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[RP]Quand le sang coule Acte2

Maltea
[Quand Sédan se bouge finalement le séant]

Ce n'était pas trop tôt, enfin il venait à sa rencontre et sans un mot la conduisit au chevet de sa cousine. La duchesse ne put s'empêcher de s'arrêter sur le bas de la porte lorsque son regard se posa sur le teint livide d'Ana, elle était proche de la mort, ça ne faisait aucun doute. Cet état de fait pétrifia la duchesse. Celle-ci fut replongée lors de l'épisode le plus douloureux de sa vie, la perte de son époux. Le sang déserta son visage qui devint aussi livide que celui de sa douce cousine. Un léger tremblement s'empara d'elle alors que ses bras étaient retombés le long de son corps. Elle ne voyait plus rien ni personne dans la pièce hormis le frêle corps allongé. Enfin la duchesse s'anima légèrement et c'est silencieusement qu'elle s'approcha de la couche, saisissant la main inerte d'ana tout en se laissant tomber à genoux étant ainsi à sa hauteur. Ses lèvres frôlèrent son front... sensation étrange que celle-ci. La mort... mais pourquoi ne lui fichait elle pas la paix? Elle lui prenait une à une, les personnes qu'elle aimait. Ici elle s'attaquait à son sang mais cette fois elle ne gagnerait pas, non non, c'était impossible! Elle serra la main de sa parente dans la sienne tout en se penchant à son oreille, lui murmurant quelques mots.

Ana, c'est moi, malt... faut lutter ma chérie, pense à ta fille, ce n'est qu'une petite chose fragile qui a besoin de sa maman....

L'évènement la perturbait tellement qu'elle arrivait même à se tromper dans le sexe du pauvre héritier mâle qui était réduit à celui de femelle par sa cousine... Pauvre Sigebert en plus d'être sur le point d'être orphelin de mère, sa propre famille était incapable de se souvenir de qui il était... l'égoïsme tout particulier de la di Favara qui oubliait l'existence des enfants une fois pondus et ce jusqu'à leur majorité... non pas qu'elle ne les aimait pas, non, elle trouvait ça mignon, mais c'était Maltea et on ne pouvait pas la changer... et là elle avait des circonstances atténuantes, ce qui l'importait c'était la vie de sa cousine, celle avec qui elle avait passé toute son enfance, celle qui au final la rattachait encore à ce qu'est une famille...

Ana, il faut te battre, tu dois vivre, faire honneur à la combativité de notre sang, tu ne peux pas t'en aller comme ça, non ça je refuse et si le lien familial n'est pas assez fort pour t'aider à lutter, alors moi, Maltea Wagner di Favara, ta suzeraine, je t'ordonne de vivre! Et je te jure que le responsable de cette boucherie va m'entendre si tu meurs, je vais le faire mourir à petit feu...

Elle qui n'avait jamais fait mourir quelqu'un... du moins volontairement, ça allait être coton, mais bon, il ne tenait qu'à Ana de rester en vie après tout! Ah le chantage affectif, y avait que ça de vrai au final. Elle lui caressa les cheveux avec tendresse, rares étaient les moments où la duchesse se montrait humaine et tendre en public, c'est à dire hors de chez elle et de sa couche, mais là, c'était différent, elle s'en fichait de sa réputation de méchante madame, et puis le premier qui parlait, elle lui ferait couper la langue, comme ça son secret serait bien gardé!
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Artheos



Ghost avait parlé à sa fille et curieusement, il n'adressa aucun mot à Arthéos qu'il avait pourtant sommé de venir. Peut-être voulait-il qu'il apporte son réconfort ? Peut-être qu'il pensait que sa présence aiderait Ana à guérir ? Pâle comme elle était, la pauvre femme ne devait rien entendre du monde des vivants. Les seuls murmures qu'elle percevait était ceux de ses ancêtres morts et peut-être la Mort elle-même ! Jamais Arthéos n'avait connu une situation comme celle-ci, par chance ! Il voulait vivre plutôt vieux et ne pas souffrir de la misère à défaut de souffrir inévitablement du temps. Car le temps va son chemin, quelque soit nos desseins, sans nous attendre. Un jour, le jeune homme qu'il était aura le dos courbé, les rides marquées et la vue dégradée, un jour il sera vieux. Les anciens étaient respectés et il serait peut-être dans le futur, s'il ne mourait pas avant ! Car avec toutes ces aventures... s'il ne lui arrivait pas quelque chose un jour, il était véritablement chanceux ! Des épées, des larmes, du sang... c'était ce à quoi ses explorations l'avait mené. Lui n'avait pas tellement saigné, c'était surtout sa maîtresse. Pourtant elle ne prenait pas plus de risques que lui, au contraire ! Arthéos s'était toujours juré de veiller sur elle, il l'avait même promis à... lui... lui qui était assis près de la duchesse. Lui qui lui tournait le dos depuis désormais d'inombrables minutes. Maintenant que le duc était face cachée, le domestique pouvait poser son regard sur lui. Ah ! Il s'en voulait maintenant ! Il n'avait qu'à la laisser souffler un peu, il n'avait qu'à la laisser tranquille par moment, au lieu d'être toujours sur elle, à vouloir à tout prix lui infliger la politique, alors qu'elle ne rêvait que de liberté. Etait-ce si difficile à comprendre ? Il fallait croire...

Alors que ses pensées le trahissaient, Arthéos vit entrer dans la chambre une véritable furie. Il mit du temps à reconnaître son identité. C'était Maltea, la cousine d'Ana.Lise. Le valet et sa maîtresse avaient souvent parlé d'elle. Ils avaient même une fois voyagé ensemble. Voyage inachevé, voyage décevant. Un regard aurait été de trop duchesse ? Décidemment, le côté sombre d'Arthéos se dévoilait cette nuit. Il ne demandait pas un bonjour, c'eût été utopique, presque inconvenu vu la situation. Mais un regard, qu'est-ce que cela lui aurait coûté ? Il l'aimait plutôt bien la duchesse de Brienne, pour le peu qu'il la voyait. De l'autre côté du lit, elle regardait sa cousine, non pas triste mais très en colère. Ghost et elle étaient au chevet d'Ana.Lise. Il n'y avait plus personne pour Arthéos. Il ne se sentait plus de ce monde. Sa place n'était plus là, il était de trop, il le ressentait. Assez attristé par ce sentiment, le jeune valet baissa les yeux et laissa couler quelques larmes de détresse, dans la discrétion la plus totale. Tandis que Maltea chuchotait des paroles sans doute réconfortantes à Ana, Arthéos n'en pouvait plus. Il plongea doucement et sans bruit sa main dans sa chemise. Outre sa peau moite, il toucha le parchemin froissé qu'il gardait précieusement contre ses côtes, caché.

Le donner ou pas ? Trahir Ana.Lise ou non ? Elle lui avait bien dit "au cas où"... Que devait-il comprendre ? Il n'y avait pas réfléchi, songeant qu'elle reviendrait. Mais l'incident était arrivé. Au cas où elle décèderait ? Au cas où elle serait gravement blessé ? Le domestique était certain que la duchesse ne lui en voudrait pas... Il fallait qu'il donne la lettre à Ghost. Mais comment ? S'approcher de lui, lui tapoter l'épaule et se prendre un coup de poing réflexe ? L'appeler doucement et la lui remettre ? Tu penses trop Arthéos... suis ton instinct... Il avança d'un pas mais ne bougea plus. Cette avancée lui avait demandé beaucoup d'efforts et ses jambes tremblantes étaient bloquées.

Elyaëlle était silencieuse, Sigebert était moins tranquille. Etait-ce vrai que les jeunes enfants étaient reliés à leur mère ? Peut-être ressentait-il la douleur de celle qui lui avait donné la vie. Arthéos songea au vide qu'elle laisserait. Un orphelin qui ne se rendrait pas compte, un veuf démoli, une cousine tout autant, deux filles perturbées à jamais et un valet qui ne survivrait pas longtemps. Car le jeune homme se le jura très solennellement : jamais il ne servirait quelqu'un d'autre. Jamais il serait déloyal et trahirait la mémoire d'Ana si elle venait à mourir. Il la servirait toujours. Se faire diacre, prêtre ou évèque, au moins il prierait tout le temps pour elle et serait au service de Dieu, le seul maître de tous. Tant pis...

"Votre Grâce...

Ces mots s'étaient échappés tous seuls. Arthéos ne voulait rien dire. Son cerveau l'avait trahi, il ne pouvait plus reculer. Ghost s'était déjà tourné vers lui. De ses yeux rouges et son regard défait, le domestique put trouver les pupilles du duc qu'il scruta un instant, ouvrant la bouche, la refermant, sans que rien ne s'échappe. Fallait-il qu'il ne souhaite pas parler pour sortir un mot ? Mécontent de lui-même, Arthéos dégagea sa main de sa chemise et en ressortit la lettre. Il tremblait affreusement, et ses légers sanglots n'arrangeaient rien.

"Au c... cas... où...

Balbutiant, il déglutit difficilement et renifla légèrement. Le parchemin en main, il le lui tendit assez brusquement et le laissa tomber sur le sol de la chambre. Il ne sut plus quoi faire. Il ne ramasserait certainement pas, il ne s'en relèverait pas. Perturbé et apeuré par cette approche vers le teint livide d'Ana, il fit violemment volteface et s'extirpa de la chambre, terriblement touché.

Il sortit directement du bâtiment dans la nuit noire et pleura tout ce qu'il savait. Il partit se cacher, on ne sait où, lui non plus d'ailleurs. Dans la terre et la poussière, à genoux dans une ruelle sale, retiré de tous. C'en était terminé d'Arthéos. Fini le duo d'amis qu'il formait avec Ana. A moins qu'elle ne s'en sorte ? Non, il ne fallait pas se faire de faux espoir, le chagrin en serait encore plus lourd. Et l'ombre à la nuit fit place.

Dans la chambre, voilà ce que Ghost avait dans les mains :

Citation:

Mon cher duc,

Si tu lis ces quelques lignes c'est que la vie ne m'aura pas épargné. La fuite en avant qui était la mienne s'est terminée, enfin. Ne soit pas triste pour moi mon duc, tu sais que je serais mieux là où je suis que de te faire du mal constamment. J'ai moi-même voulu te tuer un jour de décembre en taverne, ce n'est que le juste retour des choses. Je périe par là où j'ai péché, le Très-Haut en a décidé ainsi. Il n'est que bonté et sagesse.

Ghost, je ne te demanderais rien d'impossible tu le sais mais étant donné que notre fils était avec moi lors de ce voyage, je ferais tout pour le protéger mais dans l'optique où il n'aurait pas survécu, fais le nécessaire pour lui je t'en prie. Il n'a pas reçu les sacrements du baptême et je ne veux pas qu'il soit enterré n'importe où. Garde-le à Chaumont près de toi mon duc. C'était notre fils, ma joie de vivre, mon tendre bonheur. Quant à moi, moi je ne demande rien pour moi. Je suis celle qui est partie, je veux qu'on m'oublie.

Je te demanderais de protéger Ely, Jehanne et Flavien de cette terrible nouvelle. Tes enfants ont déjà perdu une mère, je ne sais pas si Jehanne supportera une deuxième épreuve. Quant à Ely, petit bout de femme que rien n'arrête, il faudra en prendre soin.

Une dernière chose mon duc, j'ai promis à Artheos d'être sa marraine. Il désirait tant se faire baptiser. Pourras-tu être son parrain pour moi ? il a toujours été fidèle à ta mesnie et je le soupçonne même de t'admirer en secret. Cela serait pour lui un grand bonheur j'en suis certaine de se compter parmi tes filleuls.

Voilà mon duc, la vie a fait son choix, c'est aussi bien comme ça. Tu vas être libre de pouvoir vivre ta vie comme bon te semble sans m'avoir dans les pattes à te pourrir l'existence. Je me rends compte maintenant que je n'ai jamais été facile à vivre, je m'en excuse aujourd'hui.

Que le Très-Haut te garde Ghost ainsi que tes enfants.

Pense à moi de temps à autre et puis un jour viendra le temps où je m'effacerai tranquillement de ta mémoire.

Avec toute ma tendresse,
A.



Lettre intégrée avec accord de la joueuse bien entendu vénérés censeurs.

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Ghost60


Tout ses proches était venu la voir même si ce même Arthéos lui préférait rester loin, il se reprochait sans doute ce qu'il s'était passé vu que Ghost lui avait confié la tache de veiller sur son épouse. Peut être que finalement la tache était bien trop dur pour lui... Malt parlait à sa cousine, Ely se faisait discrète avec Sigebert endormie dans ses bras et Arthéos qui osa enfin approcher , il osa même parler... enfin parler était un bien grand mot, il avait juste interpellé le duc pour lui remettre un papier chiffonné qu'il avait fait tombé et sans même le ramassé le jeune valet pris la fuite.

Ghost ramassa le papier puis tout en le défroissant essayait de lire... mais cette écriture qu'il connaissait si bien, cette façon d'écrire aux courbes particulières, c'était celle d'Ana. Voilà donc ce qui pouvait éclaircir cette fameuse promesse dont Ana avait fait rappeler à Arthéos avant qu'il ne sorte, le soir du drame, de la taverne. Ghost commençait sa lecture, les yeux remplis de larmes, tant les émotions que dégageait ce courrier était immense. Pas seulement sur les mots en eux même , mais sur tout ce que représentait cette lettre, les souvenirs, leur vie...

Cette fois s'en était de trop, Ghost enrageait au fond de lui, il fallait que ça sorte, mais pas devant tout le monde, pour la deuxième fois il devait faire sortir ceux qui étaient là. S'approchant d'abord d'Ely, Ghost pris son fils dans ses bras puis demanda à sa fille d'aller rechercher Arthéos, le temps qu'elle arrive à le trouver, le soleil aura fini de se lever. Il restait Maltea, elle pour la faire bouger ses fesses c'est une autre histoire, puis caressant les joues de son fils il eut une idée.

Ghost déposa Sigebert dans les bras de la duchesse puis...


Tiens, prend Sigebert il a besoin d'une présence féminine pour dormir sereinement. Puis comme il commence à faire jour essaie de lui trouver une mère nourricière, il a ton sang lui aussi qui coule dans ses veines.

Le sang Di favara, une des choses qui faisait bouger Malt, la preuve elle était venu de toute urgence cette nuit.

Attendant bien que tout le monde se soit au moins éloigné de la pièce, Ghost repris la lettre la relisant à nouveau puis s'adressa à Ana d'une voix élevée.


Tu te rend compte? Tu te rend compte de ce que tu as écrit?

Ghost s’arrêta quelques secondes , comme ci il attendait une réponse qui ne viendra jamais, puis repris.

Depuis quand tu décide pour moi de ma liberté? Mais c'est pas possible.

Puis sa voix s'éleva encore plus, la colère étant toujours présente il fallait finir de la sortir.

Ben puisque c'est comme ça, moi je t'interdit … je t'interdit de mourir. C'est de m'abandonner qui me fait souffrir alors tu as pas intérêt à m'abandonner... ni moi ni les enfants, ni même Arthéos... tu n'as même pas le droit de t'abandonner toi même.... Et crois pas qu'on t'oubliera si tu ne veux pas te donner la peine de rester avec nous, ni crois pas... on souffrira tous, on souffrira jusqu'à notre mort... Même dans ta mort on te hantera de notre tristesse de notre peine.

Ghost s'était défoulé , une autre dispute du couple mais celle là il l'a faisait tout seul... mais il avait besoin d'extériorisé tout çà, toutes ces émotions engrangées depuis la veille. Le duc tourna le dos au corps de son épouse , il prit une grande insufflation tout en fermant les yeux. La colère était sortie, d'ailleurs le village entier aurait pu l'entendre hurler sur une femme inconsciente. Le calme et le silence à nouveaux maitre des lieux, Ghost pu retourner vers la jeune femme se réinstallant près d'elle .

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Ereon
Ereon regarda Ghost et malgré qu'il était désole et que les larmes coulaient sur son visage, Ereon ne pouvait rien dire de plus. Ghost leur demanda de sortir et de se reposer un peu mais, malgré ça, Ereon donna l'ordre à ses hommes de poser l'armée sur Sainte et qu'il les rejoindrait plus tard.

Ereon sortie de la maison et se plaça contre le mur, a regardé le ciel sans ne rien entendre d'autre que le vent soufflé sur lui quand soudain il vu Maltea arriver.

Ereon décida qu'il était temps pour lui de faire un tour et termina dans le bois de Conflans contre le tronc d'un arbre.

Contre ce tronc, il fini par s'endormir et visionné la scène au ralentit dans ses rêves et à chaque fin de scène en revoyant le visage d'ana, Ereon sortait de son sommeil, regardant ses mains rougie par le sang séché dessus.
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Ana.lise


Les voix, ces voix, leurs voix, lui parvenaient dans le lointain, étouffées, incertaines et si peinées. Elle avait entendu leur appel, elle avait entendu leur tourment du fin fond du néant qui l’entourait désormais. Mais voulait-elle vraiment que tout s’arrête, voulait-elle vraiment revenir jusqu’à elles ? La duchesse ne ressentait plus la douleur de son corps dans ce monde dans lequel elle flottait depuis un moment. Pourquoi aurait-elle décidé de retourner là où tout n’était que souffrance et désolation ? Têtue, elle l’était assurément, tout le monde le savait. Quand elle avait pris une décision, rares étaient les fois où elle changeait d’avis même si elle savait qu’au final cela impliquait qu’elle ait tort… Quel entêtement stupide et puéril !

Son esprit lâcha prise à nouveau, s’enfonçant comme il l’avait fait auparavant dans cette douceur apparente qu’était la mort la bien nommée. A chaque fois, la jeune femme s’en allait un peu plus loin vers ce point de non retour qui finirait par la garder à jamais, l’entourant de ses bras pour toujours. Ce voyage durait depuis des heures, depuis que ces épées s’étaient acharnées sur elle au cœur de cette nuit. Et plus rien n’avait d’importance sauf ce repos éternel qui lui était offert, ce répit amplement mérité. Se poser à jamais, ne plus réfléchir, ne plus se détruire pour autrui, accepter enfin sa destinée…

Mais soudain, une paupière se mit à frémir. La voix de sa cousine lui parvint au point qu’Ana fut touchée en plein cœur par ses mots, par le ton qu’elle employait qui d’ordinaire était si sûr de lui. Le palpitant de la duchesse manqua un battement devant la peine que Maltea ressentait. Et puis comme à son habitude, elle lui donna un ordre qui aurait fait sourire la duchesse si elle en avait été capable. La Brienne n’y allait pas par quatre chemins, si la douceur ne marchait pas autant donner un coup de pied pour faire réagir mais déjà, la blessée qu’elle était sentit à nouveau partir cette âme chahutée qui tenait tant à elle. Pincement au cœur, elle aurait voulu crier de rester près d’elle, de lui tenir la main comme lorsqu’elles étaient jeunes et que Maltea l’entraînait dans son sillage. Les ailes de son nez se pincèrent, Ana cherchait l’air qui lui manquait… pourquoi fallait-il qu’elle emporte autant de monde avec elle dans ces derniers instants, pourquoi fallait-il qu’elle les expose à autant de chagrin, ne pouvait-elle donc pas faire quelque chose correctement pour une fois…

Le calme revint autour de la duchesse, ce calme qu’elle affectionnait tant d’ordinaire, qui la berçait lorsqu’elle ne se sentait pas bien, qui l’entourait et la protégeait lorsqu’elle était blessée mais qu’elle détesta soudainement. La panique s’infiltrait doucement en elle. Qu’était-elle en train de faire depuis des heures, pourquoi ne partait-elle donc pas si tel était son destin….

Et voilà que Sa voix revint à elle, cette voix qui lui avait murmuré tant d’espoirs, tant d’amour, tant de douceurs, voilà que cette voix… lui braillait dessus. Et les mots que son duc de mari lui assénait vinrent se fracasser dans sa tête, percuter son cœur, chahuter son âme au point qu’elle sentit une larme couler involontairement sur sa joue. Sa raison ne lui appartenait plus, son esprit combattif refaisait surface. Il n’avait pas le droit de lui interdire de mourir, il n’avait pas le droit de la traiter ainsi, il n’avait pas le droit… oh non… Pourquoi faisait-il cela, pourquoi ne pouvait-il pas se contenter de la laisser partir, pourquoi fallait-il qu’il chercher toujours à l’asticoter pour un rien…. et du fin fond des limbes Ana prit enfin sa décision… maintenant il ne lui restait plus qu’à sortir du fin fond de cette mort qui s’était enchaînée à elle la retenant de toutes ses forces mais la jeune femme, transportée par cette volonté farouche que lui insufflait son époux réussit à sortir des griffes de la faucheuse et ce fut dans un cri, ce cri qui n’avait pu s’échapper de sa gorge sur ce champ de bataille improvisé, que la duchesse s’extirpa de l’abîme dans lequel elle s’était enfoncée.


GHOSTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTTtttttttttttttttttttttttttttttttttttttt


Elle l’appelait lui à son secours. Son mari, son duc, le père de son enfant, celui qui supportait ses frasques et ses égarements avec un amour débordant au point de lui tendre la main à chaque fois. Soudainement, tandis que ses yeux s’ouvrait sur le monde, Ana se sentit perdue, esseulée, angoissée, sa voix se brisa alors pour laisser place aux sanglots, la douleur se mêlant aux souvenirs de la nuit passée.

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Elyaelle


Coincée contre ce mur, Ely ne pouvait détourner son regard du visage bien trop pâle de sa mère. Elle ne voyait que cela. Là, prisonnière dans ce lit, blanche, livide, bien trop proche de la mort et si loin… si loin d’eux.
Avait-il fallu que cette jeune femme vienne lui offrir tout ce dont elle rêvait, l’amour maternel, la chaleur et la douceur d’un foyer, pour finalement s’en aller de la sorte en l’abandonnant. Allait-elle au final se retrouver une nouvelle fois orpheline sans sa mère? Devait-elle véritablement dire adieu à ces mains si douce qui se posait sur elle pour la réconforter ? Devait-elle dire adieu à cette voix qui savait lui parler avec autant d’amour ? Et toutes ces petites choses qu’elle seule savait si bien lui faire…

Le cœur de la gamine battait à tout rompre, une boule se forma dans sa gorge. Trop… Trop à supporter. Elle avait envie de fuir, envie de se réveiller de ce cauchemar. Envie de hurler qu’elle détestait ce monde d’adulte trop cruel pour elle.
Qui avait fait ça ? Que c’était-il passé ? Pourquoi sa mère ? Pourquoi elle ?
Les questions se bousculaient dans l’esprit de la gamine, mais aucun son ne parvenait à franchir ses lèvres. Rien.
Le silence…
Et puis la voix de son père s’éleva à ses cotés, tentant de la réconforter. C’est vrai qu’il avait toujours tenu ses promesses. Pourquoi cela changerait maintenant ?
Pourquoi ?
Parce qu’il avait l’air trop triste pour qu’il puisse sauver la duchesse ?
Parce qu’il avait l’air de quelqu’un qui tente de réconforter une enfant qui malgré tout avait déjà compris le possible issu de cette nuit
Oui il ferait surement tout ce qu’il pourrait, mais sans pouvoir, sans doute… y parvenir…. Et Ely hocha la tête, simplement, silencieuse, en regardant son père. Juste pour lui dire « oui papa, j’ai confiance en toi… » Même si elle savait pertinemment… ce qu’il risquait de se passer.

La suite, dans cette pièce, fut comme dans un épais brouillard pour la fillette qui s’était à nouveau perdu dans ses pensées, ses souvenirs et ses angoisses.
Elle avait vaguement vu la duchesse Maltéa arriver comme une furie sans même s’apercevoir de sa présence, puis Artheos disparaitre touché par la douleur.
Elle entendit les murmures de Maltéa auprès de sa mère et ferma les yeux un instant. Elle ne pleurerait pas. Elle avait promis… Elle était grande maintenant… Et pour Sigebert, pour son père elle ne pleurerait pas…

Ely rouvrit les yeux en sentant Ghost approcher et lui prendre Sigebert des bras. Sans comprendre, surprise, désemparer de se voir retirer la seule petite chose qui la rattachait encore à la duchesse, la gamine regarda son père, la bouche légèrement ouverte, surprise.
Il lui demandait une fois de plus de sortir, de trouver Artheos. Mais pourquoi ? Elle devait s’occuper de Sigebert, c’était son rôle maintenant ? C’était son rôle de grande sœur, et puis…

Entre colère et tristesse, Ely se contenta d’hocher la tête et de sortir. Elle devait sortir… quitter cette pièce ou la mort rodait, quitter cet endroit qui lui faisait trop mal.
Sortir, courir, n’ importe où, quelque part.
Courir loin, trouver Artheos.
Mais ne pas revenir….
Pas tout de suite…

Sans attendre d’avantage, la fillette pris alors ses jambes à son cou et se mit à courir, courir dans les rues de la ville.
Au diable les commentaires, au diable l’attitude que devait avoir la fille d’un duc, elle n’en avait que faire actuellement. Tout ce qu’elle voulait, c’était s’enfuir loin, loin de ce cauchemar bien trop réel.
Courir, encore courir.
Retrouver Artheos… Mais où pouvait-il être ?
Oublier…
Se réveiller…
Courir..

Et puis au détour d’une ruelle, la fillette se cogna contre un corps à genoux au milieu de la ruelle la faisant trébucher.
Essoufflée, les genoux égratignés, Ely regarda la personne à terre, prête à lui lancer toute la colère que son cœur gardait confiner. Mais lorsqu’elle reconnut le Valet de sa mère, elle ne put rien dire, rien laissé sortir…

-Ar… Artheos… Artheos… Murmura-t-elle simplement incapable d’en dire plus.

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Ghost60


La colère qui s'évaporait avec les cris du duc sur sa pauvre épouse alité , inconsciente... à croire que seuls les cris pouvaient soulager le mal être de l'homme. Peut être avait il juste besoin de lui dire ce qu'il pensait... Il avait l'audace de hurler sur une personne qui ne pouvait lui répondre, comme une envie de la fâcher, une envie que de là où elle était elle s'énerve et vienne à son tour lui brailler dessus. C'était là leur façon de se parler depuis quelques temps, certainement ces points de vue si différent qui faisait avant de ce couple un binôme unique, mais aujourd'hui en faisait un couple au point de la rupture et cet évènement qui mettait aujourd'hui Ana entre la vie et la mort signait sans doute la rupture finale.

Les minutes passèrent, dans un silence digne d'une église. Elles s'égrainaient, laissant moins de place à l'espoir, elle continuèrent mais pourtant... pourtant, dans la tête de Ghost tout s'était arrêté à cet au revoir dans la taverne de son épouse... Comme une envie de vouloir effacer , comme une envie de vouloir recommencer en effaçant le terrible départ.

Ghost était revenu à sa place sur le tabouret près du lit ou repose sa femme, attendant le retour des autres, en espérant qu'Ely ramène Arthéos afin qu'ils puissent parler un peu comme l'aurait voulu Ana. Sigebert était en de bonnes mains... pas si sur mais comme Rethel préfère les enfants des autres ça ne peux pas être si catastrophique. La fatigue prenait possession de son corps, la nuit était déjà loin et le soleil montait doucement vers son zénith. Sa main sur celle de la jeune femme , sa tête se positionnant sur son bras, ses yeux se fermèrent et le sommeil pris enfin place en quelques secondes.

Un sommeil agité par tout ça, mais de courte durée, un cri se fit entendre, Ghost en sursauta manquant de tomber à la renverse. Son nom, c'est son nom qui avait retentit dans la pièce... Elle était réveillé, enfin revenue du monde des presque mort... Comme un soulagement, de la revoir parmis eux. Ghost se releva afin qu'Ana puise le voir puis pris une voix douce.


Je suis là Ana, je suis là.

Ghost pris l'initiative de lui caresser la joue, malgré la demande d'Ana avant cet accident, mais il se voulait réconfortant, calmant... Elle ne devait pas faire d'effort au risque de voir sa blessure se rouvrir. Le duc s'approcha du visage de son épouse puis lui murmura qu'elle lui avait manqué, qu'il avait eu peur.

Sa santé primait, qu'elle aille mieux, qu'elle soit sure de s'en sortir sans séquelles autre qu'une cicatrice. Ce qu'adviendra du couple ne passait qu'après, puis il faudra passer aux aveux, lui expliqué ce qui s'était passé, mais tout ça se fera plus tard quand elle sera en meilleur forme.

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Artheos



Inconsolable, Arthéos ne pleurait plus. Il avait épuisé toutes ses larmes et ses yeux commençaient à ne plus supporter la souffrance qu'il leur faisait subir. Pleurer faisait mal. Les hommes ne pleuraient pas. Il n'était pas un homme... il ne le serait jamais. C'était ainsi, même son père le lui avait dit avant de partir. Arrête de verser tes larmes pour un rien ! Aucun homme ne mérite qu'on pleure pour lui ! Oui père... étaient les deux mots que le domestique avait lancé des centaines de fois à son géniteur. Toutefois, quand la mère tomba malade et que ses dernières heures furent comptées, c'est l'époux qui ne supporta pas la douleur. L'époux qui s'enfuit pour éviter de porter le deuil, et le fils qui dut tout endosser. Qu'il avait sangloté pour sa mère... Celle qui le comprenait, celle qui embrassait son front chaque soir, celle qui passait ses douces mains sur ses joues, bien qu'elles fussent rapeuses et sèches à cause de sa vie de paysanne, les mains d'une mère étaient toujours les plus douces. Depuis quand n'avait-on plus caresser ses joues et embrasser son front ? Ce manque d'affection avait gravement perturbé l'état mental d'Arthéos. Sa croissance n'avait pas reçu tout l'amour que pouvait offrir une mère. L'absence de celle-ci nuisait beaucoup. Puis le prêtre avait trouvé ce jeune garçon, au chevet d'une femme qui était morte et l'avait emmené, enterrant la défunte.

A genoux là, dans cette ruelle de terre, ne sachant même pas où il était, Arthéos songea à partir. Prendre son baluchon et retrouver le curé qui avait terminé son éducation. Remonter vers Compiègne et ses villages alentours. Il serait bien et deviendrait diacre. C'était le mieux à faire. Oublier Ana.Lise ? Non c'était impossible. Il la rangerait dans un tiroir de son cerveau qu'il ouvrirait tous les jours et dépoussiérerai de temps à autres. L'image qu'il aura de sa duchesse ne serait non pas le visage de ces derniers instants mais celui qu'elle arborait quand elle souriait à la vie. Cette chevelure voletant au vent, ce regard enjoué, ses yeux malicieux et ce rire éternel qui résonnerait à jamais dans la tête du jeune homme. Il ne fallait rien de plus, tout était là, sous une ombre oubliée mais inspirant la crainte et l'admiration, sous l'ombre de Ghost. Le soleil et la nuit. La clair et l'obscur. Quelle tragédie...

Alors qu'il allait se relever, il entendit des bruits de pas derrière lui. Au moment où il se retourna, une silhouette le heurta de plein fouet et se retrouva par terre à son tour. Ce n'était pas un noble par chance, les nobles qui courait les rues à cette heure étaient rares. Un brigand ? Pourchassé par la maréchaussée qui prendrait Arthéos pour son complice ? Tant mieux, comme cela il n'aurait même pas à faire son baluchon. La corde autour de son cou serait la seul accessoire avant de sombrer dans la mort. Pourvu que ça aille vite, c'est tout. Mais un faible murmure vint s'ajouter à cette scène, détournant les yeux d'Arthéos qui tentait de voir les miliciens arriver. On chuchotait son prénom. Scrutant un peu la silhouette, il put apercevoir que son brigand n'était autre qu'Elyaëlle, la fille de Ghost. Apeurée, anxieuse et dans un état presque identique à celui du valet, elle s'était rapprochée de lui. Arthéos se leva et la dévisagea. Il était plutôt grand à côté d'elle, mais il était certain qu'elle avait toute confiance en lui, et elle avait raison.

"Demoiselle... je... je n'ai pas su la protéger... Elle... elle avait l'air si confiante avant de partir... j'aurais dû imposer ma présence... je m'en veux terriblement...

Puis Arthéos fit quelque chose qui ne se faisait pas. Une chose qui ne se faisait ni entre un père noble et sa fille, ni entre nobles, et surtout pas entre noble et domestique ! Il fondit dans les bras d'Elyaëlle où il put exprimer toute sa solitude et son malaise. Ses bras qu'il avait tant attendu, ses bras qu'il n'avait pas trouvé depuis des années, ses bras de réconfort. Bien qu'ils fussent petits et fragiles, il ressentait la chaleur humaine que dégageait Elyaëlle. Il s'imagina un instant que c'était sa mère qu'il enlaçait... Ce toucher lui apportait beaucoup de bien et lorsqu'il se retira doucement de la jeune demoiselle, Arthéos était tout aussi choqué et fut mal à l'aise.

"Oh pardonnez-moi... je... je ne sais pas, je ne sais plus...

Il regarda Ely et ne dit plus rien, il ne bougea même plus. Il se doutait qu'elle venait sur ordre de Ghost pour qu'il revienne dans la chambre mais peut-être qu'elle voulait lui parler. Après tout, il n'avait jamais vraiment échanger ensemble. Elle avait sans doute des reproches à lui formuler, surtout après ce qu'il venait de faire. Le duc lui trancherait la tête. Arthéos donnait tout ce qu'il n'avait pas eu le temps de recevoir. Pouvait-on lui en tenir rigueur ? La question était de faible importance.

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Ana.lise


Douleur, déchirement, souffrance… tant de mots pour décrire ce que la jeune duchesse pouvait ressentir tandis que ses paupières se refermaient invariablement pendant qu’elle essayait de calmer sa respiration précipitée cherchant l’air qui lui avait tant manqué. Les larmes coulaient à flots désormais et malgré toute la bonne volonté dont elle essayait de faire preuve pour les retenir, elle n’y parvenait pas. Son corps se rebellait contre elle refusant absolument de lui obéir. Et pourtant chaque tremblement qui la parcourait étant une nouvelle épreuve à affronter déclenchant une vague de tourments sans précédent. Son dos semblait se disloquait, ses bras étaient ankylosés mais le pire restait cette douleur qu’elle percevait au niveau de son bas ventre. D’ailleurs elle voulu poser une main sur ce corps mutilé mais rien à faire, elle ne voulu jamais se déplacer.

Se mordant la lèvre inférieure retenant ainsi les plaintes de frustration mêlée à la peine et la douleur qui allaient s’échapper de sa bouche, Ana cligna plusieurs fois des yeux avant de reconnaitre les lieux où elle se trouvait. Puis la voix de Ghost se fit entendre à ses côtés. Douce et rassurante, trop sans doute pour que la jeune femme ne s’inquiète pas outre mesure. Elle n’était pas totalement folle et avait encore le souvenir de son départ ce soir-là et surtout des circonstances qui l’avaient poussée à partir. Et son esprit chercha immédiatement à savoir de quel soir il s’agissait, depuis combien de temps elle était dans cet état, si c’était grave ou bien… elle avait du mal à tout remettre dans l’ordre, à recadrer la situation et les évènements.

Fronçant légèrement les sourcils afin de forcer sa mémoire qui semblait lui jouer un tour à sa manière ne voulant pas l’aider à compléter ce qui ressemblait fortement à des trous noirs, Ana ressentait déjà une certaine angoisse monter en elle d’avoir perdu le fil de sa vie et tant de questions se bousculaient dans son cerveau que cela lui fracassait le crâne un peu plus à chaque instant. Rejetant la tête en arrière, la duchesse finit par lâcher un long soupir de lassitude associé à de la frustration contenue entre deux crises de larmes. Ses dents s’entrechoquèrent lorsqu’une vague de fraîcheur traversa ses épaules. Ses pensées s’arrêtèrent un court instant, l’angoisse se transforma en peur irrationnelle et Ana chercha ses mots qui ne voulaient pas franchir la barrière de ses lèvres pourtant les images qui dansaient devant ses yeux étaient des plus explicites. Elle se revoyait marchant avec son fils contre elle puis essayant de le protéger durant l’attaque sordide qu’elle avait subit. Son fils, son tout petit, son enfant… Son sang se retira immédiatement de son visage et le menton tremblant de plus belle, regardant son mari qui était si proche de son propre visage, la peur chevillée au corps de savoir ce qu’il en était, elle hésita un moment mais dut se résoudre à poser la question qui lui brulait les lèvres. Et d’une voix presque inaudible, les mots cherchant à lui échapper, Ana chuchota de sa voix éraillée.


Pardon… je te demande… pardon… J’ai …. fais… ce que….j’ai pu… mais… Sigebert… ?

A peine prononcé ces quelques mots que sa poitrine se souleva avec rapidité, le cœur s’élançant au galop. S’il était arrivé malheur à son tout petit elle ne pourrait jamais se le pardonner alors plongeant ses azurs dans les amandes de son époux, elle scruta la moindre réaction, essayant de déchiffrer ce qu’il lui cachait comme elle le faisait sans complexe ni incertitude avant, quand leur amour était indéfectible et que rien ne pouvait venir ravager leur mariage. Qu’elle aurait voulu toucher sa joue comme lui-même le faisait à cet instant, comme elle aurait aimé lui prendre la main afin de se rassurer mais ses bras ne voulaient absolument rien savoir. Ses chairs meurtries et ses muscles endoloris mettraient du temps à se remettre de cette rencontre nocturne. Mais c’était rien à comparer de son cœur qui se déchiquetait en morceau au fur et à mesure que le temps s’écoulait. Elle allait devenir folle de s’éterniser dans cette attente. Et les larmes qui ne voulaient pas s'arrêter de fuir ses yeux la rendant encore plus vulnérable. Mais ne tenant plus, sa voix se fit à nouveau entendre.

Mon baron... réponds-moi... je t'en prie...

Réalisant soudain l'usage qu'elle venait de faire de ce mot dont peu de personne connaissait réellement la signification, Ana se sentit mortifiée, se rappelant qu'elle n'avait plus le droit de l'appeler ainsi de par la décision qu'elle avait elle-même prise. Tout devenait si compliqué pour elle, toute sa vie partait en lambeaux et elle ne pouvait rien faire pour l'arrêter aussi préféra-t-elle fermer les yeux attendant le coup de grâce que Ghost allait lui asséner.

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Elyaelle


Perdue, le regard à moitié dans le vide, Ely regardait Artheos incapable de parler et pourtant… Pourtant elle aurait aimé dire tant et tant de chose. Lui poser mille questions comme elle le faisait toujours, elle avait envie de crier, de hurler sa peine et sa colère, mais rien, non vraiment rien ne sortait.

Le valet la regarda tout aussi hébété et choqué qu’elle, il tenta de s’excuser, se justifier de ce qu'il s'était passé , mais Ely ne réagit pas.
Ce n’était pas de sa faute, elle le savait. Si sa mère était partie seule ce soir là, elle avait sans doute une bonne raison. Ely ne savait rien de ce qu’il s’était passé entre ses parents. Rien des projets de sa mère non plus. Absorbée par ses propres soucis, par sa dernière discutions avec Ereon, par son désir de fuir, de voyager, elle n’avait rien vu, rien du tout. Elle ne savait même pas que la duchesse devait prendre la route…
La gamine voulut répondre à Arthéos, lui dire tout, tout ce qu’elle avait sur le cœur, lui dire qu’il n’y était pour rien, qu’il ne devait pas s’excuser, pas être désolée, mais être fort, juste fort pour Ana, pour sa mère… Mais elle n’en eut pas le temps… Pas le courage, peut être…
La gamine se redressa légèrement et Arthéos fondit dans ses bras, comme un enfant cherchant du réconfort. Il n’y avait plus là ni valet, ni roturier, ni damoiselle et encore moins de fille de duc, juste deux orphelins partageant la même peine, la même souffrance, la même tristesse, la même peur.
Juste deux orphelins…
Instinctivement Ely serra le valet dans ses bras et lui caressa doucement les cheveux. Elle n’était plus la petite fille capricieuse et insouciante, la fillette qui ne voulait pas grandir, la chasseuse de nescargouille. Ce soir là, elle venait de prendre quelque années d’un coup, de grandir en une seule nuit.

Lorsqu’il s’écarta d’elle, s’excusant une fois de plus de son comportement Ely resta le regard vide, impassible. Elle ouvrit la bouche, cherchant a parler, elle voulait pleurer, mais rien de sortait. Elle s’était jurer, elle ne pleurerait pas, et ses yeux demeurèrent secs. Elle n’avait pas le droit…
La gamine parvint à se relever et tendit la main vers le Valet.

-Art…. Arthéos… Murmura-t-elle doucement. Ma… Maman. Elle a besoin de vous, elle a besoin de nous. Elle n’aimerait pas vous voir comme ça. Elle n’aimerait pas vous voir baisser les bras. Il faut qu’on soit fort… pour Papa… Pour Sigebert et…. Et pour elle. S’il vous plait…

Les mots étaient sortis, les un après les autres, d’une voix monocorde certes, tremblante et hésitante… Mais elle avait parlé. Et sans attendre d’avantage elle saisit la main d’Arthéos.

-Pour… pour maman…


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Ghost60


Ses yeux rivés sur le visage de sa duchesse, Ghost ne pouvait que sentir son cœur palpiter à vive allure. Elle était consciente, mais son visage inquiet et remplis de larmes attrista Ghost. Elle semblait souffrir, apeurer sans doute. A défaut de pouvoir bouger, elle parlait, d'une voix faible certes, mais son état ne pouvait pas lui permettre mieux. Elle lui demandait des nouvelles de Sigebert, peut être se rappelait elle ce qui s'était passé ou peut être juste un réflexe maternel. Ghost n'eut pas le temps de lui répondre que la jeune femme fixa son regard, le visage encore plus inquiet comme ci on lui avait annoncé le drame. Ghost se voulait rassurant, mais elle n'avait sans doute pas l'habitude qu'il le soit autant. Ghost laissait ses azur le fixé, puis ana lui demanda de lui répondre, mais au delà de la demande, c'était le terme employé celui qu'il pensait perdu à tout jamais. Ce terme dont elle aimait à l'appeler à cette époque où tout allait bien, ce terme qui résonna dans sa tête lui arracha un léger sourire... de courte durée. Elle n'avait peut être pas souvenir de la veille du drame... Il retira sa main qui lui caressait encore la joue, il s'interdisait d'un coup ce genre de comportement. Il n'avait pas le droit de profiter ne serait ce qu'un instant du traumatisme d'Ana.

Ana, rassure toi , Sigebert est en parfaite santé. C'est ta cousine qui le surveille en ce moment. Reste calme Ana, ne fait pas d'effort d'inutile.

Ghost baissa le regard, vers ses lèvres desséchées puis tout en se levant lui demandait de ne pas s'inquiéter, qu'il revenait. Le duc alla chercher un gobelet qu'il remplit d'eau et l'apporta à Ana. Il passa une main sous la nuque de la jeune femme afin de lui relever la tête légèrement puis porta le gobelet à sa bouche laissant le liquide coulé doucement. Tout en reposant le contenant sur le guéridon juxtaposant le lit, Ghost repris la parole.

Il faut boire régulièrement Ana, tu n'hésite pas à me demander quand tu as soif.

Ghost retira cette main mise derrière sa nuque reposant délicatement la tête de la jeune femme sur l'oreiller. L'homme posa sa main sur le front d'Ana, vérifiant si la température de son corps remontait un peu.

Tu n'as pas froid?

Ghost ne savait plus quoi faire, quoi dire... il se savait responsable et devrait bien lui dire un jour. Il hésita un long moment, elle était si faible. Mais il ne se sentait pas bien, il était responsable de la situation et il fallait qu'il lui dise. D'une voix assez basse mais audible pour Ana, Ghost se lança.

Ana, j'ai... je doit.... je doit t'avouer quelques chose... Ghost tourna la tête vers la porte s'assurant que personne n'arrive. Je suis le responsable de cette situation. Je n'ai pas supporter que tu veuille partir Puis reprenant une voix d'intensité plus normal

Je comprendrais que tu ne veuille pas que je reste à m'occuper de toi. Je vais chercher la personne que tu veux tu as juste à me dire qui.

Ghost baissa la tête se rasseyant sur le tabouret, il attendait là qu'Ana lui donne un nom. Il était enfin près à assumer son acte, ce piège qu'il avait construit de toute pièce. Son épouse qui ne le sera peut être plus après cette révélation, savait enfin la vérité.

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Ana.lise


Son fils n’avait rien, Sigebert était vivant. La nouvelle lui ravit immédiatement le cœur faisant par la même occasion couler des larmes de bonheur et de soulagement. Dans cet effort à contrer cet ennemi sortit de nulle part, elle avait ainsi pu le protéger comme il se devait. Elle n’avait donc pas failli à la promesse faite le jour de sa naissance, s’en rappelant chaque terme avec précision. Veiller toujours sur son fils et le protéger au péril de sa propre vie si cela devenait nécessaire, voilà ce qu’était son devoir de mère. Ana dont la respiration se ralentissait d’elle-même, apaisant son propre corps mais aussi ses doutes, ferma alors les yeux. Cet instant de bonheur qui venait d’éclore dans son cœur et dans son esprit meurtri elle le savourait jusqu’à la dernière goutte. Personne ne pourrait lui arracher l’apaisement qu’elle ressentait à cet instant-même. Sigebert était vivant dans les bras de sa cousine… le temps que l’idée fasse son cheminement et Ana fut surprise d’apprendre qu’on avait fait déplacer Maltea. Son état ne devait guère laisser d’espoir pour que la Brienne vienne en personne jusqu’à Conflans où la vie n’était guère fleurissante d’ailleurs. Sa cousine était donc là et Ana serait heureuse de revoir ce visage pétillant de malice mais aussi pouvoir profiter de sa tendresse qu’elle cachait bien au fond d’elle-même de peur de la montrer à trop de gens ne serait-ce qu’un court instant. Malgré tout ce que l’on pouvait dire sur la duchesse, Ana se sentait rassurée en sa compagnie, rassurée et entre de bonnes mains et cela personne ne pourrait jamais le lui enlever.

Tu as fais mander Maltea… c’est… si grave que ça ?

Ana s’attendait à tout dorénavant. D'ailleurs elle ne laissa pas le temps à son époux de répondre que déjà pour elle l'affaire était réglée. Son corps l’avait trahi à son réveil, elle n’était pas dupe et se doutait bien qu’à défaut de temps pour se remettre, la mort viendrait faire son œuvre au moment opportun. Même si cette idée paraissait des plus étranges, la duchesse n’avait plus peur de mourir sachant que sa cousine avait déjà dans ses bras l’héritier d’Izard. Son imagination lui imposa alors l’image de sa suzeraine tenant son fils et son visage s’illumina quelques secondes. Après tout Sigebert était aussi un Di Favara. Leur sang, ce sang fougueux si cher à Maltea, coulait aussi dans les veines de ce petit bonhomme et Ana savait que l’enfançon serait entre de bonnes mains.

Des questions affluèrent à son esprit mais la jeune femme les rejeta une par une. Quelle importance maintenant de savoir depuis combien de temps elle était alitée, où cela mènerait-il de comprendre ce qu’il s’était passé cette nuit-là sur le chemin de Troyes, que se passerait-il dans les jours à venir, souffrirait-elle ou bien serait-ce rapide ? Fermant à nouveau les yeux, Ana.Lise adressa une prière au Très-Haut afin d’apaiser ses remords et de demander pardon pour ne pas avoir suivi les préceptes qu’on lui avait enseigné, faisant souffrir les gens autour d’elle. Et tandis que ses paupières se soulevaient à nouveau, la duchesse passa sa langue sur ses lèvres qui desséchées se craquelèrent un peu plus. Ghost dû le remarquer lui aussi car il apporta de quoi se désaltérer à la jeune femme. La fraicheur de cette eau fit du bien à Ana car elle sentait doucement une chaleur l’envahir. Après la froidure qui avait voulu l’enlever à sa famille voilà que c’était maintenant au tour de l’effet inverse de se manifester. Elle n’était certes pas médicastre mais elle savait reconnaitre les prémices d’une fièvre qui se manifestait doucement. C’était dans la suite logique des choses. Les premiers jours après une blessure grave étaient déterminant, elle-même le savait que trop bien.

Remarquant les gestes emprunts d’une très grande tendresse dont son époux faisait preuve, Ana accrocha son regard à son visage l’observant à nouveau sans aucune honte. Qu’il avait l’air fatigué, qu’il avait l’air de souffrir mais qu’il avait l’air aussi soucieux, quelque chose l’habitait, elle en était persuadée. D’ailleurs, le fait qu’il retire sa main un peu plus tôt comme si la toucher devenait pénible pour lui n’était pas pour la détromper. Et elle comprenait vraiment cette attitude car elle ne devait plus vraiment ressembler à grand-chose dans cet état. Sa beauté d’antan s’était à tout jamais égarée sur un chemin de rocailles par une nuit sans lune. Mais comme à son habitude, elle voulut le rassurer, lui dire qu’elle comprenait et qu’il ne fallait surtout pas qu’il se sacrifie pour elle. Mais elle n’eut pas le temps de placer un mot que son mari prenait la parole, sur le ton de la confidence et alors qu’il parlait, les yeux d’Ana s’agrandir sous le choc de la révélation.

Déglutissant avec difficulté, cherchant quelques goulées d’air pour l’empêcher de suffoquer, elle réalisait petit à petit ce que cela voulait dire, ce que cela impliquait. Ouvrant la bouche, elle resta un moment suspendu à un son qui ne voulait pas franchir la barrière naturelle de ses lèvres avant de pouvoir enfin émettre le moindre mot.


Tu… as… voulu… me… tuer….

Blessée dans son cœur, blessée dans son corps, petite âme piétinée à jamais, elle ne pouvait détacher son regard de ses amandes qui s’étaient à leur tour voilées. Et elle réalisa enfin la portée de ces mots. C’était de sa faute à elle s’il en était arrivé à plonger dans cette folie meurtrière. A force de tirer sur la corde elle avait fini par rompre. Combien de fois lui avait-il pardonné ses humeurs et ses frasques, combien de fois avait-elle foulé son amour en retour…. Tout cela n’avait plus aucun sens, toute cette histoire prendrait fin rapidement. Le culpabiliser tandis que sa fin était proche ne rendrait pas sa mort plus acceptable, au contraire. Exhalant un souffle, Ana passa sa langue à nouveau sur ses lèvres. La fièvre gagnait du terrain mais elle avait encore des choses à dire, à lui dire, il le fallait maintenant. Après cela serait trop tard. De sa voix douce, Ana commença à lui parler.

Ghost… ne m’interrompt pas s’il te plait… le temps n’est pas notre ami aujourd’hui et il va te falloir m’écouter attentivement… Prenant une profonde inspiration, elle continua sur sa lancée. A trop m’en vouloir tu aurais pu faire massacrer notre fils… c’est une terrible nouvelle pour moi car cela revient à dire que tu ne désirais pas cet enfant… ni même que tu lui accordes autant d’importance qu’aux autres parce qu’il est de moi… aussi, je vais soulager ta conscience et demander à Maltea de l’élever quand je ne serais plus là… d’ailleurs je pense que cela ne sera plus très long désormais…

Ana se mit à tousser légèrement ce qui lui arracha un cri de douleur mais rapidement, elle serra les dents afin de museler cette dernière et l’enfouir en elle. Elle aura le temps de se reposer quand tout sera fini mais il fallait faire vite dorénavant.

Pour ce qui est de nous sache que l’amour que j’ai eu pour toi a toujours été sincère malgré toute l’énergie que je me suis évertuée à dépenser pour te quitter. On s’est perdu entre un silence et des cris et je le regrette sincèrement tu sais… j’aurais voulu que cela se passe autrement… que tout soit différent mais on ne peut pas revenir en arrière, on ne peut pas changer ce que l’on a fait, ni le mal que l’on cause aux autres…. Je te demande pardon… pardon d’avoir pu te rendre ainsi au point de faire germer cette folie en toi, au point de changer l’homme que j’aime de façon si radicale… tu as été un mari généreux, un époux d’une tendresse et d’un amour infaillibles et j’espère… je souhaite que tu refasses ta vie quand je ne serais plus là…

Ana sentait ses forces la quitter à nouveau. Trop de nouvelles, trop de bonheur, trop d’émotions, trop de gâchis. Elle avait voulu le quitter, il avait voulu la tuer. Et c’était de toute façon la mort qui aurait raison de leur vie. Se laissant aller contre l’oreiller, elle bandait ses muscles avec l’énergie du désespoir afin qu’ils ne se mettent pas à trembler sous l’effet de la fièvre qui revenait de plus belle. La fatigue étant de la partie aussi elle la forçait à fermer ses yeux. Et les seules pensées cohérentes de la duchesse s’en allèrent vers son fils que le Très-Haut avait épargné.

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Maltea
[Après l'effort le réconfort à ce qu'on dit... et bien c'est pas vrai du tout! Paquet de langes contre tranquillité plutôt!]

L'instant d'avant elle caressait la chevelure de sa cousine tout en lui ordonnant de rester en vie et là, elle se retrouvait debout avec un paquet de lange malodorant dans les bras, fichue dehors, au final, sans ménagement.... qu'allait elle bien pouvoir faire de cette petite chose. Sigebert? Quel nom atroce pour une petite fille, la malheureuse, elle allait devoir vivre avec ce nom pourri jusque là fin de sa vie... bientôt on appellerait les petits filles Oscar tiens... oui tiens: et vlà lady Oscar qui arrive!Elle y jeta un coup d'oeil, écartant doucement le linge qui lui cachait un peu le visage et là... stupeur et damnation! Ce n'était pas les traits d'une chieuse à la beauté ravageuse, mais bien un braillard assez robuste qui la regardait avec de grands yeux. Comble de la malchance, il lui lança un sourire à faire fondre un énorme glaçon.... D'ailleurs, c'est tout juste si sous les pieds de la glaciale duchesse, une flaque ne prenait pas naissance. Petit regard à droite, petit regard à gauche, afin de s'assurer que personne ne pouvait la voir, et elle répondit au sourire du petit homme. Emportant le paquet avec précaution.... tenant tout de même à sa vie, enfin non pas tellement, mais elle préférait franchement choisir sa mort elle même plutôt que de se faire étriper par le barbu pour avoir fait choir son fils, elle quitta la pièce. Comme on ne voulait pas d'elle au chevet de sa cousine, elle allait faire connaissance avec le fils de sa cousine... un garçon, mais comment était ce possible? Ceci dit, si elle était moins centrée sur elle même, la duchesse aurait du se rappeler la discussion musclée en taverne... oui parce que lumière avait déjà été faite sur le sexe de son petit cousin, mais bornée, elle l'était et si elle pensait que c'était une fille, s'en était une et puis c'était tout!... sauf que là, elle devrait se faire une raison, c'était bel et bien un mâle et enjôleur avec ça, si petit et déjà un bourreau des coeurs. Voilà qu'il avait réussi du haut de ses quelques centimètres à faire craquer la duchesse. Alors qu'elle lui caressait la joue délicatement, il saisit son doigt qu'il se mit à téter.

Mais rend moi mon doigt, petit glouton, tu vas rien pouvoir en tirer tu sais!

Le marmot avait faim, ça c'était une évidence... maintenant il fallait trouver de quoi le nourrir. Ô voilà qu'il cherchait autre chose... mais elle avait rien à lui donner, elle n'était pas sa mère! Voyant que la duchesse se dérobait à son appétit, l'écartant de son sein qu'il cherchait avec envie, le braillard donna enfin de la voix ce qui fit paniquer Maltea qui l'écarta à bout de bras en chouinant à son tour...

Au secours, à l'aide, y a urgence par ici, venez à mon secours, ayez pitié de moi!
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Artheos


Cette main dans ses cheveux avaient été d'un tel réconfort qu'Arthéos en oublia un bref instant les terribles évènements de la nuit. Puis la souffrance revint quand il croisa les yeux d'Elyaëlle. Si tristes et pourtant ils ne pleuraient pas. La jeune femme faisait preuve d'un courage et d'une détermination sans failles. Comment faisait-elle ? Cette sensation au creux de la poitrine forçait indubitablement à laisser s'échapper ses larmes. Quel monde tragique... pourquoi les gentils devaient absolument souffrir ? Alors que les méchants vivaient tranquilles, éloignés de tous maux ? L'injustice dans son parfait exemple, d'une vie bien trop courte, stoppée par d'invraisemblables douleurs. Puis Elyaëlle parla doucement de sa mère et les mots firent nerveusement sourire le jeune homme.

"Elle ne m'a jamais vu baisser les bras... Mais elle n'aimerait pas cela, c'est certain...

Il sourit et Elyaëlle lui attrapa la main. Quelle étrange sensation. Cette main, si douce et si innocente fit presque peur au valet. Il était idiot et se rassura bien vite en écoutant les derniers mots de la demoiselle. Pour Ana... oui c'était une belle cause. Ana la révoltée, la rebelle. Quoi de mieux pour la représenter qu'un domestique tenant par la main l'un de ses maîtres ? L'image était fragile et à la fois forte.

"Allons-y.

Il regarda au loin et expira profondément. Comme deux amis, un frère et un soeur, deux enfants que la vie n'avait pas gâté, Arthéos et Ely avancèrent dans les ruelles, leurs mains entrelacées. Le jeune homme avait tendance à serrer fort pour exprimer son appréhension et sa crainte en approche de l'auberge.

"Il... il est préférable que votre père ne... ne sache rien de... de ce qui s'est passé dans la ruelle...

Arthéos regarda l'état d'Elyaëlle à la lueur des quelques torches qui ornaient leur chemin. Sales et poussiéreux, les vêtements de la jeune fille étaient dans le même état que ceux de son interlocuteur. Mais cela important peu ce soir. Il fallait retrouver Ana.Lise. L'aider à surmonter sa détresse et lui parler de leurs meilleurs souvenirs. Peut-être alalit-elle mieux ? A moins qu'elle n'ait rendu l'âme pendant ce laps de temps... Cette pensée terrorisa le valet qui lâcha doucement la main d'Ely, dans un sourire réconfortant. Le bâtiment était là. Dès qu'il pénétra à l'intérieur, Arthéos eut un frisson. Sa maîtresse n'était plus très loin. Devant la chambre, le valet poussa doucement la porte et retrouva Ghost et son épouse. Ils n'avaient pas bougé. Un peintre aurait pu immortaliser la scène au vu des heures passées à ce chevet aux odeurs de sapin.

Le domestique entra dans la pièce, suivi par Elyaëlle. Lui ne bougea pas, ne voulant pas déranger Ghost qui les vit malgré tout arriver.

"C... comment va-t-elle ?

Il tenta un mince sourire et s'approcha un peu plus de Ghost, les yeux fatigués. Il ne ressentait plus de mauvais sentiments envers le duc. Il désirait simplement que tout cela s'achève. S'il avait pu, il l'aurait serré lui aussi dans ses bras, tel le père qu'il ne connut que trop peu. Il avait dû lire la lettre et c'était tant mieux.

"Veuillez m'excuser Votre Grâce...

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Ghost60


Il se sentait mieux, mieux d'avoir tout dit, il avait été franc, peut être trop, peut être trop tôt. Tout le monde le disait immoral, même si il aimait à laisser le mythe progresser, mettant en avant des traits de caractères donnés au fil de ses charges. Son entourage proche , voir très proche connaissait sa réelle identité, son caractère , pas celui sous le masque qu'il laissait supposer , mais l'autre celui qu'il avait dans sa vie privée.

Il ne cherchait pas le pardon, d'ailleurs pourquoi elle le pardonnerait... Ce qu'il cherchait au moment présent c'était de sauver Ana, la faire échapper à cette mort qu'il avait commandé. Il ne cherchait peut être plus grand chose finalement, si il n'avait pas perdu espoir, il n'aurait pas commanditer une tragique fin. Elle avait beau dire qu'elle le faisait souffrir, mais c'est bien lui qui la faisait souffrir en ce moment, par un acte prémédité. Elle était là souffrante, elle ne pourrait sans doute même pas offrir un enfant à celui qui conquerra son cœur.

Ana pris la parole lui demandant de ne pas l'interrompre, c'est ce qu'il fit. Il la laissa parler, de son fils d'abord, cette enfant innocence même et fruit d'un amour sain et béni par deux fois, ce fils qui représentait le dernier souvenir de leur union qui était sur le point de se descellé, cet innocent que Ghost avait demander d'épargner... Les mots était dur, elle ignorait que l'homme avait fait mention de ce bébé afin qu'il ne lui arrive rien, il aimerait lui dire mais ne pouvait l'interrompre comme elle l'avait demander. Puis elle enchaina, sur le sujet douloureux de leur amour perdu, perdu mais que dans un sens, lui ses sentiments n'ont pas changé, il n'avait jamais ressenti ça , il avait changer cette vie de libertin dont la réputation traversait les province, quitter les coucheries à tout va juste pour ne pas se lasser... et pourtant les années passèrent, mais jamais il ne s'était senti lasser d'elle , elle lui était devenu vitale. Tellement vitale que quand il avait donner ce courrier anonyme il attendait d'apprendre sa mort afin de la rejoindre pour l'éternité, phrase qu'ils s'étaient dit un soir de taverne.

Ana s'arrêta de parler, épuisé surement par toutes ces émotions, elle ferma les yeux, comme dans un dernier souffle. Un mot, c'est ce qui ranimait l'espoir, un mot qui glissé dans ces phrases laissait planer un doute agréable à ressentir. Elle semblait si mal, Ghost devait lui dire pour leur fils avant que... D'une voix douce mais sure, il lui expliquait.


J'ai demander à ce qu'il s'assure que l'enfant n'est rien, je n'ai pas voulu faire de mal à Sigebert Ana, je leur ai dit...

Elle s'était endormie, juste avant qu'Arthéos n'arrive suivi d'Ely, fidèle a lui même, le valet était rester à l'entrée. Ghost se tourna quand le jeune homme lui demandait comment elle allait. Le duc avait un petit sourire rassurant puis lui répondit.

Elle s'est réveillé... mais elle est épuisé. Elle se repose.

Ghost fit signe à Arthéos d'approcher

Approchez, votre présence apaisera son sommeil.

L'homme se leva et alla vers Arthéos, il posa sa main dans le dos du jeune valet le poussant légèrement en direction du lit ou se reposait Ana.

Veillez sur elle, j'ai besoin de... d'aller voir Sigebert.

Ghost sortit de la pièce, laissant Ana se reposer, il savait qu'il pouvait compter sur Arthéos pour veiller sur elle, puis Ely n'était pas loin, au cas où. Le duc se dirigea vers Maltea semblant en difficulté avec ce petit être à bout de bras, pris l'enfant et ne pu s’empêcher de s'adonner a son loisir préféré.

Tu es aussi doué pour garder un enfant que pour garder un homme, cousine.

A ces quelques mots Ghost profita d'un petit instant avec son fils éloigné de tout, de tous...

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