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[RP-ouvert] Chevauchée sur Armoria en quête d'espoir !

Mahelya
[Les fous passent, la folie reste...](*)

Déjà mort ! Pour elle, Francis était déjà mort. Ne trouvez-vous pas la situation comique ? Comment avait-elle pu oublier que son fidèle valet la rechercherait ? Elle qui se croyait finie, elle qui se voyait perdue. Mais non ! Douce voix qu'était celle d'Harchi... Il aurait pu murmuré qu'elle l'aurait tout de même entendu. Comique...
Une fois de plus il n'avait pas failli à sa mission qui était de la protéger. Les éclats de rire s'échappaient de sa gorge sans qu'elle n'y puisse rien. Sa lèvre supérieure était à présent bien ouverte et le sang en suintait abondamment. Elle avait mal partout, pourtant rien ne l'empêchait de rire. Rire, froid, glacial, dépourvu de vie. Dans le fond, y avait-il vraiment de quoi rire ?
L'esprit de l'étincelle voguait entre délire, souvenir et réalité. Il l'avait touché, mais il avait peur à présent et bientôt il mourrait, n'avait-elle pas vu un cheval pendant son agonie ?


Tu es mort Francis.

Et les éclats reprenaient de plus bel. Chaque fois qu'elle entrapercevait le futur proche de son bourreau.
Incapable de bouger, toujours adossée à ce fichu tonneau, son corps convulsait d'hilarité, intensifiant chaque douleur qu'elle ressentait. Son épaule semblait être chauffée au fer rouge.


Tu es un homme mort.

Rire de mourir et mourir de rire. (**) Mais ce n'était pas sa mort, c'était bien celle de Francis. Lui qui pensait pouvoir prendre la sienne... Monde cruel ! Douce ironie !
De ses prunelles vertes, bien que toujours focalisées sur l'homme qui ne serait bientôt plus qu'un fantôme, la petite rouquine remarqua que Guilhem bougeait de nouveau. Et quoi de mieux qu'un rire sonore pour accueillir la nouvelle.


Mort... Mort... Mort... Dis adieu.

Petit sérénade improvisée à l'ennemi de sa vie. Le petit brun hurlait à présent, il en masquait presque les rires fous de la Rousse.
Francis s'approcha d'elle. Ses onyx brillait de fureur et de rage.
Aussitôt les rires se coincèrent dans la gorge de l'étincelle, y formant une boule. La main qui agrippa ses cheveux sans délicatesse, la força à dévisager les yeux sombres. Les mots prononcés se gravèrent dans son esprit. Elle savait qu'il avait raison. Jamais elle n'oubliera... Toujours elle regardera par dessus son épaule... Plus jamais elle ne serait la même...
Où était donc ce maudit cheval, elle en avait besoin maintenant...
A peine avait-elle réalisé l'horrible vérité, qu'un coup violent la frappa. Émeraudes écarquillées.
Souffle coincé.
Cracha de sang.
Aie !
Elle sombra dans l'inconscient. Noir...


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(*) Citation de Sébastien Brant,
(**) Citation de Jacques Prévert.

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Chez les artistes pour un portrait flatteur !
--Harchi


[Pour eux...]

Malgré la visibilité réduite, Harchi avait un mauvais pressentiment, la silhouette debout, il le savait c'était Francis. Il courait à en perdre haleine. Il courait ... Mahelya était là-bas et Dieu seul savait ce qu'il lui avait fait subir. Guilhem s'y trouvait également. Le pauvre enfant hurlait.
En se concentrant, il entendait aussi les paroles de la Rousse. Démente, avait-elle perdue la raison ?
L'ombre de Francis frappa violemment une masse au sol. Et quand la voix de sa Filia (*) se tut, le valet savait qui avait été victime de ce coup brutal.
Redoublant d'efforts, il accéléra.


Occupes-toi d'elle, je ne l'ai pas loupé. Elle va peut-être crever... Vas savoir ... Avait lancé la voix grave du Paillard avant qu'il ne se lance dans une course effrénée dans la direction opposée.

L'angoisse tenaillait les entrailles du vieil homme. Il était presque à leur niveau, il distinguait déjà le petit Guilhem qui tentait de se relever. Rouge de rage, il ne put s'empêcher de crier à l'obscurité qui lui faisait face.


Cours Francis ! cours ! et ne t'arrête pas ! Jamais ! car quand tu le feras, je serai là, et l'étincelle de mon épée sera la dernière chose que tu verras !!

Un rire sans joie, semblant venir de l'enfer avait ponctué les mots d'Harchi. L’intéressé les avait donc entendu. La menace était donc passée. L'avertissement donné. L'astre nocturne et les étoiles en étaient les témoins. Et Dieu savait qu'un tel serment, ne pourrait jamais être brisé par le pauvre homme.

Il était à présent à coté d'eux. Ses mouvements se firent plus lents, et comme pour éviter de constater l'impossible. Le vieux valet décida de s'occuper d'abord de Guilhem.


Fiston ?! ça va ? tu tiens le coup ? tu vas réussir à te lever ?

Le petit Berrichon semblait effrayé. A en croire les striures sur son visage il avait abondamment pleuré. Son petit corps était orienté en direction du lieu ou se trouvait sa Rousse. A contre-cœur, beaucoup plus rapidement qu'il ne l'avait désiré, Harchi fut contraint de se retourner vers sa prunelle.
Petit poupée de chiffon, effondrée sur elle-même. Elle semblait presque dormir. Mais il savait qu'il n'en était rien. Doucement, lentement, presque au ralenti, il s'approcha d'elle et se laissa tomber à genou à ses cotés.
N'osant la toucher, de peur de la casser, il se contenta de la regarder, et de tendre l'oreille en quête d'une quelconque respiration, même faible...
Rien.
Le fluide de vie avait souillé d'écarlate la chemise de nuit. Son sang à elle. Son sang à lui... Quand elle souffrait, il souffrait aussi.
Ses opales s’humidifiaient.
* Dieu que lui était-il arrivé ! Pourquoi n'avait-il pas insisté pour l'accompagner ? Pourquoi avait-il attendu que ce stupide soleil, pas pressé ne se décide enfin à se coucher ? *

Avec une extrême délicatesse, il dégagea les mèches rousses de son fin visage. Un rayon de lune éclairait la peau au teint de perle de la jeune fille.
Poupée de porcelaine maltraitée.
Elle avait le visage abimé et taché de son propre sang. Une entaille sur la lèvre, un œil gonflé et sans doute une bosse sur la tête.
Puis les yeux usés se posèrent sur l'épaule de l'étincelle, attiré par l'angle improbable qu'elle possédait.
N'y tenant plus, une perle d'eau salée ruissela sur le visage marqué par le temps.
Il aurait préférer souffrir mille morts plutôt que de la voir ainsi.
Sa filia, sa "maitresse", sa vie, immobile, inerte...

Avec beaucoup de précautions, il glissa ses bras autour du frêle corps immobile. Et tel une princesse, il la souleva, la serrant contre lui.
Avec soulagement, il constata que son abdomen s'élevait et s'abaissait à un rythme plus ou moins régulier.
En vie ! elle était en vie !


Filia je suis là... je suis là... pardonnez-moi...

La voix était douce et rassurante. En contradiction totale avec les pensées du vieil homme qui ne songeait qu'à une chose maintenant : Retrouver Francis et le faire agoniser.
Harchi se releva, serrant toujours sa petite flamboyante qui ne brillait plus pour l'instant.


Guilhem ?! peux-tu marcher jusqu'à la maison ? Nous rentrons, restes bien près de moi Fiston.
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(*) Fille en latin
Guilhem_horvy
Les jambes tremblaient, mais lui ne bougerait pas ! Il devait protéger sa sœur quoi qu'il arrive de cet homme... Mais sans s'y attendre il reçut un coup qui le projeta au sol, sa tête heurta le pavé Limougeaud... Il essayait de se relever mais son corps n'avait plus l'air de répondre... Quand soudain il entendit la voix d'Harchi alors il se mit à hurler pour le guider un rire glacial frappait à ses tympans... On aurait dit la voix de Mahelya, mais elle riait comme sa mère Prudence, l'enfant trembla de peur que la petite devienne comme sa génitrice.

Toujours sans bouger il vit les pied du vieil homme arriver jusqu'à lui et lui demander s'il pouvait se lever et marcher jusqu'à la maison, alors prenant appuis sur le bras du vieillard l'enfant ce releva et chancelant il avança avec l'homme qui portait Mahelya dans ses bras.


Harchi ? Elle est morte ? Et il est ou Francis ?

Les yeux noir du petit se posèrent sur le visage usé par le temps du vieillard, puis sur les cheveux roux de sa sœur.

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--Harchi


[Pour toujours...]

Aussi légère qu'une plume, sa Filia (*) ne bougeait pas entre ses bras. La procession se faisait lentement vers la maison, précautionneusement. Crainte perpétuelle de l'abimer plus qu'elle ne l'était déjà. De temps à autre un rayon de lune les éclairait. Harchi avait l'impression que le visage de l’Étincelle s'abimait de plus en plus, prenant des teintes violacées... Pauvre Pantomime dans une représentation parfaite de l'inconscient.
Le pas du vieil homme était lourd, son cœur, serré. Il n'osait prononcer mot. Pourtant il du s'y résoudre lorsque le petit Guilhem, qui jusque là marchait silencieusement à coté de lui, l'interrogea.


- Non elle n'est pas morte Fiston ! Elle est juste ... soupire ... profondément endormie. Elle s'en remettra, ne t'inquiète pas. La voix de l'homme se fit plus basse. Elle se remet toujours.

Il essaya tant bien que mal d'adresser un sourire réconfortant au petit garçon. Pauvre Guilhem, il n'avait vraiment pas besoin de vivre tout ça.

- Francis ?! Il est parti. Tiens Guilhem ! Reste bien près de moi. Il ne t'arrivera plus rien cette nuit. Nouveau sourire du visage marqué par le temps. Une fois à la maison, tu viendras avec moi, je regarderai ton nez. Il n'est pas cassé mais il faut tout de même le soigner.

Le vieil homme avait compris les questions non formulées du petit garçon. La Maison était à présent en vue, toutes chandelles allumées. Une silhouette faisait les cent pas devant les marches de la porte d'entrée. Harchi ralentit délibérément le pas. Il avait encore quelques choses à dire au petit brun Berrichon. A commencer par un remerciement et un compliment.

- Guilhem ?! Et les opales de se plonger dans les yeux noirs du gamin. Merci d'avoir été là, tu as été très courageux ! Je suis fier de toi et Fi... Mahelya certainement aussi. La marche s'arrêta. Le ton se fit plus bas, semblable à un murmure que seul le petit brun pourrait entendre. Fiston ... Tu sais ? ... Ce qu'elle a vécu aujourd'hui ... c'est sans doute très dur pour elle. Peut-être ne sera-t-elle pas exactement la même que d'habitude. Mais elle t'aime, n'en doute pas. Et jamais elle ne t'abandonnera. "Pas comme dame Poumona" aurait pu finir sa phrase, mais il était inutile de faire du mal à ce gamin pour rien.

Le vieil homme adressa un dernier sourire chaleureux au petit brun lorsque la voix hystérique de Bertille raisonna claire et forte dans le silence nocturne.

- Seigneur ! Dieu ! Merci , Ils sont là ! Mais qu'est-ce que ... ??? M'dame Mahelya !!!
- Tout va bien Bertille ... je m'en occupe ... Donne plutôt des vêtements chauds à Guilhem et sers lui une bonne part de tarte. Je m'occupe de coucher la maîtresse, elle a grand besoin de repos.

Le ton était sans appel. Les yeux noisettes de la servante se posèrent sur la jeune fille. Quoi qu'elle en dise elle l'aimait bien sa capricieuse. Bien qu'illettrée, elle avait bien compris qu'elle devait s'occuper du petit garçon en lui changeant les idées. Ses grands yeux s'accrochèrent donc au petit brun. Un sourire chaleureux et bienveillant se dessina alors sur le visage de la gouvernante, prenant le petit Guilhem pour le serrer fort sur son cœur. Puis agrippant les épaules de l'enfant elle le conduisit à la cuisine. Pendant ce temps le vieil homme prenait la direction de l'escalier d'où parvenait encore la voix haut perché de la Bertille.

- Oh mon mignon comme j'suis contente de t'revoir ! viens donc avec l'Bertille ! t'dois avoir bien froid. t'es tout dép'naillé. Va falloir que j'm'occupe de t'faire prendre un bain. Enfin pour l'heure tu vas grailler un peu ! On dirait qu't'es passé sous un rouleau à patiss'rie tellement qu't'es maigrelet.

A l'étage, l'ancien soldat s'occupait à présent de nettoyer le visage de sa prunelle. Le cœur serré. S'il était sa protection avant, maintenant il deviendrait son ombre, la suivant à chaque pas. Il eut une surprise lorsque la main blanche s'agrippa à son avant bras, tandis que les prunelles émeraudes le toisaient.

- Les parchemins ... Il sait ...

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(*) Fille en latin
Mahelya
- Les parchemins ... Il sait ...

Avait-elle réussi à articuler.
Son corps n'était que douleur. Son épaule la faisait souffrir comme jamais, pourtant toutes ses blessures n'étaient pas sa priorité. Harchi l'avait déposée dans son lit et tentait désespérément de lui nettoyer le visage. La tiédeur du linge lui apportant un peu de réconfort.
Un peu trop précipitamment elle essaya de se redresser, il fallait que le valet comprenne la gravité de ses paroles. Un cri de douleur brisa le silence ambiant, lorsque par inadvertance ou habitude elle s'était appuyée sur son bras meurtri.
La peur au sens propre, dans ce qu'elle avait de plus primaire, s'étalait sur les traits de la Rouquine. Les dents vinrent s'enfoncer dans la chair de sa lèvre inférieure, ne pas y céder pour l'instant, ne pas l’inquiéter plus qu'il n'était nécessaire.


- Harchi m'entends-tu ? Il sait ... Il sait tout ... ou presque ...

Puis une angoisse lui retourna les entrailles, lui donnant la nausée, les prunelles émeraudes, démentes, balayaient avec frénésie la pièce ou elle se trouvait. Sa Chambre. Comment s'était-elle retrouvé là ? et son frère ? Son frère !!!

- Guilhem ? ou est Guilhem ! Harchi dis moi ou il est !!! Est- ce qu'il va bien ?

Elle essaya de se lever mais la main puissante d'Harchi l'en empêcha. Il avait le visage fermé, qu'était-il arrivé ?
En cet instant, et pour la première fois de sa vie elle lui en voulait. Le ton se fit sec et dur.


- Parles Bordel !
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Chez les artistes pour un portrait flatteur !
--Harchi


[A jamais...]

Petite tornade enflammée. Pas le temps de prononcer le moindre mot, pas le temps pour lui apporter réponse. La gamine s'agitait dans tous tous les sens.
Les prunelles étaient démentes, et le pauvre Harchi restait impassible. Le cœur serré, la rage au ventre. Qu'avait-il fait d'elle ?
Le pauvre valet constatait avec violence que sa filia (*) ne serait plus jamais la même. Une émotion fleurissait pour la première fois, sur le visage de sa Rouquine. La peur, la vrai peur, incontrôlable et irréfléchie alors qu'elle était à présent en sécurité et hors de danger...

Après avoir repoussé le linge qui lui lavait le visage, elle essaya de s'assoir sur le lit. Bien entendu, l'épaule démise lui arracha un cri. Un cri à en briser l’âme du vieux soldat. La culpabilité lui rongeait encore les entrailles. Il s'en voulait tellement. Et le visage tuméfié de sa prunelle entretiendrait pour les jour à venir se mal être, chaque fois qu'il la regarderait.
Habituellement, elle si docile et si douce avec lui, se débattait alors que de sa main puissante Harchi la maintenait en place.
Là, à cet instant précis, son ton se fit cassant, et son regard glacial. Les opales du vieillard se tintèrent de tristesse. Elle lui en voulait, donc ... Baissant les yeux, il s'adressa enfin à elle. La voix était douce, bien que serrée dans la gorge.


- Filia... Guilhem va bien, il est en bas avec Bertille. A l'heure qu'il est il doit ripailler comme pour un jour de fête.

Doucement, avec délicatesse, l'homme au visage marqué l'aida à prendre place assise sur le lit. La positionnant face à lui, ses petites jambes dans le vide. La main usée se glissant des les cheveux roux afin de dégager le visage des mèches rebelles. Maintenant que le plus important avait été dit, et qu'il la pensait à présent calmée, il lui adressa un sourire discret. Il fallait la rassurer.

- Dulcis Filla solis (**), Pour les parchemins ... laissez-moi faire ... ne vous inquiétez pas, je me charge de régler ce problème...
Mais sachez, qu'à l'avenir il est hors de question que je ne me sépare de vous... Je vous suivrai en toutes circonstances et que cela vous plaise ou non. Si j'étais votre garde, désormais je serai votre ombre.


Harchi avait dit cela d'un ton sans réplique. Mais le regard était affectueux. Il doutait que la jeune fille ne comprenne exactement l'Enfer qui l'aurait envahis, si elle avait disparu.
Il lui tenait à présent sa fine main blanche. Après un instant d'hésitation, il ajouta, les yeux baissés.

- Et ... veuillez me pardonner.

Aussi inattendu que brutal, dans un geste rapide, le vieux soldat lui tira sur l'épaule de façon à la lui remettre en place. Attention les oreilles...
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(*) Fille en latin
(**) douce fille du soleil.
Mahelya
Le cris qui sortit de la gorge de la Rousse s'entendit probablement jusqu'au fin fond de la Provence. L'os avait craqué alors qu'il reprenait sa place. La douleur était fulgurante. Comme si on lui avait planté dans les chairs une lame rougie par les flammes. Les larmes ruisselaient des émeraudes sans qu'elle ne puisse rien y faire. Quand elle n'eut plus de voix pour hurler tout son mal, elle se calma et respira profondément. Même si cela lui était encore douloureux, elle pouvait désormais bouger son bras.
Reconnaissante, Mahelya leva ses prunelles vertes sur le visage marqué par le temps d'Harchi. Le vieil homme semblait meurtri, il avait dans ses yeux quelques larmes timides qui se refusaient à se laisser tomber sur le visage flétri.
Prenant conscience qu'elle n'avait pas été des plus tendre avec celui qui l'avait sauvé, elle baissa les yeux, honteuse.


-Merci Harchi.


Les petites jambes se balançaient sur le rebord du lit. Un Sentiment de culpabilité tenaillait les tripes de la Flammèche. Elle lui avait fait payer à Lui, ses propres failles à elle. Alors qu'elle se doutait qu'il serait mort de chagrin si elle avait péri ce soir. Envie de le réconforter...
Mais une fois encore, entre ces deux-là, il n'y avait jamais trop de paroles, ni trop de gestes. Aussi scella-t-elle son regard aux opales du Valet. Regard qui lui disait tout l'amour qu'elle lui portait, tout le remerciement qu'elle lui adressait de l'avoir sauvé elle et son frère. Langage muet qu'eux seuls comprenaient. Aussitôt les yeux d'Harchi se firent plus tendres. Il avait compris.


- Harchi ?! ... Il faudra s'en débarrasser ...
Et la prochaine fois que tu iras voir le Lys, surtout tu ne lui diras rien. Il pourrait vouloir annuler notre entrevue. Et toi-même tu sais à quel point c'est nécessaire... Il faudra donc écarter définitivement la menace... Et nous devrons nous en occuper personnellement...


Oui c'était bien un meurtre qu'elle commanditait... Le ton était sans appel et le regard inflexible. Identique à celui du valet, qui si ce n'était à cause des parchemins qu'il voulait se venger, voulait tout de même voir la vie quitter le Paillard.
Un lourd silence s'installa dans la chambre de l’Étincelle. Et Mahelya savait que chacun imaginait les tortures les plus cruelles.
La Rousse ne s'était pas plainte de sa mésaventure. Et bien que l'envie ne lui manquait pas, elle décida de ne rien montrer. Pourtant la souillure était là. La sensation de ses mains sur sa peau la hantait encore. Et dans son crâne raisonnaient les paroles de Francis : "Jamais elle ne l'oublierait". Force est de constater qu'il avait raison.
Avant de se laisser submerger par les larmes, la Rouquine se leva.


- Je vais prendre un bain, demande à Bertille de m'apporter de l'eau chaude.

Ce n'était pas du tout le moment pour prendre un bain. Et Bertille allait surement hurler de devoir se rendre au puits à pareille heure de la soirée. Mais Mahelya se sentait sale. Pire encore elle avait l'impression de sentir l'odeur de Francis partout sur son corps. Cette odeur d'alcool, de sueur et de ... Une nausée lui vrilla l'estomac alors qu'elle se dépêchait de sortir de la chambre.
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Chez les artistes pour un portrait flatteur !
--Harchi


[Heureux celui qui est dupe car il vit dans l'Ignorance...]

L'Etincelle ne brillait plus. C'était le triste constat de cette soirée. Le palpitant de l'homme agé était serré, et sa gorge était nouée, comme envahit par myriades de souvenirs dont il se refusait pourtant à se laisser penser. Mémoire parasite d'un passer qu'il avait trop voulu oublier. Libérer ce qu'il avait enfoui serait le risque d'anéantir les efforts et le travail sur lui-même qu'il avait si ardemment fourni pour continuer d'avancer. Pourtant c'était bien la même culpabilité, la même impuissance qu'il ressentait.
Soupire.

Aucun mot n'avait été prononcé par sa voix grave lorsque le verdict de la petite Rouquine était tombé. Une exécution. Une sentence. Un meurtre. Il ne pouvait qu'acquiescer. Justice d'honneur. Peine de sang. Juste du. Ainsi donc sa fidèle lame ôterait une fois de plus la vie. Ainsi donc l'acier se sustenterait encore du fluide écarlate. Ainsi donc il verrait une fois de plus la flamme quitter les prunelles d'un ennemi, pour ne laisser qu'une carcasse vide, avant que Mère Nature ne reprenne ses droits et n'engloutisse par putréfaction la moindre chair de celui qui avait été. Une flamme pour une Etincelle… Ce n'est que Justice !
Aussi noir qu'était le tableau, aucune émotion ne perturbait l'Esprit de l'homme au visage marqué. Depuis qu'il avait vu sa Filia (*), là dans cette ruelle, maculée de son propre sang, depuis qu'il avait constaté que Guilhem lui-même avait été battu, il savait… Ces deux gosses là étaient sa famille, sa chair, ses entrailles, son air... Son unique raison d'être depuis… Non ! Interdiction d'y penser… Et la dette pour rembourser cet affront ne se solderait que par la mort.
C'était presqu'un sourire sadique qui se dessinait sur son visage alors qu'il imaginait la scène où la pointe en acier, froide et brutale transpercerait très lentement le palpitant du Paillard, afin qu'il apprécie toute la saveur de l'ultime acte de sa vie, de l'ultime battement. Il imaginait presque le rouge souiller et faire fondre la neige lorsque la masse s'effondrerait.
Imaginer le futur plutôt que de ressasser le passé. Voilà ce qui faisait avancer Harchi.
Et sans le vouloir la Rousse divine venait de lui donner une sacré raison d'avancer, d'autant plus qu'il avait désormais son assentiment pour ce geste barbare.

La longue chevelure flamme ondulante avait disparu derrière la porte, close à présent. La voix avait été chevrotante, au bord des larmes. Il le savait.
Soupire.
Tristesse et admiration se mêlait dans son ressenti. Que cela lui faisait mal de la voir ainsi, fragile, victime, probablement en proie à la peur. Pourtant il ne pouvait qu'admirer sa force de caractère. C'était bien une Angevine, plutôt crever que de montrer ses failles, même devant lui qui l'avait toujours connu. La mort plutôt que le déshonneur, la mort plutôt que la souillure.

La porte en bois craqua. Il comprit que le petit corps de Mahelya s'y était appuyé afin de reprendre contenance. Aussi n'était-ce pas le moment de sortir. Inlassablement, faire comme s'il n'avait rien compris. Aveugle. Ignorant. Gentil dupe de ce qu'elle voulait bien lui faire croire. Si seulement c'était vraiment le cas, la Douleur et la Torture ne serait pas les futures maîtresses nocturne de son âme.
L'homme s'était levé, et la main calleuse parcourait le bois ouvragé de la porte en chêne.
Pas un bruit.
Soupire.
Elle était juste là, derrière. Elle tremblait, il le savait.
Comme il aurait souhaité la prendre dans ses bras, lui murmurer que c'était fini. Que Francis n'était plus… Un étau enserrait ses entrailles.
Des bruits de pas se firent entendre dans l'escalier. Nouveau craquement de la porte. Et il entendait les pas précipités de Mahelya se diriger vers la salle d'eau.


- Je vous vengerai Dulcis Filia Solis.(**)

Promesse murmurée aux ténèbres de cette chambre. L'image d'un Francis agonisant ne quittait plus son Esprit. Il attendit encore un peu que la Rousse soit hors de vue, et sortit enfin.
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(*) Fille en latin
(**) douce fille du soleil.
Guilhem_horvy
Placé sous la garde de Bertille, le jeune enfant n'eut pas le temps de penser à grand chose. Les yeux toujours écarquillés comme paralysé par ce qui venait de se passer, le petit mangea ce que la femme lui servit. Il lui paraissait bien loin le temps ou il s'était enfuit pensant Mahelya complice de l'abandon de sa génitrice, loin cette cachette derrière le tonneau, mais si proche l'arrivée du Paillard, tellement proche qu'il en frissonna. Il portait encore des traces de coups et de sang mêlés à la poussières du sol.

Ses cheveux étaient étrangement grisonnant pour son âge, la femme avait raison un bon bain ne lui ferait pas de mal. Aussi ne ronchonnât-il pas lorsque la femme eut remplit le bain, c'était une espèce de grande caisse en bois recouverte d'un drap, malgré la chaleur de l'endroit, une épaisse vapeur sortait de l'eau. Le petit homme rassasié retira ses vêtements et se plongea dans l'eau fumante. C'est vrai qu'il était maigre l'animal ! Lui qui avait été si rond bébé n'avait désormais plus que la peau sur les os, ses côtes étaient devenue plus qu’apparente et ses joues bien creuse. Le copieux repas qu'il venait d'avaler avait arrondit son ventre, on ne voyait plus que cela.


Prend donc ça l'gamin et qu'tu frotte bien pour enlever l'crasse !

La femme lui tendit un gros bloc de savon qu'il attrapa et frotta un peu partout sur son corps et ses cheveux, ses cheveux... Un long rideau brun qui lui couvrait le visage. Longtemps sa mère lui coupait mais depuis qu'elle l'avait laissé il ne s'en préoccupait plus. D'ailleurs cela n’échappa pas à la Bertille.

Qu'es ce que tu veux dont faire 'vec ta tignasse ? Tu n'veux pas dont que j'te les coupe ?


A cette phrase, le jeune Champlecy plongea la tête sous l'eau et s'ébroua en en sortant afin d’arroser la femme qui osait vouloir toucher à ses cheveux. Un petit sourire en coin jumelé d'un regard noir, et le jeune enfant de répondre.

Ah ça jamais ! Mes cheveux on y touche pas sinon je mord !

Il avait enfin retrouvé ses couleurs naturelles, et la blancheur de peau qui était sienne. Sortant de l'eau il s’enroula dans le tissu que lui tendait Bertille, une pair de brais blanche ainsi qu'une chemise de la même couleur étaient posées sur la table, une fois séché il s'en saisit et s'habilla. Puis ne voulant montrer sa peur ou même sa peine il regarda la femme d'un air interrogatif.

Ça fait longtemps maintenant... Es ce que je peu allez voir Mahelya là haut ?

Doucement la femme lui replaça les cheveux en une raie sur le coté et hocha la tête, alors le petit homme grimpa les marches d'escaliers quatre à quatre jusqu'à la chambre ou se trouvait Mahelya. Devant la porte il trouva le vieil Harchi qu'il interrogea du regard, n'osant parler au cas ou sa sœur se serait assoupie.


[En accord avec jd Bertille.]
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--Harchi


[Position délicate ... Expliquer à un enfant la situation]

A peine sorti qu'il se retrouvait devant un petit brun, ex-berrichon abandonné par sa mère et que sa Filia avait décidé d'élever, seule comme une grande, encore une preuve de caractère de sa Rousse divine. Le petit avait beau faire des efforts sur-humain pour ne pas montrer la peur qui le tenailler, celle-ci n'échappait pas au vieux soldat. Se voulant réconfortant, il afficha un sourire, ni trop grand - ce n'était pas dans ses habitudes et ça aurait éveillé les soupçon du gamin -, ni trop faible - ça ne l'aurait pas rassuré pour deux écus -.

- Ah Guilhem ! Alors Bertille t'a bien nourri ?En tout cas te voilà tout propre, tu es bien plus présentable comme ça.

Affectueusement il ébouriffa la tignasse du gamin.

- Je suppose que tu veux des nouvelles de Mahelya ?

Le regard du vieux soldat se fit plus sérieux, et le vieil homme s'accroupit afin de regarder l'enfant des les yeux. La main calleuse était posée sur la petite épaule du brun et la voix emprunté se fit plus douce, moins forte. Murmure léger qu'eux seuls pouvaient entendre.

- Mahelya va bien, elle est partie dans la salle d'eau, nettoyer son visage. Et après elle dormira sans doute un peu.
...
Guilhem as-tu compris ce qu'il s'est passé ce soir ? je suppose que oui même si à mon avis tu n'as pas tout compris.
Laisses-moi t'expliquer.
Francis, tu te souviens de lui ? Et bien il a voulu faire du mal à ta sœur. Beaucoup de mal. Et même si elle ne saigne pas et n'est pas blessée, je pense qu'il a réussi en partie à le lui faire. Du moins dans la tête. Elle a eu peur, très peur je pense. Et comme Francis a réussi à s'échapper, elle aura encore peur tant que je ne l’attraperai pas. Tu comprends ce que je dis ?
...
Oui tu es un petit d'homme maintenant tu comprends surement. Elle sera peut-être différente les jours prochains. Mais je ne veux pas que tu t'inquiète, elle ne deviendra pas folle. Nous y veillerons n'est-ce pas ? Nous sommes des hommes. Aussi c'est notre rôle que de la protéger. A ce sujet, Fiston, aimerais-tu que je t'apprenne doucement le maniement des armes et monter à cheval comme un vrai soldat ? A vrai dire, je ne te laisse pas trop le choix. Car ce sera ton rôle de veiller sur la Rouquine quand je ne serai plus là.


Même si le ton employé était celui de la conversation frivole, Harchi ne pouvait écarter de son esprit, il n'était plus tout jeune et viendrai le temps ou il les abandonnerait pour rejoindre le Paradis solaire et ... Elles y seraient et l'y attendraient il n'en doutait pas ...
Un nouveau sourire se dessina sur le visage marqué par le temps mais il était moins chaleureux. Triste réalité. Toute vie à une fin et il ne pouvait se demandait, âgé d'au moins quarante cinq ans ce qui était un exploit pour l'époque, quand sonnerait la sienne. Sa Filia se retrouverai seule alors. Il fallait qu'il puisse compter sur Guilhem pour prendre la relève. L'homme se redressa, gardant encore quelques instants la main sur l'épaule de l'enfant.


- Guilhem il est temps pour toi de dormir, demain on commencera au chant du coq !

Et sans attendre de réaction, encore moins de protestation, il dirigea le gamin vers sa chambre, restant appuyé contre le chambranle s'assurant ainsi que Guilhem se mettait bien au lit. Celui-ci ne se fit pas prier, c'est qu'il le connaissait bien le vieux soldat, mieux valait ne pas résister. La bougie fut soufflé et en retournant vers l'escalier, il entendit quelques bruits étouffés derrière la porte de la salle d'eau. Instant d'hésitation. Non. Il devait encore faire celui qui n'avait rien compris. A contre cœur il se dirigea vers la cuisine, demander le nécessaire à Bertille pour le bain de la jeune fille.

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Filia = Fille en latin
Mahelya
[L'enfance est pleine de désillusions.](*)

Et des désillusions la petite elle en avait eu ce soir. Là, appuyer sur cette porte, elle essayait tant bien que mal de retenir les larmes qui envahissaient ses prunelles émeraudes. Elle, qui avait eu si peu d'enfance, si peu de frivolité dans sa courte vie, venait d'entrer avec violence dans le monde adulte. Qu'elle était cruelle cette révélation. Qu'il était tragique de perdre le peu d'innocence qu'il lui restait. Contre cette lourde porte de chêne, le temps se suspendait encore ce soir. Qu'elle avait été longue cette soirée... Un tremblement parcourut son frêle corps alors qu'elle essayait de chasser les souvenirs de cette fin d'après midi. Les larmes ne coulaient pas mais noyaient ses yeux verts. Non ! elle ne cèderait pas, elle ne pleurerait pas ! Elle ne lâcherait pas le peu de fierté qui lui restait surtout pas pour Francis. La petite Étincelle qui ne brillait plus se devait d'être comme cette porte, impénétrable et insondable, un bloc inaltérable en somme. Cela serait surement difficile mais elle se devait de le faire pour Elle, pour Guilhem et pour Harchi... Harchi, d'ailleurs, devait se trouver juste derrière, près à bondir pour elle au moindre mot, à la moindre demande, comme à chaque fois. Harchi qui avait accepter de commettre un meurtre pour Elle sans condition, il y avait à peine quelques instants. Au moins pouvait-elle compter sur lui, comme toujours finalement. Un jour, il faudrait qu'elle lui demande pourquoi il outrepassait ses obligations de valet, et s'occupait d'elle comme si elle était de son sang.

Des pas raisonnèrent alors dans l'escalier, le petit brun, son protégé, venait certainement s'enquérir de son État. Malgré ses bonnes résolutions, la petite flamme n'était pas prête pour une confrontation, pas tout de suite, pas déjà. Aussi fila-t-elle directement dans la salle d'eau. La lourde porte se ferma dans un bruit sourd tandis que le corps encore enfantin s'appuyait dessus. Et là de nouveau le Silence était son compagnon. Peut-être le serait-il encore quelques temps. La jeune rousse devait retrouver son éclat mais pour cela elle devait se protéger, se forger une carapace dans un métal, le plus dur qui soit. Des voix et des pas, étouffés par la porte et les murs de pierre, parvenaient néanmoins aux oreilles de la Rouquine. Harchi expliquerait sans doute la situation au gamin, du moins l'espérait-elle. Le vieux soldat avait toujours les bons mots, la bonne attitude.
Un soupire s'échappa de la fine gorge tandis que la gamine quittait le bois rassurant de la porte, pour s'approcher du miroir sur pied qui trônait dans un coin de la pièce. la chemise de nuit saccagée fut retirée doucement, son épaule encore douloureuse rendait difficile le moindre mouvement. Et les prunelles de détailler son corps abimée.
Un nouveau soupire. Il ne l'avait pas raté. Des bleus tachetaient sa peau, une partie de son visage était noir tant le coup donné avait été violent. Sa lèvre était fendue et son bras tremblait de douleur.
Soudain, un terrible souvenir s'imposa à son esprit et lui vrilla les entrailles. Retenant difficilement une nausée, L’incandescente se demanda s'il avait finalement réussi à la déflorer. Les fines jambes se firent coton et c'est in extremis qu'elle se retint de tomber en s'agrippant au large baquet qui servait de baignoire.
Pourquoi était-elle si faible ? Pourquoi n'était-elle qu'une femme, jeune qui plus est. Son propre corps ne répondait plus. Lentement, l'étincelle s'allongea sur le sol. Doux était le contact du bois sur sa peau maltraitée bien que son corps tremblait comme une feuille, et que les larmes tant retenues glissaient sur ses joues. La rage contenue, sortait enfin. Et comme une émotion si violente demande beaucoup d'énergie, là, sans prévenir, la petite flamme s'éteignit pour un repos bien mérité.

Dors belle enfant, demain sera un autre jour.
Dors jeune fille, d'autres épreuves arriveront.
Dors et laisse toi aller dans les bras de Morphée, Il veillera sur tes songes.

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(*)de Bill Watterson
Extrait de la bande dessinée Calvin et Hobbes - Complètement surbookés !

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