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[RP] Remettre chaque jour son héraut sur l'ouvrage...

.mahaut.
- RAAAAAAAAAAH mais cornecul de foutrefianchtre de bordel de palsambleu de malemort de pute borgne !

Le tabouret servant de repose pieds et ajouré de petits nœuds roses et de chatons larmoyants vola à travers la pièce avant d’atterrir dans une commode ajourée en bois précieux.
Planqué derrière un paravent à grosses fleurs, Anatole relut la lettre en silence. Forcément, ça devait arriver. Des mois qu’elle attendait un mot, un signe, quelque chose prouvant que l’hérauderie n’était pas remplie de momies et là, paf, son amie lui apprenait qu’elle avait été baronnifiée en deux coups de cuillers à pot.
La brune fulminait.


- C’est intolérable ! Des mois ! DES MOIS, VOUS M’ENTENDEZ ?
- Fort bien, oui, même si mon oreille gauche émet parfois des sifflements inquiétants depuis la fois où vous m’avez précipité dans l’es…
- DES MOIS ! A attendre ! Comme si le deuil n’était pas suffisamment douloureux !
- N’exagérons rien…
- 3000 écus !
- Certes, certes…
- Et en contrepartie ? Le plaisir de s’appeler Vicomtesse ? MES FESSES, OUAIS !
- Remarquez, vous ne vous exprimez pas comme une vicomtesse…
- Ils ont des espions, vous croyez ? Qui les renseignent sur mon comportement ? Et qui empêchent qu’on gère la mort de mon époux ?
- Oh ben l’hérauderie, allez savoir…
- On me dit d’attendre, je veux bien, mais est-ce qu’ils veulent que je me fasse nonne pour leur donner un peu de rab ?
- Non mais ils sont peut-être débordés…


Il rentra la tête précipitamment derrière le paravent. Des mois, des années qu’elle voulait se la péter en société en étant titrée. Dame, d’abord, parce qu’il faut bien débuter. Et là, le coup de maître, un vicomte-fou prêt à l’épouser. Et charmant au point de mourir peu de temps après le mariage, afin de ne pas la gêner plus dans sa recherche de futures victimes encore plus titrées. Sauf que… sauf que…

- Gnagnagna délais d’attente gnagnagna soyez assurée que votre requête sera assurée gnagnagna.

Voilà. L’administration et la brune, ça faisait cinq.

- Ils pensent que je ne l’aimais pas ?
- Ben… vous l’aimiez ?
- Je sais pas, j’avais fini par m’attacher hein. Et puis vous avez vu ses poules ?
- Ses quoi ???
- Ses poules.
- Ah, j’ai mal entendu et je me disais, quand même…
- Des poules magnifiques, fières, au corps dodu et à la crête arrogante… N’importe qui aurait aimé un éleveur aussi accompli.
- Non mais à vous écouter, je suis persuadé qu’ils en conviendraient, cependant, peut-être que des délais réels les contraignent à…
- Oh. Anatole ?


Après un délai raisonnable de trois minutes, il sortit sa tête de derrière le paravent. Mahaut était là, les yeux brillants et une bouteille pleine à la main.

- Oui ?
- Pour la première fois de votre vie, vous avez été brillant.
- Je vous demande pardon ?
- Que n’y avais-je pensé plus tôt ?
- De que quoi donc au juste ?
- Je vais aller leur raconter mon histoire d’amour avec les poules !
- Euh… le Vicomte, ça passerait mieux.
- C’est pareil. Chaque jour j’irai leur chanter comment j’ai été séduite par son charme envoutant et son mélange grains de seigle/épluchures sans pareil.
- Euh…
- Et je leur raconterai comment j’ai enfin fini par céder à ses demandes incessantes d’épousailles.
- Vous n’oseriez pas ?


Oh que si, elle oserait. Elle était déjà en train de préparer ses affaires pour aller camper dans le salon d’attente de l’hérauderie, même.

- Y a-t-il une chance pour que je sois dispensé de cette affreuse mécompréhension ?
- Aucune ! Positivement aucune !
- Aristote me hait.


Et il la suivit d’un pas résigné.
.mahaut.
- « Oyez oyez la triste complainte
D’une veuve éplorée
Elle pourtant si sainte
Mais loin de sa vicomté »...
Vous avez vu ? J’ai un quatrain !
- Oui enfin au niveau des pieds ce n’est pas très juste…


Il leva les yeux au ciel tandis qu’elle soulevait sa houppelande pour regarder ses chausses à talons. Avec le temps, il avait fini par comprendre. Elle n’était pas affreusement débile, non. Oh, elle s’y prenait bien pour que vous en soyez persuadé. Mais elle était plus vicieuse que ça. Se comporter comme une cruche était une façon tout à fait personnelle de se foutre de vous, vous forçant à encaisser l’impensable. Depuis qu’il avait compris ça, il s’efforçait de ne plus paraître vexé mais elle parvenait toujours à le pousser dans ses retranchements.
Assis sur un tabouret pliant rembourré, la brune avait sorti une petite guitare personnalisée, dont elle jouait du bout des doigts sans parvenir un instant à en sortir une note exacte.


- Comment s’appelle-t-il déjà ? Son nom de super héraut ? Sylvette ?
- Je pense que c’est plus Sylvest…
- « Par une Sylvette débordée
Oublieuse d’une périgourde-née ! »
Oh c’est bon, ça, vous notez, Anatole ?
- Je note, je note. J’espère juste que personne ne nous écoute.
- Pourtant je chante fort. Je n’avais jamais pensé que le style complainte était si compliqué. Enfin, Aristote soit loué, je m’en sors bien.
- Si je peux me permettre…


Il grimaça en entendant un « chtoing » caractéristique, symbole du supplice que subissait l’instrument, sans doute dans le but de partager sa douleur.

- Oui ?
- Ah, vous me permettez ? C’est nouveau.
- Vous avez eu une bonne idée, je dois vous accorder au moins un peu d’attention.
- Vous me ferez penser à parler salaire…
- « Une veuve désargentééééééée !
Abandonnée par un mari décédééééé ! »
- Je me disais que peut-être vous pourriez passer au style plus contemporain !


Ouf, il avait réussi à la placer avant la deuxième strophe à tue-tête.

- Qu’entendez-vous par là ?
- He bien… Vous êtes trop novatrice pour les neumes. Et vous êtes si douée dans les récits romanesques…
- J’en conviens.
- Vous pourriez peut-être compter votre histoire plutôt que de la chanter ? S’il vous plait ?


La brune réfléchit tout en gratouillant les cordes. Elle n’avait plus rien à prouver en matière de chants. Elle avait fait le plus grand concert du siècle avec le nain baud. Elle avait été jury des victoires de la musique sur les tympans. Elle était une roque starre. Oh oui… Mais une roque starre toujours dans l’impossibilité de se clamer Vicomtesse. Inadmissible. Elle releva la tête et clama comme son papapair lui avait appris :

- Sylvette !
- Je crois que c’est Sylves…
- Sylvette ! Je ne sais si vous m’entendez mais je vais vous raconter ma vie. Chaque jour, je viendrai ici pour vous attendrir et vous émouvoir afin de vous encourager dans votre étude de la mort de mon époux. Et Sylvette ! Si vous n’entendez pas ! N’ayez crainte ! Je vous enverrai le résumé par courrier ! Chaque jour !


Les valets restèrent pétrifiés à écouter s’exclamer avec autant de certitude une brune ravie. Anatole se fit plus petit et regarda par mesure de sécurité où se trouvaient les issues en cas de secours.

- Commençons par le commencement. La Rencontre ! Anatole, écrivez !
Felian
« Quelle folle peut bien crier "civette" dans la chapelle ?

- Je crois que c'est le prénom Sylvette que l'on crie, maître.

- Sylvette ? Ben voyons, les gardes auraient laissé entré une gueuse dans la chapelle ? »


Le héraut de Touraine, accompagné d'un poursuivant d'armes – car il n'est pas que les femmes-qui-déclarent-devoir-hériter-d'une-vicomté qui ont des gens qui les poursuivent, ou pour le moins qui tentent de les suivre – marchait à grandes enjambées dans la chapelle, les sourcils froncés et oubliant même – sacrilège ! – de saluer l'autel en passant devant. Son tabard, plutôt violet que bleu en passant sous la lumière d'un vitrail rouge de la toge ensanglantée d'un martyr – mettons saint Expedit, patron des messagers – flottait derrière lui dans la figure du poursuivant qui le poursuivait d'un peu trop près, comme il le sut donc à ses dépens. Arrivé au narthex, se dressait là, fière et brune, une femme hurlant et gesticulant accompagnée d'un pauvre hère. Tel un poète antique, la femme déclamait des vers – quoique avec un talent bien moindre – et l'on en eût presque souhaité qu'à l'instar d'Anacréon, elle s'étouffât avec un grain de raisin. Soit qu'il fût subjugué, soit qu'il fût horrifié – le saura-t-on jamais ? et il me faudrait cesser ces incises – le héraut finit par reprendre ses esprits et interrompit.

« Madame, nous ne sommes point dans une halle où vous pouvez réciter des poèmes ou chanter des cantiques, ni dans une forêt où vous pourriez chasser la civette ou courir la prétentaine avec votre Sylvette, mais dans une chapelle. Pour l'amour de Dieu, et le salut du monde présent, que diable voulez-vous ? »
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.mahaut.
Un léger conciliabule avait été décidé, le temps de débattre de comment tout cela allait prendre forme sur le papier mais également de comment cela allait se passer dans les faits. Et, détail trivial, le débat portait principalement sur les revendications tabouriales (si, si) d'Anatole qui estimait ne point pouvoir écrire convenablement debout tandis que la peut-être-un-jour-vicomtesse-douairière estimait ne pouvoir décemment rester debout pour s'exprimer, rapport à ses dix centimètres de talons, incroyablement esthétiques quoique légèrement inconfortables.
Le débat s'animait donc quand une voix vint interrompre les échanges.


- Mais c'est très bien, par terre, qu'est-ce que vous reprochez à ce sol ? Il est parfaitement nettoyé, rendons-en grâce aux employés locaux, regardez, on peut se mirer dedans !
- Mais enfin je ne vais pas m'allonger par terre pour écrire !
- Juste ciel, Anatole, faites preuve de sens pratique tudieu ! Comment faisiez-vous en temps de guerre ?
- Je ne vois pas le rapport et d'ailleurs, en temps de guerre, je...
- Madame, nous ne sommes point dans une halle où vous pouvez réciter des poèmes ou chanter des cantiques, ni dans une forêt où vous pourriez chasser la civette ou courir la prétentaine avec votre Sylvette, mais dans une chapelle. Pour l'amour de Dieu, et le salut du monde présent, que diable voulez-vous ?


Le débat s'interrompit donc d'un coup et la brune se retourna vers un homme la regardant avec comme un petit quelque chose dans le froncement de sourcils qui n'était pas pour lui déplaire. Mis à part qu'il était vêtu en bleu, donc la couleur du deuil pour Mahaut, il avait l'air tout à fait intéressant.

- Oh, veuillez m'excuser, des détails sans importance m'ont fait rater votre entrée !
- Sans importance ? S'allonger par terre pour écrire, comme si mes articulations n'étaient pas déjà...
- Tututututut, Anatole, de la tenue je vous prie. Excusez mon écrivain, il est limousin, et a du mal avec le bien vivre.


Elle gratifia ledit Anatole d'une petite tape sèche sur les doigts, ce qui eu le don de le vexer sensiblement, semblant repris tel un enfant devant des adultes soupirants.

- Veuillez m'excuser mais que signifie "courir la prétrentaine" ? Doit-on courir jusqu'à ses trente ans ? Un nom local de chasse à courre ? Je suis positivement curieuse. Quant à Sylvette, il ne s'agit tout simplement que de l'un de vos confrères, sans doute. Ce brave homme est chargé d'étudier la succession de mon défunt époux Matpel. Malheureusement, voilà des mois que cette affaire n'a point été traitée, aussi suis-je venue remonter le moral de Sylvette, afin de l'encourager dans cette épreuve.

Elle désigna le tabouret derrière elle.


- Loin de moi le désir de déranger qui que ce soit, mais si vous avez quelques minutes, je serais ravie, absolument ravie, de discourir avec vous des quelques mois qui ont été un bonheur sans nuages avec mon époux.

Un raclement de gorge fut émis du côté du limousin, sans qu'il fut possible de distinguer si c'étaient les dernières paroles de la brune qui le faisaient réagir ou la perte programmée du tabouret rembourré.
La brune regardait l'homme avec un sourire engageant et ravi. Rien de tel que des spectateurs pour discourir un bon coup.
Erwelyn
Et voilà comment tout avait débuté. Une lettre, partie du Maine peu de jours auparavant. D'une poneytte à une autre poneytte :



Chère Mahaut

D'abord, je vais bien. Tel un cabri, j'ai réussi à éviter toutes les armées du Domaine Royal, je suis trop forte ! Même que ma charrette est restée intacte et que personne n'a essayé de la voler. De toute façon, j'aurais attaqué à coup de miches de pain si ça avait été le cas. Ils ne s'en seraient pas sortis comme ça, les manants !

Pourras-tu m'envoyer des nouvelles d'Ygerne de temps en temps ? J'ai fait parvenir un mot à Griotte mais ma cousine ne m'a toujours pas répondu.

Sinon, hiiiii !
Figures-toi que ça y'est, j'ai eu l'honneur de recevoir en fief de mérite la baronnie d'Evron. Tu sais celle de Reese. Mon parrain. Les demandes en mariage refusées, tout ça…
Bref.
Tu verrais le blason, il est magnifique. Avec des petits canards, un lion, et même que j'ai des perles sur ma couronne !

Et toi, quand est-ce qu'on va enfin pouvoir t'appeler Vicomtesse et Baronne ?

Prendez bien soin de vous tous, j'espère vous revoir bientôt.
Lynette
Baronne d'Evron
Dame de Sainct Antoyne de Rochefort


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.mahaut.
Pas de cris, pas de hurlements, pas de "vous m'excuserez mais j'ai un cours de tressage de pimprenelles, je dois vous abandonner", l'homme était donc hautement consentant à l'écoute des récits enchanteurs de "Mahaut et Matpel, trop kikoolol in love 4ever".
Elle se permit de pousser doucement sa future victime sur le tabouret, indiqua ensuite le parquet en chêne à son écrivain et plaça son corps en équilibre sur son talon droit.


- Il faut tout d'abord que je vous explique mon parcours...
- Je note aussi ou on s'en dispense ?
- Notez, notez, on s'en servira pour mes mémoires. J'ai été élevée dans un couvent, en Périgord-Angoumois. Quel lieu magnifique... Rien de tel pour élever une enfant telle que moi, curieuse, vive et intéressée par tout...
- Les soeurs ne vous ont pas virées à seize ans ?
- Nullement ! Elles se sont séparées de moi en pleurant tant nous étions proches... Ah la la, c'était dur pour moi de sortit d'un lieu protégé pour tomber dans un univers plus trivial et proche de la dépravation...
- C'est cela, oui...
- Oui, je fais dans les grandes lignes, là, pour ne pas embêter le messire.


Rapide coup d'oeil au messire. Moui, bon, il n'avait pas l'air passionné outre mesure. Il fallait accélérer.

- Bref, je n'étais heureusement pas seule dans cette épreuve...
- Mouahahahah...
- Je n'étais pas seule, disais-je avant d'être interrompue par un sombre individu limousin...
*regard noir au dit limousin*, puisque ma soeur, ou plutôt ma demie-soeur était là pour me guider. C'est elle qui m'a poussée à fréquenter les gens et à développer une vie sociale, ainsi que ma marraine.
- Je pensais qu'elles venaient vous chercher quand vous étiez complètement torchée en...
- JE DISAIS DONC, que j'ai fini par développer un petit réseau de connaissances, notamment en fréquentant les lieux pourtant si dangereux pour une jeune femme pure, frêle et innocente comme moi...
- Hu hu hu... Oh, excusez-moi, je testais ma respiration. Je prends note, je prends note.


Il savait que ce n'était pas le moment de la provoquer, mais c'était plus fort que lui. Un geste discret du doigt fut ébauché le long de la houppelande et il replongea dans ses plumes et encres, regrettant déjà d'avoir exprimé à haute voix ses pensées.


- J'ai donc découvert les tavernes. Oh, toujours accompagnée par un chapon, hein.
- Chaperon.
- Non, ça c'est pour les fêtes. Bref, je commençais timidement à m'ouvrir à la vie. Et un beau jour...
- Ou peut-être une nuit ?
- Près d'un lac... Non attendez, le lac était éloigné quand même, c'était dans un champ de fleurs, en fait. Voilà, un champ de fleurs. J'étais assise en train de faire des couronnes de fleurs des champs quand soudain il m'apparût.
- Voilà. C'est ça. C'est exactement ça.
- Qu'il était beau ! Qu'il était fort ! Qu'il était...
- Roux ?
- Blond vénitien ! Il était blond vénitien !


Le silence qui suivit permit à chacun de contempler ses cuticules et de réfléchir un instant.

- Avec des reflets auburn quand il était assis près d'une cheminée le soir.
- Toutafé, toutafé. Des reflets auburn, chacun pourra en témoigner en Périgord. "Le blond avec des reflets auburn", c'était son surnom.
- Ne l'écoutez pas, ce n'était absolument pas son surnom. Son surnom c'était... euh... "la terreur des..." euh... non, attendez... C'était un capitaine, vous savez. Il terrorisait ses ennemis rien qu'en se brossant les dents.
- Son surnom c'était Roudoudou.
- Oui bon, mais c'était son surnom intime, ce n'est pas de sa faute si des amis proches m'ont entendue l'appeler ainsi et l'ont révélé aux masses !
- Non. Pas plus que quand vous débarquiez en salle des débats en chantonnant "Roudoudouuuuuuu en suuuucre ! J'ai trouvé du tissu scintillant pour tes soldats, tu vas a-do-rer."
- Il est vrai que j'avais à coeur d'entretenir son armée par divers moyens, avant tout psychologiques. Mais le propos n'est pas là, je racontais notre rencontre au messire.

Elle regarda si l'homme ne s'était pas enfui tandis qu'elle menaçait Anatole des yeux.

- Je poursuis ?
Felian
Incroyable. Felian n'en revenait pas et ses yeux allaient de l'une à l'un, pas si écarquillés que cela, finalement, car la femme ne l'avait pas remarqué. Il sembla pourtant plus tard à Felian qu'ils lui seraient sortis des orbites. D'habitude, il s'agissait seulement d'expulser les troublions manu militari et la question était réglée. Là, la femme était tellement atypique que le héraut en était décontenancé. Et puis ce fut la remarque qu'il ne fallait pas : « il est limousin, et a du mal avec le bien vivre ». Félix de Cosnac, Limousin par sa mère, en devint rouge. Les Limousins avoir du mal avec le bien vivre ... Il allait lui apprendre à cette traînée périgourdine, fille d'un peuple de rien, bon seulement à ramasser des truffes et à nourrir les cochons, ce qu'il en coûtait d'insulter un Limousin !

L'ire du Tourangeau-Limousin dut attendre, cependant, pour s'exprimer, car la Périgourdine reprit sa logorrhée, embrouillant quelque peu l'esprit de notre héros. Il n'eut donc pas l'occasion d'expliquer que l'on courrait la prétentaine comme ou courrait la gueuse (mais une gueuse de qualité, qui a assez d'esprit pour faire la conversation avant de se coucher) ou encore de comprendre que la civette tant cherchée n'était autre que
Sylvestre. Quelques secondes pour désembuer l'esprit, et la commère recommença de parler, commençant cette fois un dialogue avec son Limousin de serviteur. Il était question de couvent, de sœurs, de messire, d'expulsion - ceci expliquant cela - de sombre Limousin - Limousin ?! et son esprit retomba dans les limbes - de pureté, d'innocence, de chapon, de fête et de taverne, de prés, de roux, de ... Roudoudou ... et le héraut finit par se réveiller après le mot armée.

« Je poursuis ? »

Felian secoua la tête pour reprendre ses esprits et regarda la femme. Essayant de remettre ses pensées en ordre, il reconstitua le puzzle. La femme avait été none, mais s'était acoquinée d'un Limousin, ce qui lui avait valu son expulsion du couvent. Ayant perdu innocence et pureté, elle s'était fait catin dans une taverne et avait fait la connaissance d'un charmant roux ... non, un terrible roux ... ou un « roux doudou » - expression périgourdine, sans aucun doute - qui avait dû employer ses services dans son armée pour entretenir ses hommes par un moyen psychologique ... et physiologique aussi, hein. Enfin cela n'expliquait pas pourquoi cette catin était en chapelle Saint-Anthoyne ... Passablement ennuyé, le héraut prit un ton sec.

« Venez en au fait, Mad... »

Madame ? pas pour une prostituée. La maquerelle ? Bah, ce n'était pas sûr qu'elle dirigeât le bordel. Il s'abstint donc de tout titre.
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.mahaut.
Formidable ! Il était toujours là ! Depuis des mois, à force de voir des morts ou des retraites prolongées, Mahaut et ses amies avaient sérieusement remis en question la solidité des hommes. Il fallait se rendre à l'évidence, les hommes, les vrais, étaient une espèce en voie de disparition. Alors pour une fois qu'un représentant a priori viable ne fuyait pas immédiatement, il fallait absolument le retenir. Surtout qu'il l'écoutait sans -trop- protester.

- Venez en au fait, Mad...
- Mahaut ! Mahaut de Nabinaud.


Ne jamais se remettre en question, jamais. Et ne jamais hésiter à répéter ce que les gens avaient du mal à se rappeler, surtout s'il s'agissait de son nom, accolé à un titre. Et elle aimait bien le recaser de temps en temps. Après tout, c'était comme un hommage à son suzerain de père. Ah oui, justement, il serait bon de le citer, qu'on n'aille pas dire qu'elle l'avait oublié dans ses rêves de titres.

- Fille préférée du Comte Valnor d'Aubeterre, pair de France.


Préférée. L'adjectif est facile à utiliser surtout quand on est à des lieues de l'autre personne adorant utiliser de ce même terme pour se définir. Et à quoi bon préciser "bâtarde" hein ? L'important c'était la filiation, le reste n'était que fioritures.

- Que j'en vienne au fait ? Mon Aristote, vous avez raison. Je sens que vous avez un sens pratique, on reconnait bien les hommes à ça.

Un peu de flatterie, ça ne fait jamais de mal.

- Mais cela m'ennuie quand même un brin de tout raconter d'un coup... cela équivaudrait à dire que mon mariage avec Roud... avec Matpel n'a été qu'une simple passade, quelque chose de facile à oublier. Alors que..
.

Et voilà, les larmes revenaient. Des mois qu'il était mort et pourtant elle pleurait toujours. Pourrait-elle un jour oublier la perte de cet être si cher ? 3000 écus partis en fumée dans son tombeau. Quelle enflure. Et même pas de testament pour dire "je lui lègue tout, absolument tout, faites-la Reyne de France mais qu'elle me laisse crever en paix par pitié". Alors qu'il avait promis d'essayer d'y penser de le faire. Non, elle n'avait pas réussi à obtenir mieux que ça. Résultat ? Echec.
Elle essuya donc sa larme au coin de l'oeil d'un coup de mouchoir en dentelle et tenta de se reprendre.


- Veuillez m'excuser. Je veux bien tout vous raconter de façon accélérée mais vous me promettez de rester après pour que je vous raconte la fois où il m'a demandée en mariage ?
- Ah vous racontez pas la fois avec la baignoire ?


Il s'était prudemment mis à distance pour éviter tout talon dans les orteils. Ne pouvant décemment pas le gifler devant un héraut, elle ne put donc que lui tendre un sourire acide, savant mélange de menace de tortures sous des dehors "ah ah ah ne l'écoutez pas".
N'empêche, on boufferait du limousin le soir pour souper.
Archybald
Sylvestre, les joues rasées de près, la coiffure impeccable (papa aurait été fier) et paré de ses plus beaux atours (le pourpoint bleu frappé d'une truite blanche), toisait la scène d'un regard qui en disait long sur sa stupéfaction. Ce n'était pas tant le larbin couché par terre ou de sa maitresse qui s'agitait devant un homme qui le troublait. C'était Touraine, rendu captif et qui n'avait pas la moindre porte de sortie pour se tirer de ce pétrin, qui le rendait hagard.

- Et bien madame Mahaut, je vois qu'il ne vous a pas fallu longtemps pour charmer et capturer l'un de mes confrères.

Campé droit dans ses bottes, les mains ancrées dans ses hanches, sa voix portait de l'huis sous lequel il avait guetté les derniers instants de la scène. S'il n'avait pas eu le plaisir d'assister au début de cette pièce de théâtre, il en aurait bien assez pour réclamer une redite.

- Peut-être accepteriez-vous de le relâcher et de me donner votre prix ? Je crois que c'est moi que vous cherchez.
.mahaut.
Evidemment, l'homme avait été retenu de répondre "oui", à cause du tourbillon mental qu'elle créait chez son auditoire (une technique de guerre brevetée et validée par papapair comme "arme de destruction massive"). Mais bien évidemment, dès qu'il allait recouvrir ses esprits, il allait vouloir en savoir plus et le supplier de raconter la suite. Normal, après tout, il avait peut-être une vie intéressante mais ce n'était pas tous les jours qu'on rencontrait Sainte Boulasse réincarnée.
Enfin bref, il était guetté par deux paires d'yeux. Les noirs, brillants et vifs de la tortionnaire et ceux plus ternes (car victimes de nombreuses agressions à répétition) d'un limousin en quête de coussins.
Or, adoncques et tout autre terme marquant une rupture soudaine dans la narration, advint un évènement.


- Et bien madame Mahaut, je vois qu'il ne vous a pas fallu longtemps pour charmer et capturer l'un de mes confrères.


Hiiii. Un confrère héraut, à l'odeur alléché ! C'était décidément un jour de chance. En plus, il avait l'air de la connaître, ou alors sa renommée était devenue telle que tout le monde la révérait. Ou alors... Elle jeta un coup d'oeil à son bustier. Non, fausse alerte, elle n'avait pas mis le bustier avec son prénom en paillettes. Elle était donc célèbre. Quelle journée fabuleuse. Des spectateurs, de la renommée et un limousin au sol. Victory !

- Peut-être accepteriez-vous de le relâcher et de me donner votre prix ? Je crois que c'est moi que vous cherchez.


Elle haussa un sourcil. Il était celui qu'elle cherchait ? Qui diable... Un prince avec moults fiefs et célibataire ? Mais il était héraut... Soudain, la lumière se fit dans son esprit.

- Sylvette !


Adieu renommée, la connaissance venait d'une simple correspondance. Tant pis, elle avait donc 2 hérauts à disposition, c'était une chance à ne pas laisser filer. En plus... Elle repassa rapidement les derniers mots de Sylvette. Relâcher l'homme et fixer un prix ? Cela devenait finalement une EXCELLENTE journée. Elle jaugea la victime rapidement. Si elle en voulait un bon prix, elle devait jouer la comédie du "je ne m'en séparerai jamais, c'est le dernier souvenir qu'il me reste de ma grand mère !". A la différence près qu'elle n'avait jamais connu ses grand-mères, quoi. Mais ça pouvait marcher, du moment que ça respectait le "vendre noblement sa mémé".

- Hihihi, comme vous y allez... Messire n'est point tenu en respect ici, comme vous le voyez je ne suis pas armée...

*à part mes talons aiguilles et les couteaux que je cache un peu partout sur moi juste au cas où. Oh, et ma logorrhée, bien sûr.*


- Votre confrère a bien gentiment accepté de me tenir compagnie et d'écouter mon récit. Je pense que nous vivons ainsi le début d'une belle amitié. N'est-ce pas ?


Elle se retourna vers l'homme, souriante.
Elle pouvait bien en demander 500 écus, plus 200 pour sa tenue de qualité. Une sacrée bonne affaire.


- Mais peut-être voulez-vous vous joindre à nous ? Après tout je ne suis venue que pour vous encourager et vous accompagner dans votre travail...

800. 800, ça pourrait le faire.
Archybald
Sylvette ? Non, Sylvestre. Comme Sylvester. Genre Sylvester Stallone.
Le héraut se fendit d'un souris.


- À d'autres madame, une femme n'a pas besoin d'armes pour malmener un pauvre homme, elle a bien assez de sa langue pour infliger mille supplices. Parole de héraut. Le Sylvestre que je suis accepte votre invitation. Où en étiez-vous ? Ah oui, la demande en mariage !

Il quitta sa pose, ramena une main à hauteur du menton pour s'en saisir, tandis que l'autre vint jouer le rôle de support en s'enroulant autour de son buste, agrippant de ses doigts la saignée du coude opposé. À défaut d'un tabouret, il resterait debout. Quant à son offre de prix laissée en suspens, il la conserva soigneusement dans un coin de son crâne. Un généalogiste payait rarement, mais se faire graisser la patte, c'était une toute autre histoire.
.mahaut.
- À d'autres madame, une femme n'a pas besoin d'armes pour malmener un pauvre homme, elle a bien assez de sa langue pour infliger mille supplices. Parole de héraut.

Damned. Elle n'avait pas affaire à un naïf, malléable à souhait. Non, celui-là avait l'air de s'y connaître en femme, il avait dû être initié.

- Le Sylvestre que je suis accepte votre invitation. Où en étiez-vous ? Ah oui, la demande en mariage !

La joie revint en un instant dans l'esprit de la veuve. Du public ! Un héraut retenu en otage qui pouvait bien ramener 900 écus (oui, plus le temps passe et plus le héraut se bonifie, c'est comme le vin), et un autre disposé à l'écouter, alors même qu'il savait ce qui pouvait lui en coûter (900 écus, au bas mot).
Elle vit l'homme se préparer à écouter. Du regard, elle parcourut la salle, ennuyée.


- Je ne saurais vous dire la joie que vous me faites... J'étais persuadée que ma situation vous intéresserait mais je ne vous imaginais pas si disponible...

Tout en parlant, elle avait regardé un peu partout dans la salle, manquant écraser son écrivain désormais accroupi. Navrée, elle se retourné vers son public.

- Je suis contrite d'avoir à commencer par cette remarque, mais je dois vous avouer que votre chapelle manque cruellement de sièges... Mon Aristote, quel quotidien vous devez avoir... Vous avez mal au dos, non ? Que de tensions...


De fait, son talon droit commençait à crier grâce au fond de sa chaussure. La peste soit des chausseurs ambitieux au point de ne pas prévoir des repose-talons intégrés.
Enfin, il fallait savoir souffrir pour être haillpe.
Quand même, même pas un petit trône doré sur lequel s'appuyer...


- Bien, commençons. Tout d'abord, il me faut préciser que l'épisode que je vais vous raconter n'est pas celui où, de façon très protocolaire, Matpel est allé à la rencontre de mon père sur son destrier blanc afin de s'agenouiller devant lui et de le supplier de lui accorder ma main sans quoi il s'oterait la vie. Tout cela est purement trivial quoique protocolaire mais donc nettement moins romantique que la scène que je vais vous raconter. C'est vrai, les hommes, vous savez... Ils évoquent dot, fiefs, futurs héritiers et même parfois quelques verres d'armagnac mais ils ne laissent guère de place à l'émotion, même si mon père a dû être dévasté de perdre ma compagnie.

Voilà. On fera abstraction du "ouf, une de casée" qu'il avait lâché une fois que le prêtre l'ait unie à Roudoudou Ier. Alors... Il fallait maintenant inscrire dans la légende la demande en mariage qui servirait à l'avenir de jauge pour tous les couples, étant naturellement placée tout en haut de l'échelle du "highly romantique".
Evidemment, on ferait taire les malveillants qui pourraient vouloir dire que c'était elle qui l'avait supplié de l'épouser et qu'il n'avait cédé qu'après un mauvais coup reçu à la guerre, et pour mieux en crever quelques mois plus tard. De l'émotion, du spectacle, bordel !


- Cela faisait quelques temps que j'avais rencontré Roudou... ahem... Matpel. Depuis notre rencontre dans ce champ de fleurs où il avait rattrapé mon ruban qui s'était envolé et m'avait aidé à rentrer chez moi quand je m'étais tordue la cheville...

Ouais, ouais, c'était bien, ça, le détail qui tue "oh je me suis foulée la cheville!" "permettez que je vous transporte en mes bras puissants vers la demeure de votre père". Un tout petit peu éloigné du "Orkaaaaaaaa ! Fais un noeud, il est en train de s'échappeeeeeeer!" qu'elle avait hurlé à sa soeur quand elle s'était agrippée à la botte de celui qui n'était encore qu'un inconnu mais qui avait eu le malheur de glisser qu'il était baron.
De l'emphase, donc.


- Depuis ce jour, donc, j'avais à plusieurs reprises croisé cet apollon blond vénitien dont mon père me vantait les mérites sur le champ de batailles. Pudique, je n'avais jamais osé lui adresser un mot seule, mais mes yeux le cherchaient partout où il pouvait apparaître.

Oui, bon, elle ne déformait pas tant que ça la réalité, après tout. Elle l'avait vraiment guetté partout après l'épisode de la botte. Et elle avait à peine osé lui prononcer quelques mots, même si ceux qui avaient franchi la barrière de ses lèvres avaient été "mais épousez-moi, tudieu ! C'est la chance de votre vie ! Ne partez pas ! C'est lâche de fuir à la guerre, baron !".

- Un soir, un grand bal fut donné.

M.erde, m.erde, m.erde, un bal ? Mais quelle idée à la c... Ils avaient été à un bal ensemble ?? Son cerveau lui tendait des pièges. Ou alors... Han mais si, le bal qu'elle avait donné en Maine pour sa soirée de réception d'ambassadeur ! Il était venu ! Elle l'avait chopé sous une table avec une de ses meilleures amies d'ailleurs ! Pis elle l'avait giflé !
A la réflexion, ce détail minuscule n'allait certainement pas intéresser deux gentilshommes hérauts du quotidien.

- J'étais ambassadrice, oyez-vous, et ma mission était de promouvoir l'amitié maino-périgourdine.

En plus, la menace de guerre qu'elle avait proclamée ce soir là n'avait même pas été entendue, comme quoi c'était vraiment un détail.


- Il me fit la surprise de venir... Oui, vous ne rêvez pas, il avait fait des lieues et des lieues pour me retrouver.


C'était le moment idéal pour écraser une nouvelle larmichette.


- Bavardant parmi la foule... alors que j'ai horreuuuur des mondanités, que voulez-vous, ma timidité naturelle... bref, bavardant parmi les invités, je le vis soudain arriver dans son habit de lumière.

Elle saisit le bras d'un des hérauts afin d'appuyer son saisissement.


- Stupeur ! Jamais je ne l'aurais imaginé devant moi ! Vêtu de sa plus belle armure, il s'avança vers moi...


Bordel, c'était beau, elle s'y croyait presque. Pour son prochain mari, il faudrait qu'elle essaye ce genre de scène, ça vous créait une légende en moins de deux...

- Et mettant un genoux à terre, il prit ma main et me supplia de l'épouser.

Elle écrasa la main du héraut dans les siennes.

- La tête me tournait... Oui, elle avait pas mal éclusé ce soir là... Et le voyant pâle et tremblant, je crus un instant qu'il allait défaillir. "Messire", lui dis-je, tremblante également... Elle ne lâchait plus la main qu'elle portait contre son coeur, les yeux levés vers un radieux souvenir imaginaire. "Messire... Si je n'écoutais le son de vos douces lèvres, je croirais que vous venez de m'annoncer votre départ prochain pour la guerre". Oui, il y avait beaucoup de guerres déjà à l'époque. "Nenni !" souffla-t-il en se relevant et en prenant mes mains dans les siennes. "Nenni douce damoiselle ! Je suis tremblant devant vous car je dépose ce soir mon coeur à vos pieds !" Oh, si vous l'aviez vuuuuu !

Elle regarda la main blanche du héraut dans ses mains et elle la rendit à son propriétaire tout en la tapotant pour que le sang revienne.

- Toutes les damoiselles de la soirée étaient littéralement vertes de jalousie. Mais c'est moi qu'il regardait ! N'osant dire un mot, je devins rouge et n'osais lui répondre. Prenant mon silence pour une hésitation, il se lança pleinement, réalisez-vous son courage ? "Damoiselle Mahaut qui faites ma joie et mon bonheur..." Il parlait tellement bien, je vous l'avais déjà dit ? "Accepteriez-vous de devenir ma femme ?"

Malgré le mal de pieds, elle s'était laissée emporter par son radieux mensonge. Raaah, une demande pareille, elle allait rester dans les mémoires. De deux hérauts, certes, mais c'était un début, puisqu'ils sauraient l'inscrire dans la légende d'une façon ou d'une autre.

- Messires, la pudeur m'empêche de vous avouer le sentiment qui m'emporta ce soir-là. Sachez cependant que c'est ce soir très précisément que furent scellées mes fiançailles avec Matpel. Juste ciel, j'en pleure encore... Avoir connu un tel bonheur... si court ! Si dense !

Si pauvre, oui. Crevé quelques temps après le mariage et aucun héritage, môssieu préférant s'enterrer dans un linceul en soie et un cercueil d'ébène. Pff. Égoïste !


- Voilà, messires, le récit de la demande en mariage de mon défunt époux. J'espère que cela vous aura transmis une part de l'attachement qui nous unissait...

Et surtout que le récit de choses aussi honteusement fausses et larmoyantes allait opérer sur leurs hormones mâles en leur ordonnant de fuir au plus vite pour éviter la suite de l'histoire, si besoin en s'occupant trèèèès rapidement des papiers que souhaitait la brune.
Elle commença à faire glisser son pied hors de sa chausse, profitant de la longueur de la houppelande pour cacher le tout. Voilà, elle avait une ampoule. Tsss.
Elle guetta une expression sur leurs visages. Fuiraient ? fuiraient pas ? 900 écus et une vicomté en jeu tout de même...
.mahaut.
- Et si je vous montrais comme nous avons dansé à cette soirée ? Parce que nous avons dansé, évidemment ! Roudoudou était un excellent danseur !

Elle tapa dans ses mains, en pleine auto-satisfaction.

- Alors il faut faire un petit effort d'imagination... Déjà je portais une houppelande rose bonbon alors que le deuil m'impose aujourd'hui des couleurs plus...

Petite grimace de la brune. D'abord le deuil de Matpel puis celui de la Reyne... Sale temps pour les fachone victimes. M'enfin, il était temps d'en sortir. Après tout cela faisait des mois, des siècles, une éternité !

- Oh mais attendez j'ai une merveilleuse idée ! Plutôt que d'imaginer, je vais vous faire participer ! Mais oui ! Venez, cela sera charmant !

D'autorité, elle releva le héraut captif à 1000 écus (les intérêts, toujours penser aux intérêts) et le cala sur un carreau en losange après avoir délogé son écrivain d'un bout de pied.

- Vous, vous serez l'orchestre.


Elle le contempla un instant.

- Il vous suffira de bouger les bras et de fredonner, vous vous en sortirez très bien.

Elle se retourna vers l'autre avant qu'il n'ait le temps de s'enfuir.


- Vous permettez d'incarner mon défunt époux ? Ne craignez rien, mes talons sont pointus mais je danse divinement bien ! Allons allons, venez, nous commençons par une pavane puis nous enchaînons sur une gigue, c'est follement amusant. Messire, vous voulez bien commencer à fredonner ? Anatole, vous faites la foule qui s'extasie. Allez, à trois ! Un... Deux... Trois !
.mahaut.
Elle resta un instant les bras en l'air, secouant en vain une main pour réveiller son partenaire et donner signe au musicien de jouer.

- C'est gênant, à force, vous savez.

Elle laissa retomber ses bras. Manifestement, les problèmes de super hérauts dépassaient largement ses simples requêtes. Oh, elle pouvait le comprendre, hein. Tant de naissances, de mariages, de sceaux à valider et inscrire. Elle n'était pas farouchement opposée à la masse de demandeurs. Non, elle voulait juste qu'on n'oublie pas son tour. Depuis... Depuis des mois, voilà. Pensez-y une seconde. Des gens en taverne avaient eu le temps de se marier, de faire des enfants, de se séparer, de faire mourir leurs enfants, de se remarier et de recommencer le cycle, et ce peut-être à de multiples reprises !, tandis qu'elle attendait juste qu'on lui dise que "ah oui, votre époux est mort".
Peut-être aurait-elle dû le déterrer et l'emmener avec elle pour qu'ils conviennent de son état. Elle y penserait la prochaine fois.
En attendant, il fallait bien passer le temps.

- Anatole ?
- Oui ?
- Vous êtes sûr qu'il n'y a pas d'autres fauteuils ?
- Certain. C'est fort dommage si vous voulez mon avis. Tout reluisant qu'est le parquet, j'ai mal aux fesses.
- Hmm. Tant pis.
- C'est parce que c'est pas vos fesses, hein.


Elle regarda le plafond un instant, histoire de vérifier que les hérauts n'étaient pas en train de regarder un truc super intéressant qu'elle n'aurait pas vu.

- C'est une araignée, c'est ça ?


Pas de réponse. On ne parlait pas assez de la narcolepsie héraldique dans les textes anciens.
Elle tapa dans ses mains pour essayer de provoquer un sursaut, en vain.


- Fort bien, vous l'aurez voulu, j'en reviens à ma première idée. Je vais chanter.
- Oh non...
- Tous les jours.
- Et...
- Et on prendra des sièges pliants, oui.
- Ah, ouf.
- Bien. Place maintenant à ma voix sans pareille. Je vous dédicace celle-ci, vous l'avez bien mérité. Musique, maestro ! On la fait en bi mineur.
- En quoi ?
- Comme ça, là...


À sa façon de nous app'ler les nobles
On voyait bien qu'il' nous aimait beaucoup
C'était chez lui que nos talons de bottes
Disparaissaient à force de rester d’bout

Après la cour, on allait voir nos fiefs
Quand on entrait Sylvette souriait
Et d'un seul coup nos demandes, nos requêtes
Disparaissaient quand il nous oubliait

C'était bien, chez Sylvette
Quand on faisait la tête
Il venait vers nous.. Syl - vette

C'était bien, chez Sylvette
Quand on faisait la tête
Il venait vers nous.. Syl - vetteuh !

Axel2fersen
Axel qui venait de prendre connaissance du message de Phylogène repartait un peu dépitée dans le couloir de la chapelle, lorsqu'une voix mél-odieuse vint lui chatouiller les oreilles. Une femme semblait vouer un culte à une certaine Sylvette, que la dauphinoise ne connaissait pas. Toutefois, si la voix n'était pas particulièrement au goût de la blonde, la bluette chansonnette était plutôt sympathique et bien tournée. C'est donc en applaudissant à tout rompre que la Irissarri fit irruption, dans le couloir ô combien encombré.

BRA-VO ! BRA-VO ! Quelle voix ! Quel talent pour l'écriture ! Et quel sens mélodique ! Madame je vous prie de pardonner mon intrusion mais tel un marin attiré par les chants des sirènes j'ai été conduite jusqu'à vous par votre ode à Sylvette !


Puis faisant mine d'écraser une larme au coin de ses yeux, elle ajouta en s'approchant encore prenant soin de ne pas écraser les .... cadavres héraldiques (????) posés au sol :

Quel hommage poignant ! Je suis sûre que cette Sylvette vaut la peine d'être connue ! Mais j'y pense je ne me suis point présentée, Axel d'Irissarri de la maison Castelmaure, en attente de traitement héraldique et vous -même Madame? A qui ai-je l'insigne honneur de m'être présentée ?
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