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Info:
Un temps de découverte et de transformation d'un Angloys, d'un Blond, de deux Chevaliers aux Hameaux et d'une Dérobade au cours d'un voyage le long de la Garonne, la Loire vers la péninsule ibérique.

[RP] on ira jusqu'au bout du monde!]

Estainoise
Mais en attendant ils sont bien enlisés....


Estainoise avait trouvé un employeur ou c'est peut être bien l'inverse...
enfin bref, elle avait accepté de servir d'escorteuse pour la compagnie de Cassel, fort riche, et cela depuis quelques mois.
Depuis, ils avaient essuyé deux brigandages,l'un dans le Berry en allant cherché du bois, l'autre elle ne sait plus trop où, en se rendant au synode d'Arles qui finalement aura eu lieu à Nimes.
Ils avaient perdus pas mal, surtout lui mais c'était peu pour lui et elle, plus elle travaillait pour lui, plus elle s'appauvrissait.
On peut dire que ces deux là, ils s'étaient trouvés....
Esta pensait que Falco lui avait refilé sa poisse,
Toc pensait lui avoir refilé la sienne....tout en comptant sur la chance d'Estainoise.
Bref, rien n'allait vraiment comme il fallait et surtout dans les temps et Estainoise n'avait jamais connu pareille malchance.

Souvent, elle se demandait si deos ne la punissait pas de quelques fautes qu'elle avait faites sans s'en rendre compte.


Déjà en approchant de Gien, ils étaient restés de très nombreuses heures enlisés, voire même plusieurs jours...
et c'est quand Toc lui donna la barre de la nave CC valois qu'elle réussit à venir à bout des bancs de sable...pour accoster à Gien.
Toc était heureux, pensant toujours et encore avoir trouvé en Esta sa bonne étoile.

Il lui avait donc laissé la barre pour repartir, mais voilà.....les bancs de sable étaient encore présents, voire encore plus apparents.

Gien a des remparts naturels, tout ce sable ralentit bien la navigation se disait Esta.

Esta est avec la pioche qu'elle a emprunté à Toc, l'eau à mi cuisse, essayant de dessabler la nave à la sortie du port de Gien....

Tout en redressant la tête, s'essuyant le front du revers d'une des ses manches , l'autre main maintenant la pioche,
Esta demande à Toc qui la regarde du haut du bastingage du navire en se penchant.


Depuis quand qu'on est là Toc? J'me souviens même plus.

Hier...

plus d'un jour qu'ils étaient là, coincés.
La nuit commençait à tomber et Esta s'acharnait sur ce banc de sable.
Rien à faire, le sable était comme de la glüe et le navire ne bougeait pas.


C'est pas dieu possible, ce doit être la sécheresse! j'ai jamais vu la Loire aussi ensablée....crie t'elle encore


En même temps, on peut pas dire que l'été était tellement sec cette année, mais Esta aime bien trouver une explication rationnelle à toute chose avant de s'en remettre à deos.

Esta regarde un foncet leur passer sous le nez, les matelots riant de leur mésaventure....


riez marin d'eau douce! vous verrez quand on vous rattrapera....


Mais la nave ne bouge pas encore....et le foncet est déjà loin
_________________
Estainoise
Si elle s'était écoutée, elle aurait sauté par dessus bord...
Heureusement, qu'elle ne s'écoute pas toujours.....

Toujours à bord de ce navire qui n'hésite pas à besogner les bancs de sable qu'il rencontre en prenant son temps,
Esta avait renoncé à lutter et s'était décidée à se mettre à la pêche, en silence parce qu'il parait qu'il ne faut pas faire de bruit quand on pêche...
et puis aussi qu'elle avait renoncé à parler ...parce que personne l'entendait sur ce rafiot...
et surtout que personne lui répondait.

Même si Esta voulait bien passer pour une givré....quand elle parlait toute seule,
elle avait du mal à le supporter quand elle parlait à quelqu'un qu'elle pensait bien vivant mais qui ne réagissait pas mieux qu'un gisant...

Toc était devenu muet, et puis ensuite il était devenu invisible....
Avait-elle abusé de sa patience alors qu'elle se trouvait plutôt sage et même très raisonnable?

Hummmm....combien de temps...combien de temps.....déjà?

Esta commençait à détester ce rafiot et à détester la Loire qui la retenait prisonnière....
d'ailleurs elle commençait à détester le royaume entier voir plus si affinité...et surtout elle commençait aussi à se détester...et ça c'était pas bon...


RHhhhhaaaaaaa! mais bordel de merde....y'a même plus de poisson dans la Loire.....

Alors Esta décide de dormir...voilà...juste dormir....enfin elle va essayer...
Alors avant de se glisser dans son hamac, elle écrit un mot qu'elle coince entre deux noeuds....






Toc,

Réveillez moi si un jour on arrive.....si c'est pas trop vous demander....

Estainoise

Puis elle ferme les poings et les yeux....et aussi ses oreilles.....

Elle espère bien rêver un peu à défaut d'aller au bout du monde.

_________________
Farrow
[Presqu'un mois plus tard - même fleuve]

Assis sur un seau renversé, l'angloy s'accoude sur ses genoux et d'un geste sûr, pratique une entaille dans la partie ventrue de la carpe, en y plantant l'extrémité de la lame d'un couteau effilé. Il remonte ensuite jusque sous les ouies, lâche le couteau et enfile son index dans les tripes qu'il saisit et extrait d'une pression du pouce.
La tripaille balancée par dessus bord, va flotter un instant sur la Loire avant d'être dévorée par un grouillement de poissons voraces attirés par ce festin inattendu.

Farrow avait rejoint Toc et Estainoise quelques jours plus tôt, las d'attendre cette faucheuse qui n'en finissait pas d'arriver du coté de Bordeaux. Il s'était pourtant promis de ne plus bouger et de laisser faire les choses. Encore une promesse qu'il ne tiendrait pas.

Par une coincidence extraordinaire - le hasard faisait parfois étonnamment les choses - Bert' était elle aussi, revenue sur Saumur.
En l'espace d'un quart d'heure, elle avait percé la cuirasse de Farrow pour crever le coeur de Lecter qui n'avait, bien qu'il ne l'avouera jamais à personne, pas pu empêcher cette foutue boule de se former et bloquer tous les mots dans sa gorge. Il n'eut donc pas le choix que de lui servir qu'un condensé de paroles dures mais au final aussi quelques mots d'amour ce soir là, avant qu'il ne monte à bord du Valois et quitte l'Anjou.

It's time, time that you love Farrow, I want you to have fun.
Il est temps, temps que tu aimes Farrow, je veux que tu t'amuses.

Don't forget, put a candle in the window when you'll be ready... We'll be back soon... and a kiss upon my lips.*

N'oublie pas, mets une bougie sur la fenêtre quand tu seras prête... On reviendra vite... et un baiser sur mes lèvres.


Les deux carpes une fois rincées furent fourrées d'une poignée d'herbes odorantes prises au hasard dans la réserve de plante et mises à cuire à l'étouffée, le temps qu'il ramène du mess trois verres et autant d'assiettes.

Il faisait doux.
Le Valois ouvrait les flots hardiment et bientôt ils seraient en vue des lueurs d'Angers.
Toc était à la barre, un lapin blanc à coté de lui.
Savait il qu'en d'autres lieux ces rongeurs portaient malheur à bord d'un bateau ? Voulait il leur attirer le mauvais oeil ?

A la première occasion, Farrow n'hésiterai pas à passer la bestiole à la broche, ça changerait du poisson et rassurerait tout le monde.

Estainoise restait invisible. Elle leur avait dit avoir prévu dans ses malles, outre quelques articles à vendre, toute une panoplie de robes, braies et chemises, ce qui avait laissé le brun perplexe.
Allait elle passer des heures à choisir le ruban ou chercher la coiffe assortie ?

J'vous préviens que quand c'est cuit, moi je mange !



* Picked up and amended a little from "Time" - Tom Waits
Estainoise
Bon, pour résumer, Toc et Esta avaient fini par se sortir des sables de la Loire.....
et ils avaient réussi à accoster à saumur pour que la belle Esta puisse enfin emménager dans son manoir de Givré.
Pour finir, une de leur recrue qui devait les attendre à Bazas, avait perdu patience et était venu les rejoindre à Saumur...il en avait largement eu le temps!
Et enfin, après quelques jours en anjou, ils étaient remontés à bord du Valois pour reprendre ce voyage....jusqu'au bout du monde, mais pas tout d'suite!


Même si elle était au sevice de Toc donc au travail, le mois d'août était tranquille et Esta se laissait vivre,
à profiter du soleil lorsqu'il daignait se montrer....
La Loire avait décidé de ne plus leur jouer de mauvais tours, et tout se passait pour le mieux.
Pour s'occuper un peu il avait été décidé de manger ensemble sur le pont du bateau et de profiter de cette Loire avant qu'elle ne se jette à la mer....
Farrow apportait le poisson qu'il avait péché, Esta aménerait le pain et le vin...
ainsi que ce fromage qu'il était temps de manger.

Elle souhaitait aussi, pour cette occasion, changer un peu ses atours,
alors dans sa cabine, avant de les retrouver sur le pont, elle ouvrit ses malles une à une, pour trouver une tenue adéquate.
Mais rien ne lui plaisait.
Elle jeta sa houpelande jaune avec colère dans sa malle,
Non! Elle ne porterait pas cette tenue idiote qu'elle n'avait porté que .....bon passons....
Décidément, non, cette tenue n'était pas pour elle.

Finalement, elle se décida...
elle garderait sa tenue de tous les jours, pour changer un peu.

Pour en arriver là, ça lui avait pris pas mal de temps....et c'est ainsi qu'elle arriva, sur le pont du bateau, avec son p'tit panier...
Non non, elle n'avait pas l'air....



J'vous préviens que quand c'est cuit, moi je mange !

c'est ainsi qu'elle fut accueilli alors qu'elle se pointait....

Vous êtes donc tellement affamé Farrow?

Estainoise arrive à sa hauteur et lui montre son panier....
attendez donc que je sorte une bonne boutanche!
Liant la parole au geste, elle montra un montre cul, la dernière bouteille qui lui restait d'un passé bien lointain...

J'nous ai trouvé un bourgogne ...enfin c'est ma dernière....celle ci, je la gardais pour une grande occasion...
N'est ce pas un bon jour pour la boire?

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Farrow
L'inconvénient lorsqu'on est étranger, c'est qu'on ne saisit pas toutes les subtilités du vocabulaire local. Parfois ça peut aussi s'avérer utile, mais l'angloy ne choisit pas l'option d'en profiter ce soir là.

Il faut dire qu'appeler un vin Montre cul, ça pousse au crime. Faut il être pervers pour afficher ça sur une bouteille de vin !
Et le mondain n'a pas besoin qu'on lui rappelle qu'il n'a pas troussé de fille depuis.... pfff... bien longtemps maintenant. Les nuits d'onanisme étaient certes un palliatif salvateur dans l'urgence mais Estainoise, pour sage et bonne camarade qu'elle soit, n'en demeure pas moins femelle et unique à bord, ce qui n'arrangeait pas les affaires de Farrow qui s'était promis de ne pas y toucher.

Vous le faites exprès ? Vous savez bien que je suis affamé... Madame de la Dérobade ! Entre les "boutanches", les "faquins" et maintenant votre Montre cul, j'vous jure qu'il faut que je prenne sur moi !


Il ignorait ce que le jour avait particulier pour être qualifié de grande occasion. Etait ce l'anniversaire d'Estainoise ? Fêtait on la Saint Patrick à l'avance ou le capitaine avait il signé un nouveau contrat juteux ?
Quoiqu'il en soit, les carpes semblaient être cuites, au fumet qui se dégageait de la marmite.
L'angloy souleva le couvercle, en sortit les poissons pour les porter à table et que chacun vienne y piquer.
Theodule
[Bien deux mois plus tôt - Sur le fleuve Loire.... ]

Assis sur le pont, les jambes ballantes par desssus bord, les bras posés sur le bastingages, T.o.C. pensait à la poisse du manchot chauve et aveugle. Etait elle plus forte que la sienne ? Si oui expliquerait elle de s'être échoué sur un banc de sable du fleuve Loire entre Gien et Cosne ?
Toutes à ces pensées, il fixait les bancs les entravant. Sur les bancs, la gente dame de Givré maniait avec dextérité la pioche. A chaque coup des éclaboussures sautait joyeusement sur ses vêtements, ses bras, sa poitrine, son visage. A la question posée, il lui marmonna une réponse courte, brève.

Le sable, l'attente le décourageait. Ainsi passèrent plusieurs jours entre Gien et Cosne ou Cosne et Gien. Une nuit, peu de temps après avoir repris la barre, il prit la décision de couler la nave. Ainsi les sables auront triomphé mais ils en seront délivrés. Se saisissant de la pioche, d'une lanterne, il descendit à la cale pour y pratiquer le trou libérateur. Prêt à frapper, des secousses jetèrent le blond homme au sol. Des grincements du bois se firent entendre. Une sensation d'avancée fut ressentie. Ils bougeaient. La nave avançait. Enfin ils étaient libérés de la gangue de sable...

Pour ne pas réveiller la dormeuse, il écrivit la bonne nouvelle.




Dame Esta,

Nous sommes libres. Saumur nous attend.

Que Déos vous garde
Toc


[De Cosne à Montaigu ... correction à Saumur ... la digue, la digue.... ]

La remontée du fleuve Loire fut dès lors rapide. Le navire filait et aucun foncet n'aurait pu lui résister. Tours fut laissée en arrière. L'escale s'appelait Saumur et le manoir de Givré. Charmante demeure dont il appréciait les ombres et y amenait livre de navigation. Le blond marchand s'était juré serment de devenir le meilleur des navigateurs pour éviter à l'avenir tout banc qu'il soit de sable ou de caillou. Plongé dans ses lectures, ces connaissances, il se fit ombre. Il travaillait la nuit, dormait le matin, étudiait les après-midi ou somnolait.

Finalement ils quittèrent cet havre angevin, gagnèrent Tours, descendirent chercher les chevaliers aux hameaux et leurs cargaison en Guyenne avant de braver la mer Océane et son golf de Gascogne.

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Theodule
[Bien une semaine plus tard - dans une taverne de Porto.... ]

Assis autour d'une table dans la "Taverna da Ribeirinha do Porto", le blond marchand et son ami le sir Farrow tournaient langue. Autour d'eux, quelques habitués buvaient seuls et en silence leurs chopines de Cerveja. Non loin du comptoir, un vieux, vieux écriteau affichait les prix usités en le lieu. Du Pão, forme de boule fabriquée à partir de farine, de sel et d'eau, se vendait 5.80 Cruzados. Du Peixe grillé se consommait pour 18.00 Cruzados. Servi avec ou non des bâtonnets, il mesurait bien environ 10 pouces de long. Sa cuisson fleurait bon l'océan. Outre tourner langue, nos deux compères buvaient allègrement de la boisson locale, la Cerveja. Boisson fabriquée à partir d’eau, de malt et de houblon.

L'ambiance de la taverne était calme. Seuls des mots françois y résonnaient entrecoupés parfois d'entrées de portugais et portugaises. Malgré les efforts de nos deux amis à user de la langue lisboète, ces portgais restaient bien taiseux. La sortie des habitants du cru marquait généralement la reprise des sujets de discussion. Les sujets ne manquaient pas mais un en particulier ressortait : l'absence de la dame de la Dérobade.


CLAC !!! la porte s'était refermée.

... Par les saintes culottes de Déos, que boutique encore dame Esta ?

A croire qu'elle ne souhaite plus nous montrer son habilité de la langue à engager les gens de Porto. Pourtant il s'agit de notre dernière nuit en ce port avant la remontée du Douro.

Diantre où peut elle bien être, dame Esta ?
termina de dire le blond Toc avant d'avaler une gorgée de sa chope.
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Estainoise
Pendant c'temps là.....

Esta faisait les cent pas sur le pont....
Elle était prête pour le départ...midi sonnait...elle devrait lever l'ancre...c'était convenu comme ça...

Mais voilà...on dit que ce sont les femmes qui font attendre mais là, mais là....c'est tout son équipage qui la faisait attendre....sauf ses portugais...enfin y'en avait un qui était là de la veille...de peur de rater le voyage....
Les autres étaient en retard, mais pas pire que les françois.....
ils vont apprendre ce que c'est que la patience avec l'équipage qu'Esta se coltinait.....

bref...il était déjà le soir et elle attendait toujours.....

Si elle ne se retenait pas, elle lèverait les amarres sans attendre les retardataires....
sauf qu'Esta s'écoute trop.....

alors elle attend.....tout en pensant....

Toc....je vais finir par noter tout le temps que vous me faites perdre et donc tout l'argent que vous allez finir par me devoir....

pourquoi donc n'êtes vous pas encore à bord, par deos!


Non Esta ne s'énervait pas, elle marquait dans son carnet tout ce que lui devait Toc
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Farrow
Le lusitanien est sombre.
Le lusitanien est ténébreux.
Les lusitaniennes sont effrontées.
Mais par dessus tout ces portugais sont affamés.

Les passages s'enchainent, sans mot dire. Toc et Farrow on beau tenter de saluer, sortir des phrases qu'ils pensent spirituelles, aucun des clients de Porto ne fait cas d'eux.

Madame de la Dérobade doit à cette heure, déjà s'être trouvé un hidalgo, sir Toc... je l'ai aperçue sur le pont à faire des gestes aux marins. Je gage qu'elle ne tardera pas à leur toucher le pompon...Elle ferait n'importe quoi pour recruter du personnel.

Cependant Toc semble contrarié... Inquiet.
Et l'angloys, sur qui le marchand a une influence des plus néfaste, par mimétisme, s'inquiète aussi.

Ecrivez lui un poème sir Toc ! Les femmes, elle adorent ça...
Theodule
Le blond marchand fronce les sourcils et tord sa bouche à l'écoute des marins. C'était vraiment le pompon de se mettre à toucher les hildagos et autres portugais. ToC avait sourit lorsque le sir Farrow s'était insurgé contre ces mauvaises pratiques. Cette conversation s'était tenue en l'an de grasse mil quatre cent et soixante deux lors de leur longue traversée vers le Portugal. Arrivé dans le port de Porto, le blond ne souriait plus. Avez vous vraiment idée de toucher les pompons d'illustres inconnus quand vous ne savez ni de Deos ni de Christos où ils ont trainé ? Il s'apprêtait à répondre quand un grincement de la porte se fit un entendre. Un autre lusitanien.

GRINNNN !!!

Bom dias !
lança Toc.

Farrow tenta également d'autres mots. Mais rien. Absolument rien. Nada. Pet sec La seule réponse fut de manger ce pão et de sortir sans mot dire.


Vil faquin mal élevé !!! Tiens !!! cria contre la pauvre porte en bois ToC.

Par son énervement, il finit d'un trait le restant de sa chope. Ce breuvage fermenté apaisa ses pensées. Elles se concentrèrent sur le poème, l'absence de la dame et la rivière. Il exprima ses pensées à haute voix.


Poème mais je ne suis point trouvère. Laissons pas quelques vers nous bloquer. Ce serait le pompon.

Mmmmh

Une chanson nous aiderait certainement à poser nos vers avant de remonter cette rivière.
Monter .... une rivière ... la rivière


Et la chanson vint à lui. Elle vint éclairer son esprit embrumé par les nombreuses chopes de Cerveja. Boisson locale qui ferait patienter la dame de Givré le lendemain matin plus que de raison. Mais cela est la suite de cette histoire. Le blond se mit à fredonner la chanson. Se tournant vers le sir Farrow, il se tut et lui demanda.

Ecrivons le à quatre mains.
Avec mes deux pauvres pognes, nous y serons encore jusqu'à demain. Que pensez vous du thème de la rivière ?

Je connais un air qui nous aidera à trouver l'inspiration
. Toc se remit à fredonner l'air.

Qui sait si l'angloys le connaissait. Tout à ses fredonnements, il tira de derrière le comptoir encrier, feuillets pour entamer leur oeuvre artistique. Le grattement reprit presque en canon l'air prononcé. Fier des premières lignes tracées, il avança la feuille vers sir Farrow.


Que rimerait donc avec cette sainte maudite culotte ?
Qu'irait donc avec une culotte. Je sèche un peu ....




C'est dans le mois de S'tembre en montant la rivière
C'est dans le mois de S'tembre que les filles sont belles
Que les filles sont belles o gai que les filles sont belles

Mais moi je ne changerai pas en montant la rivière
Mais moi je ne la changerai pas car elle est trop belle

Elle porte la sainte culotte en montant la rivière
Elle porte la sainte culotte avec ....

_________________
Farrow
Voilà que Toc s'enflammait.

F_cking hell ! si j'avais cru ça .... Il envoyait du faquin à tout va, n'hésitant pas à traiter les gens de poisson King of the seas ! Quelle audace !

Cependant il restait toujours poli vis à vis des nouveaux entrants et accueillait les personnes avec toujours plus d'allant et d'enthousiasme balançant des "Bom dias" et des "ola" de façons plutôt joviale, ce qui, curieusement, glaçaient les autochtones. A croire que ces mots avaient une tout autre signification que ce qu'ils pensaient.... Ou l'accent peut être qui n'était pas au point ?

Les clients se suivaient et se ressemblaient tous : des muets, le visage fermé, le regard hagard (du Nord, le Viking) et surtout extrêment distants.
L'angloys tenta bien de demander à l'un d'entre eux s'il n'avait pas vu une étrangère tripoter des pompons mais là encore, il dut certainement s'emmêler dans les mots car il ne reçut qu'une porte flambée pour toute réponse...

Dure vie que celle d'un immigré !

Etait ce pour donner le change ou pour avoir l'air intelligent ? Toc sauta du coq à l'anesse et entama le poème, non sans s'être au préalable défaussé en demandant à Farrow de l'aider sous prétexte qu'il n'avait pas de talent de trouvère.

... Et moi je suis angloys ! J'vois pas comment je pourrai vous aider ! Je n'ai pas votre vocabulaire !

Il écouta cependant le blond marchand qui fredonnait le début de la chanson quand il stoppa soudainement, buttant sur un mot.


Culotte.

... je sèche un peu....


Toc tourna un regard interrogatif en battant du cil vers le brun.

... heu... Théodule....

oui sir Farrow ?

Sauf votre respect, c'est avec rivière qu'il faut trouver une rime... pas culotte. Je comprends que vous fantasmiez sur celles que Deos a bénies et offertes à Madame de la Dérobade mais tout de même.... vous vous égarez sir.
Theodule
... Et moi je suis angloys ! J'vois pas comment je pourrai vous aider ! Je n'ai pas votre vocabulaire !

Le blond n'écoutait déjà plus les excuses de l'angloys. Il était tout à son fredonnement, à sa chanson, à sa rivière. Ses pensées étaient tournées vers la rivière, vers la belle tâchant la remontée. Par les saintes culottes de Déos, cette rivière seraient remontées, se jura Toc. Eut il fallu sortir les rames, louer tout boeuf aux alentours pour tirer la nave. D'ailleurs lors de cette remontée, la belle ne pourrait l'entreprendre nue. Assurément pas. Une culotte, la culotte de Déos lui serait d'une grande aide. Ainsi qu'erraient ses pensées sur cette fameuse rime culotte.

Sauf votre respect, c'est avec rivière qu'il faut trouver une rime... pas culotte. Je comprends que vous fantasmiez sur celles que Deos a bénies et offertes à Madame de la Dérobade mais tout de même.... vous vous égarez sir.

Surpris, contrarié, ses sourcils se froncèrent subitement. Ses mains s'ouvrirent, lâchant la plume. Ses bras s'agitèrent devant son visage au même moment où ses arguments pour le port de la culotte, la conservation de la rime sortaient de sa bouche.

QUOI ??? M'égarer ???

Allons donc ...

... Confondre les culottes de Deos et de la dame de la Dérobade. Des culottes blanches, simples avec des culottes agrémentées de voiles, de tissus devant ... ou derrière ... arborant une éclatante couleur vermeil quand les feux du soleil couchant les éclairent ....
Volant ! Oui c'est le mot ! Volant. Volant vermeil pour la rime et la couleur

Voyez comme vous pouvez être aidant. Vous avez donc du vocab ...
s'interrompit le marchand. De nouvelles gorgées de chopines, la poésie donne soif et avec une certaine frénésie, il se saisit de la feuille pour poursuivre le poème .... Le frottement de la plume s'entrecoupaient de murmures, de fredonnements.

mmmh .... O gai, o gai .... mmmh
.... doux ... mmmh
tablier. tablier ? ... tablier, oui tablier mais avec cela ... que faire ?


Se tournant vers l'angloys Avez vous une de vos merveilleuses idées pour la rime du tablier ? Toc le fixa et réalisa qu'il avait gardé la feuille où figuraient plusieurs nouvelles lignes. Comment pouvait il comprendre alors l'avancée du poème. Il l'avança vers sir Farrow. Son visage afficha un rire à la pensée de cet oubli.



... avec un volant vermeil
Un volant vermeil o gai un volant vermeil

Oh ! qu'il me serait doux en montant la rivière
Oh ! qu'il me serait doux, ce serait une merveille
Ce serait une merveille o gai ce serait une merveille

Avec un petit tablier en montant la rivière
Avec un petit tablier tout près d'une ...

_________________
Farrow
Je me permets d'insister sir Toc. Les culottes de Deos sont bleu azur et de taille conséquente au vu de la carrure et l'ampleur du bonhomme. Le volant est à l'arrière et légèrement voletant... oui...

L'avantage c'est qu'on peut y entrer à plusieurs...

L'alcool embrumait le cerveau de l'angloys mais développait son imagination avec tout autant d'efficacité. Il se voyait déjà partageant la culotte le volant flottant sur l'arrière du postérieur.

Si je puis choisir sir Toc, j'aime autant être à l'arrière... mmmmh...

mmmh... O gai, O gai.... mmmh...

ça ne vous ennuie pas au moins ?


.... doux .... mmmh
tablier. tablier ?


Le marchand reste lunaire comme dit Estainoise. Il fredonnait sa chanson d'un air absent pendant que l'angloys repensait à tous ces lusitaniens qui leur avait claqué la porte au nez.

Peut être que Bom dia veut dire autre chose ? Une chose vexante ... ?

Chacun est à ses pensées, croisant les langues dans un échange un peu décousu mais que les deux hommes arrivent à comprendre et interprêter sans peine.

Tablier, oui tablier mais avec ça ... que faire ?

Farrow se leva, puis arpenta la salle de long en large pour mieux réfléchir. Il s'envoya une pinte et bière dans le gosier et en offrit une à son compère artistique avant d'aller regarder par le hublot.
Dehors, tout était noir dans la tiédeur du soir. Il faisait doux et on n'entendait que la plume du marchand qui grattait... raturait, biffait le velin.
Il aperçut Estainoise affairée avec des pompons dans chaque main. La bouche de l'angloys s'assêcha instantanément.


Une blonde entra.
Fort belle, fort volubile, fort blonde à forte poitrine. Un peu comme une portugaise décolorée.
Un instant ils espérèrent que la malédiction des Bom dia et ola était terminée.
La jolie blonde entreprit de comprendre les raison de leur échec avec les autochtones et les noya dans un flot de paroles incompréhensibles.
Trop blonde ?
Trop empressée ?
Oui ça devait être ça.

Elle finit par se vexer elle aussi refusant de leur expliquer les raisons de son brusque changement d'humeur puis parti, laissant les deux hommes à leurs réflexions.

Farrow s'approcha et posa une main sur l'épaule du poète

Pouvez vous me lire la fin sir Toc s' il vous plait ?



Avec un petit tablier en montant la rivière
Avec un petit tablier tout près d'une ...



Farrow pris le flacon désormais vide et lui lança... Bouteille !

Ca ne rime pas ... mais il fait soif !
Estainoise
Pendant que les hommes poétisent Esta rumine.....

Mais qu'est ce qu'ils foutent!

C'est lorsque le soleil était couché depuis belle lurette qu'elle vit enfin les deux compères se pointer sur le pont du bateau, l'oeil éclairé d'une malice avinée, un air au bout des lèvres.....et un éclat de rire lorsqu'ils la virent, pioche en main pour les accueillir.

Dites donc! c'est à cette heure ci qu'on arrive!
J'allais lever l'ancre sans vous, vous savez....


Vous avez quoi pour excuser votre retard?

Esta ne savait pas qu'une fois l'ancre levée et sitôt arrivée au niveau de Lamego, la nave se retrouverait encore une fois ensablée, bloquée.....pour un temps indéterminé.

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Theodule
[La veille de l'embarquement et des cents pas de la Derobade - dans la même taverne de Porto.... ]

Si le marchand avait aperçu l'affairement de la dame de la Dérobade à ses pompons. Assurément il en aurait été tout tourne boulé, sens dessus-dessous. Son attention était cependant tourné entre son vélin et l'angloys pressé à arpenter la longueur de la salle. Tout cessa à l'entrée d'une généreuse blonde nommée Carine. En tout bon flamand, le marchand cessa son écriture et s'approcha de la portugaise. Trop blonde, trop peu portugaise elle leur apprit enfin laissa penser fortement la signification de Bom dia et autre Boa noite. Ainsi leur échec était ainsi fort compréhensible.

La sortie de la blonde plantureuse marqua la reprise de l'écriture poème.


Bouteille ! Ca ne rime pas ... mais il fait soif !

Bouteille ? Bouteille ?
Va pour bouteille !

Buvons pour terminer ce poème. La Ceveja sera notre muse. Ce poème fini, je le déposerai à la porte de la dame de la Dérobade.


Souriant et grisé par les chopes de la boisson locale, il saisit à nouveau la plume pour jeter les dernières lignes que le rythme de la chanson égrenait en son esprit. Le temps que les nouvelles chopes soient servies, le poème étaient achevé. Il avança la feuille tout en prononçant les derniers mots.

.... tout près d'une bouteille

Et à tous les matins en montant la rivière
Et à tous les matins la dérobée se baigne
La dérobée se baigne o gai la dérobée se baigne


Un rire joyeux ponctua ses mots.



.... tout près d'une bouteille

Et à tous les matins en montant la rivière
Et à tous les matins la dérobée se baigne
La dérobée se baigne o gai la dérobée se baigne

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