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[RP] A l'assaut de Jegun - Partie 2

Trann
Un instant mon corps n'est que douleur. Je sens la brulure de la chaine que l'on arrache, mais je n'ai même pas le courage de me rebeller en cet instant. Je me suis déjà fait roué de coups par le passé, je n'ai pas toujours gagné tous les combats que j'engageais.
Je me dis juste que c'est un mauvais moment à passer.
Ma vue est troublée, j'entends désormais une voix féminine s'adresser à moi, et pas vraiment besoin de chercher pour deviner que c'est la maitresse des lieux. La nouvelle gifle me fait dodeliner de la tête, même mes idées ne sont plus vraiment en place. J'essaie d'oublier un instant ou je suis, il me faudrait une pensée heureuse, mais je suis bien trop groggy. L'anneau est brandi devant moi. Ma seule possession de valeur, le seul rappel qu'autrefois j'eus une enfance heureuse. Mes paroles sont un peu hachés quand je reparle à nouveau, et je ne peux m’empêcher de jouer la provocation.


Il est à moi. C'est bien la seule chose qui soit sur moi qui m'appartienne. Tu peux récupérer tes babioles si tu veux, j'crois que je m'en passerai.

Quant à dire mon nom, elle peut toujours rêver, la blonde. Tiens, blonde ou brune ? Je plisse un peu les yeux. Blonde. J'en profite pour répondre aux menaces de torture.

Fais donc, fillette.

Les ongles ça repousse, ça, ça sera pas une perte.
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Cl0e
Raté. Il faudrait plus que du bluff pour faire cracher le morceau à ce morveux blond. Elle hésitait entre lui renfoncer la flèche dans la plaie à l'épaule, ou vraiment lui arracher l'ongle. Yeux plissés, elle attrapa une des mains du jeune, et pinça un des ongles, prête à l'arracher.

- Ton nom. Sur le champs. Crache le morceau, blondinet.
Et un peu que je vais les récupérer mes babioles. Jacquemont, fais-lui les poches !
Alors, ce nom, ça arrive ? Et puis tu viens d'où morveux ?


Qu'il continue de l'appeler fillette, et ce sera flèche dans la plaie ET ongles en moins ...
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Trann
Pendant que le garde commence à récupérer les effets que j'ai volé, la blonde continue ses menaces. Je ne la sens même pas capable de faire ce qu'elle me promet. De toute façon, soit je m'évanouis, soit je meurs vidé de mon propre sang dans cette affaire.
Vous me direz, un nom, c'est pas grand-chose, mais je n'ai pas bien envie d'être fiché dans la moitié des duchés français et impériaux. J'ignore d'ailleurs que Juliette a déjà craché le morceau, et si je l'avais su, probablement que je ne continuerai pas à provoquer la blonde.

Je ferme les yeux, et je commence à chanter. Une chanson d'enfance, celles dont on se rappelle le mieux quand toutes les chansons d'amor sont oubliées.


Qu'est-c' qui passe ici si tard
Compagnons de la Marjolaine,
Qu'est-ce qui passe ici si tard,
Gai, gai, dessus le quai ?


Je signe l'arrêt de mort de mes ongles.

C'est le chevalier du guet,
Compagnons de la Marjolaine,
C'est le chevalier du guet,
Gai, gai, dessus le quai


La pince s'empare de l'ongle du pouce, et je poursuis ma chanson.

Que demand' le chevalier
Compagnons de la Marjolaine,
Une fille à marier
Gai, gai, dessus le quai.


Pas le temps de finir la chanson que je hurle tandis que l'ongle est tiré avec violence. Mon esprit refuse de comprendre ce qui se passe.


Chanson : Compagnons de la Marjolaine.
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Cl0e
Non, décidément, le bluff, ça marche franchement pas. Ou alors elle s'y prend mal. Oui, c'est peut-être ça. Pourtant, son énervement était réel, et le pince tenait déjà l'ongle du pouce. Il lui fallait quoi de plus au blondinet ?
Une ... comptine ? Ah ouais. Original.


- Ton nom morveux ! Sinon à trois, je tire. Et arrête de chanter, tu m'énerves !

Ah non, il y tenait à sa Marjolaine.

- 1 ... 2 ... 3.

La blonde tire sur l'ongle, qui tient bien. Il faut qu'elle tire un peu plus fort pour le décrocher d'un millimètre. Mais elle était loin de penser que ça pisserait autant le sang. Alors, quand elle tire, que la peau du cuticule s'effiloche pour libérer l'ongle et dévoiler les chairs rosés qui rougissent aussitôt, la blonde manque de dégobiller.

- Oh purée.

La pince tombe au sol, pleine de sang, et pourtant, l'ongle tient encore, rattaché par quelques petits millimètres de peau gorgée de sang, à peine. A se demander comment il tenait encore d'ailleurs ...
La vache, elle aurait mieux fait de lui replanter la flèche dans l'épaule, il y aurait juste eu du sang, et ça aurait été moins immonde. Ou alors, elle aurait juste dû le claquer pendant qu'il chantait Marjolaine. Foutue Marjolaine. Mais ...


- Et comment tu connais cette comptine toi ?

La comtesse prend une grande inspiration, malgré l'odeur du sang qui lui chatouille les narines, et jette un chiffon au blondinet pour qu'il y enveloppe son pouce dégoulinant d'hémoglobine.
Cette comptine, ce n'était pas la première fois qu'elle l'entendait, et de l'entendre chanter ces paroles, lui rappelait ces après-midis passés avec son père dans la cabane dans l'arbre.
Sourcils froncés, elle regarde le blondinet. Cette comptine n'était pourtant pas si répandue, c'était bizarre qu'il se mette à la chanter.


- Parle !
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Trann
Ça me rend fou. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive, perdre toute conscience de moi lorsque la douleur submerge tout. Pensées, raison, il ne reste rien lorsque je sens la peau se tordre, se déchirer. Je hurle à plein poumons, pire qu'une femelle qui accouche.
J'ai presque envie de crier "grâce, grâce !", j'en suis tout proche, quand la pince tombe. Mon bras entier rugit de souffrance, c'est un tison chauffé à blanc qui irradie dans ma poitrine et mon cou. Les larmes ruissellent sur mes joues, je ne cherche même pas les retenir, j'en suis de toute façon incapable.
Un chiffon atterrit sur mes genoux, je comprend que finalement, mon ongle restera ou il est. Je n'ose même pas lever le bras, je ne veux plus croire qu'il fasse encore partie de mon corps tellement il me fait souffrir. Peut-être que je vais demander qu'on me coupe le bras pour oublier tout cela... Mes jambes flagellent, je me sens épuisé, à bout, une vraie loque. Machinalement, je reprends presque la chanson, hoquetant.

Y a pas... d'fille à marier,
Comp...agnons d'la Marjo...


La suite, je ne me rappelle même plus de la suite de la comptine. D'ailleurs la blonde recommence à m'interroger, ses mots parviennent péniblement à mon cerveau. Mes larmes se tarissent et pour la première fois je la regarde vraiment. Il y a quelque chose d'étrange à se regarder dans un miroir, sauf que j'ai pas l'air d'une fille en général, et là je me demande si je n'ai pas vraiment perdu la raison. Je rassemble ce qu'il me reste de forces.

Une comptine fillette... rien qu'une comptine... Pour dormir, rêver... mais c'était il y a longtemps... une autre vie... des enfants blonds dans les champs... longtemps.

Quelle importance une comptine dans une vie... Je ne fais plus de rêves depuis longtemps, exceptés ceux de gloire et de richesses qui m'animent. Je ne veux même plus penser au passé, je ne me rappelle plus leurs prénoms de toute façon.

J'me rappelle plus la suite... c'est quoi la suite ?
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Cl0e
Parler, chanter, il a plus l'air de trop faire la différence sous l'effet de la douleur, leur oiseau.
Mais il finit par retrouver ses esprits quand elle arrête, écœurée.


- Longtemps ? Des ... enfants blonds tu dis ?

Elle fronce encore plus les sourcils, comme si c'est possible, mais plus de colère. Elle observe le blondinet face à elle, et se fige quand il la regarde et lui demande la suite.

- La ... suite .... je ... je crois que ça fait quelque chose comme
On m'a dit ... qu'vous en aviez ...
Ceux ... qui l'ont dit s'sont trompés.
Oui, je crois que c'est ça. Mais, c'est quoi encore ce foutoir ?


Elle plonge son regard dans celui du blondinet et son souffle se coupe. Après la blondeur, la couleur des yeux ...
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