Anaon
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Petite furie répond à la pique. Elle bondit de sa chaise comme diable de sa boite, obligeant l'Anaon à se redresser subitement pour ne pas encaisser du nez une épaule furibonde. La Vexée se tourne d'un bloc pour la rabrouer, mais la balafrée garde bouche-close, préférant l'amusement qui pétille dans ses prunelles de voir enfin la "sur" se dévoiler. Les mains viennent ceindre la taille, ordonnant un corps à corps presque indécent. Une proximité qui ne froisse aucunement la Susceptible. En plus de Judas, Cerdanne est bien la seule qui peut jouir d'un tactile sans en offusquer l'aînée. La Provençale l'a vu nue de toute étoffe, nue de tout orgueil, nue de toute humanité. Elle l'a vu vulnérable quand elle crevait de ses douleurs, quand elle pleurait Judas, dans ses délires, dans ses folies. Elle l'a vu aimante et haineuse, douce et impitoyable. Cerdanne a exploré tous ses vallons et ses secrets. Alors ce ne sont pas deux mains arrimées à ses hanches qui pourront embarrasser la mercenaire.
_ C'est trop facile de faire passer ses défaites pour des faits exprès...
Un sourcil s'arque sur le front blanc alors que le visage reste théâtralement muré dans une expression des plus sérieuses. Les lèvres en convalescence osent une moue minime. Latence.
Oh Cerdanne... Cerdanne. L'Anaon pourrait sourire. Elle pourrait rire de joie, écartant ses bras pour étreindre gaiement celle qu'elle n'a pas vu depuis si longtemps. Elle pourrait lui dire mille et une choses, qu'elle a vu son fils et qu'il est beau comme son père, qu'elle a retrouvé Sergueï, elle pourrait lui raconter bien des ragots et lui demander les siens, lui compter ses aventures, exiger qu'elle lui parle de ses jours loin d'elle...mais.... Le jeu s'est installé et il serait bien triste de le gâcher. Les retrouvailles de blabla sont remises à plus tard, pour l'heure elles sont un couple, il leur faut honorer.
La dextre de l'Anaon se pose avec délicatesse sur la senestre cadette, et lentement, elle se recule pour se défaire de l'étau des mains. Le dos se penche avec élégance pour aller baiser les doigts pris dans les siens sans que prunelles ne quittent les azurs voisins.
_ J'espère au moins que tu sais danser... J'ai pas envie d'me taper la honte.
Et si ce n'est pas à cela que tu t'attendais, et bien tant pis pour toi ! Mots soufflés contre la peau, l'Anaon se redresse et sans attendre une réelle réaction de sa partenaire, elle l'entraîne. Main gardée dans la sienne, l'autre serrée contre ses reins, elle lui fait contourner les tables jusqu'à la mener au centre de la salle comme on mènerait sa dame.
Premier couple sur la piste. On voulait rester discrètes ? Et bien c'est trop tard ! Deux femmes pour ouvrir la danse, deux semblables aux yeux bleus et aux cheveux brun, nippées comme des hommes. L'original est au rendez-vous et prêt à s'assumer. Désormais bien trop occupée par son Chardon, l'Anaon se fout bien de tout ce que l'on peut dire autour. Le coin de lèvre valide se tire dans un léger sourire et la main de Cerdanne est abandonnée. Les bottes reculent de quelques pas. L'Anaon salut, amusée du jeu. Et de revenir, tourner de quelque enjambée autour de la fleur du sud avant de lui présenter le plat de sa main. Puis de murmurer, profil à profil.
_ Mon Épineuse serait-elle prête à se montrer sous son jour le plus gracieux et aérien ? Je suis curieuse de savoir si tu sais flirter autrement qu'avec des lames.
Musique : " The tounament ", dans "The Red Sword", composée par Anne Dudley
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| © Image Avatar : Eve Ventrue | © Image Signature : Cristina Otero | Anaon se prononce "Anaonne" |