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[RP] Tout finit afin que tout recommence. Enfin, peut-être..

Sorianne
Après un mariage et une jolie fête.



La fête commençait à s’essouffler. La soirée touchait à son terme et avec elle, ses chances d’aller trouver Colhomban s’amenuisaient. Non, elle n’avait pas osé y aller de toute la journée. Ce n’était pas faute d’en mourir d’envie, mais la crainte de sa réaction faisait qu’elle préférait retarder au maximum ce moment. D’ailleurs, afin de ne pas tomber malencontreusement sur lui pendant les festivités, elle avait évité le repas commun, elle avait évité les danses, préférant regarder de loin. Puis de toutes manières avec le ventre qu’elle avait et son boitement, les danses étaient plutôt compromises. Une petite alcôve lui avait servi d’abri tout du long, et si jamais elle voyait le brun convoité arriver, il lui était aisé de se cacher à l’abri des rideaux. Et elle avait la place idéale pour laisser son imagination vagabonder, même si parfois elle aurait préféré que cela se calme un peu.

Maintenant que du monde s’en allait, que les bruits étaient bien moindres, que la musique se faisait bien plus douce, accompagnant juste les départs, il allait falloir qu’elle se décide à faire quelque chose. Il fallait qu’elle y aille. C’était sans doute sa seule chance de se manifester, alors il ne fallait pas la rater. Les joues rougies par le vin bu tout au long de la soirée, elle pesait pourtant encore le pour et le contre. Étrangement, elle hésitait alors qu’il était à sa portée. Mais que dire ? Comment l’aborder ? Lui sauter au cou, l’air de rien ? Pff non, elle n’oserait pas. Un simple bonsoir ? C’était pathétique ! Ne rien dire, juste se montrer ? Et passer pour un fantôme ? … Rhaa ! Mais pourquoi avait-il fallu qu’il la croit morte ! Si elle avait simplement disparue cela n’aurait pas été aussi compliqué de revenir ! Elle n’arrivait pas à savoir comment il allait prendre tout ça. Bien ? Mal ? Sans compter le fait qu’elle revenait à deux… Bah oui, avec le bébé qu’elle portait elle n’était pas toute seule… Et s’il avait refait sa vie ? Elle n’avait eu d’yeux que pour lui durant le mariage, et n’avait malheureusement pas fait attention au fait qu’il soit ou non accompagné. Que ferait-elle ? Et lui ? Bigre, c’était un coup à devenir folle, il fallait qu’elle arrête de penser, elle verrait tout cela bien assez tôt.

La petite brune se leva, lissant les pans de sa robe, et dégagea doucement un des voilages de la manche, coincé dans l’embrasse du rideau. Elle ne l’avait pas encore payé, alors il était hors de question d’abimer le tissu ! Manquerait plus qu’elle la déchire, et ce serait le pompon. Une fois qu’elle eut réussi à se débarrasser de ce qui la retenait prisonnière, Sorianne s’avança dans la grande salle. Son cœur battait la chamade au point qu’elle craignait tourner de l’œil avant d’arriver auprès de Col. Est-ce que c’était son cœur qu’elle sentait aussi battre à ses tempes ? Sans doute l’effet du vin… Et cette chaleur, elle n’aurait peut-être pas dû boire en fin de comptes… Oh ! Et pourquoi cette douleur à la poitrine ? Han elle allait mourir… Ah non, elle se rendit compte qu’elle avait simplement oublié de respirer…

Elle se stoppa le long d’un mur dans la pièce, et passa une main sur son front. Il fallait qu’elle se calme sinon elle n’arriverait même pas à lui, ce serait tout de même un peu bête après tout ce qu’il avait fallu faire pour pouvoir le revoir, et tout ce temps à attendre, rongeant son frein à regarder les minutes s’égrainer… La brunette releva le museau, et le chercha dans la pièce, se tournant afin de voir si elle ne l’avait pas manqué. Sans succès, et là, ce fût le drame ! Est-ce qu’il était parti ?! Est-ce qu’elle avait attendu trop longtemps ?? Avait-elle raté sa chance ?! Oh non ! Pourquoi avait-elle autant trainé, planquée derrières ces maudites tentures ?!

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Méfiez-vous, elle est maudite...
Colhomban
[La soirée touchait à sa fin quand un brun repu, le ventre rebondi comme à plusieurs mois de grossesse, achevait de défaire le premier bouton de son pantalon de flanelle. Il s’était étendu sur une banquette dans une pièce en retrait de la fête et gémissait faiblement quand ses doigts gras appuyaient sur son estomac rempli.
 
Fichtre… Il n’aurait peut-être pas dû…
 
Mais c’était si… Fin ? Délicat ? Innommable ? Tout cela à la fois à vrai dire.
 
Il avait craqué comme une bleusaille, préférant balayer d’un revers de canard laqué des années d’expérience « banquetale ». Oui ! Il avait failli ! Et au repas du mariage de sa sœur il s’était empiffré comme le bon nobliau qu’il était, engloutissant avec appétit pâtés en croûte, volailles, civets, petits légumes et autres plats en sauce, se jetant voracement sur les pains aux figues, au miel et aux graines de courge, avant de coller son gosier aux robinets de plusieurs  tonneaux avinés. Il avait tout gouté. Et ce fut non sans mal qu’il avait quitté la table, prétextant une envie pressante pour aller « mourir » sur le banc le plus proche.
 
Le brun se redressa, puis se hissa sur ses deux jambes avec force grimaces avant de tituber jusqu’à l’extérieur, cherchant à prendre un bol d’air pour se requinquer avant les hostilités du dessert. Il pourrait peut-être repartir à l’assaut de la montagne de choux à la crème qu’il n’avait pu gouter ? Il se pourlécha les babines et tapota son ventre d’une main experte. Huuum… Il lui semblait bien qu’il y avait un peu de place ici… Appuyé contre le mur du domaine, ses yeux se fermèrent doucement, pris par le roulis que lui conféraient plusieurs verres de liqueur. Il commença à s’endormir.
 
Quelques minutes plus tard, les bribes d’une musique aigües se firent un chemin jusqu’aux esgourdes du brun qui ouvrit un œil interrogateur. Parbleu… Voilà que maintenant il dormait debout comme un pochtron de la pire espèce... Il rajusta sa tenue, ramena ses cheveux en arrière et décida qu’il était temps pour lui de prendre congés. Sa tête lui semblait prête à exploser, tandis que dans son ventre une bande de joyeux drilles dansaient la gigue sans s’arrêter. Le teint cireux, le jeune homme entreprit de prendre le chemin inverse afin d’aller saluer sa famille qui festoyait encore à cette heure tardive. Il emprunta le corridor principal et s’avança alors au cœur du château jusqu’à ce qu’un bruit de pas derrière lui ne le tire de ses rêveries. Il accéléra le pas par habitude et constata non sans effroi que son suiveur faisait de même.
 
Le suivait-on vraiment ?
Il fallait qu’il en ait le cœur net…
 
Col trotta avec empressement, passa un tournant, et alla se lover dans un coin sombre. Doucement, il glissa sa main dans une de ses bottes et en sortit un petit poignard. Il pouvait autant se faire des idées que tomber sur un voleur de bourse ayant assez de toupet pour prendre le château à l’insu des fêtards.
 
Il allait bientôt voir…

 
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Sorianne
La tête brune se secoua brièvement. L'avait-elle rêvé? Possible vu le vin bu et le peu de nourriture avalée. Légère plainte, bon sang avait-elle à ce point la poisse? A ce niveau ce n'était même plus ça... So se retourna, guettant autour d'elle. Où pouvait-il bien avoir disparu? Déjà inquiète de la réaction qu'il pourrait avoir en la voyant, elle était maintenant carrément renfrognée. La mine boudeuse, elle repoussa la mèche de cheveux sombres qui cachait la belle marque qui ornait son front, et se remit en marche. Il ne pouvait pas être allé bien loin...

Un groupe la surprit, chacun riant à gorge déployée tandis que les femmes aux bras des hommes semblaient des plus chaleureuses... Ah l'alcool, ça rapprochait... La jeune femme les laissa passer, et eut le choix... Une salle, un couloir, une alcôve... Pff... On n'a pas idée d'avoir une pareille maison. Une petite aurait été si... Simple? Elle choisit alors la salle, dans laquelle elle se contenta de jeter un coup d’œil depuis l'entrée. Quelques couples qui discutaient doucement... Elle recula préférant les laisser dans l'intimité du lieu.

Un soupir et la So se mit à porter son ventre encombrant qui lui pesait. Il était vraiment temps de retrouver Col, le terme approchant à grand pas. La démarche irrégulière, elle se mit à avancer doucement dans le couloir, désespérant de tomber sur lui... En tous cas, il ne semblait pas être devant elle... Des mois qu'elle attendait ce moment, des mois qu'elle cherchait, et elle avait tellement hésité à y aller durant la journée et la soirée, que maintenant il était trop tard... Seul le bruissement du tissu de sa robe et le bruit de ses pas résonnaient dans le corridor... Pas un chat... Enfin... Jusqu'à ce qu'elle se retrouve avec une dague pointée sous le nez!

Les yeux ronds, elle leva le museau afin de voir qui pouvait bien la menacer et quelle ne fut pas sa surprise en voyant l'homme qui tenait le poignard. La voix coupée, ne sachant s'il fallait rire ou pleurer, So n'arrivait pas à détacher son regard de ce visage qui lui avait tant manqué... Un son finit par passer la barrière de sa gorge serrée, la voix vibrante et pas seulement dû à la menace de la lame.


Col... ?

C'est moi, je suis revenue... Un léger sourire s'esquissa sur le visage de la brune, ne sachant quoi faire de plus, maintenant qu'il l'avait sous les yeux. Intimidée pour le coup...
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Méfiez-vous, elle est maudite...
Colhomban
Tandis que sa lame jouait sur une peau d'albâtre ses yeux dansaient d'une boucle brune à l'autre.
Car au début ce fut la seule chose qu'il vit.
Des anneaux bruns, cascade soyeuse d'un être qu'il avait par dessus tout aimé.

***

Une, deux, trois boucles, puis une multitude qui descendent en tournoyant sur un front plissé par l'anxiété. Colhomban reprend la mimique par mimétisme et détaille avec attention une marque plus sombre qui se dissimule dans l'ombre d'une mèche. Lentement sa main se lève, somnambule, mûe par un désir brûlant de toucher cette peau si irréelle. Les lèvres du brun se ferment, et se serrent avec force. Il sent déjà à ses tempes une douleur qui n'indique rien de bon. Ses prunelles continuent leur ronde et embrassent des yeux esquis. Cette couleur fait parti de ses préférées... C'est la rencontre entre l'émeraude et le miel... La main s'est arrêtée en chemin et les doigts du jeune homme se suspendent au dessus d'une pommette saillante. Ô dieu... On peut donc tant aimer ? Il cligne des yeux devant l'apparition et tombe alors sur des lèvres charnelles. Rouge carmin pour baisers tant attendus. Il a même droit à un sourire. Son doigt tendu effleure l'endroit désiré avec ardiesse. A peine l'a-t-il retiré que son index le démange, consummé par une douleur vive.


Col ?

Toute la scène se passe au ralenti dans un silence religieux. C'est ainsi que les fantômes apparaissent lui a-t-on si souvent dit. Car le nobliau ne croit pas à une apparition réelle, mais à bien à un tour de son esprit. Chamboulé par le décès subit de sa fiancée il l'a entrevu tant et tant de fois que là encore il croit à une diablerie. Combien de brunes se sont-elles vues appelées Sorianne ?

Il se sent pathétique ce soir, perdu dans ce corridor immense devant une machination de son esprit. Il pensait pourtant qu'avec Lylla la chose serait passée. Est-ce parce que la blonde lui manque et qu'elle suscite en lui des sentiments qu'il tente de contenir ? Il réfléchit un instant et décide d'en finir avec les spectres. D'un geste lent il avance son couteau qui vient alors frôler la peau blanche dans un chuintement indescriptible. Le geste n'est pas violent, et encore moins haineux. C'est la caresse amoureuse de l'acier.

Juste une zébrure.

Colhomban fronce les sourcils et ouvre la bouche. Sur le métal poli une goutte vermillon trace un sillon sombre.

Subitement son cerveau se met en branle et ils lèvent des yeux paniqués sur la jeune femme qui lui fait face.

A son cou une fine plaie.
Et dans ses yeux des larmes.

Le brun recule affolé.

***

Des boucles brunes ce fut ce qu'il vit en premier.
Mais tandis qu'il détalait dans les couloirs du chateau, ce fut ses yeux si tristes qui le poursuivirent, là où l'émeraude et le miel luttaient contre les larmes.

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Arutha
Le blond s'était empiffré toute la soirée, de plats diverses et variés. Mhh. Ch'est bon, ça. Et il en fourrait encore, dans sa bouche, par peur qu'on lui vole les mets tant convoités. C'est à moi ! Et d'en fourrer, encore, encore, à tel point qu'on se demanda comment sa panse n'explosa pas. Il y eut là un sacré coup de fourchette. Et, le blond, non pas énorme, mais presque, debout, mangeait de gros morceaux, ne parlant peu ou peu, de peur d'en perdre ne serait-ce qu'une bouchée. Et, comme bon nombre d'invités et de participants à l'orgie festive, il avait le ventre gonflé. Et en effet, à huit ans, on mange, et bien.
Qu'est-ce qu'il faisait à cette fête-ci ? Impossible de le savoir. Il était venu, voilà tout ce qui importait. Sans connaître la raison de la fête, ni les tenants de cette dernière. Unique but à cette escapade nocturne : manger. Croissance oblige.

Comme tant d'autres, il s'était assis, là où d'autres s'allongeaient, agonisant d'être remplis, le ventre plein, sans doute trop, d'avoir mangé bien plus que d'ordinaire, bien plus que raison.

Un rôt, parfois silencieux, caché. Un autre, bien plus bruyant.
Excusez-moi. Vous comprenez. Et son ventre, toujours volumineux, était indiqué de son petit doigt de noble. Voilà la raison de son méfait, et de ces expulsions de gaz involontaires. Mais nécessaires.

Une envie pressante. Où sont les toilettes ? Comment aurait-il pu le savoir. Nul plan en cas d'incendie, nul plan en cas d'alerte à la bombe, ou encore, d'alerte nucléaire. Nulle, d'ailleurs, d'indications lumineuses
Sortie. Et donc, le gamin gisorien se traîna, fatigué, sans qu'on sache si cela été dû à la tardive heure ou au repas, dans le corridor. Là, un couple. Un homme, dans l'ombre. Une femme, plus éclairée.

Excusez-moi. Vous savez où se trouvent les toilettes...
Pensées gisoriennes. Drôle d'approche. Les deux personnes étaient proches l'une de l'autre. Un homme, une femme. Chiotte. Il ne pouvait pas les déranger. Excusez-moi. Non, mais vraiment, ça ne va pas, comme approche. C'était un moment intime, quoi. Ils étaient en train de faire un bébé. Mais, la femme était déjà enceinte. Et il veut encore mettre son zizi dans ton nombril ! Ohhh... Surprise, peur, et étonnement. Trois sentiments mêlés dans cette même interjection, manifestée à voix haute..

Pourquoi il avait un poignard ?
Une zébrure. Juste une zébrure se trace sur le cou de la jeune femme. Outch. Du sang. Et l'homme, de se sauver, tout d'un coup.


Ôôôôôô seecoooooursss ! Y'a un syschopathe au château ! Ôôôô secours !
Prévenir les autorités. Faîtes boucler le château. Installez des coins de surveillance sur toutes les routes. Mobilisez Interpol, la CIA, le KGB, la NSA ! Prévenez-les tous !
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Absent du 30 juillet au 13 ou 15 août... Si besoin, MP ou courrier IG !
Sorianne
Il était là.
Celui tant cherché était maintenant à portée.
Elle n'avait qu'à avancer une main et elle pourrait le toucher, mais il l'a prit de court.
La douceur, la lenteur du geste n'échappent pas à la brune.
A peine un frôlement ressenti, son cœur s'est déjà emballé plus encore qu'il ne l'était déjà.
Elle laisse faire, réprimant son envie de se serrer contre lui.
Le regard rivé au sien.
A quoi pense-t-il?
Son brun semble plus fatigué que dans son souvenir. Peut-être même s'est-il amaigri...
Elle connaissait la douleur de perdre un être cher.
Est-ce qu'il l'avait enduré au point là?
L'effleurement sur ses lèvres les fit s’entrouvrir légèrement tandis qu'elle fermait les yeux pour ne pas perdre une miette de la sensation prodiguée avant de le sentir ôter sa main.
Le regard de la petite brune se fixe dans celui de son fiancé, les larmes aux yeux.
Qu'attends-tu pour me prendre contre toi?
Comme elle aimerait lui dire tout ce qui lui était arrivé...
Comme elle aimerait lui dire pourquoi il l'avait cru morte...
Mais aucun son ne voulait sortir de sa gorge trop serrée.
Elle ne voulait pas rompre la sérénité du moment, ce silence qui régnait dans ce corridor où il n'y avait qu'eux qui comptaient.
Pensait-il avoir à faire à un esprit?
Les poings serrés par l'anxiété, elle ne pouvait bouger.
Les ongles lui pénétraient la paume, mais malgré cela elle ne pouvait lever les mains vers lui.
Larmes contenues, la joie de l'avoir face à elle, la joie de pouvoir le voir avec forces détails, les rires, les souvenirs affluaient, allaient-ils de nouveau pouvoir partager tout cela? Peine aussi... Sans le vouloir, elle lui avait fait mal. Qu'avait-il fait durant tous ces mois? Oh Colhomban, si tu savais comme je m'en veux...
Crainte...
L'angoisse l'étreint également.
L'acier s'avance et c'est avec un fin sourire qu'elle accueille le moment.
Peut-être le méritait-elle finalement?
Elle laisse la lame caresser la peau fine tandis qu'elle détaille le visage de l'homme aimé pour ne plus rien oublier de Lui. Comment avait-elle pu l'oublier?
Une larme s'échappe, roulant sur la joue de la brune alors qu'elle sent la dague faire son office avec ce léger sifflement propre aux lames de qualité. Le visage de Col se change et So penche légèrement la tête de côté, le sourire doux à peine étendu.
Pensais-tu vraiment que j'étais un fantôme?
La malédiction.
C'est sa crainte.
C'est elle son angoisse.
Cette malédiction qui lui a valu tout ça.
Les larmes ne sont plus contenues, et l'expression se fait inquiète alors qu'elle le voit reculer.
Secouant la tête, ne voulant pas qu'il parte, non!
La jeune femme leva la main vers lui, voulant le retenir, pourquoi n'avait-elle pas émis le moindre son jusque là? Pourquoi avait-elle tenue à ce qu'il la redécouvre de lui même, qu'il voit qu'elle n'était pas morte dans ce ravin??


Col... Col, attend... Laisse moi t'expliquer, te dire tout ce qu'il y a à savoir!

Non, non, non, il ne devait pas partir, il devait rester là, avec elle, il le lui avait promis, il lui avait promis de ne pas l'abandonner, il ne devait pas lui tourner le dos, il ne le pouvait pas! Boiteuse et encombrée de son ventre rond, elle ramassa ses jupes avant de commencer à lui emboiter le pas. Pour rien, trop retenue qu'elle était, maudite jusqu'au bout. Un cri se fit entendre dans les couloirs, un appel au secours. Au secours de quoi, de qui? La menace de la dague? Le regard fixé sur le couloir prit par son fiancé, l'air vint à lui manquer. C'était un cauchemar... Elle ne pouvait que s'être endormie dans cette alcôve où elle se cachait. il ne pouvait pas être parti...

Pourtant en portant la main à son cou dégagé, elle sentit cette légère brûlure, la peau entaillée si finement, et sur ses doigts ce liquide pourpre qui s'en échappait. Elle ne dormait pas...


Col... Elle l'avait perdu... Col! Il allait revenir, il ne pouvait que l'entendre... Elle se laisse glisser à genoux la brune... COLHOMBAN!... Reviens... Il ne lui avait pas tourné le dos, il allait revenir, il allait réapparaitre, tournant doucement au coin de ce couloir, avec cette démarche si fière qu'il avait, ce sourire chaud et prévenant, il allait revenir, l'enlacer, et ils n'auraient plus qu'à parler... Se retrouver... Élever ensemble cet enfant qui allait arriver, petit bout d'eux et du bonheur partagé avant l'accident. Il ne l'avait pas abandonné... Pas lui... Les sanglots prirent vite le pas sur tout autre chose... Combien de temps passé dans ce couloir à guetter son retour?

***

Combien de temps passé dans la chambre de l'auberge, les yeux secs d'avoir trop pleuré, le cœur vide et mort d'avoir voulu aimer pour une fuite en retour. La jeune femme avait un bien sombre défaut, la rancune. Elle n'en voulait pas qu'à Col... A elle également... Aux hommes, tous aussi lâches les uns que les autres... Au monde entier à dire vrai. Elle passerait par l'intermédiaire de Zeji. Si elle n'avait pas pu s'expliquer de vive voix, elle le ferait par écrit. Elle n'avait plus rien à perdre.

Gênée dans sa démarche par le ventre rond arboré, celui-ci ayant entamé sa descente, la brune grattait le vélin posé face à elle sur la table, du bout de son fusain, n'ayant plus une plume digne de ce nom. Des heures à chercher ses mots. Des heures avant de se rendre compte que le plus simple était de dire les choses comme elles venaient. Et la jeune femme vivrait ensuite sa vie comme elle viendrait. Au jour le jour, au fil des rencontres et sans se poser la moindre question, sans s'engager pour quoi que ce soit. Comment refaire confiance? Non... Le courrier ainsi rédigé, fut envoyé via un intermédiaire qui saurait où trouver Colhomban. Le cœur se serrait à chaque fois qu'elle pensait ce prénom, à chaque fois qu'elle pensait à lui, le regard voilé, mais l'esprit reprenait vite le dessus, effaçant le chagrin en insufflant ce qu'il fallait de colère et de rancune...


***



Colhomban,

Si tu savais comme j'étais heureuse de t'avoir vu après tout ce temps passé.
Si tu savais comme tu m'a fait mal en partant comme tu l'as fait...
Je t'en veux, même si je sais que je ne le devrais pas puisque tu me pensais morte. Mais combien de fois m'as-tu dis que les fantômes n'existaient pas?
Je t'en veux. Parce que tu ne m'as pas laissé le temps de t'expliquer.
Je t'en veux pour la tombe creusée et à mon nom.
Sais-tu seulement ce que ça fait de se retrouver avec cela devant les yeux?
Ce jour d'orage en rentrant à Bayeux... J'ai perdu le contrôle de Razel. Je suis tombée et elle également, pour l'éviter j'ai dû me reculer, et j'ai chuté lourdement dans un ravin que je n'avais pas vu.

Que tu le crois ou non... Je me suis réveillée en Bretagne, aux côtés d'une vieille femme, et ne me souvenant de rien, ma tête ayant heurté quelque chose durant la chute sans doutes... J'en garde des traces... Ne sachant d'où je venais, ne me souvenant même plus de mon nom, j'ai suivi la vieille femme qui s'évertuait à me soigner et à se faire passer pour ma mère.
Quand j'ai pu reprendre la route, elle m'a éloigné de la Bretagne et de la Normandie. Nous avons traversé le royaume de part et d'autre, allant jusqu'en Lorraine afin qu'elle y trouve quelques plantes intéressantes, sorcière qu'elle est.
Le chemin a été long, et c'est en Champagne que mon prénom m'est revenu. Rien ne me fera penser le contraire de ce que j'avance en étant sûre que c'est à toi que j'ai rêvé cette nuit, et que c'est toi qui m'a appelé et grâce à qui j'ai pu au moins me souvenir de ça.
Lorraine... Nous y sommes restées un bon moment. J'y ai croisé un homme plein d'attentions et qui étonnamment avait l'air de savoir beaucoup de choses sur moi? Qui était-il? Je ne m'en souvenais plus... Jusqu'à ce que tout me revienne et que je reconnaisse en lui l'homme que j'aurai dû épouser par trois fois. Il n'est pas mort. Il s'est juste... Enfui...
Nous sommes parties de là. Je me rappelais de tout, de nous. J'ai rencontré Lisbelle une fois de retour en Champagne. J'ai eu la surprise de la voir effrayée de me voir. Et pour cause. Elle me croyait morte elle aussi. Il me tardait de revenir à Bayeux afin de te retrouver, mais elle m'a annoncé que tu avais quitté ce village pour aller te perdre sur les routes. J'y suis remontée tout de même dans l'espoir de te croiser, sans succès. J'en ai profité pour aller me recueillir un instant sur cette tombe qui est la mienne. C'est étrange comme situation...

Plus le temps passait et plus mon ventre s'arrondissait. Tu m'avais fait un beau cadeau Col... Un petit bout de toi qui grandissait en moi. Et il me faisait penser chaque jour au fait que je devais te retrouver. Mais par où commencer? Lisbelle étant au courant de ma "mort", je n'osais pas aller trouver ton frère ou encore ta sœur. Je voulais que ce soit TOI qui soit au courant, personne d'autre. A toi uniquement de l'apprendre de vive voix. Mais plus le terme approchait et plus je désespérais. J'ai donc fini par me rendre à l'évidence, je ne te retrouverai pas en procédant comme je le faisais. C'est pourquoi je suis allée trouver ta famille. C'est là que j'ai appris le mariage de Tsampa et que j'ai été conviée puisque tu devais forcément y être...

Je t'en veux.
Je n'ai pas eu le temps de t'expliquer.
Je t'en veux que tu m'ais tourné le dos malgré la promesse que tu m'avais faite après cette nuit à Angoulême où j'étais venue à toi...
Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant.
San doutes chercher une place chez un quelconque noble ayant besoin d'une nourrice... J'ai entendu plusieurs annonces de ce type dans les rues de Paris.
Je ne sais pas encore...
Le terme est proche.
C'est déjà une bonne chose à penser.

Malgré tout, je t'embrasse Col.
Parce que je n'ai pas eu le courage de le faire dans ce couloir à ce mariage alors que j'aurai sans doutes dû.

Te dis A Dieu également... Même si cela fait mal...
Porte toi au mieux.

So.

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Méfiez-vous, elle est maudite...
Colhomban
Le brun avait couru si vite ce soir là qu’il avait déboulé dans sa chambre les cheveux en bataille et le souffle court, manquant de faire choir Bingley, son valet, qui reprisait ses chemises en équilibre sur une chaise à bascule. Il n’avait dit mot, aurait-il eu l’envie de parler qu’il n’aurait su quoi dire... Il se sentait perdu, misérable, triste, et une envie de vomir lui tordait les tripes. Avait-elle osé se jouer de lui ? Se soustraire à sa vie pour mieux profiter de la sienne ? Qu’était-il pour elle ? Pourquoi point de recherches et de retrouvailles ? Depuis combien de temps était-elle par là ? Tsampa savait ? Zeji même ?
 
Colhomban se sentait trahi. Et avec ce sentiment de solitude qui lui collait au cœur il enfourna ses affaires dans deux grandes besaces de cuir. Il avait besoin de fuir, de faire le point, de s’armer de courage… De se laisser mourir ?
 
Déglutissant péniblement, chemises, braies, tricots de grosse laine, miches et pièces d’or rejoignirent cartes et manuscrits en un enchevêtrement innommable. Les boucles furent fermées et les deux sacs sur les épaules le brun se dirigea vers les écuries le teint pâle et la démarche chancelante. Bingley trottait sur ses talons, regard anxieux balayant tantôt le sol, tantôt son maître.

 
Mais où allez-vous maîtwe ? Vous wisquez de tomber sur des bwigands à une heuwe paweille… Maîtwe wenonçait à pawtiw ce soiw !
 
Le brun se dégagea de son valet et grimpa sur son hongre, faisant fi des conseils de son majordome.
 
Va au manoir des vignes. Demande aux Frères de t’ouvrir les portes. Restes-y.
De mon côté j’ai à faire. Adieux Bingley !

 
D’un coup de talon brun et cheval déguerpirent laissant un anglais pantois au milieu des écuries.
 
***
 
Col chevaucha longtemps à brides abattues, passant de villages en villages, chassant faim, froid, fatigue... Lorsque son cheval émit les premiers signes de faiblesse il concéda un arrêt, et continua à pied sa course folle. Il bouillonnait intérieurement. A quelle impression pouvait-il vraiment se vouer ? Comment avait-elle pu ? Et à en deviner ses rondeurs il lui avait semblé que la jeune femme était enceinte… Elle l’avait donc trompé…? L’évocation de ce détail lui noua les muscles et un long frisson parcourut son échine, un goût de bile en bouche. Les fiançailles l’avait-elle effrayée au point de préférer la fuite ? Ou du moins une mascarade y ressemblant… L’orage avait eu raison d’elle… D’eux.... Le brun poussa un hurlement de rage, et continua de tirer sur la longe de son cheval l’obligeant ainsi à avancer. L’animal renâcla, mais docilement se laissa faire, habitué aux humeurs de son maître.
 
Perdu dans ses pensées le nobliau arriva aux pieds des vignes plus tôt qu’il ne le pensait. Il rabattit sa capuche et tira un masque de ses fontes avant de pénétrer dans le manoir qui lui faisait face.
 
Ici, d’autres affaires l’attendaient…

 
***
 
Quelques jours plus tard Colhomban sortit du domaine accompagné d’un homme de grande stature, tous deux juchés sur leurs destriers respectifs, ils s’enfoncèrent dans les terres champenoises en direction de la Franche Comté. Le passage à la frontière se fit de nuit, et rien ne vint perturber la tranquillité de la soirée hormis une lettre des plus inattendues.
 
Le brun ne se souvenait plus vraiment du jour exact où il l’avait reçue, mais ce dont il était persuadé c’est qu’elle l’avait grandement perturbée. Tant et si bien qu’il n’avait aucunement avisé que dans la brume matinale une armée leur faisait face.
 
Qui avait tiré son épée au clair en premier ? Nul ne le sut jamais.
 
Mais tandis qu’on ramenait son corps brisé sur Pontarlier, à l’opposée des royaumes, un petit être naissait.

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