Barbenoire
Dans la Taverne de la Chaude Cuisse
Attablé au comptoir, Barbenoire commanda sa troisième bière de la journée, made in Tastevin. La durée de fermentation était la clef d'une bonne bière dixit un moinillon revendeur qui était passé sur Cahors quelques jours auparavant.
Puis il entendit du mouvement à l'entrée. Le bougre se leva et alla inspecter ce qu'il se passait.
A l'entrée, gisait un ivrogne proche de l'état comatique tant il semblait transpirer l'alcool. Il titubait, perdait l'équilibre et éructait grossièrement, jusqu'à manquer de s'étaler dans la boue.
- Allez l'outre remplie ! Viens m'le dire en face maint'nant. Os'affirmer que l'Seigneur est aussi dans ct'ouvrage diabolique. Ch't'attends. Et j't'e préviens qu'mes arguments s'ront percutants.
Barbenoire eut un rictus à moitié rieur et moqueur, sans trop l'afficher. Il se demanda comment de tels individus pouvaient encore laissés en liberté sans être au moins astreints à une cure de désintoxication. Sa référence à Dieu, elle, ne manquait pas de piquant.
Dieu est partout, homme. Je ne sais pas quel est ton ouvrage diabolique, mais le cochon est une créature de Dieu, un peu comme le pape quoi...
Ava_lafiole
Citation:Ah oui et elle est où, la mignonne pas trop précieuse ? Hum ? J'ai des arguments à faire valoir pour la conversation avec celle-ci ...
Comment la garce vendeuse de faux remèdes était-elle arrivée dans ce trou? A vendre des fioles douteuses, Ava avait refourgué au marché une de trop au tenancier du bordel pour un soucis de vessie trouée. Ca pisse par-d'ssus les braies? lui avait-elle demandé. Par dessous aussi! lui avait-il répondu. 16 écus pour le retour à des braies sèches: Ca t'fait marée basse dans ta culotte, et c'te vessie f'ra plus de vague, mon gars...
Le tenancier avait baisé le flacon verdâtre et s'était empressé de l'engloutir. Aïe! Pas le temps de la fuite que le freluquet avait déjà vomi à ses pieds : vase de marécage, dent de cochon broyée, farine et lait caillé... La main du tenancier avait agrippé ses épaules si durement, pas dupe de la supercherie, qui deux minutes après ne guérissait ni la vessie débordante, mais rajoutait en plus une marée noire sortie du fion. Il se tenait le ventre de l'autre avant de la balader vers son derrière cherchant désespérément à rattraper la bouillasse intestinale.
Grognasse...! Tu vas me le payer. Et cher...
Ava se souviendrait toujours de vérifier si le pigeon était accompagné ou pas. Quatre hommes s'étaient approchés et l'avait malmené vers le bordel où elle se trouvait désormais. Coups de fouet et roustes en pleine face... Ava devait encore se tenir tranquille deux jours, le temps de "purger" sa peine envers le tenancier.
Allons, garce, va t'occuper du manant.... lui lança son geôlier qui comptait les pièces fournies par le client.
Elle s'exécuta avec toute la mauvaise grâce qu'elle pouvait montrer, et siffla envers le client:
T'avise pas d'toucher d'ssous la ceinture où parole d'LaFiole, ...
Regard vers les poivrots :
... ou j'te lance dans la bagarre, et vu l'gros tas barbu pas finaud, t'auras p'u d'dents pour sourire à la gueunaude.
Durafiot, incarné par Richard_watelse
(posté à la place de ljd Watelse qui a eu un soucis en postant le post précédant...)
Le nez baignait dans un vomi, avachie sur la table qu'il occupait depuis la veille. Sa bouche de vieux lourdots s'ouvraient pour marmonner parfois des délires de marins imbibés. Ca gesticulait autour de lui, ce qui fit ouvrir un oeil au René Durafiot.
Citation:Messieurs, y en a un qui se sent dhumeur généreuse pour soutenir notre homme de dieu ? Ou vous pensez tous que la soutane est bien large pour si peu cacher !!
L'autre oeil s'ouvrit:
La saoul t'âne?! J'ai connu un âne qu'était plus fort qu'....
Le Durafiot pensait se lever et tangua dangereusement vers un autre client avant de reprendre son récit:
... qu'un boeuf. Hi Âne Solo, qu'il s'appelait, le baudet... La Force était en lui! Cteu curé, il en a dans son froque, comme cteu âne, j'en jurerait (il crache à terre)!! Ma bourse (qui pesait pas lourd) contre le bourré....
Il se raccroche au décolleté d'une catin.
... Vive le cureton à la saoul t'âne!
Armenos
Finalement, la taverne répond à mon attente, ainsi qu'à son nom et sa réputation. Une "mignonne pas trop précieuse", normalement, se présente. Pas vraiment enjouée, ni délicate, en même temps c'est la Chaude Cuisse ici ! Ca commence bien ...
Arrive ici gourgandine, maintenant que tu es là, il ne sera pas dit que je te laisse filer !
Citation:T'avise pas d'toucher d'ssous la ceinture où parole d'LaFiole, ...
Bien, au moins la chose est claire et entendue. T'inquiètes pas, je ne veux pas te besogner. Mais tu pourrais sourire, au moins.
S'accordant une petite pour reluquer la jeune fille.
Commence par aller chercher du vin et plusieurs gobelets. N'oublie pas de desserrer ton corsage et d'être géneureuse du haut, à défaut du bas ...
Désignant de la main :
Vois les deux là-bas, qui font le plus de bruit et de gestes : c'est eux qui attirent tout le monde que nous sommes, autour. Si on y parvient, on les fera s'asseoir à la table pour leur offrir à boire.
Ils semblent dire par ailleurs, que Dieu se trouverait dans les bulles de la bière ... Je voudrai en profiter, de voir avec eux, si Dieu ne se trouverait pas aussi dans les décolletés généreux ...
Va maintenant et dépêche-toi, je saurai t'en remercier._________________
Alberto.
[ Porte d'entrée de la taverne de la Chaude Cuisse ]
Sept ans maintenant que Alberto travaillait comme portier à la Chaude Cuisse. Un quart de vie pour le barraqué trapu qui tirait une sale gueule à l'entrée.
Lorsque Monsieur Paul avait accepté de rémunérer ses services après un tabassage en règles histoire de lui rappeler qui serait toujours le patron - c'est ainsi qu'on obtenait ses entrées dans la mafia locale - Un marquage au fer et trois impératifs s'étaient gravés dans la chair et l'esprit du portier.
- Ne jamais picoler ni avant ni pendant le service. Question de réactivité et de professionnalisme.
- Considérer les filles avec respect, n'en culbuter aucune. Chacun devait rester à sa place.
- Ne pas provoquer de bagarre mais savoir réagir si un client la ramenait un peu trop. Que ce soit justifié ou non. Entre la bière dégueulasse et les putains douteuses qui défilaient dans l'établissement, il y avait matière à altercations.
La Chaude Cuisse évitait les émules comme les confrontations avec les autorités ducales. Mais à Bordeaux et précisément dans les bas-quartiers, Monsieur Paul était le boss. Tout transitait par lui, à commencer par les profits engrangés par les commerces du coin. Sous différents noms d'emprunt on le trouvait même dans le financement de boutiques respectables, pratiques pour blanchir l'argent sale, il tenait au collet tous les prêteurs sur gages des environs et un grand nombre d'hommes de main qui harcelaient les habitants et les mauvais payeurs.
Un mauvais payeur, Alberto en avait un sous les yeux. Il avait suffit d'un coup d'oeil venant du gars au bar pour que le message passe. Le duc en robe qui était entré tout à l'heure devait de l'argent au patron.
On est pourtant physionomiste quand on est portier. Depuis sept ans qu'il filtrait les entrées à la Chaude Cuisse, Alberto savait se faire une idée rapidement sur la personnalité des clients qu'il laissait entrer. Celui-là est venu pour le jeu, il consommera peu, celui-ci a l'air nerveux, c'est sa première fois avec une fille ... Celui-là encore ne fera que reluquer, un bon client pour le bar ... Celui-là joue les riches mais il transpire, il n'entrera pas ... Chaque détail étant passé au crible par Alberto, le portier se réservait le droit de refuser le passage aux gens qu'il estimait avoir une sale gueule.
Il aurait juré que le duc en robe s'était pointé ici pour se taper de la chair fraîche. On connait les hommes d'église, il faut bien qu'eux aussi se dégorgent quelque part. Ne sont des saints que les saints, et celui-là avait plutôt une tête à vouloir se taper une bonne paire de seins. Alberto l'avait laissé entrer. Une erreur à réparer sans attendre.
Dehors un ivrogne faisait du tapage. Dans un état tellement gerbant qu'il était impossible de reconnaître le maire de Bordeaux, même pour Alberto.
Les clients s'agitaient à l'intérieur. La gamine ramassée récemment dans la rue en rajoutait une couche face à nouveau client qui semblait être venu ici les bourses pleines, dans tous les sens du terme.
Entre dehors et dedans, les hommes s'invectivaient. Un marin éméché ennuyait toute une tablée. Un borgne lançait des paris autour d'une éventuelle bagarre. Barbe Noire, un habitué, tentait de calmer le jeu. Les filles s'offusquaient, jouaient les effarouchées. Il fallait intervenir avant que le raffut s'échappe des bas-quartiers.
Depuis les trois salles de ramponneau une dizaine d'hommes de main apparurent, tout en discrétion. D'autres arrivèrent des escaliers. En quelques gestes Alberto les orienta : Trois sur l'ivrogne qui serrait les poings dehors, trois sur le duc en robe qui s'apprêtait à sortir, deux là-bas sur le borgne, un sur le marin bourré, un autre pour flanquer une baffe à la gamine ainsi qu'aux filles éventuellement trop agitées. Les autres interviendraient si le règlement de comptes tournait mal.
Monsieur Paul apparut à son tour, aussi calme qu'à son habitude lorsqu'une situation dégénérait. De sa voix marquée par un accent du sud, il donna ses consignes.
Je veux le duc vivant. Ramassez les témoins gênants.
Le boss emprunta ensuite les escaliers menant aux caves de la Chaude Cuisse tandis que les gars passaient à l'action.
Putinquellestbelle
Lâme de la Guyenne était aussi catin à ses heures. Quand elle était foulée aux pieds. Et elle faisait payer. Cher. Et, ces dernières semaines, chaque jour qui passait, son âme allait vers les tréfonds, piétinée par le mensonge, la mauvaise foi, les blagues à deux écus, senlisant dans la boue, la fange, quand le Rien ne lanéantissait pas.
Elle avait entendu dire quy avait baston entre le prévôt, le Duc, le maire de Bordeaux. A la Chaude Cuisse. Plutôt que dappeler de son esprit le nouveau Gouverneur de la COG et de lui demander de les défoncer avec quelques soldats, ce qui laurait sans nul doute emmené vers des sommets de la jouissance, elle avait préféré se rendre compte.
Un verre à la main, symbole dun duché où on comptait plus divrognes que desprits fins, elle apparut. Sortie de nulle part. Au milieu de la pièce.
Le Prévot avait visiblement abandonné pour la gueuse, le Maire se bastonnait tout seul, et le Duc voyait Dieu dans les bulles.
Elle planta tout à tour son regard dans les leurs, souleva sa robe, ficha une rose à lextrémité de son bas, entre le tissu et la peau. Une seule épine.
Latérale. Au premier faux mouvement, la rousse serait blessée.
Celui qui réussira à arracher cette rose de ses dents, du premier coup et sans faire perler une seule goutte de sang sur ma cuisse, aura une révélation : Dieu nest pas là où vous croyez.
Vu ce quils tenaient tous les trois, elle ne risquait pas grand-chose. Goutte affleurerait, et Dieu ne serait pas révélé.
Les catins sont faussement compatissantes et rarement rédemptrices.