Son Insomniaque Grandeur qu'un subi repentir avait privé de toutes drogue propre à amener un sommeil lourd et sans rêve.

A la lueur d'un calel, la plume crissait sur le vélin, musique de fond parfois ponctuée d'un soupir las et de quelques marmonnements insatisfaits.
penchée sur son écritoire, Agnès tentait de rédiger un réquisitoire dans une affaire qui l'avait vue être nommée procureur et elle n'avait que trop repoussé l'achèvement pénible d'un procès qui l'ennuyait.

_________________
Kar1
* Dis donc Gégère, C’est bien d’accepter tout c’qui te tombe sur la tronche. Un peu d’tune fait pas d’mal, pis t’pourras boire pour deux, tout ça.. Mais.. *
« Mmmh..? »
* T’m’expliques comment tu vas t’y prendre? *
« Comment que j’vais m’y prendre de quoi? »
Le temps qu’elle réalise..
« Burrich t’m’emmerdes.. Faut t’jours que tu m’sous-estim..! »

Sous l’impulsion, la blonde donna un grand coup de pied sur les flancs de son canasson qui tirait une charrette à la toiture décomposée avec l’âge. Forcément, surpris, le cheval démuni l’embarqua sans demander son bout de gras. Pis Palo n’est pas Canasson le Vrai, le Simple, celui qui connait les moindres caprices de la blonde, celui qui préfère bouffer l’herbe grasse plutôt que d’écouter celle-ci se plaindre à propos de la pluie et du beau temps. Typique. Il n’avait aucun effort à faire et la blonde se cassait quand même la tronche. Il aimait à la regarde d’un œil torve histoire de dire « j’ai gagné, comme à chaque fois! » Et quand il était temps de se redresser pour remettre de l’ordre à ses jupons comme si de rien n’était, elle ne comprenait pas pourquoi un sourire au coin des lèvres pulpeuses de ce dernier était toujours visible. Depuis quand ça sourit un cheval! Résultat, cette fois là c’est aussi les quatre fers en l’air qu’elle se retrouva au sol. Palo avait fait un départ en quatrième vitesse en direction de la grand-rue de la capitale guyennaise. Un virage, pas le temps d’arriver au deuxième que la blonde chuta comme jamais tenant toujours les rênes de sa monture. Le dos s’éclata contre les pavés, la main qui n’en démordit pas, obligeant le tas de poils brillants à s’arrêter aussi sec. Un coup de mort dans les dents, c’est douloureux mais la blonde n’en a cure pour le moment. C’est sa main qui saigne contre le cuir de son guidon qui l’emmerde.

Elle se plaint puis..

Regard à droite, puis à gauche. Le rose lui monte aux joues pendant qu’une main retire la mèche collée au nez humide. La honte. Ca commence déjà à jaser dans le centre ville de Montauban. Les vieillards assis devant les bicoques s’empressent de faire tourner la nouvelle à qui veut bien l’entendre. Ca chuchote, ça piaille, ça rit aussi, pas mieux que des gosses. On s’emmerde facilement quand on vieillit, alors tout est matière à pavoiser. Tout ça juste pour le plaisir des yeux, ou des oreilles, ou simplement pour le plaisir tout court. En gros, tout ça pour dire que son arrivée s’est faite de manière fracassante et qu’il va falloir agir vite avant que les habitants ne sachent qui se cache derrière une chute aussi rocambolesque et pourquoi une Paillasse se trouve en ville. Ce n’est jamais de bon augure.

Mais.. Qui peut lutter contre le pouvoir des bêtes?


« On a une dingue en ville! Enfin un peu d’action.. »
* Ouai.. t’as l’air fine. *
« J’aurais bien aimé t’y voir tiens. »

Mais..
L’est mort lui. Ca fait plusieurs mois en plus. Qu’elle parle toute seule, à la rigueur ça pourrait paraitre à peu près normal, m’enfin qu’elle entende son défunt d’homme, ça c’est une grande nouvelle. Et ce n’est pas en sentant sa présence autour d’elle qu’il va réapparaitre comme par magie. L’est bien mort et enterré. Comme tous les autres d’ailleurs. On pensait qu’à force, la blonde se rendrait à l’évidence. C’est toujours l’hécatombe autour d’elle. Ca dur un temps, quelques mois de « pur » bonheur parfois, mais y crèvent tous. Comme s’ils mourraient de fatigue à force. Paillasse avait même décidé de ne pas se morfondre après la perte de son acolyte. L’est devenue muette, ça suffisait. Après tout, ça ne regardait personne et Karine n’avait pas vraiment envie de rentrer dans les détails. L’est mort, c’est triste, et puis c’est tout.

Donc, tête haute du genre « Ouai ouai, s'est rien passé, pourquoi qu'vous vous marrez d'abord? Suis t'jours la Reine des Reines.. J'ai un trône dans mon bazar moi, et pas vous! » Karine s’avança charrette au pas, essayant d’oublier sa mésaventure. Il est temps de trouver le Domaine de la Saint Just. Mais.. Parce que oui, ya encore un mais, l'opération aura quelques heures de retard.


« Groumpf.. Et dire qu'c'est ma mère. »
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Louise.
Courir, ce qu'elle avait fait une partie de la nuit. Courir à en perdre haleine, à en perdre la raison. Courir comme jamais. C'est tellement bon. Tellement excitant pour une gamine assoiffée d'aventures. En pleine cambrousse. La nuit tombe à peine, un air glacial qui s'empare de votre visage, cette sensation de ne plus rien ressentir. Ces joues si fraîches qu'elles en deviennent indolores. Léthargie. Le reste, c'est du ressort de la caboche de Louise. Comme quoi, 'suffit d'un rien. Une vie monotone à laquelle on rajoute des regrets, forcément qu'elle veut y joindre du piquant, la môme, quitte à tout inventer. Après tout, qui le saura ? Personne, pour sûr.
Et de s'imaginer une poursuite. Poursuivie, poursuivante ? A la recherche d'un trésor, un ours à l'appétit.. Ben à l'appétit d'ours, tiens. Ou encore un bougre convoitant ce qui fait d'Louise une pucelle ? Peu importe, il faut courir.

Ainsi va. Dingue ce qu'un enfant peut se monter la tête en si peu. Les cheveux voletent, les jambes s'activent comme jamais, elle a l'impression d'aller vite, de voler, le paysage défile sans qu'elle n'y prête attention aucune. Un aigle qui fend l'air! C'est beau un aigle, en plus c'est grand. Tout Louise. Boum boum boum. Son petit cœur qui s'accélère, les battements mènent la cadence, résonnent dans sa tête. A en perdre la raison. Raison qui fut abandonnée dés lors qu'elle commença à courir, r'marquerez. Tout ça à cause d'une cambrousse, d'une obscurité prochaine et d'un vent banal. Esprit enfantin, quand tu nous tiens. Encore, encore, t'entends ? Plus vite! L'air manque, la respiration devient saccadée, difficile. Sans compter les chutes. Et quelles chutes! Elle tombe, les genoux morflent à travers le fin tissus des vieilles braies. Mais se relever, encore et toujours. C'est pas le plus compliqué, ça. Fastoche, même. Non, le plus difficile, c'est de rester coupée de la réalité. Se maintenir dans cet état euphorique. C'est voir l'étincellement du trésor quand il n'y a que poussière. Deviner l'ombre malfaisante d'un homme suivre ses pas, quand il n'y a qu'elle. Qu'elle ? A vrai dire il lui arrive de croiser des personnes, des voyageurs sans doute, des voyageurs qui peuvent apercevoir cette gamine courir. Pour chacun, conclusion est que la gamine doit avoir la mort aux trousses.

La mort aux trousses tandis qu'elle court la vie.

...

Enfin, le moment de distinguer les premières bâtisses arrive lentement. Et fort heureusement, parce qu'elle fait moins la maligne la Louisette. Les pieds rasent le sol, elle ne court plus, elle se traîne. Les yeux sont gardés difficilement ouverts, à l'affût qu'elle est la jeunette. A la recherche d'un trésor bien concret cette fois-ci : Un coin pour dormir. Peu importe où, peu importe si c'est contre un vieil ivrogne qui dégobille ses boyaux, tant qu'elle peut s'y coucher. Puis un ivrogne, sûr que ça doit tenir chaud!
Les rues sont silencieuses, seules quelques fenêtres restent éclairées. Les tavernes, sans doute. Même pas envie d'une binouze, c'est dire à quel point la fatigue l'habite. La fatigue, oui.. Crevée qu'elle est. Là-bas, ça a l'air d'un endroit pour dormir, le genre d'endroit qu'on ne choisit qu'en étant franchement épuisé. Incongru, mais à l'abri du vent. Pas l'moment de faire la difficile, toute façon l'a pas un rond en poche. Aussitôt pensé, la voici couchée en chien de fusil, les pensées dirigées vers.. Pas le temps, elle dort.

Bam badaboum boum bam crac.

Fracas, le genre de fracas qui ne passe pas inaperçu. Et qui réveille, forcément.

Un sursaut, presque qu'elle atterri sur ses pieds même. Mais non, c'est le fessier qui trinque. Elle l'a mauvaise, les yeux tout collés, la bouche de travers et le nez froncé. A qui la faute ?
Une charrette! Pas inconnue au bataillon la charrette, elle l'a reconnaitrait entre mille. Cette charrette sur quoi il suffit de diriger un regard pour savoir qu'elle a enchainé les trajets longs et moins longs.

Groumpf, et dire que c'est ma mère.

La phrase est prononcée sans prendre vraiment conscience de ce qu'elle signifie. La faute au réveil brutal. Et puis vient la prise de conscience : Sa mère. M.erde, sa mère ! Et de filer rattraper la charrette qui file lentement, ni vu ni connu.

Ma mère ? Kariiiine! C'est toooooi! Han ! Qu'est c'tu fais là! Et j'dormais pis t'm'as réveillé! Groumpf!


Ben ouais, elle ne lui sautera pas dans les bras, l'oublie pas que si elle a des mèches de cheveux plus courtes que les autres, c'est de sa faute.

Retrouvailles mère - fille. C'est pas si terrible que ça. La rancune est toujours présente.. Mais la blonde a un argument du tonnerre. Une truc à régler, une histoire de vengeance. A en faire écarquiller les yeux de la gamine d'intérêt. Ni une ni deux, qu'elle saute aux cotés de sa mère. Comme au bon vieux temps. Elle ne lui dira pas, mais le soupir qui vient de s'échapper de ses lèvres, là, à l'instant. C'est un soupir d'aise.. Comme au bon vieux temps..

En rouuute pour le domaine de l'Alabrena! Et vite fait, parce que partir dans la même charette dont la conductrice a giclé quelques instants auparavant, y'a pas à dire, c'est la hoooonte!
Kar1
[C’est plus le cheval qui fait un écart, mais bien la blonde.]


« Ma mère ? Kariiiine! C'est toooooi! Han ! Qu'est c'tu fais là! Et j'dormais pis t'm'as réveillé! Groumpf! »

Un saut de gazelle fend l’air sur le coté de la charrette. Les jupons virevoltent, elle avait encore oublié de les changer contre son sobre uniforme. Celui que Paillasse ne passait que pour de grandes occasions. Cette tenue était agencée pour que la blonde passe inaperçue dans toutes les situations. Celle-ci était composée de braies peu bouffantes, d’un chapeau pour maintenir sa chevelure et de bottes montantes servant à franchir les chemins difficiles. A vrai dire, ces grandes occasions étaient continuelles à l’époque des Fauchards. Ce temps avait obligé la blonde à régir toute une équipe. Elle était transformée. Vêtue de frusques préservées, son visage devenait plus rigide, plus carré et même plus stricte. Ça ne lui ressemblait pas et pourtant, sa tignasse était la dernière à avoir lutté contre une vie trop proprette. La seule solution plausible aurait été de couper le tout d’un grand coup de cisaille.

Couper était le sort que Karine avait infligé à sa propre gosse lorsqu’elle avait désobéit aux règles de la Compagnie. Après cette légère -légère?- mésaventure, Louise ne s’était d'ailleurs pas attardée à filer à l’anglaise. Goût amer au fond de la gorge, sentiment de trahison. Karine était une horrible mère pour certains et/ou une aïeule de substitution irresponsable pour d’autres. C’est pareil en fait. Il en courait de belles sur la manière dont elle éduquait sa fille. Même la Barrique n’y comprenait pas grand-chose. Perdu au milieu de ces deux femmes, il avait éloigné la fille de sa mère et réciproquement. Parfois trop stricte, on la soupçonnait d’être encore plus laxiste. Peut être était-ce une de ses plus grandes tares. Il n’a jamais été facile d’éduquer sa propre progéniture. La blonde avait toujours pris ce rôle comme une plaie. Et pourtant, Louisette et sa mère trouvaient toujours un terrain d’entente. Leur rencontre inopinée les avait infiniment embarquée dans la même pirogue et Karine avait compris qu’il ne fallait jamais poser trop de questions. Louise disparaissait pendant des lustres, et alors. Cette dernière se confiait quand elle en avait besoin, et Karine était toujours là pour tendre une oreille sereine et attentive. Paillasse l’avait rencontré sauvage, il n’a jamais été question d’en changer.

Au final, on aurait pu croire que leurs retrouvailles inattendues allaient être des plus mouvementées. Les reproches s’étaient révélés subsistants depuis des mois et ce des deux cotés. Mais chacune avait compris qu’il arrivait au silence d’être d’or. Ce jour là, la blonde ne repartit pas seule de Montauban et le sourire chaleureux affiché sur le visage de cette dernière illustrait parfaitement à quel point Louise avait toute sa place à ses cotés. La seule désapprobation que Paillasse se permis d’émettre concernait la condition de sa fille. Bien trop maigrichonne au gout de la blonde, son bras se tendit alors que Louise montait dans la charrette. Il indiquait la réserve de nourriture installée comme toujours à l’intérieur du véhicule.


« Prends ce que tu souhaites, ya d’quoi faire. »

Et c’est comme au bon vieux temps qu’elles partirent ensembles de Montauban. Karine lui tendit les rênes sans trop hésiter pensant avec certitude que Louise apprécierait ouvrir la marche et tenir le guidon. Le voyage jusqu’au Domaine fut ponctué d'explications des plus extravagantes. Paillasse avait fini par capituler visiblement mauvaise conteuse et sortit la lettre de Griotte. Elle la lut d’une traite sur un ton que seul Louise pouvait entendre. Les murs ont des oreilles pourquoi pas les fourrés?

« Tu savais que les bâtisses de ce genre avaient des sous terrains? »
Elle montrait le Manoir du doigt alors que l’on n’y voyait que la toiture, pourquoi pas faire un cours d'architecture simpliste au passage. Tant qu'on y est.
« Et bien on va en avoir l’cœur net aujourd’hui ma fille. »

La prochaine étape consistait à épier les allées et venues de ceux qui s’affairaient à leurs tâches difficiles. Il était primordial pour la mère et sa fille d’être les plus discrètes possible. C’est pour cette raison que la charrette avait été laissée bien loin de l’entrée de l’Alabrena. Et c'est ainsi qu'après plusieurs heures de flâneries peu méritées, temps où la blonde avait eu le cœur à apprendre la pêche à sa fille, les yeux grisants se rivèrent sur quelqu’un en particulier.

« Lui là.. Tu l’vois? Ca fait trois fois qu’il entre. A la prochaine, on l’chope! »
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Matalena
Un des privilèges qu'offre la noblesse est celui de pouvoir, par un simple regard et quelques ordres donnés, mettre toute une maisonnée au diapason de son humeur. L'ambiance était donc morose et appliquée parmi les gens de la noble dame, les couloirs des étages raisonnant des chuchotements de vaisselle et d'outils bien plus que de rires de servantes. En sortant de la petite chambre qui, au fil du temps, semblait devenue sienne par un accord tacite, la réformée se sentait étrangement bien disposée... Sans faire le lien sans doute avec son austérité naturelle qui trouvait un écho réconfortant dans la tranquillité studieuse de céans.

La Saint Just ne l'avait pas fait mander. Elle se permit néanmoins de forcer l'entrée de sa retraite, s'appuyant dans l'encadrement de la porte avec cette impertinente nonchalance qui ne se dévoilait que lorsque les deux femmes se retrouvaient seules, confiantes dans leur discrétion mutuelle. Habituée de sa placide présence, la femme ne releva pas immédiatement le nez de son courrier, au prise avec quelques tortueux délié qui lui donnait du fil à retordre. Par un vitrail délicat dissimulant habilement la fonction première de cette meurtrière, la lumière du soleil en fin de course dessinait des motifs colorés sur les draps clairs de la couche.
La Languedocienne pris place dans un de ses fauteuils moelleux qui vouaient son âme au péché de paresse, déployant sur ses genoux un exemplaire du Livre des Vertus. La couverture écornée, au cuir plissé d'un complexe réseau de rides, en dévoilait la pratique assidue. Parfois les mots deviennent superflues, et en user à tord les vides de leur substance. Une simple présence.

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--Seraphin.


Le Seraphin n’était pas en grande forme depuis quelques jours.
Sa femme attendait un nouveau rejeton, un sixième gosse.
Ce bon serviteur ne s’inquiétait pas de savoir comment il allait nourrir cette nouvelle vie. La Saint-Just n’était pas avare et payait correctement le personnel. Mais il s’inquiétait pour sa femme qui était bien faible.
C’est qu’elle était plus toute jeune et qu’il y avait fort à faire à la maison.
Il voulait lui dire de se reposer mais qui s’occuperait des terres pendant ce temps ? Lui ne pouvait pas se permettre de quitter le service de la Noble Dame. Il se priverait d’une source de revenu nécessaire à la survie de sa famille.
Et les enfants étaient trop jeunes pour gérer seul leur petit lopin de terre.

Et il était surtout inquiet de voir disparaître sa moitié.
Jusqu’à ce jour il aimait se venter de la vitalité de son épouse qui lui avait offert de beaux rejetons : seulement deux étaient mort de maladie durant de rudes hivers.
Il l’aimait sa petite femme…

C’est donc la mine sombre et le regard fatigué, qu’il exécutait son travail ce matin.
Il devait ranger dans la réserve des tonneaux de vin puis viendrait l’heure de préparer le repas.
Il ne réalisa pas qu’il était observé. Ses mouvements se faisaient mécaniquement alors qu’il était plongé dans de sombres pensées.

Alors quand des furies tentèrent de l’attraper, il n’eut pas le temps de réagir qu’il sentait déjà une lame posée sur son flanc.
Le Seraphin ne pouvait pas mourir aujourd’hui et laisser seul une épouse mal allante et des enfants bien trop jeunes pour se débrouiller seuls.
Ils savaient que s’il venait à disparaître, sa famille connaîtrait sûrement la famine et ses gamins devraient vendre des services au plus offrant.


- M’faites pas de mal, s’il vous plait…
Mais que comptait la vie d’un pauvre serviteur pour des brigands ?
- Si c’est la faim qui vous amène je peux vous faire un peu de soupe… et après vous passerez votre chemin.. je tiendrai ma langue.

Beaucoup d’hommes et de femmes souffraient de la pauvreté sur les routes de France. Et non sans raison, il imaginait qu’une bonne soupe pourrait apaiser ces deux là.
Kar1
« Y parle trop. »

Un regard vers sa fille puis les yeux se dirigent vers la jugulaire offerte. L’avant bras se colle à l’encolure pour plus de maitrise sentant le cœur du commis vibrer de manière incessante. Une lame fermement collée contre le flanc de la victime, Karine l’embarque dans les fourrés où mère et fille s’étaient cachées juste avant l’attaque. Elle apprécie la peur qu’un corps peut dégager car il ne ment jamais et jusque ici, ça lui a toujours titillé les papilles, c’est électrique.

« On l’assomme. »

Un sourire se pointe alors sur les lèvres de la blonde. En d’autres temps, d’autres lieux, elle l’aurait fait. Il y a toujours matière à effrayer, et Karine jubile. Dommage que le Séraphin ne puisse pas le voir mais son corps parle une fois de plus. Il n’est pas téméraire et c’est tant mieux.

« Ouai tu ferais mieux de te taire grand benêt. Pis j’ai pas faim moi, on a bien graillé. »

Elle comprend vite la Louise, et c’est toujours un plaisir de faire affaire avec sa progéniture. Tout le monde ne sera peut être pas d’accord parce que ce n’est encore qu’une gosse, mais bientôt Louise sera majeure, et la blonde insiste sur le fait qu’il faille lui apprendre tout ce qu’elle sait. Anticiper chaque geste, s’assurer que la situation est bien en main pour que rien ne leur échappe.

« Prends un bout d’ta jupette Louise, faut l’immobiliser. Y serait prêt à se prendre pour plus fort qu’il n’est, j'connais ces gaillards. »

A l’aide d’une main enfantine, le bout de tissu se déchire sous les ordres de la mère et s’insère ensuite entre les poignets du futur complice. La blonde cale sa dague entre les dents serre les liens le plus fortement possible et ainsi évite quelconque échappatoire. Il ne le sait pas encore, mais il permettra à Karine et sa fille de mettre leur plan à exécution. Dans un manoir comme celui-ci, il est primordial de faire appel à un tiers, quitte à le menacer de tous les maux car c’est jusqu’ici le seul moyen pour elles de pénétrer les lieux sans se faire remarquer.

« Tu fais le malin, j’te zigouille. Ma hache ne demande que ça. »

C’est ainsi que mère et fille attendirent la tombée de la nuit, heure où les poules s’endorment jusqu’au petit matin. Le manteau de nuit tarde à venir, mais lorsque c’est chose faite, il ne reste plus qu’à agir. Le Commis savait ce qu’il avait à faire, il savait aussi que s’il faisait un faux pas, c’était la mort assurée. La blonde avait été suffisamment clair là-dessus, et elle n’a qu’une parole.

Le silence était leur signal à tous. Ils sortirent de derrière la haie qui avait été leur repaire une bonne partie de la journée et le commis, penaud, les menèrent jusqu’à la porte enfouie sous des tonnes de branchages menant aux sous terrains du domaine.

_________________
--Seraphin.


« Tu fais le malin, j’te zigouille. Ma hache ne demande que ça. »

Les mots raisonnèrent à l'infini dans la petite tête du Seraphin.
Mourir.. il n'en avait pas le droit.. il ne pouvait pas.

Pourtant il crevait de trouille le pauvre homme, immobilisé par les deux femmes.
Il se sentait trembler, il suait comme un porc qu'on mène à l'abattoir.
L'aurait voulu fuir... mais les liens l'attachaient.
Elles avaient serré fort. Le tissus lui cillait la peau, lui coupait la circulation du sang.

Alors, de dépit, par espoir, il pria le Trés Haut.
Qu'il me vienne en aide! Qu'il veille sur ma famille.

La nuit tomba. Il sentit les deux brigandes bouger.
Elles le relevèrent, lui tituba... puis sentant un couteau dans ses reins il se concentra pour ne pas chuter.

Il savait qu'il n'avait pas le choix le Seraphin.
Sûrement que les deux donzelles venaient voler le château.
Il les guida jusqu'à une entrée dissimulée derrière des buissons.
Une porte volée qui menait directement au sous sol de la demeure.

Lui y passait souvent : c'était là qu'on entreposait les réserves de nourriture et le vin. Mais c'était aussi, dans une pièce attenante à cette ruelle, ici, que le soir, les employés se retrouvaient parfois pour une partie de carte où l'on pariait quelques sous et pour manger la moindre.

Le Commis espérait ainsi croiser du monde où qu'on les entendrait.

La petite troupe marchait silencieusement et pénétra dans la maison.
Pas un bruit.
A peine le *ploc ploc* de l’humidité qui goûte dans un bol.
Ils croisèrent un chat.
Mais les employés dormaient, ou cuvaient leur vin.
Le Seraphin se sentait nauséeux. Il se demandait comment il allait éviter le pire pour sa maîtresse tout en gardant la vie.
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