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[RP] Ainsi soit-elle!

Clelia
La Flêche.. de bon matin.. ou plutôt un peu après midi.. Elle n'avait pas tellement dormi sur le chemin qui la menait à La Flêche. C'est qu'il y en avait des petits lapins à cette période de l'année. Le ciel étant dégagé, même au milieu de la nuit, la lune arrivait encore à éclairer suffisamment les routes.

Au matin, ils étaient arrivés. Premier réflexe la taverne. Elle l'avait obligé à boire une tisane. Au début, il y en avait trois mais voyant sa tête contrite, elle l'avait sauvé des deux dernières. Elle en revanche s'était faite avoir par quelques verres insidieusement glissés entre ses mains.

Quelques heures plus tard, elle se réveilla, ne sachant plus très bien ou elle était. Mais chose plus grave, elle ne reconnaissait pas la chambre dans laquelle elle avait dormi.. Moment de silence, d'incompréhension, quand même pas de questionnement parce qu'elle n'est pas en état.

La lumière des nuages l'aveugle.
Un long soupir. Elle se lève, cherche. Récupérant maladroitement ses vêtements, elle fait tomber une missive, reçue la veille, la priant de se rendre dans le Nord. Avisant alors une bougie dont la flamme brillait encore à une heure aussi avancée de la journée, elle en approcha la feuille et la regarda se consumer avec un petit sourire de satisfaction. Ce geste signifiait beaucoup et surtout qu'une page était définitivement tournée.

La suite de la journée fut assez morne, elle n'avait manifestement pas bien commencé et elle était d'assez pitoyable humeur, humeur qu'elle fit payer à son hôte. Arrivée à destination, elle se devait donc d'écrire à qui de droit pour dire qu'elle était saine et sauve et qu'elle allait reprendre la route.


Citation:
Mère,

Me voici arrivée à La Flêche, dont je repartirai dans un ou deux jours. Je ferai un passage à Saumur.
Il faut que nous reparlions de ce que je vous avais demandé comme une faveur, j'ai du me fourvoyer.

Qu'Aristote vous garde,
Clélia


Citation:
A Mon Père Charles de la Croix de Bramafan,

Père,
je me suis rendue à La Flêche d'où je devrai rejoindre de nouveau Saumur puis Thouars.

Prenez soin de vous,

Votre fille,
Clélia



Puis une missive de la même eau à la Baronne Johanara. Bien enveloppées dans un enrobage de questions, d'affirmations, d'acclamations dont elle avait le secret et qui ne trompait personne d'autre qu'elle, elle lui contait ses dernières pérégrinations, donnant force de détails pour montrer que tous ses déplacements étaient totalement louables et très bénéfiques pour l'Anjou ainsi que pour elle-même. Elle ne réussit qu'à pondre une lettre insipide où ne transparaissait que trop le désarroi de la jeune fille. Heureusement, elle avait été concise pour ses parents, mais pour la Baronne, elle avait pris plus de libertés, à tort.

Alors qu'elle n'attendait pas de réponse de sitôt, ses deux parents étant en retraite, c'est une réponse de la Baronne qui lui parvint très rapidement. Cette dernière la conviait à venir la retrouver pour, disait-elle, lui conter ses derniers jours et ses projets.

Cela serait rapide. Ses derniers avaient été dédiés à des passages dans un sens puis dans l'autre dans les différentes villes d'Anjou, à des soirées bien arrosées, et ses projets se résumaient à aller retrouver un meilleur ami perdu en Limousin - pour sûr quelque chose se préparait là-bas - et une demie-soeur blessée, en territoire ennemi, c'est-à-dire en Bourbonnais-Auvergne.

Elle se présenta donc chez la Baronne le plus vite qu'elle put, persuadée qu'elles allaient deviser gentiment l'après-midi durant.
Johanara

[Hôtel particulier de la Baronne... Saumur]


Bien entendu le séjour de Johanara et de sa cour en la vieille batîsse du Maure n'avait guère duré. Quelques cafards et un voisinage plus que douteux, ribaudes, petites frappes, et autres scélérats l'avait persuadé de plier bagage promptement.

Saint Pierre lui manquait en vérité. Malgré l'état de délabrement du Castel, ces ruines étaient chères à son coeur puisqu'elles avaient vu grandir et se fortifier ses amours passionées. Ahh Messiah... Mais tant que ce dernier ne la supplierait pas de rentrer auprès de lui, à grands coups de lettres et de présents, elle se tiendrait éloignée du Château.
Mais pour l'heure le comportement d'une de ses plus chères amies la préoccupait grandement. Cette chère Clélia, fille cadette d'un ours grincheux qu'elle avait en haute estime, courait les routes comme la dernières des courtisanes.

Par amitié pour elle et pour son père, la rouquine se devait de l'aider à rejoindre le chemin du Très Haut. Ne vivait elle pas elle même sous sa lumière sacrée? Pieuse et Charitable. Généreuse et Pure telle le Bourgeon de Rose qui éclot au printemps sous la rosée critsalline...

Mouais. Bof.

Mais si elle aidait Clélia, Aristote lui pardonnerait certainement ses nombreux pêchés, qui pour la plupart commençaient dans les bras de Messiah pour finir... Un peu partout en fait. Un buisson, une étable, une pelisse de renard...Un chariot, une bicoque de paysan, une grotte...

Bref! Il fallait remettre cette petite écervelée dans le droit chemin! Elle ne cessait de s'amouracher des individus les plus volages et versatiles d'Anjou, de les suivre par monts et par vaux au détriment de sa vertu et de sa réputation.

Preuve en était cette lettre absurde, où Clélia ne cessait de se répandre en billevesées sur un certain Bailli d'Anjou, au nom ridicule, Globe, Globule, quelque chose du genre...
Mais déjà un de ses valets, le jeune Léopold, toujours blond et frisé, lui annonçait timidement l'arrivée de son invitée dans la Cour.


Fort bien. J'espère que tout est prêt, les cordes et le baillon. Faîtes la patienter, j'arrive.

C'est ainsi que la belle dame aux Lys pénétra dans le boudoir feutré, ses longs jupons d'opale glissant sur les marbres avec grâce.

Ma Chère Clélia! Vous voilà ma douce amie. Comment vous portez vous?

Un sourire des plus charmants étirait ses lèvres carminées.

Mais prenez place je vous prie. Un verre de vin? Quelques biscuits? De la crème de marron?

Prenant avec douceur la main de la jeune fille entre les siennes, Johanara ne fut que gentillesse jusqu'à ce que ses domestiques les servent puis disparaissent. Son étreinte se fit alors plus rude... Plus étroite. Un rictus courroucé déforma sa lippe vermeille et ses grands yeux de jade étincelaient d'ire.

Et bien maraude? Où trainiez vous? Dans quelle fange vous êtes vous roulée? Qui vous a hébergé lors de ce stupide séjour à la Flèche? Répondez résidu de chamelle en rut!
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Clelia
Toute perdue dans ses rêves de lapins au bord des routes, de promenades dans les bois à la nuit tombée pour aller les chercher, Clélia n'avait pas entendu la baronne arriver. Assurément son séjour à La Flêche lui avait fait le plus grand bien, elle était calme et détendue, ne se doutant pas de la colère qu'avait pu susciter sa lettre à la Jolie Rousse. M'enfin qu'y avait-il dans cette lettre qui puisse faire naître pareil sentiment? Rien que des choses très banales, un voyage entrepris, une route bien calme, point de mauvaises rencontres, et surtout la promesse de revenir bientôt du côté de Saumur. C'était presque chose faite à présent.

Néanmoins, elle se doutait bien que ses déplacements allaient susciter quelques questions mais quoi de plus naturel, après avoir été coincée pendant presque une semaine d'abord chez des Mainois puis en Touraine, que de vouloir retrouver ces bonnes villes d'Anjou et surtout les tavernes!

Elle salua la Baronne avec un grand sourire et accepta d'un signe de tête élégant (oui, pour une fois) ce qu'elle lui proposait.

Mais quand le dernier domestique eut quitté la pièce, le ton et l'expression du visage de Johanara changèrent brutalement.


Et bien maraude? Où trainiez vous? Dans quelle fange vous êtes vous roulée? Qui vous a hébergé lors de ce stupide séjour à la Flèche? Répondez résidu de chamelle en rut!

Tant de mots d'un seul coup.. tant de questions.. et surtout, surtout, tant d'agressivité.. C'est que la compagne de Messiah avait tout de même des similitudes avec son Ours de père qu'elle ne soupçonnait pas. Se rappelant de l'entrevue qui avait eu lieu quelques semaines avant à Beaucouzé et de la magistrale gifle qu'elle s'était prise, d'instinct, elle fut sur ses gardes.
Pendant qu'elle réfléchissait à tout cela, l'esprit pas très vif, un peu fatiguée par les soirées arrosées qu'elle passait avec son "chevalier servant" comme l'avait appelé une sympathique Marquise, les secondes s'écoulaient sans qu'une réponse lui sorte de la bouche.
Et la Baronne de lancer son regard courroucé sur elle, cela l'intimidait beaucoup. Déjà qu'une Rousse, c'est pas rassurant, mais alors une Rousse en colère avec les yeux qui lancent des flammes, brrr...


Euh.. et bien.. c'est à dire que... enfin.. hum..., ouvrir la bouche pour sortir cet enchaînement pitoyable.. mais pourquoi n'avait-elle pas pris de cours de maintien dans sa prime jeunesse, et d'élocution aussi dans la foulée?

Et bien je suis partie à La Flêche pour accompagner Globs, il est également MA pour la mairesse de La Flêche et je me suis dit qu'à deux, cela serait moins lourd à porter...
Je n'avais pas envie de rester à Saumur...
Et comme il partait..
Et que je m'étais faite agressée en arrivant en Anjou..
Je me suis dit..
Qu'à deux...


Une intense réflexion entre chaque phrase.. un sujet, un verbe, un complément (ou pas). Ne pas en dire trop, ne pas en dire pas assez. Après tout, de quoi avoir honte? Il n'y avait pas de mal à se balader, d'autant plus que son périmètre d'action se limitait à l'Anjou, on était loin de l'escapade en Languedoc qui avait rendu ses parents fous d'inquiétude et sa soeur aussi par la même occasion.

Et c'est le Bailli qui m'a hébergée, c'était plus simple..
Et je ne risquais pas de faire de mauvaises rencontres comme ça..
Euh.. voilà.. ce n'est pas si grave, non?


La Baronne la regarde, ses yeux lancent toujours des éclairs et lui donnent envie d'aller se cacher dans un petit trou de souris... Euh.. visiblement si.. ça l'est...
Johanara
Le discours de la gourgandine semblait cousu de fils blancs. La rouquine opina du chef, comme pour lui faire croire qu'elle gobait ses annêries.

Marchand ambulant? Voilà une bien belle profession. Passionant. J'ai moi même toujours rêvé de l'excercer. Imaginez... Les routes, la brise légère dans mes longs cheveux de feu et un chariot plein de truites! Si c'est pas la belle vie!

Sarcastique, Johanara toisa sa jeune amie, l'air glacé.

Et le drôle vous a hébergé? Sans quelque vieille duègne acariâtre pour vous servir de chaperon. Bravo le beau, de mieux en mieux.

D'un signe gracieux de la main liliale, deux laquais sont invités à s'approcher munis d'une grosse corde.

Que vous passiez votre temps à courir le gueux, le soldat et le nain en taverne, soit. La jeunesse, l'alcool, ce sang angevin qui coule dans vos veines... Sans oublier le lourd poid de l'hérédité...Avec votre père qui a tâté plus de jupons qu'un couturier de la Cour...

Que vous vous acoquiniez avec les maris de vos amies, passe encore. Les moeurs angevins ont fait la mauvaise part à la constance et à la fidélité.


Mais un tourengeau! Tout de même! Ce maire là! Ne niez pas , je sais tout! Misère! Comment avez vous pu??? Ce sont des animaux! Déjà que ce breton là... Tarot? Taureau? Mais la Touraine! Ces miasmes des marais! Ces bubons infectés qui pululent dans nos campagnes et qui prétendent nous faire la guerre! Ces dévoreurs d'enfants! Ce sont des gens sales et malhonnêtes Clélia! Pire que les auvergnats! C'est mal. Je suis fâchée et déçue!

La Cordeuhhhh! Qu'on m'amène la corde!!!!


Et la belle de s'égosiller en trépignant.
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Clelia
Un coup d'oeil sur les deux laquais qui commençaient à se rapprocher d'elle dangereusement. Vu leur corpulence, la partie s'annonçait un peu périlleuse pour elle, mais sait-on jamais. Quand l'armée en Touraine avait agressé le petit groupe avec lequel elle était il y avait quelques années, elle avait réussi à s'en sortir sans une égratignure elle.. bon peut-être que Khip l'avait un peu protégée et que là, sans Jaja pour la défendre, la partie serait autrement moins aisée. Mais elle ne se laisserait pas faire aussi facilement.


Puis, ce fut une avalanche de mots les uns à la suite des autres qui lui tomba dessus. Si elle avait pu en placer un (de mot), elle aurait rectifié certaines choses.. enfin tout en fait.. parce que la Baronne dans son énervement mélangeait tout en même temps. Cette dernière semaine, elle avait d'ailleurs essayé de la caser avec un roux en taverne.. et puis il y avait la fameuse histoire du mariage avec le nain, comme argument électoral pour lui permettre d'être maire de Saumur, enfin c'était pas tellement le mariage en lui-même mais plutôt toute la soirée arrosée qui allait suivre qui en était un... mais cette histoire datait tout de même... La Baronne n'était plus à la page.

Concernant la Touraine et les histoires dans lesquelles elle se mélangeait, pour le coup, allègrement les pinceaux, elle n'eut pas la force de répliquer. Les procès et tout ce qu'il s'y était passé, elle gardait tout ça sur le coeur comme un fardeau un peu trop lourd à porter maintenant que les choses s'étaient tassées et oubliées pour certaines. Mais son amour propre lui interdisait de regarder en arrière. Mais tout de même, il y avait une chose qu'elle allait devoir revoir, cette promesse qu'elle avait extorquée à sa mère à grand renfort d'argumentation, cette promesse de donner une terre à quelqu'un d'autre qu'elle. Elle avait trouvé cela très symbolique, elle pensait que c'était une bonne idée mais finalement, elle s'était fourvoyée et il allait lui falloir revenir sur ses paroles. La pilule était difficile à avaler.

Tout comme toutes les paroles de la Baronne, difficile à entendre, difficile à comprendre aussi. Et puis comme tout cela avait été dit très vite, sans possibilité de revenir en arrière.. et bien elle ne se rappelait plus du cinquième des erreurs qu'elle avait pu dire.

Mais bon, trop c'était trop tout de même!! Et devant deux valets en plus!!! Non mais... Un bref STOP crié soudainement et qui eut le don de glacer les deux infâmes futurs tortionnaires qui allaient bientôt s'emparer d'elle et elle répondit.


Baronne! Je vous en prie!!! Je n'ai strictement rien compris de tout ce que vous venez me dire! Mais cela n'a ni queue ni tête!! Vous mélangez tout!!!

Et puis bon.. Vous n'êtes pas forcément mieux que moi!!! Et vous ne pouvez pas parler ainsi de mon père, qui est un homme droit, noble et respectueux de ses engagements auprès de ma mère et qui n'a certainement pas ce passé dont vous l'accusez!!!
. Oui, c'est beau l'illusion!

Alors ne venez pas me parler de préceptes que vous-même vous ne respectez pas! Vous désirez un homme auquel vous vous êtes refusée, alors même que vous fréquentez mon Oncle et que vous vivez avec lui sans être mariée... Moi au moins, il y a eu un semblant de mariage... Oui, le terme de "semblant" était bien choisi pour le coup..

Alors laissez-moi... euh... hum.... oups..... Je...

Et c’est à ce moment crucial que les symptômes étranges qui commençaient à se manifester depuis quelques semaines maintenant se réveillèrent. L'énervement très probablement, pas d'autre explication.. ou peut-être ce trop de parfum qui partait des vêtements de la Baronne, l'odeur de cette nourriture, l'odeur des fleurs... Elle fut saisit d’un haut-le-cœur et eut juste le temps de filer à la vitesse de l’éclair vers les latrines pour soulager son estomac qui faisait des bonds en elle. Elle avait mis cela sur le compte des nombreux verres qu’elle avait pu boire ces derniers temps. Mais force était de constater que le mal perdurait. Paradoxalement, cela ne l’empêchait pas de manger plus voracement que d’habitude. A Vendôme, elle avait été prise d’une soudaine envie de pain et avait récupéré tous les pains du marché. Et puis elle avait agressé Ermengarde et Calyce parce qu'elles ne la laissaient pas ranger ses pains convenablement.
Et puis, elle était prise d'une soudaine attraction pour les petits lapins, elle en parlait tout le temps, elle forçait son meneur à s'arrêter en pleine nuit, au milieu de la route juste pour le plaisir de les regarder.

Mais pour l'heure, faire bonne figure.. probablement encore un plat qui n'était pas passé, elle était certaine que Globs devait lui faire manger du lapin sans qu'elle s'en rende compte. Elle savait pas trop comment mais c'était une idée qui revenait souvent dans son esprit et ça, rien que ça, c'était un signe indubitable qu'il était pas net.. surtout qu'elle avait réussi à lui faire passer l'envie de mettre des collets partout un peu trop rapidement à son goût. A coup sûr, il essayait de l'amadouer...


Enfin bref, pour l'heure, ni vue ni connue ou presque, il fallait faire bonne figure. Ne s’attardant pas davantage sur ce qui venait de se passer dans les latrines, elle se réajusta vite fait et revint auprès de la Baronne.


Mais que vous est-il arrivé? Est-ce ainsi que l'on clôt un entretien? Mais où avez-vous été élevée?

D’un air nonchalant, elle s’excusa et évoqua un petit déjeuner pris trop vite, une indigestion passagère, juste que en ce moment, elle avait un peu mal au coeur parfois, qu'elle était un peu malade mais que ça passait vite et qu'elle avait de nouveau faim très rapidement. Et comme pour apporter plus de poids à ses dires, elle se servit aussitôt d’un puis de deux des délicieux mets que la Baronne avait fait apporter, qu’elle engloutit plus qu’elle ne mangea.

Ou alors, c'est à cause de cette robe, je trouve qu'elle me serre beaucoup ces temps-ci... Je ne comprends pas.. et puis de partout, c'est affreux... ça doit être ça qui me rend malade aussi.. mais.. maiiiis.. Barrrrrrrooooooonnne!!!!!

Johanara venait de s'évanouir...
Johanara


Hein?? Quoi??? Comment??? La péronnelle se rebiffait!! Et haussait le ton!

Ha l'ingrate! Le crime de lèse-baronne! On bafouit sa grande sagesse! Et ses conseils avisés!

Pfff la vile maraude! La bougresse! Et puis c'étaient quoi ces foutaises?
Quel homme désirait elle à part Messiah? Son joli nez moucheté de tâches de rousseur se plissa. Il y avait bien ce joli roux qui la faisait rire aux éclats dans les tripots de Saumur mais de là à parler de désir...

Mais bien sûr! Le Grand... Un sourire niais éclaira soudain le visage marmoréen de la madone dont les iris émeraudes papillonèrent troublés sous le voile de ses longs cils de jais.

Un émoi de jeunesse... D'enfance presque. Auquel elle aimait songer avec mélancolie comme pour mieux se souvenir de cette jeune fille inscouciante qui n'avait pas encore souffert la perte de ses proches et de son grand amour adamantin, Valezy , son défunt mari.


Vous vous égarez ma chère Clélia.

Sa voix était plus douce, affectueuse certainement. Son regard rieur se posa sur la brunette quelques instants avant de continuer.

Si parfois je montre des signes d'affection pour un autre, c'est que le manque de Messiah me plonge dans un désarroi à nul autre pareil et que la solitude m'étreind le coeur si fort que la folie semble m'habiter. L'énergie du désespoir si vous voulez... Occuper son esprit pour oublier qu'il n'est pas là. Et que chaque instant sans lui est une torture. Mais que racontez vous à propos de lui??

Voilà qu'elle se posait en censeur! En protectrice de la morale et des bonnes moeurs! La peste! La morue! Lui balancer à la trogne qu'elle vivait dans le pêché! Bouhhh!!

Pieuse, presque superstieuse, la jeune femme se signa prestemment. Mais déjà Clélia quittait le boudoir à grande hâte sous les mirettes éberluées de Johanara.

Ba voyons! Quelle impolitesse! Quel culot!
Elle revint la mine décomposée. Décatie même!


Mais que vous est-il arrivé? Est-ce ainsi que l'on clôt un entretien? Mais où avez-vous été élevée?

Et là... Entre deux bouchées, Clélia lui fit part de quelques faits qui ne dupèrent guère la Baronne! Enceinte! La mijaurée était enceinte! Haaaaaaa sous son toit! Son père allait les tuer! Toutes les deux! Clélia pour débauche, et elle pour complicité!

Elle tomba en pamoison sur la table basse d'acajou, brisant par la même un ou deux bibelots de grande valeur.
Serguei, le cocher libidineux, jamais loin pour un mauvais coup se proposa de la réanimer.


Allez du vent la gazoute , et mate bien comment faut traiter les dames d'la haute, j'parie qu't'vas en d'mander toi aussi.


Il posa ses grosses lèvres humides sur le ravissant minois blême avant de lui administrer un formidable coup de langue.
La Baronne ouvrit une paupière.


Mmmhh on est au Paradis? ça sent le vin... Et la bière... Et euh Norf!!!!!! Ha!!!!!!!!!! Bas les pattes fripoulle! Raclure de pelle à crottin! Bourses molles! Quand à vous jeune fille! Direction le couvent! Fissa! Et je viens aussi! Saumur, ce Sodome et Gomorrhe, ce lupanar géant, ce bordel pérpétuel! Fuyons!!! Fuyons!! La corde! Attachez la!
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Clelia
A peine remise de ses excès de pâtisseries et autres joyeusetés, voici que la Baronne tombait en pâmoison devant elle. Pour une raison inconnue du reste. Clélia ne comprenait pas, elle se contentait de crier à l'aide, à l'aide etc.

L'Arrivée du Cocher.. une petite grimace se dessine sur le visage de la jeune fille. Les odeurs fortes, elle ne supporte plus et tout d'un coup, ça recommence, ce qu'elle vient d'engloutir se met à danser dans son ventre, et la vue de l'homme libidineux n'arrange en rien. Mais cette fois-ci, elle connait le chemin et elle se retrouve dans les latrines beaucoup plus rapidement, à son grand soulagement.

Pendant ce temps là, la Baronne et son Cocher font leur petite affaire sur la table basse d'acajou

Elle revient juste au moment où la Baronne hurle de nouveau.


Quand à vous jeune fille! Direction le couvent! Fissa! Et je viens aussi! Saumur, ce Sodome et Gomorrhe, ce lupanar géant, ce bordel pérpétuel! Fuyons!!! Fuyons!! La corde! Attachez la!

Ah mais non, je ne vais pas au couvent! Sûrement pas! Jamais! Mais mais maiiiis, lâchez-moiiii!

Les deux tortionnaires essayaient de s'emparer d'elle, suivant tels des automates les ordres de leur maîtresse dépravée. Elle courut jusqu'à la pièce voisine, fit le tour d'une autre table en acajou (est-elle aussi confortable que la première??) plusieurs fois. Le manège continua quelques minutes jusqu'à ce qu'elle finisse par se faire prendre les deux bras et doive revenir dans la pièce où la Baronne attendait patiemment la fin de la chasse à la Clélia.
Rouge de colère, elle trouvait encore la force de se débattre.


Non, non, nooon! et pourquoi le couvent hein? je ne veux pas, je n'irais pas de toute façon!!!

Un coup d'oeil à la Baronne. Ah tiens, elle ne s'évanouit pas cette fois? Elle se contente de la regarder, elle et ses vilains yeux perçants qui semblent lui dire "râle tant que tu veux, tu finiras en prison de toute façon" - remplacez prison par couvent, cela avait à peu près la même signification pour Clélia- "et puis, tu ne me fais pas peur".

Certes, la jeune fille n'avait rien d'effrayant, tout juste avait-elle un petit peu l'air ridicule avec ses cheveux en bataille, son visage rouge et ses yeux dans lesquels se reflétait toute sa colère.


Et bien, mettez-moi dans votre couvent! Je n'y resterai pas longtemps de toute façon! Ils viendront me chercher! Un seul courrier de moi et ils viennent me chercher! Même dans un couvent!!

Bien d'essayer de s'en persuader mais à peine les mots avaient-ils franchis ses lèvres qu'elle les regretta, elle venait certainement de perdre une occasion de se taire et surtout de se priver de toute possibilité d'écrire depuis son futur couvent, puisque la Baronne cafteuse allait certainement sévir aussi de ce côté là. Froncement de sourcils... Ton qui baisse... Yeux qui se baissent aussi..
Elle tenta une dernière fois quelques mouvements brusques pour essayer de se dégager de l'emprise des deux immondes valets mais ils la serraient bien les marauds. Pour sûr qu'il y avait des coups de fouets qui se perdaient.
Elle regarda alors la Baronne s'armer de la corde et s'avancer vers elle, l'air menaçant, du moins c'était l'air qu'elle lui trouvait.


Et puis d'abord? Pourquoi.. pourquoi le couvent?

Et la voilà qui pleure. Comme une madeleine. Elle ne comprend pas ce qu'il se passe à ce moment là et les nerfs lâchent. Elle a l'impression que tout le monde lui en veut. D'abord, ya les deux jeunes gens qui la tiennent, ça c'est évident qu'ils ne l'aiment pas, raison de plus de pleurer, et les pleurs qui redoublent.. et la Baronne qui la regarde, l'air courroucé, nouvelle raison de pleurer, les pleurs triplent alors... et puis il y avait tout le reste, tout le reste de moche et gris... Mais avant de se noyer dans ses propres larmes, elle repose encore une fois la question.

La Baronne la regarde, comme si la jeune fille se fichait d'elle, comme si cette question était totalement hors de propos tellement la réponse est évidente. Et le couperet tomba.


Mais voyons, les filles-mères, on les cache.. les volages comme vous, on les enferme.. Vous êtes enceinte, ECERVELEE!

Bizarrement, ce fut le mot juste avant "ECERVELEE" qui la marqua. D'un seul coup, les larmes cessèrent (de quoi douter de l'étendue de son chagrin), elle arrêta de se débattre, elle regarda la Baronne, visiblement sonnée.
Non, non, non, ce n'était pas possible, ah non non non.. Tout, mais pas ça! Elle devait aller le rejoindre dans peu de temps, que dirait-il en se retrouvant avec une femme enceinte sur les bras? Que diraient ses compagnons de route? Que dirait Ayerin? Jaja? Et ce fut seulement après que l'image de son Ours de père s'insinua. Elle imaginait sans peine sa colère, sa consternation, probablement qu'il ne lui pardonnerait pas... Alors dans ces conditions, il valait mieux en effet se laisser entraîner dans une prison en pierre plutôt que de se retrouver dehors et en danger de mort. Exagérait-elle? Non, à peine, se faire engrosser était probablement la pire chose qu'elle pouvait faire et elle ne doutait pas des sanctions qui allaient lui tomber dessus. Le couvent serait le meilleur refuge possible.

Vaincue en apparence, elle se laissa attraper fermement par les bras sans rien dire.

Puis dans un dernier sursaut d'énergie, elle fit deux gestes brusques pour se dégager. Elle allait réussir à sortir de la pièce en courant de nouveau quand son pied heurta celui d'un meuble qui se trouvait là, mauvais endroit, mauvais moment... Déstabilisation qui suit. Porte qui est elle aussi au mauvais endroit, au mauvais moment et c'est le front de la jeune fille qui heurte la porte d'un coup sourd. Tentative d'évasion ratée, elle se tourne vers la Baronne.

Décidément, c'était pas son jour!
Johanara
[Une heure plus tard...Dans le coche.]

La brune et la rousse étaient ficelées. Johanara jetta un coup d'oeil à sa voisine rouge de colère et réprima un léger rire. Le baiser du sac à vinasse l'avait ennivré, en admettant qu'elle fut sobre. Elle avait ordonné à ses gens qu'on les attache toutes les deux puis qu'on les jette dans un cocher en direction du couvent le plus proche.

C'est pour notre bien. Quand les moinesses auront chassé de nos jolies têtes ces idées folles et perverses, nous irons bien mieux! Nous ne vivrons que de prière, d'amour et d'eau fraîche!! On pourrait même aller élever des chèvres dans l'arrière-pays. Qu'en pensez vous? Et le bébé? Il va falloir vous marier Clélia! Ou le confier aux grenouilles de bénitier...

Hochement de tête contrariée de la rouquine. Son fils à elle était un grand à présent. Il lui faudrait donner un exemple tout autre de la Baronne pompette qui traînaît la nuit dans les bouges de Saumur un godet toujours rempli à la main.

J'ai laissé une lettre à Messiah. Pour le tenir au courant de notre cure de désintox au couvent.

Et ouais, déjà V.I.P la Baronne! Une vraie people! Un poil trop portée sur la bouteille, sexy comme pas deux, un brin hystérique, de quoi faire péter l'audience d'un Secret Story Médiéval! Bon après elle a pas de secret... Mais ça se trouve ça non? "Je suis en faux couple avec un nain roux" Pas mal non? "J'ai kidnapé une Penthièvre et l'ai traîné de force en retraite spirituelle." Mieux!

Mais revenons en à la fameuse missive laissé au Seigneur de Saint Pierre...


Citation:
Mon amoureux, *tâche de vin*

Je pars! Au couvent! Communier avec la nature, les chèvres, *tâche de bière* et le Ciel.

J'ai décidé de devenir une meilleure personne. *traînée rouge, gluante. Certainement de la confiture de grosseille*

Je vous reviendrais mon bien-aimé mais il va falloir changer beaucoup de chose dans nos vies dissolues et sans vergonde. Vous allez faire de moi une honnête femme et je vous ferai une dizaine d'héritiers.

Lorsque je serai de nouveau près de vous, nous apprendrons ensemble, le Livre des Vertus.

Mille baisers. Vous me manquez déjà.
Votre douce Baronne
.


Si avec ça il ne quittait pas l'Anjou dans la nuit ...

Les pommettes empourprées par l'alcool, et la mine réjouie, Johanara poussa un petit cri de joie lorsque le Monastère se profila entre deux collines verdoyantes.


Nous y sommes!
_________________
Clelia
Sonnée, elle appliquait sur son visage un baume censé prévenir les bleus. Les traces de sa récente rencontre avec le frère de Salebete s'étaient résorbées et voilà qu'à cause de cette stupide porte et d'une Baronne qui l'était tout autant à ses yeux, tout était à recommencer.

Puis ce fut la minute "correspondance", la Baronne la laissa faire ses bagages et récupérer son lapin Globule qui la passionnait pendant qu'elle se goinfrait de tout un tas de choses. En fille indigne qu'elle était, elle ne prévint pas ses parents qu'elle se faisait "enlever" par la Rousse sans scrupule par peur des représailles s'ils savaient le pourquoi de cet enlèvement. Elle choisit donc un autre destinataire, sachant que cela n'allait être guère mieux et qu'il risquait de vouloir régler son "problème grandissant" avec une bonne biture pour elle pendant qu'il opérerait une césarienne improbable et barbare à la pointe de l'épée pour la délivrer de ce "fléau".


Citation:
Van,

j'espère que tu as de bonnes raisons pour n'être pas encore en Anjou. Je ne pensais pas que prendre le mairie de *biip* puisse passer avant moi. On me traine de force dans un couvent alors je te conseille de ramener tes fesses le plus rapidement possible sinon je me défenestre.

Vilainement,
Clélia

ps : suis enceinte il paraît - garde ton épée loin de moi - préviens pas Jaja, il me tuerait


Une fois cette rapide missive remise à qui de droit, une fois les réserves de carottes emportées pour Globule et enfin, une fois ses valises faites, elle donna le tout aux gens de la Baronne qui eut une nouvelle crise de délire et qui exigea qu'on les ligote. Messiah devait s'amuser dites donc!
Sitôt dit, sitôt fait, les voilà dans le carrosse qui les conduisait dans un endroit inconnu.


C'est pour notre bien. Quand les moinesses auront chassé de nos jolies têtes ces idées folles et perverses, nous irons bien mieux! Nous ne vivrons que de prière, d'amour et d'eau fraîche!! On pourrait même aller élever des chèvres dans l'arrière-pays. Qu'en pensez vous? Et le bébé? Il va falloir vous marier Clélia! Ou le confier aux grenouilles de bénitier...

Elle n'en pensait fichtre rien. Pourquoi le couvent qu'un autre endroit après tout? une cave aurait tout aussi bien fait l'affaire. N'étant pas baptisée bien que cette idée lui trottait dans la tête depuis quelques temps, on l'en avait dissuadé puisque nombreux de ses amis ne souscrivaient pas à ces croyances. Pour elle, c'était différent, elle considérait tout cela avec un mélange de scepticisme et de crainte. Mais de là à ne vivre que de prière et d'eau fraîche et laisser son futur enfant à des grenouilles de bénitier, fallait quand même pas pousser...
Elle haussa les épaules en soupirant, pas envie de répondre à ce moment précis.

Mais ce fut quand elle entendit le glorieux "Nous y sommes" de la Baronne qu'elle recouvra la parole.


Et bien, vous, vous y allez peut-être, pécheresse que vous êtes, mais moi certainement pas, on doit venir me chercher à Saumur! Je ne rentrerai pas dans votre prison! Libre à vous de gâcher votre jeunesse et d'user vos genoux sur les sols froids et durs de leurs chapelles! Libre à vous de vouloir gâcher votre si joli teint en ne voyant presque pas le jour et en mangeant de la nourriture insipide! Libre à vous de vouloir perdre ces jolies formes qui font de vous une femme aussi belle! Libre à vous d'aller vous repentir, mais moi, je n'y entrerai pas!

Ne se voyant pas, elle et son si cher lapin Globule être enfermés pour une durée indéterminée dans un sombre couvent, elle avait choisi ses exemples avec soin, sachant que chacun perturberait la Baronne. Elle espérait la faire renoncer, et comme pour ajouter plus de poids à ce qu'elle venait de dire, elle ajouta.

JAMAIS!
--Radegonde_
[Bienvenue dans le Royaume des Nones , où la crosse et la croix font leur loi : Rigide et frigide tu seras ou tu deviendras !]


Sœur Radegonde avait été prévenue de l’arrivée des deux pensionnaires, elle s’était arrangée pour préparer au mieux leur venue, la veuve Baronne Johanara , accompagnée d’une jeune inconnue.
Leur établissement était toujours satisfait de voir la noblesse y séjourner, bon la discrétion devait être de mise, une fois entrée dans ce monde huis clos, où seul l’uniforme, la foy, la prière deviennent l’essence de la vie, on en oubliait les titres, il paraît que ce couvent avait vu défiler des Reynes , des princesses et tant d’autres, ou bien c’était une rumeur pour attirer du monde qui sait.

Elle salue les deux femmes, que la portière Sœur Joséphine venait de faire entrer,


- le bonjour à vous, la bienvenue dans notre établissement, j’espère que votre voyage s’est fait sans encombre, nos routes sont si peu sécurisées en ce moment, sœur Radegonde pour vous servir.

Elle dit ça par politesse, une formule d’accueil standardisé, elle ira en douceur, douce comme un agneau à l’entrée, et peau de vache "Raclure" par la suite.

Elle ne leur laisse pas le temps de répondre qu’elle enchaîne la pipelette,


- Mère Agathe est, notre mère supérieure.
C’est la chef de cet établissement, vous la reconnaîtrez, assez facilement, elle porte une bague au doigt et possède une crosse, comme nos évêques, si vous en avez déjà rencontré.
Regard qui se pose vers la jeune fille, perplexe, sentant que le vice est en elle, se réjouissant d’entrée d’avoir une nouvelle victime à ses crochets, elle lâche un sourire hypocrite tout de même qui se fait chaleureux, laissant apparaître ses quenottes cariées, bon ok c’est loin d’être des dents de laits, on dirait plutôt des crocs de requin implantés.
Ainsi vous saurez, que lorsque vous souhaiterez vous adresser à elle, vous poserez un genoux à terre.
Vous éviterez de lever les yeux, Mère Agathe est très bonne, et apprécie la bienséance, je pense qu’elle sera heureuse d’avoir deux nouvelles pensionnaires ici lieu.
Par contre, si vous lui manquez de respect, vous risquez de la voir sur son mauvais jour.


Elle les entraîne dans une pièce, où se trouve un bureau, ainsi que plusieurs placards, elle en ouvre un , puis en sort deux baluchons.


- vous trouverez dans ces baluchons, des draps, et des taies, pour préparer vos couches, baronne, ici nous n’avons pas de servantes, tout se fait par soi-même, aussi j’imagine que ce n’est pas la première fois que vous vous rendez au couvent ? à moins que je me trompe. Ainsi je vous rappelle, qu’on oublie vos titres, ainsi que vos origines, vous aurez au choix, soit de garder vos prénom ou bien d’en choisir un de cette liste. On est au mois d’août, on ne se casse pas la tête, il commencera par un A.

Citation:
Abigael
Adelaide
Adele
Adeline
Adrienne
Agathe
Aglae
Agnes
Aimee
Alexandra
Alexandrine
Alice
Alienor



Vous trouverez également dans ces baluchons, des uniformes, sobres, pour vous vêtir, adieu, dentelles et froufrous, ainsi que coiffe tendance, bonjour à notre voile, ainsi que nos robes, que notre tisserande Sœur Mélodie confectionne, petit regard malicieux qui se dirige vers la baronne, puis sévère envers la Clélia.
Vous serez logée au dortoir Est, réservée aux novices, nous avons pour coutume, d’éteindre les bougies et de tirer les rideaux, pour nous dévêtir, hors de question de voir la chair de nos sœurs. Pas question de vous entre aider, que se soit pour vous dévêtir ou vous coiffer, d’ailleurs.
Vous éviterez de discuter à haute voix, hors de question aussi de parler de vos vies antérieures , sachez qu’une fois que vous êtes ici, on oubli tout, amitié, famille même, et amant.


Elle appui sur le dernier mot, puis les invite à la suivre, une nouvelle fois, à traverser plusieurs couloirs et à arriver au dortoir.

Vous méditerez longuement, et vous vous confesserez pour absoudre vos péchés, vous prierez.

Elle déroule un parchemin et en fait la lecture, « The Programme »

Citation:
~~~~ Au programme ~~~~

    4h00 on se lève tôt , le monde appartient à ceux qui se lèvent avant le coq, pas question de se laisser moisir jusqu’à 11h00 en couche.

    4h45 vous mettez vos frusques, inutile de tenter de mettre vos plus beaux habits, nous mettons à votre disposition des uniformes standards (taille unique XXL c’est la taille moyenne en notre époque).
    Pour gagner du temps, vous éviterez de vous coiffer, un voile vous sera fourni avec l’uniforme. (histoire de cacher la misère ainsi que d’éviter la prolifération de poux.

    5h00 rendez vous à la chapelle, (aucun retard ne sera autorisé, les dernières arrivées seront affectées à la corvée de nettoyage de la chapelle)

    7h00 petit-déjeuner dans la salle commune ( aucun retard toléré sous peine de crever de faim, il n’y a qu’un seul service , les retardataires feront la vaisselle)

    7h30: rendez vous en classe pour commencer vos leçons :
    - Broderie
    - Tricotage
    - les 1000 façons de répondre à son époux
    - l’art du respect des aïeux
    - les louanges à Aristote et Christos lecture du Livre des Vertus
    - l’art de la soumission , l’obéissance
    - l’art de la maternité (réservée aux pensionnaires qui n’ont pas fait vœux d’abstinence et qui n’ont pas dit NON au mariage.)
    - l’art de la Résistance au péché ( torture, et humiliation à ceux qui ont eu un moment de faiblesse).
    - de la méditation et de la réflexion .

    11h00 pause déjeuner .
    Attention à respecter l’emplacement de chaque pensionnaire.
    A table pour les meilleurs d’entre vous.
    Par terre pour celles qui auront fâché le Très Haut en énervant l’une des bonnes sœurs ou la Mère Supérieure.

    12h15: pause détente pour celle qui auront mangé à table, les punies récureront la salle à manger.

    13h30 reprise des leçons en chanson , la mère Supérieure vous écoutera chanter.

    15h00: prières de Vêpres à la chapelle.

    15h30: retour en classe pour les leçons jusqu'à 17h00.

    17h00 rendez vous à la chapelle , eh oui encore des prières !

    17h30: dîner , comme pour le déjeuner, les veinardes à tables, les vilaines par terre ! Pendant que la plus studieuse fera la lecture d’un passage du Livre des Vertu.

    18h15 : nettoyage de la salle à manger, puis petite pause pour les Veinardes , puis lavage de latrines pour les Punies.

    18h30: prières encore eh oui ! à la chapelle.

    A 20h00, TOUT le monde est couché


Une fois la lecture faite, elle regarde les deux pensionnaires

- Inutile de vous dire, qu’on commence dès aujourd’hui , vous me tiendrez au courant du choix de vos noms, que je vous enregistre dans nos registres d’entrée du Bidé du Couvent.
Je vous laisse le temps de vous préparer.


Son regard se fixe sur la jeune fille, descend au ralenti jusqu’au ventre, sceptique elle lui dit.


On discutera de ce problème plus tard, vous allez devoir prier et pas qu’un peu, jeune fille !

Pas besoin de vous dire que vous êtes entrée consentante ici, qu'il n'est pas de même avec la sortie, nous décidons du temps de votre retraite spirituelle, mes sœurs.

Aussi, il n'y a pas d’échappatoire possible , nos fenêtres sont barricadées, nos murs ont des oreilles, vos courriers seront suivi et surveillé, on chasse les mésanges à coup de flèches ou de pierre , quant aux pigeons, on s'en régale en cuisine, hum , du moins les jours de fêtes.



Dis donc la grosse ferait mieux de ne pas étaler son péché de gourmandise, enfin pas besoin de le dire , son gabarit l'illustre plutôt bien.


Vous sortirez d'ici, l'esprit sain , l'âme en paix vous verrez.
Rendez-vous à la chapelle dans 5 minutes.
Vous pouvez suivre l'écho des voix mélodieuses de nos sœurs.


Elle tire les rideaux, puis souffle sur les bougies, murmurant un "à poil mes sœurs !", avant de se diriger vers la porte du dortoir, prenant soins de claquer la porte, pour indiquer qu'elle est sortie, que le chronomètre était lancée, les deux pensionnaires avaient donc 5 minutes pour se métamorphoser en "nonnes" frigides au possible et rigide à l'avenir.

Ses pas font demi tour, réouverture de la porte en fanfare.


- Minute papillon ! Changement de programme, baronne, on laisse la jeune pécheresse ici, votre dortoir sera celui de l'Ouest.
Il est préférable de séparer les pensionnaires qui se connaissent.

Rendez-vous à la chapelle, jeune fille, ne soyez pas en retard.


Elle indique le dortoir à la baronne, puis la laisse s'y rendre seule, attendant avec une certaine patience, la Clélia sur le chemin qui mène vers la chapelle.
A l'affut de la première bourde que fera, celle qui a le vice en elle, comment ça elle juge vite fait, Radegonde?
Clelia
Rendez-vous à la chapelle, jeune fille, ne soyez pas en retard.

Et elle est où la chapelle en question ? Comment ça ne pas être en retard ?


C’est qu’aucun cadran solaire n’était disposé de façon à lui indiquer le temps qu’il lui restait, probablement que cela serait laissé à l’appréciation des Supérieures.
Séparée de son amie, elle soupira longuement avant de se décider à changer de vêtements.

Elle n’avait pas très bien compris le regard qui s’était posé sur son ventre naissant, à moins que la Baronne ne les ai averties préalablement, ou bien parce que ces « signes » étaient flagrants pour un œil expérimenté. Combien de jeunes filles étaient donc passées par ces murs avant elle ?

Retirant péniblement les couches de vêtements que d’habitude on l’aidait à ôter, elle enfila la chose informe qui allait lui servir de vêtements pour son séjour ici.
Au milieu de l’opération, elle s’arrêta, passe une main sur son ventre qui s’arrondissait depuis quelques temps. C’était encore très peu perceptible mais un certain « gonflement » était déjà là et ça n’allait pas s’arranger.
Une grimace s’installa sur son visage, ce n’était vraiment pas le moment de se retrouver entravée par un petit être auquel elle ne pourrait donner tout l’amour et l’attention nécessaires.


Le temps fila à la vitesse de l’éclair et elle mit près du double du temps imparti pour se rendre suffisamment présentable à son goût. De toute façon, personne ne vint lui rappeler qu’elle devait se dépêcher aussi ne se sentit-elle absolument pas fautive quand vint le moment de se diriger vers la chapelle.


Un coup d’œil à gauche, un coup d’œil à droite.. Pas de chapelle… Des chants ? Pas plus… Allons bon, manquait des indications ici, ou quelqu’un pour renseigner.


Sûre que le planning ne s’appliquerait pas en entier à sa petite personne, elle s’assit sur un muret, contemplant la cour intérieure du couvent. Il faisait beau, un peu chaud. Elle se sentait presque bien ici finalement. Un peu interloquée par l’accueil rude de la Sœur, elle se faisait à l’idée de rester ici quelques temps, commençant à être persuadée qu’il lui ferait peut-être du bien.
Le regard que la Baronne avait posé sur elle avant de s’évanouir et de lui dire qu’elle était enceinte ainsi que le regard de la Sœur qui les avaient accueillies étaient restés gravés en elle. Ainsi donc, c’est ainsi qu’on allait la toiser dorénavant ? et cela n’allait pas s’améliorer quand son ventre grossirait dans les mois qui viendraient. Sans bague au doigt, sans promesse de futures épousailles, cette nouvelle allait causer une terrible déception pour sa famille. Mais après tout, maintenant, qu’y pouvait-elle ? Etait-il possible d’interrompre une grossesse sans attirer sur soi le châtiment divin ? Elle allait poser la question plus tard pendant le repas sûrement.

Une petite pensée pour la Baronne.. dans quel bâtiment était-elle maintenant ? Peut-être serait-il possible de la voir , même quelques minutes…

Avisant la Sœur qui les avait accueillies, elle alla se présenter vers elle, un grand sourire aux lèvres.




Re bonjour, je crois que j’ai choisi mon nom pour ce temps de retraite, il s’agirait de « Agnès ».

Ce jardin est magnifique.. mais.. je crois que vous m’aviez dit d’aller quelque part, pourriez-vous m’indiquer le chemin ?

Et.. je commence à avoir faim, le voyage m’a fatiguée, auriez-vous quelque chose à manger ?
--Radegonde_
{Mode Sœur Rigide ON : le début des "vacances infernales pour Clélia"}

Il y a bien des chose que lui avait appris le temps à Sœur Radegonde,
pas de copinage avec les pensionnaires , surtout avec « les cuisses légères », comment ça elle est méchante? Non, elle les considère comme des raclures, peut-être par jalousie ou autre, c'est que la nonne n'avait jamais connu le plaisir charnel, autre chose, être pointilleuse, ainsi la ponctualité était pour elle une base que toute pensionnaire devait avoir, novice ou pas, ainsi les 5 minutes passèrent, toutes les pensionnaires étaient présentes dans la chapelle, les chants commencèrent , et se terminèrent, les secondes , les minutes, passèrent et la jeune effrontée n'était pas au rendez-vous non.

Radegonde savait qu'elle perdrait du temps, oui, c'était un piège qu'elle lui avait volontairement fait, ce rendez-vous , 5 minutes pour mettre son uniforme, puis ne pas lui indiquer où était précisément la chapelle, ne pas la chaperonner pour son premier jour, tout ceci était une belle magouille, pour pouvoir montrer son autorité et mater la jeune fille.

Il se trouve que tout était rapidement communiqué au couvent, ainsi, elle savait que la jeune fille était d'une famille noble, qu'elle avait péché, qu'elle n'était certainement pas encore baptisée, qu'elle n'avait ni alliance ni promesse d’épousailles, ainsi elle allait engendrer un nouveau bâtard, voila tout, et surtout, Clélia était dans cet établissement de force, la baronne avait souligné ce fait, cette retraite spirituelle allait être donc une « sacré corvée » (c’est le cas de le dire) pour la damoiselle.

Ainsi Radegonde escorta (ça a quelque chose de militaire, oui en plus d’être bonne sœur , elle joue le rôle de matonne à la perfection) le reste des pensionnaires jusqu’à la salle d’étude avant d’aller chercher la novice « échouée » dans un coin coin de ce couvent.

Traversant la cours , une nouvelle fois, pour rejoindre la chapelle encore, des fois que la pécheresse a trouvé le lieu de prière, et devinez sur qui elle tombe, bien, la jeune fille, sourire radieux au visage, qui la resalue , en plus d’être à la bourre, la damoiselle a une mémoire de poisson, elle avait déjà oublié ses « instructions » 5 minutes pour se changer et se rendre à la chapelle !


Re bonjour, je crois que j’ai choisi mon nom pour ce temps de retraite, il s’agirait de « Agnès ».

Ce jardin est magnifique.. mais.. je crois que vous m’aviez dit d’aller quelque part, pourriez-vous m’indiquer le chemin ?

Et.. je commence à avoir faim, le voyage m’a fatiguée, auriez-vous quelque chose à manger ?



- Sœur Agnès, entendu, je suppose que vous avez choisi ce prénom après une longue réflexion, vu votre retard, vous deviez vous rendre à la Chapelle, il y a de cela, trois quart d’heure, au lieu de cela, vous voilà ici présent, à admirer, voir flâner dans cette cours, avec oisiveté.
Savez vous que le prénom Agnès signifie , « chaste », ainsi j’espère que celui-ci vous définira au mieux en ressortant de votre retraite ici.


Tout en parlant, Radegonde, fait mine à la jeune fille de la suivre, en direction du réfectoire.

- J’imagine bien, que la route donne faim.
Néanmoins, votre retard, doit être puni, l’oisiveté est un péché , la flemme est nullement toléré ici.


Elle pousse la porte du réfectoire, il y a une foule de jeune femme, à l’uniforme standard, un silence profond règne, on se croirait dans un cimetière, seule la voix d’une des sœurs raisonne, elle chante une partie du livre des Vertus d’une voix mélodieuse, pauvre fille punie pour avoir parler à haute voix lors du cours de « Soumission » , résultat au lieux de manger la voilà qui chante, condamnée à voir les autres manger et rester le ventre vide.
Sœur Agnès , allait connaître le même sort, sous peu.


- mes sœurs , Mère Agathe , le bonsoir, je viens à vous, pour vous présenter une nouvelle pensionnaire, Sœur Agnès , veuillez l’accueillir comme il se doit.


Elle fait mine à Agnès de se prosterner devant la Mère supérieure,
Pis poursuit les présentations.



-Il se trouve que Sœur Agnès, a quelque souci avec la ponctualité, ainsi , devant vous, je la prive de souper ce soir, elle passera la nuit à la chapelle, afin de connaître son emplacement, elle priera face contre terre durant deux heures, par la suite, elle récurera le sol, ainsi que les bancs, sous le regard vigilant de Sœur Clothilde. Nul retard n’est toléré dans ce couvent, que ce châtiment , soit un exemple pour vous toutes.

Le temps passa assez rapidement, Sœur Radegonde, accompagna ainsi la retardataire jusqu’à son lieu de « supplice », elle entendait son ventre gargouiller, aucune pitié pour elle, bien au contraire , une certaine satisfaction de la voir mal à l’aise. Le début du séjour d’Agnès allait commencer en « fanfare », ou à quatre pattes à récurer le sol d’une chapelle bien fraîche le soir.

- Sœur Clothilde, voilà de la compagnie pour ce soir, Sœur Agnès, a été légèrement en retard , cette après midi, pour sa première prière, tu connais la coutume ici, tu sais ce qu’il te reste à faire ce soir, tu t’assureras qu’elle fasse ses prières comme il se doit, soit deux heures, face contre terre, par la suite elle nettoiera la chapelle, si tu la vois qui traîne, qu’elle tarde en besogne, je t’autorise à user du fouet.

Elle regarde Sœur Agnès, aucune expression au visage, Radegonde était implacable, on l’a nommé ainsi quand elle avait le dos tourné.
Il était certains que Clélia n’était pas tombée dans le meilleurs couvent, aucune sympathie, encore moins le sens « humanitaire », non, c’était une usine religieuse, où les femmes ne pouvaient en ressortir que soumise, bon il paraît que bizarrement certaines en sortaient hystériques, voir hérétiques pis finissaient au bûcher.
Mais les meilleurs finissaient comme Radegonde, un égo surdimensionné, un caractère glacial, cruelle , sadique, coincé du cul cul aussi, mais bon , on est nonne ou pas.


- à demain, 5 heure du matin, inutile de vous dire Soeur Agnès, que vous n'allez pas dormir de la nuit et encore moins de la journée, ainsi vous suivrez le reste du programme de la journée de demain avec les autres.
En espérant que vous serez ponctuelle.


Elle tourne le dos, ses pas lourds se dirigent vers la porte, elle sort de la chapelle, laissant la jeune fille face contre terre, les prières commençaient!
Clelia
Peut-on parler de journée quand le temps semble s’étirer à l’infini ? Quand aucune seconde de repos ne nous est accordée ? Quand tant d’efforts sont demandés au corps qu’il ne devient plus qu’un seul morceau de chair endolori ?


La première heure, elle n’avait rien dit, se contentant d’obéir, une attitude qui ne lui ressemblait pas. Mais au cours de la deuxième heure, elle s’arrêta. Son dos la faisait souffrir, ses mains commençaient à devenir rouge à force d’être appuyées par terre et ses genoux tout autant. De face contre terre, elle se releva et s’assit sur ses genoux, étirant son dos. Une remarque de la Sœur qui la surveillait et une première récrimination se fit entendre :


Mais attendez, ce n’est pas humain de me faire faire cela.. Juste pour quelques minutes de retard… Pour qui vous prenez-vous ?

Le quart d’heure qui suivit lui fit oublier les mots qu’elle avait imprudemment prononcés. Traînée de force jusque dans une pièce à côté de la chapelle (il ne fallait pas gêner Aristote par le déferlement de violence qui allait venir), Sœur Clotilde s’acquitta avec beaucoup de zèle de la tâche qui lui avait été confiée.
Projetée violemment à terre, on dégrafa sa robe de façon à ce que son dos seul soit exposé aux coups de fouet qui allaient suivre. Quand les premières lanières s’enfoncèrent dans sa chair elle ne put retenir un cri de douleur. Insupportée par ce cri, Sœur Clotilde lui mit un chiffon dans la bouche afin d’étouffer au mieux les exclamations qui allaient suivre. A genoux, au sol, les mains tendues en avant, les poignets se contractant jusqu’au sang à chaque lanière qui meurtrissait son dos, Clélia fermait ses yeux d’où jaillissaient des flots de larmes.


Maintenant, relève-toi et va finir ton travail

Suffoquant encore sous l’effet de la douleur, elle se releva péniblement et on la reconduisit à la chapelle. Plus morte que vive, elle s’acquitta machinalement de ce qu’on exigeait d’elle tant la douleur était intense à chaque mouvement qu’elle faisait. A la fin de la corvée, Sœur Clotilde la bouscula pour lui signifier qu’il était l’heure de se relever.

On lui accorda une heure de repos dans la cellule qu’on lui avait attribuée. Couchée sur le flanc, elle ne trouva pas la position la meilleure qui lui aurait apporté un peu de repos.
Son dos n’était plus qu’une plaie béante que le simple contact du tissu des vêtements suffisait à réveiller.


Les jours passèrent, avec d’autres privations, d’autres châtiments arbitraires. Mais petit à petit, l’instinct de survie prit le dessus sur tout le reste. Certes, elle maigrissait à vue d’œil mais les hauts-le-cœur qu’elle avait eu s’étaient apaisés. En revanche, son ventre, lui, grossissait et c’était à cela qu’elle se raccrochait à présent.

Seule, pas une seule lettre ne lui était arrivée… D’un autre côté, qui savait qu’elle était là ? La Baronne, où était-elle ? Il était impensable qu’elle l’ait amenée ici en connaissance de cause… Mais pourquoi donc ne s’inquiétait-elle pas d’elle ?

Les jours passaient et elle couvait du regard ce ventre qu’elle caressait de temps à autre, sentant que des sentiments nouveaux et insoupçonnés naissaient en elle.

Elle avait pris le pli des horaires, commençait à comprendre le manège de certaines sœurs pour essayer de la piéger, était devenue d’une ponctualité exemplaire, se contentant également de faire les tâches qu’on lui demandait, aussi infâmes soient-elles sans rechigner, craignant maintenant pour la vie du petit être qui était en elle.
Et pourtant, ces milles précautions ne lui permirent pas d’éviter d’autres châtiments qui semblaient monnaie courante si l’on en jugeait par les cris qu’elle avait pu entendre, venant d’autres pensionnaires.
Tout était bon pour remettre les âmes dans le droit chemin et la manière la plus radicale était souvent considérée comme la plus efficace.


Un jour, alors qu’elle s’était faite encore « engagée » pour laver un sol de plus dans le couvent, une vive torpeur la prit et elle dut s’arrêter et s’asseoir sur une chaise. Elle se sentait défaillir, probablement la faim, peut-être autre chose. Elle vacilla quand on la remit de force debout et ne parvint pas à se rattraper quand le sol se déroba sous ses pieds. Tombant sur son poignet, elle ne prit pas garde à la douleur qui venait de naître autour de son articulation. Ce ne fut que quand elle se rendit compte qu’un hématome était apparu et qu’une douleur lancinante la réveillait la nuit qu’elle osa demander un médecin.
Peine perdue, on s’en remettait à Aristote pour ces cas-là. Et il ne faisait aucun doute que l’âme pécheresse de la jeune fille devait avoir beaucoup de choses à se faire pardonner pour qu’Il l’inflige d’une douleur pareille.

Néanmoins, sur ses pas, elle croisa le regard et la gentillesse d’une sœur qui s’engageait tout juste dans ce couvent, d’une façon délibérée, elle.
C’était la compassion qui avait fait naître entre les deux jeunes filles une amitié tacite et qui ne s’exprimait qu’en de rares occasions. Sœur Domitille lui apportait à la nuit tombée de quoi manger un peu quand elle jugeait les restrictions trop sévères à l’égard de la jeune fille.
Seuls les murs gardaient le secret de ces dons nocturnes qui permirent de retarder si ce n’est d’éviter ce qui allait arriver, inexorablement.


Ce jour-là, depuis le milieu de l’après-midi, une nouvelle douleur était née dans son corps, au niveau du ventre cette fois-ci. Ce n’était pas la faim, elle connaissait maintenant cette sensation par cœur. Son dos avait bien cicatrisé depuis son premier jour et son poignet la faisait de moins en moins souffrir. Elle avait compris que le déni de la souffrance était une nécessité ici, toute souffrance étant a priori voulue et provoquée par le Très-Haut dans un but louable, même si certaines sœurs la favorisait allègrement.
Regagnant sa cellule, elle passa son ample chemise de nuit qui couvrait totalement ses formes et se coucha.


Une heure plus tard, elle se réveilla en sursaut.
Une douleur brutale venait de la saisir. Elle respira profondément avant qu’une deuxième douleur semblable ne la réveille tout à fait. Instinctivement, elle se mit à souffler par petits coups rapides, persuadée que cela ne pouvait être qu’un effet de la fatigue ou du stress auquel elle était soumise. Les douleurs s’espacèrent, puis se rapprochèrent, lui laissant de moins en moins de répit.
C’est qu’on avait l’impression que ça se battait à l’intérieur d’elle-même, le bébé qui devait se battre pour vivre. Elle resta ainsi un certain temps, alternant les grandes inspirations, les grandes expirations jusqu’à ce qu’elle sente qu’un liquide s’échappait d’elle et commençait à souiller les draps.
Horrifiée, elle se redressa sur son lit, s’assurant de ce que c’était et en quelle quantité cela s’était répandu. Elle assimila aussitôt cela à ce que lui avait raconté Sauvane quelques mois avant.


Non non non non....

Elle eut beau répéter cela une quinzaine de fois, c’était trop tard.
Tenant son ventre encore tendu, elle savait que maintenant, tout était fini. Elle le caressa une dernière fois en versant quelques fines larmes, rien de comparable avec les chagrins qu’elle avait pu avoir auparavant, cette fois-ci, le malaise était beaucoup plus profond, le chagrin beaucoup plus pernicieux.


Le temps s’était arrêté dans cette cellule où seule, une trop jeune mère venait de perdre un enfant qu’elle ne voulait pas mais à qui elle avait commencé à donner un peu d’amour au fil de ces derniers jours.


Le chagrin passé, ce fut la colère qui prit sa place et d’une violence dont elle n’aurait jamais pensé être capable. Se relevant brutalement de son lit, elle commença à hurler de toutes ses forces avant de se jeter sur le lit et d’attaquer à l’aide d’un crucifix, le matelas en piteux état qu’on lui avait concédé vu son état.
Eventrant le matelas, elle en répandit l’intérieur dans la cellule. Puis, avec la même rage, elle s’attaqua à une chaise. La saisissant à deux mains, elle la projeta contre un mur et fit voler en éclat ses pieds, après plusieurs tentatives.

Puis, se saisissant de nouveau du crucifix, elle entreprit de taper avec sur la table qu’on avait laissée à disposition pour qu’elle rédige les courriers qui, du reste, ne partaient pas. Avec une joie démente, elle tapait plus fort à mesure que de larges entailles apparaissaient dans le bois.
On ouvrit la porte, ivre de rage, elle lança à la première personne à portée de voix :


Allez en enfer pour votre barbarie ! Qu’Aristote vous brûle, vous condamne pour le crime que vous avez fait !!!

Ajoutant le geste à la parole, elle jeta sur cette même personne le crucifix qu’elle tenait à la main avant de s’effondrer en larmes, passant des mains hésitantes sur la chemise de nuit qu’elle avait souillée de son propre sang.
--Soeur_domitille
Emmenez-moi au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles, il me semble que la misère serait moins pénible au soleil...


La jeune novice était là, discrète comme elle avait l'habitude. Silencieuse, tout ce qui avait suivi, sous ses yeux, elle n'avait pas compris. Qu'était-il arrivé à la jeune fille qui était arrivée un rien trop pimpante quelques jours plus tôt.

L'empathie naturelle dont elle était dotée lui commandait de faire quelque chose, un petit quelque chose, si petit que cela ne serait rien, finalement.

Tremblante, elle était allée retrouver la jeune femme que l'on avait traînée dans une autre cellule, où il n'y avait qu'un lit à même le sol, sur une maigre paillasse.

Elle était brûlante de fièvre. Une rapide main sur le front confirma ses craintes. Des lèvres de la jeune pensionnaire forcée partaient des mots inaudibles, incompréhensibles. Seuls quelques noms revenaient régulièrement dans ce délire.

Notant à la hâte sur un papier ceux qui revenaient et qu'il allait falloir prévenir au plus tôt. Maigre, fatiguée, perturbée par le drame qui s'était joué quelques heures avant, si seulement la vie de la pauvre jeune fille n'était pas en danger.

Elle nota donc quelques noms à la hâte, de personnes à prévenir, au hasard.


Citation:
Fauve.., Fifounijoli, Strakastre, Vanhelsin, Josselin...


Elle n'eut pas le temps de continuer à écrire davantage, une nouvelle crise de délire commençait. Effrayée, elle savait qu'elle ne devait pas être là et pourtant, au fond d'elle-même, elle se sentait être au bon moment, au bon endroit.

Quelques minutes pour avertir la supérieure et de nouveau, elle était à ses côtés, tamponnant d'une main sûre le front de Clélia.


Qui appelons-nous? Le diacre de Saumur, Killijo de Dénéré! Qu'importe l'heure.. il faut qu'il vienne!
Clelia
La fièvre, la fièvre s'était emparé d'elle depuis quelques heures, devenant de plus en plus brutale. On l'avait emmenée de forcée, traînée serait plus juste, jusqu'à une autre cellule, plus austère encore. Elle avait vu dans le regard courroucé de celles sur qui elle avait jeté sa rage et le pauvre crucifix un imperceptible froncement de sourcils, un imperceptible air d'énervement.

Mais plus rien n'avait d'importance maintenant.

Installée à la va-vite sur une sorte de lit, elle s'était laissée aller, cherchant un sommeil qui la quittait ces derniers temps. Ce fut donc dans son sommeil que la fièvre la saisit plus violemment.

Elle eut chaud mais ne s'en rendit pas compte.
Perdue dans un rêve idyllique... Mortagne... là où tout avait commencé.. Un écureuil.. une dague... un bébé... Le temps qui défile et une musique en arrière fond... Au clair de la Lune, Reyne aimes-tu ton peuple... Un chant qui était restée, pour toujours... Il y avait une brune, aujourd'hui fantomatique, il y avait un brun, un blond, il y avait.. Leon, Crow... Et tout ce petit monde se mélangeait à ceux d'aujourd'hui.. Peluche... Fauve.. la belle indomptée et indomptable...

Fauve.. parce qu'elle avait trop d'indépendance, un peu de lassitude de vivre, un grain de folie, un grain d'espérance, une poussière de ce qu'elle ne serait jamais.. jamais, jamais oublier... cette lettre.. cet écureuil... Même dans la tourmente, il avait su la trouver.. Mais là, il était trop loin, trop loin pour apporter des nouvelles rassurantes.. si seulement, elle avait rencontré cette armée de Touraine cette nuit là... la nuit où tout aurait du basculer.. la nuit qui avait suivi son assassinat, la nuit où elle était quasiment sûre de tomber sur les mêmes mercenaires que ceux qui avaient du croiser sa route la veille.. et pourtant...

Jaja... Dont elle avait du s'éloigner à temps, avant d'être emportée elle aussi par ce tourbillon... Il avait été préférable pour eux deux qu'elle parte avant que tout n'explose. Il avait compris même s'il lui en voulait encore. Mais les"il faut" elle les connaissait par coeur maintenant, peut-être même un peu trop, ou pas assez.. pas assez pour ne pas oublier. S'ils s'étaient rencontrés plus tard, s'étaient aimés avec une intensité différente, pas de façon aussi totale, se connaissant tellement bien qu'il avait été difficile, si difficile.. que cela le serait encore et que une fois son esprit endormi, elle aurait encore du mal à faire table rase du passé.

Le rêve se termina enfin, la fièvre montait encore plus...

Elle ouvrit un oeil, puis l'autre.. on était près d'elle, on s'occupait d'elle.. Un ange probablement... un ange, cela ne pouvait être autre chose...

Elle bredouilla, bafouilla quelques mots.. Prévenir quelqu'un.. prévenir... Fauve.., Fifounijoli, Strakastre, Vanhelsin... On lui parla de Killijo, elle hocha la tête... Oui, oui, Killijo, pourquoi pas... Il allait devoir entendre sa dernière confession, elle se sentirait mieux après.. du moins, c'est ce qu'elle pensait.
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