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[RP] Alfred ?! Comment k'on fait les bébés ?

Zoyah
[Octobre 1459...quelque part...entre une pierre plate, une motte de terre et une touffe d'herbe]

Journée maussade où l'automne quitte progressivement la scène, traînant son lourd jupon mordoré et laissant paraître doucement l'hiver gris et dépouillé.
Les feuilles fragiles des arbres avaient bruni et ne formaient plus qu'un tapis cramoisi aux pieds des majestueux feuillus.
Certaines s'accrochaient encore aux branches des arbres, les couronnant de brun et parfois encore d'or et d'orangé pour les plus tenaces.

Des nuages gris et lourds s'amassaient dans le ciel et même le vent froid qui soufflait ne semblait pouvoir les déloger.
Ce n'était pas un temps à guerroyer...ni même à voyager.
Pourtant, les routes étaient inhabituellement empruntées ces temps -ci... piétaille, troupiers, armée en branle, cavaliers, messagers, paysans fuyant les combats, voyageurs.
Reste à savoir à quelle catégorie appartenait le groupe de personnes qui stationnait à l'abri du chêne en contre-bas de la route.
Du reste, cela n'a aucune importance pour la suite de l'histoire...

Afin de ménager leurs montures, ils avaient stoppé leurs pérégrinations et faisaient une halte au bord d'un ruisseau.
Le « quelque part » n'est pas vraiment identifiable et c'est également le cas des personnes qui s'y trouvent.
Parmi eux, une petite silhouette drapée dans une cape noire, appuyée contre un arbre était accroupis. Une jambe repose au sol, tandis que l'autre sert d'appui à un petit écritoire portatif.
Une main gantée de cuir foncé s'active au-dessus de l'écritoire.. .rapidement, le vélin se noircit.
L'écriture reste soignée bien que l'auteur semble coucher les mots avec empressement.
Quelques longues mèches noires et ondulées s'échappent de la capuche et viennent caresser le vélin.
D'un souffle, elle les chasse et les envoie se fondre dans la nuit de l'étoffe qui la recouvre.
Elle, c'est la baronne de Valençay... méconnaissable sous ces frusques sombres du parfait cavalier.
Habillée à la garçonne pour le côté pratique, elle appréciait également le fait de n'attirer l'attention de personne.
L'occasion pour elle d'écrire à sa maisonnée et de donner quelques consignes.
Le courrier était adressé à son intendant... enfin, plus précisément à son cocher, mais comme il ne savait pas lire, la missive était au nom de l'Intendant.

Le cocher teuton avait une mission à accomplir... une de celle qui le mènera en dehors du Berry.
_________________
--Siegfried



[Quelques semaines plus tard à Bergerac...]


Ach ! taissez-fou ! On arrife !

La voix du cocher teuton tonna encore une fois. Il menait une charrette tirée par une jolie jument comtoise et chargée d'une énorme malle ainsi que deux passagers plus qu'improbables.

Deux mouflets âgés respectivement de 3 et 3 ans et demi avaient fait le voyage avec lui... et Dieu sait que le voyage fut long... et Diable que les deux gosses furent pénibles.
Mais c'était sans compter sur la patience légendaire de Siegfried. Malgré sa carrure impressionnante, il était inoffensif.

Le teuton avait soigneusement pris soin, et du gosse de sa maîtresse, celui qu'elle avait eu tant de mal à pondre tellement il avait une grosse tête à la naissance ; et de la missive qu'elle avait envoyé avec ses consignes.
Il devait la remettre à un certain Alfred cinq cent cinquante cinquième du nom. Encore un patronyme original tient...

Après avoir interrompu une dispute entre les deux garçonnets au sujet d'un jouet en bois, il engagea sa charrette dans la rue dite « rue de la sainte-Boulasse». Apparemment, le fameux Alfred logeait au cinq... pour faire dans l'originalité, certainement.

Pris de doute, il interrogea une lavandière....Bonchour Fraulein ! Che cherche la maisson de messire Alfred cinkcentcinkcinkant... ach , che me soufien pas bien.

D'abord méfiante, la lavandière se tenait prête à lui balancer son panier de linge à la figure, puis elle se radoucit à l'évocation du nom d'Alfred.

Ah, Messire Alfred ! Un bien brave garçon... il habite juste là ! … elle indiqua une porte bois.

Le cocher la remercia et avança sa charrette jusque devant la porte.

Il est gentil Afred ?... demanda un adorable petit brun à l'aspect timide.

Che sais pas, mais si fôtre mutter fou enfoie chez lui, c'est qu'il doit l'êtreuh.. ja !... répondit le germanique qui conduisait la petite troupe.

Moi, j'crois qu'il est criste et qu'il faut qu'on l'fasse rigoler qu'elle a dit tata... se réjouit rouquin mini.


Sieg demanda aux deux gamins d'être silencieux et descendit lourdement au sol.

Planté devant la porte, missive en main, il toqua trois fois avec l'autre.

Bam ! Bam ! Bam !

Et les murs tremblèrent...
--Fabian_


Le teint clair rehaussé de cheveux noir d’encre, le garçonnet aurait pu être le portrait craché de sa mère s’il n’avait pas hérité des yeux pers de son père. Une lippe boudeuse ancrée sur les lèvres et qui faisait que sa môman le trouvait «tropppppp trognonnnn» ne semblait plus quitter sa bouille depuis qu’ils avaient pris la route.

Plus calme que son petit copain roux, le petit Fábián n’en demeurait pas moins agité depuis leur départ de Châteauroux.
Sa mère lui manquait, mais il avait toujours le confort de l’hôtel de Châteauroux et l’affection du personnel de maison. Et voilà qu’il devait aussi quitter ce cocon pour aller vivre quelques temps chez un certain « Afred ». Mais c’est qui ce Afred ?! Un ami de maman, ça c’est sur... un de confiance, ça c’est certain...

Fidèle à sa nature trouillarde, le mioche était inquiet et craignait de ne jamais revoir sa mère. Et si Afred voulait le garder pour lui tout seul comme lorsque Madame de Hyacinthe, la voisine lui pinçait la joue en lui disant « Ohhh toi, tu es tellement craquant que je t’emmènerai bien dans ma maison pour te manger tout cru ! »

Et si Afred était un ogre et que maman ne le savait pas ? Et si maman l’avait abandonné ? Pourtant, elle avait promis de venir le chercher !!
Et lui, avait promis d’être bien sage, sauf qu’à trois ans, être sage ne signifiait pas forcément la même chose que pour un adulte. Les questions avaient fusé lors du périple et s’étaient souvent heurtées à l’ignorance du cocher. Et puis, il avait bien fallu s’occuper.

Elle y sra, minmin chez Afred ?
Nein ! Elle est encore en Normandie
Illé moche Afred ? Y fait peur ?
Che ne sais pas
Illé méchant avec les tits n’enfants ?
Che ne crois pas
Y sait raconter des n’histoires ?
Surement
Illa des n’enfants ôssi ?
Che ne pense pas
C’est quand qu’elle vient minminnn alors ?
Ach, faut être pazient ! Bientôt....
Soupire du mioche.
J’ai faim !
Moi aussi !
Ach ! Fou venez de mancher ! *floppée d’injures teutonnes*
J’a quand même faim ...
Ja ja ! Tenez ! Prenez le fromache et le pain.
Nan ! j’veux des brioches !!!
Ach !!! Nein !!

Le voyage lui avait semblé interminable et il avait fondu en larme plus de fois qu’il ne l’avait promis.

Mais ils en voyaient enfin la fin et ils étaient là, devant la maison du fameux Afred, Siegfried tambourinant à la porte.

Le petit Fábián serra son dragonours contre lui et ancra ses yeux émeraudes sur la porte. Il guettait l’arrivée d’Afred, espérant qu’il serait gentil avec eux. En tout cas, eux, ils allaient drôlement le faire rigoler pour plus qu'il ne soit triste.

--Clothaire_


Clothaire était EN-CHAN-TÉ …
Un peu d’aventure pour briser le train-train quotidien de : lever, petit dej’, le bain, jouer, bêtises, études, bêtises, manger, jouer, promenade, bêtises, goûter, études, jouer, bêtises, souper, toilette, histoire, dormir.
Lorsqu’on lui avait expliqué qu’il irait vivre un peu chez un certain Alfred qui était tout triste car tout seul, le mioche avait déjà prévu tout un programme pour remonter le moral du lascar.

A coup sûr qu’ils allaient rompre l’ennui qui devait régner chez Alfred. En plus, il avait emmené son chevalier Teuton articulé...Gustav von Lichtenstein-Krauftsen, bouclier imitation métal avec un aigle bicéphale peint et surtout sa grosse massue !! Ah ça, ils allaient bien s’amuser chez Alfred... un temps soit peu que Fab cesse de faire la tronche.

Moa, j’a emmené un cadeau pour Afred !

Ach c’est chentil de fôtre part !

Large sourire satisfait de rouquin mini.
Il avait hâte de lui remettre, mais en l’instant présent, il était comme Fábián ... plein d’interrogation.

Alfred555
[Quelques jours avant, à Bergerac]

Alfred, encore ignorant de la terrible et impitoyable menace se profilant presque à l’horizon, vaquait tranquillement à ses passionnantes occupations quotidiennes. Ce jour-là, il s’agissait non pas d’imaginer une mille-et-unième façon d’asticoter une duchesse et peut-être un jour future marquise, mais seulement de rêvasser fraîchement au grand jour en se balançant sur les deux pieds arrières d’une chaise, sur son pas de porte, emmitouflé dans une écharpe. Une certaine façon de prendre l’air, en quelque sorte. À cet instant précis, il rêvait qu’il combattait vaillamment de coriaces et gras dragons qu’il pourfendait de part en part et éparpillait façon puzzle 2 à 3 ans (soit plus de 4 pièces) afin de libérer la princesse prisonnière, et tout et tout comme dans les contes pour mioche vraiment crédules, sauf qu’ils ne vécurent pas ensemble heureux et longtemps ni n’eurent de beaux enfants, et d’ailleurs ils ne vécurent pas ensemble du tout, car la princesse était franchement moche et Alfred préféra aller voir ailleurs s’il n’y avait pas une plus jolie à sauver, sauf que les plus jolies avaient toutes déjà été sauvées, et avaient eu tellement de gosses qu’elles en étaient devenues moches, et il se dit en conséquence que les princesses belles c’était vraiment que pour faire fantasmer, et qu’il ferait bien de se réveiller avant de prendre froid, ce qu’il fit d’ailleurs mais qu’à moitié, vu qu’il éternua vivement.

Le flou artistique suivant cet instant précis nous amène à un autre instant précis de l’histoire, bien plus définissable vu qu’il s’agit de celui où un pigeon visiblement pas du coin s’encastra justement dans celui du nord-est du logis d’Alfred, qui était en plus de ça le plus pointu vu que la maison ressemblait vaguement à un trapèze, vu de dessus, et que donc les angles n’étaient pas droits, mais aigus ou obtus, mais à propos d’aigus je sens que vous allez bientôt attraper une emmerdite aiguë, surtout qu’on voit plutôt la maison depuis la rue que du dessus, donc passons. En réaction à cet incident, Alfred eut cette phrase hautement philosophique qui passera certainement à postérité :

Norf ! Encore un pigeon tâchant mon pauvre mur !

Pestant et râlant comme il savait si bien faire, il se dirigea vers le tas de plumes inerte gisant irrévérencieusement au sol, tout en se demandant s’il ne pourrait pas lui servir pour le dîner du soir et même le lendemain, à condition de réussir à décider s’il l’attaquerait par l’aile ou par la cuisse. D’ailleurs, amis lecteurs, j’ai une question technique existentielle pour la suite de l’histoire : Y a-t-il les sot-l’y-laisse sur un pigeon ? Et d’ailleurs es t-ce que « laisse » de « sot-l’y-laisse » prend un « s » au pluriel ? Vu que, logiquement, les sot-l’y-laisse vont par paire. À moins bien sûr que ce ne soit « sot » qui prennent un « s », et que « laisse » finisse par « nt »…Je sens que ça vous creuse les méninges de savoir, hein ! À moins que vous ne vous en foutiez, en fait… Bon ben ceux qui ne s’en foutent pas sont priés de chercher la réponse et de me l’envoyer au 3615 Alfred555, pour les autres, passons à la suite.

Alfred, donc, était tout à sa recherche des sot-l’y-laisse perdus lorsqu’il se rendit compte que la bestiole était porteuse d’un message. Et qui en plus, par le plus grand des hasards improbables et hautement inattendus, lui était destiné. C’est dingue comme les pigeons viennent clamser au bon endroit. Il ouvrit le pli, et reconnu l’écriture de la baronne de Valençay, sa bonne amie Zoyah ! Qu’est-ce qu’elle devenait, celle-là… aux dernière nouvelles, elle était en balade dans le nord du royaume.

Ça parlait de Normandie, de vacances, de feuilles d’artichaut, d’Irlandais, et d’un tas d’autres trucs que seules les femmes peuvent comprendre : de mioches. D’ailleurs elle lui annonçait l’arrivée imminente de deux spécimens, hauts en couleurs. Le sien, et celui d’une autre. En « vacances » à Bergerac. Chez lui. Qu’il allait devoir les garder, les occuper en attendant que leurs mères arrivent. Juste quelques mois.

Réaction normale et totalement proportionnée d’Alfred, ses yeux sortant presque de leurs orbites :

QUEEEEEOUAAAAA !

Ce ne furent pas des pigeons mais des petits oiseaux qui tournèrent autour de la tête d’Alfred, lorsqu’il prit pleinement conscience de la catastrophe qui venait de lui tomber dessus.
Alfred555
[Le jour de l'arrivée du « convoi », à Bergerac.]

Bam ! Bam ! Bam !

Réveil en sursaut de l’Alfred, qui manqua de peu de tomber du haut de son lit. Mais qui pouvait oser ainsi le réveiller dès potron-minet en ce début d’après midi ? Forcément un manant qui venait quémander quelques sous, ou encore un de ces fichus colporteurs vantant les mérites de trucs tous plus inutiles les uns que les autres. Le dernier illuminé de passage avait cherché à lui vendre une panoplie de père fouettard… comme si ça pouvait lui servir à quelque chose dans sa vie de célibataire endurci. Quoique… certains pouvaient être adeptes de quelques pratiques déviantes, mais fort décriées par l’Église aristotélicienne.

La tête dans le brouillard – pour faire court –, il trouva la volonté de se lever après sa courte nuit de sommeil de douze heures et quelques et se dirigea vers la porte, se grattant là où ça le démangeait comme chacun le fait au réveil. Il colla l’œil au judas mais ne vit rien, mais perçu quelques voix enfantines de l’autre côté de la porte. Malheur ! Était-il possible que ce soit déjà l’arrivée de ce que Zoyah lui avait annoncé dans une lettre quelques jours plus tôt ? Lui qui pensait avoir encore quelques semaines de paix et se préparer « sereinement » à cette dure épreuve. Réfléchissement suite à un début de panique…

Décision :

Ya personne !
--Siegfried


Dans la petite rue de la Sainte-Boulasse, on peut voir un homme grand et fortement charpenté se tenir devant une porte. A ses côtés, une charrette tirée par une jolie jument comtoise nommée Bella. Dans le véhicule, deux bambins qui babillent et se fabriquent déjà leurs premiers souvenirs de colonie de vacances.

Siegfried marqua un mouvement de recul, tout surpris qu'il était de la réponse qui venait de lui être offerte. Il avait peut-être l'air d'un gros abruti en apparence, mais il n'était point dépourvu de cervelle malgré ce qu'Alfred pensait !!

Lorsqu'il entendit la voix d'un homme derrière la porte et surtout les mots prononcés, il poussa un énorme soupire de lassitude. Il venait de parcourir des lieues et des lieues avec ces deux précieux colis... et il fallait avouer qu'ils étaient plutôt pénibles, mignons, mais pénibles, attendrissants, mais pénibles, amusants, mais pé... enfin on aura tous compris.

Derrière le géant Teuton, Fábián s'était penché en avant pour voir apparaître l'horrible ogre « Afred ». Il imaginait un grand homme tout velu, les yeux injectés de sang, les dents taillées en pointe et des mains toutes griffues. C'est que le mouflet avait hérité de sa mère une imagination débordante d'imbécilités et une naïveté un peu décalée. Ses grands yeux verts inquiets ne quittaient pas la porte et ses petites mains si adorables serraient très fort son dragon en tissu. Il ne partageait pas du tout l'hilarité de Clothaire, qui en toute circonstance affichait un état d'euphorie déconcertant. Fábián commençait sérieusement à avoir la frousse. Les murs de la maison d'Afred avaient tremblé sous les coups de poings de Siegfried et il faut bien l'avouer, le chiard aurait nettement préféré voir les murs céder et le toit s'effondrer sur la tête d'Afred, plutôt que de voir la porte s'ouvrir sur cet ogre, puisqu'il en était sûrement un. Il était loin de se douter que d'ici quelques secondes, il serait exaucé.

Effectivement, Siegfried posa doucement sa main puissante sur la porte de bois.
Tout juste un effleurement...
A peine une caresse...
La tête baissée d'un homme qui semble se recueillir, le visage fermé d'un homme qui ne souhaite plus ressentir , une expression concentrée ornait sa face carrée.
Il pensait... ou plus exactement, il se souvenait.
Il se souvenait du périple pour venir jusqu'à Bergerac. Il se rappelait toutes les péripéties rencontrées.. alors une vague d'émotion l'envahit, il ouvrit les yeux et observa la porte d'un air fixe.
Derrière, on devinait les quelques trépignements à peine perceptibles de celui qui accroupi, guettait leur départ tout en ricanant comme un nigaud, particulièrement fier de sa bonne blague.
Puis, le cocher germanique se tourna vers les deux bambins qui l'observaient avec curiosité. Non.. il ne pouvait pas... Il ne pouvait vraiment pas...
L'idée de devoir se retaper le chemin inverse avec ces deux enquiquineurs de première lui sembla insupportable ! Et alors, toute la haine qu'il avait accumulée en lui depuis des années remonta et Siegfried se ressaisit... furieux et fermement décidé à livrer les colis !
Il recula de quelques pas...

Ach...il n'y a perzonneuh ?! … sur un ton incrédule.
Z'est peut-êtreuh que che n'ai pas toqué assez fort !... avec une pointe de menace.

Et là, ni une, ni deux, mon Teuton s'élance avec toute la rage du désespoir vers la porte, épaule la première, tel un taureau chargeant un torero.

BAM !!!!!!
SCRATCH !!!!!!!

Deux secondes plus tard, dans la petite rue on peut apercevoir une charrette à laquelle est attelée une jolie jument comtoise nommée Bella. Dans la charrette deux petits garçons de trois ans et plus, bouche bée. L'un est roux, l'autre brun... ils sont effarés. Sur le côté, une demeure comme tant d'autre si ce n'est un détail. Un gigantesque bonhomme est affalé sur la porte qui gît au sol et semble étrangement secouée de soubresaut. Curieux... non ?
Alfred555
La suite est assez rapide :

Un BAM !!!!!!
Un SCRATCH !!!!!!!

Et voilà notre Alfred qui se prend un char à bœufs de course lancé à fond de train en pleine tronche. Ou un truc du genre, indéfinissable. Toujours est-il que ça lui est arrivé dessus. Et que c’est entré chez lui. Et que ça a défoncé la porte. Et qu’Alfred s’est retrouvé aplati sous la porte. Et qu’il aurait peut-être dû s’écarter de la porte après avoir répondu au manant. Et qu’il n’est pas le moment de deviser sur la révolutionnaire théorie de l’attraction universelle des corps. Quoiqu’il s’agisse ici plutôt de portes.

Alfred, sonné sous la porte et le mastodonte germanique, n’en menait pas large. Ou plutôt si, vu qu’un aplatissement a tendance à élargir les bords. Et vu qu’Alfred était un peu con sur les bords, et qu’il sentait ses bords s’agrandir sous la poussée de la porte, il se dit qu’il allait le devenir encore plus. Qu’il allait toucher le fond. Mais il se rassura en se rappelant qu’un jour on lui avait dit qu’au fond, il n’était pas si con. La mâchoire se mouvant difficilement et ayant du mal à respirer, il parvint en forçant à articuler quelques mots de dessous le tas mi porte, mi teuton :

Aprutis ! Quand on tit que ya perzonneuh, z’est que ya perzonneuh ! Et z’est pas tes façons t’entrer chez les chens !
--Fabian_


Voyant le cocher teuton se débattre sur les débris de la porte pour se relever, les deux marmots étaient descendus de la charrette.
Ils s'étaient rapidement remis du choc de la surprise et se tenaient déjà autour des de la porte... bien plus amusé qu'effrayé. Siegfried s'était levé et marmonnait quelques mots auxquels le petit Fábián ne prêta guère attention.

Cloclo et lui observaient « Afred »...

Son dragonours serré contre sa petite poitrine, le mioche déclama au cocher qui s'approchait de la charrette afin de récupérer la malle.

L'es tout cassé Afred !... sur un ton alarmé montrant le pauvre homme fracassé sous sa porte. … puis d'un ton plus serein... l'es moche mainant ! Minmin l'es toujou jolie...
L'es pas chentil en plus... rétorqua Clothaire... y voulait pô ouvrir la porte. C'est Vilain !
Voui, vilain Afred !

Le cocher répondit aux petits d'une voix essoufflée... c'est qu'elle pesait cette malle

Soyez poli et dites bonchour à messire Halfredeuh !

Et les gosses de déposer un gros bisou bien baveux sur le front d'Alfred.


Alfred555
Beurk...

Deux grosses bises bien baveuses furent déposées par les deux terreurs sur le front d’Alfred. Et c’est qu’ils y mettaient du cœur, les sagouins ! Et de la bave aussi… Et que dire dans cette situation ? Que faire ? Les fesser ? les fouetter ? Sûr que le chermanique allait lui infliger les représailles de la mère par procuration. Et Alfred savait que Zoyah pouvait avoir la main trèèès lourde pour manifester sa réprobation. Déjà qu’elle allait forcément dire que c’était sa faute si il avait fallu briser sa porte pour pouvoir entrer chez lui. Et que même s’il était allé chez le boulanger et qu’il était quand même vraiment pas là il n’avait qu’à être là quand les mioches arrivaient. Et que de toutes façons il ne foutait rien de ses journées alors il pouvait bien attendre sa progéniture devant la porte à ne rien faire, ça n’aurait pas changé l’occupation de sa journée. Et que s’il n’avait pas ouvert c’est que c’était de la mauvaise volonté. Et qu'elle ne lui rachèterait pas une porte neuve. Et que son serviteur teutonique avait des arguments de poids pour faire entendre sa parole à elle. Et que de toutes façons Alfred n’avait rien à dire.

Dépité :

Mmmmmmmoui… bonjour les enfants. Allez jouer dehors, hein.

Bref. On lui avait défoncé sa porte.
--Siegfried


Le Teuton considéra le pauvre Alfred guère plus d’une minute, trop heureux qu’il était de pouvoir se défaire des deux morveux. Pas qu’ils étaient méchants... mais ils étaient ... pénibles.
Aussi, avisant que le gaillard s’était remis de l’épreuve, il prit l’initiative de vider la charrette des effets des enfants. La lourde malle contenant vêtements, jouets et autres joyeusetés fut soulevée et portée jusqu’à la pièce principale puis posée au sol avec fracas. Non sans souffler... c’est qu’elle était bigrement lourde. Les deux petits se ruèrent autour, suppliant le grand homme de leur ouvrir le grand coffre à jouets. Après avoir cédé aux deux petits diables, Sieg s'approcha d'Alfred...

La Baronneuh, m'a dit de fou aider pour le ménache, la lessif et les courses ! Che vais mettre Bella à l'écurie... désignant la jument... et aller au marché pour chercher des profizions. Che fous laisse faire connaissanceuh avec les enffffants.

A la limite de claquer des talons, le germanique quitta la pièce de sa démarche pataude. Sa Maîtresse lui avait fait remettre par l'intendant une bourse bien pleine afin de pourvoir aux besoins des deux mioches. Aussi, chaque moment passé sans eux, que cela soit pour gratter des fonds de culottes ou se rendre au marché de la ville en pleine période de solde, était instant béni.
--Clothaire_


Clothaire était toujours aussi enchanté...
La colonie de vacances débutait drôlement bien !!
De l'aventure !... voyage en charrette avec un germanique qui profère plus de gros mots qu'il ne devrait.
Du suspense !... Afred est-il un ogre ou simplement un vieux garçon un peu déprimé ?
De l'action !... Siegried qui défonce une porte et aplatit Afred.
De l'émotion ! et hop, bisous baveux... il ne manquait plus que le générique de fin. Et là, c'est Clothaire qui s'y colle.

Rouquin mini se rua à l'assaut de la malle en gazouillant sa joie. Il s'agrippa au rebord, farfouilla à l'intérieur, balançant à droite et à gauche ce qui gênait sa quête... culotte, pantin en bois, chaussettes... etc. Le garçonnet en extirpa finalement un mystérieux objet qu'il s'empressa de dissimuler derrière son dos, tout désireux qu'il était de créer la surprise.

Le petit rouquin de trois et demi s'approcha tout doucement d'Alfred, un sourire enchanteur ancré aux lèvres... un sourire pleins de promesses !

Afred ? J'a un cadeau pour toua !... le visage s'illuminant de son sempiternel air espiègle, les yeux pétillant de bonheur. Et oui, c'est comme ça à cet âge... tellement fier de ses créations. Et surtout ! Si heureux de les partager avec les autres... alléluia ! Vive les colliers de nouilles...

Et il offre à la vue du grand brun à la gueule en vrac, une flûte...oui, parce que le morveux prenait des cours de flutiaux à ses heures perdues... donc une petite flûte qu'il brandit avec hardiesse.

Afred... j'a écris une Saint-Faux-Ni pour toua.... voilà, Alfred est fixé sur on sort.

Cloclo pris une grand inspiration et commença....

« Saint-Faux-Ni pour Afred »

Primier prélude

*FlUuUuUuUuu..ccrinnngggggggggggggggg %£$#!!!!*

*Couiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnn !!!!*

*Cooiiinnnnn coiinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnck*

Cinq minutes plus tard....

Deuzième prélude...

*Triiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnggggggggggggggggg !!!!*
*tttriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ttruuuuuuuuuuuuuuuuuu* *Fluuuuuuuuuuuuuuuuuuu coink!*
*Couinnnnnnnnnnnnnnneee !*

Et Clothaire de jouer, de souffler dans son instrument de... tortu...euh... musique, martyris... ravissant les oreilles de l'animateur du Club Mickey pendant encore longtemps.
Pauvre Alfred...



Alfred555
Afred ? J'a un cadeau pour toua !

Waaah… trop bien. Alfred, qui s’attendait plutôt à endurer mille tourments et à en voir de toutes les couleurs qu’à recevoir un cadeau, fut pour ainsi dire surpris et ému de la déclaration de Clothaire. Il n’avait tout de même pas la larme à l’œil, non, mais ça lui faisait quand même quelque chose. Alfred se pencha vers le garçonnet, curieux de voir la suite.

Afred... j'a écris une Saint-Faux-Ni pour toua

Une… quoi ? Une symphonie ? Le genre de truc barbant que la duchesse prenait plaisir à écouter le soir au coin du feu, observant avec délectation le petit groupe de musiciens valétudinaires et grinçants qu’elle avait chez elle. Alfred n’avait pas un souvenir impérissable de ce genre de soirée, mais il espéra que la prestation du gamin serait quelque peu différente…

« Saint-Faux-Ni pour Afred »

Primier prélude

ALfred, pas Afred, maugréa-t-il. Mais c’était bien la première fois qu’un morceau de musique portait son nom. Ou qu’une quelconque œuvre, d’ailleurs. Aussi ne râla-t-il pas plus que ça.

*FlUuUuUuUuu..ccrinnngggggggggggggggg %£$#!!!!*

*Couiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnnnnnn !!!!*

*Cooiiinnnnn coiinnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnck*

Parfois, on pleure parce qu’on est triste, ou contrarié. D’autres fois, c’est parce que l’on ressent une grande joie, une vive émotion qui nous retourne les sens. Il arrive aussi qu’on pleure exprès rien que pour embêter les autres… Et plus rarement, mais vraiment beaucoup plus rarement, les larmes sortent d’elle-même, sans qu’on ne sache trop pourquoi. Comme si quelque chose nous forçait à pleurer. Et là, il faut croire que la soudaine cacophonie stridente qui avait rempli le volume de la pièce ainsi que l’espace vital du pauvre Alfred n’eut d’autre résultat que de le faire pleurer. Tétanisé. Pétrifié. Seules les larmes coulant de ses paupières témoignaient qu’il restait un soupçon de vie en Alfred. À moins qu’il ne se soit mis à pleuvoir dans la pièce… ce qui était fort possible, et même probable. Pour la suite, ne vous en faites pas : c’est juste le bruit du tonnerre et de l’orage qui s’approche…

Deuzième prélude...

*Triiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiinnnnnnnnnnnnggggggggggggggggg !!!!*
*tttriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ttruuuuuuuuuuuuuuuuuu* *Fluuuuuuuuuuuuuuuuuuu coink!*
*Couinnnnnnnnnnnnnnneee !*

Après un temps certain rythmé de ces bruits dignes d'un concerto pour mégère non apprivoisée, ce fut le silence. Et encore le silence. Aucune réaction d’Alfred, ni du bambin qui s’attendait forcément à ce qu’on applaudisse avec joie, entrain et bonne humeur et qui allait certainement être bientôt dépité et faire un caca nerveux si l’Alfred ne bougeait pas plus que ça ni ne lui manifestait pas plus de reconnaissance.

C’était fini. On n’entendait plus un souffle.

Puis, soudain, un doigt fut brusquement pointé vers la flûte, et suivi d'un hurlement :

CONFISQUÉ !
--Clothaire_


Confisqué ?
Confisqué ?!
Confisqué !!!

Voilà ce qui se passait dans la tête du petit chérubin, lorsqu'Alfred lui arracha son instrument des mains.
Lui qui avait passé tellement de temps à s'entraîner....
Lui qui avait essayé d'inventer des sonorités nouvelles tellement plus évocatrices de cet inconnu qu'était alors « Afred ».
Lui qui s'était fait punir pour maltraitance auditive.
Oui, oui...
Et Afred n'appréciait pas son cadeau !!!
Han!
Le môme n'était pas triste, il n'était pas en colère, ni même découragé, encore moins vexé.. il était outré !! Offusqué même !! Sa sensibilité d'artiste en herbe venait irrémédiablement d'être heurtée.

Mais Clothaire n'était pas un de ces enfants qui tombait en larme comme Fabain,
Il n'était pas du genre à passer l'éponge comme tata Nerrine.
Il ne boudait pas non plus comme tata Zo.
Nan, lui, il était comme son grand frère... il se vengeait !

Il resta muet un instant, bref moment de réflexion.
Il roula ses billes gries dans leurs orbites avant de de répondre à Alfred...

M'en fiche ! J'sais chanter aussi !

Le coquin roux improvisa alors une chansonnette.

Afred t'es vriment très michant !
Quand tu cries, tu pues des dents !!!!!
Quand tu ris, t'fais peur aux mère-grands !!!

Afred t'es vriment une vieille croûte !
Quand tu te fais beau, tu t'parfumes au prout !
Quand tu te lave à la boue , tu nous dégoûteeeeeeeuhhhhhhhe !

Derrière, un éclat de rire enfantin fuse.
C'est le deuxième marmot, devenue hilare et qui répète en canon.
Dégoûteeeeeeeuhhhhhhhe !

Et Fabian de faire remarquer....

Afred, il a dit un gros mot... il a dit... hésitation... il a dit con !

Hannnn....

Alfred555

M'en fiche ! J'sais chanter aussi !

Oh galère... mais ne peuvent-ils pas se poser dans un coin et jouer à la marelle ou aux osselets et lui foutre une paix royale ? Mais non, non, c’était trop utopiste que de croire à ça.
Quelle punition leur infliger ? Le coin ? La fessée ?
Sur ces réflexions d’Alfred, le rouquin reprit de plus belle :

Afred t'es vriment très michant !
Quand tu cries, tu pues des dents !!!!!
Quand tu ris, t'fais peur aux mère-grands !!!

Afred t'es vriment une vieille croûte !
Quand tu te fais beau, tu t'parfumes au prout !
Quand tu te lave à la boue , tu nous dégoûteeeeeeeuhhhhhhhe !

Des yeux levés aux ciel, ne sachant plus comment réagir de façon encore proportionnée. Que ferait Zoyah dans cette situation ? Eh bien… elle délèguerait certainement cette tâche à une bonne ou une servante, et irait faire une promenade, bien en paix. Pfff.
Le baillon ? Le placard, au pain rassis et à l’eau pendant deux jours ?

Dégoûteeeeeeeuhhhhhhhe ! Afred, il a dit un gros mot... il a dit… il a dit con !

Et voilà que le second s’y mettait aussi, venant en renfort de son compère. Et il y mettait du cœur, ce saloupiot. Les yeux précédemment levés au ciel descendirent leeentement de leur nuage, en un regard de plus en plus noir convergeant vers les bouilles rieuses des deux morveux.
Ligotés, pendus à un croc de boucher ? Au dessus d’une fosse remplie de loups affamés ?

Un nouveau cri :

LES ENFANTS !

Ah ben… il avait enfin leur attention. Il reprit, très calme :

Les enfants, j’ai un jeu à vous proposer : ça s’appelle le roi du silence. Qui veut devenir roi ?
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