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Info:
Phase 3 de l'acceptation de la lèpre : le marchandage

[RP] Humeurs ladres et sang d'pucelle

Poppie
[Echoppe du premier charlatan – le matin]

Dehors ! J'peux rien pour toi, chienne galeuse !

Une timbale en terre cuite vola et percuta la lépreuse à l'épaule.
Elle grogna, plus de colère que de douleur, et recula.
Le petit homme à face de fouine tenait déjà un second projectile.


Fous l'camp j'ai dit ! Casse-toi de ma boutique !

[Echoppe du deuxième charlatan]


L'herboriste se frotta la tempe d'un air fataliste.
Il gardait un foulard sur son gros nez pour se protéger du mal de sa visiteuse.


Ah ben non. Peux rin pour toi, la mère. La lèp' ben c'est la lèp', quoi. Quand tu l'as, c'comme la plus grosse part d'la tarte : tu t'la gardes.

Poppie tourna les talons.
Trop honnête, le gaillard.


[Echoppe du troisième charlatan]

Vous m'donnez combien en échange ?

[Echoppe du quarante-deuxième charlatan – fin de la journée, crevée et de mauvais poil]


Une vieille femme ratatinée était acculée contre le mur de son officine.
La menaçait la boiteuse au visage ravagé qui pointait vers elle un grand bâton.
Le monde y devient fou, qu'elle se disait, l'ancêtre.


Si tu m'dis de dégager, j'te pends avec tes tripes ! Gronda Poppie.

Elle piqua le bout de son arme dans le gras du bide de la bonne femme.
Ça rigolait plus, là. Quand on est au bout du rouleau...
la vieille peau secoua la tête.


Se débarrasser de la lèpre ? Rien de plus simple !

Poppie haussa les sourcils et reposa sa canne de marche pour y prendre appui.
Lueur d'espoir.


Vrai ?

La douairière épousseta ses vêtements et s'écarta de la lépreuse.
Elle eut un sourire entendu.


Bien sûr. Tout est dans l'sang, tu vois ? Le tiens, il est mauvais. Les humeurs, elles sont pourries dedans.
La solution, c'est du sang pur et propre. Un bain de sang de vierge et v'là ta beauté retrouvée !


Poppie retroussa ses lèvres boursouflées.
Cherchait à jauger si la sorcière se foutait pas de sa tronche.
Mais quand on a touché le fond... On ferait tout...
On ferait tout...


Merci, la grosse.

La lépreuse planta là la bonne femme sans même penser à la rémunérer.
Elle sortit de la pénombre de l'échoppe pour aller s'enfoncer dans celle des rues glauques des Miracles.
Du sang de vierge.

Devait pas être si dur à trouver que ça...

_________________
Poppie
[Au lendemain]

Accrochée à son bâton, Poppie tournait en rond, là, dans la ruelle grise.
Elle avait cogité toute la nuit et sa face de gargouille s'agrémentait à présent de larges cernes noires.
Du dernier chic. À faire choper une attaque aux p'tits vieux.

Mais avouez, quoi... Du sang de vierge...
Ben fallait la tuer, bordel, la pucelle !
Non. Pas la.
Les.
Parce qu'il devait en falloir plusieurs pour faire un bain.
Sinon, si c'était juste histoire de faire une trempette de pieds...


De t'façon, quoi ? Marmonnait la lépreuse dans sa solitude. C'est leur rendre service. Après ça finit comment ces p'tites bêtes-là ? Moi j'le sais. Bobonne coincée avec ses chiards ou pattes écartées devant l'client. Pis elles deviennent vieilles et laides. Un service, que j'leur rendrais, moi j'vous l'dis...

C'était pas la morale qui allait étouffer la boiteuse.
Aurait égorgé père et mère pour retrouver ses pieds, ses mains, son visage.
Retrouver la chaleur du soleil sur sa peau. Arrêter de pourrir vivante.
Ça, ça lui faisait peur, à Poppie ; se voir partir en petits morceaux noirs comme une morte.
Quand on en est à ce point-là, on ferait n'importe quoi...

Poppie se laissa lourdement tomber dans la bouillasse et soupira.
Nan, la conscience, c'était pas le problème.
Le truc, c'était...


A pas la force... Faut bien voir les choses comme elles sont : chuis petite, boiteuse et j'mange pas tous les jours... Si la donzelle m'échappe et court, chuis bonne pour la populace en rogne. Un piège ? Pourquoi pas, un piège ? Mais faut l'attirer dedans, la petite biche, et y'en a pas une qui suivrait une lépreuse. Même pas les pas bien dégourdies.

Fallait engager quelqu'un.
Pas d'autre solution.
Poppie se redressa et farfouilla un instant dans la ruelle pour trouver un morceau de bois noirci.
Puis, avec application, sur les pierres d'un mur :


Citation:
Cherche personne de confiance pour travaux salissants
Force et habileté exigées
Morale et bonne conscience superflues

Grosse récompense
Se renseigner auprès de la lépreuse


La gargouille, satisfaite, se drapa dans sa grande robe de bure et en remonta la capuche.
Pas la peine de faire fuir les éventuels postulants.
Elle s'assit et patienta.


RP ouvert, donc. Plus de détails ici

_________________
Johnnie.
Pffff... J'm'ennui ... J'm'ennui... J'm'ennui...

La p'tite brune traînait ses chausses d'âme en peine sur le pavé irrégulier de la ruelle. Elle soupirait... Soupirait encore. Si avide d'action et pourtant si peu à mordre... Elle aurait sauté sur n'importe quelle occasion pour se divertir- ou presque.
Un caillou trônait là. Au milieu de son chemin. Tel une moquerie...
Lui aussi été seul, tout couillon, eloigné de ses frères. A moins qu'la pierre soit plutot une âme charitable lui proposant tout simplement de se défouler sur lui?
C'est comme ça que Jo le prit en tout cas.
De son pied, Jo frappa de toute sa puissance dans ce caillou. Caillou qui s'eclata contre un mur, a deux pas de la tête d'un lépreux qui se tennaits recroquevillait là. Tel un tas de chiffon informe et malheureux.
Elle grimaça. Pourquoi celui là n'était il pas a sa place dans la maladière!

Elle eu un haut le coeur et un geste de recule. Mieux vallait changer de trottoire, elle traversa la rue. C'est qu'Johanna, elle y tenais à sa couenne, pas question qu'elle prenne le risque de la voir finir en resultats de rapes a fromage. Grrrrrr elle frémissa à cette idée. Et appliqua sur son nez son foulard. Elle préféré encore longer la rigole mal odorante et pleine d'eau croupi et de déjection en tout genre que se retrouver du même côté qu'un lépreux... Quand alors, un graffiti sur le mur attira son attention. Et comme la curiosité l'emportait toujours sur elle. Elle parcouru les quelques lignes:

Citation:
Cherche personne de confiance pour travaux salissants
Force et habileté exigées
Morale et bonne conscience superflues

Grosse récompense
Se renseigner auprès de la lépreuse


Une offre d'emploi. Exactement ce qu'elle recherchait!! Son coeur en fit un bon de joie et elle caressa son poignard. Mais sa joie disparraissa aussi vite qu'elle etait née quand elle lut la dernière sentences.

La lépreuse?

Elle se tourna en direction du tas de frusque ratatiné en face et eu une nouvelle nausée. Le sang elle pouvait. La maladie elle pouvait pas.
Elle fit volte face et reprenna son chemin. Tant pis. Vallait mieux laisser tomber. Elle tenait trop a sa peau satiné. Quand soudain, son ventre gargouilla... Voila bien deux jours qu'elle n'avait rien mangé de vaillant... Elle soupira.

Se renseigner-c'etait pas signer aprés tout.

Elle se tourna en direction de la lépreuse et cria... Fallait pas trop se rapprocher quand même.

Hey! La laide! C'est payé combien ton affaire?
Et c'est pourquoi faire?!!!

_________________
Poppie
Une bande à l'endroit, une bande à l'envers, une bande à l'endroit...
Non, la gargouille ne faisait pas de tricot. Elle refaisait ses bandages aux mains et aux pieds.
Pour s'occuper et oublier sa nervosité, voyez.

Mais qu'est-ce qui lui avait pris, bon dieu !
Personne n'allait y répondre, à cette maudite annonce...
Ou des gardes passeraient par là, découvriraient la combine, et paf ! Lapidée, la lépreuse !

Poppie serrait ses chiffons avec les dents quand un caillou siffla à son oreille.
Sursaut accompagné d'un grommellement mécontent.


Hé, on tape pas sur les ladres ! Sert à rin, d'toute façon, on sent rin...

La lépreuse leva sa vilaine face grumeleuse pour foudroyer l'impudente du regard.
Au milieu de toute cette bouillie de chair, ses yeux gris perle paraissaient incongrus et rappelaient qu'autrefois la chose avait été humaine.

Poppie fit une grimace goguenarde à la brune caillasseuse pour la faire fuir.
Jalouse, qu'elle était : l'autre était encore jolie.
Puis elle se ravisa, se rendant compte que la donzelle venait pour l'offre.
Se leva lentement, cramponnée à son bâton, et afficha un air qu'elle espérait plus avenant.
Enfin, aussi avenant qu'on peut l'être avec une gueule pareille...

La lépreuse garda le silence un long moment, pesant sa réponse.
Elle avait promis une grande récompense, mais n'avait pas un sou en poche...
Elle s'arrangerait pour faire les poches aux victimes. Suffit qu'une ou deux soit un peu argentée...
En attendant :


Le prix, faudra voir avec ma maîtresse. C'est elle qui paye. Après l'boulot, bien sûr. Elle aime pas s'faire avoir, voyez ?

Oui, le coup de la maîtresse, c'était bien.

Et pour le boulot, c'est...


Pouvait-elle le dire sans risque ?
La donzelle n'allait-elle pas la dénoncer ?
Non, on était aux Miracles, quand même. Et puis Poppie mettrait la faute sur la "maîtresse".


Faudrait éliminer quelqu'gens. J'vous donne plus de détails si vous acceptez l'offre.
_________________
Johnnie.
Une fois encore, son courage ne lui disait rien... Elle était à deux doigts de détaler comme un lapin. Jo se retenait de respirer. Comme si l'odeur qui se degagerait de la créature pouvait lui enpuantir les narines et lui faire moisir les entrailles. Elle grinça des dents. Pour supporter la vue... La proximité de la "chose". Elle devait se faire violence!


La lépreuse était cramponnée là, a son bâton. La brise légère qui lui soufflait par dérrière, faisait voleter sa capeline sombre et elimé lui conférent les allures majestueuses mais souffreteuses d'une lyche .
Une lyche qui lui repondit avec une voix "humaine".

Hé, on tape pas sur les ladres !

Le prix, faudra voir avec ma maîtresse. C'est elle qui paye. Après l'boulot, bien sûr. Elle aime pas s'faire avoir, voyez ? ....
Faudrait éliminer quelqu'gens. J'vous donne plus de détails si vous acceptez l'offre.


Les lépreux ça pouvait parler??? Un bref etonnement traversa son esprit, elle en avait presque oublié cette évidence. D'ordinnaire, personne n'ecoutait les lépreux. Quand ils l'ouvraient, c'etait pour se faire cogner. A la longue, la plupart d'entre eux, devenaient silencieux, ça valait mieux pour eux. Et comme elle les evitait un maximum... Elle ne pouvait pas savoir grand chose sur eux si ce n'est qu'il fallait les fuire autant que ceux qui avaient la peste si ce n'est plus!

C'est ça vilaine! J'vais travailler pour pas une prune. J'allais l' dire!
Tu trouvera personne pour travailler avec toi! Alors si ta maîtresse allonge pas la monnaie en plus!


Jo se cala contre un mur et attrappa sa besace, pour en sortir une minuscule cage contenant un pigeon gris et posa la cage par terre.

Tu donneras ça à ta maîtresse. L'oiseau connait l' chemin. Qu'elle m'ecrive. Puis qu'elle note sa proposition en détail. J'ai pas d'temps à perdre 'vec toi!

Puis elle se redressa et posa sa bourse et les maigre piecette qu'elle contenait sur la cage.

Achète toi un bout d'pain. Sinon...T' s'ras crevé avant même d'arriver à ta maîtresse! Tsss

Puis elle tourna à l'angle de la rue, et s'enfonça dans les goulots mal famé de la cours des miracles à la recherche d'une taverne pleine.
_________________
Poppie
Poppie lorgnait sur la brune.
Allait-elle marcher ou pas ?
Visiblement, ça hésitait.
Soucieuse, la lépreuse tordait ses vilains doigts.
Et si l'autre se désistait ? Trouverait-elle quelqu'un d'autre pour faire le sale boulot ?


C'est gagné, songea-t-elle en lorgnant le pigeon déposé à ses pieds.

La gargouille offrit son sourire le plus mielleux à la donzelle.

Ma maîtresse aime pas prendre de risque, voyez ? Soyez sans crainte, elle va vous répondre le plus vite possible !

Le sourire tout miel disparut de sa face sitôt l'interlocutrice partie.
Poppie lança un regard noir au pigeon.


C'est d'ta faute, grogna-t-elle. Tout s'passait bien pis t'arrive, toi. Comment j'vais faire, moi, pour écrire la foutue lettre ?
J'ai pas d'papier, pas de plume ni d'encre. Si tout est pas bien fait, elle y gobera que dalle, l'autre.


Pour la plume et l'encre, ce ne fut pas bien difficile.
L'emplumé grisâtre apporta sa contribution – au croupion, plus précisément.
Un peu d'eau et le reste du charbon firent le reste.

Manquait plus que le papier. Plus difficile, celui-là : volé au parcheminier.
L'aventure valut à la boiteuse un bon coup de galet dans l'épaule.

Quelques temps plus tard, le pigeon fut relâché.
Avec, à sa patte, un bref message qui disait :




Le bonjour,

Comprenez tout d'abord mes réserves à payer l'avance pour le travail et à traiter directement avec vous. Je ne suis, en ces temps tourmentés, que peu encline à accorder confiance en quelque personne que ce soit. Cela dit, soyez rassurée sur la réalité de la récompense.
Cet argent ne sera versé qu'en échange de la vie de trois ou quatre jeunes filles certifiées pucelles. Il n'est d'aucun intérêt que vous sachiez la raison de ce travail.
La lépreuse étant mon unique intermédiaire, c'est avec elle que vous traiterez et à elle que vous confierez les corps.

dame Marie-Appoline

Le prénom, Poppie ne l'avait écrit que par nostalgie.
C'était le sien, il y avait longtemps de cela.

_________________
Poppie
[Pas de réponse et la bestiole s'affole]

Trois heures que le piaf il est parti. 39.

La lépreuse faisait les cent pas dans la ruelle.
Elle avait perdu le compte de ses foulées et dénombrait les fois où elle tournait et retournait devant son mur crasseux.


S'est p'têt perdu. Mais l'aut' a dit que son pigeon connaissait l'chemin. 40. Quel chemin, au fait ? Elle le lui a dit, à son piaf où qu'elle allait ? 41. Et pis jamais entendu qu'un pigeon retrouvait l'monde à la trace comme les chiens.


Grommellement.
Quelle cruche ! Elle s'était faite avoir comme une gueuse !
Heureusement qu'elle n'avait pas payé d'avance...


Et si elle l'a vraiment retrouvé son zoziau. Ca veut dire qu'elle en est pas, de mon plan foireux... 42. ESt-ce qu'elle a compris la combine ? Est-ce qu'elle va m'dénoncer ? Pas envie d'crever dans une geôle, moi... 43.

Plarf.
Poppie se laissa lourdement tomber au sol.
Y'a des moments où on se sent pas assez intelligent pour bouger et réfléchir à la fois.


Va falloir trouver quelqu'un d'autre. Mais j'avais déjà eu du pot pour celle-là... P'têt cherche du côté des assassins organisés. Mais 'doivent coûter chers, ceux-là. Ou alors...

Ses doigts gourds et tordus pianotèrent nerveusement sur le manche de son bâton.
L'idée de lui plaisait pas.


Je le fais moi-même.

Elle se leva et gueula :

44 !
_________________
--Ghash
Elle erre depuis des jours.. elle a perdu Saphar.
Elle ne comprend même pas comment ça a pu arriver. Elle le suivait partout ou presque. C'était son seul vrai espoir depuis qu'elle s'était enfuie du couvent.

Ses cheveux noirs emmêlés, et sa robe sale et un brin collante, la font ressembler à une mendiante. Elle, pourtant si proprette chez les nonnes. Elle si jeunette et si fraiche d'après les dires de Saphar.
Elle n'ose même plus demander aux gens son chemin. Les regards qui se tournent vers elle semblent la juger coupable d'office.

Depuis deux jours, elle marche dans les bas fond d'une ville inconnue, besace presque vide sur son épaule.
Elle sent bien qu'elle va au devant des problèmes. Même à 16 ans et sortie du couvent, elle possède un minimum de bons sens pour le savoir. Les gens ne la regardent même plus. Elle est devenue transparente.
Ils ont tous l'air si pauvres...
Trop pauvres..
Et certains ont l'œil mauvais... Elle en jurerait.

Depuis son réveil, rien ne va...
Y a des jours comme ça.. où rien ne se passe comme prévu.
Alors, quand son regard méfiant, tombe sur un chien décharné qui lui bloque le passage, elle n'est même pas surprise.
Elle hésite un peu à passer cependant... trop, sans doute..
Les crocs menaçants, le chien a perçu sa peur.. et s'avance lentement. Un grognement sourd monte de sa gorge.

La brune tourne désespérément son visage de droite et de gauche, cherche une âme bienveillante qui pourrait l'aider.. Personne, forcément.. !
Si seulement, elle n'avait pas perdu Saphar ! Pourquoi marchait il si vite aussi !

Elle recule de quelques mètres sans perdre du regard le chien jaune.. et bifurque en vitesse dans une autre ruelle, se mettant à courir comme une voleuse qu'on voudrait arrêter.
Elle tourne encore une fois précipitamment. Une autre ruelle encore. Des pavés mal posés..
Un regard en arrière, le chien n'avait pas suivi.

Elle s'arrête épuisée, le souffle court.
Le dos contre un mur, elle se laisse doucement glisser vers le sol. La panique lui a coupé les jambes. Elle se recroqueville sans rien dire, la tête cachée sous ses bras.
Un long moment de silence pendant lequel elle cherche à faire cesser les tremblements de ses membres.
Un sanglot étouffé, quelques larmes..

Le couvent rassurant n'était pas si mal finalement..
Quelle sottise d'en être parti !

Elle redresse la tête en soupirant et regarde autour d'elle, la tête appuyée contre le mur. Les larmes ont tracé des sillons sur ses joues.
Une silhouette un peu plus loin se hisse du trottoir où elle s'était assise.
Elle n'a pas l'air bien vaillante appuyée sur son bâton.

Elle la suit du regard de loin, en tricotant une de ses mèches de cheveux de deux doigts nerveux.
Un cri : 44...
Ses sourcils se froncent. Un soupir tout doux pour pas faire de bruit.
Elle se relève lentement et défroisse par réflexe sa robe encrassée.
Autant voir ailleurs un endroit plus calme.


Poppie
[Quelques minutes et un vol à l'étalage plus tard]

Mes pommes, mes joliiies pommes... Bien rouges...

Vous connaissez le coup de la pomme ?
Poppie, en tout cas, oui.
Elle avait entendu plein de ces contes de bonnes femmes où on trouve toujours une petite vieille louche qui vend des pommes.
Et elle espérait que les jeunes vierges des Miracles n'en aient jamais eu vent...


Les épaules plus voûtées encore qu'à l'ordinaire, le chiffon qui lui servait de châle arrangé sur le crâne à la mode mère-grand...
Le visage baissé, pour que ses stigmates passent inaperçus...
Maladroitement mais avec les moyens du bord, la lépreuse s'était grimée en mémé.
Vendeuse des fruits les plus rouges qu'elle avait pu voler.


Mes poooommes...

À travers tout le quartier, la gargouille déambulait agrippée à son bâton tordu.
Et agitant sa plus belle marchandise à la face de chaque donzelle qui se présentait.
Quand elle voyait que la jeunette avait l'air trop dégourdi pour appartenir à la case « pucelle », la fausse aïeule filait dare-dare.
Pas question de tout foutre à l'eau à cause du sang souillé d'une délurée !


Poppie s'approcha d'une petite brunette crasseuse à l'air égaré.

Des soucis, mam'zelle ? Chevrota-t-elle. Une gourmandise pour apaiser tout ça ? Sucrée à en faire fondre les problèmes !

Regard à droite. Regard à gauche.
Parfait. Personne dans le coin.
Le poing de la lépreuse se resserra sur son bâton, attendant le moment propice.

_________________
Bisac
[Dans une rue …]
A gauche … à droite … encore à gauche et de nouveau à droite. Bisac pestait intérieurement. Bordel ! Que les rues de Paris peuvent estre tortueuses et labyrinthiques ! Le bourgeois provincial n’était pas vraiment à son aise dans les rues mal famées de la capitale.

Bisac avait troqué sa tenue d’Huissier Royal pour une tenue plus « passe-partout » (pas une tenue de nain … ). Il aurait été malin, en mantel bleu flanqué de fleur de lys sur les épaules …

Vêtu d’un élégant pourpoint bordeaux, de braies de velours assorties, d’une paire de bottes de cuir brun et d’une cape fine dans les mêmes tons (pour la déco).
Le parfait archétype du petit bourgeois de province en somme …

Jetant ses bottes sur le pavé de la cour, Aymé n’appréciait pas vraiment déambuler dans les travées sordides de la légendaire cité cachée, celle des voleurs et des repus de la société.

Disons que son éducation bourgeoise ne l’avait pas vraiment préparé à cela … Habitué à la chaleur de la bâtisse de ses parents, il n’était pas son élément dans la cour.
D’ailleurs, sa tenue élégante tranchait beaucoup trop avec la pauvreté du quartier.

Quand on lui avait dit qu’il trouverait la préparation médicale qu’il cherchait dans la cour des miracles, nostre médicastre avait cru à une blague.
Tout simplement car il était persuadé que la –dîtes cour était une invention de quelques troubadours ou autres ménestrels que l’on racontait pour attiser encore plus les mystères de la capitale du royaume.

Des courtisanes au visage couvert de fard et aux yeux criards vantaient les mérites de leur expérience au premier badaud venu.
L'une d’entre elle se jeta littéralement au cou de Bisac, qui la repoussa un peu violement.
S’en suivirent un chapelet d’insultes et d’immondices. « Dieu que l’injure va mal dans la bouche d’une femme pensa-t-il » .

Des éclopés, des mendiants, des enfants des rues gravitaient dans ce quartier et semblaient tourner autour d’Aymeri comme des mouches autour d’un morceau de viande.

Regardant régulièrement derrière lui, se demandant si on n’allait pas l’attaquer, Bisac avait accéléré l’allure.

Il commençait à se demander s’il trouverait quelqu’un pour lui filer les onguents qu’il avait besoin.

Soudain, une jeune fille le bouscula en courant. Une gamine des rues, cheveux sombres et robe humide.
Il l’interpelle mais la fille est déjà loin, déjà disparue dans une ruelle.

Pris d’un sentiment de pitié pour cette petite, il se ravise rapidement quand il perçoit des sourires moqueurs, des rires sarcastiques. Il entend même une vieille édentée lui lancer.



A vot’place je ferai l’inventaire d’mes poches, vot’seigneurie. Hihihihiiii

Un rire strident et glacial ponctua cette injonction.

Bisac tâta donc ses poches, heureusement, il n’avait pas d’argent sur lui, si ce n’est les quelques écus pour payer son onguent.

Le médicastre continua ses pérégrinations au sein du sordide quartier. Au détour d’une ruelle il vit une vieille, vêtue de haillons, on aurait dit un être fantomatique tout droit sortie d’un conte pour enfants.

L’ancêtre criait à qui voulait l’entendre.



Mes pommes, mes joliiies pommes... Bien rouges...

La vieille s’était approchée d’une jeune femme et semblait discuter avec elle.

L’homme s’approcha, il reconnut la gamine qui l’avait bousculé dans la rue quelques instants plus tôt. Se gardant de faire des réflexions de politesse, il interpella la vieille.



Eh ! Oui vous l’ancêtre !

Il n’était point très rassuré, le seul moyen de se calmer qu’il avait trouvé était encore de prendre la grosse voix et de jouer les gros bras.

Bisac était persuadé qu’il ne craignait rien … Franchement, lui qui était dans la fleur de l’âge, pas même trente ans, que pouvait-il risquer face à l’autre, appuyée sur son bâton, quasiment prête à rejoindre le Créateur …

La vendeuse de pommes portait un étragne voile sur le visage. Ciel que cela lui allait mal pensa Bisac qui ne peut s’empêcher néanmoins de plaindre un court instant cette pauvre femme.

Evitant de se laisser aller à trop de sentimentalisme, après tout il devait récupérer des breuvages et onguent médicaux et plus vite il les aurait plus vite il serait sorti de ce foutu quartier.

Un signe de tête pour saluer la gamine et dit à la vieille.


Alors, c’est combien une pomme ?

Puis enchaine car, après tout, il en avait cure des pommes…

Vous ne connaitriez pas un herboriste ou quelqu’un qui connait un peu l’art des plantes et leurs préparations par hasard ? …
_________________
Huissier Royal
Medicastre diplômé
--Ghash
Ses mains sales se pressent à essayer d'effacer les traces de larmes sur ses joues, avant qu'elle ne se résigne à regarder la personne qui lui parle. La vision de la robe de bure lui fait faire deux pas en arrière.

Elles l'ont retrouvée ? Comment ont elle pu.. elle est si loin... ?
Aurait elle fait demi tour sans le savoir.. ?

Ne pas montrer sa peur..
Elle bafouille, regardant le fruit rouge..


Quoi ? une pomme ? Et en quoi mes soucis...
'fin.. j'ai pas...


La pomme est là, devant elle.. alléchante.
Sa main avance lentement, et en même temps, elle se penche doucement pour essayer de voir si elle reconnaît le visage de ce qu'elle pense être une nonne.. mais son geste est arrêté par une autre voix...un homme à présent..

Ses ébènes s'agrandissent en reconnaissant l'homme qu'elle a bousculé un peu plus tôt.
Elle ouvre la bouche, regarde l'un et l'autre.. ne sachant plus trop quoi dire..
Elle se cale à nouveau le dos contre le mur.. faisant non de la tête... pour la pomme, pour l'herboriste.. pour eux deux finalement.
Pourquoi n'était elle plus transparente tout à coup ?

Ses ébènes se tournent vers le bout de la ruelle, espérant que peut être, elle apercevra les cheveux blancs tant espérés de Saphar.
Mais rien...
Un soupir tremblant vint conclure l'examen des alentours.
Elle les regarde à nouveau, attendant un instant pour voir ce que la vieille va dire.
Puis, elle commence lentement à faire quelques pas de coté, pour s'en aller discrètement.


Poppie
Poppie rongeait son frein et tripotait nerveusement la pomme.
Ne pas se montrer trop avide. Ne pas brusquer la brunette.
C'est qu'elle paraissait prête à s'envoler à tout instant, cette oiselle !
Rassurer. Oui. Voilà ce qu'il fallait faire. Bavarder. Détourner l'attention.


Quand t'as l'ventre plein, moi j'dis, c'est déjà la moitié des problèmes qui s'en vont !

La voix faussement chevrotante se fit guillerette.
Mais la répartie ne valait pas clopette. Poppie fronça le nez d'auto-agacement.
Tant pis. L'heure n'était plus à bavasser.
La lépreuse empoigna de son mieux son grand bâton, prête à le lever, espérant frapper assez fort du premier coup et...
… le lâcha de surprise, de même que son fruit vermeil.

Ramassant l'un et l'autre, la gargouille foudroya du regard le mâle intrus.
La manœuvre la força à lever quelque peu la tête, dévoilant le contour d'un œil moins ridé qu'il n'aurait dû et un soupçon de nez boursouflé.


Qu'ess'ça peut t'faire, le prix d'mes pommes ?
Grincha-t-elle, oubliant son ton aimable de vieille marchande. Fringué comme un prince et tout c'gras aux joues !

La ladre se tut. Elle avait fait une bêtise.
Elle se mit à essuyer frénétiquement la pomme pleine de fange.


Hum... Euh... (Poppie reprit sa voix chevrotante) Surgissez pas comme ça, mon brave ! Z'allez effrayer la demoiselle !

Mouvement du menton en direction de Ghâsh, visiblement prête à prendre la poudre d'escampette.
Malédiction. Le bourgeois devait disparaître au plus vite ou bien Poppie mourrait laide.


Un herboriste ! Pas ça qui manque ! Mettez-vous deux rues plus loin et faites semblant d'êt' malade – mais pas trop quand même, hein. Y'en aura ben quarante-douze qui se sauteront à la gorge pour vous vendre leurs bricoles !
_________________
Bisac
La jeune femme lui avait lancé un regard de désespéré, celui d'un animal traqué.
Bisac fut touché par la sensibilité de la petite, un être aussi frèle et timide n'avait pas sa place dans pareils quartiers où la misère, la violence et le sang se mélent sans ordre.

La fille qui lui faisait face, le dos calé contre le mur, prete à mettre les voiles, semblait être au coeur d'une frayeur et d'une perdition des plus extrêmes.

Le médicastre plongea ses yeux bleus-verts dans ceux de la petiote et lui sourit, il voulait simplement lui montrer qu'elle ne craignait avec lui.

Ce sourire disparut bien rapidement quand il entendit le ton employé par la vieillarde.
D'une voix sèche et cassante, celle qu'il utilisait jadis dans le prononcement des sentences, il lacha.


Pour une commerçante vous faites preuves de bien peu d'amabilité !

Puis, haussant les épaules, il continua avec la même intonnation.

Après tout que pourrais-je attendre de la part des habitants d'un pareil quartier ...

Bisac marqua un temps d'arrêt, la vieille lui avait jetté un regard d'une étrange vivacité. Elle semblait bien alerte et en forme pour une ancêtre.

Elle s'était d'ailleurs penchée avec aise pour récupérer son baton et ses fruits....

Et puis cette voix, forte et puissante, rien à voir avec celle d'une mémé gateuse. La vie à la cour des Miracles est-elle à ce point source de jeunesse éternelle ? ...

Aymé avait, de plus, cru remarquer, lorsque le tissu de la vieille avait faillit choir, que son nez semblait couvert d'une espèce de phlyctène, une cloque en somme ...
En soi, cela voulait pas dire la grand chose. La vieille avait très pu se faire agresser, se prendre une mornille et subir une coupure au niveau du nez. Il était de nature publique que les anciens cicatrisaient mal et que les plaies, même bénignes, pouvaient mettre des années à cicatriser ... formant des ulcères de décibitus ...

Après tout, Aymeri n'était pas dans son officine ici et il n'avait cure des problèmes de la vieille.

Le sort de la gamine par contre était des plus inquiétant.
Elle semblait bien faible. Avec ses cheveux sales et sa robe tâchée, elle titilla la pitié du médicastre.

Se tournant vers l'ancienne il dit.


Je ne suis point malade, je suis simplement à la recherche d'un herboriste pour l'un de mes patients. Je suis médicastre.

Levant un sourcil, il se permit une légère remarque ...

Vous n'avez manifestement, point besoin de mes services. Pour une ancêtre vous me paraissez fichtrement bien conservée ... L'air putride et nauséeux de ce quartier doit estre une singulière source de jeunesse ...

Quant à un herboriste, je vous suis gré du renseignement, je vais reprendre mes recherches.


Légère inclinaison de la tête. Aymé marqua un temps d'arret et se tourna à nouveau vers la gamine. Sa voix se fit plus douce.

Tout va bien petite ? Tu es perdue ? Tu me semble bien fragile et frèle pour un aussi sordide endroit.

Du doigt il désigna les batiments termes et lugudres autour d'eux.

Le médicastre n'avait point songé une seule seconde que la gamine en question pouvait vivre dans ce quartier et que cette mine apeurée était un leurre pour les bourgeois bien mis ...
Un brin candide quant aux intentions des gens, le Bisac ne voyait pas toujours le mal, quand bien même serait-il sous ses yeux ...

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Huissier Royal
Medicastre diplômé
--Ghash
Trois pas de coté..
Le bâton sonne sur le pavé. La brunette a tourné la tête vivement et ses ébènes le suivent du regard avec attention...
Elle aimerait bien en avoir un comme celui là. C'est pratique pour faire peur aux chiens...
Et puis, ça lui rappelle quelque chose de lointain.. une chose de son enfance.

Mais le bâton est ramassé rapidement ainsi que la pomme..
La vieille essuie le fruit rouge,. le lisse..
Comme il brille..

Elle n'ose même pas lever les yeux vers eux..
Pourvu qu'ils continuent à se chamailler... pendant ce temps, ils ne s'occupent pas d'elle.
Une chose est sure.. elle n'est pas nonne. Aucune nonne ne parle comme ça.


Un autre petit pas...
Des doigts, elle frôle le mur..

Qu'est ce qu'il lui veut cet homme ? Pourquoi lui sourit il ?
Et pourquoi regarde t'il sa robe ainsi ?

Ghâsh croise ses bras devant elle, cherchant à cacher les tâches les plus vilaines et aussi sa poitrine bien formée qui la déclare femme.
Elle répond poliment au messire d'une voix qu'elle cherche à maitriser. Elle tente le ton joyeux, décontracté..


Oh.. oui, j'vais bien..
J'attends juste Saphar. Il est un peu en retard.


Voilà ! Comme ça au moins, ils arrêteraient de penser qu'elle est seule et désespérée. Peut être même qu'ils se diraient que, finalement, elle n'avait aucun souci.
Elle pourrait partir.

Ses yeux se fixent sur le pourpoint bordeaux de l'homme, craignant la vérité de son regard. Elle détaille lentement la tenue.. Il doit être bien riche. Il n'ira pas très loin dans le quartier.


Mes excuses pour tout à l'heure. Un chien m'a fait peur.. et j'ai couru sans regarder.

Elle ajoute en vitesse

La bonne journée à vous !

Elle s'incline, comme elle faisait devant la mère supérieure, sourit..
… et faisant volte face, s'en retourne doucement par où elle est venue, le dos raide de tensions, réprimant l'envie de courir à nouveau.


Poppie
« La bonne journée »...? Comment ça, « la bonne journée »...?
Faible murmure atterré. Une supplique déspérée, presque.

Poppie resta un long moment sourde aux remarques acerbes du bourgeois.
Le regard fixé sur le dos raide de sa proie envolée.
Bras ballants. Dégoûtée. Elle arrivait pas à y croire.
Ça allait presque marcher.
Et puis m... V'là sa jeunesse éternelle qui venait d'se casser.

Et tout ça à cause de ce gros lourdaud.
Qu'il s'étouffe avec ses herbes médicinales, tiens !
Poppie se tourna vers lui, sans plus prendre la peine de masquer ses nodules.

Elle s'est tirée, fit-elle de sa voix habituelle, plus rauque que la moyenne, avec rancoeur. Lui avez foutu la frousse, à la gamine, avec vos grands airs. J'aurais pas dû vous donner l'tuyau pour les herboristes, tiens.

La lépreuse croqua dans sa pomme, oubliant sur le moment dans quelle vase celle-ci avait chuté.
Après tout, maintenant que le plan était tombé à l'eau, autant profiter du peu qui lui restait.

Elle bouillait, la gargouille.
À chaque bouchée de pomme, elle imaginait que c'était Bisac qu'elle écrasait entre ses dents.
Poppie lorgna méchamment du côté de l'homme. Peut-être ferait-il l'affaire, pour cette histoire de sang pur...?
Hum. Nan. L'avait pas eu l'air assez innocent quand il louchait sur la gamine.


Et pis 'faut pas attendre quelqu'chose d'bon d'la part nous aut' du coin. Un couteau dans l'dos, p'têt, et vot' carcasse aux cochons...

Menace puérile.
Elle n'avait ni couteau, ni cochon.
Mais on se venge comme on peut.

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