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[RP] Les (mes)aventures d’un petit homme

Elouan.
Le droit d’avoir une maman ? C’était pas possible ça. Son père lui avait dit tout le contraire. Et lui avait et suffisamment répéter toute les fois ou sa grosse main rugueuse était venu s’abattre sur son corps d’enfant.
Le droit d’avoir une maman. Non… impossible. Pas lui. Plus lui. Et puis de toute façon il n’en avait pas envie, pas envie d’avoir une maman pour la perdre de nouveau.

La bouille des mauvais jours, les bras croisé sur sa poitrine, Elouan laissa le doigt de la Tatoué lui tourner la tête bien malgré lui et son regard noir, croisa celui de la directrice. Touché ! En plein cœur !
C’est comme ça une maman ? Comment elle faisait la sienne pour le faire parler quand il en avait gros sur le cœur ? Le même regard ?
Lui parler…
Se confier…
Lui la Teigne, le fier a bras, l’horrible garnement qui n’avait peur de rien. Lui. L’Orphelin… Se confier.

Par tous les saints qu’il aurait aimé à cet instant se blottir dans ses bras et pleurer toute les larmes de son corps. Qu’il aurait voulu croire qu’il n’était qu’un enfant comme les autres lui aussi. Qu’il aurait voulu céder, et tout lui dire.
Oui…
Mais non.
Il avait sa fierté le môme. Et pas mal de méfiance aussi.
Et puis il lui aurait raconté quoi ? Qu’il avait fait une bêtise ce jour la, qu’il était sorti alors qu’il ne devait pas, que sa mère lui avait couru après alors qu’elle attendait un bébé et que ca l’avait tué, elle et le bébé a venir ? Et après ? Elle lui ferait quoi ? Une raclée comme son paternel ? Elle le rejetterait a la rue, là ou était sa place ? Apres tout, là ou l’orphelinat… C’était pareil.

Le garnement haussa légèrement les épaules en se mordant la lèvre sans quitter du regard les prunelles de la Tatoué, l’observant, dévisageant ce tatouage qui lui donnait tant d’intensité dans son regard. C’était assez bizarre, il ne connaissait pas son passé, il ne la connaissait pas vraiment, mais au fond de lui quelque chose lui disait qu’elle comprenait, qu’elle le comprenait, qu’elle était passé par là elle aussi.
Alors doucement laissant tomber les derniers remparts qui le protéger encore un tout petit peu, le gamin se glissa doucement dans les bras de la directrice, cachant son visage contre elle.


-C’tait pas d’ma faute ! marmonna-t-il doucement avant de s’élancer dans le récit de ce douloureux souvenir que sa jeune mémoire avait gardé bien intact.

-J’l’ai pas fait exprès. Faut qu’tu m’crois hein. Demanda-t-il a la fin de son récit en relevant la tête vers Rodrielle, presque suppliant.
-Tu voudras t’jours d’moi ? Dis ?
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Rodrielle
C'était si compliqué d'élever un enfant indépendant. Si compliquer de faire baisser la garde d'un orphelin. Si compliqué de prouver à un enfant qu'elle était là pour lui, pour toujours. Rodrielle savait qu'Elouan avait un soucis et qu'il avait du mal à parler, à se livrer ou à aimer simplement. Mais elle se battrait pour lui prouver. C'est qu'elle l'aimait ce petit bonhomme !

Alors, lorsqu'il décida enfin de se laisser aller, Rodrielle le serra contre sa poitrine et posa sa tête sur celle d'Elouan. Elle écouta son récit en lui caressant le dos, lentement. C'était une histoire triste, douloureuse. Le genre de souvenir qu'un enfant ne devrait pas avoir. L'italienne s'imagina alors les "tendres" années du petit, la souffrance d'avoir perdu sa mère et celle que son père lui causait, la honte qu'il a dû ressentir... Elle en aurait mal pour lui. Soupire. Le petit relève la tête et l'italienne lui sourit doucement en lui caressant le visage.

Elouan... Ce n'est pas ta faute. Je t'assure.

C'était le moment des explications. Rassurantes, normalement...

Tu sais, certaines femmes sont plus fragiles que d'autres. Attendre un enfant rend d'autant plus le corps fragile. Donc non, ce n'est pas ta faute. C'est ton père qui n'aurait pas dû te mettre ce décès sur les épaules. Mais ça, c'est la tristesse qui a fait ça... Parfois on est tellement mal que l'on doit rejeter sa faute sur quelqu'un. Mais lui a mal fait. Tu comprends ?

Elle attendit sa réponse en lui souriant tendrement, puis continua.

Bien sur que je veux toujours de toi ! Elouan, tu es comme mon garçon ! Je suis là pour toi et je sais ce que tu ressens. C'est dur, mais il ne faut plus penser à ça. Maintenant c'est toi et moi. D'accord ?

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Elouan.
Non, il comprenait pas tout le môme. Il comprenait plus à vrai dire. Pour lui, les adultes, ça ressemblait à ça. Des grosses mains s’abattant sur lui, des grands pieds se plantant dans son séant, des visages puant vociférant sur son passage, un monde d’adulte qu’il n’aimait pas. Alors comprendre son père… Non il n’y arrivait pas. Tout ce qu’il savait lui, c’est que s’il n’avait pas désobéi ce jour là, rien de tout cela se serait passé.
Enfin…. Peut être…
De toute manière ca ne changeait rien ! Son père il n’avait pas envie de le revoir.


-Nan, j’comprend pas… Mais c’pas grave d’tout façon ça chang’ra rien.

Le regard sombre, contrastant avec ses yeux d’ordinaire si clair, Elouan regardait la Tatoué, cherchant toujours à savoir si ce regard si doux et maternel qui se posait sur lui était bel et bien sincère et véridique. S’il avait raison de lui faire confiance, s’il pouvait… s’il devait… si…

-C’est toi et moi ? Pour de vrai ?

Le gamin se redressa, quittant les bras réconfortant de Rodrielle, légèrement méfiant. Il voulait être sur, qu’elle ne se moque pas de lui, qu’elle ne lui dise pas simplement cela pour lui faire plaisir. Une maman c’était un cadeau si précieux, si merveilleux, si énorme qu’il lui semblait que rien de tel ne pouvait lui arriver, et pourtant.

-Alors tu seras ma maman ? Mais… Et l’Orphelinat ? Et les autres ? Et….


Poings sur les hanches, plongé en pleine réflexion, les yeux du gamin s’illuminèrent un instant avant de déclarer d’une voix tout a fait angélique.


-Tu seras vraiment ma maman ? Mais alors…. J’pourrais plus m’sauver sans être grondé ? Et c’est quand qu’on rentre à la maison ?

Il n’avait pas perdu le nord le petit teigneux, ni le sud d’ailleurs, qui disait maman, disait famille, disait maison, disait repas chaud et tout et tout. Finalement, ce n’était pas si mal.

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Rodrielle
Enfin...

Le visage de Rodrielle finit par s'illuminer. Il comprenait. Petit à petit, Elouan commençait à lui faire confiance et à prendre sa demande au sérieux. Bien sur qu'elle l'adopterait ! Bien sur qu'elle le chérirait, qu'elle le dorloterait. C'était, en quelque sorte, un rêve, un besoin, une évidence depuis le jour où ce petit bonhomme était rentré dans sa vie à l'orphelinat.

Pour de vrai. Nous deux. Toujours

Emportée par un flot d'émotion et d'amour, l'italienne serra Elouan contre elle avec force. Une autre preuve : elle le protégerait, coûte que coûte. "Alors tu seras ma maman ? Mais… Et l’Orphelinat ? Et les autres ? Et…."

La Corleone relâcha son étreinte et le regarda. Contrairement à Elouan, ses yeux brillaient contrairement à l'habitude. Ce jour là, il n'y avait plus de mercenaire, plus de Damnée : juste une maman.

Ça ne changera rien pour l'orphelinat : j'irai toujours pour m'occuper des enfants et tu pourras venir avec moi sauf que là on sera une famille.

Puis sa dernière question. L'italienne rigola. Oui, il ne perdait vraiment pas le nord...

Non, tu ne pourras plus te sauver... Mais nous serons surement beaucoup en voyage, ce sera pareil. Et j'aurai plein de choses à t'apprendre, tu ne voudras même plus partir !

Un petit sourire, malicieux, puis elle resserra le petit contre elle.

Quand tu veux... Je te suis.

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Elouan.
Une famille, des voyages, des choses à apprendre, mazette !!! Finalement ça avait du bon, du même très bon c’t’histoire. S’il avait su, il aurait fugué plus tôt ! Enfin non, pas trop tôt quand même.
Un léger sourire malicieux sur son visage, le gamin regarda la tatoué, réfléchissant déjà aux nombreux avantage qu’il pourrait tirer de la situation, oubliant presque d’un coup tout ce qui le tracassait jusque là et ces mésaventures de la journée.

-Alors d’abord on dort un peu là, et pi après on rentrera. Et au fait ? Elle est où ta maison ? J’aurais une chambre ou je pourrais dormir à l’écurie comme à l’Orphelinat ? C’est loin d’ici ? Tu m’apprendras quoi ? Tu vas pas m’faire des leçons avec un professeur comme tu voulais faire à l’Orphelinat ? J’te préviens, moi j’veux pas apprendre de leçon barbante dans des livres ! J’veux m’battre simplement ! Ou travailler, mais pas beaucoup.

Et il parlait, parlait, parlait le petit, faisant des projets, des plans, imaginant déjà sa vie avec sa nouvelle famille, les multitudes de chose qu’il pourrait faire, des bêtises surtout mais cela, la Tatoué n’avait pas à le savoir. Et puis d’un seul coup il s’arrêta. La regardant en fronçant les sourcils.
Une famille… oui mais…


-Dis Rodrielle ? Pourquoi qu’tu m’as choisi moi ? J’suis qu’un vaurien après tout, pi y’a plein d’autre enfant à l’Orphelinat. Alors pourquoi moi ?

Qui à dit que les enfants ne posaient jamais de question ?

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Rodrielle
Des questions et encore des questions. Finalement, Elouan savait être un vrai moulin à paroles ! Mais cela amusait Rodrielle qui préparait tranquillement le lit pendant que le petit parlait. Enfin, quand elle pu en placer une, elle répondit.

Ma maison se trouve en Bourgogne, à Autun. Mais je pense que l'on sera souvent sur les routes, en voyage... Tu verras c'est très bien de voyager. On pourra peut être même acheter une petite charrette pour que tu sois bien installé. Mais à Autun tu auras une chambre oui.

Elle lui sourit et l'invita à se changer pendant qu'elle continuait ses explications.

Je vais t'apprendre plein de choses... Le combat évidemment. Mais je veux que tu saches lire et écrire parfaitement. C'est très important tu sais ? Peu de gens peuvent avoir cette chance. Alors tu devras t'y mettre, et après tu verras tu trouveras ça superbe.

Et hop, elle attrapa le petit bout pour le mettre sous la couverture puis s'allongea à ses côtés, le prenant contre elle.

Déjà tu n'es pas un vaurien. Et puis... C'est toi, simplement. Parce que j'étais un peu pareil quand j'avais ton âge... Je ne t'ai pas choisi, c'était évident pour moi...

Elle lui sourit, bien plus tendrement, puis l'embrassa sur le front. Ce n'était pas un choix, c'était le destin. Elle en était certaine.

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