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[RP] Errons, errons, petits patapons

Soren
[Compiègne, Champagne, Domaine Royal de France. Dans la forêt, celle où tout se révèle...]

A défaut de bière, c'est un départ qu'elle me sert. Elle ne dit pas un mot. Faut-il qu'elle me haïsse à l'extrême pour ne même pas acquiescer de la tête? Accepter mes excuses? Trinquer avec moi ? Effacer ce qui doit être effacé? Pour être un homme à femmes, faut-il bien comprendre les femmes? Parce que dans mon cas...

Et comme si ce n'était pas suffisant, après le comportement incompréhensible de Loh, c'est au tour de Syu de m'invectiver. Elle est littéralement hors d'elle... et visiblement, je suis la responsable de cette situation. Je le savais, je n'aurais jamais du rentrer au chat perché! J'aurais mieux fait de me trouver un champ de bataille quelconque, la journée aurait été plus paisible au moins.

Syu se lance à la poursuite de Loh, m'invitant du même coup à la suivre. Je sais que je vais prendre la mauvaise décision. Je le sens. Le seul problème, c'est que je ne sais pas quelle décision il faudrait que je prenne...pour que je puisse éviter d'en prendre une mauvaise... Heu...est-ce que je suis encore clair là? Oui? Non? Hum... je pense que cette phrase reflète bien mon degré de maîtrise de la situation actuelle. Bah, inutile de trop réfléchir, parions sur une bonne impulsivité lorsque j'emboite le pas de Syu.

J'ai toutes les peines du monde à la suivre tellement elle est énervée. Elle piste Loh dans la ville. Pendant le trajet, nous échangeons. Enfin... si on peut appeler ça échanger car le ton de sa voix est loin d'être conciliant. Mais peu à peu quelques brumes se dissipent dans mon esprit. Je saisis un peu mieux la confusion qu'il y a eu lors de cette journée de fous. Oui, je commence à mieux comprendre certaines choses... et nous voilà de retour dans la forêt, cette même forêt où Loh a perdu sa candeur récemment.

Elle est là, pensive visiblement, adossée à un tronc d'arbre. Je fixe le regard de Syu lui signifiant par là un "Oui, d'accord, j'ai compris! C'est à moi d'intervenir maintenant! Et non pas de gaffes cette fois!". On peut en dire des choses avec un regard. Oh oui, on peut en dire. Ah qu'est-ce que j'aimerais en ce moment être entouré d'ennemis barbares ne voulant qu'une chose : m'abattre comme un chien! Il faut que je rassemble plus que mon courage habituel! Je vais affronter un ennemi bien plus terrifiant que tous ceux que j'ai déjà affronté par le passé. Le pire, c'est que je dois l'affronter sans aucune arme! For fanden! Allez, avance donc au lieu de tergiverser!

Je m'approche à quelques pas d'elle.


Damoiselle de Gorron...

Elle semble ne pas me remarquer. J'avance au plus près. Je suis à ses côtés maintenant et la regarde de toute ma hauteur.

Loh de la Chaudière...

Toujours aucune réaction. Hum... Va t-elle bien? Je m'accroupis pour que nos visages se retrouvent à la même hauteur.

Loh... m'entends-tu?

Ses traits semblent tirés. Ses joues sont plus rouges que d'habitude. A t-elle pleuré? Dans sa chevelure, sa fleur blanche penche dangereusement vers le sol. Je la réajuste. Cela me rappelle le couvent à Vannes. Ai-je réussi à capter son attention? Le vouvoiement n'est pas de mise cette fois.

Écoute-moi Loh...

Je prends sa main dans la mienne et instinctivement, sans même m'en rendre compte, mes doigts viennent se nouer dans les siens. Je cherche à capter son regard. Mes lacunes dans l'art de la rhétorique en général et dans le langage des femmes en particulier me poussent à chercher une autre façon de me faire comprendre. Les mains... le regard... La proximité des corps...

Je t'ai vu heureuse d'avoir retrouvé la trace de ta famille grâce à ce médaillon. Tes yeux pétillaient de joie quand Maltéa t'a donné les titres de tes parents...

Je marque un temps d'arrêt dans mon discours. J'essaie de voir si j'ai réussi à capter son attention. Je passe outre l'épisode du baiser volé... cela n'a aucun intérêt ici.

Mais avec ces informations viennent tout un ensemble de responsabilités. Tu es une noble damoiselle et en ce sens tu te dois de te comporter en noble damoiselle... Tout comme tu m'as rappelé avec raison que j'étais fils de duc. Loh, j'ai déjà trouvé les chevaux. Nous n'avons plus de temps à perdre. Il faut nous mettre en route en direction du Maine désormais. Tu y retrouveras ton père, ta mère. Tu as peut-être des frères, des sœurs, je ne sais...

Le plus dur est à venir. Ah bon sang que j'aimerais être en plein combat, une épée à la main... et ce même si je devais m'en sortir avec une énième blessure. L'ai-je pensé suffisamment? Visiblement pas car je suis toujours empêtré dans mes mots mal choisis.

... et tu as peut-être un prétendant déjà. Tu sais, tu es en âge d'être promise par ton père Loh. Ne fais pas la même erreur que moi... accepte les règles du jeu de la noblesse! Crois-moi, retourner la terre tous les jours pour espérer y gagner sa pitance est loin d'être amusant. Vis la chance que le Tout-Puissant t'a donné à la naissance! Rattrape ces années passées loin des tiens...

Et en attendant...

Mais en attendant, nous ne sommes pas encore entrés dans le Maine. Ton père est loin, ton prétendant encore plus. Il n'y a que toi, moi... et Syu ici. Je ne la connais pas autant que toi, mais j'ai une confiance aveugle et inébranlable envers cette saxonne tu sais. Elle ne dira rien. Alors...

Je libère sa main au cas où elle en aurait besoin, et j'approche mon visage du sien.

Je peux bien avouer que...

Mon nez touche le sien. A cette distance si réduite, j'ai du mal à ne pas loucher lorsque mes yeux viennent s'abimer contre le ressac que je vois déferler sur la digue de ses prunelles si bleues. Sans même m'en rendre compte, mes paupières s'abaissent...

...J'ai une irrésistible envie de t...

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase. La distance qui séparent mes lèvres des siennes est trop courte pour cela, et elle est maintenant à zéro. Effleurements, frôlements, pincements délicats...

...t'embrasser!

Fusion complète de deux âmes. Déferlements d'envie dans tout le corps. Frissonnements intenses de la tête jusqu'au plus insignifiant petit orteil. Peau contre peau. Lèvres contre Lèvres. Faut-il faire un dessin? Hum, il ne vaut mieux pas. Je suis aussi doué en dessin que dans l'art de séduire ou dans celui de la rhétorique.
_________________
Karyaan
[Le Mans, Palais des Comtes du Maine, bureau de la Comtesse]

Vautrée dans l'un des fauteuils, faisant face à sa visiteuse d'un soir, elle se servit un verre de vin chaud épicé et un autre d'un vin plus classique, pas chaud, donc alcoolisé. Car depuis quelques semaines la Comtesse ne buvait d'alcool. Faisant bouillir le vin, l'aromatisant d'épices, de miel.
Elle tendit son verre à son amie et croisa les jambes. Penchant la tête de coté, sirotant le nectar carmin, elle écouta en silence. Puis, après la question qui l'étonna qu'à moitié, elle inspira et soupira quelque peu.


Quitter un travers pour tomber dans un autre mon amie, ce n'est pas toujours très sain. Mais s'il faut choisir...

D'un seul élan, elle se leva, posa son verre sur la table basse et s'approcha de sa besace. Fouillant dedans, elle prit une boule enveloppée dans un tissu beige. S'asseyant dans le fauteuil, elle prit sa dague fichée au creux de ses reins et découpa un morceau de pâte brunâtre qu'elle enveloppa dans un petit morceau de tissu et le tendit à son amie.

Évitez d'en abuser, d'autant que ça ne sert à rien de surdoser, l'effet ne sera pas meilleur, au contraire.

Léger sourire en coin, rangeant le reste et s'enfonçant dans le fauteuil, non sans avoir récupéré son verre. Croisant de nouveau les jambes, elle fixa la Baronne et pencha la tête de coté.

Il me semble en effet que vous m'aviez parlé d'une fille, mais sans donner des détails. Je ne vous demanderais pas pourquoi vous avez passé 13 ans à haïr une enfant, c'est une chose que je ne comprendrais pas et peu importe les explications.

Pour le reste... oui je peux vous aider à la retrouver, si vous ne me demandez pas comment j'ai pu le faire et grâce à qui.


Buvant une gorgée, visage de marbre. Elle sait que jamais elle ne pourrait leur demander de l'aide concernant des affaires politiques, mais pour retrouver une enfant, jamais ils refuseraient.

Il va cependant me falloir plus de détails car la Bretagne... c'est grand
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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."
Erraa
[Le Mans, bureau de la comtesse]

Malaise et joie.
Joie parce qu'avec ce petit "cadeau" les nuits seront moins dures, voire plus dure du tout. Et ne plus penser pendant quelques heures, vous imaginez pas comme c'est agréable!
Malaise parce que pour changer la baronne a mal choisi ses mots. Et pour le coup elle sait qu'elle a dû faire du mal à son amie sans le vouloir. Pire! Peut être l'a-t-elle déçue!
Le verre de vin est posé sur l'accoudoir. Il est plein, pas une goutte n'a été bu. Parce que si c'était le cas en rentrant chez elle, Erraa ne pourrait résister et fouillerait toute la maison pour trouver une bouteille et la finir avant de s'endormir ivre morte avec l'aide de la "fumée magique". Bien choisir les mots, ne pas se tromper et surtout ne pas se justifier vu que ça servirait à rien.

Merci pour...ça

C'est pas que je l'ai haï c'est juste que...je ne ressentais pas que c'était mon enfant...C'était une enfant dont je m'occupais. Alors quand je n'ai plus eu à m'en occuper j'avoue que au fond de moi j'étais soulagée.


La brune remue dans son fauteuil. Elle sait que ça se fait pas de ne pas aimer un enfant. Mais elle était (trop?) jeune et son travail prenait toute la place et...non pas d'excuses. Il n'y a aucune excuse à ce qu'elle a fait...ou plutot à ce qu'elle a laisser faire.

Vous savez que j'ai toute confiance en vous. Je ne vous poserez aucune question. Mais je n'en sais pas beaucoup plus. Mon mari est aller en Bretagne trois semaines et quand il est revenu il ne se souvenait pas de l'endroit. Elle s'appelle Audrey. Audrey De La Huchaudière, elle avait un médaillon avec le blason des Gorron autour du cou. Elle a 14 ans maintenant elle était brune avec de magnifique yeux bleus en amande, ça a pas dû trop changer.

Si les cigarettes existaient déjà, elle en serait à son deuxième paquet là. Mais pour le moment ce qui la fait tenir c'est la pensée...de revoir sa fille? Noooonnn! La pensée de ce petit "cadeau" qu'elle va déballer dés ce soir. Mais dans son cerveau bizarrement fait, dans un recoin inconnu, elle se réjouit quand même du possible retour de sa fille. Et ce qui surpasse tout c'est la reconnaissance, le respect et l'amitié si forte qui la lie à Karyaan. C'est peut être ça dont parle le dogme, l'amour infini. Le plus beau, le plus pur. Peut être oui...
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Yunab
[Castel de Reims, bureau de la duchesse]


Moment de calme...
Un de ces instants ou l'on prends la peine d'en profiter vraiment avant que la tempête ne s'abatte a nouveau sur vous.
Oui, c'était un peu l'image de ce a quoi pouvait ressembler le fait d'être duchesse de Champagne.

Peut être allait-elle en profiter pour s'éclipser discrètement et rejoindre son époux quelques heures? légère moue de la duchesse,fallait bien avouer que depuis que ce dernier c'était mit en tête de reprendre la mairie de Compiègne, il lui tapait légèrement sur le ci bouleau, pas possible d'être si râleur et borné, enfin si et elle l'avait épousé! pourquoi? bah l'amour pardi!

Les coudes posés sur son bureau, le visage au creux de ses mains, elle en était encore dans ses rêvasseries quand la quiétude s’effondra soudainement aux quelques coups qui venaient d'être donnés sur la porte de son bureau.

léger grognement


oui?

duchesse, un gamin vient de déposer ce pli pour vous!

un sourire en prenant possession de la missive avant que le garde ne s'en retourne d’où il venait.

Sentiment bien connu une fois que le pli fut lut...elle même avait connu la même situation et savait a quel point il pouvait être douloureux de ne point connaitre ses origines et sa famille...


Sans réfléchir, elle attrapa un vélin et sa plume, si ce simple geste pouvait aider une personne, elle ne manquerait pas de le faire.

Citation:

De nous, Abeline Cardofer, Duchesse de Champagne,

A vous , Karyaan Lómàlas, Comtesse du Maine ,

le bonjour Comtesse,

Si je me permets de prendre la plume ce jour, c'est afin de vous demandez un petit service, non pas pour moi mais pour une jeune fille dont la missive m'a touchée.

Une jeune fille se prénommant loh et qui est a la recherche de sa famille, de ses origines.

La seule information dont je dispose, c'est que celle-ci a en sa possession un médaillon , de noblesse. D'après le Hérault Champenois il proviendrait du Maine et serait associé au territoire des Gorrons, peut être que ceci ne vous sera pas inconnu et que vous pourriez me renseigner afin que je puisse venir en aide a cette jeune personne.

dans l'attente de vous lire,

respectueusement,

Abeline cardofer
duchesse de Champagne.




une fois fini, elle scella le pli et fit appeler un garde afin que celle-ci rejoigne au plus vite le Maine...
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Loh
[Domaine Royal. Champagne. Compiègne. Blablabla. Aux côtés de Soren et Syuzanna. Le départ est proche.]

Elles sont chaudes. Tendres. Sincères. Humaines. Sobres. Désireuses. Je m'en étonne. Comment puis-je ressentir tout cela en un seul baiser? Bizarrement, je ne doute plus de lui. Ce n'est plus un homme à femmes. Il m'aime. Il va m'emporter sur son fidèle destrier blanc. Nous allons nous marier. Et avoir une dizaine d'enfants. Au moins. Fausse note sur le luth. Une dizaine?! Beaucoup trop! Des jumeaux pour commencer! Ou des triplés. Et c'est tout! En espérant que je lui donne un héritier. Je vais devoir me retrouver dans sa couche pour cela. Comment ça marche?

Il m'a fallu quelques grains de sablier avant que mes mirettes ne se ferment. En écho aux siennes. Sous le choc. Tétanisée. Surprise. Un espoir volé. Un rendu. Mais il ne perd rien pour "à tendre"!

Je continue de rêvasser. Comme si notre union devait durer une éternité. Je pense à ce couple si uni dont on conte les louanges au-delà du Royaume de France, à travers ces chansonnettes si fanfaronnes. Connie et Blyde. " Alors voilà, Blyde a une petite amie. Elle est belle et son prénom c'est Connie. A eux deux ils forment le gang Narrow. Leurs noms : Connie Bracket et Blyde Heathrow. "*Le potentiel prétendant est inexistant actuellement.

La réalité revient au galot. Nous devons partir à cheval. Vers le Maine. J'ouvre mes amandes. Le lâché est brûlant. La colle est d'une marque sans nom. Je l'observe. Toujours ébahie. Je cille à plusieurs reprises. Je finis par lui sourire. Glissant ma main libre sur la joue giflée. Avec naturel. Douceur. En guise de pardon. D'erreur.

- " Partons. Tous les trois. Loin d'ici. De cette forêt. Mais avant cela... "

Je me lève avec grâce. Comme si cette embrassade avait révélé la jeune dame en moi. Je me sens belle. Ma paluche a glissé de sa joue à son cou. De son cou, à son torse. Mon guerrier a suivi mon mouvement de lever. Je fais ensuite signe à ma protectrice d'approcher. J'arbore un large croissant de lune. Jusqu'aux oreilles. Un sourire de remerciement éternel. Je te revaudrai ça ma saxonne! Tu nous es indispensable!

- " ... quelqu'un peut-il m'apprendre à voyager sur un cheval? "

Mon regard est niais. Trace d'enfance gardée et indélébile.
Bien sûr que je veux retrouver ma môman!



* Inspiré de "Bonnie and Clyde". Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot.
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Karyaan
[Le Mans, Palais des Comtes du Maine, bureau de la Comtesse]

Bien... je vais voir ce que je peux faire, mais les indices sont maigres, ne vous attendez pas à un miracle. Du moins, pas dans l'immédiat.

Elle bu une gorgée de son verre et lui sourit tendrement. Il y a des choses qu'elle ne peut comprendre la Comtesse, notamment ce qui lie une mère à un enfant. Elle n'en a pas, et au rythme où ça va, elle n'en aura sans doute jamais. Parce qu'elle a un choix à faire et ce choix là, n'est pas sans risque, sans conséquence.
Se levant, d'un pas lent et gracieux, elle passa à coté du fauteuil et pris délicatement le verre qui n'avait pas été touché. Déposant le sien et l'autre dans un coin, elle se retourna.


Vous devriez rentrer, vous semblez fatiguée. Une nuit de sommeil vous fera le plus grand bien. Je vous ferais appeler si j'ai des informations.

Elle resta là, attendant que son amie la salut et s'en aille.
Seule, elle se retourna vers la grande baie vitrée donnant sur le jardin comtal, ses yeux se posant sur la lune déjà haut dans un ciel sans nuage.


Il va faire froid cette nuit...

Sa main senestre glissa alors sur son ventre et son poing se referma alors qu'une vague de mal être l'envahi un bref instant. Inspirant et expirant comme pour oublier tout ça, elle fit volte face, pris sa lourde cape, besace et bâton de marche puis sortit du Palais des Comtes.

Elle sait que jamais ils ne l'auraient aider pour avoir une quelconque information sur ce qui se passe en Bretagne.
Ne jamais se mêler pour ne jamais influencer les choses...
Les paroles du Maitre de sa mère résonnaient encore au fond de son esprit. Elle avait fait le choix d'être active et pour cela, elle avait du se délier d'eux. Mais pour retrouver une enfant perdue, elle sait qu'ils l'aideront. Le tout à présent, est de prendre sur elle pour faire ce pas vers eux... eux qu'elle a abandonné pour vivre ces manques qui la pesaient. Eux qu'elle a déçu plus d'une fois. Eux... et surtout lui...

La force de sa communauté et c'est d'ailleurs ce qui fait tant peur l’Église, c'est qu'ils sont partout. Et comme une trainée de poudre une information peut faire Nice, Brest en quelques jours sans pour autant passer par un pigeon. Parce que non, ils n'utilisent pas ces choses là. Parce qu'on ne s'écrit pas quand on est des êtres à éradiquer. On ne laisse pas de trace. On évite d'être des gens qu'on peut trouver facilement.
De Comtesse, elle était redevenue une ombre arpentant les ruelles du Mans, passant les remparts et pénétrant dans sa forêt, seul rempart à ces secrets qu'elle a de plus en plus de mal à taire.
Elle devait le trouver, suivant le murmure des arbres.
Minuscule trou dans la forêt, elle sourit de le voir occupé à tailler un morceau de bois.
Ombre parmi les ombres, s'approchant, ils se saluèrent comme si tout était le plus normal du monde.
Lui expliquant sa venue sans d'autres formalités, elle sait qu'elle n'est plus la bienvenue dans cette communauté. Du moins, c'est ainsi qu'elle le ressent. Impression tenace qui la ronge bien plus surement que le meilleur des acides, tiraillée entre deux cultures où finalement, elle n'a plus sa place.


Vok l' zigh, lu' dos orn morfeth alurl l' revis... Nind dumo dos, Lotha Drathir
(Écoute les signes, et tu prendras la meilleur décision... Qu'ils te bénissent, Petite Lune)

Elle partait quand il venait de claquer cette phrase hors de tout contexte, ou presque...
Se retournant, elle le fixa un long moment, ses yeux de brume rivés aux siens.


Tlu khaless wun dos... tlu khaless wun Ol
(Ai confiance en toi... ai confiance en Lui)

Xas... bel'la, Nind dumo dos...
(Oui... merci, qu'Ils vous bénissent)

Et c'est avec cette phrase en tête qu'elle retourna chez elle, du moins c'est ce qu'elle pensait faire, sauf que ses pas la menèrent en haut de cette colline où ses choix avaient été pris pour la plupart. Les yeux rivés sur ce domaine pour lequel, elle a sacrifié tant de choses. Un signe, elle devait écouter les signes. Parce qu'elle a un choix à faire...

--

[Quelques jours plus tard... Le Mans, Palais des Comtes du Maine, bureau de la Comtesse]

A son bureau la Comtesse, noyée sous la paperasse à régler, à lire, à répondre, à signer, à sceller, bref en gros elle travaillait quoi. On toqua à la porte et nul besoin de chercher, elle savait que c'était son petit page qui entrerait. Petit bonhomme tout blond aux yeux noisettes, si mature déjà du haut de ses neuf ans, bientôt dix. Il s'approcha de sa maitresse et lui tendit une missive frappée du sceau champenois.
La lisant, elle fronça les sourcils.


Orn lac uns'aa Erraa
(Va me chercher Erraa)

Petite inclinaison de la tête du môme qui sortit prestement du bureau.
Les doigts de la Comtesse effleurèrent le sceau comtal rouge, murmurant.


Merci...
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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."
Loh
[Champagne. En pleine cambrousse. Sur un nœud de discussion.]

Et si on papotait pour faire passer le temps?

- " Nous venons de passer Sainte-Ménéhould depuis un bon moment maintenant. Je vous propose de chevaucher encore une heure et à la tombée de la nuit, nous dresserons un camp dans une clairière, non loin de la grand route.

Il va falloir prendre des tours de garde pour la nuit. Loh, tu en prendras un demi. Syu, un complet, et moi un complet. Choisissez l'ordre que vous préférez, je m'adapterai.

Je m'occuperai de trouver du bois sec pour faire un feu de camp. Qui s'occupe de faire paitre et boire les chevaux? Si vous voulez, il y a un peu de fort dans mes fontes de selle. N'en n'abusez pas tout de même, il faut tenir jusqu'à Troyes pour pouvoir à nouveau se ravitailler... et puis, ça ne serait pas trop sérieux de se saouler en pleine nature.

Avant de dormir, je vous propose de griller un peu de viande de boeuf, quelques carottes et quelques navets. J'ai aussi du mais pour celles qui aiment ça. Y'en a t-il une qui se propose de chanter? Faire un peu de musique? Raconter une anecdote? On évite juste la poésie, ça m'endort!

Ah, encore une chose. Je n'ai pas l'habitude de dormir accompagné. Alors si je ronfle... tant pis pour vous!

Demain, avant de repartir, n'oubliez pas de vous délestez de votre trop-plein d'eau, ça nous fera gagner une pause-pipi. Et si vous voulez prendre un bain dans la rivière qui coule pas loin, faites-le avant que je sois réveillé, ça évitera les malentendus regrettables.

Rien d'autre? Tout est clair? "
*

- " Aïe! Ouille! Quel poison de voyager sur un cheval! Syu, tu chevauches comme une déesse saxonne mais toujours est-il qu'assise sur la même selle que toi, c'est plus qu'inconfortable! Je dois avoir le popotin enflé à présent! L'intérieur de mes cuisses me fait souffrir! Et ne parlons guère de mes bras! Un de vous deux devrait m'apprendre rapidement. Je ne tiendrai pas deux jours de plus dans cette posture!

Hum! Je dis ça, je ne dis rien mais il y a une bâtisse juste derrière nous. Si vous avez envie de dormir à la belle étoile parmi les potentiels brigands et bestioles sauvages, libre à vous! Quant à moi, je fonce au chaud! " Feu de camp vingt-cinq Sainte-Ménéhould Troyes "? Ce nom est étrange. Quelle idée de construire au beau milieu d'un endroit désert! C'est une auberge selon vous? Vous croyez qu'il y a à boire? A manger? De l'eau chaude? Un feu crépitant nous attendant dans la cheminée comme par sorcellerie? Un danseur du ventre pour nous divertir? "


- " Aaah, les nuits passées à la belle étoile... Mais en même temps, il y a là une auberge. Et étant donné que je suis censée - j'ai bien dit censée - me comporter en dame digne de ce nom, je vais opter pour l'auberge.

Mais je vais mener les chevaux aux écuries. Pendant ce temps là, vous devriez aller réserver deux chambres. Loh et moi dormirons ensemble. Nous avons des trucs de femmes à nous raconter, cela ne vous plairait pas, Soren Eriksen. Depuis quand les hommes parlent chiffons ?
Et depuis quand je parle chiffons, moi...

Bref. Nous allons dans cette auberge. Et rien n'interdit que nous nous racontions des histoires au coin de la cheminée avec un cuissot de chevreuil devant nous, accompagné d'une bonne chope de bière !

Allez, je vous rejoins dans un instant. Je m'occupe des chevaux. "
*


* Paroles de Soren et Syuzanna.
_________________
Syuzanna.
[Devant l'auberge du 25ème Feu de Camp]

Clap clap clap. Le martèlement des sabots de son alezan résonne sur les pavés qui entourent l'auberge. Loh a raison, c'est un bien drôle de nom, pour une auberge.
Ils ont chevauchés toute la nuit et une partie de la journée. Et comme autrefois, la Saxonne a adoré. Elle a relégué au rang de souvenir la robe blanche de Marjo. La tenue doit se trouver quelque part dans son paquetage. Elle porte, pour le voyage, non ses habits saxons, mais une paire de braies marron, et une tunique émeraude. Plus passe-partout. A sa ceinture, son inséparable hachette est accrochée, et son épée est suspendue en travers de son buste. Glissée dans une botte, sa dague, et sur son épaule, son intrépide ami l'écureuil. Pour un peu, elle pourrait ressembler à n'importe quelle Dame et être à peine remarquée, si ce n'est que sa cheveulure de feu, laissée libre, attire malheureusement les regards. Ce n'est pas très courant, dans ce pays de bruns.

Descendant de son alezan, elle prend par la bride les chevaux de ses amis lorsqu'ils mettent pieds à terre. Loh a vraiment l'air davoir très mal au derrière.
Menant les montures vers les écuries, elle hèle le palefrenier, qui s'approche. Il n'a pas l'air réveillé, et Syu le soupçonne d'avoir dormi dans le fouin.


- Il me faut une selle d'amazone, fait-elle. Mettez-le sur cette bête là demain matin.

Elle désigne le cheval de Loh. Puis elle lui demande de bien s'occuper d'eux, de vérifier les fers, de les étriller, entre autres tâches. Le jeune garçon acquiesse, tout en débarassant les chevaux de leurs selles et autres paquetages. Lorsque le sac de Syu heurte le sol, il résonne comme un bruit de feraille. Haussement de sourcils du palefrenier, sourire mystérieux de la rousse.

Puis, elle quitte l'écurie, arrangeant sur son dos l'épée qui repose sur l'écharpe aux couleurs de son Clan.

- Bien, murmure-t-elle pour elle même en poussant la porte d'entrée de l'auberge. Voyons voir ce qu'on peut trouver dans cet endroit.
_________________
Erraa
[ Château du conseil comtal, Le Mans, Maine.]


Quelques jours avaient passés. Avec leur lot de travail, de soucis mais pas d'angoisse. Erraa savait que le soir en rentrant, seule dans sa chambre elle pourrait avoir du réconfort et une nuit sans agitation. Il ne servait à rien de se dire que la boule diminuait inexorablement dans son tissu et qu'un jour il n'y en aurait plus du tout. Pour le moment tout allait bien.

Elle se trouvait dans les bergeries à surveiller les naissances des agneaux quand le petit Paul lui indiqua que la comtesse voulait la voir. La baronne posa donc ses registres et suivit le page jusqu'au bureau de Karyaan.

Attend une minute que je me décrotte un peu. Ces étables sont d'une saleté!

Oui...

Un grand sourire sur le visage elle expliqua cette phrase bizarre
C'était pour rire!

Oui...

Hum visiblement la blague n'avait pas fait mouche. Décidément pas douée avec les enfants la brune. C'était peut être pas une si bonne idée que ça de retrouver sa fille. Et si elles ne se comprenaient pas? Encore une fois perdue dans ses pensées la porte de la comtesse se rapprochait sans qu'elle en ait conscience et si le petit Paul n'avait pas été là il y aurait surement eu un visage de noble décalqué dessus. Il avait toqué et ouvert la porte avant de s'effacer pour la laisser entrer.

Vous avez demandez à me voir? Qu'y a-t-il?

Erraa se doutait du pourquoi de cette convocation, c'était une question purement rhétorique.
_________________
Loh
[Dans la taverne/auberge du noeud perdu.]

Elle est vide. Rien d'étonnant. La pièce commune est éclairée de bougies. Du vin, du saucisson et des quignons de pain traînent sur une table. Un feu chantonne de son crépitement flamboyant dans l'âtre. La température est douce. Étonnant! Comme si nous étions attendu! Des assiettes rustiques et des godets sur pied y sont disposés. Heureusement, bien plus que trois. Cela serait devenu suspect sinon.

La pièce est rangée. Pas de bagarres récentes. Pas de tavernier non plus. Ni de propriétaire traînant. Syu a-t-elle rencontré quelqu'un à l'extérieur? Quelques blasons scindés d'une paire d'épées longues garnissent les murs. Des boucliers. Des tentures sombres. Pas de bardes. Nul musiciens agiles. Aucun voyageurs. L'étage semble silencieux. Nos bagages minimum en mains, je plonge mon regard dans celui du guerrier danois, à mes côtés. Est-ce une si bonne idée que cela de rester icilieu?

Mon ventre gargouille. Je ne résiste pas un grain de sablier de plus. Ma jeune impétuosité agite mes membres. Je lâche mon paquetage de voyage et je me vautre sur une des miches de pain mises à disposition. Je sors ma lame nordique. Et j'y découpe quelques tranches, que je distribue dans les différents plats. Le saucisson y passe également. Je porte un morceau à mes lèvres. Je ne peux attendre. Toutefois, je prends le temps de mâchonner. D'avaler. D'articuler.

- " Allons donc Seurn! Sors ton maïs, ta motte de beurre, ton gros sel et grillons tout ceci! J'avalerai un sanglier entier! Ah Syu, te voilà! Viens ripailler avec nous! C'est délicieux! "

Aucune méfiance. J'en oublie mon mal de popotin et autres. Je souris. Je pétille des mirettes. Les joues pleines. Ne me posant aucune question supplémentaire. Heureuse de ce bien-être si simple. Chanceuse d'avoir deux compagnons de chemins si fidèles. Joyeuse de penser aux plumes d'une couche douillette. A rêver d'un avenir prometteur, empli de surprises. Naïve, moi?
_________________
Soren
[Dans la taverne/repaire des brigands, quelques part en Champagne, pendant un joyeux festin]

L'auberge est vide? Bah, aucune importante! Il y a un toit, des chambres, de quoi faire du feu et préparer le repas. Il parait que Syu aurait vu un palefrenier. Je souris. Ne me demandez pas pourquoi, mais les histoires de palefreniers et d'aventurières, moi ça me fait toujours sourire. Ça doit sans doute être ça ce fameux sens de l'humour danois qui s'approche tant de celui des saxons.

Il parait que Loh a faim? Mais je vais lui faire tout un joyeux festin à ma demoiselle préférée moi! Quand on est mercenaire, on doit apprendre à cuisiner! Sans ça, on ne mange que des repas sans aucune saveur. Je mets un peu de gras de porc dans la poêle qui crépite au dessus des flammes. J'y ajoute des oignons que je pèle avec ma dague. Ça caramélise. L'odeur commence à envahir toute la pièce. Ensuite, je fais revenir les morceaux de bœufs que j'avais acheté quand nous sommes passés à Sainte-Menehould. J'ajoute un peu d'eau et les quelques légumes qui me restent. Ce soir, c'est joyeux festin! Carottes, navet, mais égrenés déjà en partie cuits à l'eau. Et là, la touche spéciale Søren: une feuille de laurier, une gousse d'ail que je presse entre le fond de la poêle et ma dague, et une branche de romarin. Eh oui... Ça n'a pas que du mauvais de voyager!

Quelques instants plus tard, le plat est prêt à être dégusté. Je coupe une tranche de pain à chacun et la garnis de ma préparation. La taverne est alimentée en bières. Je dépose les quelques sous sur le comptoir et j'amène une chope à chacun. Je m'adresse à Loh les yeux pleins de malices

Alors? Impressionnée? Alors... heureuse?

Je trinque avec mes compagnons de voyage! Quel beau moment! Les voyages renforcent les liens d'amitié! J'en viens à penser que c'est mon premier voyage avec Loh. Direction la Bretagne. Nous nous arrêterons juste avant, dans le Maine. Je me demande combien de voyages nous allons faire ensemble.

Syu, puisque vous vous êtes arrogée le droit de dormir avec Loh, profitez-en pour lui inculquer les théories de l'équitation. Demain, elle passera directement aux exercices pratiques!

Loh, il ne reste plus que toi qui n'ait pas de tâche précise? Hum? Que dirais-tu de... chanter? Danser peut-être? Au sol ou sur la table? As-tu besoin d'un cavalier? Non, non, pas pour tes leçons d'équitation... je parlais de danse!


L'ambiance est bonne enfant, enjouée. La soirée est agréable! Je suis aux anges! Je voudrais que cela ne se termine jamais.

[Toujours au même endroit mais dans ce qui sert de chambre]

La nuit est maintenant bien avancée lorsque je m'allonge sur la paillasse qui me sert de lit. Je n'arrive cependant pas à trouver le sommeil. Le lieu est propre même s'il est fort modeste. Les derniers évènements se bousculent dans ma tête: les retrouvailles d'avec Loh... notre relation qui évolue vers ce rapprochement récent et si fou... l'arrivée impromptue de Syuzanna... l'importance qu'elle prend pour nous...Cette attaque... Ce complot... La perspective pour Loh de revoir sa famille. Tant de choses dans un si petit laps de temps!

Mon esprit se laissant aller à de multiples spéculations, les chainons s'assemblent, se défont, se reconnectent différemment. D'étranges hypothèses voient le jour. Je n'ose y croire et pourtant elles persistent. Non, c'est impossible! Elle s'est battue pour la défendre. Elle a tué plusieurs hommes! Et elle est d'une aide immense pour Loh! Elles s'entendent à merveille! Elles donneraient leurs vies pour l'autre! Et pourtant...

Je me retourne sur ma paillasse, en direction du mur qui sépare nos chambres et je ne peux m'empêcher de divaguer. Loh est-elle actuellement en danger? Non! Non, non et non! Syu veille sur elle! Elle n'a rien à craindre! Enfonce-toi ça dans ta tête!

Je pivote sur moi-même, en regardant cette fois par la fenêtre. Je tourne le dos à ce mur, par delà duquel je perçois... Rien! Il n'y a rien à percevoir! Tout va bien!

Je me lève. J'arpente la pièce de long en large. Imaginons un instant que je désire obtenir un secret d'importance de la part de Loh, comment m'y prendrai-je? Hum... je chercherais à gagner sa confiance. Je chercherais à m'en faire une amie. Je serais patient. J'attendrais le moment opportun et je frapperais! Oui, un grand coup! Et comment je pourrais tisser serrée cette relation? Et si je lui enseignais des connaissances qu'elle désire? Et si je la défendais? Si je me battais pour elle? Si...je tuais pour elle... par exemple des brigands qui chercheraient à en vouloir à ses charmes? Il faudrait alors que ces brigands ne soient pas trop habiles. Inutile de prendre des risques pour rien. Et plus ils seraient nombreux, plus cela renforcerait mon emprise sur elle. Ces brigands ne devraient pas me connaître... non, surtout pas! Ils pourraient me trahir. Et si l'un d'eux s'enfuyait, il faudrait qu'il meure pour ne jamais que quelqu'un puisse remonter à celui qui aurait commandité ce forfait. Je n'arrive pas à y croire, et pourtant ce scénario expliquerait tant de choses. Syuzanna... Syuzanna la saxonne, la rousse que personne ne connait, qui arrive par hasard à Compiègne, qui se lit d'amitié avec Loh, qui désire par hasard l'initier à la chasse à la tombée de la nuit, qui lui sauve la vie... et qui se propose de l'accompagner dans le Maine! Loh en est folle! Elles s'entendent à merveille! Oui... c'est possible même si j'ai encore du mal à croire plausible cette histoire-là!

Et si c'est vrai, Loh est-elle en danger? C'est Syu qui a imposé qu'elle et Loh partagent la même chambre? Et moi comme un abruti, j'ai demandé à Syu de s'occuper des chevaux! Qui me dit que le sien n'est pas prêt? Scellé pour repartir rapidement?

Je sors de la chambre et file dans les écuries. Enfin... ce qui sert d'écurie. Non! Tout est correct. Les trois chevaux sont au repos. Je doute qu'elle prenne le risque de s'en prendre à Loh puis de sceller sa monture pour partir ensuite. C'est trop risqué. Si elle a manigancé tout ce plan, elle n'est pas assez idiote pour prendre un tel risque! Il faut que je diminue la sensation de mal être qui sévit en moi. Loh ne court pas de risques ce soir...Non! Pas ce soir!

Je remonte dans la chambre. J'ai besoin de trouver le sommeil. Demain, je dois être en forme. Comme les jours qui vont suivre... jusqu'à ce que je sache hors de tout doute raisonnable si je peux avoir confiance en Syu ou pas... Je m'allonge de nouveau sur la paillasse. De la pièce voisine, ne sort aucun bruit... Oui! J'entends rire! Deux voix différentes! Elles rient! Cela me rassure, mais en cet instant, je n'ai qu'une envie: reprendre la route au plus vite! Au mois sur la route, je peux avoir l’œil sur mes deux compagnons de voyage!

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Syuzanna.
Elle regarde Soren cuisiner, et l'odeur qui s'échappe de la poêle lui fait se rendre compte qu'elle meurt de faim.
Elle pose son séant sur une chaise, et soupire d'aise lorsque le Danois lui tend son repas. Elle dévore plus qu'elle ne mange, et sort de sa besace, qui ne la quitte jamais, un bocal de cerise à l'eau de vie, emprunté à Marjo avant de partir. Elle pose le bocal de telle sorte que chacun puisse se servir aisément.
Elle hoche la tête lorsque Soren lui demande d'apprendre la théorie de l'équitation à Loh.


- Le palefrenier mettra une selle d'amazone, demain matin. Ce devrait être plus facile.

Et la soirée s'écoule, gaie et légère, loin de tout tracas. Une soirée au coin du feu, où un Danois, une Françoyse et une Saxonne rient et s'amusent comme si cela ne devait jamais s'arrêter.

[Chambre de Loh & Syu]

Allongée sur le lit, pieds nus, la Saxonne lance à son écureuil de compagnie, une noisette, qu'il court chercher à travers pièce. Le lit est un peu dur, et la paille n'a pas dû être changé récemment. Mais cela devrait aller, pour passer une unique nuit. A la lueur de la bougie, la rousse songe à leur voyage. Chercher les racines de Loh, cette idée lui avait tout de suite plu. A quoi peut bien ressembler la mère de la jeune fille ? A-t-elle son caractère, ou son physique, ou les deux ? Elle sourit en contemplant son apprentie.

- Alors, jeune fille, dis-moi ? Comment trouves-tu ce voyage ? Douloureux ?

Elle sourit largement. Après tout, monter à cheval pour la première fois et cheminer si longtemps, cela ne peut que provoquer un certains nombres de douleurs, pas toujours très bien placées.

- Cela s'arrangera, assure-t-elle. D'ailleurs, tu monteras comme une vraie Dame, à partir de demain. Ce sera bien mieux pour toi.

Elle se met à rire, en voyant la tête de l'adolescente, qui n'a pas l'air convaincu pour deux sous. Balançant ses jambes vers l'extérieur du lit, la Saxonne se lève, pour fermer les volets. En effet, la Lune frappe le lit de ses rayons, et ce n'est guère pratique de dormir avec cet éclarage permanent. Les yeux fixés sur la fenêtre, Syu ne prend pas garde à l'endroit où elle met les pieds, et trébuche sur le pot de chambre. Entrainant dans sa chute le tabouret où elle a posé sa hachette, elle pousse un cri de surprise et peut-être aussi de peur, et un Chkland ! sonore retentit dans la chambrée. Tout ceci fait un bruit du tonnerre en heurtant le sol, résonnant dans toute l'auberge.
Un instant immobile par terre, les cheveux en bataille lui couvrant le visage, la Saxonne reste incrédule.


- Bah ça alors ! s'exclame-t-elle en se redressant sur son séant.

Elle replace ses mèches folles, le pied droit dans le pot de chambre, fort heureusement vide.

- Bah ça alors, répète-t-elle. Je n'en reviens pas !
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Soren
[Chez les brigands champenois... et ailleurs... dans un monde plus onirique]

Les yeux se ferment doucement après moultes retournements sur la paillasse. Je plonge tout doucement dans le sommeil, toutes mes interrogations me laissant tranquille. Mon dernier regard est pour cette lune que je vois au travers de la fenêtre, une lune qui prend soudain une couleur sanguine… Un forêt sombre, très sombre. Je n'y vois presque rien en avançant, mais je sens une présence. Plusieurs présences. Mon regard essaie de percer les ténèbres. En vain. Mon épée à la main me rassure. Je resserre d'ailleurs ma prise sur la poignée. Je ne peux guère les voir, mais qu'un seul pointe le bout de son nez et vienne me chercher des noises, et il finira en rondelles! Quel qu'il soit! Des bruits sur ma droite… Des râles, des paroles, des gémissements, je ne sais pas.

- Tlu khaless wun dos... tlu khaless wun Ol

Que me veulent-ils? Sont-ils maléfiques? Cherchent-ils juste à préserver leur territoire? Suis-je chez eux? Je ne vois rien. J'entends, et c'est encore plus effrayant. J'ai envie de courir, mais quand j'essaie, je patine comme si je me trouvais sur un lac gelé. La peur me gagne et pourtant je dois la maitriser. Pour ne pas courir. Pour rester en vie.

Le sol est visqueux. Le bruit de mes pas en dit gros sur la nature spongieuse du sol sur lequel je marche… pieds nus! Pourquoi suis-je pieds-nus? Et.. pourquoi?!?!?!? Pourquoi n'ai-je pas de braies? C'est gênant. Très gênant! Je tire sur ma chemise que je trouve trop courte. Je cherche à cacher cette virilité soudainement impudique. Tout est étrange ici. Qu'est-ce que je fais ici? Au loin… une lumière… un feu. Je m'approche. Une ombre est assise près du feu. Que fait-elle? On dirait qu'elle brule quelques chose au dessus des flammes. Non loin de moi, se trouve un homme. Il est tapi dans les broussailles et observe lui aussi la dame. Oui, je ne sais pourquoi mais j'en suis sur: la personne arc-boutée près du feu est une dame, une dame aux cheveux noirs.

L'homme sort soudain des fourrés. Il semble possédé. Il crie après des chimères. Il se débat comme un forcené. Il lutte contre des forces invisibles. Il titube, tombe sur ses genoux. Le médaillon qu'il porte au cou est arraché brutalement par je ne sais quoi. Il se prend la tête comme s'il cherche à l'arracher de son corps, puis il s'étale de tout son long, inerte.

Une intuition. Je me retourne brutalement pour faire face à une créature éthérée. Une femme dans des vêtements en lambeaux. Les orbites de ses yeux sont vides. Vides de toute vie. Ses doigts sont terminés par de longs ongles aussi pointus que les griffes d'un faucon. Je lève mon épée et d'une grand mouvement tournant, je l'atteins au tronc sans pouvoir la découper. Un Chkland sourd se fait alors entendre…me sortant de mon sommeil. Je me remets immédiatement sur mon séant, essayant de rassembler mes idées. Je suis en sueur, des gouttes perlent de mon front. Des bruits métalliques parviennent de la chambre de Syu et de Loh.


Loh!

Je me précipite dehors et je m'apprête à frapper à la porte des dames lorsque j'entends leurs deux voix. Tout semble aller bien. Je me décontracte instantanément. Loh n'est pas en danger. Il faut que je m'en persuade, sans cela je risque d'y perdre la raison.

Le reste de la nuit me parut très court, guère reposant. Le soleil brille dans le ciel. Il n'y a plus de temps à perdre ici, nous devons reprendre la route en direction de Troyes. Je suis de mauvaise humeur. Je sens que cette journée va contraster énormément par rapport à celle que je viens de passer.
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Syuzanna.
[Chambre de Loh & Syu]

Le reste de la nuit a été calme. Après l'aventure "pot-de-chambre", la rousse a finalement été fermer les volets, puis s'est glissée dans les draps, râpeux, de l'auberge.
Elle s'est rapidement endormie, la main non loin de la garde de son épée. Au cas où. En endroit inconnu, ne dormir que d'un œil, lui avait enseigné son père. Surtout dans des lieux étranges.
Une douce odeur de fleur lui parvient aux narines, tandis que ses pieds glissent sur l'herbe verte et tendre de la vallée. Le soleil lui caresse la peau. Elle regarde son reflet dans l'eau de la rivière, et est surprise de voir le visage d'une fillette d'une dizaine d'années. Ses cheveux roux encadrent son visage aux pommettes parsemées de tâches de rousseur. Elle a l'air espiègle, sauvage. Mais pourquoi ressemble-t-elle à une enfant ? L'ombre, soudain l'envahit. Tout autour d'elle, ce n'est plus qu'obscurité. Il est là. Mais qui est-il ? Il s'avance, et vers elle lève une lourde épée. Syu veut hurler mais aucun son ne sort.

Elle s'éveille brusquement. Qu'est-ce qui l'a éveillé ? Le chant d'un oiseau. Il doit être posé non loin de là, et les vitres sont si fines que tous les sons s'infiltrent. Elle se redresse et se passe une main sur le visage. Loh dort toujours.
La rousse se lave rapidement le visage à l'aide de l'eau glacée dans une bassine en terre cuite ébréchée.
Puis, elle boucle sa ceinture, et s'arme, comme tous les jours. Elle lace ses bottes, et ouvre la porte de la chambre. Descendant les escaliers, elle se retrouve dans la salle de l'auberge, déserte, une nouvelle fois. Mais où donc se cache le tavernier ? Peu importe. Elle avale une miche de pain et un verre de lait. Puis, sortant au dehors, elle va retrouver le palefrenier dans les écuries. Les chevaux sont prêts. Ses ordres ont été suivis. Le cheval de Loh a une selle d'amazone. Parfait. Elle mène par la bride son alezan jusque devant l'auberge. Lui caressant le museau, elle lui murmure quelques mots dans sa langue natale.

Elle pense à son cauchemar. Cela n'avait aucun sens, même en y réfléchissant après coup. Ce n'était qu'un stupide rêve, se morigène-t-elle. Elle ne va quand même pas être effrayée par cela ! Elle, une Saxonne ne craignant pas la mort, paralysée par un songe ! Elle secoue la tête, et rentre dans la taverne. Fouillant dans la cuisine, elle finit par trouver une carotte. Ressortant, elle s'assoit à même le sol, devant sa monture, et casse le légume en plusieurs morceaux, qu'elle lui tend au fur et à mesure.

Elle a toujours aimé les chevaux. Et celui-ci est de toute beauté. C'était à elle que l'on confiait le soin de les dresser, au village.
Tout en distribuant les friandises, elle attend que les autres s'éveillent. La journée risque d'être longue.

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Loh
[ Moult jours plus tard. Duché de Bourgogne. A nez vert. Encore et toujours en compagnie de Syuzanna et Seurn ]

Je suis fatiguée. Je suis courbaturée. Je ne cesse de guetter. Aucun bateau à l'horizon. La vague est calme. Les mouettes se taisent. Comme si la guerre contre le Ponant les avaient tous achevées. Maudite!

Je suis assise sur un des nombreux pontons en bois. Mes petons pendent dans le vide. Sans aucune résistance. En rythme et en cadence. Ou pas. A croire qu'ils agissent indépendamment du reste de mon corps. Parfois, je ne contrôle rien. Et j'aime ça.

Le fleuve est calme. Endormi. Gelé à certains endroits. Ou reluisant lorsque le soleil d'hiver se décide à montrer le bout de ses rayons opaques. La faute aux nuages épais. De la crème par-dessus un fruit exotique à la couleur automnale. Ça me donne faim ces comparaisons!

Nevers est une grande ville. Agitée. Aux villageois et visiteurs diversifiés. C'est étrange mais cet endroit me donne l'impression d'être épargné par cette guerre. Le rire, la boustifaille, l'ambiance bon enfant et l'accueil sont de mises. Ai-je oublié une précision? Certainement! Et cette crypte royale. Elle apporte une dimension immuable. Silencieuse. Reposante. Pacifiste?



Vous êtes dans la luxueuse crypte royale de Nevers.
Le poids du souvenir des monarques défunts vous donne la chair de poule et vous n'avez qu'une envie, vous recueillir silencieusement devant cet illustre tombeau.

Ci-gît le corps de Beatritz , Reyne du Royaume de France qui a régné du 04/01/1459 au 08/07/1459.

Par curiosité, j'y ai été jeter une mirette. Le tout est serein. Figé. Les statues autour de l'unique tombe semblent réelles. Congelées. Est-ce que ce sont des répliques exactes des proches de la défunte? La décoration est simple. Dans les tons chair. Rappel de la vie? La pièce est étonnement spacieuse. Le sol est de plus propre. Des flambeaux chantonnent de leurs flammèches vacillantes. Beaucoup de personnes s'y précipitent pour admirer le tout. Je suis impressionnée.

Je n'ai pas connu cette Noble Dame. Je ne connais pas non plus ses actes royaux. Mais je reste respectueuse. Surtout parce qu'elle ne fait plus partie du Monde des Vivants. Par respect.


Mes paluches posées à plat sur le pont, je bascule ma caboche en arrière. La capuche de ma chaude cape d'étamine chute par la même occasion. Le ciel est dégagé. Pour une fois. Mais il est blanc. Comme s'il allait neiger. La température environnante n'est pourtant pas piquante. Pour sûr, mes lèvres laissent échapper quelques nuages de fumée indienne. Mon esprit se met à divaguer. Que fait Seurn? Et Syu? Depuis que nous sommes icilieu, nous découvrons le paysage chacun de notre côté. Comme si nous avions besoin de nous retrouver seul. De réfléchir. Comme si chacun de nous avait besoin de prendre du recul face aux évènements à venir.

D'ailleurs, que nous réserve la fin de ce voyage?
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