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[RP fermé] Mémoire d'une pécheresse.

Eliane_
[Born to Die]

Quatorze ans, c’est l’âge que j’ai quand ma mère m’amène au couvent pour la première fois. Ce lieu qui sera le mien pour les trois ans à venir. Je me souviens parfaitement de ce moment crucial.

Ma mère est devant moi, à quelque pas. Je la suis sans dire un mot, réclamant au fond de moi que l’on rentre à la maison, suppliant qu’elle ait envers moi, un dernier regard de mère.
Je commence alors à réaliser la finalité même de cette sortie. Plusieurs mois qu’elle m’ignorait, me rejetait, ce couvent sonne l’heure de mon glas.

La raison est la suivante, aussi tragique que tranchante. Mère se laisse dépérir de chagrin et de honte et ne veut simplement plus avoir une fille pécheresse à ses côtés, pour certainement, vivre à nouveau.
Sa faiblesse m’avait forcé à me rapprocher d’elle, à soulager sa peine jusqu’à trouver dans cette douceur, cette fragilité, ce qui induisit mon vice. Mon regard sur les femmes fut plus intéressé.
Quant aux hommes, je n’y avais jamais songé…Ils étaient la raison même du trouble de ma propre mère. Eperdument amoureuse de Théodore, elle finit par noyer son absence dans le désespoir et l’abattement.
Me voir embrasser ma tante, sa propre soeur, ne fit que la condamner et la maintenir dans la voie tragique qu’elle poursuivait.

Alors je suis ma mère, je me dois d’accepter mon sort car après tout c’est mon vice qui la fragilise, la laisse crever à petit feu. Les lèvres closes, la porte s’ouvre et je découvre celle qui me tourmentera toutes ces années.
La mère supérieure, la Marâtre.
Son visage est marqué par le temps, les joues sont creusées. Ses yeux légèrement plissés laissent apparaitre une légère couleur verte. Cette tenue cache les formes et donne à son visage une mine encore plus maladive.
Elle accueille donc ma mère et ne m’accorde, elle aussi, aucun regard. Je ne suis qu’une ombre à la chevelure blonde.

Les heures passent et l’on découvre l’établissement. Les gens ici sont tous silencieux, les pas sont feutrés, l’ambiance est vouée à la prière et à l’éducation.
Il y a un jardin, une cour, une petite chapelle réservée à la messe et autres cérémonies, les cellules sont petites et relativement épurées. Je sens déjà que je n’ai pas ma place ici-bas.
Toutefois je remarque la présence d'hommes, contre toute attente, un prête et deux moines dont la tenue est facilement reconnaissable. Les sœurs sont tout sourire devant eux…Je ne désire que leur cracher au visage.

La Marâtre s’approche de moi, posant sa lourde main sur mon épaule. Je sens sur moi le poids de l’intolérance et du mépris qui m’enserre la gorge et m’essouffle. Ma mère s’éloigne et regagne la porte…
Je ne peux pas bouger, retenue par la mère et ses serres. "Observe au moins ta fille..Que tu abandonnes !"

A ce moment précis, je la plains et la hais pour sa lâcheté. Nous sommes toutes les deux condamnées. Ma gorge se serre, les larmes montent doucement ne demandant qu’à couler pour soulager cette peine.
Je m’y refuse. Je garde la tête haute, me jurant alors de sortir d’ici par n’importe quel moyen, sauve ou maudite.

La mère supérieure m’amène dans ma cellule où je découvre la tenue que je devrais porter tout le temps de mon séjour. Sur la table, un chapelet…Mon premier et mon unique.
Elle me laisse seule un moment et je me change donc, m'affublant de cette tenue ridicule.
J’inspire, enfile le chapelet autour de mon cou et ne dit pas un mot. Ma peine commence alors...

Mes lèvres et ma voix, resteront closes pendant ces trois années…

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Eliane_
Les souvenirs restent des éléments fluctuants. L’esprit en plonge certains dans l’oubli, d’autres persistent malgré lui.

Les premiers jours dans ce couvent furent éprouvants. Je devais m’habituer à leur rythme de vie, oublier ma quiétude pour me plonger dans un monde de rédemption, d’espoir et de prières.
Les journées se ressemblaient toutes et la lassitude et la solitude me gagnait.

Cela en était finit de la grasse matinée, je dois me réveiller dès l’aube par le tintamarre des cloches de l'église. A peine levée, je récite une prière avant de faire le lit et de vaquer à ma toilette.
Quelques temps après, nous sommes toutes en rang à la chapelle pour la prière du matin, avant la messe qui aura lieu à heure fixe.
Ensuite, après avoir déposé nos missels dans la salle de récréation, nous allons au réfectoire pour un petit déjeuner à base de pain, de beurre, et de lait. Il fallait manger en silence, ce qui m’allait parfaitement.
Après le repas, chacune lave ses ustensiles.
Puis, nous récitons encore une prière et nous devons nous occuper des tâches ménagères et de l’entretient du jardin.
Quand les cloches retentissent pour le diner, nous sommes en rang puis nous passons à table pour un maigre repas qui fut préparé à l’avance.
Une fois cela finit, une prière est récitée, encore, et toutes vont en ballade. Pour mon refus de parler et de prier à voix haute et claire, je suis congédiée dans ma cellule et ce, jusqu’à la nuit.

Mais outre cette vie apparemment platonique, je découvris malgré moi, le sort réservé à une pécheresse.

La Marâtre vient me voir tous les soirs pour laisser exprimer son mépris et son dégout que lui inspire mon insolence. Dépitée par mon refus de parler, elle en profite pour se montrer violente.
Il n’y avait aucune place ici pour les fortes têtes et les âmes damnées. Jour après jour, je découvre la véritable bonté des nones et leur capacité à jouer de la badine et des piques verbales.

Je suis moralement rongée par la haine, la dépression et ma peau quant à elle, est marquée par les coups délicats de la vieille peau.
Dans mes songes, je prie sans relâche pour m’améliorer, pour trouver en moi la force de pardonner à ma mère cet abandon…Ce fût en vain.

Ces journées se répétaient sans cesse, des mois et des années durant. Le corps se faisait peu à peu aux coups, l’esprit se forgeait pour ne plus être brisé et réduit en lambeaux par ces maux aussi aisément.
Je devins alors plus réservée, plus résistante. Cette attitude de survie força la vieille, à se montrer plus imaginative.

Alors, seules les corrections changeaient ainsi que les aller et venue de nouvelles âmes perdues…

Ce couvent, je l’ai appris qu’en y sortant, jouis d’une réputation stricte voir extrême. Les punitions étaient ébruitées et certaines amplifiées, d’autres imaginées de toutes pièces.
Les rumeurs de suicides, de violences physiques et d’autres infamies, quant à elles couraient dans toutes les rues de ce petit village italien…

Certaines rumeurs étaient fausses…D’autres au contraire, sont tristement réelles.
Plus j’y pense et plus les souvenirs enfuis reviennent en surface…

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Eliane_
Les êtres qui aspirent à la tranquillité sont les plus fourbes.
Ce fut une leçon que j’ai apprise ici lieu, dans ce couvent. Qui pourrait soupçonner une nonne censée prêcher la bonne parole, d’actes pour le moins douteux et violents ?

Les rumeurs, les sévices, les suicides…Réalité ?

La mère Supérieure est le pilier même de cette éducation ou rééducation stricte où les coups sont permis pour le bien de l’être et de l’âme. Une rédemption, un pardon par la douleur.

J’en fais les frais au quotidien. Quelques souvenirs épars me hantent encore.

Peu de temps après mon entrée au couvent, je reçois une missive de Sambre qui inquiète, désire savoir si je suis bien traitée. Les mots sont discrets, les attentions se lisent toutefois entre les lignes et l’amour qu’elle me porte est vu par la Mère Supérieure qui fouille régulièrement les cellules. Ma propre mère avait également pris soin de l’informer de cet inceste, ce qui facilita l’enquête et me condamna à une punition de taille.
Ce jour-là, la Marâtre arrive dans ma cellule alors que je commence à trouver le sommeil. La porte s’ouvre et le grincement me réveille. Il faut dire que je ne dors plus que d’un œil. Elle s’empare de ma tignasse blonde et me traine hors du lit. Ma voix scellée garde les cris. Elle hurle telle une exaltée, prie, me traite de misérable, d’enfant du péché, de putain et j’en passe. La lettre est dans sa main et je comprends mieux la raison d’un tel réveil. Elle me met à genoux sur le sol et m’ouvre la bouche de force pour me contraindre à mâcher la lettre. Je grimace, recrache le parchemin et la provocation ne sera pas sans reste.
Elle appelle l’un des deux moines et maintenue fermement par ce dernier, j’encaisse les coups de la Marâtre. La badine me frappe le bas du dos, la chair se brise sous les coups puissants, je me cambre, fuis les coups par quelques postures adroites. Des larmes coulent et je suis réduite à mâcher cette lettre. Ma mère m’aura conduite en Enfer, dans un couvent de fanatique…
A chaque lettre que Sambre m’écrivait, je recevais la même punition. Ces mots je les avalais…les coups je les recevais et je finissais par m’y habituer.

Je me souviens également de l’arrivée d’une jeune fille dans ce couvent. Encore plus jeune que moi et née dans une famille aisée et appréciée. Cette dernière est amenée par le père lui-même et les rumeurs se répandent comme une trainée de poudre. Elle était promise à un homme de bonne famille et sa virginité ne devait faire aucun doute. Mais chose surprenante et inattendue, je l’ai surprise plusieurs mois après dans une alcôve en compagnie du prête. Le choc fut tel que la nonne à mes côtés émet un cri qui nous fit repérer.
On est alors invitée à le voir en privé incessamment sous peu. La badine se lève et les fesses sont présentées pour recevoir la punition. Je déteste résolument cet endroit et ces mœurs perverses. L’image du prêtre examinant l’intimité de la pucelle me revient encore en tête, de même que l’humiliation ressentie en présentant mon fessier au prêtre.
La nonne se renferme quant à elle sur cet évènement fâcheux et se convint dans l’élaboration d’une excuse respectable pour le prêtre. Elle niait l’évidence, réfutait la réalité…
La jeune fille fut ramenée à sa famille quasiment intacte, le mariage se déroula sans encombre et un banquet nous fit offert pour féliciter la qualité de l’éducation…Quelle bande de niais.

Quant aux suicides, il ne s’agit point d’une rumeur. Ils étaient même plutôt courants à vrai dire. L’ambiance, les règles, les punitions, tout était fait pour amener les âmes damnées à mettre fin à leur vie. Les esprits les plus fragiles s’y prêtaient les premiers. Il n’est point évident de vivre dans un établissement de fanatique et s’ils ne pouvaient nous tuer eux même, c’est par cette affaiblissement, cette destruction physique et morale qu’ils nous invitaient à agir pour eux. Le couvent ne tolérait pas de fautes. Je suis restée avec eux, telle une tâche de vin si difficile à faire partir au lavoir.
En quatre années, j’ai pu compter une trentaine de suicide. Ce nombre est simplement énorme mais toutefois relatif aux traitements. Ils ne faisaient pas dans la dentelle, humiliation, famine, violences…
Mon arrogance m’a valu plusieurs séjours dans les latrines. Une semaine entière sans manger, rationnée pour boire, seule et accompagnée de l’odeur caractéristique des latrines, souvent rejoint par celle de mes vomissements nauséeux. C’était une punition courante, l’une des plus avilissantes. Je ne suis jamais allée en geôles mais la propreté et l’univers doit être le même à coup sûr.
Les deux amies avec lesquelles je m’étais liées, le plus sentie à mon aise dans le couvent ont mis fin à leurs jours…La première s’était poignardée, la seconde avait choisi la pendaison. A leur mort, je me suis interdite de toute amitié car la perte de ces soutiens, était des plus douloureuses. Une baffe en plein visage qui me ramenait à ma solitude.

Mais outre cela, le pire des sévices restaient toutefois ceux commis par les moines...Même s'ils étaient peu présent, ils étaient les hommes de mains de la Marâtre.
Les plus inspirés. Peut-être qu'ils furent inconsciemment mes mentors dans l'univers de la perversion et du sadisme...

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Eliane_
Les moines…Ils ont beau n’être que deux, ils savaient à eux seuls plonger le couvent dans un abysse sans fond. La perversion, la luxure, les vices, toutes ces choses qui devraient leur être interdites ne le sont pas.
Ils sont les bras droits de la Marâtre, les bourreaux de ces nonnes et les amants de ces enfants de cœur.

Les saignées parmi bien d’autres tortures ont leur préférence, idéales pour expulser le Mal, moins pour rester en forme des années durant. Moi et quelques pécheresses, on en fait les frais au moins une fois par semaine, deux pour les plus téméraires.

Ils ont leur propre salle dont la décoration est relativement sobre. La largeur est celle de deux cellules juxtaposées, en somme pas de quoi casser deux pattes à un canard. La première fois que je m’y rends, ils m’escortent et m’amènent au centre de la pièce. Mon cœur est noyé d’appréhension et j’avoue que pour l’inauguration, je ne la ramenais pas.
Ils me prennent les bras, les attaches à deux rubans accrochés à deux anneaux maintenues par une large chaine, elle-même solidement fixée au plafond. Me débattre ne sert à rien et la curiosité et la peur est-elle que cela ne me vient même pas à l’idée. Je suis légèrement appuyée sur les genoux, au bord d’un tabouret, deux jattes blanches à mes côtés et j’attends désormais.
Je regarde le plafond, bouge les liens pour jauger de leur solidité et me convainc en l’adoption d’une attitude docile. Ils s’approchent alors à nouveau, me bandent les bras et les yeux. Les minutes sont bien longues face à l’attente, peut-être était-ce cela le plus redoutable, la peur de l’inconnu.
Soudain la piqure est faite dans les deux bras, j’étouffe le cri, les tripes se vrillent et je sens ce liquide couler sur ma peau...Cette vie quitte son écrin, longeant mes bras et s’écoulant sur le sol en bruit qui m’arrache encore un haut le cœur.
Les minutes passent et j’encaisse leurs prières…Mes oreilles bourdonnent au fil des minutes et ces paroles que je saisissais clairement ne deviennent qu’un chahut au bout d’un moment. Les forces ne sont plus, mes mains s’accrochent vainement aux rubans et je me sens fébrile. Je chancèle mais retenue par les rubans je ne peux tomber. Ma tête se repose sur mes épaules et je me retrouve noyée par mon propre sang…la tête en avant, puis en arrière, je ferme les yeux…Je me sens partir.

Je reprends connaissance, je suis lavée et dans ma couche. Une nonne est à mes côtés et m’apprends que ma perte de connaissance avait duré un jour entier. Aussitôt réveillée et le potage donné, elle s’en va pour prévenir les autres de mon réveil.

Ma bouche est pâteuse et le dos appuyé sur un amas de tissus, le buste relevé, je reprends un peu de force. Ils arrivent ensemble, ces deux bourreaux et la Marâtre est derrière eux. Ils débattent sur ma condition, sur cette saignée de qualité…Beaucoup de Mal a été enlevé de mon corps, les forces perdues sont dues à l’absence de ce corps démoniaque qui m’habite et qui s’affaiblit…Il me faudra alors poursuivre sur cette lancée...

Je viens à peine de me réveiller, d’avaler ma soupe que déjà ils me donnent envie de gerber.

La saignée, on y est toute passée…les jours de repos qui s’en suivirent varient alors selon la capacité de récupération et la quantité perdue. Personne ne parle de cela, aucune nonne n’ose évoquer la saignée.
Ce sujet est tabou…simplement effrayant. Mais il n’est pas le seul procédé, le seul vice, que l’on aimerait oublier des années après…quoique celui qui me vint en mémoire me réjouis encore...


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Pour cette torture-là, je l’ai découverte un an après mon entrée au couvent. Mon cas était peut-être moins préoccupant à mon arrivée, à moins que je ne fusse simplement moins impressionnable, qu’en sais-je.
Il est l’heure du repas et accessoirement celui de la prière et du silence qui s’en suit. Programme inchangé depuis le temps.
Les moines s’avancent vers moi et me font signes de me retirer. Abandonnant mon assiette, je les suis au pas. Le prêtre est devant la même salle et la Marâtre également. La boule au ventre me tient les tripes et j’inspire profondément.
Mon silence les insupportait toujours autant et mon penchant ne s’était pas amélioré, je savais que j’allais avoir droit à une saignée…Sauf qu’une fois dans la salle rien était à sa place.
On me place au milieu de la salle, la porte est fermée et le cœur frappe ma poitrine avec une telle force que j’en émets une grimace et me tord légèrement.

La Marâtre s’approche de moi, gifle mon visage avec une telle force qu’elle réussit à me sonner. Je fulmine intérieurement, préparant déjà un amas de salive et de glaire que je pourrais lui cracher au visage.

"Refais ça, vieille peau et je te refais le visage à ma façon."

Le prête commence à réciter des prières, les moines le suivent et la Mère Supérieure défait mes habits pour me mettre nue devant eux. Impassible, j’attends et plus les prières passent et plus je commence à comprendre.
Ils désiraient me punir pour oser aimer les femmes, ils voulaient me voir avec un homme, me faire souiller par un mâle…La porte s’ouvre et justement un homme pénètre les lieux.
Je le reconnais…Cet homme n’était autre que le boulanger du quartier. Petite, j’allais souvent lui rendre visite avec ma mère pour y récupérer notre miche quotidienne…Le voilà devant moi, le visage décomposé de me voir. les yeux brillants de me savoir nue. Il était envoyé pour tâter de mes miches...
Le prêtre, la Marâtre et les deux moines quittent les lieux tout sourire.
La porte close, je me retrouve à nouveau livrée à moi-même.
Il s’avance, mains tendues vers l’avant, s’excusant brièvement pour ce qu’il va me faire, justifiant ces méfaits par le pardon offert par les religieux…Je découvre le trafic lié au Pardon.
Une main tente de se poser sur moi et je lui crache au visage avant de serrer le poing et de le lui envoyer en plein dans la mâchoire.
Ils venaient de m’offrir un moment inoubliable…
Je peux déverser ma haine sur un pauvre pion. Mes coups sont hargneux, les poings serrés par la rage, mon imagination sadique s’ouvre soudainement à la vue de ce corps qui m’est livré. Les coups que j’encaisse ne m’arrache que quelques grimaces, il allait devoir faire mieux…Les religieux m’avaient forgé avec leurs badines.

Le temps passe et alors que la porte s’ouvre, je suis à genoux, une main sur la côte, la bouche en sang et j’halète comme un animal qui se remet d’un combat. Ils n'aura pas eu ma virgnité...
Le boulanger est inconscient à côté de moi et alors qu’ils m’observent, je leur offre un dernier sourire en coin avant de finir mes jours dans les latrines pendant une semaine entière, privée désormais d’eau et de nourriture.
Epuisée, sans énergie, sans force…Je m’étais évanouie jusqu’au cinquième jour de calvaire…

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Eliane_
Eliane marque une pause dans ses pensées pour faire chauffer de l’eau et s’octroyer un moment de détente. Se souvenir de tout cela blesse autant que cela perturbe.
Elle savait que cette expérience au couvent, l’avait forgée, endurcie mais malgré cette fierté qu’elle pouvait ressentir pour s’en être sortie de la sorte, elle savait son esprit et son corps à jamais marqué.

Dénudant sa peau, elle s’approche du miroir et observe son dos. Des traces de coups de fouet qui restent malgré les années mais qu’importe.
Continuant son observation, elle attache sa chevelure en un chignon à l’aide d’un ruban et jauge le reste de sa personne.
Mis à part cette flétrissure dans l’avant-bras droit en signe de Lys, signe des putains, les cicatrices dans le bas du dos, sa peau était lisse. Son corps était menu, ses formes peu volumineuses. Elle effleure sa nuque, la masse et soupire.
Une envie, une seule…Celle de se remplumer, de devenir plus femme.
Elle avait pourtant de belles formes, une chute de reins marquée, des fesses rondes, ce n’était que ses seins qu’elle trouvait petits, loin d’être aussi beaux que ceux de Sambre ou que ceux de Fanta.
Attrapant le sceau d’eau chaude, le vidant dans le bain, elle savoure cette chaleur et décide de la déguster.
Elle y pénètre entièrement, plongeant sa tête sous l’eau. Un moment de répit, de silence absolu. Les seules pensées qu’elle s’autorise sont celles qui la lient à Sambre.
Cette femme, sa tante pour qui elle aura assumé ces risques, ces tortures, ces souffrances sans jamais broncher.
Elle avait elle-même son propre mal, ce démon qui l’habitait, qui affaiblissait son corps et son esprit mais qui n’avait de cesse de rendre ce lien vital.
La tête sort de l’eau, elle pose ses mains sur ses tempes et essuie l’eau sur son visage.
Sambre était la seule personne qu’elle aimait après tout, et les maux vécus n’étaient rien comparé aux souffrances que Sa Folie devait subir au quotidien, tremblements, fatigue, visions…Même les plantes de sorcières ne la soulageait pas.
Mais à aimer autant une femme, désirer autant un être sans pour autant l’avoir…créait un état de manque. Ce désir, cette frustration, j’ai dû la vivre au quotidien pendant ces années de couvent.

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Je ne fais pas dans la dentelle. Quand une nouvelle arrivante vient à entrer en Enfer, je m’approche d’elle, l’observe et tâte le terrain pour savoir si elle serait du genre à se laisser tenter. Si je vois une possibilité, aussi infime soit-elle, je fonce.
Je donne des rendez-vous, verger, jardin, alcôve, chapelle, ma cellule ou la sienne…
Plus je pouvais heurter le Très Haut, plus je pouvais choquer la Marâtre, plus je m’embrasais, plus le plaisir était intense. Mais parfois, elles ne sont pas aussi dociles.
Ce fut le viol de l’une d’elle qui me condamne à une punition digne de ce nom. J’aurai dû être prudente mais, c’était de la provocation car je l’avais compris, quitte à être damnée, autant le faire avec application.
Je suis convoquée chez la Marâtre chose évidente, la jeune femme est là. Honteuse, elle ne m’observe même pas. J’hausse les épaules et reste impassible face aux paroles sèches de la Mère supérieure.
Une punition allait tomber, restait à savoir laquelle...

Les moines m’amènent dans la cour et je suis surprise de voir tout ce monde. Tout le monde sait désormais que je suis une pécheresse, une femme du Démon, une femme qui en a agressé une autre pour assouvir un besoin primaire…
Je suis une putain, un animal.

A genoux sur le pavé, le visage baissé de force, on descend le haut de ma tenue jusqu’aux hanches.
Mes mains se posent sur mes seins et le dos arrondis, je me prépare.
Le fouet claque devant moi…J’inspire, ferme les yeux et j’encaisse. Les coups me brisent, me blessent, ravives des plaies à peine cicatrisées, je déguste mon insolence. Je les hais encore plus et m’enrichis de cette souffrance. Je suis une âme damnée, je dois assumer mes vices, récolter ce mal que je sème et incarne.

Je commence à flancher sous la douleur et les larmes coulent malgré ma fierté. La douleur est insupportable…
Je creuse les reins, fuis à nouveau les coups mais l’un des moines s’approche de moi et me remet en position. Selon lui, je mériterai simplement de me suicider, de soulager le Très Haut de cette peine que j’incarne par ma seule existence….
Mais qu’il aille au diable celui-là, jamais je me porterai moi-même le coup de grâce…Sambre a besoin de moi hors de ces murs.

Je pleurs toute les larmes de mon corps et cris pour la première fois ma peine. Le son de ma voix éclate en un crit effrayant, empli de douleur et de rage... Le premier cri après des années de silence, de tortures.
Enfin plus un coup ne tombe, ils cessent de satisfaire leur sadisme. Je cède car je réalise que pour sortir d’ici, je dois m’écraser…
Je suis dans le temple du Très Haut, où les misérables ne sont que des larves. Ils ont gagné…
On me traine jusqu’à ma cellule, épuisée, je ne dis rien et la Marâtre veille aux soins que l’on me prodigue sans aucune douceur. Je me souviendrais toujours de sa remarque…

"Ravie de voir qu’en ce jour, tu cèdes insolente vermine…Avoue que tu es une putain et tu sortiras, tu rejoindras les remparts ou la fosse.."

C’était ça la finalité…Je suis à ma troisième année de couvent. Mon corps n’en peut plus, mon esprit non plus et la Marâtre veut que je brûle toute trace de dignité. M’avouer putain….

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Eliane observe son avant-bras, cette fleur de Lys et plonge sa tête à nouveau sous l’eau…
Par amour, elle avait balayé toute trace de combativité…
Pour protéger celle qu’elle aime, elle avait accepté de n’être qu’une larve.
Par amour, elle était putain...

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Eliane_
[Après les souvenirs...La réalité...Frappante.]

Trois jours sans dormir, à surveiller Sambre, calmer ses crises tant bien que mal. Les tremblements sont de plus en plus forts, la fatigue les gagne toutes les deux et contrôler ces spasmes devient moins évident.
Collée à sa tante, chevauchant cette dernière, elle fait attention que pendant ses crises, elle ne se blesse pas.
Ses mains plaquent celles de Sambre au sol, elle lui murmure des paroles rassurantes, bloque ses jambes avec les siennes. Elle ne doit pas se faire mal, se nuire.
Les minutes passent et alors que le corps se calme, Eliane revient vers sa tête pour la soutenir et veiller à ce qu’elle ne s’étouffe pas, n’avale pas sa langue…ou d’autre chose désagréable.
Elle range ses cheveux, essuie son front transpirant et les paroles se font encore plus présentes, rassurantes.

La blonde a l’habitude de ces crises mais cette fois la fréquence est effrayante. L’une se termine, qu’une autre commence. Sambre n’arrive à dormir que quelques petites heures par jours…
C'est assez toutefois pour qu’Eliane puisse s’aérer l’esprit, voir un peu son frère et surtout se reposer et s'alimenter.

Aujourd’hui Eliane s’endort enfin aux côtés de Sambre. Elle a passé un peu sa nuit auprès de son frère et cette dernière fut constructive. Ils se sont rapprochés, confiés et chacun su apprendre de l’autre…faiblesses, tentations, force.
Dante avait ce côté rassurant et même s’il était réservé, qu’il avouait ne pas savoir être tactile, il avait su prouver le contraire et être entier.

Sa main se pose sur le corps de Sambre et soudain, voilà qu’elle tremble à nouveau. "Non pas encore !!"
Epuisée, Eliane se ressaisit et le corps encore marqué par la fatigue, elle vient aider son amour.
La prise n’est pas si assurée, si ferme que d’habitude et pour cause, le corps d’Eliane ne suit plus malgré sa volonté, trois jours qu’elle ne dort que peu et encore, si elle venait à ne pas pleurer ou à se ronger les sangs en imaginant le pire.

Elle tient, attend jusqu’à ce que Sambre à nouveau se calme. Elles parlent, pleurent et savourent ce moment de lucidité. La blonde savoure les lèvres de sa douce et elle la laisse se reposer.

Le rythme est dur à tenir…S’approchant de la salle d’eau, Eliane verse de l’eau sur son visage, lave son corps et s’offre une toilette pour son propre plaisir et pour se réveiller.
Elle revêt une robe dans laquelle, elle se sent la plus à l’aise, tellement qu’elle est ancienne, le tissu est des plus doux et puis surtout, les gestes sont plus libres.
La pucelle s’empare d’une large couverture qu’elle place sur le corps de Sa Folie et assise à ses côtés, elle l’observe, la surveille encore…La tête plonge vers l’avant, elle lutte.

Puis finalement, elle s’endort d’épuisement…Un sommeil lourd, profond. Elle ne se sentit même pas chuter sur le sol, ce n’est qu’en se réveillant brusquement qu’elle s’en rendit compte.
Sambre suffoque, la crise est telle qu’Eliane fut obligée de l’entendre malgré le sommeil.

Elle s’approche d’elle avec hâte et la maintient. Le même rituel mais la force qu’il faut pour la retenir, elle, n’est pas la même. Elle peine à la garder en place, à lui éviter de se faire mal, Eliane reçoit même quelques coups.
Sambre n’est plus là…le Démon la ronge entièrement. Elle divague, insulte, crit et enfin se tait pour laisser place à des gestes brutaux, des crispations effrayantes.

Essoufflée, Eliane déglutit et se prend un mauvais coup. Le poing crispé de Sambre heurte l’arcade de la blonde. Un geste violent qui la sonne pendant un temps et qui la force à conserver une main sur la plaie qui ouverte, laisse couler abondement du sang. Comment une plaie si insignifiante pouvait laisser couler tant de sang…

Sambre….Sambre…Accroche toi, s’il te plait !...Reste avec moi…Ma Folie, je t’en prie…Je t’en prie…

Non, Sambre n’est plus là…Son corps ne semble être tenu en vie que par un amas de soubresauts. Eliane se force pour ne pas la laisser partir, s’y refusant simplement, même si elle savait que sa mort devait arriver un jour.
Les crises étaient un signe annonciateur.
Elle la tient et sous ses doigts, le corps ne réagit plus…Les yeux clos, Sambre ne répond plus.

Une baffe dans la trogne…Celle qu’elle aime n’est plus.

Soudainement, elle recule…poste son dos contre le mur, jambes repliées contre son buste, le sang coulant encore sur son visage…Elle pose une main sur l’arcade ensanglantée et les yeux fixes, ne lâchent plus Sambre
Ce corps inerte, cet amour qui n’est plus…Comment, comment après tout ce mal pour vivre ensemble, elle pouvait l’abandonner et partir…
Choquée, Eliane reste inanimée…le regard toujours fixe, les yeux clignant juste par obligation…
La douleur dans sa poitrine est intense, brulante. Damnée, elle était damnée…

On frappe à la porte et pour cause la mort de Sambre n’avait pas été des plus silencieuses.

Peut-être était-ce le tavernier ou des clients, alertés par les bruits, ou Dante qui avait voulu rassurer Eliane par sa présence et qui avait loué une chambre à côté.
Qu’importe, la blonde est en état de choc, paralysée par ce corps inerte, cette morte qui n’est autre que celle qu’elle a aimé toute sa vie...

La gorge est serrée, le corps bouillonne, l’esprit est noyé par tous ces souvenirs…Elle n’en revenait pas…Tous ces secrets, cette passion, cet amour intense, ces moments de souffrances pour protéger, assumer cet amour interdit…
Tout…tout se finissait ainsi…Le corps vaincu par la maladie. Le démon avait vaincu l’esprit, le corps de son aimée…
"Sambre…Sambre…Non…."

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Dante.tommaso
Du bruit avait retenti dans la pièce d’à côté faisant sursauter Dante. D’abord hagard, il avait fixé un point lumineux au travers de la fenêtre, sans aucun doute la lune qui brillait ce soir plus qu’à l’accoutumée puis il avait attendu de voir si cela se reproduisait. Il n’était pas rare de voir des disputes dans les chambres d’une taverne, un client insatisfait du travail d’une coureuse de remparts ou bien encore une querelle de couple, parfois un soldat éméché braillait comme un veau contre les ordres qu’il recevait quotidiennement et qui finissait par lui déplaire. Dante était donc habitué à avoir un sommeil interrompu mais cette nuit il était aux aguets.

Il savait sa jeune sœur dans la chambre jouxtant la sienne aux prises avec la maladie de sa tante. Ils en avaient parlé longuement tous les deux la veille au soir, dans une taverne, assis au coin du feu. La douce chaleur et le peu de lumière avait été propice aux confidences de part et d’autre et doucement, Dante se laissait apprivoiser par Eliane et peut être que la réciproque était vraie. Il avait encore du mal à cerner cette jeune personne qui lui avait demandé juste après avoir essayé de le tuer de l’emmener avec lui. Les destinées étaient parfois bien étranges et Dante ne cherchait plus à comprendre depuis quelques temps, il vivait ce que la vie lui offrait.

Un autre bruit plus sourd cette fois-ci se fit entendre. L’Italien rejeta le drap de sur son corps et sans même chercher à être présentable sortit en trombe de sa chambre. Ce fut d’ailleurs pieds nus, ses braies qu’il n’avait pas quitté au cas où sa sœur l’appellerait à l’aide et la chemise débraillée comme à son habitude qu’il se présenta à la porte de la chambre. Et il avait beau frapper contre cette dernière, personne ne lui répondait. Sachant que la porte ne serait pas fermée à clé, Dante poussa cette dernière rapidement. Et son sang se glaça.


    Tragédie quand tu nous tiens. Pas besoin d’être devin pour voir que tout était fini pour Sambre. Le corps inanimé de la jeune femme trône au milieu de la pièce et je cherche déjà du regard Eliane. Faisant signe à Lupino qui m'a suivi de s’occuper de celle qui vient d’être délivrée des crises qui rongeaient sa vie, je m’approche de ma sœur avec précipitation lorsque je réalise que du sang s’échappe de son front. Me laissant tomber à ses côtés lourdement, je pose ma main sur la sienne tandis que mon bras libre vient entourer ses épaules. Son regard ne bronche pas, comme hypnotisé par le corps de la blonde aussi je me mets à murmurer tout contre elle afin de la faire revenir vers moi.


- Eliane… Eliane tu m’entends …. Bella… cara mia… je t’en prie regarde-moi… ne te laisse pas aller, je suis là… je serais toujours là Bella…


Doucement, avec toute la tendresse dont il pouvait faire preuve à cet instant, Dante fit un point de compression sur l’arcade qui avait été martyrisée puis il glissa son corps contre celui de sa sœur, la prenant contre lui afin qu’elle lâche prise et se sente moins seule. Il savait qu’elle pourrait refuser ce contact, il se doutait qu’elle risquait même de se rebeller mais la laisser dans cet état lui était insupportable. Avec patience, avec cet amour fraternel qu'il lui portait et dont il mesurait à présent l’ampleur, il embrassa la chevelure de la blonde. Et dans sa langue, il se mit à lui parler lentement, lui contant les affres du cœur et de l’âme de ceux qui s’aimaient avec cette pureté, cette sincérité, cette passion qui leur était propre mais que même la mort ne séparerait jamais. Un jour… un jour prochain ils réussiraient à se retrouver.

Dante ferma les yeux, chassant cette scène qu’il avait devant lui. La mort avait la salle habitude de venir visiter les siens depuis un moment et ça commençait à lui peser. Ce fut la main de Lupino sur son épaule qui le fit réagir. Ouvrant ses yeux, il observa son ami qui lui murmura quelques mots dans leur langue maternelle et Dante acquiesça. Il fallait rendre la mort de Sambre supportable aux yeux de tous et ne pas la laisser ainsi. Personne ne devait voir comment tout c’était terminé alors Lupino s’en chargerait tandis que l’italien se relevait, portant sa sœur dans ses bras. Il était hors de question de la laisser là et puis il fallait la soigner et la faire réagir. Doucement, Dante l’emporta dans sa propre chambre et du bout de son pied, ferma la porte aux curieux qui risquaient de débouler. Soustraire Eliane à la suite des évènements c’était tout ce qui lui importait. Dans quelques heures il ferait jour et une nouvelle page devrait s’écrire dans leur vie.

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Eliane_
Figée…Eliane ne remarque même pas que la porte s’ouvre. Le choc est trop grand. L’esprit n’est plus. La voix de Dante lui parvient et la force à rester parmi eux.
Elle discerne ses traits, la douceur de sa voix masculine, ses gestes rassurants, la chaleur de son baiser, et pourtant…
Le corps est immobile, les yeux restent toujours aussi fixes.

La blonde désire éclater simplement, en elle, tout se consume, les organes se serrent devant cette injustice. Elles avaient tant fait pour rester ensemble, survivre chacune face à leurs maux, mais la maladie de Sambre avait été plus forte…
...Tout est fini.
Jamais plus elle ne partagera un baiser avec Sa Folie, sentira sa peau, partagera une nuit avec elle, vibrera de ses rires et sourires, humera son odeur, se confiera à celle qu’elle aime, échangera des mots et des caresses…
Celle qui faisait partie intégrante de sa vie, gisait là, derrière le corps de son frère…Une image brutale qu’elle ne peut retirer de son esprit. Son corps qui bouge sans cesse, tremble, ces chocs…Le démon à un visage troublant, effrayant.

Son corps est bougé, elle se sent portée. Les bras de Dante la soutiennent, la plaquent contre lui pour l’amener loin de cet enfer. Sa tête posée contre son torse, reste ainsi.
Elle cherche le contact et au contraire, ne le fuit pas. Sambre avait été la seule confidente, la seule personne qu’elle avait fait entrer dans sa vie, à tout savoir d’elle.
Et même si elle avait su affronter des épreuves seule, celle-ci était trop importante, pour l’encaisser sans aide. Il n’était pas évident pour elle de savoir que tout cela prenait fin ainsi mais elle avait un frère.
Une personne qu’elle avait failli tuer, un homme qui malgré son caractère certain agissait comme s’il avait toujours été à son contact. Une présence rassurante.

Alors que la chambre de Dante apparait alors à ses yeux, elle se laisse glisser hors de ses bras.
Immobile, elle reste dans le centre de la pièce et se contente de respirer doucement. Elle lutte contre son absence, ce trouble, ces images sordides qu’elle veut effacer maintenant, sans attendre…
Eliane ne veut garder que les souvenirs délicats de Sa Folie. Des larmes coulent enfin…Une faiblesse qui l’insupporte et qu’elle va s’empresser de cacher...

Sans un mot, elle essuie ses larmes et ses pas se dirigent vers la salle d’eau et ne cherchant pas à savoir si l’eau était encore froide ou chaude, ou même à savoir si son frère suivait, elle s’engouffra dans le bain, entièrement habillée.
L’eau était froide et saisit par cette sensation humaine, vivante, elle lâche un soupir de surprise et se laisse aller dans cette eau. Les muscles se détendent doucement, l’esprit se libère peu à peu.
Elle se soigne elle-même…Elle pleure mais ses larmes noyées dans cette immensité d’eau est insignifiante, cela la rassure.
Une femme aussi fière qu’elle se devait de trouver dans la solitude d’un moment, un moyen pour briser son assurance, sa force. Elle glisse la tête sous l’eau, un court instant.
Le vide…Ce même vide qu’elle aimait s’autoriser de temps en temps lors des coups durs. Un moyen pour elle de se retrouver, de mettre de l’ordre. Là, les images étaient tellement fraîches qu’elle n’y parvient pas.

Soudainement, le souffle lui manque et elle sort brusquement la tête hors de l’eau. Une bouffée d’air qui la ramène vers le monde des vivants…Son corps reste encore dans l’eau, prit désormais par quelques frissons.
Son esprit choqué avait su balayer la morsure du froid et ses effets. Ces derniers furent aussitôt ravivés par sa prise de conscience.
Sa main se glisse sur son visage, elle l’essuie et essors sa chevelure.
Elle se relève enfin, la robe emprisonnant son corps de cette fraîcheur indésirable mais pourtant si rassurante…Vivante et consciente, les formes collées au tissu.

Eliane s’extirpe du bain et s’avance vers la pièce centrale, son regard est actif, ses iris noirs cherchent Dante.
Elle se blottit alors contre lui, le saisissant certainement par sa fraîcheur mais elle en a cure. Elle vient chercher sa chaleur…Ses mains se posent sur celles plus masculines pour l’inviter à l’enlacer.
Les larmes ne sont plus et ne vont plus couler. Sa force tient à cela, à ce refus total de se laisser aller entièrement, craignant justement de ne plus pouvoir se relever seule. Elle sait ne pouvoir compter que sur elle et pourtant...

Merci…d’être là….Pardonnez-moi...car j'ai besoin de vous

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Dante.tommaso
La douleur était intense pour cet homme qui voyait sa sœur s’enfoncer dans une tristesse et une détresse sans fin. La mort d’un être cher vous attirait inexorablement vers le fond. Il le savait pour l’avoir déjà vécu. Peu importe les sentiments que l’on avait pour l’autre, tout était réduit à néant en quelques secondes et la solitude envahissait rapidement son être. Et sa sœur n’échapperait pas à la règle. Un soupire de frustration de savoir par quoi elle passerait se fit entendre dans la chambre tandis que ses yeux la suivait jusque dans la salle d’eau. Une main sur sa nuque à se masser légèrement les muscles tendus à l’extrême et le voilà qu’il cogitait déjà.

Faisant les cents pas en attendant que la blonde veuille bien se montrer, il avait respecté son intimité même si l’inquiétude l’envahissait au fur et à mesure que le temps passait. Peur de ne pas savoir l’aider, peur de la voir sombrer et se laisser mourir… cela faisait si peu de temps qu’il l’avait rencontré que les doutes l’envahissaient. Ecoutant le moindre des bruits qui lui parvenait de la pièce d’à côté, il se stoppait au milieu de la pièce, rongé par cette incertitude qui montait en lui.


    Pourquoi faut-il que le monde soit si cruel. Nous les enfants du hasard souffrons depuis notre plus jeune âge. On ne nous a guère fait une place au soleil, s’acharnant sur nous pour nous faire trébucher et nous anéantir mais à chaque coup, n’en déplaise, on s’est relevé. Mais aujourd’hui… aujourd’hui Sandeo est mort. Celui qui m’a tout appris, donné le goût à la vie que je mène s’en est allé et Sambre vient de quitter Eliane. Notre monde s’effrite un peu plus chaque jour. La seule raison qui me fait encore tenir debout alors que parfois j’aimerai me laisser glisser moi aussi vers ce néant c’est sans aucun doute l’attrait du danger que représente ma vie. Je sais qu’un jour ou l’autre je ferai un faux pas et que quelqu’un m’attendra au tournant… Mais Eliane… si jeune et déjà la souffrance rythme sa vie… J’aimerais l’aider sincèrement mais Dio que suis-je sensé faire maintenant ? je n’ai jamais eu de frère ou de sœur, je ne sais pas si mes mots seront assez convaincants pour la raisonner, pour éviter de la persuader que la vie n’est qu’une chienne qui n’en fait qu’à sa tête… je suis démuni devant elle et son chagrin…


Le regard de Dante se posa sur la porte de la chambre semblant entendre des bruits dans l’escalier. Lupino était chargé de faire le nécessaire, il savait qu’il pouvait compter sur lui. Maintenant il fallait réconforter sa sœur et le plus dur risquait de venir à ce moment là. Le retour sur terre, la compréhension et l’acception… tout dépendrait des mots qu’il choisirait mais avant qu’il n’ait pu réagir un bruissement de pas lui fit tourner la tête et à cet instant même il reçut le corps trempé d’Eliane contre lui. Pas de doute, il ne pouvait pas la rejeter et faire comme si de rien n’était alors avec cette tendresse fraternelle qui les caractérisaient tous les deux, il referma ses bras autour de son corps acceptant ce rôle de grand frère qu’il tenait depuis que son regard avait posé ses yeux sur elle. Et les mots qu’il entendit marquèrent ses lèvres d’un sourire.

- Il parait qu’à deux on est plus fort… on pourrait peut être tenter l’expérience si tu m’acceptes à tes côtés ?

    Ne pas la brusquer, ne pas la chasser, ne pas la braquer non plus... Il faut y aller progressivement, lui donner les rênes, lui permettre de garder cette indépendance que j’ai deviné dès les premiers instants. Machinalement ma main caresse ses cheveux d’un geste rempli de tendresse tandis que mon autre main se glisse dans son dos pour la maintenir au cas où elle se sentirait défaillante. Ça fait des jours qu’elle veille, des jours qu’elle ne mange presque rien et ce soir c’est le coup de grâce mais je ne bougerai pas. Quoi qu’elle veuille, tant qu’elle en émettra le désir, je serais là. C’est drôle, je ne m’étais jamais représenté en frère ainé de quelqu’un. Lupino est plus âgé que moi et même si nous sommes proches c’est lui qui me rattrape souvent. Ici les rôles sont inversés et je me dois de veiller sur elle maintenant que nous sommes tous les deux. Ce voyage pour trouver cette famille dont je n’avais pas besoin m’offre le plus beau des cadeaux au cœur de cette tragédie. Il m’offre une sœur dont je ne peux que faire mon égal.

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Eliane_
Logée dans les bras de son frère, elle inspire enfin. Sa main masculine se perd dans sa chevelure tandis qu’une autre se pose dans son dos pour la maintenir. Tout se bouscule dans sa tête et elle cherche le silence, le néant. Ce corps qu’elle presse contre le sien est plus large, plus musclé, plus rassurant que celui d’une femme. Elle découvre alors la chaleur que peu dégager un homme, ce premier contact.
Il avait été déjà le premier à poser la main sur elle, à effleurer sa peau, sa cuisse, elle s’en souvient de cette nuit à l’auberge, celle où elle avait failli lui porter le coup de grâce et désormais, ils parcouraient les chemins ensemble, se rapprochant inexorablement, apprenant à se connaître.
La mort de Sambre ne fait que précipiter les choses, elle la pousse dans ses bras. Elle qui entière, ne sait donner tout son amour, sa confiance à une seule personne.
C’est cette vérité qui l’afflige maintenant. A qui la donner ?...Etait-elle donc résolument seule ?

Eliane ne peut s’y résoudre car même si elle savait être capable de se débrouiller par elle-même, elle avait besoin de savoir qu’en cas de chute brutale quelqu’un la motiverait à se relever.
Sambre avait été cette entité qui la forçait à survivre, à se battre, à encaisser les coups, à toujours se relever fièrement.
La poitrine d’Eliane se soulève alors que ses poumons s’emplissent d’une grande quantité d’air. Elle respire et ses ongles viennent presser la chair de son frère, maltraitant ses cicatrices. Son impuissance se traduit en une rage dévorante.
Les ongles s’enfoncent et les dents se serrent.
Puis enfin, elle relâche son emprise, soulageant son dos de sa folie…Les yeux se ferment un instant alors qu’elle devrait en principe s’excuser pour son geste, pour lui avoir infligé une douleur gratuite mais non. Pas un son.
Ses iris croisent ses perles azurs déversant cette fierté qui la caractérise et qu’elle sait effritée par la mort de Sambre.

"Je me battrai Ma Folie, encore…Je te rejoindrai en Enfer en temps voulu, laisse-moi commettre assez de péchés pour cracher au visage du Très Haut et m’assurer cette place contre toi."

Eliane reste immobile un temps, laissant cette perversité l’envahir. Elle invitait simplement le Malin à s’emparer d’elle. Son choix était ainsi fait…Elle était née pécheresse et elle s’appliquera à mourir comme telle.
Et pourtant, en son for intérieur, la peur règne…Celle du bûcher, mais pour cela tout était réglé…Elle incarnera l’épouse parfaite pour s’assurer une mort qu’elle seule choisira.

Ses pas se dirigent vers la couche et dos à Dante, elle s’empare du tissu de sa houppelande et la retire. La matière lui colle à la peau et elle se doit de tirer avec force pour finalement parvenir à se dégager de ce sentiment d’oppression. Elle laisse le lourd tissu tomber au sol et dévoile alors ses propres cicatrices, ses propres souffrances connues de Sambre et de ses nombreuses amantes.

Là, Eliane s’empare de cette large couverture et s’en sert pour entourer son buste et recouvrir son corps. Elle se glisse sur la couche, dos au mur et fixe à nouveau son frère.

As-tu quelque chose pour m’aider à dormir ?...
"Oui, donne-moi de quoi éteindre toutes ses pensées, m'offrir une nuit complète...Aide moi à noyer mon esprit pour qu'enfin le calme domine."

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Dante.tommaso
Elle était là tout contre lui et Dante resserrait ses bras autour de ce corps qui ne demandait qu’à trouver un refuge. Et il serait le sien à partir de maintenant. Il en était intimement convaincu. Depuis ce fameux jour où elle avait voulu le faire passer de vie à trépas et qu’à la suite de cet évènement, sa main était venue se glisser dans la sienne. Un geste simple qui était apparu sur le moment si anodin. Mais la vie n’est jamais anodine. Elle vous réserve des surprises, bonnes ou mauvaises mais c’était le lot de chacun. Dante, tout à l’écoute de sa sœur, du moindre geste qu’elle semblait pouvoir faire, restait patient. Et soudain, les ongles de la jolie blonde s’enfoncèrent dans ses chairs. Brusquement surpris, son corps se raidit une fraction de secondes avant de se détendre à nouveau, un sourire énigmatique sur les lèvres.

    Mon dieu Eliane, pourquoi… tes doigts sur mon dos, sur ces cicatrices que mon passé m’a laissé, tes ongles que tu enfonces dans mes chairs… tu m’offres la douleur que j’affectionne et dont tu ne soupçonnes même pas l’attirance que j’ai pour elle. Et c’est toi, ma sœur, qui me donne ce que je cherche dans chaque relation que j’entame. Je sens mon cœur qui s’accélère, mon corps qui se raidit et j’attends en fermant les yeux que ce long frémissement qui court le long de mon échine s’estompe. Je serais un mauvais frère si je te montrais le vrai visage qui est mien. Il n’est pas fait pour les jeunes femmes comme toi… Tu es une fleur qui éclot à la vie, il va te falloir être forte et je serais un monstre si je m’ouvrais à toi à cet instant. La mort de Sambre nous rapproche mais ce n’est pas pour autant que je profiterai de la situation. Tu n’as pas besoin de ça même si j’aimerais que tu saches tout de ma vie. De ces trafics que dissimulent mon commerce à mes besoins insatiables et immoraux qui me permettent de me sentir vivant.


Vivant, Dante l’était assurément tout comme Eliane. Et ils devaient continuer à exister. Sambre s’en était allée les laissant seuls mais Dante restait convaincu que sans le vouloir elle les avait réunis. Soudés, ils le seraient, il ne pouvait en être autrement. Sortant de ses pensées, le voilà tournant le visage vers Eliane qui se déshabillait. Un sourire effleura ses lèvres, la situation aurait pu être cocasse à un autre moment de leur vie. Ils n’étaient plus des enfants pour se comporter comme si leur sexe n’avait aucune importance, ils n’étaient plus des inconnus et pourtant, frère et sœur ne savait rien l’un de l’autre. Dante détourna le regard afin de respecter l’intimité de sa sœur. Les ciactrices qu’il perçut lui rappelèrent les siennes, différentes mais courant sur son dos. Le fouet de sa mère avait laissé tant de fois de marque qu’il en était désormais balafré mais peu importe, c'était là une nouvelle chose qu’ils avaient en commun. L’italien posa sa main sur sa nuque et la massa doucement. Il était tendu mais ça passerait dans un jour ou deux. Et la voix d’Eliane le rattrapa, il leva son regard bleuté sur elle.

- Tu préfères la méthode douce ou dure ?... Si tu veux, j’ai du vin de Grèce qui est fort en saveur et qui t’offrira une nuit sans rêve Bella… Quelques verres et je t’assure que c’est un véritable remède à la souffrance de l’âme…

Il hésita un instant mais finalement céda et se rapprocha de la couche dans laquelle sa sœur s’était déjà installée. Au passage, il prit une seconde couverture afin de la couvrir, son petit stage dans la baignoire risquait de la rendre malade et il était hors de question de laisser faire la nature. Son poids creusa immédiatement le lit et il lui offrit un léger sourire tout en installant la courtepointe sur elle.

- Sinon, je peux te proposer de rester avec toi cette nuit si tu le souhaites… Je ne veux pas t’obliger à accepter mais si tu as besoin d’une présence.... Mes mots sont bien vides de sens et inutiles mais je suis là....

Dante chercha la main de sa sœur. Glissant ses doigts dans sa paume, il laissa son pouce caresser la peau douce de la jeune fille.

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Eliane_
Protecteur, il l’était sans aucun doute. Déposant cette couverture sur elle, c’était là un geste parmi d’autres. Il était devenu celui sur qui elle comptait, trouvait plaisir à se lover. Une histoire de carrure peut-être, à moins que ce ne soit grâce à cette assurance qu’il dégage. Quoiqu’il en soit, il s’installe à ses côtés et elle se rapproche, elle l’invite à passer un bras autour d’elle alors qu’elle pose sa tête contre son torse. Il lui propose alors un choix...Méthode douce ou délicate, ivresse ou présence.

Les deux…Offre-moi donc de ce breuvage...De plus, n’ayant bu qu’une fois dans ma vie, je suis sûre que je ne tarderai pas à sombrer. Et t’avoir à tes côtés, m’offrira une présence sur laquelle je ne compte pas cracher.

La blonde l’observe donc, s’exécuter, lui apporter la bouteille de cet alcool et elle la débouche. Rien que l’odeur lui piquerait presque les yeux. Eliane avait déjà tant de vices, que celui lié à ces alcools ou substances pour enivrer les sens et troubler l’esprit, elle n’y avait songé. Mais maintenant, à quoi bon. Sambre n’était plus, l’idée était encrée dans son esprit et le monde extérieur n’est fait que d’immoraux ou de fanatiques. Un camp est à choisir et son choix est fait, en ce funeste jour. Elle veut rejoindre Sambre et s’assurer de sa place en Enfer, défier la Marâtre en crachant sur autant de commandements que possible, se damner en toute simplicité et choisir sa mort…
Une première gorgée dont le contact lui brûle les lèvres, la langue, la gorge…Elle tousse et inspire profondément. Elle pourrait presque suivre le parcours de ce breuvage immonde dans ses tripes. Allez, courage…Une gorgée de plus, une autre puis encore une et soudain, elle s’arrête. Elle découvre les effets de l’ivresse. L’esprit est embrumé, elle se sent toute chose sans pour autant arriver à expliquer ou nommer ce ressenti. La bouteille s’approche à nouveau de ses lèvres et elle enchaine avec trois ou quatre bonnes rasades.

Alors…Déjà…ça m’arrache les tripes et la gorge ton produit mais…je dois dire que ça à l’air de marcher…J’ai la tête un peu lourde…mes gestes sont comme engourdis…

Eliane peine même à articuler maintenant, non pas que le produit la rende totalement sèche…quoique, mais c’est surtout comme si son corps était pris d’une immense flemme. Tirant un peu plus sur la couverture, s’emmitouflant dans cette dernière, elle se blottit dans les bras de son frère jusqu’à trouver une position confortable, propice à un sommeil lourd.

T’pars…pas…

Les yeux enfin se ferment, l’obscurité domine de même que le silence. Le néant enfin..Si reposant, si vital. Dans son sommeil, elle a l’impression de chuter. Un précipice sans fin, qu’elle ne voit pas mais dont les effets seuls, la provoquent. Elle dort…Combien de temps ?…Elle n’en sait rien…

A son réveil, le jour est déjà là et son corps est entièrement reposé. Aucune pensée ne vient l’agresser et nuire à ce réveil qui se veut doux et sans un bruit. A ses côtés, pas de Sambre. Son premier réveil sans elle, une lame s’enfonce alors dans sa poitrine. Une douleur qu’elle encaisse et qu’elle va devoir apprivoiser, car des journées, des matins et des nuits sans elle, il y en aura à la pelle.
Massant sa nuque, passant une main dans sa tignasse blonde, elle grimace. Pas de mal de crâne, juste de légères crampes ci et là, d’un corps totalement engourdis.
Elle prend le temps d’activer son esprit et remarque alors que Dante n’est pas là..
Panique. Sortant précipitamment hors de la couche, couverture faisant office de robe haute couture, elle sent son cœur battre avec violence, ses tempes s’échauffent sous ce stress…Son corps revit par ces sensations, même si ce ne sont pas les meilleures.
La respiration est plus pressante et Eliane laisse tomber la couverture pour enfiler sa robe qui n’aura séché qu’à moitié. Quelle idée aussi de l’avoir laissé ainsi étalée sur le sol…

Puis alors qu’elle s’apprête à partir, prendre la direction de la porte pour essayer de le trouver, il est là. La porte s’ouvre et son souffle s’arrête brusquement.
Il avait suscité en elle, la panique la plus extrème, ce sentiment d’abandon qu’elle ne supporte pas, qu'elle craint. Celui-là même qu'elle ressenti quand sa mère l’abandonna au couvent, celui-là même qui par conséquent la force à admettre sa solitude.
Elle lui en veut d’être parti, de ne pas avoir été là à son réveil…de lui avoir fait revivre cette peur si ancienne. Enivrée par la rage, elle ne cherche pas à comprendre. Elle approche vers lui, pose à plat ses mains contre son torse pour le pousser contre le mur avec une violence digne de sa rage. Sa main si fine, se plaque contre la gorge de Dante et l’enserre. C’était là un traitement pourtant réservé à ces femmes ou même Sa soumise, mais nullement à un homme et encore moins à son frère. Le geste pourtant semble si naturel…
Dans son regard, elle déverse cette colère avant de comprendre qu’elle ne peut pas faire marche arrière et s’excuser...Et cela, même si son esprit tente de la culpabiliser.
La main libre se lève, s’abat sur la joue de son frère.

"Pourquoi…Je t’avais dit de ne pas me laisser…Je ne supporte pas de sentir ce sentiment de solitude, de sentir que je ne suis plus maître de moi-même à cause de cette peur...Jamais je n’admettrai que la solitude m’effraie jamais…Je fus trop souvent exclue et enfermée pour revivre ça…"

Le cœur doucement se calme, la rage s’adoucit jusqu’à ce qu’Eliane puisse réaliser qu’elle vient peut-être, de choquer son frère...Elle avait essayé de le tuer une fois et elle savait qu’il ne la laisserait pas essayer une deuxième fois…

Je…je ne veux pas te tuer…Juste que tu comprennes

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Dante.tommaso
    Le nectar des dieux,voilà rien de mieux pour l’apaiser et je sais de quoi je parle. Combien de fois n’ai-je pas moi-même bu ce breuvage pour oublier… oublier le sordide de mon quotidien quand rien ne se passe ou que l’attente est trop longue… La vie peut se faire désirer et lorsqu’elle joue à la sublime garce qu’elle est, il faut adoucir l’âme pour pouvoir continuer à avancer. Je la regarde et ces mots ne m’étonnent aucunement… Bientôt tu vas pouvoir te reposer ma sœur… bientôt… Et je la vois qui se pelotonne contre moi. Et mes bras se referment sur elle, geste ô combien naturel même pour moi qui ne l’aurait pas cru il y a de ça quelques semaines en arrière. Mes lèvres se posent délicatement sur sa tête, ma voix se fait murmure.

- Dors ma sœur… repose-toi je veille, rien ne pourra t’arriver… plus rien ne pourra t’arriver !

Tel un cerbère, Dante la couvait. L’homme se sentait investi d’une mission qui allait bien au-delà de cette fraternité. Il avait rencontré en Eliane son égalee mais aussi quelqu’un qui le touchait, qui l’émouvait mais qui savait aussi lui résister. Elle ne le laissait pas prendre le dessus sur elle et leurs conversations étaient si animées que parfois ils étaient à la limite de la dispute, par moment c’était leur connivence qui faisait rage… Et depuis qu'ils s'étaient rencontrés, L’italien avait du mal à se reconnaitre. Toutefois, Dante mettait sur le dos de ses émotions contenues depuis des semaines pour accuser ce qu’il ne comprenait pas. Un soupir, il tendit le bras vers la bouteille et but quelques gorgées tout en s’essuyant du revers de la main la bouche. Et sans broncher, il resserra son étreinte. Il savait la douleur de perdre un être cher. Trois mois plus tôt il avait enterré son père et savait combien la vie n’aurait plus la même saveur sans lui.

Un sourire flotta sur ses lèvres au souvenir de Sandeo. Cet être estropié par la vie qui lui avait tant appris… Appris à vivre, à ressentir les choses et les gens et à prendre… prendre et donner jusqu’à l’excès et de faire de ces excès ce qu’il était désormais. Un frisson le parcourut tandis qu’il se penchait sur lui-même. Ses excès… combien de fois cela avait failli lui coûter cher, combien de fois n’avait-il pas vu la mort en face ? Et il n’était pas près à s’arrêter le bel italien, oh non ! Il était un affamé, un inassouvi et dans ces circonstances, bientôt son corps et son esprit lui réclameraient ce qu’ils leur étaient dus. Soupirant légèrement, n’osant bouger de peur de perturber le sommeil réparateur de sa sœur, Dante se cala sur un oreiller afin d’apaiser sa nuque qui commençait à le faire souffrir. Le sommeil ne vint pas vraiment, juste par bribe mais c’était déjà mieux que rien…

La porte s’ouvrit à la volée et là plantée devant lui, sa sœur, courroucée et sans qu’il ait le temps de sourire ou de râler, elle le plaquait contre le mur. Sa tête cogna contre la paroi du mur à lui en arracher une grimace quand il réalisa que les mains aux doigts fins lui enserraient déjà la gorge. Lueur noire qui s’immisçait dans les prunelles de l’Italien, mâchoires qui se contractaient sous l’effet de la colère, l’instinct de mort s’infiltrait dans ses veines et Eliane débitait ses phrases sans qu’il ne cherche à comprendre... Ce ne fut que lorsque la gifle atterrit sur sa joue qu'il réagit. La coupe était pleine et même si à l’instant même où sa main s’écrasait sur son visage Dante en éprouva un plaisir certain qu’il se contenta de cacher au regard de sa sœur, sa patience était arrivée à bout. D’un geste rapide, Dante se dégagea pour venir à son tour plaquer sa main sur la gorge gracile de la blondinette et avec un peu plus de considération qu’elle n’en avait eue pour lui, il la colla contre le mur, son visage à quelques centimètres du sien. Ses dents craquèrent sous la contracture de ses muscles.


- Ne… refais… jamais… ça ! Ne réveille pas certains instincts Bella… pas toi !

Son regard sombre accrochant le regard naturellement noir de sa sœur, Dante resta une poignée de secondes ainsi, le temps pour lui de retrouver le calme qui lui rendrait visage humain. Ses colères étaient tout aussi noires que les profondeurs des mers, il le savait et ne voulait surtout pas s’en prendre à Eliane qui n’avait fait que manifester sa peur. Alors contre toute attente, il se détendit, relâcha la gorge de la blonde pour mieux l’attirer dans ses bras, la serrant pour ne plus la lâcher.

- Crois-tu vraiment que j’aurais pu t’abandonner Bella ? Crois-tu vraiment que je sois homme à te laisser te débattre dans ta peine ? Tu ne me connais pas Eliane j’en conviens mais je pensais que tu me faisais confiance…


    *Ne l’accable pas*… voilà ce que ma tête me demande alors que je ferme les yeux, respirant profondément. Sa réaction est si violente que j’ai du mal à la reconnaître. Jamais elle ne m’avait montré ce visage… A la voir ainsi… si jeune, si démunie, si frêle dans mes bras on ne peut deviner la fureur qui sommeille en elle… As-tu la même rage que moi au fond de toi Eliane ? Vis-tu tes tourments comme s’ils pouvaient t’aider à te sentir à ta place ? Madre di dio… Quel pêché avons-nous commis pour avoir cette noirceur qui coule dans nos veines ? Notre père était-il donc ainsi ou bien est-ce le Sans-Nom qui s’est emparé de nous pour avoir été les enfants de l’adultère ? Je soupire à nouveau, las de mes réflexions mais mon esprit ne me laisse pas en paix, continue à serpenter dans les méandres de mes pensées… Je me sens plus proche de toi que de n’importe quel être sur cette terre… même Lupino a ses limites qu’il n’a jamais voulu franchir… Et rien ne nous séparera désormais… plus rien… Ma main caresse son visage, le geste est délicat et assuré… Je me dois d’être un pilier pour elle, un roc auquel se raccrocher si besoin est et lui donner ce qu’elle voudra…


- Tu sais, j’étais simplement parti voir l’aubergiste afin qu’il te fasse monter de quoi te nourrir… tu n’as rien avaler depuis plusieurs jours et si tu veux continuer à vouloir avoir le dessus sur moi, il va falloir manger un peu…

Dante sourit légèrement, voulant détendre l’atmosphère qu’il savait pesante, trop sans aucun doute. Remontant sa main sur l’épaule de sa sœur, il la serra un peu plus entre ses doigts comme pour lui communiquer quelque chose que les mots n’arrivait pas à lui dire. Lui le beau parleur, celui qui n’avait pas sa langue dans sa poche se trouvait muet dans une situation pareille. Voilà qui était une première. Toutefois, il fit un effort et rangea sa fierté et tout ce qui allait avec pour lui murmurer.

- Je ne voulais pas t’infliger un tel sentiment d’abandon… C’était… c’était irréfléchi de ma part, pardonne-moi …
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Eliane_
La douleur, celle-ci est capable de détruire n’importe quel homme s’il la découvre pour la première fois. Piqure brûlante d’un mot, coup amer et sec d’une gifle ou d’un fouet, asphyxie d’un être face à des étreintes qui glacent la gorge. Mais qu’en est-il quand l’être est habitué à cette douleur ? Il finit par l’apprivoiser sous les répétitions, si tant est qu’il soit fier il trouvera dans sa résistance sa propre satisfaction en la surpassant qu’importe son intensité, si tant est qu’il soit habité par la folie il sera capable de la réclamer corps et âmes. Eliane n’était plus une novice dans le domaine des souffrances physiques et morales. Rejetée, livrée à elle-même, contrainte de subir bien des maux au couvent, elle avait fini par orgueil et fierté par prendre plaisir à surpasser ces derniers. Lueur perverse, hautaine dans ses iris noirs à chaque coup qu’elle recevait, à chaque morsure du fouet sur sa chair, à chaque humiliation visant à la traiter comme une traine misère…Mais elle avait connu ses limites, ce jour où le fouet la frappa de trop et qu’elle chercha à le fuir, ce jour où après des années de silence elle ouvrit la bouche pour les récompenser d’un cri.

A la sortie du couvent, ce fut désormais au Lupanar « Le Lys de Sapphô » qu’Eliane affirma cet art, ce don certain pour le sadisme et le masochisme. Elle avait vu défiler quelques âmes perdues sous ses doigts, sous son propre fouet. Son imagination n’avait eu de cesse de grandir, elle ne saurait par ailleurs, expliquer cette facilité certaine à imaginer milles douleurs, milles sévices, ni pourquoi elle prenait plaisir à les infliger. Peut-être était-ce cette peur qu’elle voyait dans ces visages féminins, ou ce sentiment de maîtrise que lui impose cette situation de Maîtresse du jeu, ou bien est-ce naturellement les soupirs de plaisir que certaines émettent lorsque leur plaisir est décuplé par une étreinte violente, par un coup brutal…

Et ce ne fut que quand sa main enserra la gorge de Dante, quand elle le gratifia d’une gifle qu’elle aperçut cette lueur. Il aurait été capable de frémir sous cette douleur qu’elle lui inflige, elle le sent, elle le sait. Sans un mot, troublée par ce qu’elle découvre, elle baisse sa garde.
La situation alors s‘inverse. Sa main masculine emprisonne alors sa fine gorge et la voilà plaquée contre ce mur.

Le sourire s’élargit, provocateur, envieux. Elle n’a aucune honte à l’avouer, elle est ainsi, damnée et elle le vit plutôt bien.
Fierté mal placée, fierté perverse. Elle aurait presque envie de lui souffler d’oser serrer un peu plus son étreinte. La blonde était loin d’être une âme fragile et ce visage enfantin, lisse de toute perversion était sa félicité. Même si comme tout Homme, elle avait effectivement ses craintes et faiblesses...
Il relâche son emprise et l’étreint avec force, une étreinte qu’elle savoure à sa juste valeur. Rassurante, apaisante…Elle n’était effectivement plus seule, il était là pour elle, s’excusant, remballant sa fierté pour calmer son trouble, apaiser sa peur d’abandon totalement incontrôlable.

Doucement, elle le repousse et quitte son corps. Son esprit se remet à cogiter à cette scène, ce plaisir qu’elle avait su voir en lui. Ce plaisir qu’elle a vu quelques fois dans les yeux de ses femmes, celles-là même qu’elle revoyait, maltraitait pour leur plaisir.

Sa tête se penche sur le côté, septique. Son sourire en coin ne la quitte pas et alors qu’elle passe une main dans sa propre chevelure pour l’arranger, elle s’approche de lui. Elle savait que dans son dos se logeait ses cicatrices, ses meurtrissures. Sans un mot, elle glisse une main dans sa nuque, lueur malsaine dans l’œil, son autre main passe sous la chemise, se pose dans le haut de son dos et d’un geste rapide, ses ongles raclent sa peau, ses cicatrices jusqu’au creux de ses reins.

"Soupire...Avoue ton péché…"Le retenant contre elle en comprimant sa nuque, elle loge son visage dans le creux de son cou.
"Si tel est ton plaisir, je serai ta perte…mon frère. Tu n’aurais jamais dû me laisser entrevoir cette lueur, tu n’imagines pas combien je prendrai plaisir à torturer ta chair et ton âme…Sous ce geste, je valide mes soupçons…Tu es condamné."

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Dante.tommaso
    Il y a des instants dans une vie où tout bascule sur un rien. Un regard, un mot, un soupir parfois et l’enfer s’ouvre sous nos pas. Que ne donnerais-je pas pour être loin à cet instant… Il a suffit d’un geste de sa part pour que tout devienne incontrôlable… Jamais elle n’aurait dû me gifler et je n’aurais surtout pas dû réagir si vite mais la proximité, le chagrin, la douleur de perdre un être cher, tout ces riens qui nous perturbent à longueur de temps et nous tiraillent, nous mettant les nerfs à fleur de peau… j’en suis réduis à subir SA douleur…

    Mon corps se cabre lorsque ses doigts s’emparent de mes chairs. Ses ongles glissent sur ma peau et j’exhale un soupir malgré moi. Ma nuque se raidit, ma tête se rejette en arrière et je sens toute la volupté de me sentir vivant sous ses doigts… Elle m’apporte le calme dans la tempête… Elle m’offre la plénitude au cœur du tourment… J’ai abandonné ma conscience sur ce simple geste l’espace d’un instant mais la raison reprend les armes, me réveille en mettant à terre cette sensation qui m’emporte au fond du gouffre et mes paupières se relèvent. Je me redresse et d’un geste vif me détache de son emprise. Mes yeux se posent enfin sur elle, grande prêtresse de la douleur qui m’apparait sous un autre jour. Nous sommes semblables, nous nous comprenons… Elle est mon autre, elle est le miroir de mon âme… pervertis nous le sommes jusqu’au tréfonds de nos âmes, dans la moindre partie de nos êtres. Je prends vie entre ses mains et elle me rend cette fierté qui n’appartient qu’à nous… Le désir m’enflamme et sans conteste, je brûle de l’intérieur.


- Dio Eliane… tu es si…

    Mais quelque chose se brise dans ce tableau idyllique, ma respiration se fait saccadée, je cherche mes mots, tente de rassembler ce qu’il me reste de pensées cohérentes et je la repousse comme si elle n’était qu’une gageure dans ma vie.

-Pourquoi… Pourquoi as-tu fais cela ? Eliane… tu ne peux pas jouer ainsi… Le même sang coule dans nos veines… nous sommes de la même fratrie… Je… je ne peux pas et je ne veux pas que tu me touches… pas comme ça… Pas toi… non pas toi….

Dante se recula, l’âme blessé d’avoir ressenti le mal en sa compagnie. Il savait qu’il n’en avait pas le droit, il savait qu’il était son frère et à cet instant ce mot le sauva, lui apportant la rédemption qui le remettrait sur le droit chemin. Mais c’était sans compter sur la perfidie d’un regard, sur la sournoiserie d’un mouvement ou encore sur la déloyauté de ses propres désirs. De part son geste, Eliane avait allumé un brasier qui le consumait sans relâche, le laissant affamé de ce qu’elle pouvait lui offrir. Il brimait ses instincts les plus vil pour ne pas à avoir à se justifier aux yeux des femmes qu’il fréquentait. Même si ce n’était guère sérieux, elles passaient dans sa vie sans s’arrêtait et il ne voyait aucun intérêt à dévoiler ses pulsions, ses besoins, son attachement à ce plaisir malsain. Et puis elles étaient rares celles qui aimaient jouer ainsi, il les comptait sur les doigts d’une main…

Soupirant légèrement, l’italien chercha les yeux de la blonde non pas pour la rejeter mais trouver cette confirmation qu’il attendait. Il voulait voir, il voulait savoir jusqu’où elle était prête à aller… pour lui, pour elle, pour eux... Et tout se bouscula dans sa tête. S’il franchissait la limite qui leur était interdit, pourrait-il faire marche arrière, aurait-il la force de l’abandonner après s’être lié à elle ? Il n’en pouvait plus de toutes ces questions qui venaient se fracasser dans son crâne, il ne pouvait accepter de s’en remettre à elle, un point c’était tout et il se répugnait de sentir la trahison de son propre corps qui se tendait vers elle. Et il se serait flagellé plutôt que de succomber à cette diablesse au corps parfait. Oui mais l’homme était faible et rencontrer son égal dans la damnation lui fit mettre sa volonté genou à terre. Plus rien n’avait d’importance, il chassa rapidement les idées de la bienséance et de la bonne éducation. A coup de fouet on les lui avait appris, à coup de morsures et de griffures il contournait ce carcan dans lequel on l’avait emprisonné.

Alors un voile se déchira dans son esprit. Il fit un pas vers elle, tandis sa main vers son visage angélique, caressa sa joue comme pour s’assurer qu’il n’était pas en train de rêver et devant la réalité du geste, il se noya dans le regard de sa sœur. Il s’attachait à elle sans qu’elle ou lui ne fasse quoi que ce soit pour changer leur destinée. A croire qu’ils étaient prêts à se consumer dans les entrailles des enfers… Enfin un sourire flotta sur ses lèvres, une lueur sombre s’arrêta quelques instants dans ses prunelles et sa volonté guida sa main dans la chevelure de cette blonde incendiaire, tirant les cheveux vers l’arrière d’un geste puissant qui n’admettait aucune escapade, il avança sa bouche à quelques centimètres de celles de sa sœur et lui murmura tout bas avant de venir mordre sa lèvre inférieure.


- Puisque nous sommes maudits toi et moi, condamne-moi à l’Enfer en ta compagnie !
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