[NK]Peyotl, mon bon peyotl

Jamais, jamais elle n'aurait du boire à ce point. Le soir venu, elle reprit la route, ces peyotls avec elle.
Au détour d'un sentier, deux brigands lui tombèrent dessus. A deux contre un, on ne fait pas grand chose vous savez. Quelle ironie du sort. Un coup de massue l'assomma et elle sombra dans le sommeil.

Quand le soleil caressa son visage, ses yeux battirent faiblement. Lunran ne bougea pas pendant quelques instants puis tout se remit en place dans sa caboche. Des jurons retentirent dans toute la forêt.

Noooooon ! Ma bourse ! Mes peyotls !

Les Dieux sont toujours contre elle. Heureusement que son stock ne se réduisait pas à ce qu'on lui avait volé.

Si un jour, j'vous retrouve, j'vous ferez payer cher ce coup-là. Me voler ! Moi ! Lunran la Sublime !

Continuant de marmonner, elle reprit la route vers Huiloapan, son clan.


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Rebelle par Nature
Pénible à ses heures
Voleuse de moult choses

[ Quelque part entre conscience et inconscience ]

_ J’en ai maaaaarreuuuuuh!

De qui, de quoi? Elle en s’est rien. Juste marre.
Elle semble marché sur un fil invisible tentant d’assurer son équilibre précaire par un balancement des bras. Quoi que c’est peut être pire… quoi qu’elle en sait que dalle.

_ Marreeeeeee… de canard?

Rire qui s’échappe dans la foret.

_ Mouahah… pitoyable.

Semblant de sérieux. Le visage se tend, la démarche s’assure, le torse se bombe… avant de s’avachir de nouveau dans une énième plainte. Un regard mielleux balaye l’horizon sans la voir, à peine capte t’elle qu’elle est sur le point d’arriver à l’entrée du clan. Tcheku zigzague autour d’elle, tentant d’éviter du mieux possible les pieds qui manquent de le shooter à chaque pas. Parfois l’oceltot lui mord le mollet, comme pour la rappeler à l’ordre, mais la femelle est bien trop dans les choux pour réagir. En même temps…

Voilà plusieurs jours que la Brume s’est remise aux plantes. Rien d’exceptionnel sauf quand on voit les mélange qu’elle nous pond. Tlapatl et Piciel, Poyomatli avec Peyotl. Mélanger le poison avec l’antidote. Flirter avec le risque sans s’y risquer. Le pire certainement et de constater qu’elle ne chique pas tant que cela.. Mais elle fume. Ceux qui la connaisse savent que lorsque la Brume abandonne la chique pour la fumette, c’est que la fin du monde est proche. En effet, pour la nahualli c’est la fin des haricots, tomber plus bas ne sera pas plus dur. Bien qu’elle soit chaman, les Dieux semblent ne plus apprécier ses dérives et la punissent en la plongeant dans cet état pitoyable, lui faisant voir mille et une horreur. Qu’importe, les dieux elle les emm… bref vous comprenez l’idée.

La guerrière traverse maintenant le clan, accompagné des grognements du félin.

_ Pulque!

Envie subite! Inexpliqué, mais envie intarissable. Une taverne vite vite! La voilà qu’elle s’y dirige d’un pas déterminé tandis que l’ocelot prend la tangente.

_ Pfff! Tafiole vaaaa!

Une main se saisit de la tenture bouchant l’entrée tant convoitée. D’un vif mouvement du bras, l’étoffe est tiré dans un bruissement feutré. Un regard déterminé balaye l’amas de pécore. C’est d’un pas presque assuré qu’elle s’approche du tavernier. La bouche s’ouvre, une grande inspiration et là… et meurdasse! Triste constations… Elle a plus un rond. Foutre ciel! C'est vraiment pas le moment!

Un regard sombre passe sur chaque personne de la taverne. Y’en a pas un qu’elle pourrait délester de sa bourse? Grincement de dent. Va falloir trouver autre chose. Son attention se reporte sur le tavernier. Solution… solution…

La nahualli se redresse prenant un air des plus sérieux. Un main vient se plaquer sur son front, les yeux se ferme.

_ Tavernier! Mon nom est Brume Sauvage, Grande Chaman aztè…euh Grande Chamane de Tezcatlipoca! Je suis l’esprit du Nagual. Les dieux… les dieux s’adresse à moi..ils chercher à me parler.! Vite offre moi à boire, et je te lirais ton avenir dans le pulque!

Ton cérémonieux, assez fort pour que tout le monde l‘entende. Bah on fait bien avec ce qu’on a hein. Puis sont tellement beurré les autres, vont pas réfléchir. Sa réputation commence à se faire, autant en user, et puis, tatoué des pieds à la tête, on ne peut pas douter de sa nature chamanique… Si?

Jouant de ses art de comédie - plus ou moins contestable - la chamane continue son manège.

_ Arf je vois.. je vois... ah vite tavernier!
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Quoi? Le tavernier la regarde d’un air dubitatif. Le ton était parfais! La formule aussi! L’expression de la chamane en transe: Ma -gni -fi -que! C’est une comédienne née j’vous dis. Alors qu’est-ce qui clocheuh? Ah ouai! Alors c’est CA!

La nahualli shootée tape violement sur la table à en faire trembler les calebasses.

_ Ouaaaaii C’est par c’que j’suis aztèque hein, c’est çà! Discrimination mois j’dis! Les nazetèques comme vous dîtes, bah sont plus balèze qu’vous d’abord! On se fait pas des bisous à longueur de journée, on est ultra tip top bien organiser dans les armées! On est de vrai guerrier, des vrai de balèze! Vous vous êtes pris une pure raclée l’année dernier à Tizatepec hein, z’avez oubliez hein! Pis là sans nous, les Metz, vous vous les s’rez pris dans l’c…

Tiens, encore en vie ?
Ils t'ont finalement trouvé trop moche pour avoir envie de te sacrifier en l'honneur de leur dieu ?

Le visage de la guerrière se tourne vers la donzelle qui l’interpelle. Vision floutée par les multiples substances fumées ses derniers jours -son organisme n’est qu’un potager de peyotl- elle scrute la femelle des pieds à la tête. D’où qu’elle sort celle là? C’qui d’abord? Dur de faire une mise au point sur quelque chose quand tout vous apparait déformer. C’est que dans ces moments, là Brume ferait pas la différence entre une chèvre et un lama.

_ Moche? Moooooooaaaaa?

La Brume n’est pas du genre à avoir la fumette mauvaise, mais n’étant pas bien d’humeur à la base, et bien çà n’aide pas. Nan pis moche! Nan mais oh, c’est qu’elle a d’la peau de sauc’ d’vant les yeux la donzelle!

_ On a pas élevé les pécaris ensemble que j’sâche? Alors ma dinde fait gaffe à c’que tu dis hien! Sinon… sinon… euh sinon…

Vif regard jeté aux alentours. D’une main elle chope une calebasse vide qui se trouve à sa porter.

_ Tu vas voir ou j’vais te la mettre celle là!
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Décidément, c'était une drôle de journée pour Chico. D'abord, il y avait eu cette femelle alcoolique vêtue de haillons qui lui avait gueulé dessus pour avoir sa dose quotidienne de pulque, et maintenant cette femme qui se prétendait Grande Chamane de Tezcatlipoca.

Mais Chico était resté dubitatif devant son grand discours. Ouais ouais du beau baratin! A mon avis, elle a pas un rond c'est tout, pensait-il. Et puis, elle avait pas une tête du coin, c'était une étrangère fallait se méfier! La femelle semblait avoir compris qu'il en la servirait pas et commencer à s'emporter.

C’est par c’que j’suis aztèque hein, c’est çà!

Ahhhh une nazetèque il s'en doutait bien! Arghhh, il détestait ces gens-là c'était même double tarif pour eux ici. Il se renfrogna et la laissa continuer sa soufflante. Il s'apprêtait à la faire sorti lorsque la première femelle sur qui il avait gardé un oeil intervint.

L'aztèque se retourna et les deux se mirent à se débattre furieusement pas loin d'en venir aux mains. Chico s'interposa.

Mesdemoiselles, on se calme! Je ne veux pas de bagarres dans mon établissement et puis vous dérangez les clients alors si vous voulez vous battre, vous allez dehors, l'arène est juste à côté.

Elles lachèrent alors leur regard et se retournèrent vers lui. Chico n'était pas rassuré en voyant les quatre yeux tous plus rouges que les 3 autres, qui le fixaient, plein de fureur. Mais il ne fallait pas le montrer et il garda son ton sévère et sec.

Celle qui tenait un poignard dans la main l'invectiva.

Oh toi la ramène pas hein !
C'est une histoire entre moi et elle !
Mais on peut commencer par s'occuper de toi, si tu y tiens...

Chico soutint son regard. Il n'était évidemment pas de taille à lutter contre les deux en temps normal mais vu qu'elles avaient l'air toutes les deux complètement défoncées, il pourrait sans doute les maitriser, quoi qu'il en doutait car elles ne sauraient pas se contrôler elles-mêmes. Quoi qu'il en soit, il ne faiblit pas et leva le bras en direction de la porte.

Non je ne veux rien avoir à faire avec vous! Soit vous sortez vous battre dehors, soit...

Il eut alors une idée. Il allait tenter de les amadouer pour les rendre plus dociles.

Soit vous vous asseyez toutes les deux à cette petite table et je vous amène deux bons pulques. Comme ça, vous pourrez vous expliquer calmement, sans armes et sans geste, seulement par les mots!

Aveugle à ce point là la fille ? Lunran plissa les yeux dans une profonde réflexion. Elle ne serait pas une grosse consommatrice de Peyotl divin aussi celle-là ? Ah bah, oui, chamane ! Voilà qui explique tout.

Deux pulques ?

Une étincelle s'alluma dans les prunelles de Lunran. Ah si on commençait à parler sérieusement hein...

Nan mais tu crois qu’on m’achète moi?! Suis chamane moi, pas la pécore du coin que t’achète avec trois graines! Et puis deux pulques… mais c’est quoi c’te proposition de radin!!!!

Amusée par la réaction de la Brume, Luny fit monter les enchères. Son calme, il l'aurait s'il y mettait le prix.

Deux jarres au moins.

Soudain, la chamane de pacotille se tourna vers elle, et la traita de quoi ?! De GROSSE ?! Son visage devint une belle grimace furieuse.

Non mais dis donc ! Tu t'es regardé ! Grosse toi-même ! Tu sais à qui tu parles ! Hein tu le sais ?
Lunran la Sublime, moi, madame la chamane. Sublime t'entends ! Non mais oh ! Riche et célèbre, et BELLE ! Pas un homme ne me résiste !

Chit. Elle n'aurait pas dit son nom là ? Bon, on va faire comme si de rien n'était en malmenant encore un peu ce tavernier.

Alors elles arrivent nos deux jarres de pulque ? Chacune !
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Sa tête est une véritable ruche, un festival de maracas et plus çà hurle: plus sa vibre. C’est tous ses neurones qui pulsent et quand la furie se mets à lui brailler dessus, la Brume se concentre plus sur son cerveau en pleine explosion que sur ces paroles. Mais y’a un truc qu’elle n’a pas loupé.
Grosse toi-même! Nan! Elle a osé! A la chamane de se redresser. Cambrée, yeux rouges auréolés de violet, c’est qu’elle ferait presque flippé. Petit déhanché et son index vient trouver son appui sur la courbe mise en valeur.

_ Ca ma caille, c’est du cuissot de compet’! Certifié cent pour cent pur muscle alors la ramène pas hein! Y’en a des donzelles qui rêverait d’avoir les mêmes!

Non mais! Et l’autre mâle qui râle encore. Ces Tlaxcs! Peuvent pas se la fermer deux secondes. Pour le coup la Brume y voit une véritable opportunité. Même beurrée quand il s’agit de pulque, la nahualli arrive toujours à réfléchir. Reportant son attention sur le propriétaire des pulques, elle pose ses deux mains sur la table et y prend appuie pour se rapprocher du mâle. Sourire narquois fiché aux coins des lèvres dévoilant ses dents finement taillées*. Le ton se fait bas, c’est l’heure du marchandage.

_ Ecoutes mon gars, files moi une jarre et j’te fous la paix.

Paradoxe avec sa précédente réplique? Non non, tout à l’heure, il a essayé de l’acheter mais là, c’est elle qui marchande… nu-ance!

_ De plus imagines ce qu’une femme en furie est capable de faire sur la natte hein… J’te fais pas un dessin mais tu vas gripper au mur je te le garantis. Alors en plus de ma barrer -avec ta jarre de pulque çà va de soit - je t’arrange un coup avec l’autre…

Yeux qui s’écarquillent soudainement et la bouche demeure ouverte. Soudaine réminiscence. Le visage se tourne. Attendez… Comment qu’elle a dit qu’elle s’appelait déjà?!

* Les Mayas avait pour habitude de se tailler les dents dans un but purement esthétique. On est peut être chez les aztèques, mais pour ceux qui ne le savent toujours pas, la Brume n’est pas cent pour cent aztèque ^^
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Chico les regardait toutes les deux. Maintenant elles débattaient pour savoir laquelle des deux avait la plus belle cuisse. Heureusement, qu'elles ne le prenaient pas à parti car il aurait bien eu du mal à décider. Ca, pour être belles, elles étaient belles! Il se dit que bien vêtue pour l'une et nette pour l'autre ce devait être de vraies déesses.

Mais en ce moment, elles avaient plutôt l'air de deux femelles qui passent leur journée à mendier dans les rues et à arnaquer son petit monde. Et voila que le ton semble se baisser, un sourire se dessine sur son visage.

La nazetèque se plante alors sur la table, voulant le prendre à part et dévoilant une belle partie de sa poitrine pour le Chico qui n'en perd pas une miette.

Ecoutes mon gars, files moi une jarre et j’te fous la paix.

De plus imagines ce qu’une femme en furie est capable de faire sur la natte hein… J’te fais pas un dessin mais tu vas gripper au mur je te le garantis. Alors en plus de ma barrer -avec ta jarre de pulque çà va de soit - je t’arrange un coup avec l’autre…


Non mais il revait ou quoi? Il y a moins de 2 minutes, la chamane voulait le tuer et maintenant, elle essayait de l'amadouer.

Et la deuxième qui suivait comme toujours. Elles faisaient maintenant un concours de celle qui dévoilait le plus de parties intimes, ce qui ne dérangeait pas notre fort tavernier Chico.

Le mâle, tu sais que t'es mignon quand tu te fâches ? J'aime. Promis, je deviens gentille si tu m'offres deux jarres de pulque, voir plus que gentille...

Et ce fut le chantier dans sa tête pour savoir que faire. Leur donner deux jarres sans garanties que ca se calme, ou ne pas leur en donner au risque que ça reparte. Il réfléchit... OH et puis tant pis, il avait déjà assez profité d'elle et son sourire malicieux ne lui dit rien qui vaille!Il s'approcha de son bar, remplit deux bols de pulque et leur servit.

Tenez prenez ça et vous aurez vos jarres quand vous partirez! Mais en attendant je ne veux pas un mot plus que l'autre, compris?

C'est ça les femmes. Un instant elles sont prêtes à s'égorger vives, et le suivant elles papotent comme de vieilles copines.
Lunran leva les yeux au ciel quand Brume comprit enfin qui elle était. Hé ben ! Y'en aura fallu du chemin pour que ça arrive jusqu'au cerveau. Son regard se porta ensuite sur les deux bols de pulques que la chamane prit sur un seul bras. A chaque pas, elle avait l'impression qu'elle allait lui renverser tout par terre ! Du pulque gratuit quoi ! Faut faire attention !

Luny se retint de pousser un soupir de soulagement quand enfin les deux bols furent posés en sureté sur la table. Elle s'assit sur un tabouret et attrapa vivement un des deux récipients. Ouf. Ce n'est qu'après avoir pris une longue gorgée de la plus agréable des boissons, qu'elle consentit à parler.

Non pas morte. Même que j'ai survécu tu vois.

Un sourcil interrogatif se leva sur la mine couturée de plaies et de bleus en voie de guérison.

J'croyais que tu devais te faire sacrifier, c'est passé quoi ?

Un sourire flotta sur les lèvres de Lunran.

En tout cas tu n'as pas bien changé ! A part tout ces tatouages, percings, et... ces dents taillées, bien sûr.

Elle dévisagea sa comparse d'un autre temps d'un air scrutateur.
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Rebelle par Nature
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Posées à la table la plus isolée des badauds, les deux comparses se lorgnent sans s’en cacher. Fantôme du passé qui resurgit au détour d’une taverne… fantôme qui a bien changé et qui n’a plus l’apparence enfantine qu’elle lui avait connu. Ces yeux cernés toujours grand ouvert, elle dévisage Lunran comme si c’était la première qu’elle la voyait. Enfin, c’est à peu près le cas. A la mention de son… échéance, la visage de la chamane se renfrogne. Arg! Moins fort! Question des plus légitimes, mais au combien fâcheuse. A l’évocation de ses tatouage pourtant, la Brume ne peut s’empêcher de sourire en soulignant de sa langue les quelques dents taillées en pointe.

Elle se met alors à gigoter pour montrer les tatouages qui lui courent le corps comme une fille qui viendrait de s’acheter une nouvelle parure. Pas peur fière la Brume.

_ Bah ouai. Normalement il te marque à chaque début d’une nouvelle année rituelle.. Binh moi ils ont pas attendu. Hop! Dès qu’la vieille bique de chamane m’a refourgué au temple, à presque onze ans, les prêtres se sont fait plaisir. Ah je dis pas hein… le peu de fois que je sortais, j’me la pétais un peu.

Serment gravé dans la chair, symbole de son rang sociale perçant sa lèvres inférieur… Qu’on se plaigne pas qu’elle soit arrogante la Brume, c’est la Vie qui la forgé ainsi! D’une main parfois tressautant, elle attrape sa calebasse pour y plonger les lèvres. Peyotl et alcool… si se soir elle dort, le réveil va être pitoyable.

Savouré le pulque… retarder LA réponse fatale. Pourtant la boisson n’est pas éternelle et c’est surprise que la Brume remarque qu’elle la siffler d’une traite. Arf! Escroque!

Bref… Calebasse reposée sur la table, un regard suspect est jeté autour d’elles afin de vérifier qu’aucune oreille ne traine dans leurs coin. De toute manière… tout témoin gênant sera joyeusement éliminé! Foi de Brubru!

_ Bah pour le coup…

La féline se penche légèrement vers sa vieille copine de connerie. Le ton de la confession est de mise.

_ Ils m’ont gardé sacrément longtemps au temple. Jusqu’à ce que j’sois prête. Ca a duré six ans au final… je dois avouer que j’ai pas trop eu à me plaindre. J’ai eu la belle vie, j’ai apprit à lire les codex, à écrire, j’ai continuer d’apprendre la religion et tout. Et puis même, j’étais prête à subir toute la lourdeur de ces prêtres juste pour les voir se prosterner devant moi l’année fatidique. Arf j’en jubile encore!

Léger sourire aux lèvres. Nouveau regard jeté à l’assemblée et les prunelles se posent sur la calebasse encore rempli de Lunran. Une main s’en approche discrètement.

_ J’allais sur mes dix-sept ans quand çà a été mon tour, avec les trois autres. Puis bon un an après… comme d’hab quoi, on a eu le mariage et toutes les réjouissances qui vont avec pendant les vingt jours - notons qu’ils choisissent jamais les plus moche pour les réincarnations héhé.. Euh oui…Pis bon tu penses bien… dans la tribu ils tenaient bien trop à Tezcatlipoca pour annuler quoi que soit…

Secondes de silence. Maintenant va falloir le cracher celui-là!

_ Du coup… bah… trois jours avant le… sacrifice... Et bien. Je me…suis… cassée...

Et v’là! Le secret éclate dans un murmure presque inaudible. La guerrière n’avait pas envie que cette histoire tombe dans l’oreille d’un fanatique du miroir fumant qui aurait eu tôt fait de réparé ce contre temps… en a collant directement sur la pierre sacrificielle. Deux années qu’elle traine un sacrilège pareille. Deux années sans culpabilisé sur la colère qu’elle a du attirer sur leur clan. Deux années qu'elle se plait tout de même à amasser les provocations. Épouse parjure et condamnée rebelle... La Brume cumule.

Visage légèrement crispé, attendant une éventuel remontrance de sa comparse, c’est d’un naturel sans pareille que la brume siffle le pulque de sa voisine. Non décidément, la Brume n’a pas changé.
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Le regard de Lunran plongé dans la sien, la Brume soutient la stupeur lisible dans ses yeux en grimaçant de plus belle. Elle s’apprête à lui sortir les arguments chocs, la plaidoirie infaillible! De toute manière, la Brume n’a jamais tord… un dogme qui devrait devenir universel. Comme toute réprimande, la chaman beurrée n’obtient qu’un éclat de rire. Instant de surprise. Qu’aurait elle pu attendre de Lunran mis à part le fait qu’elle se paye sa tête. Un sourire s’esquisse sur les lèvres de la féline.

A la Brume d’écouter les confidences de sa comparses. Révélations qui ne la surprennent pas le moindre du monde: droguée un jour, droguée toujours! La coca… Voilà bien longtemps qu’elle n’en a pas gouté! Nouveau sourire à la mention des Plumeuses. La zazyl lui en avait déjà parlé de ce petit groupe. Sourire qui se fait énigmatique quand les confidences dérive sur le Huey.

_ C’que je fais là?

La guerrière se redresse, avisent les balafres de la Lunran et affiche un sourire des plus innocent.

_ C’est mon flair. Y’avait une odeur de chair en putréfaction qui se baladait dans le coin. J’voulais juste voir de quoi il en retournait… J’sais pas ce qui’ t’es arrivé mais t’as du bien morfler!

Secondes de silence pour laisser la phrase faire mouche.. Ou pas.

_ Non, plus sérieusement, on était en guerre chez les Metz pour aider les Tlaxs… Les pauvres sans nous ils sont perdus! Là on a laisser tombé après avoir vidé leurs calpullis. On attend de rentrer au bercail maintenant, mais je compte trainer un peu ici. Je suis pas du coin tu sais, je me suis installé en Acolhua à mon arrivé et du coup je suis devenu guerrière.

Doigts qui s’entremêlent dans sa longue tignasses.

_ Alors comme çà t’a voulus plumer Alexius? Ah bah c’est sûr déplumer l’Emplumé c’est pas aussi simple que prendre d’assaut les stocks d’une pulquerie hein!
D’ailleurs il se pourrait bien que je te rattrape sur le sujet… Et ouai, j’ai un duel de prévu avec lui et je compte pas le louper. C’est fou ce qu’il peut être arrogant quand il s’y met!

Regard qui se lève au ciel, le doigt se noue toujours dans ces cheveux. La brume est de bien trop mauvaise foi pour s’avouer ses propres défauts.

_ J’sais pas où il est d’ailleurs ce Huey… Tss pas envie de lui courir après dans tout Tlaxcala!

Légère moue sur le visage de la chamane. Elle se frotte les yeux un instant, à force de jouer les insomniaque, le sommeil se fait durement sentir.

_ Comment tu as atterris ici du coup toi?
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