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[RP] Quand c'est l'heure.... c'est l'heure..

Guillaume_de_jeneffe
Trop d'ans il a Guillaume.
Trop d'ans plus que remplis déjà. Débordant de guerres, d'aventures, de coups de mains, de sièges, de politique, de séductions, de tout ce qui use un homme jusqu'à la moelle et le rend incapable de sortir hors de l'ornière ainsi tracée.
À apprendre comment survivre dans un monde de fer et de bois, de cours et de lits.
Le chevalier. Celui qui a pris Angers couvert par les archers flamands, le dos couvert par la masse du chevalier de Vergy. Du vieux chevalier. De Raphaël. Qu'il n'appelait quasiment que Kratos. Celui qui a organisé une défense de la Flandre grâce aux courriers qu'il envoyait depuis Fougères-la-Mainoise. Celui qui, pendant des années sans nombre, a combattu l'Infidèle au milieu des petites principautés balkaniques. Celui qui est revenu pour sa famille et pour la guerre.
Ça endurcirait n'importe qui y aurait survécu. Ce qui fut. Plus de larmes devant la mort, sauf celle de son épouse, chérie voire vénérée. Plus de surprise devant les turpitudes de l'homme. Plus de crainte devant les lignes de piquiers félons. Plus de sentiments ou presque plus. La tête lui tourne encore, parfois, mais plus comme avant. Plus comme lorsqu'il confessait son amour à la maîtresse d'un comte brigand ou qu'il se morigénait d'imaginer, éventuellement, séduire l'épouse du vicomte d'Isles.
Et pourtant, la désarmée, l'innocente, la babillante Maud trouvait le moyen de lui arracher un sourire réel tandis qu'elle se débattait entre plastronnade et confession.

Il se tait donc, la laisse parler, croyant deviner que c'est de cela qu'elle avait besoin. Dire tout son saoul à un inconnu, se libérer de poids qui jouaient sur sa conscience comme les pendants d'un couillard. Il écoute. Et apprend, beaucoup. Confirme des hypothèses, aussi. Dans l'obscurité vers laquelle les mènent leurs pas, Guillaume hoche la tête. Il était certainement venu dans ce bouge pour tout autre chose mais au final le bénéfice faisait plus que compenser la déception première.

Mais au fur et à mesure de ses paroles, alors qu'elle navigue toujours accrochée à son bras comme à un rempart, il doit de plus en plus tendre de l'oreille. Car le ton baisse, comme pour entrer dans la confidence. Et pour finalement poser LA question.

En effet, ils s'étaient éloignés de là où broutait toujours comme si de rien n'était, le Frison du Flamand. Inconsciemment, certainement, le chevalier avait laissé faire, trop occupé par ce qu'il pouvait découvrir de cette pucelle pour se dire que ce n'était peut-être pas une bonne idée d'aller par là. Aussi, à sa dernière interrogation, il s'arrête net.


- Belle enfant. Ce n'est pas, ce me semble, là où se trouve ma monture. Mais permettez qu'en gage d'amitié, je vous remercie de ce que vous m'avez appris.

Et, sans plus de manière, il l'attira à lui et l'embrassa. On peut être courtois, on n'en reste pas moins un homme, dedieu!
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Maud
Son cheval.
Elle l'avait complètement oublié Maud.
Prise qu'elle était dans ses confidences et ne pouvant imaginer être reconduite autrement qu'à pied vers son campement.
Pas assez riche pour se payer une monture, Maud trottinait depuis le début de la guerre avec les autres soldats au rythme de l'allure du chef d'armée.

Elle éclate d'un rire franc à la réflexion de cet homme bienveillant:

Misère m'sieur Guillaume! On aurait pu marcher jusqu'à Poitiers ou Toulouse ainsi , parc'que j'en aurai eu encore à vous en raconter d'belles... Fin, sauf vot' respect m'sieur, si l'son d'ma voix vous gêne pas trop hein?

Banane fixée, muscles bien relâchés et... il l'embrasse..
C'est à elle de piler net.
Maud a horreur des bisous, bisouilles, lèches que se donnent les uns et les autres à tout moment de la journée pour se dire "au revoir.. bonjour.. Comment ça va? "
A chaque fois qu'elle en reçoit, elle s'essuie plus ou moins discrètement la joue et ne les rend jamais.
Mais là, c'est pas un bisou. Il l'embrasse par amitié qu'il dit. Ca, elle l'a bien entendu.
N'empêche qu'elle pique un fard Maud.. Un phare même.. Rougeoyant dans l'obscurité d'une lune qui joue à cache cache avec les nuages.
C'est un baiser doux et calme.
Alors, spontanément, Maud lui claque un bécot sur la joue. Elle aime ce bruit tonique et de ne pas s'attarder sur une peau inconnue.

Amis alors , m'sieur Guillaume et j'mont'rai à croupe derrière vous si vous l'voulez bien. J'ai l'habitude, vous savez. On avait un vieux hongre chez nous, bien large de selle et on y pouvait monter à trois à cru sans être serrés les uns contre les autres.


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Guillaume_de_jeneffe
Visiblement, elle ne détestait pas la chose puisqu'elle n'y avait pas répondu par un soufflet, une gifle, un gnon ou une énucléation de sa virilité. Ce qui était heureux, au fond. Et même à la surface, notez bien. Bref, tout cela pour dire que, non, les choses n'allaient pas si mal que cela. Mais, comme s'il avait été réveillé par la collante applique reçue par sa joue, le chevalier n'acquiesça pas à la proposition de la Bourguginonne.

- Permettez, damoiselle, que je ne me range point à votre proposition. Vous êtes presque nue sous vos quelques couches de tissus, alors que je porte une épaisse armure. Et s'il nous arrivait d'être attaqué par quelque brigand, vous porter en croupe serait vous assurer d'une mort certaine. Ce que je ne peux accepter. C'est pourquoi je vous propose de vous placer en première sur la selle, tandis que je passerai en croupe.

Puis il regarda par ailleurs, fixant son attention sur une étoile particulièrement brillante en ce début de nuit noire : « Et si vous ne me sentez plus derrière vous, fuyez. Sans vous retourner. Je serai tombé, alors, et vous ne pourrez plus rien pour moi ».

Prenant les épaules de la jeune fille entre ses deux mains marquées par les années de guerre, il la força à le regarder en face : « Je ne dis pas cela en l'air. C'est la guerre ici, vous le savez. Il faut donc éviter de priver nos armées de trop nombreux combattants. Au pire, vous reviendrez ici en masse afin de châtier ceux qui auraient pu avoir raison de moi. Vous me le promettez, Maud ? »

Le jeu des sous-entendus et de la séduction à moitié dissimulée avait disparu. C'était le vieux chef d'armée qui s'adressait ici à l'un de ses subordonnés. Tomber, soit, mais aussi peu que faire se pouvait. C'était bien de cela dont il s'agissait, plus que d'une quelconque courtoisie.
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Maud
Elle est comme conquise la Maud.
De ne pas avoir réagi brutalement au baiser donné en est un signe.
Cette espèce d'autorité virile à la faveur de la nuit et d'un coin perdu a raison de ses premières défenses.
J'ai bien dit les premières.

Et à la lueur du brillant d'une étoile qui se dévoile face à cet homme qui la prend par les épaules, elle a tout loisir d'étudier son faciès.
La quasi obscurité a ceci de particulier de lisser les visages et les imperfections et Maud de pouvoir étudier de plus près le visage de Guillaume.
Un front haut, des pommettes saillantes et un nez fin.Un peu trop long mais qui donne du caractère.

La proposition la laisse songeuse malgré tout.
C'est la guerrière qui reprend le dessus.

Ben m'sieur Guillaume, pour sûr que j'suis nue sous mes braies et ma ch'mise hein? J'suis pas d'la haute où les dames, elles ont des couches et des couches de vêt'ments et pis qui s'bandent la poitrine on sait pas bien pourquoi.
J'en ai même vu dans les étuves de Bourges qui restaient presque toutes habillées. Misère, si c'est pas idiot ça.
Et just'ment, suis bien plus libre avec mon corps qu' vous, tout engoncé par vot' armure.

Elle plisse les yeux en l'entendant parler de monter devant lui:

M'sieur Guillaume, c'est pas pour dire hein? Mais d'abord, je m'dis qu'un brigand il essaiera avant tout d'arrêter l'cheval et puis, il est pas question d'vous laisser à leurs mains si jamais vous tombiez.
Vous m'connaissez bien mal m'sieur. J'ai pas peur d'eux et j'ai mon épée et ce foutu bouclier que m'sieur Falco il m'avait vendu et qui m'a bien protégée jusqu'ici.
Et l' temps qu'on r'vienne avec des gens, eh bien Dieu sait c' qu'ils pourraient vous faire.
Et j' m'en voudrais d'vous abandonner , mêm' si j'vois bien qu'vous êtes un soldat qui en a vu des champs d'batailles.

Et Maud de secouer la tête dans un signe de dénégation.
Ah ben oui, va falloir la convaincre un tout petit peu plus que ça pour qu'elle obéisse la Maud.

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Guillaume_de_jeneffe
Les circonstances eurent été différentes qu’il se serait très certainement vexé de ce nom de soldat dont elle l’affublait. Cela faisait bien longtemps qu’il n’était plus membre de l’ost flamand dont il avait longtemps été l’une des têtes. Au vrai, il y pensait maintenant, il n’en avait jamais véritablement démissionné, son absence ayant fait office de lettre de résignation. Souriant sous la lune, il regarda lui aussi attentivement le visage de celle qui le dévisageait sans la moindre expression de gêne. Et qui prenait son temps pour ce faire, allant à l’encontre de tous les enseignements qu’il avait lui-même reçus et, le plus souvent, observés. Regarder, mais sans trop d’insistance. Découvrir son physique par quelques regards brefs. Ne pas trahir par la longueur de ceux-ci la nature de ses pensées. Ne pas être inconvenant avec une femme mariée ou mettre une jeunette mal à l’aise. Ne pas passer pour un érotomane incontrôlé et incontrôlable, aussi et peut-être surtout. Mais, ici, rien ni personne ne les pouvait voir ou déranger. Et, à honnêtement parler, Guillaume ne se souciait plus guère de suivre les us de la cour avec quelqu’un qui ne les devait guère connaître, ni la pratiquer, du moins était-ce ainsi qu’il s’imaginait la situation.

Aussi n’eut-il pas le moindre scrupule à lui remettre en place derrière l’oreille une boucle peu disciplinée. Comme on le ferait en de bien différentes circonstances. Et il lui répondit, changeant sa couleuvrine d’épaule puisqu’elle ne semblait pas vouloir se rendre à ses premiers arguments :
« Ma foi, petite Maud, ce qu’ils pourraient me faire sera bien moins doux que le présent que tu viens de m’offrir, il est vrai ». Phrase ponctuée d’un doux sourire. « Mais je partirai heureux d’y avoir goûté, je le dois dire ». Et du dos de la main qui n’avait pas quitté la mèche de cheveux, il descendit le dos de la Bourguignonne, la retirant au moment où il allait effleurer le creux des reins féminins.

Effectivement, elle ne devait guère porter grand’chose sous sa peau de tissu…

Et, comme si de rien n’était, il revint à nouveau à la question de leur départ :
« Nous allons donc te préparer à monter en croupe, si c’est cela que tu désires tant. Amène-moi ton bouclier, je le te vais lier au dos. Mais point trop, pour que tu t’en puisses servir contre qui en voudrait à ta personne si nous devons démonter ». À ses mots, il fit le premier pas qui devait le mener aux fontes de sa selle où il savait avoir quelques liens de cuir et de chanvre…
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Maud
Que lit la Maud dans le regard de cet homme?
Rien qui ne puisse l' affoler ou la pousser à prendre ses jambes à son cou.
Elle n'est même pas hypnotisée non.
Juste qu'elle aime qu'il ne détourne pas les yeux.
Elle s'attendait à de la résistance.
A un ordre , genre : " Eh bien, vous ferez comme je dis, je sais mieux les choses que vous, étant votre aîné et guerrier depuis des lustres"
Mais comme réponse, un geste qui s'allonge de ses cheveux et glisse sur son dos. Un léger frisson la prend.
Tout cela la rend bien plus gaie qu'elle n'aurait cru.
Loin de la guerre et de la mort.


Misère m'sieur Guillaume, si ce n'est qu'ça, j'veux bien vous en faire un autre présent.

Elle l'embrasse alors. Vite. Elle n'a jamais embrassé quique ce soit sur la bouche. C'est chaud et doux. Et ça lui semble naturel.

Elle s'écarte de lui en riant et s'approche du cheval, enjouée comme une gamine qui voudrait jouer à cache cache, sans attendre qu'il ne lie son bouclier. Elle le laisse volontairement par terre pour ne pas être gênée. Une main qui empoigne la crinière, un pied à l'étrier et la voilà juchée sur la monture. Victorieuse.

Ben m'sieur Guillaume, vous êtes bien lent on dirait hein? V'nez donc me l'attacher mon bouclier si vous pouvez.

Prenant les rênes, elle donne un léger coup de talon dans les flancs du cheval. Il a l'air moins fougueux que celui prêté par Eusaias pour la course de Dijon.
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Guillaume_de_jeneffe
Et le voila dépassé. Pris de vitesse. Deux fois même. Sans qu'il soit parvenu à l'anticiper. La voila en effet qui lui rendait son baiser, et qui ne s'en offusquait guère. Si la pucelle n'était guère encore versée dans les choses du corps, elle semblait ne point y être ouvertement hostile, que du contraire. Ce qui réchauffa l'esprit du Flamand, heureux, malgré tout, de conserver encore quelque charme. Ou plutôt de voir que plus d'une y était sensible.

Mais elle s'esquivait déjà, guillerette et presque sautillante. Comme oublieuse de la nuit qui les recouvrait de plus en plus. Oublieuse, certainement, du bouclier qu'elle néglige ostensiblement quand pour la seconde fois elle le prend de vitesse. Quand elle le dépasse et saute en selle. À deux doigts de le narguer lorsqu'elle se rit de sa lenteur. Et qu'elle fait démarrer le Frison du chevalier.

Heureusement, ce dernier ne désarme pas et siffle entre ses dents. À ce son, le cheval s'arrête presque immédiatement. Des années de dressage ont laissé des traces prégnantes sur la monture qui ne réfléchit pas avant d'agir. En trois enjambées, Guillaume a rejoint la belle et la bête et pose ses deux mains sur la taille de la... belle, évidemment. On a beau être un original, on n'en est pas pour autant un pervers polymorphe. Du moins pas trop. Du moins pas avec les chevaux.


- Damoiselle, il semblerait que vous soyez à ma merci. Et ce disant il affermit légèrement sa prise. Aussi, si vous ne désirez point conserver trop longuement mes mains sur votre personne, je crains qu'il ne vous faille démonter promptement. Car je n'entends guère vous lâcher. Quand bien même tenteriez-vous de fuir au galop. Si du moins ma monture vous obéit en cela...

Et même s'il est et se veut sérieux, l'homme sent bien que la situation revient de plus en plus sur un terrain qu'il affectionne particulièrement, celui de la séduction et du contact physique. Et il se le reproche, car il voit combien il se fait tard et combien, dans son campement du moins, on se mettrait à bientôt s'inquiéter de son absence. Mais cela s'éloigne de son esprit, petit à petit...
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Maud
Comme transformée elle est Maud...

Elle a déversé tout son saoul dans les oreilles de cet inconnu et il ne l'a pas interrompue.
Comme dégagée de tout ce fardeau de suspicions , Maud retrouve l'humeur de son enfance quand elle jouait avec son cousin Leon.
Cette insouciance taquine qui le rendait fou.
A se cacher dans les granges odorantes de fourrage ou les champs de blé blonds juste avant la moisson.
Combien de fois, elle l'avait nargué en grimpant plus vite aux arbres que lui dans ces bois et champs dont elle connaissait la moindre sente ou rocher.

La nuit tous les chats sont gris et cet homme dont elle s'est d'abord méfiée devient un nouveau compagnon de jeux dont elle ne voit pas le danger.
L'obscurité aplanit tout et la différence d'âge n'existe plus.

Le baiser qu'elle lui a donné en fait partie. Un présent sans y voir à mal.

Son éclat de rire en talonnant le cheval s'arrête net.

Elle manque de voler par dessus l'encolure, et le temps de se remettre en selle, il est là.

Oh l'arsouille*!

Et il profite de son avantage en lui mettant les deux mains autour de la taille. Elle connait ce geste Maud.
Leon y avait recours chaque fois qu'il était à bout de patience après lui avoir couru après.

Mais ce sont des mains d'homme qui l'enserrent. Puissantes et sûres d'elles.
Ce ne sont pas des mains qu'elle pourrait pincer ou faire lâcher prise en en retournant un doigt.
Elle en apprécie la force en posant ses mains sur les siennes et lui répond taquine, et fraîche avec la même innocence
:

Oh ben m'sieur, j'vois qu'vous savez déjà comment qu'il va falloir faire pour monter à croupe derrière moi hein? Allez-y, montez!
Sinon, c'est moi qui viendrai vous chercher par le bout du nez.


Elle le défie, les yeux pétillants.. Elle a retrouvé toute son assurance la Maud.

( * voyou, chenapan, fripouille, galapiat.)
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Guillaume_de_jeneffe
Mais c'est qu'il se prenait au jeu, le Jeneffe. Comme s'il retrouvait les joies simples d'une jeunesse passée à courir les champs les bras pleins des carottes du père Magotte et à compter fleurette à la petite Jeanneton... Oui, mais en fait non. Il n'avait jamais connu tout cela, que du contraire. Ses rêves d'enfant l'avaient tôt jeté sur les routes et bon nombre des « passages obligés » que franchissaient les jeunes de son âge lui étaient restés parfaitement étrangers. Ses joies et exclamations lui venaient de toute autre chose, alors. Il ne l'avait guère regretté, ni à cette époque ni en ce jour, considérant que la vie l'avait amplement payé de retour. Quelques sacrifices à accepter pour être devenu, de gueux issu d'une branche bâtarde vicomte, seigneur, chevalier, Grand Maistre et Grand Escuyer de France, entre autres.

Et c'était cela qui, en des circonstances comme cette soirée que vous vivez, j'en parierais ma première chemise, avec l'émoi d'une jouvencelle avant sa nuit de noce, renaissait spontanément sans qu'il ne se le puisse expliquer. Les enfantines provocations de Maud l'amenaient à réagir comme un garçonnet au printemps. Un jour, peut-être, une thèse serait défendue en cravate orange sur le poids de la vie chevaleresque sur le développement mental des adoubés, un jour peut-être...


- Et quoi, jeune fille. Quelles armes donc utiliseras-tu pour ce faire ? Te crois-tu de taille à me soumettre à ton bon plaisir ? Car pour ma part, je serais curieux de voir cela.

Tout en parlant, il n'avait guère changé ses mains de position, toujours ceinturant la Bourguignonne qui le toisait du haut du Frison. Et lui répondit par un autre regard de défi qui, s'il était déchiffré dans l'obscurité ambiante, disait autant « Essaye, seulement » que « Prends garde à ne t'y pas brûler »...
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Maud
Déjà, il n'est pas furieux, et Maud de se demander si elle n'aurait pas préféré qu'il le soit.
il a l'air patient sûr de lui et ne desserre pas l'étau de ses mains.
Talonner les flancs du cheval, elle l'a déjà fait et ça ne pourrait que repousser un peu plus le jeu.
En plus, il la défie et c'est une des autres faiblesses de Maud. Les relever.
Elle cherche dans sa mémoire comment elle faisait avec Leon.
Des coups ou des claques, on n'en est pas là et il est fort ce bougre.
C'est pas avec la force qu'elle arrivera à ses fins.. La ruse.. "De la ruse Maud, t'en es capable!"
Elle se la fait un peu enjôleuse et décide de prendre les devants.

Passant sa jambe par dessus la selle, elle prend appui sur les avants bras de Guillaume et se laisse glisser de la monture.

A vue de nez , eh bien elle y est face à son nez justement. Encore plus près qu'il y a 5 minutes.


Guillaume.. et voilà qu'elle oublie le m'sieur.. c'est pas avec mon épée que j'vais vous convanc' d'monter hein, Et puis.... à elle de jouer avec les mains et d'en passer une sur sa joue rugueuse. Ah bah, celle de Leon était lisse au moins.. vous voudriez quand même pas qu' j'vous assomme et que j'vous délivre à vos compagnons d'armes en disant qu'leur chef.. elle lance ça comme une perche..a perdu un combat contre une pucelle..parc'que Guillaume, vous avez les mains occupées.. mais pas moi...

Elle tape sur le clou qui s'enfonce si facilement chez la plupart des mâles qu'elle a rencontrés. L'orgueil testostéronique.

Ou alors, Guillaume, j'vous laisse r'monter seul sur vot' canasson.. ça, elle se doute qu'il n'aimera pas du tout....et moi, j'r'tourne à pied dans l'noir et j'dirai à mes compagnons qu'un grand cavalier a pas voulu me ram'ner..

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Guillaume_de_jeneffe
C'est qu'elle voulait jouer, en plus, l'imprudente. Tandis qu'il sentait ce corps féminin tourner entre ses mains, Guillaume sourit plus largement encore. La voila qui en effet venait le provoquer sur son terrain, chercher le moyen de l'énerver pour qu'il cède. Le menacer de le moquer en public, voila bien idée folle. Mais qui par là même avait des chances de trouver un écho auprès de ses compagnons d'armes. Surtout si l'on rapprochait cela du duel toujours reporté avec le connétable de France. Peut-être passerait-il pour un pleutre, au final ? Refusant de corriger un Hospitalier et vaincu par une fille. Voila bien qui pourrait être le sommet de la honte pour un Licorneux.

Sa fierté est donc appelée sur la ligne de départ, tant et si bien qu'il redevient calculateur en plus de demeurer déterminé. Elle cherche la bagarre, elle va l'avoir. Oh, pas avec des poings – bien que celui qui vient se poser sur sa joue ridée n'est guère désagréable –, non, il n'y aurait là nulle victoire, mais bien avec des mots, des phrases et des sons. Tout cet arsenal dont il aime tant faire usage. Elle voulait jouer, tant mieux, ils seraient deux.


- N'y a-t-il plus insouciante biche que celle qui ignore qu'elle a déjà la patte dans les rets d'un braconnier ?

À ces mots, d'une brusque traction des bras, il la colla à lui et vient poser sa bouche à quelques millimètres de son oreille gauche, pour lui murmurer plus que pour lui dire : « Mais avoir les mains occupées est-il un tel désavantage ? On ne le dirait pas... Car vous voici bien moins libre que vous ne le pensiez être, jeune enfant. Et c'est moi qui peux vous retenir loin de votre campement pour bien des heures encore. Car je ne suis guère homme à me fatiguer aisément. Qu'importe le combat, je ne choirai pas face à une pucelle. Qu'importe l'arme dont vous ferez usage ».

Et un sourire faussement menaçant de venir décorer son visage quand il lui fit face à nouveau. C'est que lui aussi il voulait jouer.
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Maud
Il y avait une chose que Guillaume ne savait pas. C’est que la jeune paysanne n’avait peur de personne : inconscience ou courage, elle avait toujours dit le fond de sa pensée aux grands sans crainte.
A l’inverse, une nuit noire ou d’être abandonnée seule au fond d’un bois inconnu pouvaient la rendre plus fragile.

Ses muscles ne purent retenir la traction vers lui. Ses formes s’écrasèrent sur le froid et la raideur de son armure si légère soit elle. Le murmure était chaud à son oreille et la voix tendue.

Elle se serait dégagée vite fait d’un coup de genou bien senti si il avait été Leon ou un autre de ces rustauds rencontrés en taverne et qui à peine après avoir dit bonjour voulaient lui sauter dessus comme des poux sur une chevelure parfumée.

Mais, il s’était créé comme une sorte d’intimité avec cet homme. Comme un enchevêtrement d’émotions que Maud détricotait au fur et à mesure des événements.

Elle ne bougea pas . Curieusement, elle aimait presque ce contact. Elle esquissa un sourire le nez dans les cheveux broussailleux.
La pucelle allait devenir femme de manière bien plus nuancée qu’un simple jeu des corps.
Elle le sentait., elle le savait au fond d’elle-même depuis le début, sans vouloir l’admettre. Et cette fois-ci, elle sut lire entre les lignes;

Parce qu’il n’y avait jamais eu de place pour l’intuition féminine que Angélyque ou Armoria exploitaient à plus soif.

Alors, c’était donc ça , passer de l’autre côté ?
Misère .. Elle qui s’était réfugiée dans le bastion de sa virginité sans jamais baisser le pont levis.
On était loin de savoir si il allait enfin monter à cheval.. Très loin..
De la même manière et parce qu'elle aimait la chaleur de son haleine dans l'oreille de cet homme, elle lui murmura du tac au tac avant qu'il ne relâche la pression de ses bras:


Et vous chassez la biche avec des rets ? Avez-vous donc si peur qu’elle n’ vous échappe ?

A elle la surprise, une fois face à lui. Elle passa ses bras sous les siens et par effet de moulinet détacha la prise de ses mains, et courut droit devant elle . La nuit était voilée et elle avait bien repéré les alentours. Des bosquets à profusion :

Attrapez-moi si vous l’pouvez Guillaume ! Sans rets et sans armes !

Ah ça, il aime la chasse.. .
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Guillaume_de_jeneffe
Oui, il aime la chasse. Et non il n'escompte pas se faire ainsi posséder par la jeunette. Il embraye donc immédiatement à l'invitation qui lui est faite. Si elle est biche, il sera chasseur. Sans rets ni arme ni violence, simplement avec l'expérience de la vie que mènent les gens de son monde. Et comme tout noble qui se respecte, ou qui en donne l'impression, il ne conçoit pas cette activité autrement que monté. En deux foulées il est à sa monture. À la troisième il a le pied à l'étrier. À la quatrième, c'est le cheval qui a démarré. À la dixième, il est à la hauteur de sa proie. À la onzième, il est debout sur ses étriers, ne touchant plus la selle. À la douzième il est en l'air, bras tendus.

Arrêt sur image. En l'air, à votre gauche vous qui faites face à la scène, un homme d'un âge respectable, déplié comme un écureuil volant, les yeux dardés sur celle qu'il course depuis quelques instants. Au sol, encore plus à gauche, une monture qui va bientôt se demander ce qu'elle doit faire, vague moment d'hésitation qui sera immanquablement suivi d'un broutage d'herbe en règle. À droite, enfin, une jeune fille qui court vers les bosquets, là où on peut ne pas être vu.

Reprise de l'action. La masse masculine effectue une approche exponentiellement accélérée du sol. La féminine suit un mouvement rectiligne uniforme. L'animale découvre le principe d'immobilité limitée. La première se jette vers la seconde. Elle s'abaisse et elle la bouscule, et ne s'arrête pas, comme d'habitude. Elle roule, et roule, et roule, sans plus bien voir si la Bourguignonne est proche où si la tentative fut un échec. Sans plus bien savoir s'il s'arrêterait et ce qui arriverait si tel devait être le cas.

Qui a dit qu'avec l'âge on devenait plus sage ?

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Maud
Elle avait remisé le frison au fond de sa mémoire, la Maud.
Bon d’accord, un frison n’est pas juste une tite bêbête qui vous aurait énervé un jour d’été. Sauf que justement, un cheval de cette taille ne va pas vous tourner autour toute une nuit ou une journée. D’où sa place dans les oubliettes mentales de la jeune fille.
Et sa bévue se rappelle au son des sabots qui se rapprochent dangereusement.
Si elle se retourne, elle perdra de la vitesse.


Rududju Maud ! comment t’as pu oublier ! Se morigène t'elle

Ah ça, il la course à cheval.
Zizzaguer pour le déstabiliser, c’est ça qu’elle doit faire.. Enfin qu’elle aurait du faire. Mais elle manque de temps.
Ou ce sont les secondes qui sont plus courtes que d’habitude.
Il s’est mis au galop le bougre.
Les bosquets sont à cinq mètres … c’est sa seule chance.
Et elle trouve encore le moyen de le provoquer . …


Vous n’avez plus vos jambes d’antan hein ?

Quatre mètres

Si vous croyez que j’suis à.. bout… d’souffle..

2 mètres et elle sent le sol vibrer. L'air chaud et humide des naseaux approche son cou.

Vous n’m’aurez pas.. Vous n’ m’aur….

Si si si petite Maud, il t’a et qui plus est dans les règles.
Fauchée en pleine course, elle se retrouve projetée dans les bosquets bien plus vite qu’elle ne croyait ou ne l’aurait souhaité.
Les fines branches d’un mûrier sauvage la griffent au visage.
Instinctivement, elle a placé ses mains vers l’avant pour amortir son vol plané.
A plat ventre et le nez dans le lit moussu de feuilles, elle est dans une position qu’elle aurait adoré en temps ordinaire quand elle respirait par tous les pores de sa peau le changement de saison.
Se relever pour le semer. C’est l’idée. Quant à la réaliser, c’est une autre paire de manches.
Comme un poids qui l’en empêche. Et non, ce n’est pas un animal ou alors inconnu.

Peste Guillaume, vous m’écrasez avec vot’ armure !

Et de retarder un court instant l' inéluctable avec une pirouette de l’esprit .

Vous aussi, vous aimez les mûres ?

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Guillaume_de_jeneffe
Dieu chrétien !!! Voila qu’il avait « atterri » exactement là où il redoutait autant qu’il espérait le plus de finir, sur (le dos de) la Bourguignonne. Qui visiblement ne désirait pas s’en laisser compter et reprenait leur jeu là où elle l’avait laissé un quart de poil de seconde avant l’impact. Que venait-elle lui parler de mûres ? Que voulait-elle donc sous-entendre ? Que pouvait lui importer le goût d’un fruit des bois alors qu’elle était fac… dos à un véritable carnivore ? Autant de questions que Guillaume… ne se posa pas. Il réagit du tac au tac, la question lui ayant laissé le temps de reprendre ses esprits.

- Ma foi, mûre est une belle qualité, mais est-ce à même de rivaliser avec la fraîcheur des fruits qui sont encore verts sur leurs arbres ? Pour ma part, je n’en gagerai point. Au contraire, j’en exige une comparaison.

Et, à ses mots, il plonge son visage dans la nuque qui lui est offerte, en respire les effluves et finit par y déposer un long et chaud baiser.

C’est l’instinct du chasseur qui a refait surface. Oubliées les retenues de la cour et les circonvolutions de la séduction nobiliaire. Oubliées les approches en sous-entendus et en douceur. Oubliée la courtoisie dont il était si souvent un parangon. Il était loin de toutes ces considérations et le feu qui le brûlait ne laissait maintenant que peu de doutes sur le futur qu’il entendait donner à cette soirée. Pour sûr que s’il ne s’était pas retrouvé sur le dos de Maud, au sens propre, il aurait réagi tout autrement. Mais là, il était trop tard, bien trop tard.

C’est le Guillaume des jeunes années, celui qui courait les chemins et les filles peu farouches qui avait refait surface. Celui qui ne se posait pas de question et fuyait quand le temps était à l’orage. Celui qui n’avait pas encore rencontré Ryes et les écus anciens. Celui que, peut-être, demain, il regretterait d’être… Mais celui qui, à l'instant, commençait d'une main habile à flatter le flanc de la jeune fille.

Et qui, poursuivant, reprenait la parole, émergeant d’une nuée de cheveux :
« Ne pense-tu pas que cela serait une bonne idée, belle Maud ? »
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