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[RP] Les (mes)aventures d’un petit homme

Elouan.
[Flashback – quelque semaine plus tot]

Soif de grand espace, soif de liberté, soif d’aventure, Elouan avait fugué pour la énième fois. Mais cette fois là, l’aventure avait duré plus longtemps. Il s’était bien gardé de dire quoi que ce soit à la Tatoué ou à sa princesse, gardant son petit secret pour lui et rien que pour lui. Et par une nuit bien noire, le gamin avait fait le mur encore une fois.
La charrette d’un marchand ambulant attrapé, Elouan était parti sur les routes. Et de charrette en calèche, les paysage avait défilé devant lui pendant quelque jour jusqu'à ce qu’enfin le gamin décide de poser sa maigre besace à Albi.
Fin du voyage !

Enfin, juste le temps pour lui de visiter la ville et son marché, de narguer le lieutenant, alléger quelque bourse et jouer les hommes dans les tavernes.

Ça des rencontres il en avait fait le petit homme de drôle de rencontre même. Entre un homme qui ne voulait absolument pas qu’il boive de la bière, des dames qui voulait faire de lui un bon petit garçon comme on fait un bon gâteau, une petite fille qui se croyait plus forte que lui en bêtise et bien sur qui avait l’art et la manière d’amadouer les dames.

Bref, i lavait vu du monde le petit brigand, tout autant de monde qui n’avait pas compris dans quel monde il avait été plongé depuis longtemps déjà, autant de monde qui ne le comprenais pas…
Il avait beau avoir 8 ans, il ne ressemblait pas au enfant de son âge…


[Albi, une rencontre et…. Si on repartait ?]


Et puis il y eu cette rencontre, étrange rencontre d’ailleurs, un drôle de bonhomme qui l’avait traité comme un homme, qui ne s’était pas moqué de lui, il ne l’avait pas chassé non plus, mais au contraire, il lui avait offert un peu de chaleur et de réconfort, tout en respectant ce qu’il était comme l’avait fait auparavant…. La Tatoué.

Mine de rien, par des gestes simples, sans grand sermon ou menace, Elouan s’était rendu compte qu’elle lui manquait, que finalement, même entre quatre murs, il n’était pas si mal que cela…
Peut être était-ce temps pour lui de repartir ?

Le soir même, la Teigne était rentré dans son petit coin, à l’abri dans une ruelle et avait préparé soigneusement ses maigres affaires : Une bout de pain volé, 3 écu et un peu de pain avec du lard que lui avait donné le tavernier… Bien peu de chose face à la très longue route qui l’attendait.
Et en route pour de nouvelle aventure, en route pour retrouvé celle qui finalement, l’avait toujours compris et lui avait apporté des le premier jour ce qu’il avait toujours recherché.

_________________
Rodrielle
Elouan ? Elouan il est l’heure ! ELOUAN ?!!!

Il n’était plus là, ni dans son coin privé, ni dans le domaine, ni dans le jardin. Elouan n’était plus à l’orphelinat. Encore. Au départ, la Tatouée ne s’était pas vraiment inquiétée, habituée des fugues du jeune enfant qui avait toujours cette envie de retrouver ses marques et ses petits « délits » en ville. Mais lorsqu’elle ne le retrouva pas non plus là bas, que les heures et les jours passaient sans qu’il ne revienne, la panique s’était installée. Jamais il ne lui avait fait un coup pareil, jamais. Pourtant, elle pensait avoir installé avec lui une certaine confiance, une certaine complicité… Mais non ! Il était parti, petit brigand qu’il était, sans penser qu’il ferait du mal à aux moins deux personnes : Marine et elle.

Les semaines s’écoulaient et elle n’avait toujours pas de nouvelle. Et c’était avec difficulté qu’elle se souciait des autres enfants de l’orphelinat. Blessée, inquiète pour son petit chouchou, la Corleone laissait de plus en plus souvent son amie gérer le domaine pour qu’elle puisse se défouler par ses activités habituelles, mêlées de temps en temps à des recherches. « Vous n’auriez pas vu un petit blondinet de 8 ans, qui chaparde tout le temps ? » Mais de vaines réponses lui revenaient aux oreilles. Elle ne le reverrait donc plus ?


-C’est l’Elouan qu’vous cherchez ?

Un homme l’avait écouté et s’était approché d’elle. Une lueur d’espoir, enfin. Rodrielle lui expliqua donc la situation, qu’il était de l’orphelinat et qu’elle voulait le retrouver coute que coute.

-Beh cherchez pô au bon endroit, m’dame ! L’est à Albi la Teigne. Je l’sais il m’a volé ma bourse y a 1 bonne s’maine. Un futur brigand si vous l’r’mettez pas aux pas d’si tôt !

Mais la Tatouée était déjà partie. Elle ne savait pas si elle le retrouverait, s’il voudrait rentrer, mais elle userait de tous les moyens possibles pour qu’il reparte avec elle. Dieu lui en soit témoin. Elle tuerait pour ce môme. Mais s’il n’y était plus, à Albi ? Stoppant la préparation de ses affaires au domaine, elle s’assit à son bureau puis attrapa plume et vélin.



Elouan.

J’ai appris où tu étais.
Je viens te chercher. Ne bouge pas.

Attention à toi, mon chéri.
Rodrielle.


En espérant qu’il avait suivit les cours de lecture et que ça allait payer…

_________________
Elouan.
[Aller hop ! On y va ! mais euh… C’est par où ?]

Tout était prêt, une bonne nuit de repos et il ne lui restait plus qu’a se mettre en route. Restait a savoir simplement par ou partir. Mine de rien, c’est que le Royaume était grand, bien trop grand pour un petit garçon comme lui et il ne se souvenait même plus par quel chemin il était arrivé.
Etait-ce par le sud ? Ou bien par le Nord ?
Dans quelle direction était l’orphelinat ? Et Rodrielle ?
C’est sur qu’avec une carte, ça aurait été plus simple, mais en même temps, un brigand avec une carte, c’n’est plus un brigand !

Haussant les épaules, laissant le hasard le guidé, le gamin fit un dernier tour en taverne histoire de voir s’il pouvait chiper une choppe de bière avant son départ, mais à la place d’une bière… ce fut un velin qu’on lui donna. Une missive qui lui était adressé à lui. Lui.
Pour une surprise… c’était une surprise. Qui pouvait lui écrire ? Qui savait qu’il était ici ?
Jamais personne ne lui avait écrit jusque là et quelque part ce n’était pas vraiment étonnant, il n’avait jamais appris à lire… enfin… jusqu’à son arrivé à l’orphelinat. La directrice et les professeurs avait du user de stratège pour lui faire apprendre les rudiments de la lecture mais à force de chantage, promesse et petit mot, le gamin s’était laissé convaincre et avait essayé.
Mais cette lettre….
Rodrielle….

Il lui avait fallu quelque longue minute pour y déchiffrer les quelque ligne, mais seulement quelque seconde pour en comprendre le sens.
Elle venait le chercher. Elle savait ou il était et elle venait le chercher…
Elouan ne comprenait pas trop ce qui se passait chez lui, à la fois transporté de joie à l’idée qu’il lui ait manqué et qu’elle désire le retrouver, mais également mort de trouille à l’idée de se prendre une bonne raclée comme il le méritait. Apres tout…. Il avait fugué, il avait volé, il lui avait surement causé pas mal d’ennuis, alors la raclée… il la méritait.
Tout comme il avait mérité les raclées données par son père…. Mais ça… c’était une autre histoire. Pour l’heure, il devait répondre à la tatoué, et…. Partir à sa rencontre.




Rodrielle,

Je suis content que tu mé trouvé. Je voulé rentré mais je sé pas comman, mé un bonome ma di la route qu’il fo prendre, alors j’arrive.

Tu m’en ve pas di ?
Vien vite !

Elouan


Et voilà, c’était écrit en espérant qu’elle arrive a le comprendre. Si les leçons de lecture avait été suivi tant bien que mal, pour l’écriture ça n’avait pas été la même chose.
Petit vaurien, on n’refait pas du jour au lendemain.


-T’es sûr qu’tu veux partir maintenant gamin ? Attend qu’elle arrive ta mère c’plus sûr tu sais !
-C’pas ma mère ! Et oui j’veux partir maint’nant pour la r’joindre plus vite. S’vous plait, vous pouvez lui envoyé ça.


Petit regard suppliant envers le tavernier, bouille d’ange pour l’amadouer et lorsqu’enfin Elouan recut l’approbation du bonhomme, le gamin chargea sa besace sur son épaule et se mit en marche.


-Aller hop direction le sud ! euh…. Non, le Nord !
_________________
Rodrielle
Ah ! Les joies de la route ! Cela faisait déjà un certain temps que la Tatouée n'avait pas fait de voyage, surtout depuis son retour à l'orphelinat, et celui-ci lui rappela à quel point ça lui manquait ! Le hasard des rencontres, les nuits à la belle étoile, les longues chevauchées... Elle se sentait revivre ! Surtout que, pour une fois, elle passait par le BA, duché où elle n'était jamais passée. Et bien voilà chose faite !

Arrêté un soir à quelques lieues de Montluçon, la Tatouée avait installé son campement de fortune à la lisière d'une foret non loin de la route. Baäl avait tout le temps de se reposer par cette longue cavale qu'ils avaient déjà effectué, et Rodrielle pouvait quant à elle réfléchir à ce qu'elle allait dire à Elouan... Ce petit était le seul enfant avec qui elle ne savait pas user d'autorité. Il était un peu sa faiblesse personnelle. Mais mieux valait pas qu'il le sache. Alors elle réfléchissait à la punition qu'elle lui infligerait au retour au moment où le pigeon envoyé quelques temps auparavant la retrouva, un courrier à la pâte.

Il quoi ?!

Courageux et téméraire, le petit. Mais elle n'avait pas prévu cela. Pourquoi ne l'attendait-il pas sagement, comme tout les enfants de 8 ans du reste du royaume ? Un soupire de désespoir plus tard, la Tatouée ressortait le vélin.



Bambino,

Si tu veux que je te retrouve, il ne faut pas que tu bouges. Sinon on risque de ne pas se croiser. Vas jusqu'à la prochaine ville et restes-y ! Envoies moi un autre courrier pour me dire où tu seras.

J'arrive.
Fais attention à toi

Ti Baccio.
Rodrielle


Une fois l'animal envolé, Rodrielle termina son repas et se prépara à dormir, inquiète quant au voyage du jeune garçon. La nuit allait être longue pour la Tatouée...

_________________
Elouan.
Le nord !
Il était bien parti vers le nord et il ne s’était pas arrêter le morveux. Marchant droit devant lui, et faisant quelque farce au passant qu’il croisait. Au moins comme ça la route lui semblait moins longue.
Depuis qu’il avait reçut cette lettre qu’il gardait maintenant précieusement dans le fond de la poche de ses braies, il lui tardait de retrouver la Tatoué. Il ne pouvait l’expliquer, mais la discutions qu’il avait eu en partant d’Albi lui avait finalement fait comprendre qu’il y avait des personne qui malgré tout ce qu’il avait fait, tenait tout de même un peu à lui. Et puis, les galettes de l’orphelinat lui manquaient. Marine aussi d’ailleurs mais ça, pas vraiment question de le dire, n’y même des penser !
Restait maintenant a voir ce qu’il allait prendre en retrouvant Rodrielle. Car sûr et certain qu’elle n’allait laisser passé cette petite escapade. Quoique… S’il lui faisait son regard d’ange-c-est-pas-moi-c-est-pas-de-ma-faute, accompagné de sa petite moue je-l-ai-pas-fait-exprès-je-recommencerais-plus, peut être… oui peut être qu’il pourrait s’éviter la raclée.

En attendant, c’est un petit garçon, chantonnant, les mains dans les poches qui passa les portes de Murat. Au nez et à la barbe des gardes :


« Je suis tombé par terre, c’est la faute à mon père, Le nez dans le ruisseau comme un petit moineau ! Je ne suis pas notaire, c’est la faute à mon père, Je suis un vrai brigand, fait’ gaffe a votr ‘ argent !»

-Hey qu’est ce tu fou là morveux !

Elouan s’arrêta devant un gros bonhomme armé et lui sourit de toute ses dents (il a 8 ans et toute ses dents ne l’oublions pas !).
-Ben j’passe ! J’rentre chez moi ! Ca vous plait pas ?
-Dis donc l’môme ! Tu cause correct, pi tu mont’ ton sac !
-Mon sac ? Et puis quoi encore ?!

Et v’lan, pas le temps de discuter, qu’un petit pied vint se flanquer dans le tibia du garde laissant ainsi la liberté au môme pour s’échapper. Ce genre de bonhomme, Elouan connaissait, même s’il n’avait encore rien fait, ou presque, c’était un coup à se retrouver encore une fois à la maréchaussée et derrière les barreaux, alors non ! Il avait un personne a retrouver et des projets plein la tete !
Courant comme un malheureux, chipant au passage un bout de pain sur un étal, Elouan traversa la ville a toute allure pour grimper à l’arrière d’un carrosse et quitter Murat incognito.

Ce n’est que des heures plus tard, au milieu de nulle part qu’il descendit enfin et s’installa au pied d’un arbre pour déguster son petit butin.
Et c’est ce moment que choisi un pigeon kamikaze pour venir se poser sur les genoux du gamin en louchant sur les miettes de pain. Sacrilège ! Moment sacré que celui du repas ! Heureusement que le message pardonna largement ce moment.

Déchiffrant encore une fois, tant bien que mal le message, Elouan se gratta la tete en fronçant les sourcils. Allons bon, quoi qu’elle disait la tatoué ? Bambino ? cekoica ? Tibaccio ? rooooo
Aie aie aie, apparemment la punition allait être pire que ce qu’il pensait ?!
Et en plus elle lui demander de rester ou il était, et lui venait justement de quitter la ville…




Rodrielle,

Gé bougé pasque je pouvé pas resté la ou gété. Et puis je suis pressé de te voir.
Je peux pas resté la ou je suis pasque y’a des bonhommes qui me poursuivent, je vais continuer droit devant moi, je crois que je pourrais arrivé a la prochaine ville.

Dis ? ca veut dire quoi ces drole de mo, tu m’apprendras ?

Pi dit aussi a ton pigeon de pas touché mon pain !

A tres vite

Elouan


Le gamin contempla sa lettre en souriant, trop content d’avoir réussi à aligner toute ces phrases et s’empressa bien vite de renvoyer le volatile gourmand avant de finir son repas.
Rodrielle
Montpensier.

Nouvelle arrêt. La donzelle avait besoin de repos. Elle s'arrêta donc dans la première auberge venue et glissa ses pieds sous une table. Du vin. Elle avait besoin de vin pour réfléchir. Oui, elle pense mieux la tête embrumée. Qu'allait-elle lui dire, au jeune garçon ? Il fallait vraiment qu'elle trouve une punition... Elle comptait déjà le gronder pour ce qu'il avait fait. C'était déjà une bonne chose.

La lettre d'Elouan arriva peut après son arrivée. Assise à sa table, Rodrielle lu le vélin du petit garçon qui, ma foi, se débrouillait fort bien en écriture malgré les fautes. Au moins quelque chose qu'il aura appris. Elle rigola enfin puis rangea la lettre avant d'attraper un autre vélin. Elle l'entraîner à écrire et lire du coup.



Je suis à Montpensier, mon grand.

Je ne sais pas ce que tu as fait, mais j'espère au moins que tu fais attention ! Prendre la route seul est dangereux ! Mais bon.

Fais attention. Je t'apprendrai les mots, promis.
Rodrielle


Et dire qu'elle laissait un enfant prendre la route seul ! La Tatouée avait un peu honte, certes, mais au moins le petit allait avoir de l'expérience dans les voyages. Et il savait se débrouiller, celui-ci. Elle espérait que la prochaine ville qu'il trouverait sur sa route serait Montpensier... Elle avait tellement hâte de revoir ce petit bonhomme !

Terminant son ennième verre de vin, l'italienne se leva et sorti dehors. Elle avait besoin de prendre l'air. A pied, donc, elle se rendit aux portes du village et sortit sur les routes. Peut être le verrait-elle arriver...

_________________
Elouan.
Les voyages forment la jeunesse qu’on disait ? La jeunesse d’accord, mais alors, bonjour les ampoules aux pieds et bonjour les catastrophes ! Elouan avait marché, marché sur une route déserte sans l’espoir de croisé un chariot même pas un tout petit. Rien, une route bel et bien déserte ou il n’avait même pas rencontré de voyageur à pied. Et en plus, comme si cela n’était plus suffisant, il avait complètement cassé sa chausse l’obligeant à finir le voyage pied nus et, parce que ce n'était pas tout, sinon ça n'aurait pas été drole, il avait eu la malchance de croisé une seule et unique personne qui n'avait rien trouvé de mieux que de lui voler sa besace.
Une honte ! Racketté ainsi les braves gens !

Son dernier morceau de pain avait été vite avalé et il n’avait pas eu le temps d’en chiper un autre lors de son passage dans la dernière ville. Il allait donc devoir jeuner jusqu'à la prochaine ville….
Le pied quoi !
Ah ! Il s’en souviendrait de son escapade ! La prochaine fois il fuguerait à coté de l’orphelinat, au moins il serait a coté de la maison pour rentrer !

Les pieds salent et écorchés, Elouan avait fini par s’arrêter sur le bord de la route pour se reposer un peu. Il avait le ventre vide, et personne à racketter sur le bord de la route pour espérer se remplir l’estomac.


-Eh bien gamin ! qu’est-ce tu fous la tout seul ?
Elouan releva la tête en une moue digne des mauvais jours et toisa le bonhomme qui lui parlait. Un vieux paysan à la mine rabougrit et qui sentait l’ail, beurk !
Décidément, sa seul chance de pouvoir manger quelque chose s’envoler avec ce passant sans le sous et sans dents !

-Fich’moi la paix ! J’fais c’que j’veux !

Boudieuuuuu heureusement que la Tatoué ne l’entendait pas parler, sinon il était bon pour des leçons supplémentaires !

-Et bé mon gars, t’es pô très poli comme môme ! T’tes fais mal ? T’es perdu ?
-Nan ! J’veux qu’on m’laisse tranquille !
-Mais r’garde toi, t’saignes, laisse voir l’vieux Maurice.
-Maisss j’vous dit d’me laisser tranquille !
-Eh bé, j’plains tes parents l’môme ! z’ont intérêt à t’surveiller, t’vas d’venir un vrai brigand a c’train la !


Pfff non seulement il avait rien sur lui le vieux mais en plus il causait trop ! Excéder, le gamin finit par se lever .
-M’en fou, c’pas vot’ problème !
-Soigne tes pieds l’môme, sinon t’ira pas bien loin dans c’t’état et faudra t’couper l’pied !

Haussant les épaules, presser de se débarrasser du vieux bonhomme Elouan repris on chemin en boitillant. Il devait coute que coute rejoindre la prochaine ville et au plus vite maintenant. Rodrielle avait du recevoir son message, elle devait l’attendre, elle devait s’inquiéter et lui mourrait d’envie que cette aventure se termine enfin…
Mais comme l’avait si bien dit le vieux Maurice, il dut s’arrêter quelques lieux plus loin, épuisé a force de boitiller sur ses petons écorché. Il n’avait d’autre choix que de s’arrêter pour de bon et prendre un peu de repos. Et c’est a ce moment là qu’il reçut la réponse de la Tatoué, réponse qu’il lut bien plus facilement que les précédentes. Restait plus qu’a lui répondre maintenant, mais qu’est ce qu’il pourrait lui dire ? La vérité ? Qu’il était blessé, affamé et perdu au milieu de nulle part ?
Non… Il avait sa fierté quand même… La teigne ne se perdait jamais ! La Teigne n’avait jamais faim ! Mais il ne restait pas grand-chose de la Teigne actuellement….
Hum…




Je sé pas tro ou je suis, mais j’arrive bientôt.
Tu m’atten di ? Tu partira pa san moi hein ?
Et tu es ou a mon pensier ? Ou je te trouve moi ?
J’en ai assé de voiyagé, je ve rentré.

Elouan


Moui, bon, la lettre ne lui ferait surement pas plaisir, mais le môme était simplement fatigué. Une bonne nuit de repos, et demain il aurait retrouvé sa hargne et son fichu caractère.
Le ventre vide, roulé en boule, Elouan s’endormi au pied d’un arbre, laissant le volatile porter son précieux message.

_________________
Elouan.
[Il était sur la route ! Toute la sainte journée !]

Une bonne nuit de sommeil, c’était tout ce qui lui fallait au môme. Le soleil a peine levé, Elouan s’était remis en marche de bonne humeur, mais l’estomac toujours vide et les pieds toujours aussi sale et écorché. Mais qu’importe, il savait Rodrielle dans la prochaine ville, il savait qu’elle serait là à l’attendre et qu’avec elle il pourrait retourner a l’orphelinat chez lui au chaud, à l’abri et l’estomac plein.

La route ne lui avait pas paru si longue cette fois ci, un paysan portant une cargaison de légume l’avait gentiment proposé de monter derrière la carriole, à moins que ce ne soit lui qui se soit invité sans permission, lui permettant ainsi d’atteindre Clermont juste avant la tombé de la nuit.
Ouf !

[Les prisons de Clermont, qu’il fait bon, fait bon !]


Clermont enfin !
Elouan venait de quitter son carrosse 3 étoiles juste avant de passer les portes de la ville, juste histoire de savourer ce moment. C’était grand ! C’était haut ! C’était beau ! Mais ça semblait bien vide…
Bizarre quand même.
La nuit venait de tomber, mais personne ne parcourrait les rues, aucun poivrot dans le coin, aucune taverne rempli rejetant ceux qui avait déjà bien trop bu, aucun mendiant, bref…. Le désert.
Assez étrange pour une ville si grande, un malheur avait-il frappé la ville ?

Haussant les épaules, le gamin continua son chemin cherchant un coin pour passer la nuit avant de rechercher la tatoué, à cette heure ci, il avait peu de chance de la trouver, peu de chance de trouver quoi que ce soit a vrai dire.

-Psstt gamin ! Reste pas la, tu va avoir des ennuis !

Elouan sursauta et regarda partout autour de lui pour voir d’où venait cette voix qui venait de lui chuchoter quelques mots.
Personne…
Bizarre…


-Z’etes où ? Qu’est ce qui s’passe ?
-Hep là ! Toi là bas le môme ! Ne bouge plus !


Hein ? Quoi ? quequinia ? quequipasse ?
Elouan n’eut pas le temps de dire ni ouf ni zut que deux grosse main poilu et sentant la vinasse lui attrapèrent les bras empêchant toute fuite.


-Mais ?
-Le vagabondage est interdit ! Emmenez-le avec les autres en prison !
-En pris…. Hey !!! Mais y’a erreur là !

Mais erreur ou pas erreur, le gamin eut beau bramer tout le long du chemin, clamé haut et fort son innocence, les gardes restèrent complètement sourd a ses supplication et le jetèrent dans un cachot.

-Pfff ben c’est bien ma veine ! Ah j’m’en souviendrais de c’t’aventure !
Heyyyy j’peux au moins écrire à quelqu’un pour prev’nir non ?


Et après quelque négociation avec le garde, Elouan put écrire quelque mot à la lueur d’une bougie qu’il s’empressa de donner afin que le message arrive vite, tres vite auprès de la seule personne susceptible de l’aider.




Rodrielle,

Je sui en prison mé je te promé gé rien fé !
Cé pa juste pour une foi que j’avé rien fé.
Aide moi vite ! je te promé que je seré bien sage apré.

Elouan

_________________
Rodrielle
[Et d'aventure en aventure... Clermont]


La route n'avait pas été toute rose non plus pour la Tatouée. Effectivement elle aussi avait eu quelques soucis. Mais sur la route... Explications.

Nous nous étions donc arrêtés à Montpensier où Rodrielle avait fait un arrêt. Le lendemain, elle avait rapidement repris la route, marchant aux côtés de sa monture pour ne pas risquer de manquer le petit diable d'Elouan. Malheureusement, ce fut la maréchaussée, aux portes de Clermont, qui l'aura trouvé avant. Bizarrement, ils n’attendirent aucune explication de la part de la Corleone pour l'enfermée pour la nuit. Mais, heureusement, lui restant quelques pauvres écus, elle réussit à payer sa sortie. Voilà comment elle manqua l'avant dernière lettre d'Elouan.

Le matin, Rodrielle avait regagné une auberge de Clermont pour attendre l'arrivée d'Elouan. Mais c'est un pigeon qui la retrouva, encore. Et Dieu qu'elle n'aima pas la lettre qui était accrochée à la patte de l'animal ! Et sans l'avoir lu jusqu'au bout, l'italienne s'était déjà levée pour rejoindre les geôles de la ville...

Où est-il ?

Porte qui s'ouvre avec fracas et c'est une italienne qui hurle des jurons dans sa langue natale qui entre. On ne touchait pas à un enfant !

- "M'dame ! S'que faites là ?! Z'avez pas l'droit à moi qu'voulez le r'joindre l'môme ! S't'un vaurien !"

Ce qu'il n'avait pas dit là, le gardien. La Tatouée, enragée par ces simples mots, attrapa le garde par le col et le plaqua au mur. Evidemment, d'autres gardes allaient arrivés. Mais qu'importe, quitte à dormir en prison, autant que ce soit avec le diablotin.

Faites sortir mon fils tout de suite, si vous tenez à vot' vie...

Alors que deux autres gardes arrivaient derrière elle pour l'attraper, le premier leur ordonna de ne rien faire. Comme quoi, la force et la peur font beaucoup dans certains cas ; et ici, il comprenait que la Tatouée était une menace. On ne touche jamais aux petits d'une lionne.

-"on s'calme m'dame ! Pas b'soin d'taper ! Et contre quelqu' écus on peut l'laisser vot' mioche !"

Un sourire du garde. Depuis la veille au soir il avait compris que la Tatouée était prête à payer pour éviter la prison. Et il avait raison. Rodrielle le lâcha et lui donna le reste de sa bourse dans un soupire. Et le garde, fier, ouvrit les portes de la geôle d'Elouan. Attrapant la main du petit, Rodrielle sortit rapidement de la prison et s'arrêta plus loin dans la ruelle pour se tourner vers le petit.

S'accroupissant devant le petit diablotin, la Tatouée le serra contre elle, rassurée.

Mio Dio ! J'ai eu si peur pour toi ! Tu vas bien, mon chéri ?

Pour le coup, elle en avait oublié ses bêtises.

_________________
Elouan.
[Si j'aurais su... J'aurais pas v'nu !]

Et bien il aura au moins appris une chose le garnement. La prison, c’était vraiment pas drôle. Il préférait largement les orphelinats où ont avait tenté de l’envoyé, même les plus sordides. Parce que là… Entre l’humidité, les odeurs d’urine, les rats et celle des autres vagabonds qui comme lui devait passer la nuit ici, on ne pouvait pas dire que c’était l’hôtel 3 étoiles.
Finalement son père avait raison, c’était bien ainsi qu’il devait finir, en prison, ou sur une potence. La prison c’était fait, il ne restait plus que la potence, qui n’allait sans doute pas tarder. Il ne comprenait pas pourquoi il avait été arrêté. Jusque là personne ne l’avait jamais vraiment remarqué lorsqu’il traverser en ville, enfin… quand il ne volait pas quelque écus ou miche de pain par ci par la, personne ne le remarquait. Alors pourquoi là ? Peut être savait-il qui il était et ce qu’il avait fait ? Peut être son père l’avait fait rechercher exprès ? Peut être qu’il allait maintenant payer pour ce crime ?

Recroqueviller dans un coin du cachot, le menton posé sur ses genoux, Elouan réfléchissait, soupirant tristement en imaginant le pire. Dommage de finir comme ça quand même, il aurait bien aimé la revoir la Tatoué avant d’être condamné, et puis sa princesse aussi. Ils avaient beaucoup de projet tous les deux. A huit ans on a des étoiles plein la tête… Des étoiles, des envies mais surtout pas celle de finir sur le billau. ET personne pour venir le rassurer et lui enlever ces drôle d’idée de la tête, au contraire même, les poivrots du cahot d’a coté ne cessait de se moquait de lui et de lui faire peur !
Que c’est dur la vie à 8 ans quand même !

Et puis un certain brouhaha s’éleva derrière la porte suivi de bruit qu’il connaissait si bien, chaise qui tombe, vaisselle qui se casse et une voix ! Une voix qu’il aurait reconnu entre mille ! Aussitôt le môme se leva et vint coller ses mains aux barreaux en criant :

-Rodrielle ! Rodrielle ! J’suis là ! J’suis là !

Oui, bon, appel légèrement inutile vu que si elle était là, c’est qu’elle savait qu’il était là, mais bon, au moins ça le rassurait un peu le gosse, des fois qu’elle veuille le laisser un peu plus longtemps dans ce trou ?
Ah non ! Pas question !


- Laissez-moi sortir ! Laissez-moi sortir ! Laissez-moi….

Magique !!!!
Voilà que le garde, l’air terrifié (oui, oui, il exagère le mioche, l’es pas vaurien pour rien !) entra et ouvrit sa cellule. Ouf !
Mais pas le temps de parler, de dire merci, enfin surtout d’insulter les gros bonhommes, que déjà la Tatoué lui attrapa le bras pour le conduire loin, très loin de cet endroit. Ce n’est qu’une fois arrêter, à l’abri dans une ruelle que le gamin s’accorda le droit de soupirer de soulagement et de serrer la taille de la Tatoué en cachant son visage contre elle.

-J’suis désolé ! J’avais rien fait j’te jure ! J’te jure ! C’est pas d’ma faute !

Il avait eu peur le môme, il n’allait pas le cacher il avait eu une peur bleue. Et se retrouvait la, tout contre la Tatoué en sécurité, quel soulagement ! Maintenant il allait pouvoir dormir dans un bon lit chaud et se remplir la panse et avec un peu de chance, elle oublierait presque ses bêtises… Presque….

_________________
Rodrielle
Ne t'inquiètes pas. Je suis là. Près de toi.


Bras serrés autour du petit diable, Rodrielle garda le silence pendant quelques secondes, le temps de se remettre de toutes ces émotions. C'était la fin de semaines de recherches et d'angoisse. La fin de tous ces moments à se demander ce qu'il lui arrivait à ne plus en dormir. Enfin ils pouvaient se reposer moralement, physiquement aussi, après toutes ces aventures...

C'est fini...

Un dernier baiser sur le front et la Tatouée se recule d'Elouan pour le regarder des pieds à la tête. Vérification rapide, il n'a rien, si ce n'est ses pieds nus et abîmés par ce long périple. Mais pas de coups ni de sang, la Tatouée n'a pas à s'en vouloir de trop. La main passe sur la joue du petit délicatement, comme pour vérifier une énième fois que tout va bien. Presque n'y croirait-elle pas, à cette aventure loufoque d'une directrice d'orphelinat et d'un orphelin qui se cherchent.

Viens.

Elle prend l'enfant dans ses bras, pour ne plus que ses pieds le fassent souffrir, et se rend à la taverne dans le même silence religieux. Une fois à l'auberge, elle demande à ce qu'on leur monte du lait chaud, du vin et deux bons repas en plus d'un bain chaud. Puis, en haut, elle dépose son protégé sur le lit pour mieux le regarder. Elle ne sourit pas, la Tatouée. Elle réfléchit. C'était le moment fatidique, celui où elle allait devoir sévir... Alors elle pose ses mains sur ses hanches et ne cille pas devant ce regard enfantin.

Pourquoi as-tu fugué ? Pourquoi es-tu parti, Elouan ?

Une simple question, un simple mot : "pourquoi". Elle prend le jeune homme comme son égal à présent. Juge qu'il doit se justifier, expliquer sa faute, et la comprendre également. Le ton n'avait pas été sévère mais sec, déçu. Elle n'aurait surement pas besoin d'autre chose pour qu'il comprenne l'erreur qu'il a faite. Du moins, elle l'espérait... Cette fugue lui rappelait tant de douloureux souvenirs qu'elle aurait bien voulu lui expliquer. Elle a déjà vécu cela, avec ses enfants. Sauf qu'eux ne sont jamais revenus...

Pourquoi ?

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Elouan.
Moment de tendresse, moment de douceur, Elouan n’imaginait pas un jour revivre cela. La dernière fois que quelqu’un l’avait pris comme ca dans ses bras, c’était sa douce maman, avant qu’elle ne s’en aille. Depuis, les seuls fois qu’un adulte le touchait, s’était simplement pour lui mettre une raclée. Et là, se retrouver dans les bras de la Tatoué, comme n’importe quel enfant, il se laissa aller quelque instant a paraitre comme n’importe quel petit garçon de huit ans en manque d’affection.
Il n’y avait plus de terreur, plus de voyou, plus de petit voleur, plus de petit dur, a cet instant, la tête posé sur l’épaule de Rodrielle, il ressemblait juste à un enfant dans les bras de sa mère.

Oui mais…. La nature reprend toujours ses droits. Le petit vaurien releva vivement la tête lorsqu’ils pénétrèrent dans l’auberge. Manger, boire et dormir ! La classe ! Tout ce qu’il attendait depuis des semaines maintenant ! Mais….
Le garçonnet afficha une moue boudeuse en entendant Rodrielle commandé du lait chaud et surtout de l’eau chaude pour le bain. Beurk… le bain…. Mais quel manie ils avaient tout ces adulte a vouloir faire prendre un bain aux enfants. Savent pas que la crasse ça conserve ?!

Assis sur le lit, le môme remarqua alors le silence de la Tatoué, son regard aussi. Regard qui n’annonçait vraiment rien de bon pour son matricule. Il n’allait pas durer longtemps le moment de tendresse, fallait qu’il s’y attende, vu son état, vu l’endroit où elle l’avait trouvé et vu sa tête… son heure allait sonner sous peu. Et…
Ben voilà, la question tant redouté, pourquoi du comment du parce que…


-Mais….

Mais c’était bien jolie mais qu’est ce qu’il allait bien pouvoir lui répondre le môme. Lui mentir, lui inventé une histoire abracadabrante ou bien lui dire simplement la vérité ? Mais quelle vérité ? Celle qui c’était senti seul et délaissé dans ce grand orphelinat ? Celle qu’il s’était senti trahi par sa princesse et par la Tatoué ? Celle qui lui rappelait tellement ce qu’il était, un orphelin, vaurien et surtout criminel…
Non… Il ne pouvait pas dire tout ca…
Elouan croisa les bras sur sa poitrine et toisa la Tatoué avec cette petite moue qui le caractérisait si bien, lui, l’enfant des rues.


-D’abord ! J’ai pas fugué ! J’étais juste parti me promener ! Et puis j’me suis juste perdu trop loin ! Et puis, et puis…. Et puis….

Menton qui tremble légèrement sous la colère, la peur, l’appréhension, Elouan sentait tout cela l’envahir sans pouvoir le maitriser, les poings serrer, il sauta sur ses jambes et continua :

-Et puis t’étais pas là ! Et puis Marine elle a des parents maintenant, et moi, ben, j’suis tout seul, tout seul comme avant ! Alors j’suis parti, parce que j’suis qu’un vaurien et qu’ma place l’est avec les vauriens ! Et puis…. Et puis…

Un léger hoquet, des sanglots lui nouant la gorge, le gamin était maintenant plus en train de se battre avec lui que d’essayer de se trouver une excuse. Le comprendrait-elle ? Verrait-elle ce qu’il se passait chez lui ? Ce n’était plus le moment de se poser des questions la machine était simplement lancé.

-Et puis… vas-y ! T’as cas m’punir ! J’le mérite je sais !

S’essuyant de rage les yeux d’un revers de la manche, Elouan redressa la tete pour faire face à la Tatoué.
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Rodrielle
Le petit était évidement sur ses gardes. C'est qu'elle n'avait pas choisi le plus facile des enfants comme protégé, la Tatouée. Mais, pour autant, elle attendait les explications et la délivrance d'Elouan sans bouger ni ciller. Cette fois-ci, elle avait eu réellement peur malgré la mauvaise habitude du jeune homme à s'enfuir. Bref. Les explications n'avaient pas été celles dont la Tatouée s'était attendue. Elle fronça les sourcils sous les révélations et resta silencieuse une nouvelle fois pendant de longues minutes.

Elle aurait dû s'en douter. Aucun enfant n'apprécierait de vivre seul dans un orphelinat, pas même ce petit fripon. Et Rodrielle s'était trop confortée sur l'apparence de "dur à cuir" qu'Elouan s'était donné sans pour autant rechercher la raison de ses comportements. Elle avait fait une belle erreur, l'italienne ! Alors, une fois que le petit eut terminé, elle s'accroupi face à lui et lui attrapa les épaules, l'obligeant à le regarder.

Non, je ne vais pas te punir. Bien que tu le mériterais, mais tu as compris ta faute et c'est ce que je souhaite.

Rodrielle fit une petite pause. Parler du cas de Marine était une prochaine discussion. La Tatouée n'avait pas été au courant de cette nouvelle, qui l'enquiquinait sérieusement, et comptait bien en parler à la jeune fille bientôt. Mais, pour l'instant...

Ensuite, non tu n'es pas seul. Tu n'es pas non plus un vaurien comme tu le dis. On t'aime Elouan, mais tu ne t'en rends simplement pas compte. Les décisions que l'on... que je peux prendre ne sont pas contre toi, au contraire ! L'orphelinat n'est peut-être pas un milieu convenable pour évoluer, mais c'est mieux que la rue, crois-moi !

Elle soupira doucement en baissant les yeux. Elle devait lui expliquer. Tout. Retour sur le jeune homme et les aveux allaient affluer. Tout comme son idée principale...

Je sais que je suis souvent absente. Et je m'en excuse mais... Comment dire ; l'orphelinat n'est pas mon unique travaille. Je travaille également à l'extérieur, comme mercenaire, et ça me prend beaucoup de temps et on m'appelle souvent. Tu comprends maintenant ?

Voilà. Elle n'en dirait pas plus pour l'instant. Rodrielle lâcha Elouan mais continua de parler, sur un ton plus léger.

Ensuite, si tu ne veux plus être seul et ne plus rester tout le temps à l'orphelinat, j'ai pensé à quelque chose... Je ne sais pas si tu le souhaiterai, Tesoro, mais souhaiterai-tu que je devienne ta maman ?

Elle sourit tendrement à Elouan, attendant avec une légère angoisse la réponse du petit. Au moins, il changerait de vie même si celle de la Corleone n'était pas la plus parfaite.

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Elouan.
Sur ses gardes, la bouille des mauvais jours, Elouan écoutait la Tatoué non sans la quitter des yeux. Un jour peut être il faudrait qu’il lui explique pourquoi il ne pouvait se sentir aimé. Un jour peut être il lui dirait pourquoi il se sentait si… misérable. Un jour, il lui raconterait son histoire. Un jour ! Mais pas maintenant !

Maintenant, il avait surtout faim et mal au pied et froid et pas envie de discutailler sur ce qu’il avait fait. De toute façon, il avait rien fait. Enfin rien de grave. Sa fugue, oui bon, c’était une bêtise c’est vrai, mais il était revenu quand même. Les vols…. Ben… il avait appris que ça le môme, ca aide pas a rentrer dans le droit chemin. Alors quoi ? Pourquoi elle comprenait pas Rodrielle ? Pourquoi elle tenait absolument a ce qu’il soit comme les autres enfants de son âge, sage et bien rangé, comme des poupées qu’on exhibe tel des animaux bien dressé. Il ne serait jamais comme cela lui, elle le savait pourtant. On ne dresse pas un renard sauvage, tout jeune soit-il… C’était trop tard pour lui tout ça.

Les épaules légèrement relevé, bras maintenu par les mains douce mais forte à la fois de la Tatoué, le gamin écoutait, malgré tout ce qui se passait dans sa petite tête d’enfant sauvageon, sans la quitter des yeux, essayant lui aussi de comprendre son interlocutrice, son mentor, celle qui, fallait bien l’avouer allait, ou était en train de lui sauver la vie.
Elle était en train de lui expliquer maintenant ses absences de l’orphelinat, celles qu’il ne comprenait pas, pensant qu’elle préférer le délaisser plutôt que de s’occuper de lui comme elle l’avait promis.
Mais tout cela c’était pour son travail.

Si lui n’était qu’un petit voleur, rêvant un jour de devenir un grand brigand, elle était mercenaire. Il ne savait pas bien ce que signifiait ce mot, mais à l’entendre, venant d’elle, ce devait être quelque chose de grandiose, de magique, encore mieux que d’être chevalier ou capitaine ou n’importe quoi d’autre !
Bizarrement, au son de sa voix, son visage se détendit doucement, et petit a petit les trait de l’enfant devinrent moins dur, plus doux, plus tendre, semblable a ceux d’un enfant malgré la couche de crasse recouvrant son visage. Et Rodrielle le lâcha doucement laissant là un gamin fasciner par ses paroles.

Et puis d’autre vinrent le percuter, le secouer, et surtout le ramener à la réalité de cette pièce. Maman.
Depuis combien de temps ne l’avait-il pas entendu ce mot là ?
Depuis combien de temps l’avait-il enfoui dans un coin poussiéreux de ses souvenirs ? Il ne saurait dire… surement depuis ce stupide accident qui avait couté la vie de la sienne… Surement depuis que son père l’avait lamentablement assené de coup avant de l’abandonner.
Maman… quel doux mot, quel son si doux aux oreilles d’un enfant…

Pour le coup elle avait fait mouche la directrice, le gamin ne savait plus quoi dire, partager entre l’envie de lui sauter dans les bras transporter de joie, heureux de retrouver enfin l’amour maternel, et le désirs de reculer, méfiant, terroriser à l’idée de s’attacher et de la perdre elle aussi.


-Mais.. je…


La petite bouille se referma, mais plus de colère, de peur cette fois.

-J’voudrais bien avoir une maman t’sais ! Mais j’ai pas l’droit ! Nan, j’ai pas l’droit ! Parce que…. Parce que…

Souffler, respirer, calmer les palpitations du cœur qui s’emballaient sous l’émotion, la colère et la peur et le gamin fit face à la tatoué avant de sortir d’une seule traite sans s’arrêter :

-Parce que j’ai tué ma maman ! Qu’c’est pour ça qu’mon père m’battait sans arrêt, pour ca aussi qu’y m’a fouttu dehors ! J’suis qu’un criminel ! Alors tu vois, j’ai pas l’droit d’avoir d’maman moi !


Et voilà, c’était dit ! Un peu vite, un peu brut de décoffrage, mais dit. Ce lourd secret qu’il gardait rien que pour lui depuis si longtemps venait de sortir… non sans mal.
Et le môme complètement vider se laissa tomber assis par terre au milieu de la pièce ne voulant surtout pas voir la réaction de la tatoué. Cette fois, sa raclée, il allait la prendre !

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Rodrielle
La réponse ne fut pas celle qu'elle attendait. Et rapidement, Rodrielle passa d'un sourire joyeux à un regard affolé. Voilà alors ce qu'il avait, voilà la raison de son comportement. Elouan lui avait tout dévoilé dans un élan de désespoir et de peine. Et, une nouvelle fois, l'italienne se sentait désemparée.

A genoux devant Elouan, Rodrielle resta immobile. Elle ne savait pas réellement comment réagir. Elle n'avait finalement pas l'habitude de s'occuper d'enfants, n'ayant pas été présente pour les siens, et encore moins si cet enfant avait un gros soucis personnel. Alors sa réponse ne devait pas être donnée à la légère. Il fallait simplement qu'elle comprenne, qu'ils parlent ensemble et, surtout, que le petit se livre.

Rodrielle s'assit alors à côté d'Elouan et le serra contre elle. Sa voix était calme et réconfortante.

Écoutes, Elouan... Tu as bien sur le droit d'avoir une maman. Dans la vie, tout le monde fait des erreurs. Le tout, c'est de comprendre sa faute et de ne plus la refaire.

Bien sur, l'italienne n'était pas le bon exemple. Elle-même faisait toujours les mêmes erreurs, sans arrêt, et ce malgré ses envies d'arrêter. Elle poussa alors un léger soupire et tourna la tête d'Elouan avec son doigt.

Que s'est-il passé, Tesoro ?
Il faut que tu me racontes, il ne faut pas vivre avec ça dans ta tête... Je suis là, ne t'inquiètes pas.


Pourvu qu'il se livre à elle. Pourvu !

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