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[RP] Eglise de Saint Benoît des Landes

Eilith
Ceci est un lieu du village, et donc, un endroit public. Je le poste parce qu'apparemment le topic est parti au délestage, mais en aucun cas, il ne s'agit d'un rp ouvert ou fermé. Plutôt un rp super ouvert. Enfin, une Eglise lambda des RR, quoi.


Marrant comme les Églises se ressemblent toutes, où qu'elle aille. Ici aussi, elle voit un bâtiment délabré, laissé à l'abandon. Et là encore, la poussière se lève et se met à danser dans les rais de lumière dès qu'elle ouvre la porte.

Eilith erre un peu à travers les bancs, regarde avec agacement le bois vermoulu. Et après, y en a qui veulent faire croire qu'on doit avoir la foi et tout. Tss, qu'ils commencent d'abord par prendre soin de leurs Églises, et ensuite, qu'ils aillent convertir du monde.
Non mais c'est vrai, c'est quand même l'image de marque qui prend un coup, là.


Alors... le livre des vertus.. le livre des vertus... ah, trouvé!! Faut dire que si elle vient en douce dans un endroit aussi vétuste, c'est uniquement parce qu'on lui a dit que ce livre sacro-saint interdisait de brûler les rousses. Et elle va trouver le passage qui en parle... ou pas... Et cramer le bouquin si besoin se fait sentir.

Elle feuillette l'ouvrage, laissant se dégager une odeur de moisi mélangée à celle du papier vieilli.
Bon, déjà, ça a l'air moins compliqué à lire qu'un Coutumier, c'est toujours ça de pris. Au moins, il est pas question de rétroactivité ou d'autres choses tout aussi pénibles à essayer de comprendre.
En revanche, elle a beau survoler, elle ne voit le mot "rousse" apparaître nulle part.

L'adolescente s'assied à même le sol, et commence à se plonger dans une lecture plus approfondie. Elle va bien finir par trouver quelque chose qui en parle. Ah, un passage qui parle des aimés de Dieu... ça va aider, ça!

Citation:
« Selon vous, quel sens ai-Je donné à la vie? ».

[...] (oui, je vous épargne des détails inutiles, là)

Elle répondit: « Tu as fait les créatures animées par le besoin de se nourrir.
Tu as fait les forts capables de dévorer les faibles. Sans conteste, il s’agit donc d’assurer la domination du fort sur le faible ! ».


Eilith hoche la tête, bien d'accord avec la personne qui s'exprime. C'est vrai, c'est bien ça que tout le monde fait, non ? Sinon, y aurait plus de prêtres que de soldats, hein, et c'est pas le cas du tout.

Elle continue un peu de lire, pour se rendre compte d'un détail... qui n'en est pas un, en fait... et referme le livre, un peu gênée.
Bon... déjà, ça parle pas de rousses... mais en plus, ça dit des bêtises. Vraiment n'importe quoi, en fait, c'est impossible que ce soit ce livre qui guide tous les aristotéliciens. Non, elle a du se tromper.

La jouvencelle conserve le livre sous le bras, et se lève pour se diriger vers la sortie. Faudrait pas qu'en plus, des gens viennent lire des trucs aussi faux, quand même. Faut vite qu'elle trouve un briquet, d'ailleurs, y a pas idée de laisser traîner des choses pareilles.
Laouna
Laouna entre dans l'église, elle n'y a jamais mis les pieds même pas au tout début de sa vie.

Elle veut voir à quoi peut bien ressembler cette batisse.

En entrant, elle aperçoit une jeune femme assise avec un livre en main, celle ci semble contrariée, Laouna ne veut pas la déranger, elle s'assied au fond de l'église et observe ce qui est autour d'elle.

Quelle misère tout pourrit, même le bois des chaises est vermoulu, quel désastre! dit elle tout bas

Elle se promène dans cette église à la recherche de quelques chef d'oeuvres.
Y avait il quelques peintures, quelques statues ou autres arts ??

Elle réfléchit et se dit qu'elle ne sait pas s'il y a un curé ou pas à Orthez.

Elle s'arrête devant une peinture magnifique, mais qu'est ce que cela représente ???



Le visage de cette dame est magnifique mais elle a l'air bien triste, qui est cette femme ???
Laouna
A la vue de l'autre peinture, Laouna frémit, elle repense à son mari mort et à son fils qui l'avait rejoint il y a peu

Ah quelle tristesse se dégage de cette peinture, mais qui est donc cet homme qui est mort ??? pense t elle

Laouna
Laouna continue sa visite sans regarder devant elle, elle bouscule une personne, surprise elle se retourne et voit la jeune dame qui était assise tout à l'heure, celle-ci semble se sauver avec un livre sous le bras

Bonjour, je m'appelle Laouna et toi comment t'appelles tu ??
Quel est ce livre que tu portes sous le bras ??


Elle lui sourit

N'aie pas peur je ne te veux pas de mal, je suis simplement très curieuse
Eilith
Erf... alpaguée juste avant d'être libre. Pourquoi c'est toujours quand on fait un coup en douce qu'on se fait avoir, hein ?
Surtout que l'Eglise était à l'abandon, et c'est pile quand elle y va que du monde se trouve soudainement inspiré par la Grasse Divine (oui, je dis n'importe quoi, et d'abord, je dis qu'est-ce que je veux, préparez-vous, là c'est qu'un échauffement).

On inspire un grand coup, et on y va.


Charme : presqu'à donf'.
Sort lancé : Baratin.
Lancer de dés : ...


La jeune fille se retourne avec un grand sourire.
Bonjour bonjour !! Je vous avais même pas vue, en fait, pour vous dire, hein. Ou alors, c'est que vous vous cachiez ? Vous savez que c'est pas très très aristotélicien ce que vous faites, hein ? Parce que bon, épier son prochain, c'est pas bien. D'abord on épie, puis on dit des mauvaises choses, et après, on les accuse de tout et de n'importe quoi, alors qu'on suivait la personne dans une Eglise déserte pour essayer de piller le tronc qu'il y a pas, hein.
Mais je vais vous répondre très franchement, je suis envoyée par le futur curé de ce bâtiment, qui veut que je lui rapporte son outil de travail, et c'est ce que je fais, parce que sinon, il pourra pas travailler, sans son outil, et il serait très triste, et il pourra plus prêcher, et quand il pourra plus prêcher, ben les gens ils seront tristes et ils croiront moins et tout, et s'ils croient moins, ben on va tous brûler en enfer et donc je ramène ce livre à la place qu'il mérite, et comme ça, ben tout le monde pourra venir et prier ce qu'il faut comme il faut, et puis, vous avez remarqué dans cette Eglise toutes ces gravures qui parlent de Christos, et pas une seule d'Aristote, c'est quand même pas très très bien, hein, surtout que bon, Aristote, il est quand même mieux que Christos, il a vécu plus longtemps, déjà, hein, et il a fait tout pleins d'autres choses et tout, et vraiment je comprends pas pourquoi on pense toujours à Christos avant les autres.


On relâche, on inspire à nouveau, et on l'achève.

Charme : toujours pareil, pourquoi ça changerait, je vous le demande ?
Sort lancé : Baratin, et combo avec "influence corteisienne" (bonus +1 dans les sorts ayant trait au social)*
Lancer de dés : ...**

Et en plus, vous avez des animaux ? Non parce qu'il faut faire très attention aux gallinacés, forcément ce sont des créatures du Sans-Nom, déjà, rien qu'à voir toutes les oies blanches et les dindes qui traînent de partout, on se dit que faire un méchoui juste avant de rester à jeun pour rendre hommage à Christos, d'ailleurs, qui vous regardiez depuis tout à l'heure, même si le méchoui, c'est plutôt pour les bovidés, et plus particulièrement pour les caprinés (merci les éleveurs), mais de toute façon, moi je préfère les grenouilles, vous savez, les têtards ? Pour faire des combats et tout, et surtout pour les verrues et les autres choses médicinales, enfin, je parle de grenouilles, mais y aussi les crapauds et les reinettes qui rentrent dans cette catégorie, mais de toute façon, cette histoire de chose médicinale, ça vaut pas les plantes, moi je connais quelques plantes, ben du chanvre, par exemple, vous savez, le chanvre, c'est une plante qui fait dormir, même que ça doit pousser dans les jardins des couvents, en tout cas, moi, c'est là que je le trouve, le mien, parce que ça a tout plein de vertus et tout, mais on va pas parler de vertus et de théologie, même si apaiser votre curiosité cosmique, ça me ferait vraiment un grand plaisir, et que je serais contente et tout, mais bon, vraiment, la discussion sur les plantes, on la fera une autre fois, je pense, et faudra que je vous parle de la bardane, des orties blanches, de la matricaire, c'est très bien la matricaire, vous devriez essayer, de la fausse spirée, ou même manger des arbouses, ça sert à rien, mais c'est très bon quand même, et puis de toute façon, je vous en parlerai plus longuement, hein, parce que faudra que je demande à Simone d'autres noms, j'en ai pas trop d'autres en tête, là, à part les classiques et tout.

Et voilà, on relâche doucement, et on sourit à la pauvre dame trop curieuse.

Bon, je suis vraiment désolée, hein, mais il faut quand même que je me dépêche de ramener ce livre, donc je vous dis au revoir, et je fonce.

Ce qu'elle fait sans demander son reste, manquerait plus que la dame ait tout compris, tiens.

* ce qui revient, en gros, à continuer à raconter sa vie et n'importe quoi tout en agrémentant son discours de quelques mots qui pourraient passer pour savants une fois bien placés, les mêlant de manière naturelle au monologue afin de rester le plus nébuleux et le plus alambiqué possible. Je tiens à préciser au passage que oui, Eilith connait ces mots, même si elle sait pas forcément ce que ça veut dire exactement.

** Quelque part, vous entendez une personne crier en lançant des dés : "Pas un fumble, siouplé, pas un fumble !!" Mais qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire ?
Laouna
Houla STOPPPP !
s'écrie Laouna

Je n'ai absolument rien compris, vous êtes un vrai moulin à paroles et en général ce sont les personnes qui viennent de faire une grosse bêtises qui parlent aussi vite pour ne rien dire
regarde la jeune fille d'un air un peu menaçant même si au fond d'elle même elle a envie de rire

Alors asseyez vous, reprenez depuis le début et surtout expliquez moi qui sont tous ces gens Christos, Aristote, le sans nom, ...
sont ce des gens de Orthez???


Laouna prend la jeune fille par le bras et l'invite fortement à s'asseoir

Vous savez moi je ne connais pas grand chose de vos trucs machins chouette, je ne suis pas du Royaume, je viens de loin et je cherche une personne aimable qui pourrait m'éclairer.
Voulez vous être cette personne ??


Laouna regarde la jeune fille et lui présent un gateau qu'elle venait de faire
Eilith
A peine le temps de finir de parler que la dame lui prend le bras.
La Châtaigne fronce les sourcils, et soupire. Elle voulait pas avoir à la tuer, pourtant, la dame... Ce serait dommage, dans une Église et tout, en plus...

Elle se dégage brusquement, et sort son épée. Voilà qu'elle allait devoir parler comme sur la gargote de Gascogne lors de son retour de la guerre de Guyenne... rhalala, ce qu'on lui fait pas faire...


J'en veux pas de votre gâteau.
J'aime pas les trucs sucrés.
Je suis pas aimable.
Vous m'empêchez de faire ma mission, là.
Je dois ramener ce livre au futur curé, c'est tout.


Voilà, on parle de manière concise et efficace. Pas parce qu'elle veut épargner les gens qu'on doit la prendre pour une greluche non plus, d'abord!
La jeune fille agite son épée devant elle, avec facilité. Et réfléchit. L'influence corteisienne, c'est pas top. Reprenons les manières de la maison. Ou la maisnie, c'est pareil.


Vous vous approchez, je vous embroche. C'est clair ?
Là, je pars.
Me retenez pas.
De toute façon, vous avez personne pour vous aider, si vous voulez continuer de m'empêcher d'avancer.


Non mais c'est vrai quoi, on va pas lui proposer du thé, non plus ? Elle doit travailler du chapeau, la dame.
La jeune fille détale comme un lièvre, bouquin dans une main, épée dans l'autre.

Prête à faire couler le sang si on la retient encore une fois.
Laouna
Laouna décide de laisser partir la jeune fille bien qu'elle aurait pu lui retirer facilement l'épée de sa main avec une prise connue d'elle seule dans le village

Je voulais simplement que vous m'aidiez, je ne voulais pas vous agresser


crie t elle
Ermelina
Mémoire... Mémoire... Faculté de conserver et de rappeler des états de conscience passés et ce qui s'y trouve associé ; l'esprit, en tant qu'il garde le souvenir du passé. Mémoire sélective, qui ne veut bien se rappeler que de ce qui lui convient. Exemple : mémoire d'Ermelina Lioncourt, diaconesse, dont la dernière visite dans une église remontait au dernier baptême qu'elle avait eu à consacré du côté de Gérone. Soit près d'un an plus tôt. A moins que ce ne fut à la fin de l'été dernier, dans l'église de Castelnaudary...

Comme toujours lorsque le souvenir de cette époque jaillissait du tréfond de son inconscient, la jeune femme se contenta de regarder les faits d'un oeil critique, analytique, presque scientifique. Cela faisait donc 7 mois qu'elle n'avait pas foulé un sol sacré. 29 semaines, pour être exact, qu'elle se sentait étrangère dans un endroit qui n'apportait ni réponse aux questions existentielles ni réconfort aux âmes en peine, 204 jours qu'il était... qu'il n'était plus...

Un profond soupire souleva la poitrine de la petite diaconesse. La gorge nouée, elle baissa les paupières pour s'empêcher de pleurer en public et tenter de se rendre maitresse d'émotions qu'elle aurait tant voulu faire disparaitre à tout jamais pour le coup.

Elle se trouvait à Orthez depuis... Depuis combien de temps déjà ? Suffisamment longtemps pour connaitre les tavernes de la ville, connaitre les cancans sur les professeurs de l'université, avoir sa place réservée à la bibliothèque. Suffisamment aussi pour avoir pu deviser théologie en taverne avec Constant. Et pour avoir appris à apprécier cet être hors norme au point d'accéder à son improbable demande. Après quelques courriers envoyés à la hiérarchie ecclésiastique et une chasse à la marraine digne des plus grandes battues données pour la chasse au sanglier dans le grand nord, Ermelina allait porter à nouveau son étole et baptiser Constant.

Et c'est pour cela qu'elle se trouvait bêtement là, sur le parvis de l'église, alors que le jour s'amenuisait. Le vent chassait de lourds nuages gorgés de pluie loin vert l'est, découvrant fugitivement la voûte céleste où les étoiles ne tarderaient plus à poindre, jouant avec les cheveux de la jeune femme. Seule la présence de sa fille à ses côtés l'obligea à sortir de la mélancolie qui l'enveloppait doucement comme un linceul. La petite demoiselle portait le panier maternel devant elle, de toute la force de ses petits bras potelés, fière de se voir attribuer la garde temporaire du livre et des vêtements de sa maman, et pépiait joyeusement comme une nuée d'étourneaux à l'automne, toute à l'euphorie de découvrir l'église d'Orthez.

Arrivée devant la porte, la petite diaconesse regarda les fresques ornant le tympan. Un moine auréolé y était représenté sérieux comme un pape mais béat, pour ne pas dire benoît, tenant un épais volume sur lequel il écrivait avec une plume, tandit qu'Aristote à sa droite et Christos à sa gauche veillaient sur lui tout en jetant un coup d'oeil que la jeune femme ne pouvait pas ne pas qualifier de curieux sur les lignes déjà rédigées. Un début de sourire détendit les traits d'Ermi : l'église était placée sous le patronage de Benoît, père des moines et du monachisme. Comme par hasard. Toute sa vie avait été marquée jalonée par des rencontres avec des moines. L'abbé Etienne, qui était à la tête de la petite communauté dont son propre père, Benoît (à ce degré, était-ce encore du hasard ?), était le vidame, n'avait été que le premier d'une longue, très longue liste. Peut-être le fait de naitre à l'ombre d'un monastère l'avait-il prédestinée à une certaine affinité avec ce monde si particulier ? Allez savoir... Toujours est-il que c'était dans cette église qu'elle allait devoir "rétablir des relations diplomatiques" comme on dit si poliment dans le jargon des chancelleries, avec le Très-Haut.

Mais avant tout cela, il fallait sacrifier à ce que Benoît (le saint, pas son père) aurait pu résumer poétiquement en "ora et labora". Ou plus exactement labora et ora compte tenu du programme de la soirée. Travailler de ses mains pour donner un semblant de vie à une église qu'elle pressentait à l'abandon depuis qu'elle savait la cure vacante et Orthez privée de diacre. Sous le regard plein d'admiration de Vanyelle, Ermelina poussa le lourd battant de chêne. Personne dans la nef visiblement. Elle promena son regard des dalles de la nef à la voûte en berceau et ne put que constater l'ampleur de la tâche qui l'attendait. Coup d'oeil expert alentour pour évaluer la dose d'huile de coude nécessaire. Reniflement de mépris destiné à la poussière omniprésente qui commençait déjà à lui chatouiller les narines. Mains posées sur les hanches pour se donner une allure de défi destinée à toute créature grouillante présente dans l'édifice et leur faire comprendre qu'un nouveau patron était dans les murs, du moins pour quelques heures. Et gros, très très gros sentiment de solitude dans ce rendez-vous des courrants d'air auquel il fallait redonner au moins l'illusion de la propreté. Soupire.

Distraitement, Ermi se signa, fit une génuflexion en direction du maitre autel, fit faire de même à sa fille et se dirigea vers la sacristie où elle déposa ses affaires et noua un tablier autour de sa taille. S'en suivit le terrible lâché de tornade blanche somme toute logique et prévisible dans le malheureux édifice : coup de balais énergique dans les travées (pour le nettoyage à grande eau, les Orthéziens n'auraient qu'à se débrouiller), encaustiquage des bancs (facilité par une Vanyelle qui semblait prendre un malin plaisir à s'assoir là où Ermi n'avait pas encore passé un peu de la cire qu'elle avait acheté plus tôt dans la journée au marché), remise en état des deux buissons, brossage du maître-autel et des fonts baptismaux, installation de cierges piochés généreusement dans la réserve de l'église (à défaut d'un édifice en parfait état, on aurait au moins l'ambiance propice au recueillement et à l'illumination), remplissage des fonts avec de l'eau préalablement bénite (et sans en mettre partout, s'il vous plait), ornementation de l'autel, le tout sous le regard goguenard de saint Benoît, qui semblait visiblement prendre plaisir à voir la petite diaconesse se démener comme un beau diable. Nouveau coup d'oeil scrutateur. Labora, c'était chose faite. Passons à ora.

Ou plutôt à la remise en état spirituelle de l'édifice. Il est vrai que l'église avait dû être consacrée, mais qui pouvait savoir ce qui s'était passé ici depuis ? Etant dans le doute, Ermelina décida de s'abstenir de célébrer le baptême de Constant dans un endroit qui n'était peut-être plus sacré. Elle retourna dans la sacristie, troqua sa tenue de ménagère avertie contre le vêtement qu'elle conservait toujours pour les cérémonies, transforma Vanyelle en parfaite damoiselle, ceint son étole et attrapa son Livre des Vertus (l'exemplaire local étant étonnament aux abonnés absents) ainsi qu'un grimoire aux pages couvertes de ses pattes de mouche. Elle retourna dans la nef et assit Vanyelle sur un banc, lui recommandant de rester bien sage. D'un geste sûr, elle feuilleta son ouvrage. Fiançailles... Non. Mariage... Non. Funérailles... Non. Consécration... Non. Réconciliation !!! La jeune femme sourit largement en trouvant enfin l'explication qui lui permettrait de bénir le lieu saint après de supposées intrusions malveillantes voir violations. Le grimoire ouvert à la bonne page, la diaconesse s'approcha de l'autel où elle avait posé encensoir, eau bénite ainsi qu'un petit sac en cuir. D'un ton solennel, elle commença sa cérémonie.


Ô Dieu Tout Puissant, Notre Père à tous, Créateur de Toute Chose en ce monde. La dignité de Ta Parole requiert qu’il y ait ici un lieu adapté à Sa proclamation et vers lequel, pendant la liturgie, se tourne spontanément l’attention de Tes enfants.

Joignant le geste à la parole, elle tendit la main en direction de l'autel et continua.

Cet Autel est sacré car il représente Ta grandeur et Ta Toute Puissance, il est aussi la table sur laquelle, nous, tes enfants, partagerons le pain et le vin dans l'amitié tel qu'Aristote nous l'a enseigné. Accorde à tes enfants ainsi qu’à tous nos frères et toutes nos sœurs de venir y célébrer tes mystères. Que résonne en ce lieu la parole du Très-Haut ! conclut Ermi en faisant un signe de la main de haut en bas.

La diaconesse attrapa un petit sac de cuir qu'elle ouvrit en dénouant le lacet qui le fermait, se déplaça alors jusqu'à l'entrée de l'église et déposa quelques petites pincées de terre.

Que la Terre aristotélicienne purifie et donne bénédiction à ce lieu de vénération du Très-Haut ! Amen.

Ensuite, Ermelina retourna devant l'autel, prit le récipient contenant l'eau bénite, se plaça face à l'autel et trempa un goupillon dans le liquide. Elle débuta ensuite la consécration du maître-autel en faisant de petits mouvements circulaires avec le goupillon, projetant ainsi des gouttes d'eau pure sur toute la table de pierre.

Que l'Eau aristotélicienne purifie et donne bénédiction à ce lieu ou règne l'amour du Très-Haut !

Et, que le Très haut reconnaisse cet autel comme sien et que ses enfants puissent y prier en tout quiétude. Par cette eau, il est béni de Dieu Tout Puissant, de Ses Prophètes, et de tous Ses Saints.

Amen.

Ermelina se déplaça dans l'édifice et alla bénir chaque coin, dessinant une immense cercle au sein de l'édifice religieux. La parole se couplait là encore à la gestuelle.

Que cette église soit reconnue comme la Maison de Dieu, qu'ici présent, ses enfants puissent reconnaitre Sa Toute Puissance et Sa grande mansuétude. Par cette eau, je bénis cette église, et par cette eau, Dieu reconnait ce lieu comme sien.

Qu'ici soit rendu l'amour que nous devons au Très Haut, et qu'ici, soit ressentie l'amour qu'il nous porte.

Amen.

Elle s'en retourna alors vers l'autel, d'un pas lent, en continuant l'aspersion d'eau bénite sur son trajet. Ermi s'arrêta devant l'autel, le dos tourné à l'entrée. Elle saisit un morceau d'encens, l'alluma et le déposa dans l'encensoir avant de le refermer précautionneusement.

La petite diaconesse se mit à secouer l'instrument au dessus de l'autel en récitant un cantique à mi-voix.

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une chose inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, que j'aime et je comprends.

Car elle me comprend, essence illuminant
Par elle seule, divine ! La chose est la chose-même !
Par elle seule, et sa forme dans la lumière blême,
Elle seule se sait façonner, en dansant.

Est-elle chose essentiellement ? - Je le sais.
Sa forme ? - Je me souviens qu'elle est belle, mesurée,
Comme celle des beautés que Dieu proportionna.

Son aspect est pareil à l'aspect de l'eau pure,
Et par son chant si clair et calme et grave, on a
L'impression que son chant recrée la chose, sûr !




Ô Dieu notre Très Haut Créateur, que cet encensement symbolise l'union de l’air et l’éther ! Que l'Air aristotélicien purifie et donne bénédiction à ce lieu dédié à la diffusion de la parole du Très-Haut ! ajouta-t-elle en enfumant l'autel des vapeurs parfumée de l'encens.

Amen

Les volutes d'encens se rependaient à travers toute l'église, disséminant une suave odeur, à la fois boisée et piquante, à mesure qu'un épaisse fumée blanchâtre se répendait dans les moindres recoins. L'encensoir reposé, elle attrapa le cierge allumé qui éclairait l'autel et alluma les bougies placées de part et d'autre de l'autel avant de passer aux autres cierges de l'édifice, lui conférant cette atmosphère si particulière de calme, d'apaisement et de recueillement. Ermelina retourna se placer derrière l'autel, fit un signe de la main en direction du ciel.

Que le Feu aristotélicien purifie et donne bénédiction à ce lieu de Foi ! Amen, dit-elle solennellement.

Que resplendisse dans l’église la lumière de Dieu Tout Puissant et que parvienne à tous la plénitude de la vertu et de l'amitié. Que ces flammes symbolisent Ta Divine lumière et le Soleil sur lequel tu nous accueilleras après notre mort. Puisses-tu éclairer notre chemin dans l'amour et dans Ta Foi, que notre route soit éclairée de Ton Amour et que nos pas nous mène à Tes côtés.

Amen.


Ermi d'accrocha une nouvelle fois au goupillon, le trempa dans l'eau bénite et aspergea l'autel. La cérémonie était enfin achevée. Un soupire de soulagement souleva les frêles épaules de la jeune femme. Il lui restait un peu de temps avant le début de la cérémonie. Elle en profita pour ranger le matériel dont elle n'aurait pas besoin, ouvrit son grimoire à la page "baptême", son Livre des Vertus à la page voulue et s'installa à côté d'une Vanyelle visiblement médusée pour prier un instant en attendant le futur aristotélicien et sa marraine.
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Bibliopotamoscribe à l'insu de son plein gré
Vanyel
Elle arrivait à l’église. Le soir était tombé, la lueur intérieur de l’édifice irradiait des notes chaudes, guidait ses pas. Elle poussa la lourde porte et l’agréable odeur de l’encense vint lui chatouiller les narines. Deux silhouettes seulement vers l’Autel. Ermi, et la petite puce, qui se retournent en l’entendant entrer, qu’elle rejoint.

Comment en était-elle arrivée là ? La réponse à cette question était d’une navrante banalité, vraiment. Elle s’était trouvé à un endroit, à un moment, et avait rempli les nécessaires critères. Et oui, il y a de cela deux jours en taverne, alors qu’elle avait rejoint Ermelina et devisait de tout et de rien, sa petite homonyme endormie sur ses genoux, Constant et sa presque dame les avaient rejointes. Il avait été question du baptême dudit Constant. Ermi préparait la cérémonie avec soin, lui posait nombre de questions.. dont une, fatale. Avait-il un parrain ou une marraine pour l’accompagner dans la grande Aristotélicienne famille ? A cela, Constant avait platement demandé si c’était réellement nécessaire. Ce à quoi l’Ermi diaconesse répondit évidemment que oui.

S’en était suivi instants de réflexion quant à qui pourrait bien servir de guide à Constant. Il passait en revue quelques possibles personnes, aucune n’étant à portée de main hélas. En fait, tout se joua quand Eilith lança sans plus y faire attention que le premier croyant croisé dans la rue ferait bien l’affaire. Elle avait sentie quelque piège se refermer inexorablement sur elle, bien qu’elle eut été dans la taverne, et non dans la rue. Le regard papillonnant d’Ermi ne fit que la conforter dans l’idée qu’elle venait tout à fait indépendamment de sa volonté d’être entrainée dans leur plan baptismal… Après tout, pourquoi pas. Vague toussotement pour indiquer que, hum, si jamais, enfin il lui était arrivé par la passé de se faire baptiser.. justement pour pouvoir devenir marraine.
Voilà le pourquoi du comment de la raison de sa présence en ce lieu en ce jour.

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Constantcorteis
Aujourd'hui était le grand jour.
Enfin, non. En réalité, aujourd'hui était un jour qui avait la tendance prononcée à ressembler à ses semblables dans un esprit de mimétisme qui confinait au manque chronique d'imagination, mais Constant s'efforçait de ne pas considérer ce fait, en évacuant du champ de ses considérations intellectuelles cette propension louche à l'interchangeabilité des jours.
De fait, il était prévu que, en ce jour précis, le jeune homme pour de bon et officiellement (avec papiers et tout) dans le cercle des fidèles aristotéliciens. Voilà, qui, à première vue, pouvait donner à cette journée érigée en être à part entière des velléités d'excentricité à l'égard du flot de ses semblables, mais il fallait bien savoir que, au final, Constant n'accordait à cet acte qu'une valeur purement pragmatique, et pour ainsi dire administrative. Il ne croyait pas spécialement à l'aristotélisme, et était de toute manière bien persuadé que ce n'est pas en allant faire le zouave dans une église en singeant les processions tribales des peuples barbares qui idolâtrent absolument tout ce qui leur tombe sous la foi, que son statut changerait aux yeux d'un hypothétique principe conscient et tout puissant.
Bref, Constant s'en moquait éperdument, mais c'était là un passage obligatoire. Mais en tout cas, aujourd'hui n'était donc certainement pas un grand jour.

Et, de manière à le souligner dûment dans les faits, Constant mit un point d'honneur à arriver en retard. Pas trop, il ne fallait tout de même pas être impoli, le jeune homme avait perdu la fougue révolutionnaire des impétueuses insurrections de jeunesse, et le sacrifice de sa ponctualité sur l'autel de la Lutte lui semblait déjà un prix bien trop élevé, en l'occurrence. Mais il fallait quand même se prémunir de toute preuve inconsciente de non maîtrisée d'impatience. Constant n'aimait pas paraître impatient, il considérait cela comme l'aveu d'un désir, et donc d'une aliénation. La chose était certes difficile pour les fois où l'objet considéré avait le toupet de se montrer réellement désirable, et en ces cas là Constant se voyait dans l'obligation figurée à grand coup d'auto-conviction hypocrite de mettre son image d'homme libre entre parenthèses, mais là, la chose était aisée, puisque l'élément perturbateur d'appétits gnoséologiques avait le bon goût de se faire suffisamment insipide pour n'attirer aucune curiosité.
En effet, Constant s'en fichait de ce baptême, et il n'était en aucun cas enthousiaste à l'idée de se plier à cette formalité.

Ah si, il y avait une chose, quand même, qui promettait d'être amusante : la présence de deux jeunes femmes pour l'accompagner dans le rituel.
Il faut dire qu'en plus, ce n'était pas n'importe quelle jeunes femmes, outre leurs charmes intrinsèques et naturels, elles donnaient toutes deux un relief pour le moins cocasse à la situation, en vertu d'un passé bien précis.
Tout d'abord, l'officiante et première marraine, Ermelina. Constant l'avait rencontrée au conseil du comté du Languedoc, dans une conjoncture politique telle qu'ils auraient plutôt était censés être de farouches opposants. Finalement, une passion commune pour les visites nocturnes des débits de boisson avait eu raison des vicissitudes mesquines des petits enjeux politiques, et voilà qu'elle se trouvait à présent en position de le faire entrer dans la communauté des fidèles.

Concernant l'autre jeune femme, la seconde marraine, Vanyel, le paradoxe se faisait encore plus croustillant. En effet, outre les circonstances particulière au termes desquelles cette femme, que Constant connaissait finalement fort peu, avait été promue marraine officielle, la brève collaboration qui avait été la leur, toujours dans le cadre du conseil languedocien, rendait la situation un tantinet étonnante. C'était l'époque où Constant s'était pris de l'envie de pratiquer l'outrage à clercs en plein cœur de la ville Sainte, le tout sous mandat officiel du comté du Languedoc, délivré par la comtesse de l'époque, qui n'était autre que la jeune femme qui se portait garante de sa foi à présent... A vrai dire, Constant se demandait un peu si Vanyel le reconnaissait vraiment, mais ne tenait pas vraiment à trop s'aventurer à le demander directement. Mieux valait se couvrir d'un flou salutaire.

Bref, la situation était assez amusante, et savoureusement compliquée.

Ne restait plus qu'à rejoindre le bâtiment. Constant avait plus ou moins glandouillé toute la journée, et s'efforçait encore de prolonger cette inactivité, résistant vaillamment aux attaques de sa volonté mise sous pression par une telle dose d'inactivité, pour ne pas arriver à l'heure pile. Il tournait en rond, chez lui, en tachant d'ordonner les affaires que sa fausse-compagne avait laissé sur place, et, surtout, en prenant bien soin de ne pas entamer la moindre tentative de mise au point au sujet de cette mascarade sentimentale qui commençait à prendre des proportions que Constant n'était plus totalement sûr de maîtriser tout à fait, ou du moins n'en aurait-il plus été sûr s'il avait cherché à se demander s'il l'était.

Suffit. Selon ses estimations, Constant était déjà un peu en retard. Il était donc temps de prendre la direction de l'église.
Le jeune homme connaissait bien le chemin, même s'il n'entrait que très rarement dans l'enceinte du bâtiment. La dernière fois, il avait été à l'origine d'un esclandre théologique dirigé contre un innocent renard. Ou plutôt, contre une de ces saloperies de bestioles répugnantes et malsaines dont la laideur se le disputait à la fourberie que les faibles d'esprit on l'incompréhensible habitude de tenir pour innocentes. Bien fait. sale bête. D'abord.

Quelque pas par un joli mois de Mars, donc, et Constant était arrivé sur place. L'église d'Orthez se dressait devant lui, il fallait adopter une attitude en conséquence. Désormais, Constant n'était plus un relaps, mais un catéchumène. C'était du moins le défi, à savoir s'enfoncer ça dans le crâne...*

En attendant, le catéchumène se planta sur le parvis, en attendant qu'on vienne le chercher pour entrer. Et oui, dans ses souvenirs, c'était comme ça que ça marchait, et il n'avait pas l'habitude de considérer la possibilité d'une erreur comme une variable pertinente.


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*Dans une évidente volonté de nous joindre à l'effort démentiel de conditionnement qu'opère actuellement, sous vos yeux ébahis et rendus vitreux par l'attente insoutenable que la longueur par ailleurs franchement exagérée de cette phrase ne manque pas de susciter quant à l'issue de ce prodigieux combat contre lui même, notre courageux personnage, nous nous proposons d'adopter la convention sémantique selon laquelle le dit personnage sera désigné comme "catéchumène" à partir de maintenant. Nous pensons ainsi, outre faire perdre le temps d'un lecteur trop bonne pâte pour comprendre enfin que cette note n'a aucun intérêt, lancer une nouvelle catégorie d'évènements littéraires et rôlistiques, en impliquant directement le lecteur dans une démarche participative, par le biais du style lui même, créant ainsi une réflexion critique qui aboutira probablement à ce que tout le monde se demande pourquoi rien du tout.('p*)

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('p*) ou 'patastérisque (un 'patastérisque est à l'astérisque ce que l'astérisque est à la réalité) : Pardonnez moi pour cette note qui ne sert à rien, mais il est tard au moment où j'écris (si si, je vous jure !)
Ermelina
Un constat s'imposait à Ermelina. Depuis que Vanyelle parlait et n'arrêtait pas de l'assaillir de questions sur tout ce qui existait et qui avait le malheur de croiser ses grands yeux clairs, la jeune femme avait l'impression de redécouvrir un monde qu'elle ne voyait que dans un camaïeu de gris, où tout était acquis, où tout allait de soi. Naturellement, attendre dans une église était un stimuli des plus virulents pour la petite fille qui voulait tout savoir sur tout, écoutant les réponses simplifiées à l'extrême de sa maman avec une petite bouille très sérieuse qui générait toujours un profond élan d'amour maternel chez sa génitrice. Aussi, lorsque le flot de paroles s'arrêta net pour faire place à une excitation grandissante, la petite diaconesse demeura interdite avant de comprendre qu'il était l'annonciateur plus que probable de l'arrivée de Vanyel. Constant n'aurait pas eu droit à pareil démonstration de joie et d'allégresse. Se tournant à son tour pour jeter un coup d'oeil à l'entrée, la jeune femme put voir son hypothèse confirmée par l'arrivée de sa grand-tante par alliance et amie. Comme de juste, Vanyelle jaillit pour aller se pendre au cou de Vanyel. Et comme de juste, Ermelina emboîta le pas à sa fille pour saluer la nouvelle arrivante. D'un petit geste de la main, la petite diaconesse invita Vanyel et Vanyelle à la suivre jusqu'à l'entrée de l'édifice. Il était encore un peu tôt, trop tôt assurément pour aller se geler sur un parvis désert à pas d'heure au milieu de la nuit. Même si c'était pour Constant.

Le narthex fut le témoin d'une conversation profonde sur les dragées italiennes, les marchands florentins qui méritaient la canonisation pour faire parvenir ces pures merveilles à l'autre bout du monde connu (en Toulousain, quoi), la perfection du turron de Gérone, les preux et nobles chevaliers qui affrontaient simultanément le courroux paternel, le climat hostile et les Pyrénées pour convoyer leur carcasse et les friandises gironides en terre barbare pour des papilles en perpétuelle quête d'extase, les chatons boudeurs, les bovidés, la préservation des poches des robes des vêtements de poupée et autres questions fondamentales. L'horloge de la ville égrena enfin les neuf coups tant attendus, mettant un terme provisoir à la discussion. Ermelina entrouvrit la porte, passa la tête par l'entrebaillement pour vérifier que Constant était bien arrivé. Evidemment, l'animal n'était pas là. La rouquine ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, plus par habitude que par agacement ou par lassitude. Ce n'était pas la première fois que Constant se faisait désirer. A croire que Désiré était son deuxième prénom. Peu soucieuse d'aller s'exposer au vent, la petite diaconesse referma la porte et se contenta d'adresser un sourire étincellant aux deux Vany perplexes, accompagné d'un discret "il n'est pas encore là", auquel elle enchaina une série de questionnements sur le voyage de sa tantine en Béarn dans le but de détourner l'attention et pour ne pas penser à un éventuel lapin. La chose aurait été incongru venant de n'importe qui mais était d'un possible des plus banal quand il s'agissait de Constant, Ermelina ne le savait que trop bien depuis le temps qu'elle fréquentait le jeune homme. Profitant d'une diversion de Vanyelle, fort soucieuse d'avoir une promesse ferme de date de visite dans les terres de Vanyel, Ermelina se risqua à nouveau à jeter un coup d'oeil dehors.

Miracle ! Cadeau de Dieu (c'était bien le jour pour) ! Il se tenait là, sur le parvis, avec son air de dandy détaché et flegmatique. A le voir, on aurait pu le croire originaire d'une contrée lointaine ou d'un autre temps tant il ressortait de la masse du commun des hommes. Un être réellement à part, somme toute. Ermelina sourit cette fois et ouvrit toute grande la porte. Elle remit rapidement de l'ordre dans ses jupes avant d'avancer vers celui qui allait devenir son filleul sous peu. Le vent réduisit à néant ses efforts pour paraitre présentable, mais qu'importe. La cérémonie pouvait commencer. Elle planta son regard dans celui du jeune homme et prit ses mains dans les siennes.


Constant Corteis, vous qui avez si longuement cheminé jusqu'à ce jour, entrez dans la maison du Très-Haut pour y trouver Amour et Vertu et soyez le bienvenu dans sa demeure qui sera bientôt aussi la votre, lui dit-elle avec un calme et un sérieux propre à sa nature profonde et qu'elle ne dévoilait qu'en de très rares occasions. Laissez ici, sur le seuil de la Maison de Dieu, votre vie passée, vos erreurs et vos errements, vos tatônnement et vos recherches et entrez pour recevoir le baptême.

La petite diaconesse lacha les mains de Constant sans réellement chercher à savoir ce qu'il avait pu ressentir, surtout sans essayer de deviner ce à quoi il pouvait bien penser à pareil moment (ce n'était définitivement pas le moment d'attraper la migraine carabinée du siècle), priant inconsciemment pour qu'il ne prenne pas ses jambes à son cou (elle avait déjà été témoin d'une scène analogue en Poitou...) et le précéda dans l'église. Pas la peine de rester en arrière pour fermer la porte : comme le voulait la tradition, elle resterait ouverte tout au long de la cérémonie pour que tous ceux qui le désiraient puissent entrer, assister voir participer à la cérémonie s'ils étaient Aristotéliciens. En arrivant à hauteur des Vany, elle fit une petite halte pour les inviter à la suivre non sans avoir demander à la plus âgée de veiller sur la plus jeune. Enfin, elle remonta d'un pas lent, calme, posé, la nef centrale et vint se placer devant le premier rang de bancs où tout son petit monde allait s'installer. Il ne restait plus qu'à attendre qu'ils prennent place, puis laisser passer la petite dizaine de minutes réglementaire pour permettre aux hypothétiques fidèles locaux de venir assister à la cérémonie.
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Bibliopotamoscribe à l'insu de son plein gré
--Vanyel.


Elle rit en attrapant la puce dans ses bras. Elle avait une particulière affinité pour les petites filles, elle aimait les chouchouter à chaque occasion possible en fait. C’est juste que c’est tellement mignon une petite fille, c’est tout simplement impossible de résister à l’envie de jouer avec ou de les tenir dans ses bras. Non qu’elle fasse de la discrimination envers les petits garçons, c’est juste qu’étrangement c’était les petites filles qui lui étaient généralement affiliées.. exception faite d’Aymeric, l’albino jumeau d’Eliandre, les enfants de sa marraine. D’ailleurs il faudrait qu’elle leur écrive. Voilà longtemps qu’elle n’avait pas eu de nouvelles, ni n’en avait donné d’ailleurs.

Enfin ce soir un féminin monopole serait brisé... Constant serait le masculin spécimen parmi ses filleules… enfin s’il arrivait.
Mais bon, elle ne se formaliserait pas plus que cela d’un retard, étant elle-même maître en la matière. Au lieu de s’en faire pour cela, elle papotait avec Ermi et sa petite homonyme.
A Ermi, elle racontait sans réserve son voyage en Béarn, en insistant pour qu’elle et sa fille ne fasse pas comme elle, à déambuler seule sur les route… mortel ennui s’il en faut, mais il faut dire que ce n’était pas tant le chemin que celui qui se trouvait au bout qui l’avait motivée. Le chemin n’avait été qu’un nécessaire passage avant de pouvoir enfin arriver, ce qui était somme toute logique.

Petite moue lorsque Vanyelle demande quand elle pourra aller chez « tatie biscuit »… Si seulement elle pouvait répondre… la notion de « chez elle » était de plus en plus nébuleuse. Ce n’était sûrement pas en Languedoc, bien que sa marraine s’y trouve désormais. Était-ce en Toulouse ? Elle l’avait cru un temps, mais n’en était plus intimement convaincue. « chez elle » se résumait à … elle fut bienheureusement interrompue dans ses réflexions par l’arrivée de Constant. Elle arrangea les cheveux de Vanyelle tandis qu’Ermi accueillait leur futur filleul.

Mais .. pourquoi laissait-elle la porte ouverte ? des courants d’air se formaient et faisaient vaciller les flammes des bougies allumées ça et là. Les ombres mouvantes sur les murs dessinaient d’étranges motifs, presque vivant.
Ermi les invita a les suivre. Main dans la main, Vanyel et Vanyelle suivirent docilement.. jusqu’à ce qu’il faille choisir leur place. Elles se regardèrent, leurs yeux reflétant le cruel dilemme qui se présentait, il fallait prendre une décision.. mais laquelle ?
Entourer Constant de part et d’autre ? peut-être, cette pensée était amusante, cerné de Vany… mais cela voulait dire qu’elles, elles seraient séparées…
Autre possibilité, être toutes deux du même côté du Constant. Mais là encore, dans quel ordre. Elle passa mentalement en revue les différentes configurations possibles.

{Vanyel – Vanyelle – Constant}
{Vanyelle – Vanyel – Constant}
{Constant - Vanyel – Vanyelle}
{Constant - Vanyelle – Vanyel}
{Vanyelle - Constant - Vanyel}
{Vanyel - Constant - Vanyelle}

Ah oui c’était bien ça, selon la formule consacrée reliant le nombre d’éléments n à dispositions et le choix de p éléments à arranger. Comme ici on avait n=p, ca donnait donc n !/(n-p) ! soit n !/0 !
Sachant que factoriel de 0 vaut pour une étrange raison 1 et que n ici est égal à 3 – faut suivre y a Vanyel, Vanyelle et Constant à faire rentrer sur un banc tout de même – le nombre d’arrangements possibles selon les lois classiques de probabilités était donc de 3 factoriel, soit au final 6.

Ca c’était la logique et c’était compter sans le fait que les probabilités conventionnelles avaient malencontreusement omis le fait que les 2 Vany pouvaient fusionner. Comment cela peut-être possible me direz-vous ? Rien de plus simple, vraiment. Il suffit que l’une soit sur les genoux de l’autre.
Bien, ici, il n’est plus temps de faire place aux chiffres mais plutôt au pragmatisme. Bien que purement théoriquement possible, la possibilité que Vanyel soit sur les genoux de Vanyelle entrait dans l’ordre des incohérences une fois confrontée à la dure réalité.

Ahhh, on en voyait la fin, car il ne restait plus que deux choix maintenant. Vanyelle sur les genoux de Vanyel… mais à gauche ou à droite de Constant…

Elles s’assirent en premier, et seul l’avenir dira quel côté choisit de préférence le futur ex-baptisé bientôt baptisé tout court, si tout se passait bien …


Constantcorteis
Autant il était très difficile de réduire Constant au silence dans le cadre d'un débat quelconque, en usant de procédés oratoires et rhétoriques, autant le fait qu'une femme se mette à lui tripoter les mains en le regardant droit dans les yeux avait une tendance nette et avérée à lui couper le sifflet.
Ce fut donc tout naturellement qu'il adopta un air un peu hagard lorsque Ermelina lui prit les mains, ce qui eut, au passage, la fâcheuse conséquence le l'empêcher de comprendre le moindre mot de ce qu'elle avait raconté.

Surtout, bien se concentrer ! Ah ben oui, là c'était carrément crucial...
Nan parce que bon, ça serait quand même malséant d'avoir des pensées déplacées le jour de son baptême, quoi...

Bon...

Mettons que c'est trop tard.

Mais qu'est-ce que c'était que ces manières, aussi ! Évidemment qu'il ne pouvait pas rester sérieux après ça ! Ce n'était tout de même pas sa faute s'il avait l'imagination prompte à la détente ! Saloperie d'Eglise avec ses rituels conçus pour les amputés de la fibre sensorielle ! Toujours le nivellement par le bas, on drague la vase des imaginations érotiques en sourdine pour en faire de gentils aristotéliciens, de tièdes vertueux sans mérite, incapables qu'ils sont d'imaginer le vice, fonctionnaires de la foi à libido en charentaises.
Et ben oui, Constant, lui, quand une jeune femme rousse venait lui prendre les mains, et ben il se faisait tout plein de représentations mentales dans la tête, il n'y pouvait rien. On appelle ça la créativité.

Notez que, au chapitre des avantages, cela avait l'immense mérite de lui couper toute envie de sarcasmes au sujet du caractère sérieux et procédural du rituel. Constant ne supportait pas les rituels codifiés, cela lui donnait l'impression d'une représentation mécanique et ridicule. En l'occurrence, là, l'aspect ridicule était bien éclipsé par un tout autre ordre de considérations...

Bref, c'est qu'il fallait tout de même se décider à bouger...
Après être resté quelques instants planté comme un navet, Constant secoua la tête pour remettre ses idées en place, et avança lentement.

Il entra donc dans l'église, le plus naturellement du monde. Enfin, le plus naturellement du monde si l'on excepte qu'il était obligé de se chanter des chansons enfantines pour domestiquer son esprit capricieux...

Bon, voilà qu'il était à présent arrivé à hauteur du premier rang, où il devait vraisemblablement s'asseoir.
Mais tout d'abord, il fallait satisfaire aux règles de politesse. Ce n'est pas parce qu'on enfreint absolument toutes les règles de bienséance en pensée que l'on peut se sentir autorisé à les malmener en acte... Constant prit la parole à voix basse, en souriant :


Bonsoir, Dame Vanyel, je vous remercie encore de ce que vous faites pour moi. Je vous prie en revanche de ne point hésiter, si d'aventure vous aviez, un jour, l'occasion de me demander de vous rendre la pareille. Ce n'est d'ailleurs pas que le fait de me savoir obligé envers vous soit déplaisant, mais je tiens à m'assurer que vous n'aurez pas de scrupules mal placés à profiter de la situation.

Le jeune homme salua aussi la petite fille qui était sur les genoux de la grande, mais n'osa pas vraiment s'adresser à l'officiante... Il avait peur de rompre le côté solennel de la chose... Et surtout de faire un lapsus, ou ce genre de chose, en fait.
Et puis bon, elle venait de lui serrer les mains, quand même ! Après ça, toute formule de salutation polie aurait semblé bien dérisoire. Enfin, c'est comme ça que Constant le ressentait, du moins.

Restait à présent à s'asseoir, ce que le catéchumène fit en se plaçant à droite de sa future marraine. Oui, pour des raisons qu'il ne s'expliquait pas, et prenant un peu le contre-pied de la médecine chinoise en l'occurrence, Constant préférait toujours avoir les gens à sa gauche. Il s'en fit d'ailleurs la réflexion et, l'espace d'un instant, s'interrogea à ce sujet. Mais il dut assez rapidement abandonner ses recherches, dès lors qu'il eut constaté que cette tendance était nettement plus forte lorsqu'il s'agissait d'individus de sexe féminin... C'était le genre de pensées qui amenaient rapidement à un certain ordre de réflexion qu'il n'était pas franchement bienvenu d'explorer en plein baptême.
Constant se frustra donc, et accepta de différer sa curiosité phénoménologique pour sauvegarder la bienséance.
Alleaume
[ Prologue d'une rencontre... ]

* Alleaume se faisait plutôt calme ses temps ci, d'ailleurs Orthez entière se faisait calme, il y avait l'air d'y avoir un léger passage a vide dans la belle Orthez, la dernière animation de la mairie n'avait pas emballé les foules, les personnes se faisaient peu présent en taverne, et moins en place de la ville, il ne comprenait pas vraiment ce qui se passait... Il allait tenter de remédier un peu à l'ambiance de la ville, il fallait qu'il voit cela...

Cet après midi il irait se rendre à l'Église, il voulait se recueillir un peu, il se trouve las en ce moment, fatigué, il n'avait jamais été aussi peu bien de toute sa vie, il occupait son temps à gérer la mairie et négligeait pas mal sa vie, mais au fond en avait il une vie ? Il n'avait pas d'enfant, plus de femme, Elarya son épouse avait succombé il y avait à peine quelques mois sans qu'il n'ai pu la revoir après une séparation de 7 mois, le destin était parfois bien cruel tout de même, tout cela pour être rester trop longtemps à séjourner en Normandie pour des affaires... Le mal le rongera toujours...

Il n'avait même plus de famille, son père Jean était mort depuis par des militaires, il ne se souvenait plus de sa mère et de ce qui lui était arrivé... Il se souvenait juste d'une femme qu'il avait aidé à partir il y a fort longtemps, alors qu'il était jeune et qu'il commençait à apprendre à monter à cheval... C'était le seul souvenir qui lui restait, il n'avait qu'un frère Mchiavel qu'il avait retrouvé il y a peu de temps, et avec qui il avait fuit la Bretagne et consort lors de leurs enfances.

C'était la seul chose qui lui restait, la seul personne... Et il était partit, partit dans le Languedoc, les gens qu'il aimait le fuyait, il ne lui restait plus rien dans ce cas, à qui pourrait-il léguer la fortune qu'il allait bâtir ? Tout ce qu'il allait acquérir lors de sa vie ? Il n'en savait point rien, il arriva au pieds de l'Église et y pénétra discrètement, sa cape noir abattue sur son visage... Le Maire entra dans le lieu de culte et s'y avança lentement, il se mit à genou vers le fond de l'Église et se mit à prier, il pensait à sa femme... Son père, et sa mère... Il aurait tend voulu que tout soit différent, cela aurait été plus facile... Mais si tout pouvait changer.. Les éléments nouveaux peuvent parfois bousculer notre vie, il l'avait déjà vécu, peut être le revivrait-il bientôt...

Les gens de la ville passait devant lui s'en le reconnaître, il continuait à se recueillir un bon moment, les Orthéziens étaient encore bien croyant envers notre Aristote, et ce n'était que du bien, il fallait garder la foy coûte que coûte, sans elle on ne pouvait pas avancer. C'était ce qu'il pensait, il avait besoin de croire pour se sentir bien, c'était la seul chose qui pouvait encore lui permettre de dormir les nuits, avec tout ce qu'il avait vu, entendu, fait, il ne le pourrait certainement plus si l'Église venait à disparaitre... *

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J'ai pô les cheveux roux, mais rouge !
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