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[RP Semi-ouvert] Le voyage de la bourgeoise et du fennec

Cyric_le_noir
Ce RP retrace l'épopée de Cyric_le_noir et Xanthipremier, deux guyennois typiques. Il est ouvert à tous ceux qui croiseront Cyric_le_noir et Xanthipremier sur leur route et qui seront tentés d'écrire. Tous ceux qui ont connu l'un ou l'autre peuvent aussi participer par envoi de missives ou s'il sont sur les étapes du voyage. Il semble donc indispensable de voir et de baliser la localisation des personnages intervenants. Le voyage part de Dié pour aller à Agen, Cyric_le_noir et Xanthipremier décident donc des étapes du voyage.


[Dié - mercredi 13 Juillet 1459 - Petit matin]


Cyric avait passé une partie de la soirée à picoler en taverne avec sa chère amie Xanthipremier qu'il aimait appeler "Xanthi". Du haut de ses presque deux mètres, affublé d'une carrure athlétique et sèche, balafré et tatoué sur une large partie du corps, il ne donnait pas envie d'être côtoyé. Pour rendre le tableau encore plus désagréable, il avait eu l'oeil gauche crevé, ou plutôt, il se l'était crevé lui même en coupant du fromage un soir où il était trop bourré.

Ainsi, sa soirée s'était déroulée dans une taverne de Dié, soirée au cours de laquelle il avait rencontré deux morues du cru, femmes de petite vertu qui s’habillaient déshabillé et refusaient de se faire reluquer le popotin. Cyric et Xanthi s'étaient bien amusés à froisser de la bourgeoise et à se taper pintes sur pintes. Il fêtait ainsi ses retrouvailles avec Xanthi, son amie de toujours, celle qu'il avait connu à Agen. Cyric, au moment de reprendre le chemin de la Guyenne, se remémora son passé proche et pourtant si lointain, celui qui l'avait vu devenir maire d'Agen après une carrière de découvreur de talents chez une groupuscule d brigands dont l'évènement marquant fut le pillage de Saint Liziers en Armagnac. Cinq mandats, avec une moyenne de trois lettres d'insultes à ses administrés par mandat. Cela, dans l'unique but de faire revivre Agen la morte et stopper net tous les concours de crêpes et autres tracasseries du genre.

Ce matin là, il se réveilla au côté du bourrin de Xanthi, oui, l'odeur insoutenable qu'il trimballait avait eu pour conséquence qu'il s'était vu interdire l'accès de la chambre de sa pulpeuse amie. Il avait donc dormi dans la paille avec le canasson qu'il avait subtilement nommé "fistule". Il n'avait pas grand chose à prendre puisqu'il n'avait aucune attache pour ce village de pécores. L'ambiance était si morne qu'il avait l'impression de revivre les huit mois précédents, ceux qu'il avait passé dans un monastère.

En se réveillant, son premier geste fut d'aller passer un peu d'eau sur son visage, ainsi, il se dirigea vers l'abreuvoir et y plongea la tête. Son deuxième geste fit pour la bouteille d'eau de vie qu'il avait rapiné de la taverne. Il la serra contre lui, la déboucha du pouce et s'en enfila une énorme rasade histoire d'améliorer son haleine de chacal. Enfin, il se décida à sortir du box dans lequel il était enfermé depuis la veille, étendant ses bras pour s'étirer et baillant au corneille dans un son guttural et bien appuyé. Il se frotta les yeux et regarda autour de lui, il leva les yeux au ciel pour observer le temps qu'il allait faire.


-"Arf... nuageux... lourd... c'est pas ce soir que je sentirais meilleur... Xanthi appréciera la route..."

Il attendit ainsi son amie, celle qui avait fait l'aller depuis Agen pour venir le sauver des eaux, l'extirper de la torpeur d'un village au bord de l'apoplexie. Il était impatient de partir, et surtout impatient de pouvoir abuser de sa place derrière elle sur le cheval pour la tripoter allègrement...
_________________
Xanthipremier
[Dié – 13 juillet au petit matin]

La jeune femme s’étirait dans son lit. Elle appréciait ce moment entre chien et loup où les bruits et la lumière changeaient.

Elle repensait à ce jour de début juillet, quand un vieux pigeon malade déposa le pli d’un revenant sur le bord de la fenêtre. Elle avait lu la missive une fois, dix fois. Le doute de la première lecture avait vite disparu. Elle prit une plume et écrivit :


« Cher Cyric,
Ne bouge pas, j’arrive.
Ton amie Xanthi »


Elle prit seule la route sur son genet d’Espagne, une jument solide et docile.
Si elle était toujours aussi petite, à peine 1m 40, le corps de la gamine avait fait place à celui d’une femme qui avait guerroyé et voyagé.
7 jours plus tard, elle avait trouvé un village encore plus vide qu’Agen – c’est tout dire. Le sieur Mirandor, maire de Dié l’avait accueillie et lui avait indiqué une auberge où elle pourrait se rafraîchir.
Et là elle avait retrouvé son ami, son lapin. Derrière le géant, brute pocharde et inculte, se cachait un homme de valeur pour qui prenait le temps de l’apprivoiser. Elle s’était jetée à son cou, ravie de le retrouver. Sentant le cheval, l’odeur de Cyric ne l’avait point incommodée. Il avait beaucoup maigri, était borgne mais restait le même.
Elle avait rit de bonheur à le retrouver. Ils s’étaient moqués d’une grue courte vêtue qui ne voulait pas que l’on regarde ses cuisses. Elle avait vu les œillades de son compagnon. Pas de doute, si les moines l’avaient soigné, ils ne l’avaient point soulagé de ses envies de gueuses.

Elle avait prit une chambre, un bon bain et s’était endormie, ravie de reprendre la route pour Agen, laissant son ami dormir avec sa monture.


Toc toc toc

La porte s’ouvre, une jeune servante passe la tête :

B’jour Damz’elle, Com’ z’avez v'lu j’suis là pour vous coiffer. J’a apporté aussi d’ quoi manger.

Bonjour, merci. Peux-tu me faire une tresse serrée très fort, s'il te plait ?

Xanthi lui sourit, se lève et la laisse démêler, brosser et natter ses longs cheveux noirs. Elle mange le pain et le fromage de chèvre.
Puis elle s’habille, prend ses sacoches de voyage, donne quelques piécettes à la servante, paye son séjour et se dirige vers l’écurie.


Cyric ! Cyric !

Elle avait hâte de repartir. Elle posa les sacoches et entreprit de seller sa jument.
Cyric_le_noir
[Dié - mercredi 13 Juillet 1459 - Petit matin]

Alors qu'il profitait de ce lever de temps pourri, Cyric entendit son nom prononcé par une voix qu'il connaissait bien. Il vit, en se retournant, arriver Xanthi toute fraîche et toute pimpante, la coiffe apprêtée et la robe au vent. Lui, vêtu d'une chemise jaune ternie par l'usage et le manque de lavages, arnaché de braies noires légèrement éraflées aux genoux et de bottes noirs du plus bel effet, ressemblait à s'y méprendre à un clodo. Ce n'est que lorsque l'on s'approchait qu'on pouvait voir que ses frusques étaient de bonne facture,mais excessivement sales.

L'arrivée de son amie lui rendit le sourire, il la regarda passer devant lui et huma son odeur qui l'émoustilla légèrement. Il renifla le dessous de ses bras qui sentaient réellement mauvais et ne put cacher une sorte de fierté à marquer son territoire à plusieurs pieds à la ronde. Il ne put s'empêcher d'avouer :


-"Ouais, dis-donc, je croyais qu'on partait avant midi, moi ? Si môdame prend son temps pour se faire coiffer, on est pas sortis du sable..."

Cyric pointa l'abreuvoir du doigt et lui fit comprendre qu'il s'agissait de l'endroit qui lui avait permis de faire sa toilette. Puis, en souriant, il montra la brosse du cheval en ajoutant :


-"Je m'suis coiffé avec ça moi... pas eu l'temps ni l'pognon de faire venir un trou d'balle ! D'ailleurs, ce soir, en rase campagne, faudra que tu t'occupes de mes ch'veux..."


La carcasse aida Xanthi à installer la selle de la jument. Il reluqua les formes de la petite Xanthi au passage mais n'eut pas l'outrecuidance d'y poser ses mains, de peur de tâcher la houppelande de la belle. Il se recula pour la laisser faire les finitions tout en l'observant avec insistance. Il lui lança :

-"Tu sais quoi ma biquette ? Ben franchement, ça me manquait tout ça, l'aventure... les tavernes... la picole..."

Puis, il détourna le regard quelques instants et, tourné vers l'horizon, il ajouta :

-"Et toi... tu sais, t'es la personne qui m'a le plus manqué. Les autres, j'me souviens vaguement de leurs noms, et même pas de leurs visages... mais toi, chaque détail. Enfin, je trouve que t'as pris des seins quand même, mais c'est pas pour me déplaire."

Le géant stoppa net les effluves douceâtres qui émanaient de son cerveau et se concentra à nouveau. Il s'approcha de Xanthi et la saisit par la taille pour la poser sur le canasson. Il la leva tel un brin de paille et lui fit un sourire. Il détacha le cheval et tendit les rennes à la belle...

-"Allez, on file, direction la campagne. Je monterais la tente pour que tu dormes pas à la belle étoile et moi, j'dormirais dans un arbre plus loin pour pas t'importuner avec mes odeurs de pieds..."

L'homme sauta sur le canasson et se colla aux miches de Xanthi. L'image devait être coquasse à regarder de loin, une grande carcasse derrière un petit bout de bourgeoisie, le tout sur un bourrin qui devait à peine parvenir à galoper avec tout ça sur son dos...
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Xanthipremier
[Dié - mercredi 13 Juillet 1459 - Petit matin]

Elle regarde son ami, hirsute, sale et fripé. Pourtant, elle lui sourit tendrement.
Elle a un nouveau but. Elle qui tournait en rond à Agen, se sent revivre.


Toi aussi mon lapin, comment aurai-je pu t’oublier ?

Elle remarque son regard sur sa poitrine, bombe le torse fièrement et ajoute la voix ferme :

Je suis une femme maintenant, mais si tu t’avises de quoi que ce soit je te fous une mandale.
Tu sais que tu m’as jamais fait peur, n’est-ce pas ?


Elle lui sourit malicieusement, c’est qu’elle aime bien ce barbare.
Elle pince le nez quand il la porte et la met en selle.
Elle pourrait même l’aimer plus s’il se lavait plus souvent.


Cyric_le_noir a écrit:
-"Allez, on file, direction la campagne. Je monterais la tente pour que tu dormes pas à la belle étoile et moi, j'dormirais dans un arbre plus loin pour pas t'importuner avec mes odeurs de pieds..."


Elle prend les rênes et attend qu’il monte à son tour pour éperonner sa jument qui se met au petit trot.

Elle rit et répond :

Sais-tu nager cher Cyric ?
Cyric_le_noir
[Quelque part entre Dié et Alais - Jeudi 14 Juillet - dans la journée]

Secoué par les sauts de l'animal, meurtri dans la chair de ses fesses charnues, Cyric sentait que le voyage allait être long. Heureusement, il avait Xanthipremier entre ses mains et ça, pour rien au monde, il ne le remplacerait. C'était fort agréable pour lui d'être derrière elle puisqu'il pouvait à loisir en profiter pour la tripoter, passer ses mains discrètement sur ses hanches.

Il fut surpris par la question de Xanthiprmier mais tenta d'y répondre avec le vent qui lui soufflait dans la tronche :


-"Nager ? Moi ? Non... pourquoi ? Tu comptes me balancer dans un lac ?"

Sept longues heures de galop avec quelques passages à pied pour laisser reposer le canasson. Xanthi avait tapé dans le classieux avec cette jument, lui aurait plutôt pris dans le fonctionnel, un bon gros cheval de trait qui tire les carrioles des paysans, plus robuste.

Rien ne vint entacher leur progression, pas une embuscade, pas un brigand, à croire que les routes du royaume étaient devenues sûres. Cyric se demandait même s'il n'allait pas lui-même tenter de racketter Xanthipremier pour mettre un peu d'animation. Il est vrai qu'il y en avait, mais ce n'était pas ce à quoi il s'attendait. Il aurait bien tenté un ou deux trucs avec Xanthi mais il savait qu'avec l'odeur nauséeuse qu'il se trimballait, il allait finir dans un fossé avec le corps tout brisé des conséquences de la chute de cheval. Au fur et à mesure qu'ils chevauchaient au vent et au gré de la route, il posait de nombreuses question à Xanthi :


-"Hé, pourquoi tu m'as jamais dit que tu m'appréciait tant avant ? Hein ?"

Sourire...


-"Tu te souviens de la catin avec qui je trainais là... Victory ? Pourquoi tu m'avais rien dit ? J'aurais pas fait le con avec elle moi..."


Grimace...


-"Et sinon, est-ce qu'il reste quelques souvenirs de moi à Agen, hormis dans ta caboche ?"

Un millier de questions plus tard, les deux aventuriers décidèrent, à l'initiative de Xanthipremier, de stopper en pleine nature pour passer la nuit. Cyric descendit du cheval et ne laissa pas le temps à sa petite compagnonne de faire le moindre geste qu'il la saisit à nouveau par la taille, la souleva pour la déposer par terre. Il la regarda avec un sourire puis lui proposa :


-"Bon, pas de feu... ça va attirer les bestioles et j'aime pas ça... surtout les moustiques et les araignées, j'ai horreur de ça et ça me fout les jetons. Toi, tu t'occupes de la bouffe, je vais monter la tente..."

Cyric esquissa un sourire en se retournant et en pensant à la chasse qu'il allait se prendre d'avoir intimé l'ordre de faire la popote à Xanthi. Il monta donc la tente en pestant à chaque fois qu'il essayait un truc. Il était pourtant assez doué pour les choses manuelles mais là, rien n'y faisait, il avait du mal. Au bout d'une bonne heure d'insultes lancées à la cantonade, il parvint enfin à ce que la tente tienne toute seule. En souriant l'air énervé d'avoir du lutter si longtemps il rétorqua :

-"Dis-donc, qui c'est qui t'as vendu un matériel aussi foireux ? Jamais mit autant de temps à monter la tente moi..."

Cyric retint un rire en pensant à ce qu'il venait de dire et au double sens que cela portait. C'était tout lui ça, vicieux au point de rire tout seul de ses blagues salaces. IL regarda Xnathi avec l'oeil brillant et ajouta :

"-Dis... j'ai peur la nuit en forêt... tu m'feras un câlin ?"

Il la suppliait du regard mais savait qu'il n'avait que peu de chances d'obtenir un quelconque résultat avec la puanteur qu'il trimballait. Il proposa donc :

"-J'ai vu un ruisseau là... si j'me lave, tu m'en feras un, dis ? J'vais quand même pas dormir dans un arbre, si ? Si jamais il pleut, je vais être trempé pendant que toi, tu seras bien au sec...t'y penses ? Hein ?"
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Xanthipremier
[Quelque part entre Dié et Alais - Jeudi 14 Juillet - dans la journée]


Xanthi souriait, elle imaginait son ami aux anges, à se faire des idées, parce qu’il pouvait se tenir à ses hanches sans qu’elle ne dise rien. Elle laissait faire, elle saurait se défendre s’il le fallait.

Te jeter dans un lac ?
Elle rit de plus belle et répond hoquetant
Oui, si tes mains s’égarent plus qu’à l’instant.

Elle appréciait la chevauchée. Sa monture était parfaite pour les voyages qu’elle entreprenait depuis deux ans maintenant. Ils ne croisèrent âme qui vive, même pas un lapin qu’ils auraient pu croquer, où un brigand pour se défouler.
Cyric parlait elle écoutait, répondait parfois.


Eh bien Vic était une gentille fille et puis elle était si belle….

Elle met sa jument au pas, se rappelle du concours de la reyne de Guyenne auquel elle avait participé et de Simon, de leur seul et unique voyage au bout du monde qui avait vu sa mort, la laissant seule, désespérée. Elle se secoue, remet sa jument au trot et reprend le fil de la conversation.

Et si des gens se souviennent de toi ! Mais bien sûr ! Tu as remis Agen à flots. Robin, Mael, Horobi, Night, Drykern qui a été duc …. Tous se souviennent de toi.

En fin d’après midi, elle trouve une clairière et décide qu'ils dormiront là. Ils ne sont pas trop loin de la route, l'endroit est bien herbeux il fera bon y dormir et nourrir sa jument.

Pas de feu ! Ca me va.
Faire la cuisine ?


Elle se retient de rire aux éclats. Décidément ce séjour chez les moines lui a fait perdre la mémoire. A-t-il oublié qu’elle ne sait rien faire de ses dix doigts ? Elle le regarde planter une tente qu’il a pris dans ses fontes et qu’elle n’utilise jamais, préférant se rouler dans une bonne couverture de laine et dormir à la belle étoile.

Tu ne peux avoir peur lapin, il n’y a personne et ce n’est pas un grand duc ou une hulotte qui va te faire peur. T’auras qu’à coller ton dos au mien.

Elle retire la selle de son genet et la laisse brouter. Elle prend dans l’autre besace une belle miche de pain, du lard et un fromage de chèvre. Elle a aussi une bouteille de vin léger qu’elle pose sur sa couverture. Il fait chaud, elle aimerait se rafraîchir un peu.


Un ruisseau, tu as vu un ruisseau ! Que ne le disais-tu !

Elle s’assoit retire ses bottes, ses bas, sa houppelande. La voilà en braies et chemise qui fouille dans la besace, en sort un savon d’alep et un linge.
Elle lui attrape le bras, le tire d’un côté de l’autre en demandant :


C’est où ? C’est par là ou par là ? Où ?
Cyric_le_noir
[Quelque part entre Dié et Alais - Jeudi 14 Juillet - début de soirée]

Cyric voit la petite damoiselle l'attirer par le bras en demandant avec insistance, de façon presque comique, où se situait le lac. L'homme fini par se résigner et sait que s'il ne veut pas passer la nuit dans la froideur d'un été pourri, il va devoir faire cet effort. Qui plus est, la carcasse avait envie de lui faire plaisir mais, pour la forme, continuait à faire sa mauvaise tête. IL l'emmena donc vers le ruisseau. Pour ne pas avoir l'air d'une donzelle, il retira ses bottes, braies, sa chemise, dévoilant son torse musclé et tatoué, et plongea dans la flotte avec ses bas comme seul cache misère.

-"Whouuuu... la vaaâââaaaache... elle est froide...put*ain...."

En voyant ce grand steak rétracter ses bras et se recroqueviller ainsi, presque ridicule, on pouvait penser qu'en dessous de son apparence virile et brute de décoffrage, se cachait une tantine. Il n'en était rien et certains en avaient fait l'amère expérience. Cet homme, plutôt sédentaire n'avait fait que deux voyages dans son existence, le premier pour aller coller son pied au cul de Sancte le réformé en lice à Montauban, et le second, pour retrouver une catin dans un coin de la Guyenne. C'était là seulement son troisième voyage et des trois, c'était déjà celui qu'il préférait... peut-être en raison de la personne qui l'accompagnait. Alors qu'il s'était perdu dans le fil de ses pensées, le regard dans le vague, Xanthi lui tendit un savon qu'il prit pour un morceau de bouffe. En le reniflant, il senti vaguement l'odeur d'huile d'olive et croqua dedans avant de recracher vigoureusement le tout...

-"Pouahhh mais c'est crados ! Ça se bouffe ça ?"


Le gaillard s'aperçut qu'il était passé pour un vrai pécore, montrant là son manque d'habitude pour l'hygiène corporelle. Il se dit qu'avec Xanthi, cela allait forcément changer, en tous cas, pour le voyage puisqu'elle semblait à cheval sur ce principe. Après s'être violemment fait savonner sans toutefois toucher aux limites de la bienséance, Cyric fut...propre. Le genre de truc à marquer d'une pierre blanche, l'évènement qui mérite qu'on le fête tous les ans pour commémorer cet acte de bravoure. Lui qui avait plutôt une hygiène correcte en Guyenne, s'était transformé en vrai merdier au contact des moines. Le reste de la nuit ne fut pas moins inquiétant pour lui puisqu'il n'aimait pas dormir à la belle étoile, trop inquiet des bruits de la forêt, des piqûres d'insectes et, éventuellement, des morsures de serpents. Ainsi, il s'enroula aux côtés de Xanthi, dos à dos, dans la petite tente étroite d’où ses pieds dépassaient allègrement. Pendant son sommeil, presque inconsciemment, il se tourna pour se blottir contre elle et lui ronfler dans le cou...

[Quelque part entre Dié et Alais - Vendredi 15 Juillet - A l'aube]

Au petit matin, Cyric fut réveillé par ce qu'il cru être le cri d'une belette...il n'en était rien, c'était Xanthi qui le sommait de bouger son gros derche parce que la route était encore longue. Ni une, ni deux, le grand costaud se mit sur ses pattes et, avec quelques menues difficultés, déambula jusqu'au ruisseau pour y tremper son museau afin de reprendre vie. L’œil rempli de sommeil, il retourna auprès de Xanthi et lui fit un sourire.

-"Salut biquette..."

C'était sur un ton jovial et sincère qu'il avait prononcé ces quelques mots. Il la regarda avec l'air hagard mais tenta de mettre dans ce regard, toute la tendresse qu'il avait pour elle. Voir cette petite femme s'affairer ainsi lui procurait une sensation étrange qu'il chassa pour la remplacer par une pensée fugace mais insistante qu'il lâcha à pleine voix :

-"Qu'est-ce qu'on bouffe ? J'ai les crocs..."

Oui, un gros tas de viande comme lui, fallait se le farcir ou se l'encadrer en peinture, et niveau becquetance, c'était pas un cadeau. Il ingurgitait plus que de raison, même si depuis quelques semaines, il ne mangeait qu'un jour sur deux, voire un jour sur trois parfois. Cela se voyait à son allure un peu maigrichonne, il était sec comme un saucisson cévenol le bougre. Pas trace du moindre bourrelet, pas l'once d'un peu de gras, ni même une poignée d'amour, rien, c'était la sècheresse, un désert incarné. Il est vrai qu'à plusieurs reprises, il s'était retrouvé avec la tête qui tournait le matin et une furieuse envie de grailler, mais son dénuement financier l'empêchait de se nourrir convenablement. Ainsi, la bouffe prenait une place prépondérante dans sa vie actuelle et voyager aux côtés de sa bourgeoise favorite était aussi un avantage en la matière... il aurait toujours un peu de nourriture à se mettre sous la dent.

Après un frugal petit déjeuner, fait de quelques graines et de fruits secs, plus une miche de pain et un oiseau cru qui passait par là, le couple se remit en scelle. Même manège que la veille, Cyric portant Xanthi de ses bras pour la poser avec délicatesse sur la jument. Cyric montant à l'arrière et s'accrochant à la taille de sa petite brune tout en tentant parfois quelques avancées de ses doigts sans toutefois s'éterniser pour ne pas s'en prendre une bonne. Le voyage dura toute la journée, au chaos des chemin sablonneux s'en suivait celui des routes pavées que Cyric détestait plus que tout. Si ça n'avait tenu qu'à lui...


-"Je te les raserais moi ces routes pavées... on se tape le cul à s'en faire péter les veines et en plus... c'est moche"

Le voyage fut long, extrêmement long pour un homme qui, comme lui, n'en avait pas l'habitude. Il ne cessait de questionner Xanthipremier, peut-être même un peu plus que de raison, juste pour l'enquiquiner. Toutes les demi-heures, il se fendait d'une même et sempiternelle question :

-"C'est encore loin ? J'ai mal aux fesses..."

Enfin... à la tombée de la nuit... l'ombre d'une muraille et la vue d'un clocher indiquaient l'arrivé imminente à Alais. Cyric ne connaissait pas ce bourg mais avait entendu parler de sa légendaire tranquilité. Selon la rumeur, Alais était l'un des villages les plus mornes du Royaume de France, on disait même qu'il y avait plus de stèle dans le cimetière que d'habitants. Le premier geste de Cyric après être descendu du canasson, fut pour Xanthi qu'il déposa au sol. Sa première parole fut celle-ci :

-"On va s'trouver une p'tite taverne et s'en j'ter un, qu'est-ce t'en penses ? Hein ? J'ai pas raison ? Allez, suis-moi..."
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Xanthipremier
[Quelque part entre Dié et Alais - Jeudi 14 Juillet - début de soirée]

Enfin il la conduisit au petit ruisseau.
Il grogna, se déshabilla et plongea nu dans l’eau avant qu’elle n’ait le temps de lui dire quoi que ce soit.
Gardant sa chemise et ses braies, elle entra à son tour dans l’eau fraiche, s’approcha de l‘homme recroquevillé se tenant les genoux et tendit le savon à son ami qui le mordit à pleine dents.

Mais cesse donc grand dadais, c’est un savon. Remarque tu peux en profiter pour te frotter les dents. Elle se met face à lui et se frotte les dents avec son index :
Chu vois, comm’ cha, chu frott’

Elle le regarde, retire son doigt et lui sourit en reprenant le savon et passe derrière lui. Elle observe cet homme qui a bien changé. Elle savonne les cheveux, le dos osseux, le torse en passant les bras de chaque côté de son cou. Ses doigts frottent et lavent et rincent le grand corps décharné.
Elle se souvenait du bel homme musclé qu’elle avait trouvé blessé et qui avait failli l’étouffer en tombant sur elle alors qu’elle le sortait du fossé. Malhault l’avait soigné et il était parti rejoindre la belle reyne de Guyenne, la laissant seule à Agen.

Lave-toi partout Lapin, les femmes aiment les hommes propres. Tu vas les attirer comme les mouches.

Elle sourit et part laver leurs vêtements. Ce ne fut pas une mince affaire. Elle eut le temps de se laver aussi et profitant qu’il ne la regardait pas sortir de l’eau, elle retira ses vêtements et s’enveloppa dans un grand linge. Elle avait l’habitude de ses bains et n’oubliait plus rien.
Elle étendit les braies et les chemises sur des branches basses et lui dit :


Tu es tout beau tout propre, voici un drap pour t’essuyer.

Ils se couchèrent dos à dos sous la tente qui était bien étroite. S’il pouvait l’oublier au matin …
Elle sentit à peine quand il la prit dans ses bras lui ronflant dans le cou.



[Quelque part entre Dié et Alais - Vendredi 15 Juillet - A l'aube]


Comme à son habitude, elle ouvre un œil au premier changement de lumière. Elle apprécie la chaleur de son ami, mais une envie pressante la prenant, elle se glisse d’entre ses bras et s’en va chercher un coin tranquille, repasse au ruisseau et récupère les braies et les chemises encore un peu humides qu’elle pose sur le dos de « fistule » comme il dit.
Il reste une grosse miche de pain et des oignons à croquer. Il est temps de partir, elle secoue son ami et dit :


Cyric ! Lapin il est temps ! La route est encore longue mais ce soir je te promets un lit.
Allez oust, on part.


Elle lui jette ses vêtements, elle est fin prête, la jument aussi. Elle attend avec plaisir comme l’enfant qui n’est pas loin en elle qu'il la soulève et la pose doucement sur l’animal.
Et ils reprirent la route au petit trot.
A chaque fois qu’il demandait
« c’est encore loin ? » elle essayait de parler de tout et de rien.

Tu vas voir, la Lozère, c’est le pays des sources, un très beau pays.
C’est comme un cœur.
Nous allons traverser le sud-est : les Cévennes demain, au sud-ouest il y a le Causse, au nord-est c’est La Margeride et au nord-ouest tu as l’Aubrac.


Elle fait de grand geste indiquant le nord, le sud, l'est, l'ouest. Elle sourit ils vont suivre le Lot et pourront se baigner chaque jour.

Sais-tu que j’ai un bateau ? Enfin il n’est pas vraiment mien, parce que je n’aime pas la façon dont je l’ai acquis. Je vais le rebaptiser et je le donnerai à la mairie d’Agen.

Elle lui raconta donc son aventure, comment Vald et Archi lui avait demandé de prendre possession du bâtiment abandonné, alors qu’elle n’y connaissait rien en navigation, comment elle s’était retrouvée coincée deux jours à bord sans boire et sans manger et que ses amis Robin et mère Horobi avaient proposé leur aide pour arraisonner le dit navire.

Ils arrivèrent au contrefort des Cévennes et bientôt en vue de Alais quand il dit
:

"C'est encore loin ? J'ai mal aux fesses..."

Pour tes fesses, je te promets un bon lit de plumes.

Ils arrivèrent enfin et elle apprécia réellement qu’il la dépose au sol, elle était fatiguée, la journée avait été longue.

Oui, et un bon repas comme ceux que te préparera Mahault.

Elle s’arrête, lui fait face.
Pourquoi suis-je si petite ? Comme j'aimerais être plus grande, plus gironde, plus femme. pense-t-elle un instant.


Parce que j’ai décidé que tu allais vivre chez moi. Il reste des chambres au grenier et Mahault sera heureuse d’avoir un homme à la maison quand je pars sur les routes.

Elle le regarde, le détaille et explique :
Tu es tout maigre, tu n’es plus le beau gros rond tout rond lapin que je connaissais. Il faut te remplumer.
Elle sourit, ajoute :
Oui oui. Et Mahault, elle sait faire.

Ils trouvent une taverne avec une écurie où ils laissent la jument au soin d’un gamin à qui elle promet belle piécette s’il s’en occupe très bien. Ils entrent dans la taverne et s’installent. Elle commande trois menus et un pichet de vin frais.
Elle fatigue, elle lui dit :


Viens allons dormir.
Cyric_le_noir
[Auberge de standing - Alais - Vendredi 15 Juillet en soirée]


Cyric, dont la journée de voyage n'avait pas été de tout repos, avait bien mérité une petite virée en taverne avant de trouver une auberge ou plutôt, une maison de passe puisque la quasi-totalité des villages du sud appelaient couramment leurs four à tapineuses, des "auberges". Xanthi fit apporter trois menus, soit trois miches de pain et trois sacs de maïs sec, de quoi ne pas ravir du tout son grand acolyte, la seule chose qui lui avait arraché un sourire était la commande de trois pichets de vin. Pendant ce temps, il repensait aux paroles de la petite beauté à laquelle il collait le train depuis longtemps. En la regardant lui servir un godet, il lui balança :

-"T'étais sérieuses tout à l'heure ? Tu veux vraiment que j'habite chez toi ?"

Cette idée n'avait pas traversé son esprit un seul instant. A vrai dire il s'était imaginé devenir une sorte de vagabond errant à Agen, vivant de l'amitié des siens et dormant à droite ou à gauche, voire dans une auberge en échange de menus services. L'idée de Xanthi lui plaisait et il ne s'en cacha pas.

-"Bon, j'veux bien mais pas question que je dorme au grenier... et encore moins que je fasse des trucs avec ta Mahault là..."

Cyric esquissa un grand sourire et plissa l'oeil droit en jetant un vieux regard à Xanthi. Il croqua dans le pain et avala son verre de vin cul-sec avant de se resservir. La soirée, il la passa à manger son pain, boire son vin et palabrer avec cette douce petite femme qui lui faisait un effet des plus étranges chaque jour qu'il passait à la côtoyer. Xanthi était son amie, presque de toujours, l'une de celle qu'il avait apprécié dès le départ, futée, jolie, amusante, pleine de répartie, n'ayant pas peur de coller quelques bourre pifs à l'occasion. Mais depuis qu'il l'avait retrouvé, un nouveau sentiment était né en lui, il ne parvenait pas à mettre de mots sur ce sentiment car il l'expérimentait pour la première fois. Après tout, avec la vie de déjanté qu'il avait connu, il n'avait pas eu le temps de travailler la question sentimentale. Une fois, il s'était encanaillé avec une belle blonde mais il ne l'avait pas vraiment aimé, tout au plus avait-il agi avec orgueil lorsqu'elle était partie, pour ne pas passer pour celui qu'on abandonnait. Là, il ne savait plus trop quoi penser. Lorsqu'elle lui proposa d'aller se pieuter, le grand garçon n'hésita pas une seule seconde, surtout qu'il était propre et qu'il allait dormir à ses côtés une fois encore. Il reluqua les formes de Xanthi au passage, tout en la suivant.

Tous deux allèrent dans leur chambre ou un grand lit les attendait. Cyric savait qu'il n'avait pas trop intérêt à faire le malin s'il voulait partager un bout de matelas alors, il resta silencieux à observer simplement Xanthi s'affairer dans la pénombre. Il ôta sa chemise et ses bottes, fit tomber son falsard et s'allongea du côté droit du lit en déclarant unanimement :


-"M'en fous, j'dors à droite, si t'es pas jouasse, c'est pareil. Et colle pas tes pieds froids sur les miens pendant la nuit, hein ?"

En réalité, le grand gaillard aurait bien aimé qu'elle lui "colle ses pieds froids contre les siens". Oui, sous ses dehors bourrus se cachaient un cœur de tantine, et Cyric aimait faire plaisir à "sa petite biquette" comme il l'avait surnommé. Bon c'est certain, une fois arrivé à Agen, il allait devoir remettre les pendules à l'heure avec un certain nombre de personnes histoire qu'on n'oublie pas que c'était lui le Roi du patelin. Qu'un de ses successeurs ait été Duc ou pas, il s'en carrait l'oignon avec de la ciboulette. Il n'était pas question qu'on puisse le prendre pour un pied tendre. Une fois encore, il s’endormit dos à dos avec Xanthi, sentant sa chaleur contre lui ce qui l'aida à trouver rapidement le sommeil, ça plus les deux carafes et demi de pinard qu'il s'était envoyé. Une fois encore, pendant la nuit, il se tourna inconsciemment et passa son grand bras autour de Xanthipremier tout en fourrant son nez dans son cou, ronflant d'autant plus en raison des vapeurs enivrantes de l'alcool qu'il avait bu.


[Auberge de standing - Alais - Samedi 16 Juillet au petit matin]


Des aboiements, voilà ce qu'entendit Cyric en premier. Il ouvrit son seul œil et sursauta. Il releva son torse toutes dents dehors se croyant attaqué mais il n'en était rien, c'était seulement Xanthi qui lui avait balancé son futal en travers de la tronche et qui l'avait réveillé en beuglant qu'il était super tard et qu'il allait pas rester à faire la grasse matinée alors qu'ils avaient sept heures de route jusqu'à Mende. Le grand gaillard s'habilla et se mit une ou deux claques dans la figure histoire de réanimer son intellect encore embrouillé d'alcool et de sommeil. Il se dirigea vers elle et, presque machinalement, allait lui coller un baiser avant de réagir et de stopper net. Cyric était en suspend, avec un air con, devant elle, lèvres tendues. Il chercha dans son étroit cerveau un moyen de se sortir de cette misère et aboya un truc du genre :

-" J'ai pas un... une.. boule là ? regarde, j'ai mal..."

Cyric pointa du doigt le dessous de son menton en approchant encore un peu son visage de celui de Xanthi et espéra ne pas s'en prendre une grande. Même s'il en avait l'habitude de la part de cette petite furie qu'il aimait décidément de plus en plus, il n'était pas fan de cette pratique.

Un peu plus tard, arrivé aux écuries, il fit, une fois encore, un joli porté, pour faire monter Xanthi sur la jument, porté qui, si cela avait été une sorte de compétition royale, aurait probablement été très bien noté. Il grimpa derrière elle et tous deux bravèrent la chaleur de l'été au galop.



[Sur les routes entre Alais et Mende - Samedi 16 Juillet dans la journée]


Le voyage commençait à lui peser, en effet, Cyric sortait tout de même de plusieurs mois de glandouille savamment organisée, dans un monastère de moines aux pratiques plus que douteuse qui avaient maintes fois essayé de le pervertir et de lui faire subir tout un tas de trucs auquel il s'était toujours farouchement opposé. Ainsi, chevaucher chaque jour pendant de longues heures, se lever aux aurores, prendre des bains, faire de l'exercice, le tout sans manger à sa faim, lui devenait pénible. Il allait devoir reprendre des forces et Xanthi l'avait bien senti. Il ne se reconnaissait plus lui-même d'ailleurs, à sa grande barbe, il avait préféré une petite barbe de trois jours par flemme du rasage, ses muscles s'étaient pas atrophiés mais avaient fortement diminués, son visage s'était creusé et ses cheveux avait raccourcis de moitié. S'il n'avait plus son air hirsute, il gardait néanmoins un aspect franchement patibulaire. A mesure qu'ils chevauchaient vers la Lozère, Cyric repensa aux derniers évènements. Il s'imagina un peu, alors qu'il la suivait presque au pas près depuis plusieurs jours, comme un petit chien-chien à sa mémère. Une pensée l'assaillit et il questionna Xanthi :

-"Dis... t'avais pas un chien avant toi ?"
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Xanthipremier
[Auberge de standing - Alais - Vendredi 15 Juillet en soirée]


-"T'étais sérieuses tout à l'heure ? … /…. je fasse des trucs avec ta Mahault là..."

Elle a vu dans l’œil noir qui la fixe, tout mélangé, de l’incrédulité, de l’anxiété, de l’enthousiasme. Xanthi plonge ses prunelles vertes dans l’œil toujours fixe :

Oui, oui, tu dors dans une chambre du grenier et non.

Un grand sourire éclaire son visage. Elle lui parle de l’escalier extérieur, de la totale liberté de ses allers et venues puis l’air sévère elle prévient :


Pas de gueuses sous mon toit, compris ?

Il hoche la tête bougonne mais elle n’en a cure. La gamine le menait déjà par le bout du nez, la femme en elle n’en a encore conscience.
Elle a presque bourse vide. Elle aurait aimé lui faire manger un beau civet de lièvre, mais vit qu’il mangea le pain et croqua le maïs avec appétit et appréciait toujours autant un bon pichet. Ils parlèrent de tout et de rien. Elle lui promit une surprise s’il était sage. Elle riait de le traiter comme un enfant, elle qui n’en voulait point.

Elle sentit son regard en montant l’escalier, elle le surprit même à la reluquer. Oui, Cyric le Noir lui mater les fesses.
Leur chambre était propette, le grand lit accueillant. Elle posa ses fontes sur une chaise, en retira une fine chemise de baptiste. Elle soufflait la bougie quand il la prévint qu’il dormait à droite, grand bien lui fasse, qu’elle ne devait pas coller ses pieds froids sur les siens.

Huuuuuuuuuuuuu
Là elle retint avec difficulté un éclat de rire. Elle dormait en chien de fusil, à droite ou à gauche peu importait, alors ses petits petons glacés risquaient de toucher autre chose que ses pieds.

Elle profita de l’obscurité pour se dévêtir et passer sa chemise. Elle se glissa dans le lit, s’accrocha un moment au bord du matelas, le corps du géant pesant son poids. Puis sentant son dos contre le sien, elle se détendit et s’endormit bien vite.
Un sourire se dessina sur son visage quand dans la nuit il la prit dans ses bras, nichant son nez dans son cou, ronflant tout son content.
L’air froid du matin sur un côté de son visage la réveilla. Elle dormait la tête sur son poitrail : un instinct de survie certainement pour éviter de se trouver écrasée sous la carcasse de Lapin.
Elle savoura encore une fois la chaleur agréable et la lourdeur câline de son bras sur sa taille
et se rendormit.


Oua oua oua !

Tudieu ! Quelle heure est-il ?

Les aboiements ne cessent. Elle sort du lit sans ménagement, s’habille vite fait et voit qu’elle ne l’a réveillé.

Oua oua oua !

Elle ramasse ses braies et lui jette au visage s’exclamant :

Il est tard, on a trop dormi, une longue route nous attend. Debout !

Oua oua oua !

Elle le regarde sortir du lit, se saper sans le voir vraiment. Elle lui explique qu’ils sont pas arrivés quand il s’approche d’elle la bouche en cœur à deux doigts de son nez. Il lui parle d'une boule là sur le menton. Elle regarde, louche, touche.

T’as rien du tout.

Elle a senti la barbe naissante, retient une caresse.
sgrgneugneu!
Faut qu’elle fasse attention.
Arrivés aux écuries, il la porte et elle lui sourit. Il monte vite en croupe et elle fait partir au galop sa monture un petit moment, pas trop longtemps, juste pour sentir le vent lui fouetter le visage et lui remettre les idées en place.

Simon a partagé sa couche mais n’a jamais dormi une nuit entière avec elle, ni Val non plus. Que va dire Mahault ? Et Mère Horobi ?



[Sur les routes entre Alais et Mende - Samedi 16 Juillet dans la journée]


Elle remet sa monture au trot, pense à faire de sa couverture un coussin pour les fesses de son costaud.

Elle lui raconte son voyage en Alençon, comment elle a été fortement blessée et que sans Mahault qui l’accompagnait, elle serait morte. Une longue cicatrice marquait sa hanche droite jusque sur sa fesse mais elle n’en gardait aucune séquelle puisque seules les chairs avaient été touchées.


Hoax ? Bien sûr, il voyage toujours avec moi, mais la Guyenne n’est pas sûre en ce moment.

Elle met sa jument au pas, soupire et s’adosse sans réfléchir sur Cyric et continue d’une voie attristée.

L’équipe ducale en place n’est pas au top. Des brigands ont pillés Agen dernièrement et je ne voulais pas laisser seule Mahault. Il sera un bon gardien.

Des gens bien ont sorti la Gyuenne de la fange et ils n’ont reçu que mépris et critiques.

Elle pense à Topheez, Bary, Garzim, Emi, Zorgl et tant d’autres aussi. La liste HO n’existe plus. Ils sont comme moi dégoûtés, fatigués.
Changeant de sujet, elle lui parle de sa Lozère si belle, si sauvage.


Tu vois par là on va au Mont Aigoual. Par temps clair on peut voir la mer.


Elle montre un sentier qui serpente dans la forêt, eux ils continuent. Il sont bientôt arrivés à Mende.


Cyric, je prendrai un bain ce soir à l’auberge, ……. Elle hésite………..Si j’osais…….. heu
Cyric_le_noir
[Sur les routes entre Alais et Mende - Samedi 16 Juillet dans la journée]

Cyric écoutait Xanthi lui parler de son chien, de Mahault et de la Guyenne. Il l'écoutait, sans se lasser, parler du paysage et des pays voisins, à croire que sa culture du royaume de France n'avait pas de borne. Le grand borgne lui, ne connaissait rien du pays, il avait seulement fait quelques trajets en Guyenne et s'était retrouvé un peu miraculeusement à Dié. Aussi, il profitait de se voyage et appréciait de le faire avec sa petite biquette. Lorsqu'elle lui parla du bain et de ce qu'elle n'osait pas lui avouer, il commença à se sentir tout chose. Un grand imbécile sur un cheval, l'air niais avec un œil crevé flanqué d'une jeune damoiselle qui mesurait presque 2 pieds de moins qu'elle... à coups sûr, une grande équipée. Il lui tarda d'arriver à Mende tellement il était pressé de descendre de cheval et d'aller picoler si bien que le restant du trajet lui paru durer une éternité et ce, même s'il était bien accompagné. Il se permettait quelques commentaires par-ci par-là :

-"Tu sais qu'Agen me manque ? J'vais m'refaire baptiser par la mère Horobi... ça va lui faire bizarre... par contre, sa pastorale, elle pourra se la fourrer ou j'pense."

En vrac, appréciant le paysage à sa juste valeur...

-"Put*ain, y a pas à chi*er, la nature, c'est beau quand même..."

A l'attention de Xanthipremier...


-"Dis-donc, va falloir qu'on cause en taverne... j'ai des trucs à te dire...et là, je peux pas y a trop d'vent chui obligé d'geuler !"



[Mende - Samedi 16 Juillet dans la soirée]


Enfin, la ville de Mende. Cyric ne la connaissait pas non plus celle-là, mais chapeauté par Xanthi, il n'appréhendait pas d'y glandouiller un peu. Premier geste, trouver une taverne, second... picoler comme un trou. Oui, Cyric sentait qu'il en avait besoin, il voulait dire certaines choses à Xanthipremier mais n'y parviendrait pas sans avoir un peu bu. Timide le grand costaud ? Certainement pas... lorsqu'il s'agissait de parler fesses et de draguer la pépé, il osait tout le bougre. En revanche, lorsqu'il s'agissait de parler de sentiments, c'était un tout autre travail. Cyric ne savait même pas réellement ce que signifiait ce mot. Il n'était pas stupide, loin d'être un crétin même, mais il ne s'embarrassait pas de ce genre de questionnement jusqu'ici.

Du vin rouge, de la bière, un mélange détonnant... Xanthipremier... et toujours rien. Bref, une soirée qui s'annonçait sous les auspices des sous entendus qu'il lui lançaient. Les gens ressemblaient aux autres et se fondaient totalement dans le décor que le borgne s'était imaginé, un monde de glandus dont il était le seul Roi, un Roi sans couronne et sans Reine. Bon, il imaginait que pour la Reine, un jour ou l'autre, il arriverait à le lui dire puisqu'il était certain de l'avoir déjà trouvé, par contre, pour la couronne, il se contenterait d'un titre symbolique s'il le fallait, ne se faisant plus aucune illusion sur la politique.

Un frugal repas composé, une fois encore, de mets locaux aussi dégueulasses : pain sec et graines. Pas de quoi fouetter un chat, encore moins un géant de près de deux mètres qui pouvait avaler l'équivalent de ses 220 livres en viande deux fois par jour. seul souci, l'épaisseur de sa bourse. Ainsi, après quelques échanges drolatiques et passionnés avec "sa biquette", elle lui fit comprendre qu'il fallait se rendre à la chambre pour éviter de se réveiller la tête à l'envers le lendemain pour sept heures de route supplémentaire.

Xanthi et Cyric, une grande chambre, un grand lit, des menaces... les paroles de la belle brunette résonnaient encore dans la tête du géant. Il savait qu'à la moindre tentative, il risquait de perdre son deuxième oeil... elle avait été très claire et il ne comptait pas outrepasser la règle qu'elle lui avait fixé.

L'auberge, enfin, la maison de passe, était dotée d'une "salle de bain" avec une grande baignoire en bois ronde, remplie d'eau tiède. Xanthi tendit la perche au gaillard histoire qu'il ne sente pas trop des pieds et qu'il ne l'incommode par outre mesure pendant la nuit.


-"Un bain ? Encore ? T'es sûre ?"


L'homme pensait qu'à trop prendre de bains, il risquait de perdre son odeur, sorte de marque de fabrique et de marquage territorial qui venait signifier à ses adversaire : bouge de là ou je te défonce. Enfin, pour les beaux yeux de celle-ci, il aurait fait à peu près n'importe quoi, il émit cependant un petit bémol :

-"Bon admettons... mais chacun son tour. Y en a marre, tu prends toute la place alors que t'es deux fois plus petite que moi !"

Une excuse, encore une pour ne pas avoir à affronter la petite brune dont il était chaque jour plus dépendant. Prendre un bain avec elle, la reluquer à moitié nue dans l'eau, qu'elle lui frotte le dos... il savait qu'à un moment donné, éméché comme il l'était, il risquait forcément de déborder. Ainsi, sans se départir de sa gouaille habituelle, il ajouta :


-"Nan et pis tu frottes trop fort en plus... après, je suis rouge comme une écrevisse et j'ai l'air aussi niais qu'un rouquin dans un pays chaud."

Et voilà comment, une fois encore, il s'endormit à côté d'elle, dos à dos, sans avoir osé lui dévoiler ce qu'il ressentait pour elle. Il est vrai qu'il avait presque quinze ans de plus qu'elle et qu'il se demandait s'il n'était pas un peu déglingué du cigare depuis son retour parmi les vivants. Cette fois-ci, rond comme une barrique, à nouveau diront certains, il s'envola au pays des songes sans se faire prier, les vapeurs d'alcool aidant. Bien évidemment, il se tourna encore dans la nuit pour enlacer la biquette de son bras et lui ronfler dans le cou, histoire de lui rappeler qu'il était là.


[Mende - Dimanche 17 Juillet à l'aube]


Son œil s'ouvre et la lumière inonde sa vue au point de lui faire mal. Il fait la mise au point et voit Xanthi déjà réveillée qui l'a laissée dormir et qui s'affaire à tenter d'ajuster sa coiffe. La pauvre pensa-t-il, elle avait bien du mal à y parvenir et ressemblait à une sorte de paysanne à moitié folle avec cette coupe de cheveux. Il ne put retenir un rire gras en la voyant ainsi et lui lança dans les gencives :


-"Hé ben... ça te va comme un gant ! On dirait un croisement entre une foldingue et une paysanne... allez, je vais te filer un coup d'main, si j'me rappelle comment j'faisait pour Vic..."

Vic, un nom, écho d'un passé lointain à ses yeux, réminiscence de détails qui lui semblaient maintenant insignifiants. Il s'empara de la brosse qu'elle tentait de dompter, posa sa main sur la sienne et la lui retira. Un peu maladroitement, il attrapa une mèche de cheveux de sa main gauche et y passa la broche... en tirant comme un malade sur les nœuds de la nuit... Oui, un type dans son genre n'était pas homme à avoir l'habitude de coiffer les bourgeoises, non, il était plutôt du genre à les décoiffer...

Après avoir passé un bon quart d'heure à lui arracher des touffes de cheveux en brossant la tignasse à la force du poignet, il put enfin tenter de se préparer. Il s'habilla tout en pensant à la suite du voyage... bientôt Espalion puis Villefranche de Rouergue... une sacrée trotte qui allait encore lui faire un mal de chien arrivée à la soirée. Il observa Xanthi et lui proposa :


-"Dis... on s'arrête après Espalion ? On dormira à la belle étoile parce que je crois que j'ai oublié la tente l'autre jour..."


Un imbécile, voilà ce qu'il était. Il avait en effet, complètement oublié de démonter la tente et ni lui ni Xanthi n'y avaient pensé. Ils étaient donc condamnés à dormir avec la nuit pour seul toit et une couverture pour seule chaleur. Quoi qu'il pensa qu'en la prenant dans ses bras, il pourrait se réchauffer un peu et au moins, lui tenir chaud, à elle.

Comme chaque fois qu'ils prenaient la route depuis Dié, le même rituel prit place. Xanthi, portée avec élégance et grâce par Cyric pour arriver sur le dos de "fistule", Cyric qui sautait ensuite et s'agrippait à sa taille. Xanthi qui collait un coup de talons dans les flancs de la jument puis la route...

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Xanthipremier
[Mende - Samedi 16 Juillet dans la soirée]


Il y avait foule ce soir en Taverne de Mende et la soirée fut agréable.
Ils rejoigne leur chambre.
Elle le laisse dans son coin, il veut plus de bain, elle frotte trop fort et bla bla et bla bla.........
Parfait, elle profite d''être vraiment seule pour se laver de la tête au pied, elle se rince dans le petit baquet et plonge avec délice dans l'immense baquet.
Alors qu’elle marine tranquille, Xanthi repense aux paroles de Cyric, marmonnant comme souvent quand elle est seule.


Se rebaptiser ?

Elle hausse les épaules, fronce les sourcils, s’interroge tout en démêlant ses cheveux, le dos bien droit les fesses visser au fond du baquet où elle risque à chaque instant de perdre l’équilibre.


Et s’il voulait juste une dernière fois goûter une femme et devenir curé ?

Ses doigts s’arrêtent, ses bras tombent dans l’eau du baquet.
SPLATCH !!!!!!!!!
Et la tristesse tout à coup marque son visage.

Encore un qui te quittera à la fin ….. gloup gloup gloup

Elle a lâché prise et la voilà sous l’eau. Elle refait surface, la colère l’anime, mais elle ne montrera rien comme Dame Premier, sa mère adoptive, lui a apprit.

Elle enjambe le bord du baquet, attrape le drap dans lequel elle s’enroule. Elle s’essuie, frotte vigoureusement ses cheveux et passe sa chemise de nuit. Les longues mèches noires humides lui tombent sur les reins, elle en fait une torsade qu’elle roule autour de sa tête comme un turban. Cyric semble déjà dormir. Elle s’allonge et colle doucement son dos au sien. La jeune femme soupire de tristesse mais s’endort bien vite.


[Mende - Dimanche 17 Juillet à l'aube]


Elle n’a rien vu de la nuit, elle s’éveille à demi allongée sur Cyric qui occupe tout le milieu du lit.
Elle s’étire, regarde le géant dormir quand la torsade de cheveux lui tombe sur les yeux et lui rappelle qu’il lui faut se coiffer. Elle grimace, comme Mahault lui manque.
Elle s’assoit, prend sa brosse et entreprend de démêler sa chevelure en commerçant par les pointes. Elle avait du temps, Lapin dort encore et semble pas près de se réveiller. Elle n’a le temps que de faire une mèche qu’un rire gras la sort de sa rêverie.


foldingue ? paysanne ?

Elle n’a le temps de ne rien dire d'autre qu’il lui prend la brosse des mains et entreprend de la coiffer.
Il tire, il tord, il grogne, elle serre les dents, elle résiste quand enfin il en termine. Elle n'a dit rien, pense qu’à présent elle doit être à moitié chauve, mais ils repousseront, qu’importe donc…


Merci, je vais les natter.


Elle lui sourit, repense à l’envie de baptême de son ami et à ses interrogations de la veille. Mahault pourrait s’occuper de lui. Il est hors de question qu’elle lui serve de catin. Ah ça nan alors.


-"Dis... on s'arrête après Espalion ? On dormira à la belle étoile parce que je crois que j'ai oublié la tente l'autre jour..."


Et bien voilà une excellente nouvelle Lapin. Je t’apprendrai les étoiles. Enroulés dans ma couverture on se tiendra chaud. Tu verras, comme quand je voyage avec Hoax.


Elle s’habille de son côté puis prenant un oreiller, elle le lui tend.


Tiens tu le mettras sous tes fesses. Je l’ai acheté en payant la chambre et les repas.


Elle lance un denier au gamin d’écurie, heureuse de voir sa jument magnifiquement brossée et déjà sellée et se retrouve toujours aussi élégamment mise en selle par le géant qui a tôt fait de la rejoindre et de s’agripper à sa taille.


[Sur les chemins – Dimanche soir]


Comment vont tes fesses, Poussin ?

Ils jacassèrent comme deux commères.
Elle lui parla de Mahault pour qu'il apprenne à la connaitre, lui expliqua que sa servante tenait son savoir de son père barbier chirurgien dans l'armée de la Pucelle. Orpheline de mère elle le suivit partout. Elle ne lui dit pas qu'elle aimait les hommes brutes un peu dans son style. Un sourire malicieux s'afficha sur son visage, elle lui dira une autre fois, qu'elle a préférence pour les femmes. Il ne se méfiera pas.

Puis l’après midi les laissa silencieux, chacun perdu dans leur pensée.

Le soleil se voilait. Elle croise les doigts. Si une araignée fait peur à Lapin que doit lui faire un bel orage. Elle trouva une petite grotte ouverte, non loin d’un ruisseau, qui les protègera si le temps se gâtait.
Il la soulève et la pose doucement. Elle se retient un instant à lui, la tête lui tourne, elle est fatiguée.
Elle a hâte de retrouver Mahault, ses bons petits plats et son lit. Elle se reprend et s’exclame :


J’ai une surprise pour toi ! Tu vas être heureux.


Elle sort des fontes un petit linge, l’ouvre et lui montre une petite tourte à la viande que lui a vendue l’aubergiste.

J’ai pensé que ça te ferait plaisir.
Cyric_le_noir
[Sur les chemins entre Espalion et Villefranche de Rouergue– Dimanche17 Juillet au soir]


Une fois encore, le voyage avait été longuet, surtout que cette fois-ci, quelques légères gouttes de pluies avaient parsemé la journée. Cyric voulait arriver à Agen, le plus rapidement possible pour se reposer mais souhaitait également rester avec Xanthi seul, sans les éternels enquiquineurs habituels qu'on trouvait ça et là dans le moindre bourg du Royaume de France. Il ne le savait que trop bien, il l'avait déjà expérimenté par le passé. Durant la route, il s'était remémoré quelques passages de son existence passée, son entrée fracassante en politique, comment on avait tenté de discréditer sa démarche pourtant sincère, comment on l'avait bien vite catalogué. Et pourtant, son intégrité, il l'avait maintes fois prouvé, son attachement à la Guyenne aussi, son amitié encore plus. Là, chevauchant avec Xanthi, la tenant par la taille, il se sentit envahit d'un sentiment peu commune, plus que de l'amitié, une furieuse envie de vivre... mais de vivre autrement. Si elle voulait parcourir le monde, alors il le ferait. Enfin, il parvenait à admettre l'évidence, enfin, il pointait du doigt ses sentiments pour elle, mais saurait-il lui dire avant qu'il ne soit trop tard ?

Elle le questionna sur l'état de ses fesses, question qui l'amena à sourire de toutes ses dents et à rétorquer :


-"Mal... va falloir que tu m'les masses..."

Sans trop savoir pourquoi, il s'imaginait que la femme qu'il avait maintenant devant lui ne lui retournerait pas de claque pour avoir osé cette digression. C'était l'emploi du terme "poussin" qui lui mit d'abord la puce à l'oreille. Il se faisait tard et il laissa sa brune le conduire jusque dans une grotte car le soleil s'était voilé de lourds nuages chargés en pluie et en foudre. Lorsqu'elle lui présenta un torchon duquel, comme par enchantement, elle découvrit une tourte à la viande, il la regarda avec l'oeil brillant, tout retourné qu'il était qu'elle eut put avoir une telle attention pour lui. Sans lui laisser le temps de réagir, il lui déposa un rapide baiser sur la joue et esquissa un air de contentement qui faisait plaisir à voir, comme un nourrisson auquel la mère aurait fourré le mamelon dans le gosier.

Avant d'entamer le repas au côté de sa midinette caractérielle, il s'en alla chercher quelques morceaux de bois histoire de faire un petit feu pour leur réchauffer les arpions en cette soirée qui s'annonçait fraiche. Il disparut ainsi le temps d'un bon gros quart d'heure puis revint les bras chargés de petit bois tout en trainant un tronc d'arbre assez épais pour tenir au moins une bonne partie de la nuit. Le bois semblait relativement sec et il se mit à frotter un morceau de branche contre une large écorce, le tout, sur un petit tas de feuilles sèches et d'herbes brûlée par le soleil. Il frotta ainsi pendant un moment tandis que Xanthi se foutait ouvertement de sa tronche...


-"Ouais ben quand il sera allumé et que tu pourras te réchauffer l'arrière train, tu la ramèneras moins..."

Il lui fallut une bonne heure et une sacrée ampoule dans le creux de la main avant de parvenir à allumer une brindille qui s’étendit au tas de feuille et d'herbe. Il glissa le petit bois lentement pour l'allumer, le tout dans une fumée épaisse qui s'engouffra dans la grotte... les obligeant à sortir sous une pluie battante pour ne pas crever fumés comme deux truites de rivière.

-"Bordel... ben on va s'mouiller... allez, désape-toi on en profite pour s'laver dans l'ruisseau..."

L'orage n'avait pas encore éclaté mais l'on sentait que le ciel, chargé et lourd, allait bientôt terminer par craquer et déverser sa colère sur la région. Cyric, juste vêtu de ses bas sorti de la grotte et se rendit au ruisseau où il se jeta tête en avant. Il se fracassa au fond dans un bruit lourd et un grand cri. Il se releva en se tenant le front et en vociférant des insultes à la cantonade, le tout trempé de la tête au pied. La soirée s'annonçait sous les pires auspices pour lui. Tous deux se récurèrent, genre ménage de printemps, afin de faire cesser l'odeur insoutenable du cheval qui leur collait aux basques depuis déjà un bon moment.

Le feu avait enfin fait ses première flammes quand ils retournèrent dans leur maison de fortune et ils purent se réchauffer à la lueur de la flamme. La température ayant chuté de manière drastique, Cyric empoigna Xanthipremier et la serra dans ses bras. Il la regarda et lui sourit tout en lui lançant :


-"Vas pas t'imaginer des trucs idiots hein ? J'ai froid... c'est tout..."

S'il était vrai qu'il avait froid, il profitait néanmoins de l'occasion pour s'offrir une bonne excuse de la serrer contre lui. Il tira parti de la situation et esquissa un sourire qui en disait long. Tous deux restèrent ainsi le temps de sécher un peu puis dégustèrent la tourte. Cyric ne put s'empêcher d'imaginer quel aurait été le résultat si Xanthi s'était plantée et lui avait refilé le torchon entourant la tourte au lieu de l'oreiller qu'il s'était collé sous les fesses toute la journée.

Une nuit de plus dans la nature, perdu entre deux villages du sud, avec Xanthi pour seule compagnonne, voilà qui n'était pas pour lui déplaire, bien au contraire. Tous deux s'enroulèrent dans la grande couverture de la petite brune, dos à dos, mais cette fois-ci, un évènement vint perturber le cours de cette routine habituelle. Un orage fit éclater sa fureur sur les environs et la configuration de la grotte faisait résonner le tonnerre dans un fatras épouvantable. S'il y avait bien une chose qui foutait les foins au grand gaillard, c'était bien l'orage. Il avait l'impression que c'était le Très Haut en personne qui se fâchait contre lui. Il se tourna ainsi et serra Xanthi dans ses bras, animé d'un léger tremblement qu'il tenta de réfréner en respirant profondément. Pour se rassurer encore un peu plus, il glissa son nez dans le cou de la petite furie et l'enlaça de plus belle. Ainsi, malgré l'orage, il parvint à s'endormir au son du clapotis de la pluie qui tombait drue sur les feuilles des arbres entourant la grotte.



[Dans une grotte perdue entre Espalion et Villefranche - Lundi 18 Juillet à l'aube]


Encore un matin, un matin pour rien. Une argile au creux de mes mains, encore un matin, sans raison ni fin si rien ne trace son chemin... ce refrain chanté par un barde qu'il avait entendu il y a plus d'une quinzaine fut la première chose qui lui trotta dans la tête. S'il avait pu l'avoir en face de lui à cet instant, nul doute qu'il lui aurait mis sa main dans le coin du nez pour lui avoir mit en tête cette chansonnette. Il ouvrit les yeux et vit le brasier éteint mais encore chaud du feu de la veille. Pou rune fois, il s'était éveillé avant elle et la tenait encore dans ses bras. Il resta ainsi quelque minutes histoire de profiter encore de sa chaleur puis s'étira dans un bâillement qui ne put que la réveiller. Il fallait à nouveau reprendre la route, pur Villefranche, une cité qu'il n'avait jamais vraiment aimé, sorte de repère de malandrins et de brigands de bas étages. Néanmoins, il fallait y faire une halte pour la nuit, il veillerait à faire attention à ce que personne ne s'attaque à elle, quitte à se castagner jusqu’au sang s'il le fallait.

Il l'observa s'apprêter tout en glandant les doigts de pieds en éventails. La jument était encore là et n'avait pas été foudroyée pendant la nuit. Ils allaient pouvoir repartir à dos de cheval et éviter de faire cette trotte à pieds, chose que Cyric aurait eu en travers de la gorge à n'en pas douter.


-"Allez biquette, faut y aller là, tu te recoiffera dans la journée... j'aime pas bien ce coin..."

L'appréhension dont était pris Cyric n'avait pas d'autre rapport que la peur d'un nouvel orage. Il frissonna rien qu'en y pensant et, comme chaque jour de voyage désormais, porta Xanthi pour la déposer sur le canasson puis s'y installa dans la foulée. La journée serait à nouveau longue et Cyric, comme pour se réconforter, serra Xanthi plus qu'à l’accoutumée. Il lui glissait quelques mots dans l'oreille pour lui raconter son périple chez les moines...


-"Tu sais... y sont bizarres ces moines... y faisaient pas d'bière mais une eau de vie à base de châtaigne... c'était pas dégueux..."

De confidence en confidence...

-"Une nuit, y en a un qu'a débarqué, il voulait me faire des trucs malhonnête... j'ai du l'cogner avec la canne qui m'servait à marcher..."

Encore quelques paroles lancées à l'encontre du vent à l'oreille de la brunette...

-"J'ai souvent pensé à toi... y avait un moine, j'suis sûr qu'il était d'ta famille... les mêmes yeux que toi..."

Enfin... la soirée tombait. Il ne s'étaient arrêtés que pour faire une pause becquetance à l ami-journée, propice aux éclats de rire et aux jeux de dupes. Cyric, continuant encore à la taquiner à tours de bras et à lui envoyer de gentils fions dans les dents dès que l'occasion s'en présentait. Ils arrivèrent ainsi aux abords du murs d'enceinte de la ville. Cyric se prépara ainsi à rester sur le qui-vive, histoire de ne pas se faire détrousser par quelques renégats en mal d'écus. Son angoisse semblait disproportionnée mais il ne connaissait Villefranche que de réputation, et dans le sud du Royaume de France, le bourg n'avait pas bonne réputation...
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Xanthipremier
[Sur les chemins entre Espalion et Villefranche de Rouergue– Dimanche 17 Juillet au soir]


Elle fut agréablement surprise par la bise donnée sur sa joue et heureuse de le voir si joyeux, juste pour une tourte.
Pendant qu’il cherchait du bois pour le feu, elle s’occupa de leur monture, retira la selle, le tapis, regarda les sabots, les nettoya, la pansa, la brossa, et la laissa aller. L’animal saurait trouver refuge si l'orage éclatait et reviendrait. Elle revenait toujours, la gourmandise était son pêcher et Xanthi gardait toujours des pommes ou des amandes dans le fond de ses poches pour sa belle jument.
Cyric revint avec du petit bois et une bûche qui leur tiendra la nuit. Elle le regarde s’échiner, se dit qu’à la tombée de la nuit si le feu n’est allumé elle sortira le briquet et l’étoupe du fond de ses fontes. Elle rêvasse, sourit malicieuse à ses remarques de la journée -
Lui masser les fesses, un pain oui, nan mais oh !
- Elle rit carrément en le voyant s’escrimer, à genou, glissant, remontant, roulant, ses mains le long de la tige de bois sec d’un rythme régulier et épuisant pour enfin réussir et souffler doucement surtout pas trop fort pour enflammer les herbes et feuilles sèches. Elle lui sauterait volontiers au cou pour le féliciter mais elle a peur de ce qu’il pourrait se passer, de comment il pourrait interpréter son geste.
Une épaisse fumée envahit leur abri et les obligent à s’enfuir au dehors où la pluie maintenant tombe à verse.


-"… désape-toi on en profite pour s'laver dans l'ruisseau..."

L’écoutant pour une fois sans rechigner, elle retire ses vêtements mais garde sa chemise et le mate. Il a gardé ses bas, elle sourit et voit qu’il n’a point les fesses rouges, le gredin.
Malheureux ! le cri reste coincé quand il plonge dans le ruisseau. Elle respire à nouveau en entendant le chapelet de grossièreté émanant du gaillard.
Elle s’avance doucement dans l’eau glacée et se frotte vigoureusement tendant le savon que son ami utilise fort bien à présent. C’est propres et récurés comme un jour de Saint-Jean qu’ils retournent en courant vers la grotte où le feu commence doucement à flamber. Elle a retiré sa chemise, claque des dents de froid, n’a le temps de prendre un linge pour s’essuyer qu’il la serre vigoureusement dans ses bras.
Elle lève le menton, croise son regard quand il assène :


-"Vas pas t'imaginer des trucs idiots hein ? J'ai froid... c'est tout..."

J’ai froid aussi.

Elle reste blottie sans bouger, sent la chaleur du grand corps.

Un peu plus tard, réchauffés, habillés ils savourent la tourte à la viande en silence, regardant le feu attaquer l’énorme branche puis se couchent enroulés dos à dos dans la grande couverture et s’endorment bien vite bercés par la pluie qui tombe monotone.

C’est son grand costaud qui la réveille, la serrant comme un enfant tremblant apeuré se blottit contre le sein de sa mère. Elle sourit, lui expliquera un jour Vulcain, sa forge et tout le reste. Il se rendort bien vite, son nez dans son cou. Elle écoute longtemps le tonnerre gronder, rouler dans le lointain. Elle aime les orages, le vent, les grosses pluies d'été.



[Dans une grotte perdue entre Espalion et Villefranche - Lundi 18 Juillet à l'aube]


Gnéééééééééé

Laisse-t-elle échapper, se réveillant en sursaut croyant qu’un bovin perdu bêle à son oreille. Ce n’est que Lapin qui s’étire et baille. Elle se lève, secoue sa robe, s’active et range ses fontes. Elle sort et s’éloigne un moment puis revient avec Fistule puisqu’il la nomme ainsi. Elle s’aide d’une pierre et à vite fait de la seller, de la sangler. Elle va pour se coiffer mais la voilà déjà percher. Il montre une étrange figure d’inquiet.
Elle mène la bête au pas, ils ne sont pas si loin de Villefranche, mais rien ne la presse contrairement à son ami. Il la tient plus étroitement contre lui ce jourd'hui, lui parle dans le creux de l’oreille. Il raconte le vin de châtaigne, les mœurs monacales, des yeux verts comme les siens.


Un sien parent ?

Elle ne sait. Elle lui raconte Dame et Sieur Premier, comment ils l’ont trouvée, enfant perdue, vêtue de beaux habits, sur la route d’Aurillac. Comment ils ont décidé de l’adopter, de lui apprendre ce que sait un bourgeois : lire, écrire et compter et un peu plus. Voilà pourquoi, elle sait magner l’épée, monter un destrier, diriger une maison, connaît la géographie du Royaume mais ne sait point cuisiner ou broder.


La fin d’après midi les voit devant les remparts de Villefranche.
La jument connaît le chemin et se dirige seule vers une grande auberge où elle sait que sa cavalière s’arrêtera. Ils laissent l’animal aux mains de Ti Pierrot, maître des écuries du lieu.
Elle sourit à Cyric.
C’est vrai qu’il ne sait plus grand-chose d’elle. La gamine a grandit. Elle loue comme d’habitude la grande chambre donnant sur la vallée. Laissant son ami, elle monte changer de vêture et prend le temps de brosser ses cheveux.
Il est l’heure de souper quand elle le rejoint dans la grand salle où le souper leur est servi.



[Villefranche de Rouergue – Lundi 18 juillet au soir]


Voyant qu’ils sont seuls, elle se laisse aller à quelque confidence, à quelque questionnement.

Mahault me dit que je suis pas si petite, à peine une paume de moins que la plupart des filles. Et puis elle dit aussi que j’ai tout ce qu’il faut là où il faut.

Elle louche sur sa poitrine. Elle rêve des rondeurs de leur chère curée Horobi. Cyric est parti vers Vic si belle, si plantureuse. Elle demande d’une petite voix, n’osant le regarder :

Crois-tu qu’un jour un homme restera près de moi ?
Cyric_le_noir
[Villefranche de Rouergue – Lundi 18 juillet au soir]


Un taverne, voilà bien un point de chute habituel pour le borgne, genre de place où il pourrait passer sa vie s'il n'avait pas quelques instants de lucidité. Il se remémora un lointaine époque où il prenait toutes sortes de substance qui le faisaient halluciner et danser sur les tables, hurler et courir un peu partout. Cyric n'était plus ce genre d'homme, la compagnie de gens civilisés l'avait quelque peu calmé et ses mandats successifs de bourgmestre d'Agen n'y étaient certainement pas pour rien.

Ainsi, c'est dans un bouge du Rouergue qu'il passa sa soirée avec Xanthipremier, le reluquant de plus en plus ouvertement et ne cachant plus tellement un attachement particulier pour elle. Certes, ils dormaient ensemble, dos-à-dos et elle finissait inlassablement dans ses bras, mais le gaillard restait prudent car il ne voulait pas la perdre. Attablés devant une bonne chopine de bière, Xanthi entreprit de lui parler...


Xanthipremier a écrit:
Mahault me dit que je suis pas si petite, à peine une paume de moins que la plupart des filles. Et puis elle dit aussi que j’ai tout ce qu’il faut là où il faut.


Alors qu'il sirotait sa bière, son regard s'arrêta sur le visage de sa "biquette" puis descendit sur sa paire de doudounes. Il avait toujours son bock dans la bouche de manière à ce que seul son regard et un bout de son nez dépassait. Il ne buvait plus et était comme stupéfait d'entendre Xanthi lui sortir ça. Il baissa sa main pour reposer la chope. Il sourit à la brunette avec une moustache de mousse au dessus des lèvres qui lui donna un air... assez niais. Sans dire un mot, son regard en disait suffisamment long sur l'affirmation que venait de proférer Xanthi. Il la laissa continuer et esquissa à nouveau un sourire lorsqu'elle lui demanda s'il pensait qu'un homme resterait un jour auprès d'elle. Son esprit légèrement torturé échafauda un plan en quelques secondes à peine et Cyric lui rétorqua :

-"Moi j'en connais un... je lui ai parlé de toi pas plus tard que tout à l'heure..."

En fait, le géant faisait allusion à son début de soirée. Il avait dit à Xanthi qu'il allait s'épancher dans un champ et qu''il la retrouverait en taverne juste après. Seulement, lorsqu'il s'était pointé en taverne, il ne l'avait pas croisé. En revanche, il avait croisé quelques autochtones et leur avait demandé s'ils avaient vu une belle petite brune, drôle, avec de gros seins se prénommant Xanthipremier...

Ainsi, devant l'attitude intriguée de Xanthi, il ajouta :


-"Oui, il est assez grand... brun... il est affublé d'une infirmité..."

Il s'amusa de l'air outré de la jolie brune qui semblait n'avoir pas compris qu'il parlait de lui et ainsi, afin de ne pas la faire tourner en bourrique, et surtout, pour ne pas s'en prendre une par la suite, il fini par lui avouer :

-"Ce type, tu l'as devant toi... c'est moi..."

Il était bien évident qu'il ne lui avait pas dit grand chose, mais il venait de lui souffler qu'il était prêt à rester auprès d'elle. C'est vrai qu'il s'amusait avec sa biquette, qu'il l'appréciait pour out un tas de choses, notamment son humour, sa plastique avantageuse, sa cervelle bien faite et tout le reste. Il passèrent ainsi la soirée à discutailler le bout de gras tout en buvant de la bière. Cyric lui avoua qu'il avait envie de voyager avec elle, lui expliqua comment il allait devoir se baptiser à nouveau... la soirée dérapa lorsque Xanthi se mit à évoquer le mariage. Alors qu'il s'imaginait déjà à l'église à ses côtés, il se dit qu'il n'était pas de bon ton d'en parler entre deux bières alors qu'il ne s'étaient retrouvés que depuis une petite semaine. Ainsi, il préféra faire le gars qui n'y avait encore jamais pensé et dont l'idée lui paraissait totalement farfelue.

La soirée continua lorsqu'un homme du cru se pointa et s'incrusta dans la conversation. Le genre de type à vous faire remarque sur remarque et à jouer l'indiscret à chaque phrase prononcée. Cyric apprécia l'individu, surtout que ce dernier s'amusa à draguer la jolie brune à chaque fois que le géant lui envoyait un fion. Lorsque Xanthi fit une remarque déplacée qui vexa Cyric, il s'amusa de plus belle. Amdir était son petit nom et l'homme reluquait les formes de la brune avec délectation, un filet de bave aux lèvres tandis que Cyric, toujours vexé comme une damoiselle que l'on aurait pas laissée s'asseoir aux place d'honneur lors d'un spectacle, menaça d'aller dormir avec la jument. Le sommeil commença à se faire sentir, en effet, une semaine de voyage à cheval, ça vous use son homme, même s'il mesure près d'un double mètre et qu'il a glandé depuis plus d'un an. Xanthi décida d'aller au lit et Cyric, bonne pomme, et surtout, toujours autant attiré par sa petite perle, cessa ses enfantillages et quitta les lieux avec elle.

La chambre était conforme aux habitudes, grande, un seul lit, une tablette de chaque côté du lit, des draps somme toute apparemment propres... et, une salle de bain à l'étage.

Tous deux usèrent de la baignoire mais une fois encore, le grand fit sa timide et refusa de se faire savonner jusqu'au sang. Il préféra laisser Xanthi s’affairer seule à sa toilette avant de prendre son temps après elle. Cela lui permit de réfléchir un peu à ce qu'il allait lui dire... peine perdus puisqu'il s'en sentait totalement incapable à l'heure actuelle. Cyric était plutôt du genre impulsif, pas vraiment homme à s’embarrasser de questions. Il pensa qu'à un moment ou un autre, tout ce qu'il ressentait sortirait et qu'il saurait alors trouver les mots sans risquer de s'en faire retourner une bonne qui lui décollerait la tête du tronc.

Il retourna dans la chambrée pour se coucher à ses côtés, à droite du lit et, comme d'habitude, dans une forme de routine, s'allongea dos contre dos. Seulement, cette fois, pas d'orage, pas de pluie, et il avait envie de la serrer contre lui tout de même. Sans chercher plus longtemps à excuser sa conduite à venir, il se tourna et la pris dans ses bras secs et musclés puis enfourna une fois de plus sa tête dans son cou dans un soupir qui en disait long sur son contentement. Il ne mit pas longtemps à s'endormir...



[Villefranche de Rouergue – Mardi 19 juillet au matin]


Ils s'éveillent à l'heure du berger pour se lever à l'heure du thé, et sortir à l'heure de plus rien, les paumés du petit matin. Elles elles ont l'arrogance, des filles qui ont de la poitrine, eux ils ont cette assurance, des hommes dont on devine que le papa a eu de la chance, les paumés du petit matin...

Xanthipremier est toujours dans ses bras, sa chaleur lui plait, il l'enlace avec tendresse et respire profondément pour sentir l'odeur de sa chevelure brune. "Tout ce qu'il faut là où il faut", la phrase tourne en boucle dans sa tête et Cyric se dit qu'il va bien s'entendre avec Mahault car il est bien du même avis. D'ailleurs, il ne comprend pas pourquoi Xanthi semble si surprise qu'il puisse la trouver à son goût. Le costaud s'éveille en baillant légèrement et s'étire de tout son long, puis relève sa tête et sourit comme une nouille. Il esquisse un geste de tendresse à l'attention de la brune qu'il tient encore dans l'un de ses bras en lui passant la main dans les cheveux tout en lui disant :


-"Xanthi... c'est l'heure de s'lever biquette. Faut pas trainer là... on a de la route..."
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