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[RP] Loin de tout... ou presque...

Orantes
Morne été en Touraine, mais que pouvait espérer Orantes de cet exil, fut-il dans la plus douce des provinces du Royaume ? Tiédeur du ciel, des gens et de son quotidien, rendu à épauler son fidèle valet dans le travail d’un pauvre lopin de terre … Non décidément il ne se passait rien. Rien que le Volvent ne puisse regretter ou espérer. Mais cette quiétude avait quelque chose de curatif pour l’âme de l’ancien cosnois. Car tel il était encore, un ancien, un ex de … le cœur empreint d’une lourde grâce ! Aisance du geste et âme embarrassée…

L’étrange torpeur fut pourtant interrompue par un message inattendu d’Elyane qui l’invitait à le rejoindre au plus vite. Il prit donc le chemin du navire de son Oncle Ganju et de son aimable tante qui avaient accosté il y a quelques temps. Lorsqu’il arriva enfin, régnait une atmosphère inaccoutumée dans le bureau du bateau : l’oncle jetait un regard froid sur le monde qui l’entourait, Lison l’air leste attendait de voir et Elyane semblait déconfite.


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Elyane
Un bruit derrière elle. Une porte qui s'ouvre. Orantes était là. Il était enfin sorti de sa torpeur pour finalement les retrouver. Mais quelles retrouvailles... Elle aurait souhaité que les choses se passent autrement, mais il fallait bien qu'il le sache un jour.
Elyane lui sourit et alla l'embrasser. Même si la discussion qui s'annonçait allait être tendue et sûrement difficile pour eux tous, il ne fallait pas pour autant oublier toute marque d'amitié.


- Bonjour Orantes, ravie de te voir de retour parmi nous. Elle esquissa un sourire avant de continuer. Je suppose que tu ne sais pas la raison exacte de cette.. "réunion"...?

Elyane jeta un coup d’œil à Ganju, toujours aussi froid, puis à Lison, qui semblait vouloir l'encourager tout en gardant de la distance.

- Comment dire, c'est assez compliqué... Lison souhaitait que je vous en parle, et je comprend que c'est le mieux à faire. Mais c'est difficile à exprimer, après tout ce temps...


Sur ce, elle fit face à Orantes et Ganju, et inspira un grand coup. Elle ne savait pas qui de ses larmes qui montaient ou de sa peur de faire de tels aveux était le plus dur à supporter. Pourtant elle était désormais face au mur. Il lui fallait faire le grand saut. Sûre d'elle et calme en apparence, elle fini par articuler:

- Je suis la fille de Césaire de Volvent et Aude Rappolstein. Par conséquent, je suis, par le sang, ta cousine, Ganju, et ta tante, Orantes. Je sais que mon père avait tout fait pour faire oublier mon existence, mais peut-être vous souvenez-vous de la mort subite survenue dans ma famille... Bien que toute cette histoire fut très floue...

Elle n'osa pas en dire davantage, soutenir leurs regards était déjà assez éprouvant. Sûrement que leurs questions viendraient bien assez tôt...
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Ganju
Ganju adressa un regard a son neveu, il ne l'avait pas vu depuis trop longtemps et il était content de sa présence a ce moment précis.

Orantes, merci d’être venu! Je suis heureux de te revoir mon cher neveu.

Il reporta son regard sur Elyane, toujours aussi inquisiteur. Il appréciait énormément la discrète blonde, mais lorsque cela touchait sa famille Ganju ne pouvait faire autrement qu'etre un autre, plus froid, plus dur.

Je suis la fille de Césaire de Volvent et Aude Rappolstein. Par conséquent, je suis, par le sang, ta cousine, Ganju, et ta tante, Orantes. Je sais que mon père avait tout fait pour faire oublier mon existence, mais peut-être vous souvenez-vous de la mort subite survenue dans ma famille... Bien que toute cette histoire fut très floue...

A vrai dire Elyane, je n'est jamais entendu parler de mort subite, ni de leur fille. Alors as tu quelques explication, et quelques preuves quant a ce que tu avances ? Tu dois comprendre que ce que tu dis est grave, les enfants caches ne sont point des manières de bonnes familles, telle que les Volvent.

Godefroy ne put s’empêcher de sourire intérieurement, lui le père de Niria qui disait ça, une bâtarde qui avait vécu les premiers mois de sa vie cachée de sa famille, et qui était devenue son héritière.

J'aimerais aussi que tu nous en dises plus sur ta vie, entre le moment ou tu nous a quitte et maintenant. Si tu dois être ma cousine j'aimerais te connaitre un minimum, tu comprends ?

Adoucit légèrement son regard, se voulant rassurant auprès d'elle, il n'allait pas la manger et elle devait le savoir.


Mais peut etre Orantes a t'il d'autre questions.

Se tourne vers son neveu, l'invitant du regard a prendre la parole.
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Elyane
Elyane attendait les mots d'Orantes, mais il ne semblait pas vouloir se prononcer. C'était un peu dommage car il lui aurait évité de devoir tout raconter si vite. Elle ne souhaitait vraiment pas devoir ouvrir son cœur à nouveau, surtout dans une conversation aussi tendue.

Un ange passa.

C'était à elle de rompre le silence, mais la chose n'était pas aisée. Comment aborder le fait qu'elle ne leur ai rien dit pendant si longtemps? La blonde allait pour dire quelque chose, mais finalement se ravisa et se contenta de tousser. Puis elle croisa le regard de Ganju.


- Je suis désolée de ne vous avoir rien dit, mais je ne le pouvais vraiment pas. C'était au-dessus de mes forces... Je n'ai jamais cherché à redevenir officiellement une Volvent, ma modeste condition était méritée, et me suffisait. Et puis si je vous en avais parlé, quand nous nous sommes rencontrés... qui sait, j'aurai sûrement fini au fond d'une fosse commune.

Della lui revint en mémoire. Elle l'imaginait assez bien envoyer des hommes de main pour abattre la vile autre blonde qui aurait essayé de faire valoir ses droits.

- Père m'a chassé il y a longtemps de cela... Leur mariage était encore assez jeune quand ils m'ont eu. Mais une fille, ça ne vaut pas un garçon. Il me le rappelait assez régulièrement, sans pour autant le dire clairement... Mais quand Mère a eu un fils, il a été question de me faire cesser les études et m'envoyer au couvent. A quoi bon éduquer une fille quand on a un garçon?

Un regard à Lison. Parler de son frère et de son acte impardonnable était la chose la plus difficile qu'on puisse lui demander. Même lorsqu'elle l'avait dit à Lison, les mots lui avaient longtemps écorché la bouche avant de réussir à sortir. Mais sous le regard inquisiteur des Volvents, il lui semblait désormais devoir revivre le terrible jour de son déshonneur sous les cris de son père, furieux.

- J'avais à peine une dizaine d'années, je n'avais jamais rien fais de mal... Je devais aller en salle d'étude, et puis je suis passée devant la chambre où était mon frère... Alors je suis allée le voir, je n'avais pas encore eu cette occasion. Il semblait dormir, si blanc et fragile...

Sa voix commençait à perdre de sa force. Elle luttait pour ne pas laisser les larmes venir ou sa voix se casser complètement, mais elle n'était pas sûre de pouvoir tenir le coup jusqu'à la fin de son récit. Reprenant ses forces, elle articula difficilement:

- Je l'ai pris dans mes bras, mais il était mou, vraiment beaucoup trop mou...et froid. Il ne réagissait pas, je ne savais pas si c'était normal mais je sentais bien qu'il se passait quelque chose. Et puis elle est arrivée derrière moi, et elle m'a vu. Elle a hurlé, invoquant Aristote et les autres, et Père est venu aussi vite qu'une ombre... La nourrice ne se calmait pas et je ne comprenais pas ce qu'il se passait... Pourtant je ne lui voulais pas de mal moi, je ne voulait pas le tuer...

Serrant ses poings, elle baissa la tête. Il fallait qu'elle tienne, s'ils la voyaient pleurer, c'en était fini d'elle.

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Lison..
Toujours silencieuse, mais pas moins attentive, la brune observait les moindres détails, chaque expression sur les visages, Orantes, était venu et elle salua son arrivée d’un sourire qui en disait long sur sa joie de le revoir. Joie bien vite ravalée en lisant sur ses traits la lourdeur d’un passé qui avait fait tant de mal. L’ombre de lui-même, comme tant d’autres, comme elle-même.

Elle secoua doucement la tête chassant ces pensées auxquelles elle tentait d’échapper, sans pourtant y parvenir, spirale oppressante, qui, lorsqu’on pensait en voir enfin la fin, renaissait au détour d’un visage croisé, d’un nom entendu.

Mais l’heure n’était pas à cela, bien qu’elle savait qu’un jour, il lui faudrait déverser toute cette colère pour être enfin apaisée.

Elle les regardait, tous trois, la famille Volvent décimée, tout comme les Franchimont, mais elle voyait en Elyane un espoir, une lueur aussi claire que sa chevelure et s’y accrochait, laissant rouler entre ses doigts son petit cailloux blanc.

Le visage de son époux s’adoucissait légèrement, et lorsqu’ Elyane eut fini de parler, elle aurait bien pris la parole, répétant avec force les mots qu’elle avait dit à son amie, que l’enfant était mort avant, qu’elle n’y était pour rien, que son père avait agit injustement et aveuglément, qu’il était monstrueux, simplement monstrueux… Mais elle ne dit rien, au lieu de cela, elle se décrocha de son mur, et passant près d’Elyane pour aller se placer aux cotés de son époux, serra furtivement ce poing qui blanchissait et lui murmura à peine perceptiblement :


Ne baisse pas la tête, jamais.

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Ganju
Godefroy écouta la blonde, puis dans un long et lourd silence il analysa ce qu'elle avait dis. Comment lui, son ami, mais avant tout le Renart des Mers devait il réagir ? Devait il être sec, être gentil, prendre ce qu'elle disait pour vérité générale ? Il n'en savait rien, absolument rien. Il prit le parti de retourner ce qu'elle avait dis d'un autre point de vue et d'analyser sa réaction.

Donc pour résumer ce que tu me dis Elyane, tu as tue ton petit frère, peut être par accident, mais tu l'as tue. Et tu veux que l'on t'accueille a bras ouvert pour que demain tu t'en prennes de nouveau a nos enfants... A mes enfants.

Il la toisa du regard.

Il y a un point dans l'histoire que je loupe ou tu nous prends pour des idiots finis. Nos aïeux ont décide de te chasser de la famille, et tu veux que je revienne sur cette décision ?

Il fit un geste de la main pour signifier qu'il n'attendait aucune réponse a cette question purement rhétorique. Il porta son regard sur son épouse un moment, puis sur son neveu, silencieux, mais présent. Il aurait bien des choses a lui dire, mais ce n’était pas le moment.

Il reporta finalement son regard sur la blonde, plongeant le profond océan de ses yeux dans ceux de la jeune femme.

Elyane, je n'avais auparavant jamais entendu cette histoire, et tu comprendras qu'il est dur d'en démêler le vrai du faux pour moi. Je ne veux pas dire que tu cherches a me mentir, mais tu avais dix ans. Peut être ne veux tu pas te souvenir du moment ou tu l'as tue. Or il me faut être sur avant de prendre une décision aussi importante. Alors je te demande de me dire ce que tu as fait après avoir était chassée, tout ce que tu as fait.

Il se leva lui faisant dos il s'approcha de la fenêtre du bureau, oui une fenêtre et non un hublot, celle ci donnait une vue imprenable sur l'eau. Cette force si tranquille, que rien ni personne ne pouvait jamais arreter. Le Volvent enviait l'eau, elle n'avait pas a se soucier de tout un tas de choses, elle faisait son chemin, sans jamais s’ébranler, sans jamais plier. Elle n’était jamais réellement prisonnière, du manière ou d'une autre elle s’échappait forcement. Et lui a ce moment précis, il voulait fuir, fuir des responsabilités qu'il avait toujours évitait, allant même jusqu’à renoncer a sa place légitime dans la famille au profit de Della.

Le Renart des Mers prit une grosse inspiration, ferma les yeux puis se tourna vers Orantes, le dévisageant longuement.


Et vous mon neveu, que pensez vous de cette affaire ? Votre avis m'importe pour prendre ma décision.


Il hésita un moment a demander celui de son épouse, mais il le savait elle etait une Franchimont et ne voulait pas se mêler des affaires des Volvent. Pourtant il en aurait eu besoin en ce moment de l'avis éclairé de la belle Sudiste.
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Orantes
Nonchalant, un pied et le dos posés sur les murs de bois du Renard d’eau, Orantes écoutait les révélations d’Elyane. Impassible, il ne laissait rien transparaître de ce qu’il pouvait penser de ces nouvelles tribulations dans la famille Volvent. En fait, ce dernier hasard de la vie ne le surprenait pas plus que cela. De sa famille, lui aussi, il avait longtemps été séparé mais, à la différence d’Elyane, ce fut un exil volontaire, sa lignée lui ayant toujours inspiré une défiance certaine. Des lourds secrets parentaux, il en connaissait plus qu’il n’en donnait l’air mais préférait pourtant arborer une indifférence de façade, manière de se protéger …

Lorsque son oncle prit enfin la parole, Orantes ne put cacher un léger rictus sur son visage de marbre. En effet, le vieux couplet sur les bonnes manières des vieilles familles l’amusa gentiment. Il cacha rapidement ce sourire lorsque, à sa grande surprise, Ganju vint à l’interroger.


Mon oncle puisque vous souhaitez m’entendre sur un tel sujet, je n’irai pas par quatre chemins, Elyane a toute ma confiance. Je la sais honnête et franche, c’est une dame de valeur et je ne vois pas de quoi douter un seul instant de ce qu’elle avance. Quant à nos aïeux, s’ils ont un jour décidé de chasser notre tante – il fit un large sourire à Elyane – et bien … cela fait une erreur de plus à leur lourd passif !
Maintenant vous avez la possibilité de réparer cette ancienne injustice et d’accueillir à nouveau votre cousine parmi nous, mais il va de soit que nous nous plierons tous à votre décision, quelle qu’elle soit …


A la manière d’un fantôme, le jeune renart repris son air impénétrable et se replaça contre le mur du navire.

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Lison..
Observation, regard de métal qui glisse de l’un à l’autre, ambiance de plomb, et la brune qui fulmine intérieurement de constater leur difficulté à parler. Ces trois personnes devant elle, sont celles qui la rattache encore un peu à son passé, et dire qu’elle tient farouchement à chacun avec d’eux est un doux euphémisme.
Mais là, en les voyant tournicoter, une seule idée, les prendre chacun par les épaules et les secouer.

Elyane, qui perd ses moyens et baisse la tête, elle d’habitude si incisive et fière…
Orantes, si lointain à qui elle voudrait hurler qu’il lui manque, à qui elle voudrait tellement parler de tant de choses…
Ganju, qui se cache derrière cette façade si dure, si sévère, si cruelle…. Et pourtant….

La brune serre les dents, elle n’est pas une Volvent, ne s’est jamais considérée appartenir à cette famille, mais elle est l’amie, l’épouse et elle n’aime pas ce qu’elle voit.

Aussi, un puissant : « ça suffit » s’échappe de ses lèvres frémissantes qu’elle ne maitrise plus.


Ganju, comment peux tu dire qu’Elyane a pu tuer un enfant, comment peux tu insinuer qu’elle puisse faire du mal aux nôtres ?

Elyane, lève la tête, arrête de pleurer, et fais-toi entendre fichtre !

Orantes, n’as tu aucune question ? Ne veux tu pas savoir le fin mot de l’histoire, ne veux tu pas savoir ce qu’il est advenu d’Elyane durant tout ce temps ? N’y a-t-il plus aucune curiosité en toi, que l’envie de te fondre dans les murs !


Ils n’allaient pas apprécier, ni les uns ni les autres, tant pis, tous trois la connaissaient, tous trois savaient bien qu’elle ne savait pas se taire quand elle n’aimait pas quelque chose. Et cette tension, elle ne la supportait pas et voulait la briser d’une manière ou d’une autre. Et si c’est elle qui ramassait les foudres de leurs regards, parfait, au moins, cela briserait peut être cette glace entre eux.
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Elyane
Ganju avait parlé et elle avait serré les poings. Orantes avait répondu, et elle avait souris. Et maintenant Lison lui demandait, lui hurlait presque même, de réagir. Alors l'esprit de la blonde eut un sursaut et sa fierté revint au galop. Levant le nez, serrant les poings et la mâchoire, elle était prête à faire face à son cousin, aussi odieux soit-il contre elle. Au moins elle savait Orantes et Lison de son côté, et elle soupçonnait même Ganju de l'être aussi intérieurement. Tout ces fantômes du passé devaient être exterminés une bonne fois pour toute et pour ça elle savait ce qu'il lui restait à faire.

- Ganju, jamais je n'ai voulu faire de mal à mon frère. Ni jeter l’opprobre sur ma famille, la vôtre aussi. Je ne sais qui Aristote a voulu punir en prenant la vie de mon jeune frère, mais si crime il y a eu, ce n'était pas de mes mains.

Vous vouliez savoir ce que je suis devenue après... Quand père m'a chassé, j'étais rouge de colère et de honte. Je trouvais alors que tout ce qui m'arrivait était totalement injuste, mais je pense désormais que le dessein du Très-Haut était tout autre... Néanmoins je suis partie sans aucune affaire de valeur ni qui puisse attester de ma lignée puisque je n'y avait plus droit. Père avait bien pris soin à ce qu'on ne puisse plus faire le lien entre moi et leur noble famille et encore moins que je parte avec des objets de valeur. J'ai erré pendant plusieurs jours sur les routes, mangeant à droite à gauche. Ce n'était pas la partie la plus glorieuse de ma vie... Et puis je suis arrivée dans une ferme où on m'a accueilli gentiment, sans me chasser à coup de balai. Il y avait là un couple qui avait déjà eu 4 enfants, mais dont seulement un seul était encore en vie. Il était un peu plus âgé que moi et c'était un garçon, mais nous nous entendions assez bien. Jamais ils ne me demandèrent d'où je venais, ils étaient bien assez content d'avoir une paire de bras en plus et étrangement je leur en était gré.

Ça a duré ainsi pendant plusieurs années, jusqu'à ce que mon père et mon frère d'adoption partent braconner et ne reviennent jamais. Ma mère d'adoption était une femme simple et un peu idiote, elle n'avait pas reçu beaucoup d'éducation. Néanmoins je l'aimais bien et après plusieurs semaines à attendre sans les voir revenir, je la convainquis de prendre un emploi de domestique au modeste château du coin. On y vivait mieux, mais elle était chargée de toutes les basses besognes et elle attrapa froid en faisant la lessive en hiver. La fièvre l'emporta quelques semaines plus tard. Les semaines les plus longues de ma vie... Partagée entre ses soins et son travail au château, que j'avais repris, en plus du mien. Je continuais comme ça, faisant en plus diverses courses au village comme messagère ou livreuse, jusqu'à avoir a avoir assez d'argent et de réputation pour pouvoir avoir une maison, à bas prix, dans le village le plus proche, celui que je connaissais le mieux, Autun. Je me souviens encore de ma joie lorsque j’étais allée voir le châtelain pour lui demander de me libérer de mes obligations, le jour de noël. Sa femme avait alors parlé en ma faveur pour qu'il accepte, et c'est ce qu'il fit.

Et c'est comme ça que je vous rencontrais quelques années plus tard, à Autun...


Elle se tut un court instant, le temps de respirer un peu et d'avaler sa salive, avant d'enchaîner.


- Tu parlais de preuve Ganju... Je crois que la seule preuve que j'ai ce sont mes cheveux blonds...Père en était très fier, il disait toujours " Les mêmes cheveux blonds que ta cousine, c'est à ça qu'on reconnait une vraie famille noble, dont la pureté n'est plus à démontrer! Les liens du sang ne trompent pas!"...


Elyane sourit intérieurement à cette pensée. "Les liens du sang ne trompent pas!". Elle n'était pas particulièrement fière d'avoir les mêmes cheveux que Della... Et pourtant aujourd'hui peut-être qu'ils lui sauveraient la mise.

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Orantes
Mais quelle mouche avait piqué si soudainement sa Tante Lison ? D’un coup d’un seul, un flot de reproches vint envahir ses lèvres si promptes habituellement aux douces paroles. L’attitude impassible de son neveu, Lison s’en accommodait fort bien d’ordinaire mais voilà qu’elle semblait à bout :

Orantes, n’as tu aucune question ? Ne veux tu pas savoir le fin mot de l’histoire, ne veux tu pas savoir ce qu’il est advenu d’Elyane durant tout ce temps ? N’y a-t-il plus aucune curiosité en toi, que l’envie de te fondre dans les murs !

Les admonestations de la Franchimont firent se cabrer Orantes. Comment pouvait-elle oser !? Voilà finalement qu’on lui reprochait d’accueillir Elyane, les bras ouverts dans la Grande et belle famille (sic) des Volvent, sans autre forme d’examen que celui de la confiance. Non il ne poserait pas la moindre question à Ely. Il refusait la suspicion envers une femme qu’il respectait et cela passait pour de l’indifférence. Peu importe après tout si Lison se trompait d’adversaire, il demeurerait silencieux face aux récriminations familiales. Il en avait l’habitude, la mauvaise habitude…

Vint alors le récit d’Elyane sur un passé trop douloureux, Orantes, l’homme de marbre ne put alors retenir un geste de la main sur l’épaule de cette nouvelle tante qu’il trouvait si touchante. Un simple geste pour lui dire qu’il la reconnaissait comme étant des leurs…

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Ganju
Essayez de faire taire une sudiste deux minutes. Vous verrez que c'est impossible, chose que son épouse avait encore prouve par ces paroles. Le Volvent, préféra ignorer la question de son épouse. Si elle la posait c'est qu'elle savait pertinemment que tout au fond de lui il avait envie de se jeter dans les bras de la belle blonde, mais qu'il se retenait et jouait un role pour ne rien en montrer.

Il écouta le récit de la blonde, découvrant dans le même temps la dure vie de son amie, enfin amie... cousine serait le terme le plus adapte pour parler d'Elyane. Une phrase lui arracha une grimace de dégout, s'il y avait une personne que le Volvent haïssait c’était bien Della. Elle n'avait rien de pur, elle qui avait craché sur les siens pour quelques terres, retourné mainte et mainte fois sa veste.


Bien Elyane, je pense en avoir assez entendu pour prendre une décision. Bien entendu je prendrais en compte votre avis a tous.

Godefroy garda le silence un long moment, et de son regard scruta Elyane, son épouse et le Frondeur. Il se demanda d'ailleurs si un jour il arriverait a apprivoiser ce Renardeau devenu Renart dans le déni de sa famille.

Elyane... La décision n'est pas simple car lourde de conséquence, je sais que je vais perdre définitivement une amie en te l’annonçant, mais je te prie de m'en excuser.

Une courte pause, histoire d'entretenir le doute et de sadiquement savourer l'ambiance lourde et pesante de la salle.

Elyane, a partir de cet instant je te demande, et t'ordonne, de porter, de nouveau, fièrement le nom d'Elyane de Volvent. Démarches seront faites auprès de la hérauderie pour te réintégrer a ta famille.

Orantes, je tiens a t'apporter une précision, cette décision n'est en rien la reconnaissance d'une injustice. Nous ne sommes en rien qualifies pour juger les actes de nos ancêtres, et nous nous devons de les honorer. Je connais tes griefs envers la famille, et j'ose espérer qu'un jour nous regagnerons ta confiance, et que tu seras fier d’être un Volvent.


Le Renart des Mers s'approcha d'Elyane et l’enlaça, lui glissant a l'oreille.

Excuse moi d'avoir doute de toi, ma chère cousine.
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Lison..
Petit à petit, le regard de la Franchimont s’éclaircissait, Ely reprenait constance et parlait avec aplomb, Orantes, même silencieux, d’un simple geste affirmait ses convictions, et Ganju enfin tranchait, de la meilleure des façons, sans se départir pour autant de son esprit sarcastique, et pour quiconque le connaissait un peu, cela préfigurait le meilleur pour le futur.

Un sourire satisfait se dessina doucement sur les lèvres de la brune, qui tiqua légèrement néanmoins quand son époux prit la blonde Volvent dans ses bras. Cousine ou pas, amie ou pas, Elyane ou pas, elle ne supportait de le voir approcher une autre femme, alors en enlacer une….. Mais cette fois, elle ne dirait rien, ne lancerai pas de regards assassins, ne caresserai pas sa dague, et nul mot ne pourrait davantage démontrer son approbation et sa joie que cela …

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Elyane
Elle avait trouvé la force de tout dire, de tout raconter. Les mots étaient venus simplement, l'un emportant l'autre, et toute sa vie s'était reconstruite peu à peu, au fil de son récit, comme les maillons d'une chaîne. La force de raconter lui était revenue, et peu à peu son assurance et sa fierté avaient repris le pas. Un trait de caractère commun aux Volvent, à n'en pas douter. Ses souvenirs revenaient peu à peu et un étrange sentiment pris place dans son ventre. Ou plutôt "reprit" place. Elle se sentait de retour chez elle, comme après un très long voyage en solitaire sur des falaises escarpées et venteuses. Désormais, point de vent salé ou de vagues glaciales pour venir lui fouetter le visage, seulement une famille unie qui souhaitait l'accueillir à nouveau en son sein. Un retour auprès d'une cheminée réconfortante et une immense bibliothèque.

Orantes avait serré son épaule, Ganju l'avait prise dans ses bras. Plus qu'un miracle. Des choses qu'elle n'aurait jamais cru voir dans une vie. La joie lui avait fait répondre à ces envolées câlines en enlaçant son cousin en retour, avant de reculer rapidement en voyant le regard noir, malgré ses jolis yeux gris, de Lison.

Esquissant un sourire en coin, comme à son habitude, elle les remercia, retrouvant dans leur regard l'habituel chaleur amicale.


- Je comprend que tu ai pu douter de moi, Ganju. C'est tout naturel. Mais tu me connais, l'argent n'a pas grande importance pour moi, la renommée non plus. Je ne suis pas de celles qui souhaitent venir usurper un nom, une reconnaissance ou un blason. Je pense que si j'ai pu enfin vous en parler, c'est que le temps était venu. Et je suis ravie de vous avoir pour parent, tous les trois.

Elle adressa un regard à Lison. Elle n'était peut-être pas une Volvent de sang, mais c'était tout comme pour elle. Sa seule famille, qui finalement tenait contre vents et marées, se trouvait ici, aussi solide que le Renard des Mers.


Revenant à ses tout nouveaux cousin et neveu:


- Je dois cependant vous demander une chose. Elyane suffira. Tatie, tante, cousine ou je ne sais quoi, seulement à l'occasion. Ces noms sonnent bizarrement à mes oreilles... Il faut que je m'habitue...

Elle ne doutait pas qu'il prendrait bien note de cette recommandation et ne manqueraient pas une occasion de lui sortir du "tatie" et du "cousine" à tout bout de champ. Mais si c'était le prix à payer pour pouvoir rester près d'eux, il avait plutôt un goût savoureux.
Elle se sentait redevenue une renarde, celle qu'elle avait toujours été au fond de son cœur mais qu'elle n'avait jamais eu la chance de révéler. Enfin revenue parmi les siens, parmi eux, sa seule famille, qui finalement tenait contre vents et marées, aussi solide que le Renard des Mers.

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