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[RP]Quand le sang coule Acte2

Elyaelle


Ely ne parvint pas à répondre au sourire d’Artheos, son visage était vide de tout expression, son regard aussi. Que dire ? Que faire ? Elle ne savait pas la gamine, elle ne savait plus…
Elle mourrait d’envie de hurler, faire sortir toute les larmes de son corps, mais rien ne sortait. Elle s’était promis d’être forte, et grande, de se comporter en adulte et de ne pas pleurer. D’ailleurs, son père ne pleurait pas lui. Même la cousine de sa mère n’avait pas pleuré. Alors elle n’en avait pas le droit.
Pourtant intérieurement, c’était un volcan en effervescence, prêt a exploser. Une véritable tempête qui faisait chavirer son frêle esquif, elle avait juste l’impression qu’on lui arrachait le cœur.

Sans un mot elle serra la main du Valet, prête à revenir vers le lieu où se déroulait le drame. Son père voulait les revoir tout les deux. Sans doute pour dire une dernière fois au revoir à sa mère. Terrible épreuve pour une enfant que de dire adieu à la tendresse maternelle.
Elle qui avait du grandir loin du cocon familiale, loin de l’amour d’une mère, enfant rejeté, détesté, elle avait finalement trouvé auprès d’Ana tout ce qui lui manquait, tout ce dont elle rêvait… Pourquoi Aristote lui reprenait-il tout cela maintenant ?

Serrant la main d’Artheos, avançant dans les rues à la vue de tous, Ely releva la tête pour regarder autour d’elle. Le soleil était déjà haut et elle ne s’en était même pas aperçut. Quelle heure pouvait-il être ? Si tard déjà ? Surement à voir tout le monde s’activer autour d’elle.
C’était étrange de voir que la vie continuait… Alors que le temps s’était arrêté pour elle…
Artheos lui glissa quelque mots peu avant d’arriver devant l’auberge, mais Ely n’entendit rien… Elle n’entendait plus rien à vrai dire, juste les battements de son cœur qui s’intensifiait grondant comme un tambour.
Qu’allait-elle retrouver dans cette maison ? Dans cette chambre ? Sa mère morte sans doute ? Son petit frère hurlant de faim ? Et Jehanne ? Il faudrait lui dire pour sa « nana »…

La jeune fille sentit à peine la main du Valet se détacher de la sienne et pénétra à son tour dans la demeure.
Par Aristote ! Quel contraste avec l’extérieur.
Ely sentit son cœur se serrer, sa poitrine se comprimer… Elle avait soudain l’impression de manquer d’air, d’étouffer. Elle eut envie de faire demi tour, de s’enfuir en courant, de s’éloigner le plus vite possible de cette maison, de fuir ce monde qui n’était pas le sien.
Elle voulait se réveiller, se réveiller de cet horrible cauchemars. Elle voulait retrouver son monde de princesse, de fée et de nescargouille, celui ou les grenouille devienne prince, celui ou tout est beau et sans nuage.
Mais elle devait bien se rendre à l’évidence, la réalité était tout autre chose. Le monde des adultes était dur, froid, triste et malheureusement bien réel…

Toujours silencieuse, la gamine avait suivit Artheos dans la chambre de sa mère. Elle écouta un instant son père les rassurer, mais refusa de s’approcher d’avantage.
Se refugiant dans un coin de la pièce, Ely se laissa glisser le long du mur, et ramena doucement ses jambes contre sa poitrine…
Se reposer quelque instant…
Ne songer à rien…
Ou du moins essayer…

Sigebert devait mourir de faim, et elle était là sans pouvoir rien faire. Bathilde savait peut être comment faire ? Mais après tout… son père devait le savoir aussi puisqu’il était parti le voir…
Et Jehanne ? Est-ce que quelqu’un l’avait prévenue ? Et Flavien ? Pourquoi n’était-il pas encore la ?
Et… et…

Ely releva la tête vers Artheos, cherchant son regard, cherchant quelque part à se rassurer, mais gagné par l'émotion, bien malgré elle, la gamine se mit à trembler dans son coin.

-Maman....
-Où es-tu maman ?
-Maman...


murmura-t-elle faiblement, imperceptiblement en resserrant d'avantage ses genoux contre sa poitrine pour calmer les tremblements qui secouaient son corps.

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Ereon
Ereon se réveilla en sur-saut et malgré la beauté des bois de Conflans-lès-sens, il devait savoir comment allé Ana.lise. Il reprit donc la route pour la voir.

Durant le chemin, il repensa encore et encore au message. Message qui l'avait trompé.
Il repensa également à la scène ou son épée, brisé le bouclier et le retour dans le bas ventre de la duchesse.
Par moment, il pensait qu'il n'aurait jamais dû la ramener, qu'elle aurait dû mourir dans ce chemin écarté et tué l'enfant. Il n'aurait que fait suivre les ordres après tout.
Mais sa question était, Pourquoi laisser en vie l'enfant.

Une fois arrivé à la demeure des Izard, il se présenta devant Ghost qui était à l'écart avec son fils.

Les yeux du blondinet avait changé et les remords n'était plus, telle un capitaine digne, une machine a tué.

Comment va-t-elle ? Je peux la voir ?

Le blondinet sortie le parchemin qu'il avait eu pour le donner à Ghost. Une fois le papier remis, Ereon reprit son monologue

Quand tu auras trouvé qui est l'écrivain de ce message, n'appelle personne d'autre que moi.

Je le tuerai de mes mains, je le ferais souffrir avec des supplices à la hauteur de ma noirceur. Supplice du rat, torture, castration et je terminerai par l'égorgé comme un gros porc de son espèce


Une fois fini son petit monologue, il regarda Ghost et le petit qui hurlé de faim.
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Ana.lise


Les paupières à peine fermées que déjà une sensation de brûlure au niveau de la rétine venait la martyriser en plus du reste. D’avoir trop pleuré sous le coup de la douleur et des émotions diverses qui l’avaient ballottée au gré de leurs humeurs Ana en était trop fatiguée pour résister à cette gêne qu’occasionnait la fièvre sur ses mirettes. Et se laissant emporter par le sommeil agité qui l’enveloppait doucement, elle eut quand même l’impression d’entendre la voix de son mari lui expliquant qu’il avait demandé qu’on épargne leur enfant. Rassurée autant que peinée, la duchesse se laissa glisser au milieu de cet état fébrile qui était le sien désormais. Parce que c’était bien de la fièvre qu’il s’agissait et qui faisait monter la température de son corps allant jusqu’à faire perler sur sa peau aux reflets d’ivoire quelques gouttes de suées. Quelques plaintes s’échappèrent alors de ses lèvres entrouvertes tandis que sa tête s’agitait de droite à gauche, lentement pour repartir dans le sens inverse rapidement. La duchesse marmonnait quelques divagations concernant toutes ces révélations que son mari lui avait faites auparavant, assimilant lentement le fait qu’il ait voulu la voir morte plutôt que de la voir vivre une vie sans lui à ses côtés.

Mais comment en étaient-ils arrivés là, elle se le demandait à chaque instant depuis des semaines, consciemment ou non, mais la question ne trouvait jamais de réponse. Et pas sûr qu’un jour elle finisse par se résoudre d’elle-même. Mais cela avait-il une quelconque importance au vue de leur situation ? Tandis que sa morale chassait ces idées sans finalité qu’elle trouvait envahissantes, son esprit vagabondait vers un océan d’images plus chaleureuses les unes que les autres faisant frémir la duchesse. Sa petite vie sans grande importance défilait devant elle, lui rappelant qu’elle avait pris naissance lorsqu’enfin cet homme qui aujourd’hui avait commis l’acte le plus abjecte de la terre avait enfin posé les yeux sur elle, la voyant autrement que comme une simple personne à son service. Ana en avait été transportée de bonheur à l’époque et la jeune demoiselle s’était évertuée à faire de leur existence un paradis. Mais pas si idyllique que ça au final puisque tout s’était rapidement effondré. Encore un petit gémissement tandis qu’Ana se débattait avec ses états d’âme, l’entraînant à chaque fois un peu plus loin dans la ronde des souvenirs. Et son esprit la dirigeait où il le désirait, l’entrainant avec lui sur cette corde raide, celle qu’elle avait elle-même tendue même si elle ne désirait pas le reconnaitre. Et dans son inconscient, rebelle jusqu’au bout des ongles, la duchesse tentait de mener la danse contrecarrant les courants qui la conduisaient invariablement loin de son époux, résistant comme la vague qui revient lentement se bercer sur le même rivage, éternellement. Ne s’étaient-ils pas promis de vivre heureux jusqu’à la nuit des temps ? Mais depuis, Ana avait emprunté une autre route, plus sinueuse, plus dangereuse, voulant simplement combattre cet état de fait qui la maintenant dans une invisibilité permanente, qui l’a rendait vulnérable et inexistante.

Une larme perla au coin de ses yeux s’échappant sur ses joues rosies de fièvre. Et la duchesse remua, ses doigts s’agitèrent involontairement et enfin ses paupières se soulevèrent doucement. La lumière dans la pièce lui agressa rapidement les yeux au point de faire jouer ses paupières plusieurs fois d’affilé pour chasser cette tâche de couleur qui semblait s’être collée sur sa rétine. Secouant enfin ses boucles qui, collées entre elles, ne bougeaient guère, Ana devina une silhouette toute proche du lit. D’abord hésitante, le temps de sortir complètement de son sommeil un unique nom traversa sa bouche transporté par cette voix calme et légère.


Ghost ???

Apparemment elle devait se tromper car seul le silence lui répondit. À peine y eut-il un mouvement de tissus. Aussitôt la brunette se concentra une nouvelle fois puis distingua enfin les traits de son valet. Le pauvre il avait l’air dans un état proche du sien, d’une pâleur à faire peur. Esquissant un sourire, Ana laissa ses azurs se poser sur lui longuement en se demandant s’il lui dirait la vérité quand à la gravité de son état si elle le lui demandait. Artheos ne lui avait jamais menti jusqu’à maintenant aussi avait-elle toute confiance en lui mais il y avait un début à tout, elle le savait et dire à quelqu’un que la fin était proche ne se faisait pas de gaieté de cœur. Connaissant son valet sur le bout des doigts, elle savait que c’était là une chose trop difficile pour lui aussi préféra-t-elle oublier cette envie qui la taraudait. Toutefois, sa voix déchira le silence pesant qui régnait de la pièce tout doucement.

Artheos… je suis heureuse de te revoir… Tu vois ce voyage n’était pas fait pour toi mon ami…

Elle se voulait rassurante, elle se voulait confiante, pour lui, pour cette famille qu’elle chérissait tant, elle voulait leur offrir quelques sourires mais ce fut une grimace qui se chargea de masquer son visage quand elle essaya de bouger légèrement. Son ventre la faisait souffrir le martyr et machinalement Ana se mordit la lèvre inférieure. A force de volonté, elle réussit malgré tout à ramener un bras sur le point douloureux. Se rendant compte à la palpation de l’étendue des blessures, elle respira profondément afin de calmer une nouvelle vague d’angoisse qui prenait racine dans chacune de ses cellules. Certes elle n’avait pas commencé ses études de médecine, certes elle n’était pas érudite mais un semblant d’intelligence traînait du côté de son cerveau et il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre, en mettant bout à bout ses souvenirs, où l’épée l’avait saignée. Retenant ses larmes à nouveau, elle se forçait à ne pas sombrer dans la mélancolie et la tristesse qu’une telle blessure impliquait si toutefois elle survivait. La mort avait décidé de la faire languir peut être qu’elle devrait accélérer le mouvement en demandant à son époux de finir le travail qu’il avait commencé. De toute manière, soit elle était emportée des suites de sa blessure qui se voudrait être une agonie longue et pénible, soit elle n’était plus rien, incapable d’offrir à un homme une descendance ce qui la ramenait à une fin de vie misérable, rejetée de tous. Il fallait abréger les souffrances et si son mari l’aimait autant qu’il le lui disait, il deviendrait son bourreau pour soulager sa douleur. Décision prise, Ana se tourna à nouveau vers son valet et d’un sourire effacé, elle se mit à parler doucement.

Artheos, sais-tu où est mon fils… et mon époux ?

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Ghost60


Ghost profitait de ce moment particulier avec son fils, faisant un vide dans sa tête, tellement un vide qu'il ne pensais même plus a trouver de quoi nourrir cette enfant... Un peu plus grand ça lui aurait été plus simple, mais là sa mère alitée et sans doute bloquer dans ses montée de lait par le choc subit. Il n'avait d'autre moyen que de trouver au plus vite une jeune mère pouvant comblé l'estomac vide de ce petit homme. À peine le temps de s'extirper de son lieu de tranquillité qu'Ereon lui fit face. D'abord prenant des nouvelles de la jeune femme, puis lui tendant un parchemin, le parchemin.

Ghost prit le pli , le relisant, comme cherchant à ancrer ces mots qu'il a lui même couché sur ce papier, dans sa tête. Le duc regarda Ereon, le fixant droit dans les yeux, il prit ce ton sec et glacial qui ferait frissonné un mort.


Je m'en chargerais moi même.

Le barbu s'éloigna de quelques pas avant de se retourner à nouveau vers le chef d'armée.

Elle s'est réveillé mais est très affaiblit.

Ghost repris son chemin vers le centre du bourg, à la recherche de cette possible mère nourricière. Parcourant les rues, Ghost rencontra quelques passants , après quelques mots échanger ceux ci ont pu le dirigé vers une petite bâtisse au contour de la place du marché. Le duc s'y rendit , accélérant la cadence de ses pas, Sigebert n'avait pas manger depuis un long moment et les cris incessant de la famine se faisait entendre. La demeure était là, un petit frappement à la porte et la jeune femme ouvrit. Il ne lui aura fallut que quelques secondes pour comprendre la situation, si un nobles vient frapper a la porte d'une paysannes, c'est certainement pas pour venir la saluer, surtout avec un bébé en pleure dans les mains.

Après plusieurs minutes à tété le sein d'une inconnue, Sigebert semblait rassasié. Il était temps pour le duc de retourné auprès de son épouse. Ghost laissa quelques écus à la jeune mère avant de reprendre son chemin vers la demeure Conflandaise. La pénates à la porte abimé était toute proche, l'homme regardait son fils dont le sommeil avait pris possession, il prenait au fil des jours les traits de sa mère, celle qu'il ne cessait d'aimer, avant de franchir l'enceinte de la propriété et se rendre dans la pièce du fond, celle là même ou ana était installé pour l'occasion.

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Ereon
Ereon regarda Ghost partir avec son fils vers la ville. Ereon avait eu ses réponses même si une des réponses ne semblait pas lui convenir.

Ereon resta là, sur place à le regarder s'éloigne, un peu comme dans ses films ou un ami fait ses adieux.

Ereon posa sa main sur le pommeau de son épée qu'il serra le plus fort possible. Ereon regarda la maison et partie à son tour dans une autre direction.

Cette direction était les portes de la ville, il devait rejoindre son armée située à Sainte-Ménéhould plus au nord de champagne.

Ereon avait surement perdu un ami et une amie par son geste et surement qu'il ne verrait plus jamais aucun des deux, mais finalement c'était surement le mieux pour lui et eux.

Certes cela fait un peu mélodramatique, mais ça correspond parfaitement à la situation actuelle de cette magistrale histoire

Pendant que d'un côté Ghost avait trouvé une pauvre femme pour nourrir son fils, Ereon lui arriva aux énormes portes de la ville qui s'ouvrit avec un terrible grincement.

Le grincement de la porte, donna une pointe au jeune blondinet qui ne pu s'empêcher de regarder en arrière et en même temps de revoir la terrible scène de son erreur.

Une fois la porte passée, la porte se referma toujours dans cette horrible grincement avec un bruit sourd à la fin.

Ereon décida de ne pas passer par Troyes et de couper à travers la campagne environnante, où il rencontra des paysans qui travaillent la terre et d'autre faisaient du pain pour nourrir les autres villageois.

Son voyage allé durer plusieurs jours surement, mais son périple serait plus long une fois son armée retrouver
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--Eliette




[Une petite maisonnette, au détour de la place du marché à Conflans]



La journée était bien entamée lorsque Hugo son fils s’était éveillé. Petit bambin de quelques semaines, Eliette aimait le choyer surtout depuis que son père les avait abandonnés pour une autre blondasse sans saveurs. Un vrai coureur de jupons celui-ci qui s’en foutait complètement de laisser dans le besoin une femme et un enfant. Heureusement pour la jeune mère, le village s’était mobilisé afin de l’aider. L’un lui amenait quelques légumes, un autre du pain, une des femmes se rendait au lavoir pour elle, il n’y avait que les écus qui avait du mal à rentrer mais le peu qu’elle gagnait lorsqu’elle pouvait effectuer un travail, la brune le gardait précieusement dans une escarcelle pour l’hiver qui arriverait bien assez tôt.

Et ce jour-là, quelle ne fut pas la surprise d’Eliette d’entendre frapper à sa porte. En général, les villageois savaient que la jeune maman s’occupait de son fiston à cette heure-là mais à croire qu’il y avait urgence. Posant l’enfant dans son berceau, nouant à la va vite son corsage, Eliette se précipita sur la porte, les cris d’un nourrisson se faisant entendre de l’autre côté du mur. Et là devant elle, la brune reconnut immédiatement le duc de Sedan. Courbette pour le saluer, déjà la jeune mère saisissait le pourquoi de cette visite. Très tôt dans la matinée, la nouvelle s’était répandue comme une traînée de poudre. La duchesse était entre la vie et la mort laissant un petit mourir de faim. Sa voisine qui lui avait apporté du pain bien frais n’arrêtait pas piailler en soulignant le fait que si elle avait 20 ans de moins avec un marmot sur les bras, elle aurait bien été donner le sein à l’héritier juste pour pouvoir approcher le duc d’un peu plus près et pourquoi pas entrer à son service. Il n’y avait pas de petites actions, juste des moments à saisir disait-elle encore en riant. Mais Eliette avait vite chassé cette drôle d’idée pensant naturellement qu’il y aurait bien d’autres mères pour offrir ses services. Et puis l’était pas comme ça la brune à sauter sur les occasions.

Se poussant légèrement, elle laissa la place au duc afin qu’il entre dans sa demeure puis d’un geste tendre, elle attrapa l’enfant des bras de son père.


J’vous en prie votre grâce, installez-vous… j’ai pas grand-chose mais j’peux vous offrir un verre de vin en attendant qu’votre fils soit calmé.

Déjà l’enfant dans les bras de la jeune femme cherchait avidement ce sein nourricier. L’instinct de survie fort développer à cet âge-là le menait directement à cette poitrine généreuse aussi Eliette ne perdit pas un instant et prit place sur sa couche afin de tenir le petit dans une position agréable pour lui tout en calmant sa faim et certainement sa peur de ne pas avoir sa mère auprès de lui. Geste tendre, geste maternel, Eliette caressait la tête du petit d’Izard en fredonnant une chansonnette comme elle le faisait pour son propre fils. Et quand le petit fut rassasié, Eliette le rendit à son père en échange de quoi le duc lui laissa quelques écus. Ne voulant pas accepter, elle était déjà prête à les lui rendre mais ce dernier avait déjà tourné les talons pour partir. Eliette se manifesta une dernière fois ne voulant pas contrarier le noble.

Votre grâce, si… si vot’fils l’a encore faim, n’hésitez pas, j’m’en occup’rai !

Léger sourire sur ce visage intimidé par la venue du duc, la jeune mère l’observa un moment tandis qu’il filait droit jusque chez lui, traversant à nouveau la place du marché jusqu’à devenir un petit point flou au loin.
Elyaelle


La tête sur ses genoux, plongée dans de sombres et tristes pensées, Ely s’était enfermé dans sa coquille, essayant de se protéger encore un peu de ce terrible monde dans lequel elle vivait. Les bras serrés autour de ses genoux, la fillette ne voulait pas regarder vers le coin de la pièce ou se trouvait sa mère.
Peur de voir la réalité en face, peur d’oublier le doux visage de celle qui l’avait pris sous son aile en l’aimant et la chérissant comme sa fille, peur de ne garder qu’en souvenir un visage marqué par la douleur et la mort. Alors non, elle ne voulait pas la voir, pas s’en approcher non plus.
Elle voulait simplement y croire encore un petit peu… Juste un peu. Comme une enfant qui veut croit au conte de fée. Juste y croire quelque instant encore…

Et puis…
Une voix.
Faible il est vrai. Sans doute un peu déformer par la douleur et la fatigue. Mais SA voix.

Ely releva la tête brusquement. Avait-elle rêvé ? Il lui semblait avoir entendu la voix de sa mère dans la pièce. Etait-ce son imagination une fois de plus ?
La gamine se releva prestement, comme poussé par un sixième sens. Si elle avait rêvé elle devait en avoir le cœur net. Ce n’était pas possible autrement.
Bizarrement les paroles de son père lui revinrent aussitôt en mémoire. Paroles qu’elle avait entendues mais occultées, paroles qui venaient maintenant percuté son esprit encore fragile. « Elle s’était réveillée »
Donc peut être que….

-Maman !

Ely ne put retenir un léger cri en voyant la duchesse les yeux ouvert, parlant faiblement à son Valet.
Ainsi elle n’avait pas rêvé…
Et les larmes aux yeux, la fillette se précipita au chevet de sa mère, à genoux tout près d’elle.

-Maman…. Ma petite maman…


Ne pas pleurer, elle avait juré.
Mais se blottir, tout contre elle, tout près d’elle. Sentir sa présence, encore un peu. Sentir son parfum, sa chaleur…

Ely releva la tête doucement et regarda sa mère essayant de sourire malgré tout. Elle avait toujours peur, mais de savoir qu’un souffle de vie l’animait toujours, la gamine reprenait espoirs…

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Artheos


Debout dans la chambre, Arthéos tremblait. Le duc s'approcha de lui et le poussa légèrement vers le lui. Apaiser sa douleur ? S'il pouvait le faire, il s'y attarderait sans réfléchir ! Mais la scène était loin d'être belle, le pâle visage d'Ana en aurait fait blêmir plus d'un. Ely s'était retirée dans un coin de la pièce et seules ses lèvres bougeaient faiblement dans quelques murmures silencieux. Arthéos ne savait pas quoi lui dire, rien n'aurait pu la réconforter... aussi la laissait-il à ses songes, gardant toutefois un oeil vigilant sur elle. Un pas. Deux pas. Du sang sur la couverture. Du sang sec, par tous les saints, le médicastre avait dû faire son boucher. Quelle chance qu'Ana soit toujours en vie !En piteux état, mais d'après le duc, elle avait besoin de repos. C'était bon signe, pensait Arthéos. Très bon signe. L'espoir revenait. Il n'avait jamais totalement disparu ; des nuages avaient simplement assombri ses rayons de chaleur. L'espoir n'était pas une création inutile, tant que quelqu'un s'y adonnerait, il persisterait dans les coeurs et les âmes, par joie ou pas peur.

Le troisième pas lui donna l'allure. Il contourna le lit en passant sa main sur le rebord final du meuble et vint vers la gauche d'Ana.Lise, là où sa tête était tournée. Ses yeux étaient fermés ; comme avait dit Ghost, elle devait dormir. Blessée, elle l'avait été, mais comment et par quoi, par qui ? Il aurait ses réponses, mais il fallait patienter. Sa situation dans la maison d'Izard ne l'autorisait pas à poser des questions d'ordre privé sur ses maîtres. Le jeune valet se mit à genoux sur le plancher, les mains sur ses jambes et scruta la duchesse. Un si beau visage dans un tel état. La souffrance avait ravagé ses traits et la mort avait laissé quelques empruntes dont cette pâleur inquiétante. Un instant, il crut revoir sa mère. De vives images revenaient hanter son cerveau tandis qu'il reprenait exactement la même position que lorsqu'il était au chevet de sa mère. Des images qui faisaient mal, des images que le domestique tentait de chasser de son esprit, mais rien n'y fit. Excepté quand Ana ouvrit les yeux et murmura le nom du duc. Arthéos ne corrigea pas. On ne devait pas contrarier les mourants, d'après le prêtre. Mais elle le reconnut finalement et un triste sourire vint orner les lèvres du jeune homme.

"Oui ma dame, c'est moi... Si.. si j'avais été là... on s'en serait peut-être sortis... tous les deux... comme on l'a toujours fait... mais vous êtes têtue...

Il eut un sourire mais il n'était pas certain que tous les mots parviennent à l'oreille d'Ana.Lise. Après un moment d'hésitation, elle avait continué à échanger avec lui, demandant des nouvelles de ce fils, qu'elle chérissait tant.

"Sigebert est avec votre cousine... il va bien... Le duc les a rejoints... Tout le monde est à l'abri, tout le monde va bien...

A peine avait-il terminé sa phrase qu'Elyaëlle acourut vers eux. Elle se plaça à côté de sa mère et tenta de retrouver tout ce réconfort dont elle avait besoin. Arthéos sourit lentement et posa sa main sur le lit, cherchant celle de la duchesse qu'il trouva bien rapidement et serra fort. Non, pas question de la perdre. Si la mort la prenait, la jeune homme la suivrait, entraîné par ses doigts.

"Restez avec nous... vous ne pouvez pas nous abandonner... j'ai t... votre famille a tant besoin de vous...

Cette main moite dans laquelle Arthéos sentait presque les battements du coeur d'Ana.Lise, lui avait été tendue quand il en avait eu le plus besoin. Il trouva normal que les positions soient inversées maintenant que le tour de la duchesse était venu. Il pouvait rester des heures et des jours ainsi, comme il l'avait fait auparavant. Ni la faim ni la soif n'auraient eu raison de lui. Il serait resté là, à veiller sur sa maîtresse. A surveiller le docteur et tous ceux qui passeraient. Il n'était pas méchant le jeune homme, maissi cette méchanceté se réveillait, des surprises attendaient son entourage. Arthéos et Ely restèrent ainsi, à côté de la femme qui comptait le plus pour eux. Dans l'attente de sa guérison, tout l'espoir qu'ils apportaient ne pouvait qu'être bénéfique.

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Ana.lise


Se sentir aimé et soutenu, rien de mieux pour enclencher la guérison et même si la duchesse pensait autrement, son corps se réconfortait au contact de son valet qui lui tenait la main et lui insufflait cette énergie capable de soulever des montagnes sans parler de l’amour que sa fille lui prodiguait par sa venue tout contre elle. Et même si le mouvement du corps gracile et frêle contre le sien, meurtri et courbaturé lui arracha une grimace que la duchesse tenta de dissimuler à la gamine, ses yeux l’enveloppèrent d’un amour immodéré. Puis lentement, tournant la tête d’un côté puis d’un autre, Ana observa ces deux êtres laissés à la dérive pendant qu’elle luttait pour sa survie. L’un comme l’autre s’étaient attachés à elle de différentes manières certes mais elle ressentait à cet instant précis une vague d'émotions qui lui saisit la gorge à lui en faire mal.

Ely, petit bout de femme du haut de ses quatorze printemps maintenant avait les yeux cernés et les traits tirés. La duchesse aurait voulu lui caresser la joue pour la réconforter comme elle le faisait si souvent depuis que la gamine avait déboulé dans sa vie mais ce geste était encore trop usant pour qu’elle arrive à bouger un pouce aussi, se contenta-t-elle de lui offrir un léger sourire et quelques mots réconfortants.


Ely… ma douce… tout va bien ne t’en fais pas. Tu es là maintenant… je te parle alors chasse … chasse bien loin cette tristesse qui t’habite…

Tout en parlant à sa fille, Ana serra les doigts d’Artheos un peu plus fortement même si dans son cas cela voulait dire très peu tant les forces lui manquaient. Elle ne pouvait reporter sur son enfant cette souffrance mais aussi cette angoisse qui la tourmentaient mais son domestique était un adulte et c’était auprès de lui qu’elle cherchait le courage de continuer à sourire. Ana tourna alors son visage vers le jeune homme et plongeant ses pupilles dans les siennes lui murmura lentement.

Merci mon ami…. Merci du fond du cœur…

C’était la deuxième fois qu’il était à ses côtés tandis qu’elle était blessée. Et si la première rencontre avait été sans grande conséquence, elle doutait encore de pouvoir se relever de celle-ci. Toutefois, ne voulant accabler son valet de ne pas avoir insisté auprès d’elle pour la suivre ce fameux soir, Ana s’humecta les lèvres avant de reprendre la parole.

Tu vois je préférais te savoir en sécurité… je n’aurais pas pu te défendre correctement Artheos et s’il t’était arrivé quelque chose…

Se remémorant les propos que son domestique avait tenu auparavant, Ana ferma les yeux sur un sourire. Oui elle était têtue parfois trop et ce qui avait failli la tuer. Bien sûr, personne ne le saurait jamais, personne n’aurait vent de cette triste histoire mais les aveux de son mari pesaient désormais sur son cœur. Et son entêtement comme le soulignait Artheos aurait pu coûter la vie à son fils. Jamais elle ne se serait pardonnée si cela avait été le cas. Et finalement, cette épée qui était venue pourfendre ses chairs avaient sans doute était guidée par la main du Très-Haut afin qu’elle ne donne plus la vie avec un pareil défaut. Prenant sur elle une nouvelle fois, la jeune femme masqua ses émotions comme elle avait appris à le faire si parfaitement depuis des années. Sa tête roula doucement sur le côté, la fièvre l’assommait légèrement mais elle voulait résister, elle voulait encore parler à son mari. Rien qu’à l’idée que la faucheuse l’attente durant son sommeil l’aida à se ressaisir. Mais la soif revenait la tarauder et Ana chercha des yeux le verre d’eau, tournant la tête vers la fenêtre qui laissait entrer la lumière du jour. Dans un soupir, la duchesse ne put que se sentir frustrer de ne pouvoir se servir toute seule et s’imaginait déjà à devoir demander de l’aide pour la moindre petite chose qu’elle voulait faire. Cela la mettait au plus mal rien que d’y penser mais elle contracta la mâchoire pour ne pas laisser les émotions la remuer comme elles avaient maintenant l’habitude de le faire à la moindre occasion et gardant les paupières closes, Ana murmura à son valet.

Artheos, je voudrais voir Ghost… maintenant…

Son visage à la peau devenu opalescente se tourna vers son valet puis soulevant ses paupières, elle manqua de respirer quelques secondes en voyant dans l’embrasure de la porte son époux tenant dans ses bras leur fils. Sa main lâcha celle d’Artheos pour agripper le drap, le serrant à s’en faire blanchir les phalanges. Déglutissant péniblement, Ana prit une profonde inspiration tout en laissant ses azurs voyager sur le visage de son mari, l’observant, cherchant le moindre signe annonciateur d’une colère imminente mais la jeune femme ne vit rien, rien de plus que de la lassitude aussi fit-elle un effort pour parler un peu plus fort que plus tôt.

Ghost… je suis heureuse de te revoir… il faut que je te parle… nous avons des choses à nous dire et j’aimerais le faire maintenant… pendant que j’arrive à avoir les idées claires.


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Ghost60


Ghost attendait sur le pas de la porte, elle s'était extirpé de son sommeil et d'un sourire rassurant réconfortait sa fille, puis quelques mots quasiment inaudible pour lui, mais qui semblait avoir apaiser les craintes de la jeune fille, s'échappèrent d'entre ses lèvres asséchées. Puis elle se tourna vers Arthéos, le duc avait face à lui ce visage qui faisait chaviré son cœur à chaque instant, sans doute lui disait elle aussi quelques mots rassérénant.Le regard du duc ne pouvait quitter cette femme meurtri, mais de nouveau réveillé.

La voir ainsi menait à penser qu'Ana guérissait, elle ne bougeait certes que la tête d'un coté puis de l'autre, mais elle bougeait. Un bon début en soit, mais le chemin de la convalescence ne faisait que débuté, enfin si c'était vraiment le cas. Il l'espérait fortement, d'ailleurs ce regard qu'elle déposa sur lui était signe qu'elle recouvrait petit à petit ses sens.

Ghost se voulait volontairement fort, serein, pas qu'il se fichait de la situation bien au contraire, mais que les deux êtres sensible dans la pièce est une présence rassurante proche d'eux. Ghost tenait son fils qui dormait paisiblement dans ses bras, le tournant légèrement vers sa mère afin qu'elle puisse en profiter visuellement à défaut de pouvoir le tenir. Puis elle s'adressa à lui... usant de cette phrase , cette même phrase qu'elle avait utilisé pour lui annoncé cette rupture à laquelle elle tenait. Ces mots difficilement supportable faisait rompre ce filament d'espoir que Ghost pensait avoir quelques temps avant. Cette formule assassine porteuse de désespoir.

Ana n'avait rien ajouté de plus, Ghost avait déjà bien imaginer la suite, elle allait lui annoncer qu'à son rétablissement , dès qu'elle en aura la force elle reprendrait la route qu'elle avait prise avant le drame. Son cœur s'emballa, mais son visage restait identique, il ne fallait pas dévoiler une once de faiblesse, il ne le pouvait pas, il ne le devait pas. Ils avaient déjà tous été fragilisé et avaient tous besoin d'un peu de repos psychologique. Serrant un peu plus le cadeau du très haut à ce couple qu'ils formaient, Ghost avança, comme un condamné à mort le ferait sur son estrade, il approcha de son bourreau pour attendre l'exécution.

Ghost jeta un regard vers Arthéos, puis sans lui demander son avis déposa l'enfant dans ses bras.


Vous n'avez jamais eu l'occasion d'avoir cet enfant dans vos bras, alors là voici.

Après s'être assurer que le valet tenait correctement Sigebert, Ghost se tourna vers Ana, se baissant pour être à sa hauteur.

Je t'écoute Ana

Il n'avait pas vraiment envie d'apprendre la nouvelle, .mais il le fallait bien, que le destin soit scellé une bonne fois pour toute. Ghost savait pertinemment qu'il ne supporterait pas de perdre celle pour qui il était près à tout donner, il ne voyait déjà plus qu'une issue à cette histoire...

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Ana.lise


Tenant leur fils bien calé dans ses bras, Ghost s’était avancé afin de permettre à Ana de poser ses yeux sur ce petit bout d’homme. Quel émerveillement pour la duchesse que de revoir son enfant sain et sauf. La fibre maternelle fortement développée chez la jeune femme lui rappela en quelques instants tous les bons souvenirs qu’elle avait eus depuis sa naissance. Dès l’instant où Bathilde lui avait mis dans les bras la jeune mère avait été submergée par cette vague de bonheur jusqu’aux journées harassantes et aux allaitements nocturnes qui étaient toujours sources de tendresse et d’amour entre la mère et l’enfant grâce au silence de la nuit qui les enveloppait et les protégeait, Ana avait toujours ressenti le besoin de s’occuper de Sigebert. Or depuis que sournoisement elle avait été attaquée, pas un instant elle avait pu tenir son petit dans ses bras et là, elle percevait ce manque flagrant qui était sien. Par pudeur, pour éviter de voir de la pitié dans les yeux de ceux qui l’entouraient depuis quelques longues minutes déjà, la duchesse ferma les paupières afin de chasser les larmes qui lui picotaient les yeux et quand elle les rouvrit, elle vit son époux mettre Sigebert dans les bras d’Artheos. Surprise puis amusée, la duchesse ne put s’empêcher de regarder le jeune valet avec un sourire flottant sur ses lèvres. Elle savait que son valet était doux comme un agneau et tellement serviable qu’on pouvait lui faire confiance. Mais un enfant dans les bras, cela avait du mal à cadrer avec l’idée qu’elle se faisait du brun. Pourtant elle laissa faire, peu encline à manifester contre la décision de son époux et perdre ainsi de cette précieuse énergie qui la maintenait éveillée. Puis Ghost s’installa près d’elle. Levant ses azurs sur lui, elle eut soudain envie de passer sa main sur son visage, de le lui caresser avec tendresse mais son corps le lui refusait toujours aussi se contenta –t-elle de poser sa tête sur un coin de l’oreiller et de soupirer légèrement.

Tu … tu voudrais me donner un peu d’eau s’il te plait… je meurs de soif…

Quelle ironie ! Ces quelques mots prononcés ordinairement auraient fait sourire. Ici il prenait un sens si différent annonciateurs d’une fin tragique. Elle laissa Ghost accéder à sa demande puis gentiment, regarda sa fille et son valet et d’un sourire bienveillant leur demanda de les laisser seuls. La conversation était du domaine du privé. Des choses seraient dites, des secrets seraient évoqués et personne en dehors d’Ana et de Ghost ne devaient être mis au courant. C’était là sa décision et elle était irrévocable. Prenant une profonde inspiration une fois la pièce redevenue silencieuse, elle était enfin prête à lui parler. Son époux devait être au supplice, autant en finir maintenant et régler ce qui devait l’être.

Mon baron… je ne m’excuserais pas d’avoir voulu te quitter. A cela tu as répondu par un acte des plus odieux en voulant me faire passer de vie à trépas. Le pardon dans notre cas n’a pas besoin d’être évoqué… toutefois, tu dois te rendre compte que ma vie est suspendue à un fil… fil tendu et prêt à se rompre. Je n’aurais pas la force de me battre en sachant que je ne serais plus jamais mère, en sachant qu’on m’a ôté le droit de porter à nouveau ta descendance, en sachant que mon fils, notre enfant, n’aura jamais de frère ou de sœur issu de mon sein… et pourtant au vue de ce que je ressens, au vue d’où se situe la blessure, je sais que c’est ce qui m’attend et je ne me le pardonnerai jamais. Aussi, puisque tu as été celui qui a voulu ma mort, je vais te demander quelque chose mon baron…

Ana se mura quelques instants dans son silence, retenant avec difficultés les larmes qui menaçaient d’envahir son visage. Le fait de se rappeler qu’elle ne serait plus que la moitié d’une femme, le fait que sa vie ne pourra plus jamais être celle qu’elle avait connu et pour laquelle elle s’était mariée, le fait que ce sentiment de culpabilité prenait naissance en elle à la rendre malade. Ana résista puis reprenant profondément sa respiration, elle planta ses mirettes dans celle de Ghost. Tendant ses doigts vers celui qu’elle avait épousé depuis presque une année maintenant, elle avait besoin de ce contact physique pour aller au bout de son idée. Et touchant enfin sa main, elle eut un léger frémissement au frôlement de sa peau.

Mon duc, je voudrais… que tu finisses le travail commencé… je voudrais que tu m’apportes cette mort que tu m’avais réservé. Ne dis pas non Ghost, je t’en prie. Tu n’as pas le droit de ne pas vouloir m’aider… je ne veux pas être une charge pour toi, je ne veux pas que tu te lasses de moi… j’ai toujours rêvé pour toi d’une vie belle et agréable et elle ne le sera pas si je reste avec toi. Tu finiras par me détester d’avoir un corps sec de toute vie, tu finiras par m’en vouloir de ne pouvoir donner un autre héritier à notre famille, tu finiras par ne ressentir que de la haine pour moi… j’en ai déjà pour moi-même comment il pourrait en être autrement… Et ainsi tout rentrera dans l’ordre. Mes souffrances seront abrégées et ma mort t’apportera cette liberté que tu avais désirée…

Cette fois-ci elle ne retint pas cette larme traitresse. Comment aurait-elle pu le faire tandis qu’elle lui demandait une telle horreur ? C’était de la fin de sa vie qu’il était question et même si elle le désirait ardemment l’amour qu’elle lui portait semblait vouloir renaitre de ses cendres pour la faire abdiquer. Mais sachant l’avenir qui était le sien, elle ne pouvait enchaîner sa vie à la sienne. Elle la révoltée, elle la rebelle, elle qui adorait la liberté ne se résoudrait jamais à punir de la sorte celui qui était sa vie en lui gâchant son avenir.

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Ghost60


Tel son rôle, l'époux était attentif aux demandes de sa femme, prêtant l'oreille à cette dernière qui voulait lui parler. Elle désirait un peu d'eau pour soulager ce besoin vital que nous avons tous. L'homme se tourna prenant le gobelet puis le remplissait avant de faire comme précédemment et de mettre une main derrière sa nuque pour soulever la tête de la jeune femme. Quelques gorgée pour la désaltéré et elle chassa gentiment les deux jeunes gens. L'approche de ces paroles tant redouter par cet homme semblaient maintenant bien engagée. Déposant la timbale à son emplacement de départ, le duc replaça son regard sur son épouse, posant finalement sa main sur la sienne malgré sa volonté de ne pas vouloir faire paraître un signe d'abus de sa faiblesse, mais cela serait peut être la dernière fois qu'il le pouvait.

Il semblait comme un curé attendant les confessions d'un mourant, attendant la suite sans vraiment en avoir le cœur, il aimerait espérer, y croire, mais le moment fatidique se faisait près. Un regard sur les lèvres, marquées par la situation, de la jeune femme, guettant l'ouverture qui ferait sorti ce son douloureux annonçant la fin. Cela était fait, la douceur de la voix qui écoulait ce flux sonore démarrant en démentant les pensées de Ghost, en démarrant par ce mot à double sens dont l'usage lui était strictement réservé. Ces formules employées parlant de descendance de frères ou sœurs, résonnait dans la tête de celui qui croyait tout perdu. La légitime du duc, la seule et l'unique femme de sa vie, faisait rejaillir ces sentiments dont tout laissait à croire perdus à jamais.

Mais la joie qui avait pu faire sortir un léger sourire à celui qui l'écoutait , était de courte durée. Après un silence de quelques secondes, celle qui avait redonner espoir, venait de faire tombé le couperet. Elle voulait vivre, il a essayer de la tuer, elle voulait mourir , il voulait la sauver... Les sentiments se mêlaient à ces paroles, le chaos dans la tête après ces révélations, ce manque d'envie de vivre dont elle faisait preuve et lui devait être la personne qui devait faire arrêter tout ceci.

Un regard attristé vers sa tendre aimé, une larme impossible à retenir longeait sa joue, une décision devait être prise, un choix entre la raison ou les sentiments qui le poussait à exhaussé les désirs de cette femme au corps mutilé. Il l'aimait , la dessus il n'y avait aucun doute, mais elle se sentait pas vivre portant à jamais les traces laissé par la colère d'un mari se disant fou d'elle. Cette plaie qui se situait là où toute femme pouvait y voir pousser la vie, était le symbole déclencheur de ce mal morale qui lui faisait guider son chemin vers une mort demandé.

L'esprit torturé par cette demande des plus particulière, Ghost se releva, posant sa main sur la joue de celle qui lui demandait l'impossible pour balayer cette larme qui perlait le long de sa joue.
Prenant une voix douce se voulant réconfortante, ce mari pas toujours à la hauteur de ses espérances, brisa le silence qui s'était installé.


On ira jusqu'au bout , ensemble.... pendant l'éternité

Petit rappel de cette phrase de nouveau d'actualité, celui qui était coupable une première fois se leva. Les pas du désespoir l'emmenèrent vers le jardin des simple comme l'appelait la jeune femme, ce lieu de plantes et fleurs en tout genre, cette place forte où l'on pouvait trouvé derrière une clôture spécialement conçu pour évité aux trop curieux d'approcher, la fameuse belladone. Quelques fruits cueillit sur ces plantes suffisent pour concocter le fameux breuvage dont il a besoin. L'espace vert dont il ne connaissait aucunement l'importance avant qu'Ana lui explique, était devenu une mince connaissance pour lui, juste quelques bases suffisamment assez... Le retour à la chambre se fit à allure très réduite, l'appréhension de l'avenir écourté, la peur des actes passés et futurs.

Le voici dans cette pièce ou la mort avait l'air d'avoir pris refuge, le duc s'approcha de ce meuble ou les verres étaient déposés. Il prit soin de les remplir au trois-quart, puis déposa au fond de ceux ci sa récolte avant de prendre un pilon pour les écraser. Le mélange était enfin près, il ne restait plus qu'a faire boire le contenu de ce gobelet à celle qui voulait abandonné.


Ana, peut être regretterais je ce geste c'est pourquoi je boirais à mon tour le contenu.

La main se plaçant une nouvelle fois sous sa nuque, l'autre approchant le contenant jusqu'à la bouche de cette duchesse dont l'envie manquait. Une fois le contenu versé de moitié dans le gosier , l'homme ingurgita le reste.

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Maltea
[Face à l'horrible vérité... la fuite...]

Elle avait été débarrassée du paquet de lange et avait préféré aller s'aérer quelque peu, échappant ainsi pour quelques minutes à cette atmosphère de mort qui régnait sur l'endroit. Mais la duchesse avait fini par faire son retour et c'est silencieusement sur le pas de la porte de la chambre de sa cousine qu'elle assista à la scène. Elle entendit les paroles d'Ana qui lui firent comme un coup de poignard en son sein. Il avait voulu tuer sa propre femme! Acte inconsidéré aux yeux de la blonde duchesse mais qui était elle pour juger alors que la victime demandait d'être achevée de la main même de l'homme qu'elle aimait, chose qu'il acceptait...par amour. La vie de sa cousine ne tenait plus qu'à un fil et cela, la duchesse en était plus que consciente.
Elle n'avait jamais eu le courage de suivre Richard et le regrettait jour après jour, le moment était peut-être aussi venu pour elle... le tout était de trouver le courage... mais ça c'était certain, elle était lâche face à la mort...
Alors que Ghost bougea légèrement, signe qu'il allait se lever, la Brienne s'écarta vivement et pénétra dans la pièce attenante à la chambre. Elle avait raison, il sortit de la pièce et elle en profita pour rejoindre sa cousine à qui elle saisit la main avant de déposer ses lèvres sur son front et de lui murmurer un seul mot... Adieu. Elle rebroussa chemin, ne voulant rien entendre de plus. En sortant elle croisa Ghost et fit semblant de rien, seul sa pâleur pouvant être mise sur le compte du tracas pouvait la trahir.
Le pire est qu'elle laissa faire les deux amants maudit, détournant le regard comme pour ne pas être complice de cette mort, s'écartant légèrement de la porte, leur laissant l'intimité pour ce geste contre nature... oui elle faisait tout pour ne pas y être mêlée mais c'était trop tard, bien trop tard... elle devrait faire l'innocente, garder tout ça pour elle, être en quelque sorte coupable... Mais elle savait combien elle avait souffert et souffrait encore de la perte du seul homme qu'elle avait aimé et aimait encore... Elle se raccrochait néanmoins encore à un petit espoir... abruti comme il était le Ghost, il avait surement du se tromper de plante ou de quantité... et ils en seraient quitte pour une bonne chiasse... ou pas. Elle ne vit rien ayant quitté l'endroit, ayant besoin de solitude pour digérer ce qu'elle avait appris sans le vouloir, emportant avec elle le secret que les deux époux partageaient. Jamais elle n'aurait du savoir ça, non jamais....

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Artheos



Les réponses d'Ana.Lise lui donnèrent le sourire, certes triste mais le sentiment que sa duchesse avait toute sa conscience était là. Sa blessure n'avait pas altéré son esprit. Heureusement car lors de son éducation chez le prêtre, plusieurs combattants fidèles à la France, à l'Empire, à l'Eglise ou à une quelconque organisation criminelle, étaient par maintes reprises venus consulter l'homme de foi pour trouver remède aux maux qu'ils avaient subis durant leurs batailles. Brigand ou général d'armée, le curé les avait toujours soignés du mieux qu'il pouvait. Il disait pourtant à Arthéos que les blessures mentales ne guérissaient jamais, qu'on se rendait immédiatement compte que celui qu'on avait connu ne reviendrait plus jamais. On le pensait parfois présent, on sentait qu'il était là, mais l'instant d'après, cette étincelle du passé s'enfuyait déjà. Quelle tristesse... Par bonheur, l'âme d'Ana.Lise semblait toujours là, c'était une très bonne chose ; ça voulait dire qu'elle n'était blessée que physiquement et comme toutes douleurs visibles pouvaient être soignées, le domestique avait bon espoir.

Ghost s'était avancé doucement, son fils dans les bras après qu'Ana l'ait demandé à ses côtés. Les deux mains se séparèrent et Arthéos se redressa doucement, gardant un oeil sur la duchesse et sur le duc, tout proche. Le seigneur fit alors une chose inattendue. Il tendit l'enfant au valet. Il voulait le lui confier, car jamais il n'en avait eu l'occasion. Faisant non de la tête, Arthéos se retrouva bientôt avec ce tout petit être au milieu de ses bras, qu'il tenait plutôt mal que bien. Ghost positionna ses mains pour qu'il porte l'héritier convenablement puis sans rien demander de plus, il se mit au chevet d'Ana.

Sigebert ouvrait de grands yeux et était d'un calme surprenant. Arthéos ne se concentrait plus que sur ses bras et en oublait qu'il avait des jambes. Celles-ci étaient figées, plantées dans le plancher de la chambre. Le domestique n'osait même pas regarder le bébé dans les yeux, par peur qu'il ne recommence à pleurer. Puis tout à coup, ses pupilles convergèrent vers Sigebert et les mots ne suffirent plus à décrire la foule d'émôtions qui s'enchaînèrent durant ce regard qui s'éternisa. Les paroles qui s'échappaient des lèvres des deux époux devenaient murmures et plus rien autour d'eux ne pouvait détourner leurs yeux. Il y avait tellement de choses à contempler dans le regard émerveillé du bébé, la fureur du père, la douceur de la mère, la neige et le feu réunis et ne faisant qu'un pour mieux vaincre. La beauté dans toute sa splendeur. Sigebert gardait étrangement ses yeux rivés sur ceux d'Arthéos, dont le bleu éclatant devait lui plaire et lui transmettre tout autant d'images qu'il l'avait fait, bien qu'ils soient humides et rouges par les pleurs qu'ils avaient subis. Le domestique finit par se détourner et fit quelques pas dans la chambre.

"Sigebert d'Izard... puissiez-vous ne jamais trop oublier votre famille... vous ferez des ravages c'est certain... mais il faut profiter de cette période d'innocence... regardez la vie des adultes... du sang et des larmes...

Replaçant correctement ses mains, c'est qu'il pesait lourd au bout d'un moment ! Les frêles bras d'Arthéos parviendraient quand même à le tenir. Un domestique qui portait un noble, la chose s'était rarement vue, excepté pour les nourrices. Mais ce soir, tout était possible. Un peu retiré, le valet murmura toujours à l'enfant :

"Si tu es sage et que tu dors bien,
Arthéos te bercera et te protègera
Il t'assurera son soutien,
Et à jamais Sigebert vivra.

Si tu as peur quelquefois,
N'ai pas peur, Arthéos sera à tes côtés
Pour chasser ces cauchemars sans foi ni loi,
Et te rapprocher de rêves bien plus légers.

Quand Arthéos ne sera plus là,
Car oui, il s'en ira un jour,
Puisse-tu penser un peu à lui là-bas,
Et l'oublier tranquillement sans détour.

Ce soir Maman est un peu mal,
Mais elle n'est pas toute seule, tant mieux,
Nous sommes tous là, soucieux,
Car la famille et les amis, tu sais, c'est crucial.


Sigebert l'avait écouté jusqu'au bout. Cette berceuse improvisée semblait lui convenir et la voie mélodieuse et grave d'Arthéos aurait apaisé n'importe qui. Sentir ce petit coeur battre près de lui était une sensation curieuse. Se dire que peut-être un jour il serait père le terrifiait. Mais il semblait avoir cette fibre pour apprivoiser l'enfant. A moins qu'il n'y avait une certaine connexion entre l'enfant de Ghost et lui ? Peu probable.

"Va, dors sereinement,
Tout le monde se retrouvera après ce malheur,
Et tu auras le droit sûrement
A une chanson d'Arthéos le conteur.


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Ana.lise


La main de son époux qui venait avec délicatesse frôler sa joue afin d’effacer toute trace de cette larme la transporta quelques secondes à des souvenirs pas si lointain que cela finalement, lorsqu’un soir, au cœur d’une taverne de Troyes, il avait eu le même geste d’affection. Et machinalement, la duchesse chercha à prolonger le contact de ses doigts sur sa peau, frottant doucement son visage au creux de cette paume qu’elle aimait tant. Rouvrant les yeux, Ana plongea ses azurs dans les amandes qui avaient pris un ton particulièrement profond et lorsqu’enfin le duc accéda à sa requête, son cœur explosa dans sa poitrine.

Pour l’Eternité… murmura encore la jeune femme comprenant le sens des paroles de son époux. Il avait décidé de faire le voyage avec elle. D’abord chagriné de l’entendre parler ainsi, elle ne put que se taire, sa gorge se nouant au fur et à mesure que les secondes s’égrainaient dans le sablier du temps. Pouvait-elle l’en empêcher ? C’était bien mal le connaitre si quelqu’un pensait pouvoir stopper Ghost lorsqu’il avait une idée derrière la tête. Sa propre attaque en était la preuve et malgré tout, Ana s’en voulait de le voir se sacrifier.

Pour l’Eternité...répéta-t-elle encore dans un murmure tandis que son époux s’en allait. Oui pour l’éternité avec toi à mes côtés…

Douloureuse promesse qu’ils s’étaient faite un soir. L’un ne survivrait pas sans l’autre, c’était à prendre ou à laisser. Ana lui avait promis de le rejoindre dans la mort s’il venait à disparaître, elle aurait dû se douter que cette promesse n’était pas dites en l’air venant de sa part à lui non plus. Ainsi, l’infini prenait tout son sens pour ces deux êtres qui avaient exploré la passion jusqu’à bout de souffle, heureux d’en mourir un jour, heureux de mourir d’amour. Et tandis que la jolie brune avait les yeux dans le vague, elle ressentit une présence toute différente de celle qui était à ses côtés auparavant. Le froissement de la soie lui indiqua qu’il s’agissait d’une femme et la qualité du tissu, qu’elle aurait reconnu entre mille lui rappela son enfance dans l’atelier de son oncle où les étoffes les plus riches lui parvenait d’Italie. Et rien qu’au son, on devinait le soyeux et la richesse de la matière. Un timide sourire vint flotter sur ses lèvres lorsque sa blonde de cousine lui prit la main avant de déposer un doux baiser sur son front. Un adieu simple et discret comme rarement Maltea l’était et Ana ferma les yeux afin de s’imprégner de sa voix, de cette dernière tendresse que la duchesse de Brienne lui offrait. Son souffle se fit léger et sa voix, plutôt murmure que cri raisonna dans la vide de la chambre qui déjà voyait Maltea s’enfuir.

Addio mia cara cugina ... Dio vi benedica...


Son souffle se fit léger, paisible. Depuis ce tragique accident, depuis cette terrible nuit, la duchesse était en paix avec elle-même. Son fils reposait dans les bras de son tendre Artheos, Ely trouverait un appui auprès de Flavien qui deviendrait chef de famille à son tour et elle savait que la demoiselle d’Izard prendrait soin de sa petite soeur comme de sa propre vie. Et sa cousine chapoterait tout ce petit monde. Un sourire prit naissance sur ses lèvres à cette idée. Maltea entourée d’enfant n’était pas l’image la plus représentative qu’on se faisait d'elle. Mais la vie a ses mystères qu’il vaut mieux ne pas chercher à expliquer.

Soudain le grincement de la porte indiqua à Ana que son époux était revenu. Dans son coin, il prépara la mixture et la duchesse s’offrit le luxe de le détailler. Il était grand et bien bâti, ses épaules larges avait toujours eu un effet bénéfique sur la jeune femme, se sentant en sécurité lorsqu’il lui ouvrait les bras et la serrait tout contre lui. Qu’elle aimait à ce moment-là enfouir tendrement son visage dans son cou à la recherche de cette douce chaleur qu’il partageait ainsi avec elle. Enfin il se tourna vers elle, la timbale à la main. Le moment de vérité avait sonné et Ana mis la tête sur le côté un court instant, lui offrant toute la tendresse dont elle était capable avant de le laisser faire, apportant le breuvage à ses lèvres. Glissant dans son gosier, la jeune femme but lentement appréciant le petit goût sucré qu’elle sentait sous ses papilles et tout en le voyant faire le même geste dans sa direction, elle émit dans un souffle


Belladone n’est-ce pas ?...

Bien sûr, c’était évident. La seule plante qui pouvait s’avérer dangereuse qu’elle gardait chez eux. Parce que comme toute herbacée qui peut être aussi belle que mortelle, elle avait des propriétés soignantes formidables. Sentant déjà une vague de chaleur se diffuser dans son corps, Ana leva la main vers celle de son époux et noua ses doigts aux siens l’attirant doucement vers elle, lui faisant comprendre que sa place n’était plus à distance de son corps mais belle et bien tout proche. Et une fois installé, sa main calée au creux de sa paume, ses muscles se détendant au fur et à mesure que le temps passait , Ana prit la parole d’une voix légèrement enrouée par l’émotion.

Mon baron, voilà la fin du voyage... unis à jamais... je n’ai pas peur avec toi à mes côtés mon tendre amour... le seul regret que je puisse ressentir c’est de ne pas t’avoir dis plus souvent à quel point je t’aimais et de n'avoir pas réussi à vivre plus longtemps à tes côtés...

Ses doigts se resserrèrent doucement autour de ceux de Ghost comme pour être certaine qu’il était encore là tout près d’elle. Mais ces paupières se faisaient lourdes désormais, si lourdes que l’envie de résister s’envolait bien malgré elle. La lutte était finie, le repos tant mérité allait prendre toute sa valeur. Un sourire aux bords des lèvres, Ana trouva la force de tourner son visage vers celui de son mari et tout en s’en allant doucement, ses dernières paroles prononcés furent pour lui avouer la plus douce des litanies.

Je t’aime Mon Baron.....


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