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Information and comments (18)
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[RP] Quand c'est l'heure.... c'est l'heure..

Maud
Non mais des mûres.. je parle des mûres dans lesquelles on est tombés. C’est ça qui vient en premier à l’esprit de la jeune fille tandis que Guillaume ne pense même pas à bouger et pire fourrage déjà dans sa nuque avec un baiser qui la rend toute chose de nouveau.

Elle est complètement clouée au sol et il pèse son poids l’animal. Ah oui, parce qu’elle le sent bien que quelque chose a changé et s’est accéléré chez lui. Cette main qui court sur son côté: une étrange caresse qui ne la fait même pas gigoter. Elle si chatouilleuse d’habitude.


Une bonne idée… une bonne idée Guillaume .. Comme vous y allez.

Elle cherche à gagner du temps la paysanne. Ses mains explorent la surface environnante ;. Que des feuilles et broussailles épineuses.

Et si vous m’laissiez au moins me r’tourner hein ? Non parc’que c’est pas pour dire, mais là, ça m’fait un peu trop penser à c’que j’ai vu à la ferme toute mon enfance, vous voyez, alors, à moins que vous fassiez un grand « Meuuuuuuuuh » ben…

Découvrir le côté bestial d’un homme en quelques secondes, avouez que c’est une rude épreuve. Elle dit pas non au fond d’elle la Maud . Elle en aurait bien envie même. Mais lui dire, pas question et pas comme ça.

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Guillaume_de_jeneffe
Dans toute autre circonstance, il aurait répondu par un rire franc et sonore. Se voir ainsi comparé à un taureau couvrant quelque vache du pré eut été une source d’hilarité presqu’inépuisable. En temps normal. Mais là, comme on l’a déjà dit, il n’y avait plus rien de normal dans son attitude à lui. Ni dans les évènements.

Alors, autant agir comme si plus rien n’avait d’importance. Seules les étoiles peuvent les contempler en ce moment. Personne d’autre. Aussi poursuit-il, d’autant qu’elle ne semble guère hostile. Nul coup de coude, nul cri, nulle ruade. Soit tous les signes que, d’une façon ou d’une autre, elle n’est guère opposée à ce qu’il poursuive ces explorations de sa personne.

D’autant qu’elle donne même l’impression de vouloir prendre une part plus active, la jeunette. Était-ce une diablesse qu’il ne suffisait que de réveiller ? À l’instant, il ne pense pas à cela, que du contraire. À ce moment, il se réjouit de sa réponse, et s’impatiente de la suite. Aussi est-ce presque immédiatement qu’il lui répond, comme si tout cela était du plus parfait naturel :
« Mais je t’en prie, retourne-toi. Et viens jusqu’à moi m’apporter tes reproches quelque soit la forme que tu leurs veux donner ».

Et ses deux azurs – ce qui n’a guère d’importance quand tout ce que l’on peut à peine distinguer dans cette obscurité est le blanc de ses yeux – de se poser sur celle qui, il y a quelques minutes à peine, ou à peu près, s’apprêtait à le laisser repartir comme si de rien n’était. Se demandant s’il avait bien lu en elle où s’il se laissait mener par le bout du nez sans rien comprendre de ce qui se passait. Mais il n’a pas le réflexe de se redresser sur ses coudes. Non, il reste comme confiant, comme persuadé que tout ne pourra aller que comme il l’a décidé, que comme il le désire. Comme le joueur qui a est persuadé d’emporter le dix de der’, Guillaume attend...
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Maud
On est loin de tous les récits faits par toutes ces femmes en taverne.
Comme quoi, les hommes sont tous des cochons.
A cette réflexion Maud souriait toujours.
Elle aimait les cochons plus que tout.
Les engraisser pour ensuite les saigner et en faire du boudin était un de ses passe temps favoris.

Mais cet homme là est un curieux mélange de détermination et de nuance.
Déjà, il cause comme un grand de ce monde.
Et c'est ce qui le rend d'autant plus redoutable et attirant à la fois.

Eh oui, la jeune Maud expérimente pour la première fois cette drôle d'attraction qui la répugnait tant il y a seulement quelques heures;

Rien d'amoureux ou de niais , bien plus comme "Ah tiens, un adversaire que j'aimerais combattre "ou" un compagnon de jeux" pour occuper les journées noires.


Ce qu'il dit la fait sourire. Tout au fond d'elle même, elle sait que rien ne se passera sans qu'elle l'ait décidé comme elle le veut. Comment ça, elle pense pareil que lui?

Tant bien que mal , elle se retourne pour lui faire face. Et du poing toque son armure. Est-elle vraiment en position de négocier quoique ce soit? Bien sûr qu'elle y croit. Et franche comme elle a toujours été :

Guillaume, vous allez enlever tout' la ferraille qu'vous avez hein? Parc'qu' j'veux bien ne plus être pucelle dans une heure..

Elle l'a dit..

Mais pas une vierge qui ne l'est plus et qui est morte cause qu'vot'armure, elle me trouerait la peau.

C'est la seule chose qu'elle sache à propos de cet acte: On bouge!

Et pis moi, j'vais m'mettre tout' nue parc'que vous pensez bien qu'j'ai pas envie d'avoir mes braies et ch'mise tout' déchirées dès fois qu'vos mains elles s'baladent tout'seules comme y a pas une minute et qu'vous savez pas leur dire non.
J'ai qu'ces vêt'ments là et ça coûte cher en écus hein?
Alors pucelle plus pucelle pauvre. Ben non.

Eh oui, le sens pratique de Maud qui remonte à la surface. Redoutable mais le meilleur est à venir

Et pis Guillaume.. ben.. comment vous dire.. j'sais bien qu'les pucelles , ça court pas l'Royaume ou alors ce sont des filles qui viennent de naître.
Et j'ai entendu qu'ça valait cher hein?
Alors, vous m'donnez 500 écus et j'vous dirai pas non.



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Guillaume_de_jeneffe
Comme le dit le Godon jeté des falaises de Douvre avant de toucher le sol « Jusque là, tout va bien », Guillaume écoutait la Bourguignonne détailler ce qui allait se passer. L'idée d'un effeuillage mutuel n'était guère pour déplaire au Flamand, que du contraire même. Il se voyait déjà à agrémenter tout cela de quelque tordue innovation. Car, pour rendre le fait d'ôter une armure sensuellement stimulant, il valait mieux anticiper la chose que de compter sur la seule force de l'improvisation, sous peine de se retrouver avec une main entière coincée dans une cubitière particulièrement mal lunée. Surtout qu'ôter son armure, combien légère soit-elle, il ne le pourrait faire seul. Déjà qu'en temps normal il lui fallait bien deux valets pour l'équiper... Notez, cela pourrait devoir dire deux jeunes femmes pour l'en débarrasser. Que voila une perspective qui ne lui déplaisait pas, tandis qu'il la rangeait précieusement dans une case de son esprit.

Mais, comme souvent, quand tout veut aller trop bien, il y a un grain de sel dans l'engrenage, un accroc dans le plan, une génitoire dans l'potage. V'la-t'y pas qu'elle se mettait à vouloir monnayer sa... virginité. Tuedieu ! Il l'avait devinée innocente. Mais pas jusqu'à ce point-là. Diable ! Ç'allait en devenir une toute autre paire de gantelets... Ce qui n'était guère pour lui déplaire. Eut-il été possible de le rendre plus désireux de conclure – spéciale cace-dédi à Jean-Claude Duss, l'Éternel – que ces quelques mots y seraient parvenus.

Non, le véritable capotage en règle – et un jeu de mots de peine, un ! – fut quand elle parla de monnayer cet état... physique. Ce qui renvoya le chevalier encore une fois bien des années en arrière, quand entre deux bouges particulièrement sombres et glauques il entendait des pauvrettes tenter de monnayer ce que, pour la plupart, elle n'avait plus depuis des lustres. Et si cela ne l'avait alors guère plus choqué qu'un gendre assommant son beau-père pour le charger dans la charrette des morts, il en allait tout autrement aujourd'hui. Notez, si ce n'avait pas été le cas, on se demanderait bien pourquoi je vous aurais infligé cette digression, n'est-ce pas ?

La réaction est immédiate, presqu'épidermique :
« Et quoi encore ? Sache que je n'ai aucune intention de payer pour ce genre de chose. Ni ne l'aurai jamais. » Tiens, vous avez remarqué comme il ne parle pas du passé ? Un indice, qui sait... « Mais si tel est ton choix, fort bien, je te rendrai à ton campement et je gage que tu trouveras un client sans peine. Mais il ne faudra pas te plaindre si on en vient à te marquer au fer ou à t'essoriller ». Bon, il exagérait clairement sur la gravité des châtiments, mais allez couper ses effets à un homme dans ce genre de situation vous, et vous verrez s'il ne réagit pas comme ça...
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Maud
Il est toujours au dessus d’elle et ne semble pas contraire au début.
C’est quand elle aborde le plus naturellement possible le prix qu’il coince.
Ben quoi ? Il faut quand même bien que sa virginité ait un prix.
Allez expliquer à une pucelle que la défloraison ou cet acte peut amener des plaisirs qui ne sont pas monnayables.
Et ça vaut bien tous ces marchandages de titres et de terres lors de mariages de nobles.
C’est son seul bien.

Et quoi encore ? Sache que je n'ai aucune intention de payer pour ce genre de chose. Ni ne l'aurai jamais.

Eh bien tant pis pour vous !

La tête sur les épaules, elle l’a bien accrochée Maud, même si elle aurait bien voulu que ce soit lui et qu’elle a même mis un énoooorme mouchoir sur ses principes : se faire déflorer par celui qu’elle épouserait.
Elle en a tant vu des filles grosses dans son village d’avoir dit oui ou non d’ailleurs la première fois et d’être abandonnées avec leur bâtard. Honteuses et inmariables par la suite, ou obligées d’épouser de vieux débris lubriques.
Mais si tel est ton choix, fort bien, je te rendrai à ton campement et je gage que tu trouveras un client sans peine.

Hein ? quoi ? Comment ? Trois questions qui se bagarrent pour arriver à sa bouche ; « Hey ! moi la première ! « Moi ! Moi ! j’étais là avant vous » « Poussez-vous , c’est moi qu’elle veut »
Tant est si bien que c’est une claque magistrale qui prend son envol vers la joue de Guillaume :


BAFFFFFF !

Suivie d’une poussée violente des mains sur le torse armé pour se dégager.
Elle se relève d’un bond et elle est remontée la Maud. Démontée.

Moi, une catin ! Parc’qu’ c’est c’ que vous dites hein Guillaume !
Parc’ que j’vais vous dire hein ? vous allez pas en trouver beaucoup des filles comme moi qui diraient oui à un inconnu.


Comment ça y en a des tonnes ?

Ah mais, quand j’pense que tous mes amis en taverne veulent me marier à un « vioque » comme ils disent. Qui aurait plein d’titres et qui crèv’rait bien vite pour que j’ramasse tous ses écus.
Et moi, j’vous dis qu’ ça vous coût’rait 500 écus et vous êtes pas content !

Elle tourne sur elle-même les bras au ciel. Même les loups l’entendent de loin la paysanne : " les copains, on y va ? Y en a une super chaude dans le coin, on dirait » .Les lièvres, lapins et écureuils , quant à eux, se terrent en attendant que l'orage passe.

J’vous fais un cadeau m’sieur, oui un cadeau !

Elle regarde les mûriers environnants :

Vous pourriez pas aller faire vos mûres ailleurs vous !

Etat critique quand Maud est hors d’elle, elle apostrophe tout et rien. Sauf que, sauf que, eh oui c’est toujours lent à remonter . Faudra d’ailleurs qu’on m’explique un jour comment les phrases clés mettent tant de temps à aboutir au cerveau de Maud.
Elle s’arrête et d’un bloc se retourne :

500 écus pour une catin ! Ah mais, vous connaissez l’prix hein ? Vous avez déjà payé si cher?

Plissant les yeux dans le noir. Regard de braise étincelant :

Eh bien, vous donn’rez bien 1000 écus pour une pucelle alors ?

C’est son dernier mot Jean-Pierre.. Enfin, à ce moment-là..Parce que il lui plait bien en fait cet homme là. Elle l’a choisi. Et quand Maud a une idée dans la tête, mais non, elle ne l’a pas ailleurs, bande de gros degoûtants

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Guillaume_de_jeneffe
Pif! Paf! Pouf! En trois coups de cuiller à pot, ou plutôt en une bonne claque bien sentie, le chevalier est ramené sur Terre vitesse Super Vee. AU vrai, il se doutait bien, au moment où les mots avaient franchi ses lèvres qu'il ne s'en sortirait certainement pas indemne. Mais de là à se douter que, presque dans un seul geste, il soit à la fois flétri et repoussé du corps qu'il dominait toujours de sa masse, il y avait un pas qu'il ne s'attendait pas à faire si rapidement.

Repoussé sur le dos, il attendait une le flot de colère finisse de couler de lèvres déjà déflorées. Et ce fut un festival, dont parfois il perdait le fil, mais qui revenait encore et toujours à cette question d'argent. Pour sûr qu'il avait tapé juste. En plein dans le mille. Mais si elle croyait qu'il allait capituler si aisément devant ses insultes, elle se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'à la rate.

Redressé sur ses coudes, il contemple la silhouette qui se détache vaguement sur le fond noir de la nuit. Et lui lance, presque plus provocant qu'au moment où il exhorte ses hommes à la guerre :
« Eh quoi ? Est-ce moi qui te traite de catin ou toi qui prends la décision de te vendre comme le dernier des métayers essaye de mettre une oie décharnée à l'encan un jour de foire ? Ne m'accuse pas de tes torts. Et si tu penses valoir plus que cela, soit. Cesse de parler d'argent, et garde cette vertu pour celle à qui tu veux vraiment la donner, c'est un conseil. Ce n'est pas parce que je t'ai sentie tout contre moi que je m'en vais fouler mes principes aux pieds. J'ai bien d'autres occasions de damner mon âme que celle-là, Dieu m'en est témoin ».

Et d'un bond, ou presque, il est debout. En quelques pas il a rejoint son cheval. Et c'est quand il a une main sur l'arçon de la selle qu'il achève. Le feu en lui n'est pas éteint, loin de là, mais hors de question que cela le fasse céder : « Viens. Passe en croupe, je te ramène. Je crois qu'on a fini ce qui nous retenait ici, non ? ».

Et la question n'est que rhétorique. Elle n'attend pas de réponse réelle. Dieu qu'il aurait préféré lui tenir tout autre langage à ce moment précis. Mais dans son système de valeur, il ne voyait d'autre issue à leur rencontre. Payer pour ça ? Jamais ! Et si elle désirait se vendre, ce serait à tout autre que lui. Que lui importerait alors son destin. Il y croyait presque. Mais devinait déjà que la chevauchée qu'il redoutait silencieuse serait digne du treizième travail d'Hercule. La sentir tout contre lui et ne rien pouvoir entreprendre...
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Maud
Pshiiiiiiiiitttt !

C’est un peu le bruit que fait la tirade de Guillaume sur l’esprit de la jeune fille ;
Comme le seau d’eau que l’on jette à l’aube sur le feu du campement.

Elle en reste les bras ballants Maud. Oh mais vrai qu’elle l’a éjecté loin d’elle. La rage décuple les forces. Pas pour rien que les soldats ressemblent à des bêtes féroces au moment de porter un assaut ; Comme elle à Bourges.

La leçon est forte. Elle anticipait une baffe de retour et la voilà remise dans ses chausses et principes.

Elle le regarde donc sans rien dire se relever plus ou moins vite. Cet épisode lui arrache presqu’un sourire . Jamais je ne porterai d’armure se dit-elle. Pour me retrouver sur le dos comme un scarabée. Mais il s’en tire bien et passe devant elle pour grimper sur sa monture.

Elle arrive juste à murmurer sans vraie conviction

Et suis pas décharnée d’abord !

Parce que genre oie blanche , même si elle en a appris plus en une nuit que depuis qu’elle est née, sur les hommes, elle l’est la jeune fille.
Innocente jusqu’à la dernière plume.
Ne connaissant des choses de l’amour que ce qu’elle avait observé chez les animaux et vous avez déjà entendu une vache frémir comme pas deux sous les coups de butoir d’un taureau ou mugir des « Encoreeee …encore… Oui… comme c’est booooon… "
Et se souvenant de ces jeunes filles mourantes de peur à l'heure de consommer leur union. Ignorantes. Comme elle l'est.

Elle se dit donc que puisqu’il refuse l’offre, eh bien, il ne veut pas d’elle.
Autant cela l’aurait rassurée et soulagée il y a quelques heures , autant elle est comme dépitée.
A aucun moment, elle ne peut imaginer que cet homme aurait encore un soupçon de désir à son égard .
Elle se dirige alors vers la monture et répond à son invitation en tendant la main :

J’monte d’vant ou derrière m’sieur ?

Question anodine direz-vous, mais une petite voix lui souffle sans qu’elle l’entende encore: « Passe devant lui.. et tu pourras lui prendre les rênes si ça te chante ». Et elle qui voulait à tout prix monter derrière change d’avis. Bah oui, elle est pucelle et innocente mais femme avant tout.
Se ravisant donc :


J’grimpe d’vant vous m’sieur.

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Guillaume_de_jeneffe
Monter devant. Ce qu'il lui avait proposé tout à l'heure et qu'elle acceptait, qu'elle exigeait même maintenant. Comme les choses peuvent changer en quelques minutes. Il en soupirait d'ailleurs, sans chercher à le cacher à qui que ce soit. C'est-à-dire à elle, puisqu'ils sont seuls, encore et toujours. Mais il avait joué et elle l'avait perdu. Il était hors de question de se montrer suppliant, ou de lui expliquer combien elle le comprenait mal quand elle prenait pour elle ce qu'il avait dit de l'oie. Combien pourtant il désirait autre fin à tout ceci que ce terme si pénible à son être. Pas à son cœur, à son être. C'était physiquement que Guillaume ressentait la douleur de la privation dont il était alors la victime, plus ou moins volontaire. Il avait voyagé tout au long de cette rencontre entre les deux extrêmes. La passion la plus dévorante, passion que plus tard peut-être il ne saurait s'expliquer, et dépit le plus absolu, dépit qui pas plus que la passion n'était légitime, tant la différence d'état entre les deux protagonistes de cette histoire était marquée. Eut-il été rabroué par quelque marquise qu'il eut été de bon ton de le voir s'en maudire. Mais ici. Non. Pas pour une gueuse, tuedieu !

Mais, en ce moment, il ne songeait guère encore à cela. Pour une raison qu'il ne cherchait pas à deviner, du moins pour le moment, il l'avait voulue sienne. Or, au son de ses dernières paroles, ses derniers espoirs s'étaient envolés. Mais par un réel effort intérieur, il renonça aux dernières extrémités, ô combien humiliantes, par lesquelles il aurait pu obtenir satisfaction. De coureur des rues il était devenu Grand Officier du Royaume, et ce n'était pas sans raison qu'il avait franchi ces étapes. Accepter ce qui passait à ses yeux pour une défaite quand cela lui apportait un succès ou du moins un non-échec aux yeux du bien commun, ou de ses contemporains. Qu'importe s'il se voyait perdant lorsqu'il se regardait au soir du combat, tant qu'il était seul à contempler ce spectacle. Aussi conclut-il en son esprit d'un laconique : « Tant pis, ce qui est fait est fait et il n'y a pas à y revenir ».

Aussi lui tendit-il une main encore chaude des sentiments qui l'avaient animé et qui ne l'avaient pas encore abandonné. Et cette chaleur n'était pas une image...


- Je t'en prie, fais seulement.

Alors, peut-être, passerait-elle devant lui, monterait-elle sur la selle, l'y rejoindrait-il et ensemble chevaucheraient vers le campement de la Bourguignonne, dans cette randonnée qui ne cessait de revenir à son esprit comme l'ultime épreuve.
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Maud
Et il soupire en plus.
Maud digère mal . Elle se sent d’un seul coup comme humiliée.
Avoir baissé toutes ses gardes et ses craintes et se voir rejetée de la sorte.
Elle se jure bien de ne plus recommencer.
Eh oui, elle pourrait crier victoire de ne pas s’être faite prendre ici en pleins bois .
Loin de toute présence humaine.
Se réjouir d’avoir gardé sa vertu
Mais elle s’est offerte . Bon moyennant écus sonnants et trébuchants, c’est vrai.
Quoi de plus normal dans son esprit ?
Il n’a donc rien compris avec ses principes.
Pas compris que c’est de la comparer à une catin qui l’a fait surenchérir ?
Elle ne dit mot.
Silencieuse, elle prend la main chaude de Guillaume.
Comment peut-il avoir encore le sang chaud ce bougre ?
Sa main à elle brûle encore de la baffe qu’elle lui a donnée. Et il a à peine bronché.
Elle hésite.
Et si elle le faisait tomber de sa monture en tirant d’un coup sec ?
Pour le mettre par terre.
Partagée entre la colère et la résignation elle est.
Elle ne va quand même pas lui dire qu’elle le ferait pour rien.
Il lui resterait quoi ?
Eh bien justement, elle n’en sait rien la Maud.
Elle est loin des soupirs qu’elle a entendus de ces femmes après une nuit avec un amant ou un coquin.
Loin de se dire que ce serait une nuit à marquer d’une croix blanche.. Enfin grise dans son calendrier.
Loin de savoir que cet homme est connu dans tout le royaume.
Encore plus loin de se douter qu’elle en face d’un conquistador de femmes qui se l’ s’arrachent.
Qu’une nuée d’entre elles voudrait être à sa place.
Elle le regarde. Essayant de deviner son état d’esprit. Et n’y arrive pas.
Mais Maud n’est pas du genre à s’attarder des heures sur un état d’âme malheureux ou frustrant. Elle est jeune et bouillonnante de vie.


Soit !

La bavasseuse invétérée ne lâche qu’un seul mot à la manière de Ingeburge la froide.
Elle se hisse devant lui. S’installe.. Trouve la place pour ses fesses et ses jambes et lâche du ton le plus banal qui soit, genre "passez-moi le sel" :

Les rênes, vous allez les t’nir au d’ssus ou en d’ssous d’mes bras ?

Ah ben oui, ça fait toute la différence. Au dessus, il sera obligé d’écarter les bras et elle risque de se voir blottie contre lui .
En dessous, elle aura l’air fine si elle ne pose pas ses mains sur les siennes et il pourra la serrer contre elle.
Dans les deux cas, ils se toucheront et Maud ne sait plus très bien si elle redoute ce contact ou si elle en sera heureuse.
Et dans les deux cas, il n'en saura rien. Non mais! Orgueilleuse, vous avez pas oublié quand même?

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Guillaume_de_jeneffe
Au « Soit », c'est un discret « Dommage » qui répond. Un de ceux lâchés sans que l'on n'y prenne garde, comme s'échappant par le défaut d'une cuirasse pourtant bien ouvragée par des années de martelage et de bains divers et variés.

N'eurent été l'heure tardive et l'obscurité, il n'aurait pas dû en être réduit à partager sa selle avec la Bourguignonne. Il y songeait. Il pensait d'ailleurs déjà aux façons qu'il aurait de ne pas paraître en pareil équipage devant les membres de l'armée de celle-ci. Il s'y forçait, en fait, afin de ne pas encore et encore repenser à ce qui devrait précéder cette descente de selle, la chevauchée.

Aussi tenta-t-il de répondre du ton le plus neutre qui soit à sa question. De la plus brève, aussi :
« Par en-dessous, ce sera bien ».

Mais cela dit, il se retrouva devant le premier obstacle à la réalisation de son plan du Mais-oui-tout-va-parfaitement-se-passer. Il allait falloir monter à cheval. Avec une autre occupante entre les arçons. Levant les yeux au ciel pour agonir le Très-Haut d'insultes quant à son sens de l'humour particulièrement douteux, il prit une profonde respiration et s'approcha de son cheval. Heureusement, elle avait dégagé les étriers. C'était déjà ça de pris. S'accrochant fermement de ses deux mains à l'arrière de la selle, il synchronisa traction et propulsion, se retrouva un instant en équilibre puis se laissa glisser sur le dos de sa monture. Frôlant au passage celui de celle qui avait refusé de l'être, sa monture, – ce passage graveleux vous est gracieusement offert par un rédacteur passablement émoussé, ne le remerciez pas, c'est cadal –, il passa, comme prévu et promis, ses bras sous ceux de la pucelle. Et un nouveau contact avec une partie délicieusement charnue, un !

Aussitôt, c'est un deuxième :
« Dommage » plus murmuré que le précédent qu'il laisse échapper.

Penchant la tête sur sa gauche pour ne pas être gêné par les cheveux de sa passagère – c'est qu'il ne comptait pas faire toute la route à l'aveuglette –, il claqua de la lange. Et le cheval démarra, au pas.


« Nous voici partis, Maud. Il faudra que tu me guides » conclut-il en descendant ses bras pour ne plus être en contact avec les signes extérieurs de féminité de la Saint Anthelme.
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Maud
Qu'allaient penser ses compagnons à son retour?
En la voyant accompagnée de cet homme à cheval?
Elle imaginait déjà les réflexions graveleuses, les sous entendus goguenards de Volkmar, Gregori, Silvinho ou même de son Grand Monsieur.
Kay et Marine ne manqueraient pas de souligner la proximité physique et de poser des questions sur son absence prolongée.

Il prenait place derrière elle. Et pour la seconde fois, Maud sourit. Pas à dire, tout couvert de fer qu'il était, elle avait affaire à un cavalier émmerite. Un corps chaud contre elle.

Et cette voix neutre qui marquait le passage de ses bras sous les siens en frôlant sa poitrine. Légère raideur chez le jeune fille qui répond au réveil de terminaisons nerveuses jamais effleurées par un homme.

Ses défenses se reconstruisent aussi vite qu'elles n'étaient tombées. A t'elle seulement entendu le "dommage" susurré dans le silence.

Nouvelle raideur de la jeune fille, mais celle-là de l'esprit.
Une attaque de "gris" en vue.
Et quoi, il a bien dit non et montré son renoncement. Et il changerait d'avis?
Noir c'est noir , et blanc c'est blanc.
C'en est trop pour Maud.

Les murs de sa vertu s'élèvent et par association:

Mon bouclier!

Exclamation non métaphorique, ne vous déplaise, ou bien à propos.
Oubli d'une protection devant l'auberge avant la course à cheval.
Le plancher de son assurance reprend son aplomb.
Elle détache doucement et sûrement les mains de Guillaume et saute de la monture sur la terre ferme:

Guillaume, j'vais l'chercher. C'est p'tete qu'un bouclier d'fortune, hein? J' l'ai ach'té que 20 écus à Falco, mais il m'a protégé jusqu'ici.
Partez r'joindre vot' camp'ment. j'trouv'rai bien l'ch'min vers le mien. J'grimp'rai à un arbre et m'accroch'rai aux branches jusqu'à l'aube.
Et puis, vous avez raison, j'attendrai l'homme qu'il faut pour donner ma vertu.

Un peu bravache quand même la Maud. Elle n'aime pas le noir de la nuit en terres inconnues. La lune a des ratés de lumière. Elle le fixe du regard avant de tourner les talons et s'échappe de ses lèvres un " Dommage" murmuré par l'émoi qu'il a provoqué chez elle. Une brèche qu'elle essaie de colmater sans véritable succès.

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Guillaume_de_jeneffe
Peste soit des femmes ! Et des pucelles, pis encore ! Qu’elles exhalent leurs derniers remugles de vie dans un jet putride de postillonnements verdâtres ! Fallait-il vraiment que Dieu les fasse si compli… si lentes dans leurs décisions ? Tout ça pour un bouclier. Ô tempora, ô mulier. Une nouvelle fois les deux azurs tentaient de rentrer dans le crâne du chevalier à force de se lever vers le ciel. Il aurait suffi qu’elle le laisse faire et d’un coup d’épée il l’aurait levé du sol. Mais non, il avait fallu qu’elle n’en fasse qu’à sa tête. Le Très-Haut soit béni de n’en avoir pas fait sa fille, ou sa bâtarde. Comment ça UNE de ses bâtardes ? Non mais je ne vous permets pas ! C’est quoi cette familiarité du lecteur, bougre à poils ?!?!

Et dans un arbre, qu’elle voulait passer la nuit. Et risquer se briser les os au moindre geste ou au plus petit souffle de vent. Quelle subtile idée pour qui voulait ne pas se souvenir de comment il était mort. Ce qui, au demeurant, était d’assez peu d’usage, sauf à admettre que l’on allait raconter cela une fois envoyé
ad patres. Genre « Et toi, ça c’est passé comment ? » « Moi, ben c’est tout con, j’rev’nais d’la bataille, où on s’était fait maravé grave et j’pêtais d’chaud. T’imagines aussi, en plein juillet, sur la plaine lombarde, c’est pas comme s’il faisait mourant. ’Fin bref, j’me crapahute et v’la-t’y pas qu’j’trouve un ruisseau. Ni une ni deux, j’me claque d’la flotte à la tronche, rapport au fait que j’pouvais pas respirer sans suer pire qu’un goret à la foire. Et là, j’sais pas pourquoi, j’ai plus respiré, puis CLAC, j’me suis r’trouvé ici. Et toi ? » « Oh, ben moi, j’sais plus. Y f’sait tard et j’étais crevé comme pas trois. Et j’étais en forêt. J’te jure le truc. Et du coup j’me dis « Faut qu’j’dorme ». Normal tu vas m’dire. Ouais, sauf que j’suis allé me mettre dans un arbre, histoire de pas me faire bouffer par les loups ou voler par un court-les-chemins. Et j’me suis endormi, ‘fin j’crois. Puis CLAC me voila » « Han l’aut’ hé, la honte, il sait même pas comment il est mort !!! »

Tout ça pour dire que le Guillaume classait l’idée dans la catégorie « À ne même pas essayer quand on a eu une chance à se faire se demander avec qui « dort » son épouse ». Notez qu’il avait plus d’épouse, mais là n’était pas le sujet.

C’est d’un ton autoritaire, qui pour un peu l’aurait surpris lui-même, qu’il répondit à la Bourguignonne :
« Dis pas n’importe quoi. Accroche ton bouclier, et remonte à cheval. Si tu t’accroches aux branches, le tavernier trouvera bien un moyen de te faire descendre, lui. Et ce que tu veux garder pour ton prince charmant, il te le prendra de force. Sans payer. »

« Et ptèt même qu’il te fera payer le lit dans lequel ça se passera… S’il fait ça dans un lit ». Oui, cette réflexion-là, définitivement, il avait bien fait de la garder pour lui.
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Maud
Alors comme ça monsieur s'énervait. Oh!, mais elle avait bien entendu le ton de voix Maud.
Il arrêtait pas de changer d'avis lui.
Pire qu'elle.
Non mais c'est vrai à la fin.. il la voulait et puis il ne la voulait plus et puis maintenant, il voulait qu'elle remonte sur le cheval alors qu'elle ne faisait finalement que ce qu'il avait voulu et elle , avait-elle seulement ce qu'elle voulait?
Peste les hommes quand ils ont l'orgueil qui est mal placé? Fin.. Est-il toujours bien placé cet orgueil du mâle le soir au fond des bois ?
Eh bien, ça ne fait pas le même bruit que les canards sauvages.
Et donc interloquée par sa tirade, Maud répliqua:


Mon Prince charmant! Non mais m'sieur, moi épouser un Prince! Gardez vos histoires pour toutes les poudrées que vous rencontrez hein? Et moi j'vous d'mande si vot' femme elle a trouvé l'Prince charmant en vous épousant?

Ben oui, il devait être marié cet homme-là.

Et vous auriez pas pu prendre mon bouclier du bout d'vot' épée au lieu de m'faire descendre de cheval? Ou m'empêcher, hein?

La mauvaise foi, ça vient tout seul dans ces cas là.
Faisant quelques pas pour prendre son bouclier, elle bougonnait presque en nouant les liens de cuir autour de son torse.

Et m'prendre d'force...

Elle haussa les épaules: l'est même pas encore né cui-là...
Main gauche sur le pommeau de la selle.

Poussez-vous un peu vous et vot' tas d'ferraill que j'trouv' d'la place

Elle enfourcha son pied gauche juste au dessus de l'étrier occupé et se hissa là où elle était installée cinq minutes plus tôt.
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Guillaume_de_jeneffe
Le risque, lorsque l’on convoquait les contes de fées à la barre des témoins, c’est qu’ils se retournent contre vous. Quelle mère n’a pas frissonné quand elle a compris que le sort réservé à la sorcière par Blanche Neige était celui que toute petite fille souhaitait à celle qui l’avait mis au monde ? Eh bien Guillaume vivait à peu près la même chose. Certes parler d’un prince charmant à une gueuse d’armée n’était pas pertinent, dans l’absolu. Mais baste, il aurait pu espérer qu’elle y avait cru, elle, aux contes de fées. Mais non, il avait fallu qu’elle ait la tête bien vissée sur les épaules. Monde de m… comme aurait dit Georges.

Mais ce qui suivit fut pire encore.
« Et moi j'vous d'mande si vot' femme elle a trouvé l'Prince charmant en vous épousant? »

Là, tout se brise. En lui. Il sait qu’elle ne l’a pas trouvé, ou du moins pas souvent. Son visage se surimprime au paysage qu’il devine de plus en plus difficilement dans l’obscurité de la nuit. La forteresse vient de se verrouiller d’un coup, comme une herse qui s’abat. Il n’entend plus ce qu’elle dit ensuite. Et devine à peine ses mouvements pour se hisser sur le Frison. D’ailleurs, la sanction verbale est quasiment immédiate : « Ma femme est morte ».

D’un coup sec, les éperons donnent le signal attendu. Sa monture démarre un petit trot que le chevalier accompagne en se dressant et en s’abaissant sur sa selle. Certes la présence féminine devant lui n’est pas pour lui faciliter la vie, mais il n’y pense presque plus, plus depuis qu’il a dû formuler à voix haute ce qu’est devenue son épouse. Ses lèvres se sont depuis scellées, et sa mâchoire s’est serrée. Qu’avait-elle besoin de rappeler cela ? Comme si la situation n’était pas assez pénible comme cela…
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Maud
Y a des phrases comme ça qui font un bruit d'enfer quand elles tombent.
Chaque mot pèse une tonne et s'écrase dans le coeur et la tête sans pitié.

Ma femme est morte!

Un couperet qui tombe dans son oreille. Rien à voir avec une mort sur un champ de bataille. C'est violent. Cela ravive chez la jeune paysanne la souffrance qu'elle a vécue à la mort de sa mère.

Les étincelles qui seraient nées du frottement du fer contre la muraille de sa vertu sont soufflées d'un coup et la douleur traverse les moellons mal réajustés de la jeune fille.

Elle est pas douée pour les émotions Maud, à part la colère ou la joie ou le rire. Ses mains sont plus spontanées.

Sans un mot, elle pose ses mains sur celles de Guillaume. Les presse doucement et insensiblement laisse aller son corps contre le sien. Que de la chaleur de réconfort traverse une armure, ça vous fait rire vous. Eh bien,
elle y croit la Maud
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