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Où le neveu du Lézard apprend à se battre.

[SK] L'Apprentissage de la Pratique (seconde partie)

Akire
Première partie : http://www.univers-rr.com/RPartage/index.php?page=rp&id=8973

Un déluge de flotte, de vent et de froid s'abattait sur la ville. C'était un temps de chien par excellence, un jour de merde comme diraient certains, et seuls deux personnages aux tares évidentes avaient décidé de sortir pour faire mumuse. Sourcils froncés, les yeux plissés, la bile au nez, le Rustre s'insultait intérieurement d'avoir choisi ce foutu moment pour un combat. Après avoir craché un bon coup et manqué de recevoir sa délicate production sur la joue à cause d'une rafale, il adressa un sourire mauvais à son adversaire...

En face de lui, le petit Kuan.

La boue arrivait aux tendons de l'un et aux mollets de l'autre. C'était un grande occasion pour le colosse. Celle de mettre une raclée à la détestable engeance de son frère défunt et de se défouler un bon coup. Ainsi donc débutait la deuxième phase d'apprentissage de son pénible protégé. Après les femelles, le combat. Deux choses indispensables à tout Lézard digne de ce nom. Le brigand tenait un bâton dans chaque paume, chacun aussi long que ses bras, au bois peu solide et d'évidence peu coûteux. Il s'était pas foulé pour les voler, faut dire. D'un geste, il en jeta un au mioche avant de s'avancer vers lui. Le p'tit gars souhaitait devenir une terreur ? Parfait. La brute n'en serait que plus impitoyable avec lui. Un paquet de têtes les séparaient, mais il serait loin d'être doux.

"
Montre-moi comment tu t'bats, gamin ! "
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Kuan
Deux tarés sous la pluie alors que tout le reste de la population se tenaient bien au chaud dans leur maisonnée. Fallait bien être Lézard pour supporter un temps pareil. Les haillons collaient à la peau du garçon de dix ans et demi, et la pluie ruisselait de ses cheveux indisciplinés coupés courts. Le petit homme avait les bras croisés sur sa poitrine, le menton relevé et défiait la masse imposante de son oncle. Son regard était celui d'un chien qui va passer à l'attaque dès que son maître lui lâcherait un peu la bride. Le garnement saisi le bâton d'une main et se retrouva soudain désemparé. Ses yeux jusqu'alors plissés de concentration s'ouvrirent d'inquiétude. Comment ça se manie un bâton ?

'Kire, comment qu'on y...

Il avala les mots de sa phrase dans un juron bien senti. Son oncle marchait vers lui, et il y avait de quoi avoir la frousse. La meilleure défense c'est l'attaque qu'on lui a dit un jour.

Raaaaaaah !

Kuan courut vers son ennemi, le bâton dirigé comme une lance vers la poitrine du salaud. Pouf. Il releva les yeux de son arme et croisa le regard du Rustre avec un brin d'inquiétude. Le bout de bois n'avait même pas fait frémir le corps d'Akire. Interloqué, le gamin brandit son bâton pour administrer un nouveau coup de toutes ses forces. Sauf qu'il n'atteignit jamais sa cible.
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Akire
D'une main puissante, le rustaud avait stoppé net le mouvement du gosse, ses phalanges se refermant sur l'arme pour l'immobiliser avant de recevoir un autre choc. Parce qu'il avait morflé, ouais. Il n'avait pas bougé, mais une pointe en bois dans le bide peut tout vous faire à l'exception d'un bien profond. Ses abdominaux bien dessinés sauvaient les apparences et sauvegardaient sa fierté démesurée. En réalité, il était surpris par la hargne qu'avait placé le gringalet dans cette apparente attaque médiocre. De son pied, le Lézard renvoya violemment son apprenti en arrière, l'écartant ainsi de son arme qu'il garda le temps d'un souffle avant de la lui relancer.

"
T'es trop mou, petit ! Et tu veux m'faire croire que t'es de mon sang ? Recommence ! "

Pendant de longues minutes, le Rustre encaissa et para les tentatives de l'enfant, ricanant lorsque ce dernier fatiguait, l'insultant lorsqu'il ralentissait, le provoquant sans arrêt par des piques et rires gras qui se perdaient dans le vent. Bientôt, une grêle vint tomber sur leurs trognes, comme si les conditions n'étaient déjà pas assez merdiques. Son humeur en prit un coup. Il devint plus agressif. Au fil des coups de pompe qu'il reçut dans l'estomac ou les fesses, le mioche comprit que la technique d'un brigand se résumait tout simplement à suivre sa haine et sa fougue. Pourquoi ? Parce qu'un malfrat n'a que faire des duels singuliers. Il tape dans le tas, les plus faibles comme les plus forts, et ne salue jamais avant de briser une rotule.

"
Plus fort ! Plus fort ! " Répétait inlassablement Akire.

Le fonctionnement simpliste d'un esprit primitif et violent. C'était efficace. Et c'était pour ça qu'il l'enseignait à son bout de famille. Lorsqu'il s'estima satisfait, le scélérat laissa tomber son arme, signifiant ainsi qu'ils passaient au combat à mains nues. Sans prévenir, il flanqua une magnifique claque sur la joue gauche du môme. De quoi le marquer pour une bonne semaine.

"
T'es en train d'pioncer, hé ? Qu'est-ce que t'attends ? "

Avec son éternel sourire, la raclure attendait de voir ce que Kuan avait dans le ventre.

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Kuan
Le gamin ne s'y attendait vraiment pas. Il resta figé quelques secondes, le bâton coincé dans les mains du Rustre. Puis un coup de pied le projeta en arrière et il s'étala dans la boue, éclaboussant tout autour de lui. Le bout de bois fut lancé à la suite pour atterrir sur le crâne du gosse qui déjà sonné par son envolée, sursauta sous ce nouveau coup inattendu. En se frottant la tête, il se releva d'un bond, tenant fermement son arme en main. La hargne déformait les traits de son visage d'ange et brûlait ses prunelles.

J'suis pas PETIT ! J'vais t'y casser la tête !

La colère venait d'enfler dans le petit corps de Kuan. Il tapait, tapait, tapait de toutes ses forces, se faisait repousser, revenait à la charge, donnait des coups n'importe où, s'en prenait à son tour, et continuait de taper, taper, taper. Il avait mal aux poings à force de serrer si fort l'arme que ses phalanges en étaient blanches. La sueur se confondait à la pluie, et son coeur battait vite. Essoufflé, il était en train de lâcher prise quand une baffe monumentale remit son cerveau en place.

Baka !

Furax, il jeta son arme à la tête de son adversaire et se propulsa sur lui. C'est beau deux hommes qui se font un gentil calin non ? Non. Kuan administra un grand coup de pied dans les burnes de son oncle, sachant comme tout bon garçon que c'était le point le plus sensible. Puis avant de lui laisser le temps de réagir il agrippa le bras musclé et mordit de toutes ses forces dans la chair. Une morsure d'homme est la pire de toutes les morsures. Le gosse savait se battre comme une bête. On ne survivait pas dans le Cloaque sans un peu d'instinct bestial. Pas pour rien qu'il était le leader de sa petite bande de copains.

Comme une tique, il restait férocement accroché à ce bras, décidé à faire le plus de mal possible.

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