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[RP] Tournent les violons

Kawa
Compiègne de jour et de nuit...

Compiègne village inconnu… l’aube vient à pointer ses premiers rayons et la demoiselle regarde son frère de temps à autre, de biais, comme quelques instants volés, elle n’en revient toujours pas, qu’ils soient là cote à cote, c’est un grand changement pour elle, la solitaire a toujours voyagé seule, c’est même devenu une règle d’or, elle n’aime pas les contraintes de groupes, ne pas décider elle-même de ce que sera demain…
Elle ne sait pas combien de temps ils vont rester, son frère ne lui a rien dit, elle se dit qu’il n’en sait rien, le temps de retrouver Alienor sans doute, voudra-t-elle les rejoindre après ?
Elle ignore où elle se trouve et son frère le sait-il ? Est-elle ici au moins ?

Elle met pied à terre devant l’auberge du petit Compiègne, dépose Nomade aux écuries, puis elle salue son frère.

Je vais visiter un peu le village, on se retrouve plus tard…

Elle disparaît au détour d’une ruelle, sait déjà qu’elle restera discrète ce jour, elle ne se montrera pas, son frère doit avoir idée où chercher et s’ils se retrouvent, elle ne veut pas être là au milieu, elle marche et marche encore, regardant chaque maison en se disant qu’Alienor peut s’y trouver…

Les heures passent bien lentement, elle finit par repérer un endroit agréable près d’une fontaine, se repose un peu, il faut dire que ces derniers temps le manque de sommeil s’accumule, elle se pose plein de questions, s’interroge sur sa nouvelle vie, pense à son amie qui lui a enfin répondu, elle n’a pas l’air d’aller bien et ça préoccupe la jeune femme.

Aimelin de son coté est peut-être déjà avec sa compagne, elle s’est retrouvée à la sortie du village, sans y faire attention, elle se dit qu’elle va passer la nuit là, K… a plus souvent passé ses nuits dehors que dans un lit confortable, ça a eu l’air d’étonner son frère quand elle lui a dit qu’elle s’était reposée sur un banc, ça n’ a pourtant rien n’inhabituel pour elle, un banc, une grange, un campement dans une forêt, des écuries, c’est dans ces moments là qu’elle constate qu’ils n’ont pas connu les même choses, ils ont encore à se découvrir et à se raconter, mais la solitaire n’est pas très loquace quand il s’agit de se livrer et à ce qu’elle a pu constater son frère est du même acabit.

Elle espère qu’ils soient ensemble à cette heure, un morceau de pain est sorti de sa besace et la demoiselle grignote en rêvassant, son écritoire de voyage est resté dans la chambre à Sainte-Menehould, quel drôle de nom… elle répondra à son amie une fois rentrée... et après que fera-t-elle, curieusement avant de retrouver son frère elle ne se posait jamais de questions sur les lendemains, elle sort son couteau et se coupe un morceau de lard séché.

Les passants la regardent curieusement, elle sourit intérieurement, pourvu que personne ne vienne lui parler, elle n’est pas vraiment très sociable la voyageuse, elle se souvient des paroles d’un homme à Sainte-Menehould, « vous n’êtes pas sèche, vous êtes un vrai désert », elle ne sait pas pourquoi mais ce genre de réflexion la fait toujours sourire, c’est vrai qu’elle manque de courtoisie, qu’elle n’est pas mielleuse pour deux sous et qu’elle dit tout haut ce qu’elle pense, c’est la vie qui l’ a forgée ainsi, elle semble dure et ne se laisse pas approcher, elle assume tout à fait ses choix et sa façon d’être, un vrai désert, oui peut-être, et peut-être qu’une oasis s’y cache... à moins que tout ne soit que sables... mouvants…

_________________
Aimelin
[Compiègne]

J'aurais voulu te dire
Les parfums qui me touchent,
Les secrets de mon âme
Juste un doigt sur la bouche....
J'aurais voulu te dire
Des tendresses à mourir
Et pour te retenir
Les mensonges, les pires.

(J-M Moreau - j'aurais voulu te dire)


Il a acquiessé d’un sourire aux paroles de sa sœur. Il ne veut pas qu’elle se sente prisonnière de leurs liens, même s’il ne la laissera plus s’échapper loin de lui, loin de cette famille qu’elle a dorénavant et qui, il l’espère, lui fera oublier sa solitude.

Je vais visiter un peu le village, on se retrouve plus tard…
je serai à l’auberge tu m’y retrouveras


Lui dire de faire attention à elle serait penser qu’elle n’est pas capable de se défendre, elle qui a vécu seule toutes ces années. Il la regarde s’éloigner, une lueur de tendresse brillant au fond de ses yeux, regrettant de ne pouvoir parler davantage d’elle, de ce qu’elle a fait de ce qu’elle a vécu, de ce qu’elle attend peut être. Mais ils le feront, ils ont encore tant de choses à se dire, tant à s’apprivoiser. Leur discussion a été interrompue par la lettre d’Aliénor qui leur cause soucis depuis leur retour. Il soupire devant ce temps qui se joue de lui comme pour ne pas qu’il profite de son bonheur et du présent.

Compiègne de l’hiver 56 a bien changé. Les rues sont désertes, l’auberge où ils sont descendus aussi, et il repense à la discussion qu’ils ont eu avec Yunab et Ereon. A qui demander ? Ses fontes et ses affaires posées il ferme la porte derrière lui, laisse ses prunelles grises parcourir la place. Un froncement de sourcils en essayant de se remémorer cette chaumière. Il n’y a été qu’une fois, et c’était après sa blessure de début octobre sur cette maudite mine avant Peronne. Comment se souvenir de la direction qu’ils ont prise ce jour là. Il ne connait pas Compiègne hormis l’hospice et les murailles qui abritaient le campement des armées.

La chaumière il la revoit avec sa petite grange derrière, où leurs montures s’abritaient. Il décide de laisser Altaïr prendre un peu de repos avec Nomade. Il ira à pieds, ne s’éloignera pas trop pour ne pas que Kawa s’inquiète de trop. Il ne lui a pas dit qu’il serait rassuré de l’avoir à ses côtés, et puis quatre yeux sont bien plus efficaces pour reconnaitre une chaumière.

Il regarde sur sa gauche et prend la première ruelle qui se présente à lui. L’air est encore froid pour la saison et il remonte le col de sa cape dans laquelle il s’est emmitoufflé.


La boulangère a des écus qui ne lui coûtent guère !! … elle en a, je les ai vus *. Il arrête ses pas au son de la contine, la même que fredonnait Angelle ce matin d’été devant la fenêtre de l’Auberge du Casteth à Pau. Instinctivement il sourit et observe le gosse qui fait tournoyer des pièces dans sa main.... j'ai vu la boulangère aux écus .. j’ai vu la boulangère *

Les vêtements usagés qu’il porte, que ce soit ses braies, la veste qui laisse apparaitre ses frêles poignets, ou encore ses chausses plus ou moins en bon état, attestent de sa situation. Aimelin fait quelques pas de plus vers lui.

- z’auriez pas une tit’pièce pour moi s’iouplait ?
- tu n’as pas vu une jeune femme blonde avec un cheval noir ?


Tandis qu’il lui parle il a sorti de la poche de sa veste un écu qu’il lui tend sans le lâcher, ses prunelles dans celles du gamin.

- blonde j’pas fait attention mais un ch’val noiril semble chercher et lorgne l’écup’têtre qu’avec une aut’ pièce j’vais m’rapp’ler.

Il affiche un air réprobateur lui laisse prendre l'écu et en sort un autre.

- dit’ donc z’êtes généreux vous !
- c’est la dernière que tu auras. C’est important…
- t’a l’heure j’vu un ch’val noir magnifique mais l’dame l’était brune, comm’ vous et vous étiez avec elle


Soupir du jeune Etampe en regardant le gosse auquel il n’avait pas prêté attention à leur arrivée. C’est vrai que les deux jeunes femmes ont un frison, encore quelque chose qui les réunit. Un espoir qui s'envole alors qu'il fait un pas pour s'éloigner et se retourne.

- si tu vois une jeune femme blonde avec le même cheval, viens nous avertir la brune ou moi, et tu auras un écu. Nous sommes à l’auberge du Petit Compiègne.

Et de s'éloigner à nouveau, son regard scrutant le moindre coin qui pourrait lui rappeler quelque chose. Et ses pensées qui tournoient sans cesse. Depuis qu'il est à Troyes, Aliénor s'est installée dans sa vie, dans son coeur sans qu'il ne donne un nom à ce sentiment. Il a nié lorsque Terwagne a mis un nom sur ce qu'il ressent par peur de perdre l'une et de se perdre lui aussi. Il connait la douleur des départs, cette douleur qu'il ressent depuis qu'il a lu cette lettre. Bien sûr qu'il l'aime, il ne peut en être autrement puisqu'il a mal. Mais dire qu'on aime c'est parler de demain, c'est avoir peur de ce qui peut être ne sera plus dans quelques temps. Les certitudes s'effritent souvent bien plus vite que les rêves. Pourtant à ce moment là, il donnerait tout ce qu'il possède pour ne pas avoir reçu cette lettre, pour ne pas avoir lu ce qu'il devinait et surtout ne pas avoir lu ces mots qui ont réveillé ces douleurs pourtant disparues.

Il arrête les rares passants qu'il croise, les questionne, priant sans cesse que l'un d'eux lui dise avoir vu la silhouette qu'il espère.
Il rentre bredouille à l'auberge lorsque le soir tombe et trouve refuge auprès de l'âtre. L'Auberge est déserte, nulle âme qui vive, sa soeur n'est pas là. Sans doute a t elle besoin d'un peu de solitude, il le comprend même s'il ne peut s'empêcher de s'inquiéter pour elle aussi. La chaleur des lieux le fait s'endormir doucement sur un coin de table.





* Antoine Gallet
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Kawa
Compiègne

C’est le lendemain soir qu’elle retrouve son frère, il est seul, pas bon signe, elle prend place à ses cotés à l’auberge puis ils se mettent à discuter, il a cherché Alienor toute la journée, mais ne se souvient pas de la maison de famille de la demoiselle.

Ils évoquent leurs passés, le jeune homme a semble t-il plus de facilité que sa sœur à se livrer, elle est naturellement discrète ou l’est devenue par la force des choses, il parle de ce qu’il a accompli, de ses peines aussi, de ce qu’il a traversé il y a quelques années, de ses naufrages et de ses déchirures, la vie ne leur a pas fait de cadeaux à tout deux.


Il lui parle de marine, apparemment il est proche de la demoiselle, marine, celle qui est à l’origine de leur rencontre, si elle n’avait pas été là sur cette place, se seraient ils rencontrés, se seraient ils reconnus, elle l’ignore mais elle se dit que les hasards font parfois bien les choses, à moins qu’il n’y ait pas de hasard et que ça devait arriver…

Ils se disent que rien n’est simple au sujet des rapports humains, qu’il faut marcher à patte de velours, elle remarque qu’il ne lui a pas demandé où elle était la veille et elle apprécie, il lui faut du temps pour s’habituer à cette nouvelle vie, ou plutôt à partager celle-ci avec ce frère qu’elle apprend à connaître, il faut qu’elle fasse l’effort de plus se confier, c’est loin d’être évident, elle découvre un homme droit et juste et ce n’est pas pour lui déplaire, souvent au cours de la conversation, ils se disent les même choses au même moment, c’est assez troublant, tant de similitudes, jusqu’aux même mots employés, la même attitude, le même regard sur les choses ou les événements, elle conseille à son frère de s’ouvrir un peu plus à sa compagne alors qu’elle ne sait que trop bien tout ce que cela implique de se mettre à nu, elle voudrait qu’il soit heureux, pleinement heureux, elle espère que ce souhait va devenir réalité.

Il est tard quand ils se décident à aller se coucher…


Le jour s’est enfin levé, la demoiselle descend l’escalier et se dirige dans l’arrière salle, après être allée chercher le pain, elle prépare le petit déjeuner pour son frère, un petit déjeuner copieux, ils vont avoir une longue journée, c’est décidé ils vont partir ensemble retourner toutes les maisons du village s’il le faut, mais ils la retrouveront…
Elle est là, quelque part…

Il descend, pas plus fringant que la veille, il est cerné, a certainement mal dormi…


J’ai préparé de quoi nous donner quelques forces, on va avoir une longue journée...
Ils déjeunent, discutent de l’itinéraire, elle lui dit que si elle a une monture il vaut mieux commencer par les grandes maisons, celles avec des granges ou des écuries, en tout cas dans les ruelles qu’elle a parcourues la veille, il n’y en avait pas…

Les chevaux sont préparés, ils se hâtent, Aimelin semble nerveux, elle essaye de l’apaiser…
Nous allons la retrouver, c’est sûr… à nous deux, quand on est déterminé, rien ne peut nous arrêter, n’est ce pas ?
Elle le regarde et lui sourit, ils montent en selle…
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Aimelin
[ Compiègne, taverne Au petit Compiègne ]

"Graver l'écorce
Jusqu'à saigner
Clouer les portes
S'emprisonner
Vivre des songes
A trop veiller
Prier des ombres
Et tant marcher.."

(Goldman - Pas toi)



C'est la porte qui s'ouvre qui le tire de sa rêverie. Un homme qui se présente comme un certain aaron. Ce nom ne lui est pas inconnu mais il en voit tellement passer. Il se présente, donnant juste son prénom comme chaque fois. Ni de titre, ni de fonction, il évite. Courte discussion avant qu'une femme entre à son tour et qu'elle ne lui soit présentée. Le nom n'est pas non plus inconnu au jeune connétable puisqu’il lui a délivré l'autorisation de s'installer il y a peu. Etonnant parfois de mettre un visage sur un nom. Politesses courtes et succinctes, tandis qu'il jette des regards à l'extérieur, espérant voir arriver Kawa, abandonnant le couple à sa discussion sur les prouesses de l'un et de l'autre. Ce genre de conversation qui ne le regarde pas le fatigue. Quelques coups d'oeil furtifs. Il n'est pas d'humeur à supporter le batifolage d'un couple alors il chantonne en sortant quelques parchemins. Il faut bien s’occuper dans ces cas là. Un soupir de soulagement quand le couple sort.

Il ne sait pas combien de temps il est resté là, assis, laissant tourner ses pensées plus noires que grises, fermant les yeux lorsque les images viennent appuyer un peu plus sur sa solitude.
Puis Kawa est arrivée. Ils ont parlé d’Aliénor de cette maison dont il ne se souvient pas du chemin. Et puis au fil de leur discussion il lui a sorti la boucle de ceinturon qu’il a dans sa besace quand elle n’est pas sur lui. Il a fait glisser ses doigts en lui expliquant que c’était comme les boucles de la vie. On part d’un endroit, on y revient, on rencontre son passé, on le reconnait. A chaque tour on évolue, la vie nous fait grandir. Elle lui dit que c’est un beau symbole. Il sourit. Elle est comme lui. Parfois les mêmes mots sortent, les mêmes attitudes, les mêmes rires. La peur ne sert à rien, elle a raison. Ce qui est arrivé une fois ne va pas forcément se reproduire. Et puis il lui a parlé de Marine, de cette gosse qu’il aime parce qu’elle pense qu’elle n’est rien, rien d’autre qu’une vaurienne. Lui, il sait bien qu’elle est bien plus que ça, qu’elle a une richesse du coeur que bien des personnes n’ont pas.
Elle lui demande s’il est heureux. Il se souvient du jour ou Terwagne le lui a demandé et où il a hésité à répondre malgré qu’il l’était. Là il n’hésite pas et un sourire s’élargit lorsqu’elle lui répond être heureuse elle aussi.

La matinée n’est guère avancée lorsqu’ils enfourchent Nomade et Altaïr.


Nous allons la retrouver, c’est sûr...à nous deux, quand on est déterminé, rien ne peut nous arrêter, n’est ce pas ?

Un sourire. Non rien ne les arrêtera.

Je me souviens juste d’une façade dont la porte est encadrée d’un rosier. En contournant la chaumière il y a une petite grange pour abriter les chevaux.

Le nom de la rue ? il a oublié s’il la jamais sû. Mais il sait que s’il voit la maison il la reconnaitra. Et puis il sait qu’un détail même infime le mettra sur la voie.
Le bruit des sabots sur les pavés rythme leur avancée. Il n’a pas vraiment bien dormi, mais il ne dort presque plus depuis les jours derniers. Des ruelles, des maisons, des bâtisses plus grandes d’autres plus petites. Il interpelle une vieille qui sort de chez elle un panier à la main. Magdeleine était connue, c’est par elle qu’il faut chercher sa fille. Plus loin par là bas, peut être, leur répond elle. En fait elle ne se rappelle pas, sa mémoire défaille. Ses prunelles grises ne reconnaissent pas alors ils continuent. Une maison qui fait l’angle d’une ruelle et qui attire son regard.


je crois que j’ai déjà vu cette demeure.

Il stoppe Altaïr regarde autour d’eux, se tourne sur sa selle laissant une main sur le pommeau, fronce les sourcils, cherchant le moindre détail qui lui sautera aux yeux, avant de regarder Kawa.

- je suis sûr que la chaumière n’est pas loin... hey petit !
- m’sieur ?
- tu connaitrais pas une maison toujours fermée ? il y a des fleurs tout autour de la porte sur le mur.
- un’maison fermée ? c’rait pas la maison où qu'elle va Marie ?
- Marie ?
- ma soeur. Elle s’occupe d’une maison qu’est fermée et qu’la dame y donne des écus.
- elle est où cette maison ?


Le gamin s’est approché avec précaution de l’étalon et regarde les deux jeunes gens tour à tour. Aimelin sort un écu de sa poche et se penche pour le lui tendre. Il leur montre au devant d'eux, leur parle d'un chêne au coin d'une rue et puis de la maison à côté.
Un sourire en regardant Kawa et une pression des talons pour remettre Altaïr en marche. Elle doit y être, il le faut mais ses pensées se perdent au milieu des battements de son coeur qui lui semblent envahir le silence. Et si elle n’y était pas ? Mais il sait qu’elle ne peut pas être ailleurs et ils l’attendront, il ne partira pas de Compiègne sans l’avoir trouvée.

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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Alienor_vastel
[Compiègne]

"Mais je sais qu'il me faut survivre
Et avancer un pas de plus
Pour qu'enfin cesse la dérive
Des moments à jamais perdus"
Isabelle Boulay - "Parle-moi"



Depuis combien de temps était-elle là, elle avait perdu la notion du temps. Elle avait dormi, longtemps, d'un sommeil sans rêve. Du moins ne se souvenait-elle plus de quoi elle avait rêvé. Lorsqu'elle s'était réveillée, le soleil était haut dans le ciel, mais elle avait été incapable de savoir si une nuit était passée, ou plus...

Ce fut le froid qui eut finalement raison d'elle et l'incita à se lever et sortir chercher quelques bûches qui bientôt flambèrent dans la grande cheminée, réchauffant progressivement les murs de la chaumière à défaut de son être.
Aliénor s'assit dans le fauteuil, les pervenches fixées sur les flammes qui dansaient devant ses yeux. Ne pas penser, surtout ne pas penser.
Ne pas se demander s'il avait reçu sa lettre, parce que sûrement il l'avait reçue. Elle l'avait fait envoyer au castel, et elle doutait que, où qu'il soit, il ne fasse pas suivre les missives qu'il recevait.
Ne pas se demander pourquoi il n'avait pas répondu, maintenant nul doute qu'il savait qu'elle était à Compiègne, les douaniers l'avaient vue arriver. Ne pas se le demander, pour ne pas avoir à faire face à la réponse. Parce que si elle était seule, là et maintenant, c'était bien qu'elle avait raison, non ? Qu'il ne tenait plus à elle, qu'elle ne comptait plus pour lui, qu'il n'était plus heureux avec elle, à tel point qu'il était parti, sans vouloir le lui dire. Et ça lui faisait mal, au plus profond d'elle. L'amour est une malédiction, elle l'avait vu avec ses parents, et maintenant elle le vivait elle-même.

Il avait séjourné à la chaumière, il savait ce qu'elle représentait pour elle et devait bien se douter que c'est là qu'elle était venue trouver refuge. Elle avait juste oublié qu'il n'avait pas forcément retenu l'adresse, ni ne connaissait le village comme elle, qui y avait grandi, qui en avait parcouru les ruelles, les placettes, les moindres recoins durant des années.
À chaque fois qu'elle était venue ici, depuis son retour en Champagne un peu plus d'un an plus tôt, elle avait d'ailleurs remis ses pas dans ceux de l'enfant qu'elle avait été. Elle avait même réussi à se rendre au cimetière, sur la tombe de ses parents, ce qu'elle avait longtemps reculé. Mais là, elle n'avait envie de rien, juste s'enfermer entre ces murs qui avaient vu sa famille heureuse, qui avaient entendu les rires de ses parents.

S'enfermer, et laisser les volets fermés, seule la fumée qui s'échappait par la cheminée laissait deviner que l'habitation était occupée.

Encore que... S'enfermer n'était pas la meilleure des solutions, Aliénor ne faisait que ressasser ses sombres pensées. Si au moins elle avait eu quelqu'un à qui se confier, vers qui se tourner. Mais ses amies avaient leurs propres soucis et n'étaient pas là, et de toute façon elle ne se voyait pas s'ouvrir à Lanna après ce que celle-ci venait de connaître. Il y avait bien la duchesse, sa suzeraine... mais c'était un sujet qu'elle ne souhaitait pas aborder avec elle malgré leur connivence sur tant d'autres points.

La jeune fille secoua la tête, non, elle devait bouger. Et puis il y avait Etoile, elle devait s'en occuper. Elle se leva, prit sa cape et sortit de la chaumière pour se diriger vers la grange après être passée au puits tirer un seau d'eau. Si elle n'avait pas mangé depuis son départ de Sainte, l'appétit lui manquant, elle avait soif et prit une gorgée avant d'entrer dans ce qui servait d'écurie. La façon dont l'animal tendit la tête vers elle, la secouant et hennissant en la voyant entrer lui tira un sourire, visiblement la frisone ne lui en voulait pas de l'avoir délaissée durant ce temps où elle s'était renfermée.
Pervenches songeuses en même temps qu'elle dépose le seau devant sa jument et la regarde s'abreuver. D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle avait été au contact des chevaux, sa mère tenant à ce qu'elle apprenne à monter jeune. Même lors de son éloignement en Montpellier, sa tante n'avait pu lui enlever ça, ce qui restait alors son seul plaisir, chevaucher, sentir le vent venir frapper son visage, cette sensation de liberté, ressentir la force et la fougue de l'animal, sa puissance dans ses mains qui tenaient fermement les rênes, cette impression de faire corps avec lui... Oublier ce vide pour un temps...

Quelques pas pour aller se saisir de la selle et du filet...



[Compiègne, le même endroit quelques années auparavant]

La jeune femme est en train de panser Sageta, sa jument arabe, brossant doucement la robe alezane. Quelques jours avec sa fille à Compiègne, son havre, son port. Ysabault est restée à Pomponne gérer le domaine et la domesticité, elles ne sont que toutes les deux, Aliénor et elle. Elle aime ces moments où elle peut oublier ce qu'est devenue sa vie, pour redevenir juste Magdeleine, la jeune femme arrivée dans le village un beau jour de novembre.

- Maman, on va se promener ?

Le regard mordoré se pose sur la petite furie blonde qui vient de la rejoindre, une petite lueur amusée, si rare, venant les faire briller.

- Hm... pourquoi pas, si tu arrives à seller ton frison.

La fillette lève le menton, crânement, sa mère se moquerait-elle ? Certes, l'animal a le caractère de ceux de sa race, capricieux et têtu, mais il est aussi doux et affectueux et se laissait faire avec elle.

- Bien sûr que je vais y arriver, je sais le faire maintenant ! D'ailleurs il faudra que je montre à papa !
- Oui, il faudra...

Et pendant que l'enfant s'active, la petite lueur disparaît dans les yeux de sa mère, le regard s'assombrit. Que répondre à sa fille? Elle voit si peu son père, même si la dame de Pomponne essaie de lui en parler souvent, le rendre vivant par la pensée à défaut de sa présence auprès d'elles. La fillette le réclame, bien sûr, elle ne peut alors que lui répondre que ses fonctions l'accaparent, mais qu'il pense à elle et les aime. Elle essaie de s'en persuader elle-même, comme le fait qu'un jour, il fera ce qu'il a dit, rendre ses charges et revenir vers elles, qu'ils soient à nouveau cette famille qu'ils avaient rêvée quand ils s'étaient mariés.
Et pourtant, elle doute de plus en plus, ils se sont trop éloignés, aura t'elle à nouveau l'impression d'être importante pour lui ? Les sentiments qui les ont unis, et qui continuent malgré tout de les unir, suffiront-ils à reformer ce qui a disparu devant les murs d'Orléans ?
Si seulement ces sentiments étaient morts à ce moment-là, tout serait plus simple, partir, acter de son absence pour demander la séparation. Couper court à tout ça, à sa peine qu'elle tente de cacher aux yeux de son enfant. A moins que rester ne soit justement la solution de facilité, comme le lui disent Pisan ou Ysa.

Elle a choisi la facilité alors... Même si sa gaieté disparaît peu à peu, sa force aussi, que sa vie vacille comme une flamme qu'un simple souffle peut raviver ou éteindre.
Et aujourd'hui, le souffle qui anime sa vie, c'est cette fillette qui a ses traits, et les yeux de son père. A laquelle elle adresse un sourire en voyant sa fierté d'avoir réussi à seller et harnacher son cheval.
Un hochement de tête satisfait après avoir vérifié les sangles de la selle, et quelques mots.


- Parfait ! Alors en selle, jeune demoiselle, allons voir si l'Oise est toujours là !


[Retour au présent, Compiègne, la même grange]

Un frison, encore, elle avait toujours aimé cette race de chevaux finalement. Et les mêmes gestes, une habitude. Les mots doucement murmurés pour apaiser la jument tandis que les doigts s'activent sur les sangles.
Et d'autres qui franchissent ses lèvres une fois qu'elle a fini.


Allons voir si l'Oise est toujours là...

Oui, elle a besoin de cette chevauchée, de ce galop. Retarder aussi le moment où elle devra décider de la façon dont elle va rebondir. Parce qu'elle va rebondir, ce n'est pas dans son caractère de se laisser couler, pas comme sa mère. Un pan de sa vie vient de s'écrouler, elle en a un autre à rebâtir. Surement qu'elle en a un autre, même si elle ne voit pas lequel à l'instant présent.
Elle prend les rênes dans une main, et avance vers la porte de la grange.

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"Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours" (Gandhi)
Aimelin
[Pendant ce temps, devant la chaumière]

"Et si demain matin tu cessais de m'aimer
je n'peux pas dire que j'en mourrais, non
faut rien exagérer,
j'crois seulement que j'aurais l'air
d'un casino désert
d'une chaise à l'envers
oubliée sur une table
j'crois qu'j'aurais l'air assez minable"

(Maurane - Si aujourd'ui)



Ses prunelles restent fixées sur la chaumière tandis qu’il a fait s’arrêter Altaïr, sans un mot avec juste un regard vers Kawa. Le rosier n’est pas en fleurs mais il reste son chemin de bois sur la façade et sur la porte. Il sent son cœur battre, les volets sont fermés mais en levant les yeux il peut voir la fumée qui s’échappe de la cheminée. Quelqu’un est là et ça ne peut être Marie, le gamin ne lui a pas dit qu’elle y était. Ca ne peut qu’être donc qu’Aliénor. Est elle seule ?

Son regard s’attarde sur la porte avant qu’il ne mette pieds à terre et confie les rênes de son étalon à Kawa, un peu inquiet même s’il ne veut pas le faire paraitre. Il aimerait qu’elle l’accompagne mais il sait qu’il doit y aller seul, du moins pour le moment.


il y a quelqu’un. Je vais jeter un œil et je te fais signe.

Le petit portillon de bois est poussé et les quelques pas qui le séparent de la porte sont franchis avant qu’il ne vienne toquer doucement et fasse jouer la poignée qui déclenche l’ouverture de la porte. Il ne va pas attendre qu’elle lui dise d’entrer, il n’est pas arrivé jusqu’ici pour attendre derrière une porte.

La pièce est sombre et il fronce les sourcils tandis que son regard se pose sur la cheminée qui berce la pièce d’une douce chaleur.


Alie ?

Un regard circulaire après avoir jeté un coup d’œil vers Kawa, et puis il s’avance dans la pièce, appelle une autre fois en se dirigeant vers la Chambre. Ses affaires sont là, son parfum traine encore dans l’air et il ferme les yeux. Elle ne peut pas être loin si elle a laissé la porte ouverte. La grange et Etoile, elle ne peut être que là.
Il parcourt les autres pièces avant de ressortir et de faire un signe à sa sœur qu’il va aller voir derrière. Chaumière qu’il contourne, un air axieux sur le visage avant de s’arrêter. La grange n’est qu’à quelques pas, et Aliénor vient d’en franchir le seuil, tenant Etoile par les rênes.

Il s’arrête, ne sait pas s’il doit sourire ou avoir peur, mais il appréhende sa réaction. Juste son prénom qu’il murmure avant de s’avancer vers elle, jusqu’à être si près qu’il suffirait qu’il tende à peine le bras pour toucher son visage.
Tout ce que lui a dit sa sœur remonte, tout ce qu’il doit lui dire, mais tout se mélange et il ne peut que murmurer quelques mots laissant ses prunelles grises croiser les pervenches.


je te demande pardon
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Alienor_vastel
[Du côté de la grange]

"Je voudrais tant que tu sois là
Pour mettre du rouge à mes roses
Et pour que servent à quelque chose
Ces mots que je pleure à mi-voix"
S. Lama - "Je Voudrais Tant Que Tu Sois Là"



Ce fut une silhouette qui la libéra des non pensées dans lesquelles elle avait plongé son esprit alors qu'elle sortait de la grange, les rênes d'Etoile dans une main. Un arrêt, ne plus bouger. L'avait-elle tant espéré que son image se dessinait, là, maintenant ? Avait-elle tant voulu se trouver face à lui que cette idée même se matérialisait devant elle ?

Illusion ou réalité ?...

La lumière vive du soleil lui fit cligner les yeux, contraste avec l'ambiance claire obscure de la grange qu'elle venait de quitter. Regard toujours fixé vers celui qui s'avançait vers elle et dont la présence se faisait plus tangible à chaque pas.
Et le souffle qui revient alors même qu'elle ne s'était pas aperçue qu'il s'était arrêté un bref instant, son coeur qui chahute et s'agite violemment dans sa poitrine à tel point qu'il lui semble que l'on peut en entendre les battements désordonnés à des lieues de là.
Mais c'est son prénom qu'elle entend à la place.

Pas une illusion, la réalité.

Les doigts crispés sur les rênes d'Etoile à s'en faire blanchir les phalanges, comme pour se retenir à quelque chose, pour ne pas se laisser doucement glisser au sol sous l'effet de cette boule qui lui tordait le ventre, la blondinette le regarda faire les derniers pas qui les séparaient, les pensées revenant s'affronter et se bousculer dans sa tête en un tourbillon effréné, entre espoir et crainte, entre appréhension et conviction.

Il était venu, il était là si près qu'elle pouvait plonger dans ses yeux. Vouloir résolument y lire les doutes et les certitudes, vouloir farouchement y lire qu'elle s'était trompée, qu'il était à Compiègne pour la chercher, qu'elle avait encore une place auprès de lui comme il en avait une à ses côtés. Scruter ses traits tirés, la fatigue sur le visage, elle ne devait pas avoir meilleure mine...

Et l'attente lui semble une éternité, le visage grave, dans l’expectative des mots qu'il allait prononcer, ceux qui sans doute expliciteraient sa présence et décideraient de ce qu'elle ferait, de ce qu'ils feraient. De la suite ou de la fin d'eux.
Et les doigts qui se desserrent et glissent le long des rênes jusqu'à ce qu'elle se retrouve les bras ballants de surprise lorsqu'il les murmure, ces mots.

A quoi s'attendait-elle, elle ne le sait pas, mais surement pas à cette demande de pardon qui la laisse sans voix un moment. Alors il l'a donc entendue, il a compris ce qu'elle avait pu ressentir en ne le voyant pas rentrer, et c'est soudain comme si un poids venait de lui être enlevé.
Un imperceptible acquiescement de la tête, un long silence entre eux, juste troublé par le bruit du vent dans les arbres et le chant des oiseaux, ils ont à parler, il y a trop de non dits entre eux qui se sont installés, trop de choses qu'ils ont gardées. Et alors que les mots se mélangent et se heurtent pour franchir ses lèvres, elle ne trouve à répondre que...


Tu es parti...

Pas un reproche, non, sa voix n'en avait nullement le ton. Juste une remarque, une constatation. Une interrogation, une demande d'explication. Comprendre...
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"Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours" (Gandhi)
Aimelin
[Du côté de la grange]

"Puisque tu sais le temps qu'il m'a fallu
Pour arriver au coin de ta rue
Puisque derrière tes paupières baissées
Tu as suivi les routes où j'ai marché
Puisque tu vois la couleur de mes nuages... "

(I. Boulay - Un jour ou l'autre)


Tu es parti...

Ses pervenches où il lit le doute, l'appréhension, ses mots qu'il cherche parce qu'il n'a jamais été très doué pour dire certaines choses depuis cet été 58 en Béarn, où une partie de sa vie a été ensevelie dans ce petit coin de terre à l'orée de ce bois. Ces mots si difficiles à dire depuis des mois, si difficiles à vivre. Des certitudes auxquelles il ne croit plus et pourtant il est là devant elle comme un gosse pris en faute. Ses prunelles grises se baissent vers la main d'Aliénor qui porte la bague que lui a offerte Maltea pour souder ce lien qui unit la vassale à sa suzeraine, et cette phrase qui ne cesse de tourner dans sa tête depuis ce jour..."ne laisse pas ta vie te glisser entre les doigts".
C'est ce qu'il avait fait en partant chercher Kawa sans réfléchir, ne pas laisser sa vie glisser, ne pas laisser s'éloigner à nouveau son double, celle qui aurait du grandir à ses côtés.

Main qui prend doucement celle de la jeune femme, pour la porter à hauteur de son cœur, caressant doucement la bague avant que son regard ne plonge dans les pervenches interrogatives.


je... je suis parti chercher ma sœur.
je ne voulais pas qu'elle parte, qu'elle disparaisse encore à jamais de ma vie.
Elle est mon double, mon autre moi, celle qu'il me manque depuis tellement d'année.


Une inspiration pour essayer de calmer cette brume qui commence à lui voiler le regard.

Lorsque j'ai reçu sa lettre disant qu'elle ne viendrait pas et qu'elle partait je n'ai pas réfléchi. J'ai laissé la colère guider mes pas, la peur de la perdre.
Parce que je n'avais pas eu le cran de lui dire ce que j'avais au fond du cœur.


Doucement il serre la main de la blondinette tandis que son autre main laisse ses doigts effleurer sa joue. Tous ces doutes qui l'assaillent. Elle est partie, et si elle ne voulait plus de lui et de ses doutes et de ses peurs. Avant de se pencher et d'effleurer ses lèvres d'un baiser en murmurant ..je t'aime aussi, même si je déteste ce mot qui fait souffrir et qui a si souvent brisé ma vie.

Et de se reculer à peine pour lire ce qu'elle ne dit pas dans ses yeux.

je suis venu à Compiègne avec elle pour te chercher... si tu le veux encore.
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Alienor_vastel
[Du côté de la grange]

"Ça ressemble à un rêve
Qui pose le pied sur terre
C'est peut-être une trêve
En un seul exemplaire
Mais on se moque bien
Quand paraît l'éclaircie
De savoir si, demain,
Durera l'embellie"
Calogero - "L'Embellie"



Ce fut d'abord sa main, qu'il prit dans la sienne, chaude et douce, pour la poser près de son coeur dont elle pouvait sentir les battements au bout de ses doigts. Et la bague avec laquelle il jouait doucement en même temps qu'Aliénor y portait le regard. Cette bague, celle que Maltea lui avait offerte, le symbole du lien qui les unissait. Un engagement, en contradiction avec ce qu'elle disait ne pas vouloir, et pourtant elle en était fière. Même si, à y bien songer, il n'y avait pas eu un avant et un après l'anoblissement, la cérémonie, les mots échangés, les phrases couchées sur le vélin n'avaient rien changé à ce lien, à cette complicité, à cette confiance réciproque. Elles continuaient de vivre ce lien au présent sans penser à ce que demain pourrait être...

Ce furent ensuite les mots qu'il prononça pour lui expliquer son départ, et qui tournoyèrent et virevoltèrent dans sa tête alors qu'elle tentait d'en extraire le sens, n'en retenant de prime abord qu'une chose. Elle n'était pour rien dans son départ, il n'était pas parti à cause d'elle, c'était autre chose. Quelqu'un d'autre.


Ta... soeur ?

Et un visage s'imposa à son esprit. Les mêmes yeux gris, le même silence parfois. La même attente... Tous les deux lui avaient fait part de ce sentiment de connaître l'autre tout en étant certain de ne l'avoir jamais rencontré avant. Combien de fois s'était-elle sentie impuissante entre eux deux, ressentir cette envie qu'ils avaient de se parler, de s'expliquer sans oser franchir le pas. Par peur de se tromper ? Combien de fois avait-elle voulu le faire pour eux, ce pas, les pousser à exprimer ce qu'ils avaient à se dire, avant de se raviser, parce qu'au final, elle ne savait pas.

Et un nom prononcé, comme une évidence, plongeant dans les prunelles grises qui lui faisaient face.


Kawa...

Le regard se détourna un instant, regarder derrière lui comme un réflexe, pour chercher confirmation. Mais elle ne vit rien d'autre que la chaumière et le petit chemin de gravier la contournant et qui menait à la grange. Ils étaient seuls, et les pervenches revinrent se fixer sur le jeune seigneur, un moment hésitantes. Tenter de comprendre et d'accepter que cette colère dont il venait de lui parler l'avait fait oublier jusqu'à son existence, puisqu'il ne lui avait pas parlé de cette lettre, puisqu'il ne lui avait pas fait part de ce besoin irrésistible d'aller chercher sa soeur, son manque, son double.
Mais à quoi bon retenir ça au final, à quoi bon revenir sur ce qui n'avait pas été fait, puisque cela ne changerait rien à présent, et qu'il était là, qu'ils étaient là, face à face.

Ressentir la pression de sa main sur la sienne, et y répondre instinctivement, fermer les yeux lorsque les doigts vinrent frôler sa joue, ce geste si tendre. Un léger sourire sur les lèvres lorsque celles d'Aimelin les effleurèrent et qu'elle entendit les mots qui finirent de la rassurer pleinement. Même si finalement ces mots étaient inutiles pour la blondinette, après tout ses actes étaient suffisamment éloquents. Il ne serait pas venu s'il ne le pensait pas... Une certitude parmi les doutes.

Alors les paupières dévoilèrent les pervenches qui plongèrent une nouvelle fois dans les prunelles grises, comme on sort de l'eau pour inspirer une grande bouffée d'air et respirer à nouveau.


Je suis désolée... Désolée d'avoir douté de toi, désolée de t'avoir obligé à dire ces mots que tu détestes... ces derniers temps, même quand tu étais là, tu étais ailleurs, comme absent... j'avais l'impression que tu t'éloignais de moi, que ce que nous partagions disparaissait doucement...

Une fraction de silence avant de reprendre, le regard attiré machinalement par la chaumière derrière lui

Je n'ai jamais aimé avant toi, je n'ai eu pour moi que l'exemple de ce qu'ont vécu mes parents. Elle a tellement attendu, tellement accepté, tellement souffert de l'absence aussi.

Et les yeux revinrent à nouveau s'abîmer dans ceux qui lui faisaient face. J'ai vu l'expression de son regard dans le mien... et j'ai eu peur... Je n'ai pas envie de faire comme elle, et elle ne le voudrait pas non plus. A quoi bon insister quand il n'y a plus d'espoir...

Un silence, en même temps qu'une lueur éclairait les pervenches à l'unisson du sourire qui s'affichait sur son visage, avant de venir à son tour cueillir un baiser sur ses lèvres et de murmurer en réponse à sa question.

Tu es venu me chercher, je ne sais pas ce qui nous attend, mais je veux rentrer chez nous. Avec toi, avec vous... Et connaître ta soeur, puisqu'elle est une partie de toi...
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"Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours" (Gandhi)
Aimelin
[Du côté de la grange]


Une éternité s'est écroulée avant qu'elle ne prononce ces derniers mots. Une éternité pendant laquelle son coeur s'est arrêté de battre comme il l'a si souvent fait à chaque fois qu'un malheur lui tombait dessus. Un hochement léger de la tête lorsqu’elle prononce le prénom de sa sœur. Trop préoccupé ces derniers mois, pour parler de ses doutes et de ses peurs, il se réfugiait souvent dans le silence, savourant les moments où ils étaient tous les deux, et ceux où ils retrouvaient des amis, et il n'avait parlé de la lettre de sa mère à Aliénor qu'après avoir rencontré Kawa sur cette place. Ca avait été une évidence.

Kawa… elle est celle dont ma mère m’a séparé à notre naissance pour nous protéger du mauvais sort. Elle est née le même jour que moi mais n’a pas grandi entourée de cet amour que j’ai connu.
Je n’arrive pas encore à lui dire tout ce que je ressens pour elle tant j’ai peur de la perdre, de la voir repartir.


Un regard pour répondre à son interrogation lorsqu’elle cherche des yeux. Il laisse promener doucement ses doigts sur la joue de la jeune femme.

J’ai tellement eu peur de te perdre. Je .. je suis simplement fatigué depuis des mois, la tête prise par des préoccupations, la peur de mal faire mon travail, les montagnes de parchemins auxquelles je dois faire face tous les jours rapidement. Si tu n’étais pas là, je ne sais pas si j’arriverais à affronter tout ça tant je me sens las par moment.
Rien n’a disparu, tu es toujours ma blondinette même si je ne le dis pas assez. Je suis comme ça, la vie m’a appris à taire certaines choses parce qu’après, elle les détruit. Je tiens à toi comme à la prunelle de mes yeux, comme je tiens aussi à cette sœur qui aurait dû grandir avec moi, à l’abri des mauvais coups.


Un sourire lorsqu’elle lui donne un baiser.

elle est devant la chaumière avec les chevaux, elle nous attend et doit s’inquiéter comme elle le fait depuis que je lui ai parlé de ta lettre… viens, nous te ramenons chez nous.

Il attrape sa main pour l’entrainer avec Etoile vers l’entrée, et seulement là il tourne son visage légèrement vers elle et lui sourit tandis que leurs pas les font contourner la maison. Un autre sourire vers sa sœur lorsque son regard croise le sien. Avec elle aussi, il va devoir apprendre à parler.
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
Kawa
[Devant la maison]

Elle encouragea son frère du regard quand il poussa la porte, le vit ressortir avec étonnement et comprit qu’il faisait le tour

Le temps lui paru une éternité, elle fixait le chemin qu’il avait emprunté durant de longues minutes, puis elle se décida à descendre de sa monture, laissant Nomade libre elle tenait toujours les rênes d’Altaïr, elle regardait le mérens et lui caressait doucement l’encolure, elle fit quelques pas dans l’allée et vit un peu plus loin quelques crocus blancs, elle se baissa et en se mit à en cueillir plusieurs qu’elle attacha au pommeau de la selle de son frère, elle faisait souvent ça, quelques fleurs en voyage, elle aimait les fleurs entre autres choses, mais pas de celles que l’on glisse dans le creux de l’oreille sans y penser, plutôt de celles qui se font sauvages et qui se font jeter aux orties une fois fanées par la valse du vent ou par la valse du temps, satisfaite du résultat, elle se mit à regarder de nouveau vers la maison et se demanda ce qu’il se passait, Alienor comprendrait-elle son départ, lui en voudrait-elle d’être là… après tout, elle avait suivi son frère ne voulant pas le laisser seul mais sa compagne n’apprécierait peut-être pas…

Elle avait eu un bon contact avec elle à Reims, la demoiselle se fiait le plus souvent à son instinct, ça passait bien entre elles, mais les apparences et les voiles que l’on met dessus…

Elle se mit à sourire en pensant à ce qu’elle avait espéré à leurs retour à Sainte-Ménémachin, Alienor serait là, ils entreraient tous les deux dans l’auberge des petits cailloux lui annoncer la nouvelle, elle se demandait la tête qu’elle ferait, bien qu’elle lui ait parlé de ses doutes lors de leur rencontre à Reims, elle allait quand même être surprise, enfin peut-être… surprise oui, mais contente… elle ne savait pas… après tout pour elle aussi ça allait être un changement, un petit changement…

La demoiselle n’avait pas l’intention d’être trop présente, elle ne voulait pas gêner, et elle estimait que c’était sa faute si Alienor était partie… en grande partie, c’était sa faute, si elle n’était pas aussi imprévisible, aussi compliquée, si elle avait pu parler à son frère lorsqu’ils étaient ensemble à Reims, tout cela ne serait pas arrivé…

Ils revinrent enfin, un sourire se dessine sur le visage de son frère, Aliénor est là à ses cotés, elle soupire de soulagement en les voyant ensemble mais reste impassible quand elle tourne le regard vers Alienor, elle en a l’habitude, ne pas trop se réjouir à l’avance, ne rien attendre, rester sur ses gardes, une habitude qui s’est immiscée jusqu’à devenir une façon d’être, elle tend les rênes à son frère… se recule de quelques pas pour admirer la frisone puis sent son étalon arriver derrière elle, doucement il vient poser sa tête sur l’épaule droite de la jeune femme, elle passe sa main sur son museau puis revient à Alienor


Bonjour… vous avez une bien belle jument…
Ou l’art et la manière ne de pas poser de questions personnelles… elle la regarde droit dans les yeux, en remarque le bleue, se sent un peu trop grande, comme souvent… elle ajoute

Et le choix de la race est excellent…
Elle sourit, enfin…
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Alienor_vastel
[Compiègne, mais plus pour longtemps]

"Car c'est l'instant présent
Qui reprend tout ses droits
Après tant de tourments
Sans fin, sans foi ni loi
On ne la souhaitait plus
On se disait "C'est écrit
La paix n'existe plus"
Et voilà l'embellie"
Calogero - "L'embellie"



Face à face, plus proches qu'ils ne l'avaient été ces derniers temps, du moins par la parole. Tout ne serait sans doute pas dit aujourd’hui, mais beaucoup était néanmoins explicité. Le plus important peut-être.
Un hochement de tête à ses paroles, pour lui signifier qu'elle les assimilait et les comprenait, et la main qui vint doucement recouvrir celle qui caressait sa joue.


A trop garder pour soi ce qu'on ressent, à croire que l'autre peut concevoir tout ce qu'on ne dit pas... on en arrive à ne plus se comprendre... C'est valable pour moi aussi, j'aurai peut-être dû te secouer, te pousser à me dire ce qui n'allait pas... J'étais là, je pensais que ça suffisait, mais non, les mots ne passaient pas, ni de ton côté, ni du mien. Comme un fossé qui doucement s'ouvrait entre nous... ne fais pas la même erreur avec ta soeur, même si ce n'est pas forcément facile...

Une légère pause avant de continuer

Je ne regrette pas d'être partie, parce que je crois que j'avais besoin d'entendre ce que tu viens de me dire, même si le fait que tu sois venu, que tu sois là, est la plus belle des façons de me le prouver. Moi aussi, je tiens à toi, plus que je n'aurai cru ça possible, ta présence à mes côtés est sans doute l'une des choses les plus importantes dans ma vie quand bien même ni toi ni moi ne pouvons savoir ce que la vie nous réserve.
Je pensais que mettre un mot que ce que je ressentais pour toi, ou te l'entendre me l'exprimer, serait comme donner vie à ces promesses de toujours que nous affirmions ne pas vouloir, et pourtant... non, finalement, ça ne change rien pour moi, juste à être peut-être plus sereine maintenant, après ces derniers jours, et avoir plus que jamais envie de continuer avec toi quel que soit le temps que ça durera...


Juste le temps de reprendre les rênes d'Etoile alors qu'Aimelin commençait à l'entraîner vers le devant de la maison. Sourires échangés, oui elle était plus sereine...

Juste le temps de contourner la maison et de se rapprocher de Kawa qui les attendait avec les chevaux.
Et comme une sensation d'anxiété qui vint s'infiltrer en elle. Elles avaient fait connaissance à Reims, avaient eu l'occasion d'échanger, agréablement, et l'adolescente avait rapidement apprécié la jeune femme, mais leur lien commun avec Aimelin, une soeur, une compagne, rendait à l'instant présent les choses différentes. Elles n'étaient plus deux jeunes femmes devisant avec plaisir ou philosophant en taverne, il y avait davantage maintenant. Et c'était nouveau pour Aliénor. Nouveau et soudain. Comme ce devait aussi l'être pour eux.

Apprendre à se connaître, à se découvrir, rattraper tout ce temps où ils avaient été séparés. Et la blondinette se demanda subitement quelle serait sa place, au milieu d'eux. Elle en avait une, ils ne serait pas là sinon. Et puis Aimelin venait de lui dire que Kawa était venue avec lui, qu'elle était inquiétée aussi. Il leur faudrait juste un peu de temps pour s'habituer à ce changement, pour s'apprivoiser...

Un regard vers les chevaux, et une petite moue mi-étonnée mi-amusée en voyant les fleurs blanches accrochées au pommeau de la selle d'Altaïr avant de lever la tête pour porter ses pervenches vers Kawa, s'attardant un bref instant sur l'étalon qui venait de poser la tête sur son épaule.
Et un sourire, aussi, lorsque le silence se rompt...


Bonjour... je vous retourne le compliment, votre étalon est magnifique... Finalement, il aura fallu attendre un peu avant que je ne fasse sa connaissance.

Un petit rappel de Reims, de cette discussion au cours de laquelle elles avaient parlé de chevaux, une passion commune, et où la jeune femme lui avait proposé de lui présenter Nomade. Qu'aura t'il fallu pour que cela se fasse enfin? Une fuite, un départ, une autre fuite... Et des retrouvailles.

Étonnant aussi de constater qu'elles avaient un point commun, la race de leur monture. Un autre point commun plutôt, si l'on considérait leur propension à prendre la fuite. Décidément, Aimelin risquait de ne pas être au bout de ses peines, avec elles deux!


J'ai toujours aimé les frisons, ils sont à la fois si doux et... imprévisibles...

Et le sourire se fit espiègle. Imprévisibles, ils l'étaient aussi tous les trois, à y bien songer. Et de réaliser subitement que si Kawa n'avait pas refusé de venir à Sainte comme Aimelin lui avait proposé, alors rien de ce qui avait suivi n'aurait eu lieu, et surtout pas cette discussion qu'il venaient d'avoir. Un mal pour un bien, en somme, sans doute aurait-elle l'occasion de le dire à la jeune femme... plus tard...

Les pervenches ne purent s'empêcher de passer, curieuses, du frère à la soeur, cherchant à en pénétrer les ressemblances. Le même regard, indubitablement, certaines expressions peut-être... Pour le reste, il faudrait attendre sans doute, les observer ensemble.
Et d'ailleurs...


Accordez-moi quelques instants...

Quelques instants qui furent suffisants pour se diriger vers la chaumière, y récupérer les quelques affaires qu'elle avait emportées, refermer la porte avec la clé qu'elle remit soigneusement sous la pierre.
Et se mettre en selle en les regardant tour à tour.


Nous rentrons ?
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"Vis comme si tu devais mourir demain, apprends comme si tu devais vivre toujours" (Gandhi)
Aimelin
[Compiègne toujours]


Le soulagement de ces journées de tension et de doutes, lorsqu’il croise le regard de sa sœur et qu’il la laisse saluer Aliénor. Il sait ce qu’elle lui a dit, ce qu’elle pense et à ce moment précis il ne doute pas une seconde du lien qui se noue doucement entre les deux jeunes femmes. Un sourire tandis que ses prunelles grises se posent sur sa selle où sont accrochées quelques fleurs blanches, simples fleurs naturelles comme il les aime, avant de reporter son attention sur les courts échanges tout en observant tour à tour sa sœur et la blondinette avant de suivre du regard cette dernière alors qu’elle se dirige vers la bâtisse.

Il se rapproche de Kawa, baissant légèrement la voix.

je lui ai dit qui tu étais, pourquoi j’étais parti et je pense qu’elle est heureuse que tu sois làun sourire en ajoutant… il nous faudra parler nous aussi mais saches que tu as ta place avec nous et que jamais tu ne seras de trop. Je t’ai dit que tu avais gagné aussi une sœur.

Un petit clin d’œil complice en attrapant les rênes d’Altaïr avant de se hisser en selle et de la regarder à nouveau

elles sont tres belles ces fleurs.. merci … et de laisser son regard se poser sur la blondinette qui finit de fermer la porte et les rejoint.

oui nous rentrons…

S’il a un poids en moins sur l’estomac il n'en est pas moins soucieux. Il croit toujours qu'on lit à travers lui comme dans un livre ouvert parce qu'il ne cache rien. Mais ces derniers jours lui ont montré son erreur, erreur qu'il va devoir rectifier, essayer de s'ouvrir ce qui est difficile pour lui, n'ayant jamais été un adepte de trop de confidences.
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
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