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[RP] Bicoque de Kaelig Mahena - 3, rue Saint-Nicolaïde

Max_premier


14 mars

Il avait croisé sa fillotte à la maréchaussée, l'air des mauvais jours, lui annonçant son absence future pour un voyage, en précisant qu'elle avait besoin de prendre l'air ; pour oublier à ce qu'elle lui dit certaines choses dont il n'avait rien vu venir apparemment, faites ou dîtes par son ami Bradwen, l'heureux fiancé depuis quelques temps. Il voulait avant qu'elle ne parte essayer de voir ce qu'il pouvait faire, en tant que son parrain déjà mais surtout parce qu'il les aimait tous les deux et ne comprenait pas ce qui c'était passé.

Boîtant et se tenant un peu le dos, des cicatrices visibles et d'autres invisibles cachées par ses vêtements (voir l'épisode aux remparts pour comprendre) le voilà qui vient pendant son tour de garde toquer à la porte de Kaelig.


Kaelig !!!! Tu es là ? C'est parrain Max... T'es pas partie au moins sans me faire un bisou hein ?
Il toque à la porte, espérant n'être pas arrivé trop tard...
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Kaelig


J - 0

La donzelle s'était levée de bonne heure afin de poser son rapport sur le bureau de son Prévôt à dorer. Ceci fait, elle s'était recouchée. La paysanne avait passé une soirée tardive à nettoyer le bureau municipal dans son entièreté. Elle souhaitait que tout soit tintant pour l'arrivée de son successeur. Chose faite, elle n'avait tardé à s'endormir. Du moins, le croyait-elle. Dans un semi-sommeil, la blondinette s'était retournée à plusieurs reprises sur sa couche. Ses rêves avaient été des plus tortueux et sa tignasse s'était emmêlée en un point de presque non-retour. L'ex mairesse n'avait plus l'habitude de dormir seule. Sa paillasse lui paraissait bien froide, bien dure, bien grande pour elle seule. Recroquevillée sur elle-même, les larmes avaient balafrés son visage la nuit entière. Ses mains s'étaient serrées à l'extrême sur le tissu nocturne alors que des rides de tristesse s'étaient baladées au gré de l'éclat étoilé perçant au travers de son unique fenêtre. Elle manquait de sommeil et le diacre ne l'aidait guère. La jeune femme en manquait tant qu'elle se prenait à rire seule de nervosité, à en pleurer. La folie la guettait, il était temps de réagir.

Kaelig s'était forcé à se lever, tardivement. Elle avait ensuite glissé sa houppelande blanche par-dessus de solides et chaudes couches d'affublement. Achevant sa tenue vestimentaire, elle avait enfilé ses bottes de cuir à la couleur aussi sombre que son cuer. C'était ainsi. Son bouclier était posé au coin de la cheminée, ainsi que sa nouvelle claymore. Elle emporterait cette dernière au dernier moment. Inutile de s'encombrer d'une autre lourde protection. Son éternelle besace de cuir était presque prête : quelques morceaux de viande séchée, une gourdasse d'hypocras, des miches de pain encore croquantes des fourneaux matinaux, une plume d'oie, de l'encre, quelques vélins de qualité et... Lasse, elle arpenta la pièce afin d'apercevoir LA chose manquante à son voyage. Rien de marquant. Posés sur le lit, les deux pendentifs offerts de Bradwen, ainsi que quelques croquis noirâtres. Sa gorge se serra à la vue de ces objets. La charpentière préférait ne point les emporter. Elle reviendrait pour les élections comtales de toute manière. En attendant, la prise d'air était primordiale. Partir loin. Le plus loin possible. Inconsciemment, une main se déplaça vers sa gorge. Nul anneau d'or. Nul chaîne en or. Elle avait presque oublié qu'elle avait arraché sa promesse de vie en même temps que sa peine coléreuse. Ses doigts fins s'attardèrent un moment pour descendre lentement. Sa gorge devenait de plus en plus sèche, ses mirettes devenaient tout aussi arides. La lettre d'adieu à l'être aimé avait été envoyée. Ne plus penser...

Quelques pas et voilà que la donzelle empoigne une bouteille de calva , récemment offerte, pour verser quelques gouttelettes dans un de ses godets rustiques posés sur le dessus de la cheminée éteinte. La température s'était radoucie ces derniers jours. Les premiers bourgeons pointaient le bout de leurs feuilles. Les hirondelles allaient bientôt picorer du bout de leur bec. Une blonde était presque prête à partir. Cul sec! Le liquide attaque rapidement ses entrailles. Un deuxième verre s'enchaine. Un troisième?

Elle est interrompue par une frappe sèche mais douce à sa porte. Ouvrir? Point ouvrir? La tentation est haute de ne point donner signe de vie. Lorsqu'elle entend la voix de son parrain, l'hésitation s'envole. La blondinette pose le verre, ainsi que la bouteille. Une porte s'ouvre sur une légumière cernée, négligée, à l'haleine chargée. Elle s'en moque. Elle sourit doucement à Max pour s'en détourner et revenir farfouiller dans sa besace de cuir. Le temps passe, les minutes filent. La paysanne doit se dépêcher.

Entre Max, fais comme chez toi.

Sa voix est faiblarde, elle manque d'assurance. La nuit mouvementée ainsi que ces derniers jours de douleur ont été des faits marquants sur le corps de la mairesse sortante de Montmirail.
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Max_premier
Chez lui ? Chez lui, il ne connaissait même pas la maison de sa filleule en fait, la retrouvant toujours au travail en mairie, ou bien à l'église ou même encore sur le marché toujours à courir à vouloir donner aux autres plus de temps qu'elle n'avait et du coup, il n'avait jamais pensé à s'imposer plus à elle, en venant lui rendre visite, estimant que le peu de temps qu'elle prenait pour elle, chez elle, devait être privé.

Elle le salue, se détourne vite mais il a eu le temps de voir son visage aux joues pâles creusées, aux yeux rougis dans des paupières gonflées par les pleurs. Il ne dira rien, ce n'est pas à lui de juger, il veut simplement savoir ce qu'elle voudra bien lui dire, pour essayer de soulager sa peine, pour calmer son coeur meurtri. Son métier de soignant lui a appris la patiente et l'écoute et c'était déjà un premier remède.


Merci fillotte, je suis content de ne pas t'avoir laissé partir sans te faire une dernière bise tout de même... Il regarde le verre posé et le flacon...

Hum, tu avais soif et froid pour boire de si bon matin ? J'espère au moins que c'est de la qualité... Tu m'en offres un petit verre ? Tu as quelques minutes à me consacrer avant de partir, juste comme cela.. entre parrain et filleule. Il lui sourit, espérant obtenir ce moment qui lui témoignerait son envie de lui en dire un petit peu plus, afin qu'il fasse son rôle de protecteur... celui qu'il avait accepté par le baptême de Kaelig.

Pour l'obliger à se poser un peu, il fait le tour du propriétaire des yeux et voit une chaise où il s'installe.
Tu es bien installée, c'est sobre mais facile d'entretien. Toi qui a travaillé jusqu'à point d'heure, c'est ce qu'il te faut. D'ici quelques temps quelques fleurs à droite et à gauche et ce sera parfait...

Elle le sert sans dire un mot encore puis vient s'installer face à lui tranquillement. Merci... Alors dis moi... tu veux prendre l'air c'est cela, le bon air alors pour que tu reviennes en pleine forme d'accord ? Et dans toutes tes formes euh je veux dire comme tu es aimée enfin.. tu me comprends hein ? Il la regarde et lui sourit, elle pose sa main sur la sienne, il la laisse faire, attrape ses doigts qu'il sert un peu pour l'aider et elle se met à lui raconter une bonne partie de l'histoire, incroyable, surprenante.

Il lui pose quelques questions simples, sans vouloir être indiscret mais il a besoin de savoir, plus elle lui raconte, plus il se dit que c'est vraiment dommage mais il comprend bien sa grande tristesse, son incompréhension, il connait Bradwen et sait bien combien il peut être un peu dur sur certains aspects d'autres auraient dit borné mais il n'avait pas osé dire cela, c'était son ami.


Une fois l'histoire posée, il la regarde intensément... Dis moi ma fillotte, au fond de ton cœur, vraiment... tu l'aimes toujours n'est-ce pas ? Elle joue avec ses mains, il ressert légèrement son étreinte et elle lui avoue tout ce qu'elle a sur le coeur.

Très bien... Je vais maintenant te faire promettre quelque chose d'accord ? Tu devras m'écrire, que je sache où tu es, que je puisse venir te rechercher par la peau des ... enfin au plus vite si j'estime que t'es partie trop longtemps et surtout de prendre soin de toi. Je vais voir ce que je peux faire, j'ai une petite idée mais j'ai surtout une crainte et faut que je fasse vite.

Si je n'étais pas Chef Maréchal et surtout je ne voudrai pas en ce moment délaisser enfin tu sais, ton parrain est à nouveau,
il ne voulait pas prononcer le mot, n'ayant pas eu de confirmation que ce soit partagé de la même manière, j'ai le coeur qui bat à nouveau la chamade et donc, ce n'est pas le moment tu me comprends ?

Elle le taquina, il la vit à nouveau sourire et c'était un réconfort. Ses efforts pour le moment étaient appréciés et montraient quelques résultats... Il espérait qu'elle profiterait de cette séparation pour confirmer ce qu'elle lui avait avoué. Il se leva, il ne voulait pas qu'elle se sente piégée, lui fit une belle bise qui claque sur chacune de ses joues.

Ma fillotte prend bien soin de toi et profites de ce voyage pour te remettre en état, je compte sur toi... j'ai besoin de toi ici, nous, avons besoin de toi.
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Kaelig
La bicoque de Kaelig était simple, en effet. Elle passait le plus clair de son temps au trois, chemin de Melleray. La blondinette n'en avait donc cure d'entretenir et de bonifier une tanière dans laquelle elle n'y passait que pour recevoir, emporter des affaires et rarement y dormir. L'ex-mairesse se sentait aussi démunie que ses murs.

Max... il se donne moult peine pour braver son ravin cerné, pour la rassurer, pour la protéger. Dès le début, il l'a pris sous son aile. Une once de confiance, des conseils avisés dans le creux de l'esgourde, une danse (é)veillée, quelques sourires amicaux se transformant en rires familiaux. C'était son parrain de cuer comme de conviction. Son protecteur. La paysanne se sentait comme une petite fille avec lui. Non pas de par la taille puisqu'il n'y faisait aucun doute. Mais par ses sentiments. Plus que de l'amitié. Moins que de l'amour. C'est cela qu'elle avait cherché à faire comprendre à son diacre. En vain...

L'inquisiteur aux bonnes intentions toise la décoration environnante. La blonde sourit dans ses carottes. Il ne la voit pas. Deux godets de calva se posent devant les parlotes. Il lui pose question sur question. Elle répond, calmement. Ses émeraudes sont pleines de sentiments, pourtant aucune larme ne déborde. La jeune femme sent l'envie irrésistible d'un contact rassurant. Elle le lâche du regard pour faire glisser son index dans la paume de l'artisan boulanger, distraitement. Kaelig y voit une autre paluche que celle de Max. Fermement, elle la serre dans la sienne, comme si des gouttes salées tendaient à revenir à la surface.

Ne pars pas Max. Ne me lâche pas comme Bradwen l'a fait...

Une lueur étoilée apparaît dans son regard clair, pour disparaître instantanément. La tristesse prend le dessus.

Je l'ai aimé, je l'aime et je l'aimerais toujours...

La blonde lui promet de lui écrire un vélin chaque soir. Elle laisse échapper un sourire de soulagement, il change de sujet. Son parrain a les mirettes brillantes lorsqu'il parle d'Elle. La charpentière se sent plus légère de l'entendre ainsi parler. Il lui permet d'aérer ses pensées. Le chef maréchal écarte deux, trois araignées entravant une raison joviale. La toile est collante pourtant. Son balais doit être des plus efficaces. Alors que son ami dépose des lèvres claquantes sur ses joues pâles, la légumière en profite pour le serrer dans ses bras. Longuement. Elle ne veut le lâcher. Elle a presque peur du retour à la réalité, du moment où elle se retrouvera seule avec ses pensées et sa besace de voyage.

" J'ai besoin de toi ici...
Nous avons besoin de toi... "


Toi, prends soin de toi. Prends soin d'elle...

L'amie lui sourit comme elle ne l'a jamais fait. Un sourire de présence, de remerciement. Un sourire ensoleillé. Un sourire d'au revoir...
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Max_premier
Bien sûr qu'il allait prendre soin d'Elle, il y comptait bien d'ailleurs à l'instant présent, en y pensant, elle commençait à lui manquer, il ne l'avait vu de la matinée, ce n'était pas dans ses nouvelles habitudes mais il avait quelque chose à faire encore...

Un dernier sourire à Kaelig en réponse au sien, un signe de la main et le voilà parti direction chez son ami... le "borné" mais c'était un petit nom amical dans sa bouche...

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Kaelig

La gorge serrée, c'est dans un fatras métallique que la blonde ferme la porte du trois rue Saint-Nicolaïde.

Un trois décembre 1458...
Une insomnie...
Une révélation étoilée...
Deux coeurs qui battent pour une unique destinée...

Les clefs glissent dans la besace.

Un vingt décembre 1458...
Un échange d'anneaux familiaux en or...
Au bout d'une chaîne, une promesse au joyau inestimable...

La blonde reste plantée devant la porte, la tête baissée, les mains sur son sac de voyage.

Un trente et un décembre...
Un moine mystérieux murmure au creux de son esgourde...
Un coffret métallique se pose en délicatesse dans la paume de sa main...
Le donateur disparaît sans laisser de trace... qu'il croit !

La caboche dorée se relève doucement pour poser une lueur de prière à ses ennemies étoilées.

Un trente et un janvier 1459...
Une entrée dans une Grande Famille...
Une goutte qui glisse de son front jusqu'à sa gorge...
Une joie immense se glisse autour de son annulaire droit...

Un pas d'éloignement direction hors des enceintes montmiraillaises.

Entre temps...
Des rires, des joies, des défis...
Le 9 décembre...
La cabane autour d'un lac...
Decanisy et leur journée en soutane...
Rose et son arrivée en piteux état...
Maria et la galoche de Phanou et Miss à s'en retourner les amygdales...
Des rencontres étonnantes : Orwynn, Max, Erraa, Maelia, Rose, Ereii, Feuilllle, Esquimote, Gwendal, Iseuld, Miche, Routard, Zodaelle, sa soeurette, Raphice, Damus, Cortez01...
La paysanne doit en oublier, très certainement... Loin des mots, haut les coeurs !

Un deuxième pas, puis un troisième.

Le 11 mars 1459...
Tout se détraque...
Rien à ajouter...
Tout à laisser derrière soi...
Ses émeraudes deviennent de plus en plus ternes...

Un quatrième, un cinquième. La légumière ne les compte déjà plus. Une drôle de chansonnette à l'allure mélancolique trotte dans sa caboche. L'air est frais mais vivifiant. Son pas est à présent décidé et énergique.

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Kaelig
A la rue Saint-Nicolaïde, une blondinette s'apprête à faire sa toilette et ainsi se dévêtir. Sa couche l'attend, lui fait de l'oeil depuis l'endroit où elle se trouve. La soirée n'est point à son paroxysme mais elle a du sommeil à rattraper. Une fois n'est pas coutume, la paysanne désire aller dormir avec les poulets. Mais point de chance, Le Très-Haut a d'autres projets pour elle.

Un bruit de grincement se fait entendre. Kaelig se frotte les yeux. La fatigue doit être plus prononcée que prévu. Un autre grincement, plus bruyant cette fois. La légumière lève les yeux à Dame Lune. Soit elle perd ses carottes, soit... Soit, rien du tout! La tignasse d'or secoue ses mèches raisonnables alors que deux mains fines viennent entourer un récipient rempli d'un liquide cristallin. Dans l'après-midi, la jeune femme avait été chercher de l'eau au puits de la place du marché. L'avantage est qu'elle n'est point loin.

La substance naturelle doit être chauffée. La blonde se dirige donc avec le réceptacle vers les braises du feu crépitant. Un coup ferme et décidé retentit sur sa porte d'entrée. Cela doit sûrement être l'oeuvre d'une branche de conifère qui gratte le bois. Deuxième coup. Froncement de sourcils. Le troisième suit. Ce n'est plus le légume du hasard. Surtout que la tocade possède une voix grave. Posant la jatte dans un coin de la pièce chaleureuse, Kaelig décide d'aller ouvrir, non sans pousser un soupir d'agacement.

Oui, oui, j'arriiiive !

Sa voix avait forcé sur la fin de sa phrase et c'était voulu. La porte ouverte, la donzelle se retrouve face à un messager encapuchonné. Impossible que cela soit une femme, ma foi bien grande alors! Sans un mot de plus, un vélin plié en huit lui est tendu. La tribun fait entrer l'inconnu d'un geste élégant de la main, se dégageant ainsi du parvis, empoignant le parchemin mystérieux. Quel froid mordant! Un frisson indécent la chatouille sous son affublement. La porte claque aidé d'un coup de vent.

Entrez donc Messager! Je ne voudrais point acquérir une statue de glace comme décoration extérieure. Prenez donc place près du feu de cheminée!

Le champ de blé lui adresse à peine un regard. Continuant l'oeuvre commencée, la missive se déplie sous ses doigts fins. Kaelig reconnait l'écriture familière entre mille. Car depuis qu'ils se connaissent, ils ne cessent de correspondre activement. Cette façon incertaine de poser la plume sur le vélin, la parlure particulière, sa manière de commencer ses lettres. Alors que l'hôte commence sa lecture, ses lèvres s'étirent en un sourire gourmand. Son regard s'embrase d'une lueur étoilée. Ses doigts et ses yeux parcourent avidement la missive. Parfois même, ses mirettes relisent certains passages. Son enchantement facial ne cesse de s'agrandir. Les lignes sinueuses ne cessent de l'étonner, jusqu'à ce que...

Citation:
Cessez-donc de poser ces yeux sur ce vélin et v'nez donc les poser sur un endroit ben plus adéquat car moi, j'puis vous l'avouer, d'puis qu'vous avez commencer à lire c'te vélin, j'n'ai pas cessé d'vous déguster des pieds à la teste.


Lentement, les épis de blé relèvent la caboche. L'inconnu ne se trouve plus devant le feu crépitant. Il se trouve devant elle, à la toiser du regard depuis de nombreuses minutes maintenant. Son âme coeur n'avait cessé de l'observer durant tout ce temps. Riant du bonheur surpris, la blondinette écarte les pans de la cape pour se lover dans sa chaleur. Ses hanches, ce dos, ce torse. Oh oui, c'est bien Bradwen! En un geste tendre, une capuche glisse. Un sourire amoureux apparaît pour mourir, recouvert avidement par un baiser fémininement rosé.
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Bradwen
Alors que la maistresse des lieux dépliait le message qu'il venait de lui apporter, l'inconnu s'était approché de la cheminée pour se réchauffer. Le froid avait raidi les articulations de ses doigts. Ses lèvres avait été agressées par le vent sec qui soufflait.

Kaelig commença … lire le vélin et Bradwen se retourna alors vers elle la scruta des pieds … la teste. Ses cheveux qui tombaient sur ses épaules comme une cascade d'épis de blés... son visage fin concentré sur le message... De là, il distinguait … peine la prunelle de ses yeux... Son regard descendit le long de sa silhouette pour venir tomber sur ses pieds presque en partie cachés par ses vestements. Visiblement, la dame ne comptait point recevoir de visite ce soir autre que celle de Morphée et de dame la Lune. Un instant, le paysan se demanda s'il était ainsi raisonnable d'entrer ainsi tard le soir chez une dame.

Sa lecture terminée, Kaelig s'approcha du paysan, osta la capuche qui masquait entièrement son visage et vint embrasser son asme soeur. Le paysan répondit … son geste en entourant la maistresse des lieux de ses bras protecteurs.


Dieu n'a rien … y r'dire ma dame, vous avez l'sens d'l'hospitalité !... Mais c'te soir c'te point la dame de coeur que j'viens rencontrer... mais la maistresse ! Allongez-vous près du feu, voulez-vous ? J'reviens dans quelques instants.

Remettant sa capuche, le paysan sortit quelques instants pour entrer dans la maisonnée deux gros caisses qu'il déposa au plein milieu de la pièce.

Brrr... quel froid mordiou ! C't'à g'ler ben raide l'plus costaud des hommes !

Bon, v'là … gauche, d'quoi prendre un p'tit souper. Au menu, vin, pain d'blé, lait, pommes, beurre, mais, sel et quelques lichées d'poissons séchés... T'nez, avez-vous un chaudron rempli d'eau ? On va la chauffer dans la ch'minée et y plonger l'mais. Ensuite, faut les cuire, mais pas trop hein ? Et après on déguste ! Vous prenez l'mais par les bouts, l'rouler dans l'beurre. Celui-ci va enrober l'mais juste c'qu'il faut ! Et après reste plus qu'à ajouter quelques grains d'sel à droite à gauche ! Vous verrez... un pur délice !

A droite, la raison d'ma venue icelieu c'te soir!


Bradwen ouvrit la deuxième caisse et en sortit une multitude de livres qu'il commença à énumérer

La guerre des gaules, la république, Abélard et Héloise, Le roman de la Rose, Perceval le Gallois, Tristan et Iseult, La dame sans terre, Monestarium, La croix de perdition, Le trosne de fer... toute une variété d'livres qu'j'ai pris dans la bibliothèque de l'archevesché ! Tous des grands auteurs et des livres de références s'lon moi !

Vot'mission ma mie : m'transmettre vot'talent pour qu'à mon tour, j'sois capab' d'écrire de telles oeuvres littéraires.

Kaelig, j'sais point si un peu Dieu m'permettra d'avoir descendance mais si c'est l'cas, j'veux qu'mes enfants soient fiers d'leur père ! J'veux pas qu'ils aient pour père un illétré ! Et si c'te point l'cas, j'veux laisser quelque chose aux générations futures ! Servir Dieu, servir les hommes... du présent et du futur, comme d'aut' avant moi l'ont fait. J'veux partager mes idées, mes émotions, mon savoir s'il y en a d'utile à partager. J'veux qu'un jour un d'mes livres trosne aux costés d'ceux-ci dans une bibliothèque comme celle d'l'archevesché !

Un beau défi pour vous n'est-ce pas ? Pourrez-vous l'relever ? Pourrez-vous transformer c'te paysan sachant … peine lire et écrire... en véritable écrivain ?

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Kaelig
Devant l'ordre donné, l'hôte s'installe devant le feu. Le popotin à terre, les jambes repliées vers le tronc et ces dernières entourées de ses bras. Une petite couverture de laine traîne toujours devant l'âtre. C'est sa bicoque et elle se fait installer. Incroyable! Bradwen sort à plusieurs reprises, laissant le froid mordant les narguer. Deux énormes caisses viennent ensuite prendre place au milieu de la pièce dans un raffut à vous réveiller un ours. Sa bicoque voisine n'est point habitée, encore heureux! Ce n'est point une période de guerre. Des livres de quoi vous tenir chaud une saison hivernale entière ainsi que des victuailles à la pelletée. Et il parlait, il parlait, il parlait. Moins incroyable!

Bradwen a écrit:
Un beau défi pour vous n'est-ce pas ? Pourrez-vous l'relever ? Pourrez-vous transformer c'te paysan sachant … peine lire et écrire... en véritable écrivain ?

Les deux acolytes en avaient vaguement parlé quelques jours auparavant. Maintenant que la décision se présente, la donzelle adopte un air perplexe. Kaelig ne doute point de ses capacités propres mais bien de sa manière d'enseigner. Elle n'a jamais tenté la chose. Ne faut-il point commencer par le début? La légumière serait très certainement amenée à le faire dans le futur. Autant être précoce. Bradwen lui donne confiance. Il est si avide d'apprendre. Et il souhaite que ce soit Elle. Soyons fol dingo, nous verrons où cela nous mène! Ce n'est point tous les jours qu'on a un diacre amoureux comme élève!

La vie est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter. Je le relève ce défi! Mais d'abord...

Une idée germe à l'instant dans son esprit.

Enlevez votre cape et mettez-vous à l'aise devant ce feu de cheminée. Installez-vous à votre tour et laissons ces livres et ces vivres de côté un instant.

La paysanne se lève, une lueur d'audace dans le regard. Il veut un enseignement, il va l'avoir. Originalité est son maître mot. La chevelure d'or glisse jusqu'à un coin de la pièce chauffée pour empoigner un objet allongé, emballé précautionneusement par une toile de lin. Une cordelette se défait agilement, laissant apparaître une guitare latine. La donzelle l'empoigne avec soin pour se poster devant le clerc. Elle s'assied en croisant ses jambes en un cercle, ajustant son affublement correctement. Son éternelle compagne vient se lover contre son buste, prenant en partie appui sur sa jambe gauche. Fermement, Kaelig prépare ses doigts gauches à pincer des cordes. Sa main droite prend possession du manche et de ses cases.

Accordez tout son sens aux paroles que je vais vous chanter ainsi qu'à la manière de faire. Prêt?

Un regard intense de sérieux dans sa direction en attendant son affirmation et la voilà qu'elle commence à jouer en chantonnant avec gaieté. Le paysan commence à la connaître à présent. Il sait qu'elle s'exprime très souvent par énigme. Une note plus haute que l'autre, la musicienne sourit de voir l'air surpris et fronceur de sourcils du bel homme. Certains mots sont accentués selon leur sens, selon la volonté qu'elle a de les mettre en évidence. La mélodie épouse parfaitement les mots. Les mots sont son amant. La chansonnette à l'allure joviale finie, la paysanne reprend la parole. Sa guitare reste contre elle.

Les mots... Que pouvez-vous m'en dire? Pouvez-vous m'en donner une définition précise ou littéraire?

Bradwen va répondre haut la main, elle le sait.
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Bradwen
Bradwen regarda Kaelig s’installer avec son instrument. Il ne pouvait détacher son regard d’elle, et malgré ses paroles, avait bien du mal à ne la voir qu’en maistresse de littérature.

Pendant qu’elle commençait à jouer, le paysan vint s’installer près d’elle, au pied de la cheminée. Son regard se perdait sur la cascade blonde de sa chevelure, dans l’abisme de ses yeux d’émeraudes, sur ses doigts qui grattaient harmonieusement et sensuellement les cordes de son instrument. Avait-il été raisonnable en venant ici ce soir ? Il commençait à en douter car son esprit se mit à s’évader du costé de souvenirs qui n’avait rien à voir avec la littérature.

La question qu’elle lui posa alors lui permit de reprendre contact avec la réalité. Comment définir les mots ? La question d’apparence si simple avait eu le don de mettre sa cervelle en ébullition. Comment définir les mots ? Le paysan se passa une main dans les cheveux, les ébouriffant au passage plus qu’il ne les coiffait, passa sa main dans sa nuque. Comment définir les mots ? Sa main droite vint jouer avec les poils de sa barbe. Il faut croire qu’un paysan réfléchissait mieux lorsqu’il se stimulait la pilosité faciale !

Ne tenant plus assis, Bradwen se leva et fit les cents pas dans la pièce, oubliant mesme Kaelig.


Une définition précise ou littéraire ? Hum... et si j'vous l'faisais d,façon imagée ? Les mots… Comment puis-je définir les mots ? Ma foi… une question bien difficile à aborder pour un presque analphabète ! Oui… un mot… un mot…

Il se retourna alors brutalement, et fit face à sa maistresse en souriant, convaincu par la réponse qu’il s’apprestait à donner.

Un mot, voyez-vous, j’le vois comme une pierre… Écoutez ! Imaginez qu’il m’faille bastir une maison de pierre. Comment j’m’y prendrai ? D’abord, j’choisirai quelques pierres de belles factures, bien taillées, avec un grain intéressant. Ensuite, il m’faudrait les assembler. Chaque pierre a sa place ! Faut juste trouver sa bonne place ! Et j’scellerai le tout avec du joint pour donner du liant à mon mur ! Eh bien voyez-vous, ma maison, c’t’un peu comme l’texte que j’veux écrire. Les pierres, ce sont les mots que j’choisirais pour écrire c’te texte… et l’liant, des mots secondaires qui, accolées à mes mots, formeraient des phrases !

Alors qu’il discourait, sa conviction s’effondra. Il n’avait pas trouvé la bonne métaphore, il le savait. Il n’avait pas assez pris conscience de la leçon que sa maistresse venait de lui donner. Il n’avait pas assez fait attention à elle, non pas à la femme qu’il aimait, mais à celle qui se chargeait de combler ses lacunes littéraires.

Non, non, attendez… Ca n’fonctionne pas… J’reprends… Imaginez une mélodie, une musique… La mélodie est basée sur un rythme et sur des notes bien précises assemblées les unes aux autres. Une mesme note peut estre jouée sur plusieurs gammes, sur plusieurs rythmes ! J’imagine qu’écrire un texte littéraire peut un peu s’comparer à écrire d’la musique ! Il faut trouver les bons mots, les bonnes notes oui… Mais il faut aussi trouver les mots qui sonnent bien ensemble ! Un mot peut estre adapté dans un contexte et sonner faux dans un autre ! Un mot peut avoir peu d’importance dans une phrase, une mélodie, et en avoir beaucoup dans une autre, dépendamment de la façon dont il est mis en valeur par le restant d’la phrase ou du paragraphe.

Un mot n’doit pas estre vu comme un ensemble de lettre. Un mot a un sens, voire plusieurs. Un mot a une sonorité ! Un mot a un rythme ! C’te pour ça qu’on peut avoir plusieurs mots pour désigner l’mesme concept, l’mesme objet… car ils ont chacun leur propre sonorité, leur propre rythme ! Et écrire Kaelig, c’t’un peu comme faire d’l’alchimie… ou d’la musique ! Il faut choisir le bon mot dans l’bon contexte, choisir son mot en fonction d’son sens, oui, mais aussi d’sa sonorité et d’son rythme…et c’te ça qu’est difficile ! J’n’arrive pas à voir mon texte comme une mélodie Kaelig… j’le vois juste comme une chaisne de mots… et l’pire, c’est que j’ne connais pas assez la langue françoise ! J’parle comme un paysan du Maine que j’suis ! Non seulement, la sonorité des mots que j’choisis sonne faut, mais en plus, j’sais qu’mon françois est loin d’estre correct ! J’me bats avec les mots Kaelig, au lieu d’me fondre en eux, d’estre en harmonie avec leur sonorité et leur rythme !

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Kaelig
Après un discours pareil, l'hôte éclate d'un rire sonore retenu. Le paysan avait marché à tracer une ligne enflammée sur le sol de sa bicoque et il s'était grattouillé nerveusement le visage en guise de réflexion. C'était... unique de le voir cogiter ses petites cellules grises. A croire qu'elles se fonçaient l'une et l'autre dessus, provoquant de tels comportements.

Avant que je ne commente votre réponse, que diriez-vous de ripailler devant ce feu? Vous devez avoir soif, j'en suis certaine!

Un nouveau rire résonne alors que Kaelig se lève, aidée par sa guitare. Elle dépose cette dernière contre le pur, non loin du feu crépitant pou une éventuelle manipulation tardive. La donzelle se dirige ensuite vers une énorme malle disposée au pied de sa couche de paille. Elle déserre la ceinture de cuir qui en fait le tour pour l'ouvrir et en sortir une couverture ocre bien plus grande que celle sur laquelle ils étaient assis quelques secondes auparavant. Revenant vers Bradwen...

Permettez?

Alors qu'il se lève prestement, son professeur laisse échapper un sourire. Alors qu'elle tente de le rattraper, elle se dit qu'il serait peut-être amusant que le bel homme le fasse à sa place. La chevelure dorée avait dévié son regard du couvre-couche pour le porter sur les formes rebondies de son fessier. Son sourire attendant d'être attrapé donc, la dame jette la couverture en l'air, la tenant par deux extrémités. Cela serait indélicat de la jeter dans l'antre du feu de cheminée. Le tissu installé correctement à son goût, elle se dirige vers la caisse de boustifaille. La vue des pommes lui arrache un troisième sourire. Décidément! Nul besoin de dire à Bradwen de s'installer devant le foyer chauffant, il se lève pour l'aider. Ainsi était-il fait, à son grand bonheur.

Oh, l'eau pour le chaudron... je l'avais presque oubliée celle-là! Je m'en occupe! Pendant ce temps, seriez-vous assez aimable que pour regrouper quelques mets sur l'étoffe? S'il vous manque une chose ou l'autre, n'hésitez point à farfouiller. Je n'ai rien à cacher.

Un contournement de couverture, un simple effort et le chaudron se suspend au crochet prévu à cet effet. Heureusement qu'il n'est point à l'autre bout de la pièce celui-là! Un seau remplit d'eau du puits du village traîne à l'autre bout de la pièce. Un tantinet plus délicat à transporter celui-là. Autant prendre son temps et paraître élégante plutôt que de s'empresser et paraître étourdie. Ils avaient hâte de connaître l'un et l'autre les gestes de la vie quotidienne mais tout de même! Ne le faisons point fuir de suite. Un quatrième sourire. La femme comblée empoigne deux godets propres (autant préciser!) posés sur la cheminée.

Cela va attirer les soupçons Kaelig, cesse de suite de souriiiire!

Avez-vou...

La légumière se retourne pour être stupéfaite de surprise. Bradwen a déjà tout installé sur le tissu épais. C'est plus qu'un ange, c'est un prophète de la boustifaille! La jeune femme se retourne vers le chaudron, puis à nouveau vers le clerc. Elle a à peine eu le temps de... Oh, qu'importe! Le champ de blé attrape la bouteille de vinasse gouleyante, la débouche d'un léger "poc" exotique et verse le liquide foncé dans les deux gobelets. Elle en tend un à son élève en prenant place devant le feu ouvert. Plongeant son regard ardent dans le sien, le champ de maïs plonge ses lèvres dans l'alcool. Elle humidifie les bords de sa bouche afin d'en savourer les quelques gouttelettes restantes.

Il paraîtrait que les effluves d'alcool ont l'art de délier les langues. Vous n'avez point besoin de cela, n'est-ce point?

Un cinquième sourire.

Pour enchainer sur votre réponse de tout à l'heure... Vous avez tout à fait saisi le sens de mes paroles chantonnées. La musique se joue avec le coeur comme la plume glisse des lignes sinueusement noirâtres sous les battements de son coeur. C'est la même méthode, la même technique d'apprentissage. Vous devez d'abord maîtriser la mélodie avant de pouvoir poser les paroles. Il vous faut la trame de fond. Et cette base vient en écoutant encore et encore. Alors que la rythmique est intégrée, vous pouvez vous aventurer plus loin. Vous pouvez fermer les yeux, écouter les battements de votre coeur et y puiser inspiration. Les mots vous viendront naturellement et se poseront d'une manière délicate sur votre vélin...comme j'ai terriblement envie de poser mes lèvres sur les vôtres... afin de jouer votre symphonie.

Quoiqu'il en soit, votre première métaphore était exacte. Vous butez contre chaque brique, incapable d'imaginer l'allure de la façade finale. Vous devez les poser une à une certes et d'une manière adéquate sinon votre construction risque de crouler assez prestement. Avant de pouvoir construire, il faut pouvoir connaître le métier. La pratique. Il n'y a rien de mieux que la pratique. Avec évidemment la base théorique, je vous le concède. Je vous la donne cette théorie, à vous de vous servir de ce manuel au mieux.

Avec tous ces fatrouillages, vous avez eu le temps de grignoter la majeur partie du poisson séché alors que je n'ai rien avalé encore! Je n'ai jamais enfilé autant de perles de mot sur un collier...

Un rire franc éclate dans la pièce chaleureuse alors que la blonde se saisit d'une miche de pain de blé et d'une pomme. Elle trouve plaisant de croquer dans le pain croustillant, puis dans le fruit.

Oh et avant que je n'oublie... Pour demain, j'aurais un devoir. J'aimerais que dès que vous rentrez chez vous, vous écriviez un court texte. Qu'importe le sujet. Ce qu'il vous vient dans la caboche sur le moment. Une dizaine de lignes. Ensuite, lisez le chapitre d'un de ces livres. Juste un, du livre de votre choix. Vous l'emporterez avant de quitter ces lieux. Lisez-le très attentivement. Relisez-le plusieurs fois si cela est nécessaire. Faites l'impasse sur l'orthographe. Imprégnez-vous de la mélodie des mots. Ecoutez le jeu des cordes entre eux. Passez une bonne nuitée de sommeil. Dès le chant du coq, je désire que vous relisez vos écrits de la veille. Vous me direz ainsi si des changements pourraient être apportés dans votre manière d'écrire. Vous me direz si vous aussi vous parvenez à l'ébauche d'un parchemin empli de notes de musique. Je ne cherche point la perfection, mon tendre ami. Ni que vous me montriez votre travail. Je cherche l'évolution. Et il n'est de meilleure manière d'apprendre qu'en prenant conscience de ses fautes. C'est d'ailleurs comme cela que nous les retenons et que nous les corrigeons par automatisme.

Prestement, c'est elle qui avait besoin d'un verre de lait! L'hôte devant avoir parlé terriblement longtemps, l'eau du chaudron était en ébullition.
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Bradwen
Après le discours du paysan, Kaelig avait donc décidé d’ajouter une note supplémentaire d’agréable à l’utile en optant pour déguster le souper. En moins de temps qu’il ne faut pour dire « Vos yeux, ma mie, d’amour me font frémir », le repas était prest et la table dressée.

Pour pouvoir assister à sa leçon, le paysan avait du faire l’impasse sur le repas du soir. Il avait eu à peine le temps de rassembler ses affaires après la journée de travail, avant de prendre la route du 3, rue st-Nicolaïde. La journée avait été fort occupée pour lui, et une fois encore, il avait du renoncer à aller se rincer le gosier aux jardins de Montmirail. Avant que son estomac ne se mette à gargouiller de manière sévère, rompant ainsi le charme de la soirée, le paysan s’était dépesché de combler les creux dans son estomac, creux qui avait pour origine les sillons qu’il avait laissé dans le champ de blé labouré ce jour là ! Les morceaux de soles séchées défilaient de l’assiette à sa bouche, souvent arrosés d’un mince soupçon de vin. Il faut dire qu’il avait la gorge sèche le sieur ! Bien sèche après le discours qu’il venait de prononcer. Presque aussi sèche que le poisson lui-mesme, poisson qui au goust, n’avait rien à envier à de la seiche !

Et Kaelig s’était mise à parler, à parler. Vaille que vaille, Bradwen essayait de suivre la leçon qu’elle lui donnait. Mais il avait du mal le paysan ! Oui beaucoup de mal ! Assis devant elle, son regard se perdait dans la moindre mèche blonde rebelle, se fondait dans ses yeux de la couleur du blé qui n’était pas point encore mature. Oui, il était distrait par ses lèvres qui l’appelaient à chaque syllabe qu’elle prononçait. Oui, il n’arrivait pas à détacher ses yeux de ses doigts qui parfois tapotaient sur la table une mélodie inconnue, parfois pointaient d’un air décidé tel ou tel objet de la pièce. Oui, il se perdait en conjectures à chaque fois que ses yeux croisaient son cou dénudé, se rappelant alors que le 31 Décembre était finalement fort proche et qu’il avait encore beaucoup d’heures de travail devant lui pour atteindre son objectif. C’était indéniable, il était distrait. Mais d’où venez donc ce soir cette source de distraction ? Lui qui attendait cette première leçon avec une impatience non feinte, il n’arrivait à qu’attendre une phrase sur deux du cours de Kaelig.

Bradwen fit un retour en arrière dans ses pensées, cherchant désespérément une raison à la situation actuelle. Et il la trouva ! Oui, il en était certain ! Comme dans un songe, il la revit alors s’approcher de la cheminée, prendre les deux godets, y verser une vinasse de couleur sombre et… et y plonger avec suavité ses lèvres ! Oui, c’était à partir de là qu’il avait perdu le fil de la soirée, avait dévié de l’objectif initial. Il était tellement distrait par son hostess qu’il avait cru entendre dans sa leçon…


Citation:
...comme j'ai terriblement envie de poser mes lèvres sur les vôtres…


Le paysan passa subrepticement la main sur le visage, pour dans les cheveux. Essayant de mieux suivre le discours de son professeur, il vida d’un trait son godet de vin et se concentra sur les paroles qu’elle lui prodiguait, essayant d’éviter le spectacle de ses lèvres… mais l’affaire de la pomme finit de l’achever. Le bruit de la chair qui craque sous l’assaut des dents… les lèvres rouges arrondies qui finalement emportent le morceau. Bradwen se leva pour retrouver ses esprits. Faire quelque pas lui fit le plus grand bien !

Oui, oui, c’t’exercice ma mie, j’vais l’faire ! Promis. T’nez…

Il s’approcha de la caisse de livre et en sortit un.

La dame sans terre… Voici mon choix !

La soif la tenaillant, Kaelig se servit un peu de lait. L’eau qui frémissait dans le chaudron attira l’attention du paysan. Bradwen prit quelques épis de mais et le jeta dans l’eau bouillante. Ne se retournant pour voir ce que faisait Kaelig, il lui dit, sur un air qui masqué mal son trouble actuel.

Voilà ! Tout l’secret maintenant est dans la cuisson ! Trop peu et c’t’immangeable ! Trop et ça d’vient pasteux… donc tout aussi immageable !

Pfff… Fais ben chaud chez vous ! Il vous reste un peu d’vinasse pour m’désaltérer ?

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Kaelig
Son tendre élève semble avoir un mal fou à se concentrer. Lorsqu'il ne plisse point le regard, il passe une main sur sa barbe. Le paysan passe une main dans sa tignasse clair ou encore, il la toise d'un regard enflammé. Nonchalamment, ses yeux verts glissent vers la bouteille de vinasse gouleyante. Il a la descente et la seiche facile le diacre! Il devrait faire attention de ne point se retrouver la carotte plantée dans le sol à continuer ainsi.

Bradwen se lève pour farfouiller dans la caisse remplies d'ouvrages classiques. Kaelig ne le lâche point du regard derrière son gobelet de lait. Chaque parcelle de son corps passe sous le scanner de son émeraude. Ses cheveux clairs sont à présent en bataille. Cela lui donne un air vulnérable. Ses mains de manuel sont attirantes. Son corps, caché par ses bottes de cuir, ses braies et sa chemise, se devine. Ses lèvres doivent être chaudes et sucrées à souhait. Un sourcil blond se lève de malice sans qu'il ne s'en aperçoive. Son regard semble fatigué. La donzelle devrait peut-être le renvoyer chez lui après ce simple festin. La nouvelle année approche et chacun, de leur côté, ont de multiples tâches à accomplir. Le hic est que la paysanne a un mal fou à se séparer de l'homme qu'elle aime. C'est comme une séparation... pour mieux se retrouver direz-vous. Mouais... Plongée dans ses pensées, elle sursaute légèrement.

Mmh, la Dame sans terre. Vous aimez la fiction historique! Quel tome? A moins que cet énorme pile de fins vélins soit le groupement de l'histoire complète?

Le diacre s'active. Il est resté trop longtemps assis à écouter son charabia. En réponse à sa question, la blondinette regarde la bouteille. Il reste du liquide pour un verre. La donzelle s'abaisse pour la saisir, puis se relève. Elle doit s'abaisser une deuxième fois pour prendre le gobelet en bois de son élève. Quelle étourdie! Point grave, cela lui fait des muscles! Pendant ce temps, le paysan lui explique la technique idéale pour cuisiner le maïs. Un sourire amusé cueille ses lèvres.

Je ne savais point que vous étiez doué aussi pour cela! Tenez, voici votre godet de vinasse.

Kaelig s'abaisse pour la troisième fois. Elle en connait un qui va voguer parmi les étoiles si cela continue à se répéter! La cruche de lait atteinte, la jeune femme s'en sert un autre gobelet. C'est vrai qu'il fait chaud icilieu! Elle éloigne le pot de liquide incolore du feu de cheminée afin qu'il ne prenne point trop la température ambiante. La donzelle ne se rassied point. Au contraire, elle choisit de se poster derrière le cuisiner à le regarder faire. Une de ses joues frôle son bras le plus proche. Elle passe sa caboche plus près du chaudron afin de voir comment il s'y prend.

N'hésitez point à me dire si quelque chose cloche. Si je suis trop rapide, incompréhensible ou trop... bavarde! Cela ne vous choque point que les rôles soient inversés?

Kaelig reste dans la même position, elle attend, elle observe, elle profite de l'avoir auprès d'elle.
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Bradwen
Muni d'une cuillère de bois qu'il avait trouvé près du chaudron, le paysan s'occupait de son maïs, quand la paysanne vint prendre place à ces costés. Il sourit en entendant ses questions, et lui répondit d'un air taquin.

Bavarde, vous ? Mordiou, c't'impossible ça !

Il croisa son regard et y lut soudain une lassitude inhabituelle. Son visage s'empourpra alors. Il était arrivé chez elle, comme en territoire conquis, avec ses caisses, sa nourriture et ses livres. Il l'avait accaparé sans mesme lui demander si le moment était réellement bien choisi pour une telle activité. Et là, son regard de femme lasse mettait en évidence sa goujaterie de paysan. Se retournant vers elle, il passa alors son bras autout de sa taille, et d'un ton posé, lui répliqua.

S'cusez mon comportement ma mie. J'suis v'nue chez vous c'te soir avec mes gros sabots. J'débarque, j'm'impose. J'vous d'mande rien et j'vous impose un surcroit d'travail.

Il se retourna brièvement vers le chaudron et revint poser son attention sur l'hostesse des lieux.

Ils sont juste à point ! J'vous propose qu'on en déguste un et après j'vais m'éclipser. J'vais vous laisser vous r'poser, vous en avez ben b'soin ! D'main, si vous voulez, j'viendrai ranger tout c'fatras qu'j'ai mis dans vot'maison.

Le paysan entraina sa dame à table et retourna prendre soin de ses ouailles qui gargotaient dans l'eau bouillante. Il revint à table avec, dans son plat, quatre épis de maïs fumant à souhait !

T'nez ! R'gardez ! Ils sont ben parfaits ! Ferme... croquant sous la dent... pas trop gros... A point quoi ! Vous l'prenez par les deux bouts et avec vot'couteau, vous étalez vot'beurre tout autour ! Ouais, j'sais... on s'en met toujours plein les doigts ! Mais l'avantage, c'te qu'on peut s'les lécher après et c'te tout aussi bon !

Ensemble, la touche finale ! Salez à volonté... Et mordez dans l'plaisir ! Vous verrez, c'te divin... mesme si j'reconnais qu'le maïs d'Aoust est ben ben meilleur qu'le maïs de Décembre !


Sur ces paroles, le paysan passa de la parole au geste, non sans manquer de zyeuter comment Kaelig s'en sortait.
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Kaelig
La paysanne sent sa concentration devenir aussi molle qu'un épi de maïs. L'odeur qui émane du chaudron lui ramollit les membres. Ou est-ce la cause des flammèches de la cheminée? Ils n'y sont qu'à quelques pas. Les paroles de son élève la sortent de sa torpeur. Sauf que ce ne sont point les mots d'un novice cherchant réponse à un érudit. Ce sont ceux de son compagnon de coeur. Son regard clair se dirige vers le sien alors qu'un bras réconfortant vient enlacer sa taille.

Ce que vous décrivez là, mon âme-coeur, c'est ce que vous m'avez imposé depuis le début. Vous êtes venu me bousculer, sans crier gare. Vous vous êtes imposé à ma pensée. Et chaque jour, vous me faites me surpasser.

Un sourire traverse ses traits. Bradwen ne s'en rend certainement point compte. Quel que soit l'heure, le jour, le moment, la légumière aime sa présence. Il serait incapable de la déranger. Alors que le sourire se prolonge, la donzelle se fait entraîner vers sa table. Bradwen s'occupe de tout! Elle s'installe et cesse de lutter contre les vapeurs de taquinerie.

Parfait? Ferme? Croquant sous la dent? Point trop gros? A point? N'est-ce point votre fessier joufflu que vous me décrivez?

N'attendant point de réponse, la paysanne se met à l'oeuvre. Elle poigne dans un épi de maïs et le pose dans le semblant d'assiette qu'elle a devant les yeux. D'un coup agile de la lame, elle fait glisser son couteau sur le beurre. Précautionneusement, la donzelle l'étale sur le maïs comme expliqué par le diacre. Elle n'oublie pas de le saler. Jusque là, tout se passe bien. C'est lorsqu'elle le prend avec les doigts que la chose devient plaisante pour la partie adverse. Un regard récalcitrant vers Bradwen. La jeune femme blonde se lance et croque dans le maïs, comme elle croque dans la vie. Elle mâchouille, elle mâchouille. Mmh, un délice! Kaelig croque à nouveau dans les grains moelleux. De plus en plus alléchant! La chevelure d'or trouve le courage de se séparer du succulent met pour aligner une phrase.

Si je dois vous beurrer le popotin, l'opération se corse!

La tête relevée, la blondinette avait du beurre plein les doigts et surtout... sur le bout de son nez en trompette.
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