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le chalet d'Anne et Tristan

Clarrissia
Avant-propos :

Les personnages constituant ce remarquable post de ce non moins remarquable topic sont d'une vérité criante. Toutes personnes qui prétendraient se reconnaître en ces pages d'anthologie seraient purement imaginaires et fictives.


A Anne et Tristan, la queen et le king de la scène et de l'amitié. Affectueusement et mon éternel amour.

Saint-Claude en ce 22 mai.

Je m'attends à tout. Je ferais mieux de m'attendre à rien puisque rien ne se produit. Je suis seule en ce village de Saint-Claude en compagnie de moi-même.
la nuit est gigantesque. Il y a des nuits plus vastes que d'autres. Généralement en cette période de l'année et au moment ou je vous parle, le jour a déjà pointé son museau depuis belle lurette.
Je raffole des petites nuits campagnardes quand la lune "boit" comme on dit chez nous, c'est à dire lorsqu'elle paraît se diluer dans des nuages filandreux et que les arbres se dressent tout noirs et immobiles sur un fond de ciel bleuté...
Ben ce matin-là elle n'en finit pas. Il n'y a pas de confins. Elle part à l'infini. C'est une nuit sans limite, en coupole étoilée
(cloutée d'étoiles diraient mes chosesfrères du RP)


Les maisons sont toutes dans le noir, sauf la taverne municipale. La maison mère, là où se trouve le bureau du maire, la pièce principale voûtée et le dégueuloir du fond de l'auberge.
Une jeune femme est tranquillement installée sur une chaise appuyée contre la poutre. Elle s'appelle Sarani, elle est gentille, agréable et on échange quelques paroles convenues et de bienvenue ; m'apprend qu'elle vient de s'installer...souvenirs souvenirs. On échange deux chopines.

Ah c'est bien, elle boit la jeune Dame. Alors je bois. De la savoir poivrote et de me conforter dans le même état ça me mets en confiance. Les poivrots sont de braves gens. On ne boit pas pas pour oublier, on boit de se souvenir. Personne ne boit pour oublier. Ce que l'on demande à l'alcool c'est de vous faire souvenir...mais gentiment. Avec juste quelques couleurs qui passent.

Et justement les couleurs qui passent devant mes yeux, sont les volutes d'un temps pas si lointain...des couleurs qui s'appelaient Anne et Tristan.

Un salut, une promesse de se revoir et je quitte Sarani pour entamer le chemin qui me mène au chalet.
Je marche, je marche. Je compte mes pas pour me sentir moins seule. A cent-vingt-trois je décroche...à force de marcher j'arriverai à leur logis.
J'ai le coeur qui qui s'emballe tellement je suis impatiente de les voir tous les deux. je respire un grand coup, tente d'apaiser mon palpitant qui fait des vagues.

Je reste un instant flottante derrière la barrière. Les souvenirs rejaillissent. J''évoque dans mon esprit le figure enjouée de Starkel. Il est gentil ce gars-là, toujours en train de rire. Ezékiel...lui il m'avait bien cernée...l'air à ne pas y paraître. Coccy et ses impertinences, la soeur de Tristan...la pécore qui n'avait jamais sa langue dans sa poche mais plutôt du côté de la bouche de Verna, celle-ci jouant à l'offusquée mais qui se marrait des coquineries de sa douce....
Leur histoire à tous je la connais mieux que quiconque...du moins leur histoire mentale.

Et puis les autres...l'imparfait du subjonctif, les baise-pognes aux daronnes, les beuveries de la vieille Oberthur, les nuits de Starkel enfermé en taverne, les chagrins d'amour aussi...enfin...tout ce qui faisait Saint-Claude.

Et puis Anne...les mirettes soucoupes d'un noir brillant velouté et ardent qui plonge au fond de toi comme un fer de lance...elle est royale Anne. Sculptée pleine viande par un génie que j'aimerais connaître tiens, pour pouvoir lui ressembler. Le teint clair, la bouche spirituelle, les dents de dévoreuse, les cheveux rouquins relevés en chignon...et ses chemises longues lui descendant sur les cuisses, ce qui accentuait son côté sauvageon.
Anne c'était toute ma vie. Ce fut la vie de ma maman et c'est devenue la mienne...toujours là quand on avait besoin d'elle. Une fille de devoir ? Non, de tendresse. Pour elle, il n'y avait pas de différence. Que tu sois en prison ou dans un ministère, si elle t'a à la bonne, sa tendresse reste la même...ou alors c'est qu'elle t'aime pas.

C'est pas joli ce que je dis c'est sincère...tout ce qu'on dit l'est plus ou moins n'est ce pas ?

C'est curieux...il me vient comme un coup de grosse mélancolie...d'un coup je pense à Lisa...je ne sais pas pourquoi...

J'aimerais attraper Anne pleins bras, la presser éperdument contre moi...

Et puis Tristan...tout comme Anne j'ai besoin de sa présence, comme on a besoin d'une bonne place près d'un feu de cheminée l'hiver en période de disette. Il est complémentaire de Anne qui est sa femme.
J'aime sa connerie pleine de bon sens, ses mufleries sur fond de tendresse qui m'aident à exister...oui heureusement qu'il y a des gens qui nous font oublier les saloperies existentielles et le fiel des parlementaires...il parle fort Tristan, oui sans doute, mais faut savoir déchiffrer entre ses mots ce qu'il ose prononcer à toutes ces âmes damnées.
(Vieillot comme formule mais fort. Je trouve. faut la réhabiliter à tout prix. Comme la tronche à Danton, elle en vaut la peine.)


En tout cas la journée est déjà bien avancée et il n'y a personne.
Les jeunes mariés sont peut-être à l'étable...non quand même, pas pour ce que l'on pourrait penser, mais peut-être qu'ils ont une Comtoise en train de vêler.
Tout le monde vous le dira : c'est toujours à la nuictée que les apprentis boeufs viennent au monde.

Il n'y avait personne. tant pis...j'aurais eu la joie de revoir leur nid d'amour. A une prochaine fois.

je dégage une feuille de mon sac, une plume et écris quelques mots simples.



A Anne et Tristan,

En souvenir du temps où vous m'approvisionniez en mots si doux.

Clarri

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