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[RP] Un soirée conte...

Domdom
La nuit était tombée maintenant.
Discutant avec quelques villageois , le passeur d’histoires en profitait pour considérer l’assemblée d’un œil connaisseur : ce n’était que perpétuelles allées et venues des retardataires entre les fûts de bière et de vin , entassés un peu à l’écart .
Un peu plus loin , une table en sapin , où de belles pièces de boeuf cuites au feu de bois rivalisaient avec les miches croustillantes et bien dorées et des tourtes appétissantes , narguait les estomac gourmands.
Ce n’était que cris de femmes qui houspillaient des gamins courant en tous sens , jurons et éclats de voix de paysans un peu avinés qui devaient sans doute parler politique.

Ils en arrivaient même à couvrir le son mélodieux de l’instrument du musicien qui jouait auprès du feu.
Mais l’encapuché savait par expérience , que ce concentré d’humanité vociférante se tairait dès qu’il entendrait les premiers mots de la première histoire de la soirée.

Dom arrêta son regard sur le musicien qui continuait de jouer.
L’idée de lier musique et contes était bien séduisante.
Et pourquoi pas en même temps ?
Conter sur un fond musical devait être une expérience intéressante , non ?
Le calvaphile rangea cette idée dans un coin de son cerveau , il pourrait la ressortir à l’avenir.

Quittant le musicien des yeux, il balaya à nouveau l’assemblée : le moment était venu pour le premier conte .

Le passeur d’histoires se râcla la gorge pour s’éclaircir la voix et prit la parole :


Mesdames et Messires …
Laissez moi me présenter pour ceux qui ne me connaissent pas.
Je m’appelle Domdom et je suis conteur…Enfin , passeur d’histoires , car pour moi , un conte est un temps de partage et de transmission.


Petit à petit, l’auditoire faisait silence ,jusqu’à ne plus laisser filtrer aucun son .
Même le musicien avait arrêté de jouer.
Dom assura sa voix et continua :


Mesdames et Messires , je vais vous demander de lever les yeux vers le ciel.
Les étoiles sont très brillantes, cette nuit et pour peu que vous ayez de bons yeux , vous pourrez voir les Cheveux de Berenice, juste à côté de la constellation du Lion


Tout l’auditoire leva les yeux au ciel , comme un seul homme , incitant le grand brun à continuer :

Mais laissez moi d’abord vous conter la légende des Cheveux de Berenice…

La voix chaude et cristalline du conteur s’éleva alors dans le ciel de cette belle nuit d’été

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Aloe_sonia
Sonia chercha du regard un endroit pour profiter du conte.
Son regard croisa celui de Valérien, elle sourit et se dirigea vers lui, sur le chemin elle attrapa un coussin et le déposa près de l'enfant.

Elle lui passa une main dans les cheveux et lui sourit.
Elle leva les yeux en l'air, comme l'avait demandé Dom et s'allongea sur le dos pour profiter du ciel clair et du conte.
Elle croisa ses bras derrière la tête et resta attentive.
Juliette.mansart
Juliette avait eu l'occasion d'apprécier les talents d'orateur et de conteur de sieur Dom avant son départ soudain de Saint-Claude deux mois plus tôt. Aussi, lorsqu'elle entendu dire qu'une soirée de contes se préparait, elle ne put accueillir cette nouvelle qu'avec grand enthousiasme.

À la brunante, elle avait erré un moment pour trouver l'endroit de la soirée, se basant sur les informations plutôt sommaires que lui avait donné sieur Dom lui-même, un peu plus tôt en taverne.

Lorsqu'elle se touva aux abords, un silence presque pieux y règnait déjà et c'est sur la pointe des pieds qu'elle s'approcha, demeurant néanmoins un peu en retrait pour n'interrompre en rien le conteur qui annonçait dores et déjà le récit qu'il s'apprêtait à leur transmettre avec sa générosité habituelle.

Retroussant légèrement ses jupes, elle s'assied dans l'herbe en tailleur, fin prête à se délecter des contes à venir.
Domdom
Debout auprès du feu , dont on entendait les crépitements dans le silence de la nuit , troublé de temps à autre par un pleur de bébé ou un cri d’enfant , quand ce n’était pas celui d’un animal nocturne dans le lointain , le grand brun observait l’assemblée , tout en continuant son récit .

Certains s’étaient allongés à même le sol et contemplaient le drap noir de la nuit, piqueté d’étoiles brillantes.
D’autres avaient plongé leur regard dans l’observation du feu et écoutaient le narrateur , les yeux remplis de petites paillettes que Dom avait tant de fois pu observer chez son auditoire .

Le passeur d’histoires enchaîna de sa voix puissante et limpide :



Bérénice est une ancienne reine d’Egypte , de la dynastie des Ptolémée.
A l’époque, elle était vénérée par son peuple pour sa grande beauté , mais surtout pour sa magnifique chevelure aux reflets d’or.

Le roi , son mari , entreprit un jour une périlleuse expédition militaire vers la Syrie.
Devant les périls de cette aventure et craignant pour la vie de son mari, la reine Bérénice se rendit au temple d'Aphrodite , pour faire la promesse solennelle de sacrifier ses longs cheveux , si le roi rentrait sain et sauf de la guerre.



Le regard du brun se posa alors sur le visage d’une autre reine à la chevelure d’or : Oberthur l’écoutait , les yeux mi-clos.
Juliette était là aussi , un peu à l'écart : l'encapuché la remercia de sa présence d'un petit hochement de tête.

Un peu plus loin , l’encapuché remarqua Sonia , allongée auprès de sa petite famille , avec la tête de Valérien sur la poitrine.
Il ne put réprimer un petit sourire plein de tendresse.

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Estrellane
C'est en taverne, qu'Estrellane avait entendu parler par Magster de la soirée conte qui avait lieu dans la soirée.

La jeune femme avait toujours aimé depuis sa plus tendre enfance écouter les passeurs d'histoire; c'était alors l'occasion rêvée pour elle de faire jouer son imagination et elle n'aurait manqué cette soirée pour rien au monde d'autant plus que le sire Magster lui avait confié qu'il conterait lui même une histoire.

Curieuse comme elle était, elle s'était dirigé vers l'esplanade où bon nombre de personnes étaient déjà en place pour écouter sous les étoiles et la lune.
La soirée s'annonçait belle...

Lorsqu'elle arriva, le sire Dom commença son récit, elle eu juste le temps de s'assoir discrètement au pied d'un saule tout en tachant de ne déranger personne.

Un coup d'oeil circulaire sur l'assemblée toute ouie aux paroles du Sire Dom afin de voir si elle reconnaissait des visages ou apercevait le sire Magster.

Elle aperçut Hermine mais aussi Sonia avec qui elle avait sympathisé peu de temps avant et les salua d'un sourire.
La jeune femme ferma les yeux pour mieux écouter...
Aloe_sonia
Sonia s'était redressée un peu, et avait placé la tête du petit Valérien sur ses genoux et lui caressait les cheveux tout en imaginant la beauté de l'héroïne à la chevelure aux reflets d’or.

Elle releva la tête et reconnut Estrellane et la salua d'un signe de la tête.
Et fut ravie de la voir.
Domdom
Comme à chaque fois, la magie opérait : un lien invisible, fil ténu et solide à la fois , unissait le conteur à l'assistance.

Pour Domdom , une histoire bien contée n’était jamais un monologue.
Il adorait aller chercher les réactions de ses auditeurs sur leurs visages , dans leurs yeux , dans leurs gestes , aussi.
Son visage aussi ,exprimait ses émotions, l’intonation de sa voix orientait ceux qui l’écoutaient là où il voulait qu’ils aillent.

Assis en tailleur, les mains sur les genoux , l’encapuché déroulait son récit comme une brodeuse déroule le fil de sa quenouille :



Quand le roi revint vivant quelques années plus tard , Bérénice se coupa les cheveux et les déposa en offrande au temple de la déesse , fidèle à son engagement.
Mais la nuit suivante, la chevelure disparut mystérieusement….


Pause du passeur d’histoires , saluée par un Ohhhhh ! , quasi général de l’assistance, puis enchaînement , sans laisser le temps au public de digérer ce coup de théâtre :


Le roi d’Egypte entra alors dans une rage folle, fit fermer les portes de la ville pour la faire fouiller de fond en comble, mais sans résultat aucun : la longue chevelure d’or demeurait introuvable.

Afin d’ apaiser le roi et la reine outragés et pour sauver la vie des prêtres du temple, l'astronome de la cour annonça que l'offrande avait tellement plu à la déesse qu'elle l'avait placée dans les cieux

Pour « preuve », il montra au couple royal une traînée d'étoiles dans le ciel nocturne , ressemblant vaguement à une longue chevelure.

Le roi et la reine furent tellement impressionnés qu'ils en conçurent une grande fierté.

Depuis, cette constellation est appelée « la Chevelure de Bérénice » et c’est elle que vous avez pu observer tout à l’heure , mes amis..




Comme après chacune de ses histoires, le grand brun aux yeux noisette sacrifia au rituel : il sortit sa topette magique de calva de sa ceinture et s’en octroya une petite rasade , juste pour s’humecter la gorge, sans toutefois s’empâter la langue, bien sûr : ça ferait un peu désordre pour un conteur n'est ce pas ?

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Aloe_sonia
Sonia resta bouché bée à la fin.
Et elle leva les yeux aux ciels pour essayer de revoir les cheveux de Bérénice.

Elle regarda Valérien et l'invita à faire comme elle.

Elle devenait une vrai gamine, quand son frêre contait, elle était toute sage et c'est la première fois qu'elle écoutait ce conte et se demandait, si elle aurait été capable de couper ses cheveux pour un homme.

Elle fit la moue, et se dit que le jour où elle fera ça, c'est que vraiment cette homme était irremplaçable dans son coeur.
--Valerien
Il était aux anges le gamin !
Sonia s'était allongé auprès de lui et , coeur battant à tout rompre , le petit homme avait posé sa tête sur la poitrine de la belle dame en écoutant son père raconter l'histoire d'une reine qui avait coupé ses longs cheveux d'or.

Valérien sentit soudain une truffe mouillée lui toucher le bras : c'était Chouchen, son chien , qui cherchait une place contre lui , tout en lui donnant de petits coups de museau.

Envoyant une main aveugle pour caresser la tête de son chien (pour rien au monde, il n'aurait abandonné sa position !) , il interpela son chien jaune , tout en admirant le ciel étoilé :


Dis Ssoussen...tu s'rais pas un peu zaloux, toi , des fois ?

Magster
Dom après sa brillante est volubile narration laissa à la place à l'ours de Saint-Claude.......


Mag entra sur la scène, regarda le public et reconnu des têtes familières, cela lui donna du courage afin de s'exprimer sans trop d'appréhension.

-Le conte que je vais vous déclamer se nomme

Le Flocon de Neige


Attentif à l'assistance qui restait calmement assise en attendant qu'il commence, Mag prit une grande respiration et. d'une voix calme livra son conte...


-" L'histoire se passe il y a fort longtemps, un marchand d'étoffes précieuses, vivait avec une femme fort belle.

Tous les ans à la même époque, il partait pendant fort longtemps pour rechercher pièces rares, son voyage parfois durait six mois.

Cette fois encore il quitta femme et s'embarqua sur un navire pour des régions connues de lui seul.

Sa dame bien en peine de son départ, se consola rapidement avec un chevalier romput aux choses du coeur.

Sur le parcours du coeur battant, il offit à l'épleurée , un bouquet de roses des vents cueillit sur un rayon de lune.

La belle enfant surprise par l'ardeur du chevalier, se donna après quelques assauts répétés.

La dame se retrouva avec le fruit du péché en elle.


Plusieurs mois passèrent, le mari couvert d'etoffes rentra au logis, et voyant son aimée en tel état, lui demanda explications.


"Mon ami, lui dit elle, chose étrange met arrivée pendant votre douloureuse absence;

un soir espérant vous voir revenir, je me suis mise au balcon et comme il neigeait, j'ai malencontreusement avalé un flocon qui me mit dans l'état dans lequel vous me trouvez!!.

Le mari quoique surpris de la chose , prit pour comptant se que lui disait sa femme.

Les mois s'ecoulent, l'enfant né, un garçon, le mari tout heureux voit en lui, l'heritier tant attendu.

Les années s'égrènent aux pas lents des chevaux, la joie et l'harmonie reignent dans ce foyer. Le mari s'occupe de l'enfant lui apprend les choses qu'un homme doit connaître.

Le jeune homme atteint l'âge de seize ans.

Le Tisserand dit à sa femme, notre fils à maintenant atteint l'âge de devenir libre, je dois lui enseigner mon métier.

La femme heureuse que toutes ces années se soient passer dans le bonheur, répond, mais faîtes mon ami ce que vous croyez bon de faire pour notre fils.

Les jours suivants furent dédier aux préparatifs du départ.

Comme tous les ans le tisserand prit le même bateau, mais cette fois accompagné de son fils, il lui expliqua les roublardises à savoir.

Au milieu de la traversée, le drame s'accomplit au milieu de la nuit, le Tisserand tua l'enfant et le jetta à la mer.

Il continua son voyage comme à son habitude, et lorsqu'il rentra au domicile......

Son épouse se demanda où était son fils?

Le mari repondit d'une voix tremblante de chagrin

"Ma mie, chose terrible est arrivée, alors que nous traversions une region très chaude, notre fils tant aimé, a fondu, comme il était le fruit d'un flocon je n'ai rien pu faire".

Je vous laisse trouver la morale de cette histoire "
Aloe_sonia
Sonia écouta le nouveau conteur.
L'histoire avait une fin triste mais elle ne put lâcher un rire à la réponse de l'homme.
Elle devait avoir compris qu'il savait qu'il n'était pas de lui.

Mais ce pauvre enfant n'avait rien demandé et on le tue.
Clarrissia

La veille à Poligny, Clarrissia jeune San Claudienne avait fait la connaissance de Domdom et de son amie Oberthur. Celui-ci lui avait transmis son goût des contes et de la narration. Il paraissait que des veillées étaient organisées chaque soir à l'orée d'une forêt pour un moment d'évasion. Regroupés autour d'un feu chacun pouvait faire part de ses connaissances en matière d'histoires merveilleuses.

Clarrissia aimait les gens cherchant un peu d'idéal et de rêve, ces personnes vivant dans un autre monde. Dans leur monde. Se sentant rarement à leur place ailleurs que chez eux, quelque peu hors du temps, investissant totalement l'endroit où ils vivent, la tête dans les nuages et considérant les choses d'une façon autre que conventionnelle.
Elle aimait bien se mêler à eux car ils réveillaient en elle sa part d'indépendance, son côté insolent et je m'en foutiste et surtout son côté "évasion". Elle se sentait très attirée par ses personnes d'un autre temps qui ne demandaient qu'à vivre et à fonctionner en toute liberté ; qui n'avaient besoin que du strict nécessaire, vivant anonymes avec les seuls moyens qu'ils possédaient et qui se disaient que pour ne pas avoir d'ennuis il valait mieux donner que recevoir.
Ils ne souhaitaient pas prouver aux autres qu'ils existaient, il leur suffisait d'être...avec toutefois dans les yeux une lueur de rancune, une toute petite lueur d'amertume signifiant qu'ils sont venus au monde sans savoir pourquoi et sans en avoir envie finalement. Mais puisqu'ils étaient ici, autant faire avec. Alors ils se retrouvaient, se réunissaient, dans cette forêt qui sentait bon l'essentiel et la solidarité.

Leur vie était compliquée, loin d'être facile, mais ils avaient en eux tant de bonté, tant de simplicité, tant de naïveté qu'il n'y avait aucune raison de ne pas aller à leur rencontre. Leurs voix étaient enjouées même si on pouvait ressentir dans le timbre, une mélodie délayant des notes de souffrance mais jamais de désespoir.

Sans mot dire elle s'assit au milieu d'eux, regardant les flammes crépiter et d'une voix timide se présenta.


- Bonsoir à tous, je m'appelle Clarrissia, nouvelle San Claudienne, pourrais-je abuser de votre hospitalité pour m'enivrer de vos belles histoires ? J'en ai d'ailleurs quelques-unes à vous narrer si vous le désirez.

Elle leur adressa à tous un sourire et chercha dans sa mémoire une histoire transmise de génération en génération...
Clarrissia
Dans le silence de la nuit étoilée néanmoins très fraîche, seulement bousculée par le léchage des flammèches dégustant avidement le bois sec dévoré, Clarrissia fit un effort sur elle-même pour vaincre sa timidité et sa voix calme et douce rompit le silence de ses voisins.

- Voici une histoire que ma maman me racontait enfant. C'est ma préférée. Elle s'adresse aux gens simples, à tout un chacun, ce n'est pas un conte qui fait rêver, c'est seulement la vie de gens comme nous mêlant la solitude et la convivialité, le tragique et l'humour, la misère des petites gens mais qui ont dans leur coeur une infinie tendresse pour les autres. C'est un conte du bord de mer dans des contrées encore inconnues.


Alors, avalant sa salive et fermant les yeux elle entama son histoire, de doux souvenirs lui revinrent en mémoire...

" Marie-Belle est derrière son comptoir, elle est tenancière d'une taverne d'un coin isolé sur une falaise rocheuse au bord de l'océan. Elle crochète. Lorsque le soleil est tombé vers l'horizon de la mer, elle prend un torchon et les douze habitués du comptoir de la taverne lèvent leurs coudes à douze centimètres au-dessus du comptoir. Et pourquoi douze centimètres me direz-vous ? Parce-que c'est la hauteur suffisante et nécessaire pour que la tavernière puisse passer son torchon pour essuyer les douze soleils que les godets ont laissé toute la journée sur le comptoir, et lorsqu'elle a fini, elle tente d'effacer le treizième, celui qui est contre la vitre, le vrai...parce-que si elle oubliait d'effacer le soleil, la nuit ne viendrait jamais dans ce monde.

Les godets sont tous à la même hauteur, les coudes pareils. Douze fois par heure, douze heures par jour ; c'est comme cela que l'on fait des professionnels, lorsqu'ils ont le coude levé, ils en profitent pour boire un autre verre et lorsqu'ils ont terminé ils font en sorte de claquer ensemble les godets sur le comptoir.
Celui qui n'a jamais entendu claquer douze godets sur un comptoir ne sait pas ce que c'est que la beauté du monde. Ca fait BANG ! Parfois même ça fait BING-BANG ! Et Marie-Belle elle dit :
" Là les gars il y a un univers qui vient de se créer..."
C'est une maligne Marie-Belle, elle sait des choses...tous les sept ans elle va voir les pierres, les ruines de cités ensevelies. Là où il y a des pierres, il y a des savants. les savants c'est comme les chiens, ils se ressemblent. Dès qu'il y a des pierres ils grattent la terre, la seule différence c'est qu'il y en a qui savent quoi chercher...pas les autres...je vous laisse deviner qui.
En tout cas un jour les savants creusent la terre, trouvent une tombe avec un gars enterré. Heureusement car s'il n'y avait personne ce serait un trou ! Quand ils ont voulu sortir le gars ils s'aperçurent qu'il était enseveli à la verticale...c'est rare. Et en plus il avait le coude à l'horizontale, encore plus rare, et en plus sous le coude il y avait une excroissance osseuse totalement inexpliquée...
Le principe des savants est de faire des théories, et la théorie dernière en date était que ce gars-là avait été enterré comme tout le monde et que l'axe de la terre avait basculé...c'était malin.

Alors ils sont allés à la taverne de Marie-Belle pour fêter leur trouvaille. Et là ils virent...les douze habitués debout, le coude posé sur le comptoir et ils eurent alors une illumination ! Ils venaient de trouver le lien qui manquait entre
Homo Faber et Homo Sapiens, ils l'ont appellé Homo Erectus Bistrotus. Autrement dit : l'habitué...

Quand ils eurent bu leur dernier verre, marie-Belle leur a dit :
"je ferme."

Alors les savants et les douze habitués revêtirent leurs coiffes et s'en allèrent les uns après les autres avalés par la lande, avalés par la vie, la tête un peu chaude. Et ils disparurent. parce-que Marie-Belle elle sait que la nuit n'appartient pas aux hommes et qu'il faut qu'ils soient rentrés au plus tôt, parce-que la nuit appartient aux autres...



Clarrissia se tut. Pour son premier conte en public elle ne s'était pas trop mal débrouillée. Elle sortit de sa besace un morceau de pain et un peu de vin et se restaura, faisant passer ensuite à son voisin l'outre de vin divin.
Clarrissia
La soirée était douce. Les étoiles constellaient le ciel sans lune et le feu continuait à crépiter apportant encore plus de ferveur autour de la petite assistance venue alimenter leurs rêves.
Clarrissia avait des quantités d'histoires à narrer, et encouragée par sa première prise de paroles, poursuivit sur sa lancée.


- Voici maintenant une très jolie histoire d'amour qui prouve qu'il ne faut jamais se laisser aller au désespoir.
C'est l'histoire de Florentin Nouet et son mal de vivre...



" Un poète qui se nommait Florentin Nouet avait le mal de vivre. C’est un mal horrible et qui fait que celui qui l’a ne peut voir les hommes, les animaux et les choses, sans horriblement souffrir. Puis c’est encore de grands scrupules qui empoisonnent le coeur.

Le poète quitta la ville où il demeurait. Il alla dans la campagne regarder les arbres, les blés, les eaux; écouter les cailles qui chantent comme des sources, le martèlement des outils des artisans et les rires des enfants. Ces choses et ces bruits l’attristaient.

Les plus douces pensées lui étaient amères. Et quand, pour échapper à son affreuse maladie, il avait cueilli quelque jolie fleur, il pleurait de l’avoir cueillie.

Il arriva dans un village, par une soirée douce qui avait le parfum des poires. C’était un beau village, comme ceux qu’il avait souvent décrits dans ses livres : il y avait une place municipale, une église, un cimetière, des jardins, un forgeron et une auberge noire d’où sortait une bleue fumée et où brillaient des godets d'étain. Il y avait une rivière qui serpentait sous des noisetiers sauvages.

Le poète malade s’était assis tristement sur une pierre. Il songeait au supplice qu’il endurait, à sa mère pleurant son absence, aux femmes qui l’avaient trompé, et il regrettait le temps de sa tendre enfance.


– Mon coeur, pensait-il, mon triste coeur ne peut changer.


Soudain, il vit auprès de lui une jeune paysanne ramenant des oies sous les étoiles. Elle lui dit :

– Pourquoi pleures-tu ?

Il répondit :

– Mon âme, en tombant sur la Terre, s’est fait mal. Je ne peux pas guérir, car mon coeur me pèse trop.

– Veux-tu le mien ? dit-elle. Il est léger. Moi je prendrai le tien et le porterai facilement. Ne suis-je pas habituée aux fardeaux ?

Il lui donna son coeur et prit le sien. Et aussitôt ils sourirent et s’en furent la main dans la main, par les sentiers.

Les oies allaient devant eux comme des morceaux de lune.


Elle lui disait :

– Je sais que tu es savant et que je ne peux pas savoir ce que tu sais. Mais je sais que je t’aime. Tu viens d’ailleurs, et tu as dû naître dans un joli berceau comme celui que je vis un jour sur une charrette. Il était pour des riches. Ta mère doit bien parler. Je t’aime. Tu as dû coucher avec des femmes qui ont la figure très blanche, et tu dois me trouver laide et noire. Moi, je ne suis pas née dans un joli berceau. Je suis née aux champs, au moment que l’on moissonne, dans le blé. On m’a dit cela, et que ma mère et moi et un petit agneau qu’une brebis avait mis bas le même jour, on nous mit sur un âne jusqu’à la maison. Les riches ont des chevaux.

Il lui disait :

– Je sais que tu es simple et que je ne peux pas être comme toi. Mais je sais que je t’aime. Tu es d’ici, et on a dû te bercer dans un panier posé sur une chaise noire, comme celui que j’ai vu dans une image. Je t’aime, ta mère doit filer le lin. Tu as dû danser sous les arbres avec des garçons beaux et forts et qui rient. Tu dois me trouver malade et triste. Moi je ne suis pas né aux champs au moment que l’on moissonne. Nous sommes nés dans une belle chambre, moi et une petite soeur jumelle qui mourut aussitôt. Ma mère fut malade. Les pauvres ont la santé.

Et alors, dans le lit où ils couchaient ensemble, ils s’embrassaient plus fortement.
Elle lui disait :


– J’ai ton coeur.

Il lui disait :

– J’ai ton coeur.


Ils eurent un joli petit garçon.
Et le poète qui sentait que son mal de vivre avait fui, dit à sa femme :


– Ma mère ne sait pas ce que je suis devenu. Mon coeur se tord à cette pensée. Laisse-moi, amie, aller jusqu’à la ville, faire savoir que je suis heureux et que j’ai un fils.

Elle lui sourit, sachant qu’elle gardait son coeur, et elle lui dit :

– Va.

Et il repartit par les chemins par où il était arrivé.


Il fut bientôt aux portes de la ville, devant une habitation magnifique où l’on entendait rire et parler parce que l’on y donnait une fête où les pauvres n’étaient pas conviés. Le poète reconnut la demeure d’un de ses anciens amis, un artiste opulent et célèbre. Il s’arrêta pour écouter les conversations, devant la grille du parc d’où l’on apercevait des jets d’eau et des statues. Une femme, dont il reconnut la voix, qui était belle et qui, jadis, avait déchiré son coeur d’adolescent, disait :


– Vous souvenez-vous du grand poète Florentin Nouet ?... On dit qu’il s’est mésallié, qu’il a épousé une vachère...


Les larmes lui vinrent aux yeux et il continua son chemin, par les rues de la ville, jusqu’à sa maison natale. Les pavés répondaient doucement à la parole de ses pas fatigués. Il poussa la porte, entra. Et sa chienne douce, fidèle et ancienne, accourut vers lui en boitant, jappa de joie et lui lécha la main. Il vit que, depuis son départ, la pauvre bête avait dû avoir quelque attaque de paralysie, parce que les chagrins et le temps prennent aussi le corps des animaux.

Florentin monta l’escalier et, près de la rampe, il fut ému, voyant, la vieille chatte tourner sur elle-même, faire le gros dos, lever la queue, et se frotter aux marches. Sur le palier il entendit la cloche de l'église tintinnabuler.

Il entra dans sa chambre, doucement. Il vit sa mère agenouillée et priant. Elle disait :


– Mon Dieu, faites que mon fils vive. Mon Dieu, il souffrait tant... Où est-il ? Pardonnez-moi de l’avoir fait naître. Pardonnez-lui de me faire mourir.

Mais lui, agenouillé déjà près d’elle, mettait ses jeunes lèvres aux pauvres cheveux gris, disant :

– Viens avec moi. Je suis guéri. Je sais une campagne où sont des arbres, des blés, des eaux, où chantent les cailles, où retentissent les outils des artisans, où résonnent les rires des enfants, où une pauvresse possède mon coeur et où joue ton petit-fils.

Satisfaite encore une fois et espérant avoir redonné un peu d'espoir par cette émouvante histoire, Clarri s'allongea sur l'herbe humide, ferma ses yeux et s'endormit.
Clarrissia
Quelques jours plus tard, elle revint au campement installé par Dom. Peu de monde, fallait dire que beaucoup de villageois profitaient de la saison pour se repentir chez les moines.
Elle s'assit et pour la maigre assistance venue près du feu elle leur raconta une très jolie histoire ; triste mais très belle.


- Je vais vous raconter l'histoire du sanglier blanc...

Autrefois, notre pays était recouvert d'une immense forêt, et cette forêt était tellement épaisse que l'on pouvait voyager des jours sans rencontrer âme qui vive. C'était le royaume des ombres. Au milieu de cette forêt il y avait un petit village qui vivait à l'écart du monde, personne n'y venait sauf une fois l'an ; pendant sept jours, sur la grand-place de la ville où se tenait le marché.
Pendant sept jours on achetait, on vendait, on buvait, on mangeait, on chantait et on dansait. Cette année là les gens attendaient le nuage de poussière qui annonçait l'arrivée des marchands et quand le soleil se couchait le soir, la route restait déserte. Et ainsi de suite jusqu'au 7ème matin lorsque le nuage de poussière que l'on attendait arriva.
Quand la poussière retomba ils étaient sept, pas un de plus. Ils sont rentrés dans la ville, ils ont vendu, acheté, bu, mangé, chanté et dansé et puis ils allaient s'en retourner lorsque le roi s'adressa au plus vieux des marchands et lui dit :


" On se connait toi et moi depuis longtemps, toi tu cours tous les chemins de la terre et moi les chemins du pouvoir, alors pourquoi êtes-vous venus peu nombreux ?"


Le vieux marchand regarda le roi et lui dit :


" Ecoute-moi bien...dans la forêt qui entoure ton royaume, il y a depuis quelque temps une créature ; personne ne sait ce que c'est ; un homme...un démon...un monstre...en tout cas tous ceux qui rentrent dans cette forêt risquent de ne jamais revenir. Alors si tu veux que le marché reprenne, il faut que tu t'en débarrasses."

Les marchands sont partis. Les rois ont toujours eu un grand problème...ils ont une fille dont ils ne savent quoi faire ! Heureusement dans les histoires, il y a toujours un monstre. Le roi annonça qu'il donnerait sa fille en mariage à celui qui lui ramènerait la peau du monstre, et à peine eut-il dit cela, on vit arriver un jeune homme. Il était jeune, il était beau...il déclama :


" Moi je !"

C'est à ces mots qu'on reconnait les jeunes gens. Les villageois l'ont applaudi et puis la princesse l'a regardé ; il était pas vilain garçon...il n'est jamais revenu.
Le roi ne fut pas plus avancé, il avait toujours un monstre, enfin...sa fille. Alors il a ajouté la moitié de son royaume en plus. A peine eut-il dit ça qu'on vit arriver un jeune homme, il était jeune, il était beau, il sentait bon...quand il est entré dans la cité il dit :


" Moi je !!!"

La princesse l'a regardé et a murmuré :

" Ah ! Celui-là il est beau garçon !"

Et quand il est parti elle fit de grands gestes de la main...il n'est jamais revenu.

Vous savez combien elle en a aimé comme ça la princesse ? C'est pas une vie d'être princesse. Son petit coeur s'est brisé onze fois. Puis un douzième s'est présenté. Il a voulu dire...mais le roi d'un air las lui a soufflé :


" Ouais, je sais, Toi tu !!!...allez, vas-y !"

Alors il partit au galop dans un nuage de poussière. Il est entré et a erré longtemps dans cette forêt sombre. Un soir il vit le soleil se cacher. Il sut que ce qu'il cherchait était là.
Il entendit un souffle au travers des arbres. Il s'endormit contre l'un d'entre eux et c'est la fraîcheur du jour qui le réveilla. Alors il sentit quelque chose de doux dans son cou, quelque chose de chaud. Il a ouvert les yeux et vit deux yeux clairs qui le regardaient. Deux yeux si profonds qu'il ne put en détacher le regard. Devant lui un sanglier gigantesque, d'une blancheur de neige. Ils se regardèrent longtemps et le sanglier partit.
Lorsque le jeune homme remonta sur son cheval, il entendit une voix de femme limpide. Il écarta les branches et vit une beauté extraordinaire au bord d'un bassin, coiffant ses longs cheveux dorés. Quand elle eut fini, elle plongea la main à l'intérieur d'un arbre creux et il vit un manteau blanc qu'elle jeta sur ses épaules. A la place de la jeune femme il découvrit un sanglier. Il ne bougea pas.
Trois jours ainsi. Le 4ème, il plongea la main et prit la peau du sanglier. Au moment où il allait partir il entendit une voix de femme qui lui fit :


" Si tu prends la peau du sanglier, tu vas me condamner à errer dans la forêt et je ne pourrais plus retourner dans le pays d'où je viens. Mais si tu me la rends, je t'emmènerai avec moi."

Sans un mot il lui rendit la peau et elle la jeta sur ses épaules. Le sanglier détala et il suivit. Bientôt la forêt disparut. Soudain dans la brume il vit un palais, dans le palais onze jeunes femmes, à côté onze jeunes hommes. Il les reconnut aussitôt et eux aussi.

" Tu es le douzième, prends place ! On t'attendait."

La femme sanglier s'est mise à ses côtés et le soir elle le prit par la main. Ils se sont aimés pendant 3 jours et 3 nuits. Trois jours et trois nuits d'amour, d'oubli et d'éternité.
Au quatrième matin il se souvint de la promesse qu'il avait faite aux hommes : ramener la peau du sanglier. Il se pencha pour s'en saisir...elle comprit tout de suite. Elle ouvrit le coffre et posa la peau sur le lit en disant :

" Quand tu seras sur le dos de ton cheval, dans la forêt, dans le monde des hommes, si tu veux revenir ici, ne descends jamais du dos de ce cheval."

Lui s'est mis à rire, la prit par la taille et répondit :

" Ne te fais pas de soucis, je t'aime !!! "

Et quand il lança son cheval il se mit à chanter....cela faisait quelques heures qu'il galopait, il reconnaissait les champs et les chemins et alors qu'il cherchait le palais du roi, il découvrit une petite maison avec une vieille dame assise sur un banc.


" Vieille mère, sais-tu où est le palais du roi ?"

" Le palais du roi ? Mais de quel roi parles-tu ? Le seul palais qui reste ce sont ces ruines que tu vois là-bas."


Il vit alors du lierre et des ronces sur les ruines. La vieille lui demanda qui il était et d'où il venait. Il lui raconta.
Alors la vieille leva les bras au ciel et fit :

" Mon fils, tu as cru vivre 3 jours et 3 nuits, mais ici il y a des siècles et des siècles qui se sont écoulés dans le monde des humains. Ceux que tu as connu sont morts depuis longtemps !"

Il donna la peau de sanglier à la vieille et partit au galop retrouver la femme qu'il aimait. La forêt murmurait comme une bête blessée. Il pleuvait fort, les chemins étaient sombres et profonds, puis, il s'arrêta. Une charrette s'était embourbée dans une ornière et cette charrette était remplie de vieilles chausses usées. Le conducteur était descendu, tentant de dégager la roue. Il était enveloppé d'une grande cape et d'un grand chapeau noir. On ne voyait pas son visage.
Le jeune homme attendit puis à bout de patience cria :


" Laisse-moi passer on m'attend !"

L'autre ne leva même pas la tête et répondit :

" Si tu es pressé, descend de ton cheval pour m'aider."

Le jeune homme avait le sang vif des jeunes gens et...il sauta à bas de son cheval. Et au moment où il posa le pied à terre, il entendit un cri de l'autre côté du bassin et vit son amante courir vers lui...mais il était trop tard. Son pied avait heurté la terre.
Le conducteur s'est redressé et le jeune homme s'aperçut qu'entre le bord du chapeau et le bord du manteau il n'y avait rien, rien que l'ombre épaisse de la nuit ; et de cette ombre retentit une voix d'outre tombe :

" Est-ce que tu me reconnais ?"


Il chercha dans sa mémoire et secoua la tête négativement.


" Pourtant tu devrais savoir...je suis l'ange de la mort, l'ange de ta mort et il y a des siècles que je te cherche. Toutes ces chausses que tu vois dans la charrette ce sont les chaussures que j'ai usé à te rechercher. Enfin tu es là !"

La mort a ouvert son manteau noir et a jeté un pan sur l'épaule du jeune homme qui avait vécu 3 jours et 3 nuits d'extrême félicité. Aussitôt une poussière d'or et une poussière noire se dispersèrent aux quatre coins du temps.

Depuis ce jour on dit que les soirs de brume, on aperçoit un palais, et dans l'allée qui mène à ce palais il y a une jeune femme qui attend le retour d'un homme qui ne reviendra jamais...comme toutes les femmes qui attendent le retour de leur homme partit au loin, au large, pour toujours. Et cette femme était tellement belle que tous les jeunes gens qui l'auraient vu auraient plongé pour la retrouver...pour passer 3 jours, 3 nuits d'amour, d'oubli et d'éternité.


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