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[RP OUVERT] Ripailles funestes, n'est plus mal morte.

Judas
RP ouvert à qui le voudra, les protagonistes fêteront la mort de la Reyne Nebisa, on considèrera que le rp se déroulera quelques jours après l'annonce du décès royal par soucis de cohérence. L'action se passe en bourgogne, en la demeure de Judas sur trois jours de festin. Les personnages nobles sont les plus à même d'y participer, connu ou non du maistre des lieux, cependant les troubles fêtes, les pique-assiettes et les opposants sont tout aussi appréciés. Bon Jeu!


Lorsque les premières rumeurs lui étaient parvenues, Judas était resté de marbre, incrédule. Nebisa morte, la belle jambe... Un racontar! Colporté des tréfonds des bouches mal avisées et rancunières que soulevaient le règne de la Malemort. Souveraine divisant l'opinion, sûr que si le Von Frayner était d'un parti c'était bien celui qui la voyait pendue haut et court au gibet parisien. Mais force était de constater que finalement, lorsque les mots courrent... Il est bien inutile de leur faire des croches pattes. Le pays se réveillait sans Reyne, et la confusion régnait sur toutes les langues.

Quel beau jour pour mourir! La malemort était Bien morte! Judas activa tout le castel Petit Bolchen avec une vigueur depuis longtemps assoupie. Passant ici et là, sa voix rauque tonitruait par delà les murailles du domaine.


Moran! Fais abattre les veaux, fais quérir des porcs! Ayoub! Fais reluire la grand salle! Iris, fait dresser trente tablées! Ce soir nous ripaillons à la faveur d'une morte! Catherine, fais porter mille messages, que tout seigneur en soit informé.


Guilleret, Judas comptait bien faire passer le mot dans l'entière France, et convier tous les nobles gens à sa petite sauterie particulière... Connu ou pas de sa personne, celui qui partageait sa liesse pouvait s'attendre à être accueillit avec franche amitié et boire jusqu'à plus soif le vin de la duchesse Angélyque qu'il allait de ce pas faire acheter à grandes caisses.

Le Castel Bolchen en retrait de Nevers se parait soudain des couleurs des jours fastes et des odeurs des chasses fructueuses pour une grande chère digne de ce nom. Un esprit sain dans un porcin! Dressant la liste à haute voix, Judas était plus oisif que jamais.


Dix bœufs de haute graisse, quinze moutons également de haute graisse, trente porcs ; et pour chaque jour durant la fête, quinze petits porcelets, tant pour rôtir que pour d’autres préparations et en sus dix grosses truies de haute graisse, salées, pour larder et préparer des mets en potage..... Et il faut avoir pour chaque jour de cette fête : trente cabris et agneaux, dix veaux, deux cent pièces de volailles et huit cent oeufs. Ha! Il faut que vous ayez affaire à des fournisseurs de volaille ingénieux, diligents et prévoyants : qu’ils aient vingt chevaux pour aller en divers endroits afin d’obtenir : des chevreuils, des lièvres, des lapins, des perdrix, des faisans, de petits oiseaux - autant qu’ils pourront trouver sans restriction - , des oiseaux de rivière, des pigeons, des grues, des hérons et tous les oiseaux sauvages — tout ce qu’on trouvera de quelconque sauvagine. Vu la promptitude de la feste les venaisons ne pourront être faisandées, mais soit, nous pallieront avec nos talents. Les restes seront laissés aux serfs!


Trop généreux le Von Frayner... Judas éclata d'un rire fort, l'humeur étant au beau fixe. Plus bas, mais non moins enjoué, il ajouta à Moran:

Fais donc venir quelques femmes aussi, que nous puissions boire le vin au meilleur des calice. Choisis-les bien grasses.
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--Mai.


    Elle était montée à Paris en quête de mille et trésor. Brocart, Velours, Calicot, Dentelle, Mousseline, Organdi, Soie et Satin. Sous le ciel de la capitale francoyse, l’hermine avait acheté de nombreuses parures aux couleurs scintillantes et aux broderies délicates. Marie aimait être belle. Son récent enfantement et les nouvelles terres qui lui avaient échus, n’étaient que de bon prétexte pour l’achat d’une nouvelle garde-robe. A son plus grand plaisir elle avait pris la route pour plusieurs semaines, laissant son époux et ses enfants au pays. Seule, elle avait parcouru les boutiques à la recherche des plus belle étoffes, jusqu’à ce soir de février ou une lettre l’attendait à l’auberge. Un pli dont le sceaux ne lui était pas inconnu. Judas Gabryel Von Frayner… Un sourire plein de mélancolie était apparu l’espace d’une seconde. Voilà bien longtemps qu’elle ne l’avait pas vu son vendeur d’esclave. Depuis son départ précipité de Breizh qui lui avait laissé un gout amer. Ainsi il l’invitait à sa table pour fêter le décès de la Malemort survenu quelques jours plutôt. L’idée était délicieuse, et aucune raison valable pour refuser ne lui vient à l’esprit. Après avoir déposé les achats de sa journée sur son lit, la blondine s’occupa de répondre à sa proposition sans même se défaire de son mantel, trop pressée qu’elle était de lui donner des nouvelles.

    Marie pris la route le lendemain pour Petit Bolchen. Le voyage dura deux jours entiers de Paris à cette Bourgogne dont il lui avait tant parlé et c’est au coucher du soleil que la marquise fit son apparition dans le fameux domaine du Von Frayner. Ses terres étaient belles sous la lumière vespérale. Bien diffèrent de l’Armorique qu’elle avait toujours vu. De la fenêtre de son coche, Marie regarda le paysage défilé sous ses yeux jusqu’à ce que dans un ultime hennissement les chevaux s’arrêtent devant la demeure du seigneur… Un nœud se forma sous le nombril de la Buze. Que faire ? Que dire ? Pourquoi donc était-elle venue ? Les réponses n’eurent pas le temps de se mettre en place dans l’esprit paniquée de la blonde. Un page sortit le marchepied, secouant son embarcation de fortune, puis ouvrit la porte afin qu’elle en descend.

    La cours traversée, on la fit patienter le temps d’aller quérir la personne adéquate. Pourvu que ce soit Judas en personne. Sur un pan de mur, trônait un miroir en pied, dans lequel son reflet la regardait. Elle avait pris soin d’enfiler la plus belle parure parmi ses récentes acquisitions. La forme était simple, d’un blanc ivoire recouverte de dentelle ton sur ton, elle accentuait la finesse retrouvée de sa taille et dévoilait par transparence la peau claire de sa gorge et de ses bras. Elle avait quelque chose de virginal vêtue ainsi. Volonté stupide de retrouvé ce qui a été perdue il y a bien longtemps. Mais Marie aimait être belle…

    Des bruits de pas se firent entendre à cet instant. On venait vers elle. Une silhouette apparue à contrejour.


    Demat Aotrou.

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Ronea
Elle avait réussit, enfin libre!
La gamine était assez maigre pour se glisser entre deux paniers. Son petit nez se plissa dérangé par l'odeur des poulets fraichement dépecés. Depuis des semaines elle avait cherché toutes les solutions afin de s'enfuir de ce couvent et à chaque fois cela l'avait amené à la pénitence, à quelques coups de fouet et à la prière. Cette prière qu'elle ne pouvait plus sentir. Cette prière qui lui faisait des marques douloureuses sur les genoux. Cette prière qu'elle ne voulait toujours pas savoir mais arrivait à dire machinalement afin de ne pas avoir encore à subir quelques méchancetés. Depuis qu'elle avait perdu la trace de son père, tout avait été au plus mal. Peut être même que cela venait de la malédiction d'avoir brulé le drapeau. Oui, c'était depuis se jour que tout allait mal.
La charrette se mit à bouger, elle se recroquevilla se faisant la plus petite possible. Répétant silencieusement " faut pas qu'elles me voient, faut pas qu'elles me voient".
Le souhait était tellement fort que cette fois elle entendit la grille se refermer derrière elle. Dehors, libre !
Les oreilles à l’écoute des moindres bruits, elle comprit qu’elle était entrée dans un village. D’autres charrettes, des voix. Elle allait devoir sauter en marche. La gamine haute comme trois pommes se glissa comme un serpent entre les paniers. Tapis sur le socle de la charrette elle leva la tête juste assez pour que ses prunelles dépassent de la planche arrière. Elle s’élança et retomba un peu plus d’un mètre plus bas. Son genou rencontra un caillou et malgré la blessure la gamine se mis à courir. Elle se cacha dans une grange. Son cœur battait la chamade, elle voulait crier sa victoire.

Elle se sentait revivre, le monde était à elle, ce monde qui ne lui avait fait aucun cadeau, ce monde qui lui en avait fait tant baver. Entre bataille, coups, naufrage, mort des siens et abandon, elle en avait eu déjà pour plus d’une vie.
Elle cracha sur la plaie pour la nettoyer avec son bout de manche. L’enfant s’était promis de ne plus jamais pleurer. Ses yeux resteraient secs.

Je suis Rone, j’ai sept ans et je vous déteste tous.

Durant toute la période au monastère elle s’était mise à détester celui qu’elle aimait plus que tout Gorborenne son père. Lui, qui lui avait demandé de la suivre. Lui qui l’avait trimballé sans un mot. Lui qui l’avait détourné de sa mère et de ses frères et sœurs. Lui qui l’avait mis dans l’armée, qui l’avait abandonné.

Son visage rond s’était durcit à force de serrer les dents, ses yeux d’anges s’étaient assombris.

[Deux jours plus tard]

Elle était devenue experte pour se faufiler, se rendre invisible. La droiture que lui avait imposée son père avait été balayée comme son innocence. Le monde ne fait pas de cadeau, les bras ouverts ne sont là que pour blesser quand ils disparaissent. Grignotant sa miche de pain cachée dans un buisson, écoutant les gens parler, elle apprit que la Reyne était morte et qu’un grand banquet aurait lieu chez un noble. Les hommes parlaient de nourriture à foison, de gibier et milles plats. La gamine regarda son pain et se redressa un peu juste pour voir la scène. Le plus gros montrait le cul de sa charrette, l’autre s’exclamait sur les produits. La gamine eut une étincelle dans le regard.

Elle aussi allait être du voyage. Elle réussit à attraper une ridelle et sauter dans la carriole en marche. Elle se laissa aller en avant en s’étalant sur le socle. Retenant son souffle pour ne pas crier quand ses yeux se retrouvèrent face à une gueule puante et d’énormes dents. Après les poulets, elle allait voyager en compagnie d’un sanglier éventré, d’une biche et de plusieurs perdrix et autres faisans, tous encore sanguinolents.

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--Agnes.


- Il y aura du beau linge, Camille, sers donc plus ma taille, tire sur les lacets didiou !
Il y aura surement quelques pigeons à plumer.
Je trouverai bien un petit nobliaud pas encore sorti des jupes de sa mère, qui me confiera bourses et autres richesses.


Et le rire de la jouvencelle avait résonné , moqueur et fier alors qu’elle se regardait dans le miroir, disciplinant tant bien que mal, sa chevelure de feu pour paraitre plus élégante.

Elle avait terminé, aidée de son amie, de plier soigneusement les nappes brodées , aux initiales des Von Frayner que la chambrière , débordée avait confié à préparer. Celle-ci , généreuse lui avait également prêté pour l’occasion, une robe de velours et la belle , habituée aux toiles rêches et aux coupes modestes, contempla, moue satisfaite aux lèvres, sa mise.


- On raconte que les culs bénis , ne font pas l’amour sans avoir auparavant mouché toutes les chandelles, ma belle !
Tu imagines ?
J’en séduirai un et j’allumerai le feu dans son cœur et sur sa peau.
Ensuite, à moi, colliers de perles, jupons de cendal et jupes de taffetas.
Et si ça ne marche pas, je trouverai bien moyen de dérober quelques escarcelles au passage.



Elle avait passé sans encombre la porte principale.
C’est fou ce qu’un sourire aguicheur peut faire d’un garde.
L’homme avait plongé la tête dans son décolleté , elle avait fendu ses lèvres en une moue coquine et le tour était joué.


- On m’attend, mon brave. Je porte les nappes pour le festin.
Vite, je suis en retard déjà !


Et la lettre de recommandation tirée de son corsage, avait fait le reste. La lourde porte s’était ouverte,offrant au regard de la ribaude qu'elle était, un monde quasi inconnu. Bien sûr, partout aux alentours, on vantait les richesses et le faste des lieux. Mais jamais, elle ne s'était attendue à une telle effervescence de domestiques .

Et la belle, panier sur la hanche pénétra dans la cour centrale.

Jour de fête au castel Petit Bolchen.

On y préparait ripailles pour fêter la mort de la suzeraine. Et tout le monde s’affairait depuis les cuisinières jusqu’aux panetiers .
Les pâtés de poulardes, les tourtes de foie aux épices , cotoyaient dans les fours les terrines de perdrix aux genièvres.
Et les tonneaux de vin épicé étaient depuis l’aube mis en perce.

Elle s’en foutait de tout ça, Agnès.
Comme elle se fichait de la reyne et de tous les nobliauds du royaume.
Rien ne changerait jamais pour les gueux dont elle faisait partie.
Elle était du peuple, ils étaient du pouvoir.
Mais la gueuse n’était pas sotte et elle avait vite compris qu’elle pourrait trouver parti de la chose.
Et là, elle était dans la place…..
Judas
Ha! La dukez Breizh... J'arrive.

Judas ajustait depuis de longues minutes le noeud de sa cape pendant qu'à ses pieds Catherine graissait ses bottes aux saindoux. Sourcils froncés, la bataille de sa dextre contre la ganse s'achevait avec une grande perdante: La dextérité. Rageur, il dénoua finalement le tout et le jeta au sol comme un vulgaire chiffon de cuisine. Gast* aurait dit la Montfort... Lui se contenta d'un soupir résigné.

Vaille, ça ira bien ainsi, le bliaut suffira. Mais chausse-moi donc de poulaines, et choisis les plus longues.

On est riche et on veut que ça crève les yeux, c'est tout à fait le sentiment qui l'envahit lorsque la femme s'exécute, portant à ses pieds d'interminables atours... Si Judas savait que bientôt la longueur des poulaines ferait l'objet d'une règle... Le prétentieux en ferait une maladie. Ducs et princes seraient autorisés à porter des chaussures atteignant deux fois et demie la longueur de leurs pieds, c'est une demi fois de plus que ce qu'il pourrait afficher. Tout le monde savait que plus la poulaine était longue, plus la richesse était grande.

Il se dégagea de la minutie de la rousse, sans même lui laisser le temps de paufiner. Ceinture à banquelets, collier de cérémonie, l'homme s'était vêtu d'ocre et noir, à la mode du moment. A son épaule fut ajusté un chaperon de façon purement ornementale pour pallier à l'absence de sa cape. Sur sa tête, qu'on avait peignée et soigneusement coiffée en dégageant sa nuque, un cale-bonnet de toile auquel s'ajoutait un chapeau de feutre.

La marquise était arrivée, Judas n'avait plus envie de trainer aux ajustements. Poussé par l'envie de la revoir sans sa panse maternelle, seule en sus, le Von Frayner pressa le pas pour la retrouver. Dehors l'effervescence sévissait, les allées et venues des marchands et de la valetaille donnaient à Petit Bolchen un air assailli. Il y aurait bien un siège ce soir, mais plutôt celui de la noblesse figée dans la graisse et le vin.

Marie. Leurs échanges épistolaires avaient trahis récemment le besoin d'une nouvelle entrevue, c'est naturellement que la bretonne avait été conviée aux ripailles particulières...

Le bon jour vous va, vostre Grasce!


Un baise main, un peu trop appuyé peut-être, et un sourire. Ce sourire qu'il aimait à voir faire rosir ses joues. Elle était venue, et en belle tenue, les joues fraiches et la taille bien plus dessinée que dans ses souvenirs... Il prit son bras, l'accompagnant vers la grand pièce qui voyait s'affairer les petites mains ouvrières.

Je suis ravi de jouir de vostre présence ce soir... Vous estes un peu en avance, mais je saurai occuper ce précieux temps, les convives ne tarderont pas à arriver, j'en gage.

Un rire de gorge naquit avec le regard chafouin qui le caractérisait, les jours à venir s'annonçaient des plus délicieux, tout comme l'odeur de rost qui avait envahit le domaine.
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Iris.
    Jour de fête - Changement d'humeur au Petit Bolchen


Parce qu'elle n'avait jamais vu son Déchu comme tel. Du moins, pas souvent. L'ambiance habituelle au domaine était généralement plus lourde, plus tendue, et chacune des âmes qui y vivait gardait le silence jusqu'à ce que le Maîstre ordonne le contraire. Mais ce jour-là était bien différent. La nouvelle du décès de la Reyne avait mis le VF d'une humeur joviale, presque encore plus gai qu'à la fin d'une nuit de plaisir avec une belle femme. Bien plus que les fois où il en réduit une autre à l'esclavage.

Néanmoins, l'Iris n'allait pas s'en plaindre ; depuis quelques semaines, la tension entre eux diminuait même si la Soumise craignait encore quelques remontrances et quelques vengeances. Mais lorsque le Déchu l'appela avec gaieté pour préparer la fête, l'Iris s'affaira à la tache avec joie. Cette dernière était d'ailleurs suffisamment importante pour que la Soumise puisse y voir une certaine marque de confiance. Un sourire à Nyam, un regard vers la nouvelle venue, et l'Iris fila préparer les tables et profita du monde pour leur demander de l'aide.

Et déjà les premiers invités arrivaient. Et alors que Judas s'empressait d'accueillir une jolie dame - à qui elle fit un sourire et un signe de tête polis - l'Iris se dirigea vers une autre demoiselle qui portait des nappes. Ah ! Enfin une personne qu'elle pouvait accueillir elle-même, et sans en demander l'autorisation. Sourire de convenance, digne d'une vraie hôte.


Bonjour, ma demoiselle. Je suis Iris, enchantée.
Je crois que je vais pouvoir vous débarrasser....


Un regard vers les nappes, puis retour des perles vers leurs jumelles. Que c'était enivrant toute cette agitation !
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Bossuet
Une Reine morte, voilà qui vaut bien une mascarade, aussi bien qu'une oraison. Et de funèbre oraison il n'y en a pas l'ombre jusqu'à maintenant. Mais que font donc ces prétendus poètes de cour! Si prompt à vomir leurs pastourelles, leurs miels de bergers épris de bergères aussi vierges qu'effarouchées! Et lorsqu'une Reine meure, ils gardent leur langues bien cachées derrière leur dent bien blanches...

Non non, il est temps que quelqu'un compose une oraison funèbre digne de la plus acariâtre des coureuses de rempart qu'ai connu le trône de ce royaume. Et tant qu'à clamer de vilains mots autant y trouver un public qui s'en offusquera.

Le Bossuet mis pour l'occasion ses plus beaux atours, ceux là même étant le seul butin d'une escapade dans la maison d'un De Vaisneau.

Un doublet de fine laine, retondue et teinte d'un insolent écarlate, déjà tachée de vin et de graisse de porc, enfilée sous un lourd mantelet fourré de martre. Du velour noire, rendu poussiéreux et par endroit déchiré par une fuite chaotique. En bas, ses braies habituelles trop courtes, usées et sales comme un égout.
Une paire de poulaines qui ont certes vu trop de chemin, trouée et boueuses, bien que dépoussiérés pour l'occasion, et pour finir un galurin de feutre bordé d'hermine, orné comme un trois-mâts, plumé de faisan et de colvert.

Il ferait presque illusion, si tant est qu'on le regarde vite...Peut importe! La verve fera le reste!
L'habit ne fait pas le moine, c'est l'attitude qui le fait. Quelques manières de précieux ridicule, et deux ou trois courbettes, voilà qui contentera le protocole.

La frangine est pas mieux, une robe d'une soie cobalt presque mouvante dans ses reflets, malheureusement tachée d'une auréole de vin bourguignon. "t'auras l'air d'une vraie bourguignonne comme ça!" lui avait il dit avant d'en rire d'avance de la tête du portier.



C'est ainsi vêtu que le Bossuet vient se planter, sa Grayne de Frangine au bras, devant le portier.


Dis donc le souillon. Va donc, m'annoncer au Maitre des lieux.
Et puisqu'il faut bien se présenter, Je suis Messire Barnabé d'Arpaillasse, huitième du nom. Comte en ses terres de Baratin et d'Outrance. Seigneur de la Bosse sur Haie, et Archidiacre de l'église du Grand Fourvoiement. Détenteur de la pelisse de Sainte Puterelle la Gourgandine, et conseiller au service du, au combien glorieux, son altesse le Roi Hurgon de Fantocherie.

et enfin, Mari fier et fidèle de Dame Coloquinthe de Thoux. Dotière de Messire le Duc Bertuphle de Gale.


Ah j'oubliais,
Il pointe Cistude d'un geste pour le moins dédaigneux, et sa suivante Maniguette du Râle Champêtre.


Et ces mots, dits avec le peu de modestie d'un roitelet de haute cour. Menton relevé et lèvres pincées, même la courbette peu adroite de la Grayne est convaincante.

Mais que fais tu encore là, manant, j'ai failli m'impatienter! Diantre! J'entre ci-tôt avant de mourir de froid.

D'un pas rapide il avance, bousculant le portier d'un regard.



Le décor est fastueux. Il y a assez de viande pour nourrir la moitié de la bourgogne en hiver et tout juste assez de vin pour étancher la soif des trois vilains.

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Cistude
Ah! Le printemps des peuples, ô joie! Peuple, lève toi, drape toi du vermeille du sang bleu, et festoie ! Ce jour est funeste, célébrons le en sortant harpe et grelots, troubadours! venez au bal, composez jusqu'à la décomposition... Et marchons, marchons dans les rues pavées du Royaume, nos étendards sanglants levés vers le Soleil, approchons nous du Très-Haut et chérissons notre père d'avoir cueilli la vie de la Putain de France. Notre Dieu a l'air d'un saint lorsqu'il fait le Diable. Dansons, dansons! jouissons de cette perte.

Il n'en fallait pas plus à sa Seigneurie Maniguette du Râle Champêtre pour atteindre les monts les plus aventureux de l'ivresse douce, dévoilant sur ses traits un étirement sinistre aux coins de ses lèvres. L'oeil pétillant devant la Mort, elle riait, mais riait! Envole toi, Nebisa! qu'elle gueulait la Cistude à travers les rues tandis que le drap pisseux dans lequel elle s'était enroulée pour se parer traînait à ses pieds, dans la fange bourguignonne. Sur ses épaules, un vieux morceaux de dentelle, relique de son escapade miraculeuse dans son Paris le Vieux en compagnie d'une teigne, du genre cerise. Pour l'occasion sa chevelure baudelairienne, parce que ouais faut aussi voir la bête hein, ses cheveux à la Tortue c'est pire que Bagdad et on aurait pu faire tout un texte en prose sur l'hémisphère de sa chevelure, était amassée sur le haut de son crâne dans une sorte d'imitation de buisson touffu. Franchement, ça avait de la gueule. Cistude était clinquante à souhait. Attendez les mecs, c'est un banquet des plus prestigieux, faut se la jouer classe.

Alors Cistude se colle au cul des deux frangins, sur la pointe des pieds et le menton levé avec impertinence tandis qu'enfin ils entrent dans le domaine. Passant devant un amas de fleurs grimpantes soigneusement entretenues, elle empoigne sans se priver d'une bonne touffe dont elle se parsème les cheveux. Ambiance printemps. Devant le portier, la Tortue reste en retrait, roulant des épaules comme elle avait vu faire les gens riches devant les boutiques des Halles Lafayotte, le derche pincé. Annoncée par le Roy Fol, elle claque un clin d'oeil au portier alors qu'elle passe devant, profitant de sa proximité pour glisser quelques cailloux dans sa main, en guise de pourboire.
-Et bien et bien mon jeune ami, ne faites pas cette tête, cela restera entre nous. Allez, allez, du vent! Annoncez nous au Maître tandis que nous jetons un coup d'oeil à ses bibelots. Grayne, fous dans ton décolleté ce canard en marbre!
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Grayne
Il est de ces jours bénis ou la chance semble vous sourire à tout point de vue. Grayne est du genre à ne pas laisser passer une occasion de fêter les choses. Que ce soit une pêche miraculeuse, la perte d'une dent, l'arrivée d'un compagnon, une chope pour en fêter une autre, le départ d'une ville, l'arrivée dans une autre... Toutes les occasions sont bonnes pour célébrer. Alors quand la vie offre la disparition de la plus noble des nobles, il est peu de dire que la bougresse sera arrosée comme elle le mérite.

Elle a une sacré dégaine la Grayne à l'arrivée dans le domaine. Attifée comme pas deux et l'air aussi empaquetée qu'un jambon dans la montagne de soieries tâchées qui lui sert de robe. Le menton levé, la posture digne, se concentrant du mieux possible pour avoir, en noblichone crédible, la tête de quelqu'un qui c'est coincé quelque chose dans le séant.

La voilà qui fait des courbettes maladroites quand son frangin l'annonce, pas peu fière.

Elle-même ! Si vous pouvez vous donner la peine de m'entreposer mes fanfreluches... La donzelle articule bien ses mots et lance un magnifique sourire incomplet.
Et faites vite l'ami ! Elle tend au portier le gilet troué qu'elle portais sur le dos et secoue un mouchoir brodé qui semble avoir vécu bien plus longtemps qu'elle ou subit beaucoup d'outrages, comme si l'air allait faire partir plus vite le serviteur.

Avançant en clopinant tant bien que mal, tenant ses frusques tâchées, Grayne essaye de ressembler aux poules guindées maintes fois croisées. Elle se penche, nonchalante, jette un œil vers la Cistude, avec sa coiffure à faire pâlir d'envie un bosquet à sangliers, et caresse avec un gloussement hautement maitrisé le canard en marbre. Celui-ci tombe vite dans l'échancrure de la robe. Non sans manquer de faire perdre l'équilibre à la donzelle, emportant la moitié du décolleté au passage.

Putain d'chiure ! Y'a pas idée d'faire une saloperie de bibelot aussi lourd !

Marmonne la Grayne en se rhabillant. Il s'agit de faire diversion, la belle attifée sort de sa manche le mouchoir sans âge et crache poliment dedans, repliant avec soin le tissus avant de le ranger avec grande délicatesse.

Un sourire plus tard avait rejoint son corsage maintenant déformé un petit cruchon, un petit berger en laiton et une cuillère décorée.
Kijune
.
Kijune entendit des ragots, comme souvent. Mais ceux-ci étaient inédits. Ce n'était pas la vieille Tronchon qui avait reçu chez elle le Barnard Crasseux, ça ne parlait pas de la jeune et belle Marie-Jeanne qui squattait les tavernes de marins, ni du Sale George qui volait les bonnes femmes chez qui il faisait risette... Non, c'était différent. La mort d'une Reyne!
Kijune se fichait un peu de la Royauté, même étant une noble Bourguignonne. Elle s'intéressai à autre chose, mais, très curieuse, elle entendit les rumeurs. "Nebisa morte. Malemort décédée. Ripailles chez Judas. Nobles invités à festoyer. La mort d'une Reine..."

Ayant fini sa lecture à la bibliothèque, Kijune se rendit chez elle afin de se changer pour se rendre à la fête improvisée. Pourquoi ne pas y aller??
La jeune-femme enleva ses braies en se tortilant, et enfila sa plus belle robe, qui était un peu déchirée au décolleté, ce qui lui donnait un air sexy et peu conventionnel. Elle coiffa ses cheveux châtains foncés, laissant des mèches rebelles danser sur ses joues roses, chatouiller ses lèvres pulpeuses, couleur d'un bouton de rose. Elle posa sa hache au sol, caressa sa Vieille chienne et termina sa toilette, tentant de se faire belle.

Kijune, Fin prête, noblissime dans sa robe légère malgré le froid, se dirigea vers le Castel Bolchen. Elle y arriva, part un chemin inhabituel, sans doute emprunté par les domestiques car elle y vit une grande agitation... Et des odeurs lui titillant les narines... Un festin devait se préparer. Un très grand festin, au vu des odeurs savoureuses!
Un des domestiques lui indiqua le chemin des invités. Même si elle n'était pas invitée, Kij savait qu'elle était la bienvenue, elle, noble de Bourgogne, fidèle tonnerroise. Sinon, on la mettrai dehors tel un chien galeux! Cela n'était jamais arrivé, m'enfin..

Grandes portes ouvertes, Kij entra, tenant sa robe dans ses mains menues. Elle aperçu alors une foule, dans une pièce. Des gueux! Mais quelques nobles... Mais les gueux trempaient déjà leurs mains crasseuses dans les mets de bouche posés sur une table. Kij grimaça en s’avançant vers un groupe. Elle remarqua une femme, au décolleté vertigineux, qui, lui semblait-il, pouvait avaler le château lui-même! Sans doute amoureuse des animaux, celle-ci tenta de donner discrètement le sein à un canard en marbre, qui disparu aux confins de sa lourde poitrine.
Kijune baissa la tête vers sa propre poitrine. Généreuse, elle n'aurai tout de même pu engloutir un canard, même de marbre... mais celui-ci ne serai pas resté de marbre entre ses seins...
La gueuse souhaitant allaiter un canard de marbre s’exclama, s'extasiant sur la beauté du bibelot et sa douceur... Du moins, Kij entend ce qui lui plait.

La noble jeune-femme regarda autour d'elle. Elle voulait un mari, et pas trop encombrant! Mais ici... Elle doutait!
Sous ses yeux, les gros seins d'la gueuse et son corsage se déformait. Sans doute lui fallait-il une cruche pour donner le lait à son canard, motif tout à fait honorable pour piller le château...
Kij, prit place à côté d'une table et entreprit d'observer... Non sans boire un coup de bon vin. Ça la décoincerai! On la repérera peut-être...

Et, Ô, Dieu, cette gueuse!! Elle doit abriter l'Enfer tout entier dans son corsage! Combien d'hommes y ont-ils péri?? Et qu'elle se dandinai, sourire charmeur mais troué vers d'autres victimes. Si seulement Kijune pouvait se défaire de sa foutue éducation, elle serai aussi à l'aise que...
Un vase d'ivoire incrusté d'émeraudes tombé dans le Grand Canyon... Ben dit-donc!

.
Iraetignis
Notre homme, appelons-le ainsi, même si du haut de ses presque 24 ans, il avait plus du gamin que de l’homme tel que l’on pouvait le concevoir en ces temps durs et sombres qu’étaient le moyen-âge, et blablabla ….
Aujourd’hui, on dirait ado attardé, c’est plus simple et plus court. Reprenons, notre homme, Ira, c’est ainsi qu’il se nomme. Ira donc n’avait jamais su résister à l’appel du ventre, comme d’autres à l’appel de la forêt par exemple.

Faire ripaille et à l’œil, rien de plus simple pour tenter ce pique-assiette, et peu lui chaut que ce se soit pour une reine défunte. Elle était morte, et bien, tant mieux ou tant pis, ce n’est pas cela qui lui couperait l’appétit, de toute façon il ne la connaissait pas.

Petit souci, peut-être, la petite sauterie semblait être réservée aux Sangs Bleus et autres porteurs de particule. Ira se ferait passer pour noble, se tenir bien droit, et prendre un air hautain, c’était dans ses cordes, facilité par son allure de grande tige noire et sa clinquante ferraille qui pique et qui pend le long de la jambe. Ah le doux, pas pour tout le monde, tintement de Brekk, qui résonnait aux oreilles du garçon quand il se déplaçait. Il pouvait avoir également fière allure, lorsqu’il se déplaçait haut perché sur Tornado ...


Sa vie de mercenaire l’avait habitué à traité avec toutes sortes de gens, et les nobles n‘étaient qu’une sorte de plus après tout. En bon observateur avisé, il avait retenu certaines de leurs manies, c’était le moment de mettre ce savoir à profit.

Voilà, il y était, c’était maintenant que la magie, le tour de passe-passe, devait prendre. Le mercenaire toisa le page de service, ne jamais regarder ni un larbin ni un sous-fifre droit dans les yeux … Ira aboie plus qu'il ne parle lorsqu'il s'annonce.

- Ira Et Ignis, Seigneur de la Pagafanta.

Et sans attendre, il entre d’un pas décidé mais pas précipité. Un coup d’œil à droite, un autre gauche, essayant de repérer toutes les sorties possibles au où il devrait prendre la poudre d'escampette, on ne sait jamais ….

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Aaah, Seigneur Gardakan, votre postérieur est ma foi fort hospitalier ...
--Agnes.


Elle avait montré patte blanche et on l’avait menée dans la grande salle, où dame Iris, distribuait les ordres pour que soient dressées à la perfection les tables.

Et elle se retrouvait là, à disposer sur le chêne, les nappes de toile fine, lissant du plat de la main , le moindre pli. Il fallait que tout soit parfait.

La rousse jeune femme, étira les lèvres en une moue boudeuse et désabusée en voyant une servante apporter des plateaux d’argent.


- Morbleu , pour sur que ça change des écuelles en terre cuite, dans lesquelles on verse le brouet !

Ses yeux se régalaient de tout ce faste , détaillant chaque domestique , depuis le panetier qui arrivait, portant un plein panier de miches tout juste sorties du four, à l’échanson qui remplirait les hanaps des seigneurs et leurs dames au cours du repas . A ce dernier, elle adressa une œillade coquine, le jouveanceau était bien bâti , et il lui fallait quelques alliés dans la place.

Ils étaient tous si affairés, si attentifs à contenter leur maitre , qu’ils ne prêtaient pas attention à elle.
Et elle se proposait pour aider, surveillant de temps en temps par la croisée les mouvements en provenance de la cour centrale. Elle avait ainsi vu arriver divers attelages de la simple carriole aux calèches portant armoiries.

Quelques tapisseries terminaient de sècher au pâle soleil hivernal. Elles avaient été descendues et frottées de cendres, puis rincées à l’eau tiède.
Des cuisines , s’échappaient des odeurs enivrantes et pour la première fois, la coquine mesura toute la distance qui séparait les gens du peuple, dont elle faisait partie des enfarinés comme on aimait à les nommer en se moquant le soir en taverne.


- Bah, y’à pas à dire, ils savent prendre du bon temps, les bougres !

Mais, pas de temps à perdre à envier ceux d’ici. Il lui fallait trouver un moyen de se mêler au beau monde. Et pour ça, il lui fallait des vêtements conséquents.

Discrètement, la belle retroussant le bas de ses jupes, se faufila dans les corridors , profitant des allées et venues occasionnées par les préparatifs.

Elle monta crânement, le grand escalier de chêne qui menait aux appartements privés, tripotant sa pierre de rivière porte bonheur de ses doigts fins pour conjurer le mauvais sort .


- Par les saints couillus du Pape, si on me trouve, je finirai au fond d’une gêole sombre et humide !
--Mai.


    Il était là. Judas. Enfin…

    Un sourire qu’elle ne lui connaissait pas étirait joliment ses lèvres. Il semblait heureux. Bien plus que lorsqu’ils avaient fait connaissance en Breizh. Etait-ce son retour en Bourgogne ou la mort de la Malemort qui le réjouissait autant ? Son allure par contre ne changeait pas. Marie ne put s’empêcher de balader son regard sur la silhouette élégante qui lui faisait face pour s’arrêter sur… ses pieds. Oh ! Pas longtemps, hein ! Juste une seconde. Des poulaines pareilles méritaient attention. Dans son pays de barbare, il n’y avait pas ce genre de chose. Marquise n’est pas conquise par cette mode étrange mais ne pipe mots. L’homme était malgré tout d’un charme remarquable dans ses vêtures de riches seigneurs.

    « Le bon jour vous va, vostre Grasce ! »

    Sa voix résonne délicieusement. Il n’a pas changé. Ses baisemains aussi ont conservé tous leur charme, faisant des pommettes armoricaines un champ de coquelicot. Il avait toujours sut y faire. De la première lettre qu’il lui avait écrit pour vendre des hommes sur ses terres, jusqu’à cet accueil délicat dans l’effervescent Petit Bolchen. Bien plus qu’aux autres, Marie ne pouvait lui résister. La blonde hésitait à faire un commentaire sur le «vostre Grasce», mais préféra s’abstenir. L’hermine appréciait ce clin d’œil au souvenir de leur rencontre. Serait-elle éternellement la Dukez Breizh* ici? L’idée était plaisante.

    La Montfort se laissa guidé par la maître des lieux jusqu’à la salle de réception. Le château était magnifique. Vaste et lumineux. La Bretonne comprenait désormais l’attachement que portait l’homme à son domaine. Dans la salle une jeune femme qui s’affaire à la préparation des festivités, la salue discrètement. Marie ne manqua pas de faire de même se demandant si tous ici était des esclaves... Très certainement.

    « Je suis ravi de jouir de vostre présence ce soir... Vous estes un peu en avance,
    mais je saurai occuper ce précieux temps, les convives ne tarderont pas à arriver, j'en gage. »


    Je dois dire que j’étais si enthousiaste de vous revoir Judas, que j’ai fait hâter le coche jusqu’à votre domaine. Et l’idée de pouvoir partager quelques minutes en votre compagnie avant que la noblesse française n’arrive n’est pas pour me déplaire.

    Seulement, j’espère que la présence d’une bretonne ne gênera pas trop vos invités...


    C’était l’une des craintes qui avait taraudé la blonde durant le trajet. Même si les convives étaient censés être contre Nebisa, cela n’en faisait pas pour autant des pro Ponant ou des bretons. Et l’idée de troublé la fête de son hôte ne l’enchantait guère. L’ombre qui s’était installé sur le visage de la Marquise s’estompa bien vite, balayé par la joie qu’elle éprouvait de le revoir.

    Petit Bolchen me plait beaucoup, sachez le.

    Et elle lui sourit tout simplement.


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*Duchesse de Bretagne

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Judas
Je vais vous faire visiter le castel, donnez-moi le bras.

Ce qu'il fit, bavardant a voix basse , lui murmurant parfois quelques mots à l'esgourde. Ils formaient un charmant couple, du moins en apparence, le tableau était fort beau. Elle, menue et discrète dans sa tenue d'hiver, lui assuré et clinquant dans son habit d'orgueilleux. Il lui assura que personne n'oserait faire une remarque sur sa "Barbarie" sans qu'il n'y fasse couper la langue, mais au fond, tout deux savaient pertinemment que tout individu mangeant à la tablée du Frayner s'accommodait de ses moeurs et fréquentations cavalières... Baiser des gueuses restait le passe temps favori des nobles seigneurs, et point toutes catins... Point toutes catin. Il évita soigneusement la pièce aux fioles, dont la frêle porte avait été fermée à clef, cachant drogues et poisons étrangers aux visiteurs. Une nouvelle mort serait malvenue, voler la vedette à une Reyne voilà qui ne se faisait pas! Les silhouettes arpentèrent le parapet, pointant du doigt la populace qui se pressait aux portes de Petit Bolchen. Il y avait de la gueusaille -repoussée difficilement par quelques gardes - , venue quémander ce qu'elle n'aurait - en theorie - que deux jours plus tard, et quelques voitures armoriées qu'il reconnut avec un entrain mal dissimulé. Le jour disparaissait, le brouhaha qui les accueillit lorsqu'ils revinrent à la grande salle excita immédiatement les sens du maistre des lieux, comme un enfant fou, Judas retrouvait ses réflexes dissipés en hurlant qu'il avait soif et qu'il désirait la plus belle coupe de la nuitée.

Le portier avait disparu après avoir rapporté au satrape quelques noms qui ne lui disaient rien, dans un quelconque coin pour certainement s'acoquiner d'une servante. Les portes du castel étaient ouvertes toutes grandes, laissant la Bourgogne s'y déverser joyeusement. Dans le tumulte, loin de Judas l'idée et l'envie de savoir qui venait sur la recommandation de qui, et pourquoi, plus préoccupé par les femmes qu'il voyait au fur et à mesure de l'avancée de l'évènement. Les présents semblaient animés par une même envie: manger, manger jusqu'à s'en faire péter la panse, boire des mers de Montrecul et 'indigestionner' en choeur, peut-être après avoir copieusement tiré sa crampe sous/sur les tables. Du moins, c'est l'idée que se faisait le Von Frayner de ripailles dignes de ce nom.

L'orgie débuta sobrement, dans l'âtre haut comme trois hommes des esclaves portèrent un boeuf entier, à qui trois porcs gras et luisants grillés à point cédèrent la place. On dressa sur les tablées poulardes, perdrix et faisans tout emplumés dans leur vaisselle d'étain. La table haute réservée au maître et à ses invités de marque avait été dressée sur une estrade au centre de la salle tandis que les autres convives et les membre de la maisonnée trouvaient leur place autour des autres tablées.

Au centre de la grande table, le siège de Judas a été adossé au mur afin qu'il soit encadré par ses invités selon une hiérarchie bien établie - en théorie encore - à savoir : les hommes d'église, puis les nobles et enfin la propre famille du maistre. faute d'homme d'église hardi à s'aventurer à de telles festivités ni famille, la tablée serait juste de noble lignée. Les lévriers habituellement si envahissants se sont retranchés sous les nappes, cherchant discrètement de quoi grossir leur ventre affamé. Les serviteurs vont et viennent, apportant divers plats de la cuisine ou des garde-manger ainsi que des cruches de vin, pots à bierre venus tout droit de la cave. Pendant les entremets, jongleurs et musiciens divertissent l'assistance.

Judas Jubile, prenant la Montfort par la main, aussi familièrement qu'il pouvait le faire en public pour la conduire à sa place qu'il a choisie à sa droite. Qu'importe, son mari n'est pas là, les absents ont toujours tort. Ce ne sera pas la première fois qu'il s'attirera les foudres des encordés, et puis depuis quand Judas se retient pour un quelconque protocole, ennuyeux et frustrant? La bienséance, oui, mais que lorsqu'elle l'intéresse. Il ne s'assied pas, pris par la liesse, porté par le vin. Dans l'assemblée, il n'a pas vu le Bossuet, celui-là même qui fût son habile voleur en Anjou et qui semble tout à point de faire du dégât avec sa fameuse escorte, encore. La salle de banquet devient enfumée et bruyante. Quelques personnes partagent déjà leur gobelet avec leur voisins, une image qui le ramène à un autre soir faste où il posséda la Roide après l'avoir laissée boire à sa coupe. Le brun seigneur se met à hoqueter... Le banquet échauffe, on mange avec les doigts tandis qu'un serviteur propose aiguières et un bassin pour se laver les mains.

Le premier service continue avec de la lamproie, du ragout de mouton, des poissons en sauce, les tables se parent de pain blanc. Judas sort son couteau de sa ceinture, harponnant de ci de là quelques bouchées arrosées de goulées apaisantes. Il revint à son siège, et enfin s'y assit, essuyant d'un revers de la senestre un trait de sauce aigre douce qui s'était accroché à sa lippe. Retrouvant sa coupe démesurée, il la lève, huant avec force un:


A la Mal Morte! Plutôt bien trépassée voilà nos panses apaisées!

Sur quoi il éclata d'un rire gras.

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Bossuet
Dans ses frusques de nobles dérobées, et paré de la mine hautaine d'un cadet de petite famille, le Bossuet, Roy fol s'il en est, se pavane, verre en main, saluant les serviteurs et les convives de hautes naissances avec autant de déférence surjouée.

Un magnifique couteau de table de laiton ciselé disparait dans une manche.

Il se promène dans ce paradis des mains baladeuses, jouant une aise qui n'y est pas pour le luxe. Il sourit de chaque courbette, de chaque tirade toute poisseuse de manières, mais les pensés sont toute autres.

Ces fils d'oncle et cousin de sœur...Tous consanguins au troisième rang pour garder leur sang bleu! Vilaine farce encore, il en ferait bien partie tiens, s'il ne fallait pas en adopter les protocoles absurdes, et les manières d'eunuques.

Sa besace s'alourdit d'un bougeoir en étain, plus ouvragé qu'une bijouterie.

Il retient un fou-rire lors d'un coup d’œil vers la frangine et la tortue, affairées comme au marché. La Frangine, qui ne porte pourtant pas l'opulence sur la poitrine, a le décolleté garni et en chute libre.




Les convives, parés de leurs atours des grands jours s'installent à la table, mais le Bossuet traine à en faire de même. Restons prés de la sortie...sait on jamais...mais l'envie est trop forte lorsque le Judas, dont le visage l'interpelle sans qu'il sache encore pourquoi, hausse la voix...



A la Mal Morte! Plutôt bien trépassée voilà nos panses apaisées!
clame t il comme un ouvreur de bal.

Le Roy fol s'avance non loin de la table, faisait apparaître ses dents sales en un sourire aussi conquérant que narquois. Une bouteille à la main, le gobelet dans l'autre, et la bouche pleine, il bombe le torse en se présentant, bras écarté en bon orateur.


Bien trépassée! Fichtre-cul d'broutille sauvage! J'oserais bien y mettre un drôle d'avis! Mais puisque je suis d'humeur à la rime, ce sera en vers.

Il ôte son chapeau plumé, et le lance sur le coin d'un meuble. Ce dit chapeau rate d'ailleurs sa cible, et atterri dans un plat de viande en sauce. Loin de s'en émouvoir, le Bossuet fait quelques pas puis reprend.

Mes bons compaings bleus de veines, soiffards sans misère qui buvez à la mort, je me permettrait ces quelques vers, car même une Catin mérite un Oraison.

Un bref silence pour marquer l'effet, et il s’épanche en parole d'une voix claire, assez forte, et finement teintée d'ironie.

Offrons un repos éternel à la mal-morte,
Aurais du être en chef , cils et sourcils rasée,
Fichée et cuite en broche comme un navet!
Plutôt que sans heurt, endormie de la sorte!
Pourquoi en paix? Maudite couronnée!
Qu’aurais du être trouée, bouillie ou plumée!
Pestons au repos éternel de la mal-morte !


Une gorgé de vin, au goulot même de la bouteille, tandis que le couteux gobelet tinte sous son pourpoint écarlate.

Fêtons le repos éternel de la mal morte,
Pourquoi si tôt? Pleurent courtisans et conseillers,
Si tôt! Point plus de temps pour batailler,
Qu’aurons à faire ses chères cohortes,
Mourir d’ennui, ou de chaude-pisse à tant violer!
Frappons son cul d’une pelle, qu’elle reste couchée!
Buvons au repos éternel de la mal-morte!


Sur ces dits, il tape d'un plat de main le séant d'une suivante quelconque, lui arrachant un hoquet de stupeur indigné. Un sourire plus carnassier que charmeur et il reprend:

Dansons au repos éternel de la mal-morte,
Artésiens, angevins ou bretons dépités,
De n’avoir pu eux-mêmes la décoiffer,
La grande Catin, puterelle aux cuisses accortes,
Brigands, voleurs et arpailleurs, eux désolés,
En fin de guerre, seront de nouveau traqués.
Crachons au repos éternel de la mal-morte!


Il crache sur le sol un jet de salive teintée de vin de Bourgogne, ou d'Anjou, ou d'où qu'il puisse être d'autre. Il lève enfin sa bouteille pour marquer l'envoi:

Qu’on y pleure ou qu’on y chante;
Le fait est là, ainsi s’éteint Nebisa,
D’aucuns sauraient dire « plus jamais ça !»
Car on devine bien pire la suivante!



Sur ces derniers vers il se penche en une courbette acrobatique, et se redresse, arborant un sourire narquois.

Et si l'on vous demande d'où viennent ces beaux mots, vous pourrez dire qu'ils sont au Roy, Fol celui là!

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