Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

[RP] Lady Clarisse

Anne_de_breuil
Crypte de Limoges


La lueur blanchâtre de la lune sur la peau d'albâtre de la femme était dans les allées sinueuses de la ville comme le déambulement d'un fantôme de chair et d'os. Des gouttes salées s'écoulaient lentement sur l'ivoire de ses joues et les ailes de son nez légèrement retroussé. Certaines finissaient leur voyage sur les lèvres carmin sur lesquelles on apercevait aisément les points significatif de celle qui avait pleinement enfoncé ses dents dans la chair rubiconde de cette bouche gourmande. D'autres, continuaient leur périple en longeant le menton avant de glisser lentement, très lentement sur la gorge sculptée de la jeune femme. Ce n'était point là l'érosion entre deux montagnes mais ces larmes ci s'arrêtaient toujours à la naissance des deux colinnes que formaient ses seins.

Les yeux rougis, Anne avançait parmis les arbres jusqu'au tombeau de Nebisa. Chaque ombre devenait un manteau dont elle s'entourait pour ne pas être repérée par les ennemis chimériques qu'elle inventait. Chaque fois que le vent soufflait elle tressaillait. Sa respiration était saccadée par la panique feinte, son souffle était glacé et sec à force de s'interdire le moindre son.
Son sourire, s'il était absent en apparence, rythmait les battements de son coeur qui jouait un autre air que celui surlequel elle allait danser.

Un instant, elle s'arrêta pour laisser exploser son bonheur en silence puis elle reprit son rôle et ne fut plus que terreur.
Elle ne prêtait pas attention aux gueux, ces gens là n'étaient que vermine. Toujours groupés, grouillant dans la misère ce flot humain lui portait au coeur. Ils lui rappelaient le pus suitant d'une blessure mal soignée. Elle n'aurait de toute façon, même si elle l'avait voulu, pas pu prêter attention à qui que ce soit si ce n'était elle même : elle devait être concentrée sur son jeu de dupe.

Elle approchait le cimetière et ses sanglots jusque là étouffés devenaient peu à peu légèrement audible. A quelques pas de la princesse elle dut faire preuve d'une grande retenue pour ne pas esquisser un sourire ; mais en grande comédienne son visage se crispa d'une douleur et une tourmente encore plus grande. Son regard balaya furtivement les alentours. Non pas qu'elle craignait pour sa vie mais elle devait tout du moins le faire croire. Rochefort n'était pas loin, elle le savait.
Son pas s'habilla de coton et elle s'approcha de la Malemort. Seul le frottement de ses habits était audible.

Anne posa avec douceur sa main sur l'épaule de la femme en deuil, et une fois son attention requise elle leva sur elle son regard larmoyant. Les contusions qui cernaient ses yeux rendait l'expression de sa terreur plus vraie encore que dans son orgueil elle se savait jouer à merveille.


- Your serene Highness ?, murmura t-elle les trémolos dans la voix. I'm so sorry for her queen...*

Sa sincérité ne devait faire aucun doute. Le ton de sa voix s'était voulu intimiste et emplie d'une grande compassion. Elle n'ajouta rien laissant son interlocutrice l'étudier certaine qu'elle tomberait sans ses filets mais aussi, parce qu'elle aimait à jouer d'improvisation et laisser toujours à son adversaire l'occasion de porter le premier coup. En général, ils ne le faisaient pas...







- Votre royale majesté ? Je suis désolée pour votre reine.
* le vouvoiement anglais face à la noblesse est exprimé par la troisième personne du singulier.

_________________
Aldraien
    « Credo in Deum,
    Altissimum Omnipotentem,
    Creatorem caeli et terrae,
    Inferos et paradisi,
    Ultima hora animae judicem nostrae »
Les yeux s’ouvrent à nouveau lorsque la main se pose sur son épaule.
Elle l’a à peine entendu arriver, trop ancrée dans ses pensées. Tu manques de prudence, Malemort ; ça pourrait bien te coûter cher, ce serait tout de même bien d’éviter de se faire tuer bêtement, même si Harchi n’est pas loin. Lui faisant face, le visage marqué par les flammes de la trentenaire à hauteur de celui de la jeune femme venant de l’outre-manche ; elle la détaille rapidement.
Elle avait visiblement été agressée ; et le pragmatisme de la rousse la poussa à rester de marbre face à cette scène pitoyable et larmoyante, ce qui ne voulait bien entendu pas dire qu’elle n’était pas touchée par l’état de la jeune femme qui semblait ne pas avoir menti dans sa lettre : Elle risquait visiblement très gros en étant devant elle ce soir ; autant lui prêter une oreille attentive puisqu’elle serait peut-être la dernière personne à l’entendre.
Naïve, elle l’était assurément ; mais elle avait encore cette foi en l’espèce humaine qui lui faisait espérer le meilleur de la part des hommes.


    « Et in Aristotelem, prophetam,
    Nicomaqui Phaetique filium,
    Missum ut sapientiam et universi
    Divas leges errantibus hominibus erudiret »
Les coups devaient dater de la veille.
L’avait-on frappé suite à l’envoi de sa lettre, ou suite à la réception de la réponse qui y avait été faite ? Si c’était le cas, comment avait-elle réussi à s’échapper de la surveillance qu’on avait dû lui imposer pour pouvoir venir jusqu’ici ?
Tu réfléchis trop, rouquine. Tu devrais te douter que si ce qu’elle a à te dire vaut qu’elle risque sa vie, elle aura sans aucun trouvé un moyen de s’éclipser en s’assurant de ne pas être suivie ou rattrapée avant un certain temps, assez pour se laisser le temps de te parler. Les sinoples continuent de la détailler ; elle a visiblement beaucoup pleuré, ses yeux sont encore humides et rougis et les sillons tracés par les larmes salées sont encore visibles à l’œil nu.
Ce qui l’attendait devrait vraiment être très grave pour l’avoir mis dans cet état ; qui pouvait bien en vouloir autant au Royaume de France pour faire tant de mal à une jeune femme à peine entrée dans l’âge adulte ?


    « Credo etiam in Christum,
    Natum ex Maria et Ioseph,
    Vitam dedit ut nobis paradisi viam monstraret
    Sic, postquam sub Pontio passus est
    Propter salutem
    Nostram martyr perivit
    Consecutus est Solem
    Ubi Aristoteles ad Altissimi dexteram eum expectabat »
Les premiers mots sont balancés, dans une langue que la Malemort reconnait, même si elle ne la comprend pas. C’est ainsi que parlent les gens de l’autre côté de la Manche, ceux qui ont été si longtemps en guerre contre les français. Un jour, peut-être, elle essaierait d’apprendre cette langue qui avait été celle de ses ancêtres - car dans l’esprit de la trentenaire écossais et anglais parlent exactement la même langue, elle est bien loin d’imaginer qu’il puisse exister des variantes - pour qui sait aller voir par là-bas comment c’était ; si elle parvenait à mettre sa peur de côté pour réussir à grimper dans un bateau.
Ce n’est pas à l’ordre du jour.
Incompréhension se mêle à son regard, elle ne sait pas ce que lui a dit la jeune femme. Le début, semblable à celui qu’elle a pu lire dans la lettre qui lui est parvenue, devait certainement correspondre à son titre. La suite, elle n’en avait pas la moindre idée ; elle ne retient que la tristesse qui semble jaillir de son expression.


- Vous êtes dans un sale état, Lady. Je suis venue comme vous me l’avez demandé, seule ; dites-moi ce qui menace notre Royaume, je vous promets ensuite de vous fournir protection suffisante pour assurer votre survie.

L’évidence énoncée, viennent ensuite les promesses de récompense. Parle-moi, et je t’aide en retour. Echange de bons procédés ; mon influence est largement suffisante pour te promettre la sécurité, ma garde bien assez entrainée pour te mener dans un endroit discret, isolé et à l’abri.
Fais moi confiance, sèche tes larmes.
Tu vivras ; et j’enraillerai la menace qui se cache, insidieuse ; attendant le bon moment pour faire surface et frapper. Après tout, je n’ai pas survécu si longtemps, surmonté tant d’épreuves, pour mourir maintenant. C’est bien qu’Il a une mission pour moi.
Parle-moi, Clarisse.
Les sinoples, sincères et franches, transpirant l’honnêteté, restent accrochées à leurs homologues.
Je suis là.


    « Credo in Divinam Actionem,
    Sanctam Ecclesiam aristotelicianam, romanam, unam et indivisibilem
    Sanctorum communionem,
    Peccatorum remissionem,
    Vitam aeternam. »

Amen.

_________________
Anne_de_breuil
Amen.

Ses prières étaient entendues et comme en écho les cloches de la Cathédrale semblaient bénir ses desseins. Entends-tu le temps qui s'écoule ? Chaque seconde sonne comme les derniers battements de ton cœur... C'est ta mort que je bois dans une ivresse saoule... N'as-tu donc point peur ?

Anne souriait mais lady clarisse n'en laissait rien paraitre. Le silence succédait à la danse macabre qui venait de se jouer et la cruelle s'éloignait dans une révérence obscure pour laisser l'anglaise en lumière présenter leur oeuvre.


Je... je ne survivrai pas Her Highness, répondait tout bas la jeune femme avant d'être saisie d'un sursaut.

La panique dans le regard, elle posa son index sur ses lèvres indiquant à cette femme brûlée de garder le silence. Elle lui prit la main et l'invita à s'agenouiller de nouveau sur la tombe.
Lady Clarisse tremblait et de nouvelles larmes s'écoulaient sur son visage. Elle avait entendu quelque chose et craignait pour sa vie à n'en pas douter.

Regarde Princesse, regarde bien où git ta reine, ta mère car bientôt tu pourras la rejoindre.

Le silence oppressant s'installait un peu plus. Clarisse avait beaucoup de choses à dire à la Malemort mais elle avait si peur...

Tu voudrais que je parle mais quand je parlerai ton agonie aura commencé...

Le vent lui même s'était arrêté de souffler ne transportant plus jusqu'à elles les toux rauques des mendiants malades et sales.
Le silence éloquent, oppressant, et en dedans les éclats d'un rire sarcastique.

Lady Clarisse laisse quelques minutes s'écouler avant de poser ses lèvres sur la main de la princesse.


Je vais vous parler, dit-elle avec un fort accent anglois.
Elle se signa devant la tombe et tandis qu'elle jouait une révérence cérémonieuse elle s'empara d'une dague posée par ses soins la veille sous une pierre près du tombeau.

La lady se relevait, l'arme dans l'ombre de sa manche. Elle invitait d'un signe la princesse à s'approcher d'elle pour lui glisser à l'oreille les desseins secrets et irréels qui auraient menacé un royaume cher à son cœur.

Viens, viens, approche toi que tu entendes la litanie de ta meurtrière.

_________________
Aldraien
« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours ! » - Lamartine -

Les sinoples se redressent vers le clocher de la cathédrale. L’apogée de la nuit est arrivée, il est venu le temps de délier les langues pour enfin entendre la vérité. Elle n’a pas peur cette femme que la maternité aura rendu trop calme, trop confiante en l’avenir ; à cet instant elle se sent immortelle, certaine que le Très-Haut ne lui a pas permis d’être encore en vie par hasard.
Face à cette femme en proie au désespoir, le pragmatisme dont elle fait preuve serait presque insultant, pourtant elle sait que céder à la panique ne servirait à rien ; elle en a déjà fait l’expérience plus d’une fois par le passé, il fallait qu’au moins une personne garde les idées claires face aux événements, si graves fussent-ils.
Bien entendu, elle ne pouvait pas demander à cette toute jeune femme, presque une enfant à ses yeux, de rester stoïque face à une mort qu’elle savait certaine ; rares étaient ceux capables d’une telle prouesse.

Les sourcils se froncent imperceptiblement, la Malemort n’aime pas qu’une inconnue la touche.
Encore moins lorsqu’elle sait que le Royaume est en danger.
La jeune femme fait bien trop durer le suspens.
Si elle est si sûre d’y rester, pourquoi prendre tant de précautions pour ne pas être entendue ou vue ? Tant de mystère dans son attitude ne collait pas à l’urgence de la situation.
Ce fut le premier signe.
Pourtant, la Malemort s’agenouilla près d’elle, trop curieuse et préoccupée par la Couronne et le Royaume dans son ensemble. A trop vouloir jouer la justicière…On finit par se brûler ; et toi plus que quiconque devrait le savoir, Princesse. Les yeux sur la tombe de sa Mère, elle songe à ce Royaume qu’elle a tant défendu, lorsque les lèvres de la jeune femme viennent effleurer sa main.
Le mal aise s’installe, glaçant ses veines.
Quelque chose ne tourne pas rond, et la Malemort le sent, comme une oraison funèbre venant murmurer à son oreille.


« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
Va dissiper la nuit. » - Lamartine -

Ces sens se sont éveillés à nouveau, alors qu’en silence elle observe le jeu de son interlocutrice. Pourquoi une anglaise montre-t-elle tant de déférence pour une Reyne qui n’est pas la sienne ?
Jusqu’à présent, les questions ne s’étaient pas imposées ainsi à son esprit, se persuadant qu’il ne devait s’agir là que d’un heureux hasard. Pourtant, alors qu’elle s’approche de la Lady pour entendre ce qu’elle a à dire ; les choses s’éclairent.
Comment pouvait-elle connaître son existence sans avoir farfouillé dans l’arbre généalogique des Malemort ?
Pourquoi lui avoir donné rendez-vous sur la tombe de sa mère plutôt qu’à un autre endroit ?
Et surtout, pourquoi s’être adressée à elle, plutôt qu’au Capitaine ou à la Comtesse du Limousin & de la Marche ?
Tu es trop bête, rouquine !
La peur peut se lire dans son regard, à présent. Elle aurait bien hurlé pour alerter Harchi, mais si elle se trompait sur toute la ligne ?

Elle s’est trop approchée de son bourreau, et il est trop tard pour reculer assez ; pourtant le sursaut est là.

_________________
Anne_de_breuil
Dieu sinistre* qu'est le temps, suspend toi et apprends aux ténèbres à voler tes soupirs. Les pupilles de la proie étincellent de frayeurs qui en elle s'amoncellent. La lame aux reflets d'argent est en émoi. Dans le cœur froid de la fausse anglaise nait un sourire.

Alors la princesse doute, se méfie mais il bien tard, trop tard. Anne chuchote lentement à l'oreille de la femme.


Échec et mat princesse.

Le dernier mot est parfaitement articulé, le "r" comme un coup de hachoir est sec à la française. Lady Clarisse s'envole dans un souffle léger...

Tandis qu'elle observe la crainte qui se lit dans les yeux d'une, d'un geste leste la lame effilée de sa dague vient se poser sur le décolleté de sa victime. Elle ne cache plus son jeu, et s'éclaire d'une joie froide et cruelle. Une première perle de sang tombe entre les seins. Lentement elle appuie sur la peau pour que la pointe de la lame perce l'épiderme. Juste un peu, pour le plaisir, pour espérer voir une grimace de douleurs défigurer un peu plus le visage déjà abîmé de la Malemort. Lentement, doucement, cruellement, la lame glisse et remonte jusqu'au cou...

Au dessus des femmes la Lune d'argent comme une faux semble attendre lentement qu'une âme la rejoigne. Anne en fait fi, elle sait où son âme sera envoyée quand l'heure sonnera. Parfois elle se plait à penser qu'elle saura feindre le repentir face au Très Haut et qu'il lui accordera une seconde chance et alors, elle pourra continuer ses desseins.
Sous leurs pieds la reine qui reçoit de son enfant des larmes de sang qui s'écoulent une à une dans une chute jusqu'à la pierre dur et froide du tombeau.

Elle pourrait l'égorger là maintenant mais n'en fait rien. Elle relâche légèrement la pression sur l'arme...
Sa robe ondule dans la clarté de la nuit. Perdu entre les yeux rougis et les hématomes, son sourire parait fantomatique. Elle observe Aldraien. La femme est belle, elle ne saurait dire en quoi mais en cet instant alors que sa vie se termine, alors que son visage est marqué, elle est belle.
Anne grimace, elle n'aime la beauté chez personne excepté elle. Son arme s'enfonce un peu plus dans la peau mais de nouveau elle adoucit son geste.

Pourquoi ? Comment ? Qui ? Elle sait que ces questions là, chez une femme de sang froid comme celle qui lui fait face, surgissent inéluctablement. Elle n'a pas l'intention d'y répondre, elle va juste l'égorger mais elle attend. Elle attend que la femme ait une lueur d'espoir pour en finir. C'est le moment qu'elle préfère, celui où sa victime pense que peut être elle sera épargnée. Et si la victime usait de cette attente pour crier. Allait-elle devoir sortir d'autres cartes de ses manches ?

La nuit se fait froide. Si rien ne bouge dans cette crypte, non loin les badauds et autres manants continuaient leur flot incessant de vie comme des rats hirsutes que rien n'intéressent si ce n'est le repas du soir. Un bruissement d'ailes se fit entendre. Si un oiseau s'élevait libre dans les airs, Anne comptait envoyer sous terre la belle. Belle... la lame s'enfonçait encore pour ressortir de nouveau.

Sûre d'elle, inconsciente, Anne jubile. Son âme se maintient contre la peau de la Malemort et tressaille au rythme des éclats de rire cristallins et frénétique que désormais Anne exprime. Sa voix se répercute contre chaque pierre, elle s'étouffe contre les arbres, s'envole au vent...

Échec et Mat, [i]dit-elle cette fois à haute voix.

Sinistre, effrayante, impassible, la vibrante douleur de ton cœur plein d'effroi. Remember ! je suis une joueuse avide...*




Extrait de L'horloge, de Charles Baudelaire

_________________
--Harchi


Lune glaciale et terrible qui éclairait l'arrivée savamment pensée de la nouvelle comédienne, personnage principale de la petite pièce qui se jouait sur une crypte récemment édifiée. Halo de lumière blanche froide aux reflets d'argent qui semblait tendre tendrement les bras en direction de sa fille chérie. L'étrangère... Même l'astre nocturne reconnaissait son engeance corrompue par le vice et le Mal. Fille du Sans-nom et de la Lune. Dès son apparition Harchi s'était méfié, toujours grimé en miséreux partageant vinasse et pain sec avec quelques compagnons du soir, nécessiteux. Les opales observaient, les yeux clairs scrutaient, balayant parfois l'endroit où s'était dissimulé sa proie à l'abri dans les ténèbres d'un arbre. Analyser la situation, être sur avant de frapper, être certain avant de dégainer. L'homme dans l'ombre dissimulée n'avait pas bougé. La petite souris se faisait discrète, certainement assistant comme lui au manège des deux femmes à présent à genoux en train de prier. Le vieux soldat non plus, n'avait pas bougé, au risque de voir la situation se compliquer et lui échapper. Soudain, habillement, comme pour renverser la tendance et devenir maître de cette représentation dont il était l'acteur oublié, il prit quelques mendiants par l'épaule, et organisa une danse désarticulée, feintant l'ivresse et la déchéance de son être pourtant parfaitement concentré. Un pas par-ci, un pas par-là, une cabriole, un pas sur le coté, un pas de l'autre coté, une farandole... et voilà qu'il s'était rapproché.

La Lune chérit peut-être ses enfants, mais elle n'hésite pas à les trahir. Mère de vice, c'était au mauvais Dieu que tu adressais tes prières. Quand la frêle blonde se releva, un rayon de lune passa sur une lame aiguisée, bientôt dissimulée dans une manche. Chienne pécheresse ! Trahir celle qui de bonne grâce te tendait la main. Quels sont donc tes réels desseins. Les sinoples de la Princesse devaient transpirer la peur et Harchi qui était si prêt mais si loin, aurait-il seulement le temps ?... La jouissance d'un pouvoir éphémère avait de drôles conséquences. Au lieu de jouir de cet instant précieux par sa rareté, et d'occire le cœur d'une altesse tant qu'il était encore inquiet, la jolie maligne s'enivrait et faisait durer son plaisir. *Prends garde Jolie blondine à être trop gourmande on finit par s'écœurer ou s'étouffer. Jouis de ton bonheur irréel... Goûtes donc sa saveur... Sustentes toi de ses Délices... Écoutes son chant enivrant... Humes son odeur... Et Regardes... Regardes Diablesse, je suis désormais à côté de toi...*

Une ombre parmi les ombres...
Un loup parmi les agneaux...
Et d'observateur il était devenu le chasseur...
Et eux, les proies...
Profitant de la folie de l'étrangère, Le vieux soldat avait rompu ses entraves, saisit les deux gardes de ses épées, dont la pointe de l'une d'entre elle avait finit sa course posée sur le gosier de la fausse Lady, sous le regard argenté de l'astre nocturne, tandis que la seconde du plat de la lame écartait la Princesse apeurée.
* Touchée... Dois-je te couler, toi la Narcisse ? *


    Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
    Au fond d'un monument construit en marbre noir,
    Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
    Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;

    Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
    Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
    Empêchera ton coeur de battre et de vouloir,
    Et tes pieds de courir leur course aventureuse,

    Le tombeau, confident de mon rêve infini
    (Car le tombeau toujours comprendra le poète),
    Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,

    Te dira : « Que vous sert, courtisane imparfaite,
    De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts ? »
    - Et le ver rongera ta peau comme un remords.

(Charles Baudelaire – Remords Posthume)

Lames d'acier suspendues dans leurs actes de mort et de vie. Le froid du métal contre la peau de perle. Et le silence tomba, le temps s'arrêta, et les lèvres sur le visage marqué par le temps, s’étirèrent en un sourire dépourvue de joie, les opales posées sur le profile de l'inconnue avant de se détourner rapidement vers la Princesse, blessée mais bien vivante. Il avait été là, il avait tenu sa promesse, mais cela était loin d'être fini. Le regard clair scruta l'obscurité, pas un bruit, pas un son. Le silence était pesant.

- Reculez Princesse, venez derrière moi... Maintenant ! Le ton était sec et autoritaire, mais ce n'était pas contre la Rousse. Il savait qu'un autre était encore planqué dans les ombres de la nuit. Désormais il lui faudrait ruser. Soit il avait sous sa lame l'instigateur de ce meurtre avorté et dans ce cas là tout se passerait bien. Soit il n'avait que la sou-fifre et dans ce cas … Et bien il aviserait. Le corps massif du vieux soldat s'approcha de la proie, tandis que la lame tranchante meurtrissait la peau du cou délicat sur lequel elle glissait doucement accompagnant le mouvement du Maître d'armes. Les opales étaient de glace aucune compassion pour une engeance du Mal.

- Misérable, croyais-tu vraiment y parvenir ? Croyais-tu vraiment qu'on laisserait son Altesse Aldraien s'aventurer seule à ce rendez-vous ? Qui es-tu ?... L'acier caressait toujours doucement la peau de la gorge dénudée, étreinte tranchante, marquant les chairs d'une fine ligne écarlate. - Parles ou je te saigne. Et demande à ton Chien de nous rejoindre. Je ne voudrais pas qu'il se perde dans la nuit noire, où qu'il tombe sur plus dangereux que moi. Sa supercherie fonctionnerait-elle ? Sous-entendre ainsi qu'ils étaient plusieurs... Et puis s'il se trompait quand au rôle des deux viles raclures ? Il avait placé d’emblée la femme dans le rôle de la cheffe mais s'il se trompait ?... Si les doutes tenaillaient ses entrailles, son visage buriné, lui, restait impassible.
Aldraien
« Pas d’aile, pas d’oiseau, pas de vent ; mais la nuit, rien que le battement d’une absence de bruit. » - Eugène Guillevic-

A peine le temps d’une respiration que la Malemort se retrouve une lame à proximité du cœur, s’empêchant de respirer pour ne pas voir l’acier trancher sa peau ; on t’a bien eu, Princesse. Le Princesse résonne à ses oreilles comme une funeste nouvelle : Clarisse n’est pas anglaise, elle avait feint cet accent de l’outre-manche, et révélait maintenant son subterfuge.
Le temps s’est suspendu en même temps que son souffle alors que la lame a trouvé son épiderme. Elle pourrait crier pour alerter Harchi, mais ce serait signer son arrêt de mort, car jamais la femme ne laisserait l’homme d’armes arriver jusqu’à elle ; mais elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même, elle s’était jetée littéralement dans la gueule du loup. Dans le cerveau de la rouquine, c’est le branle-bas de combat, habituée qu’elle était aux situations de crise.
Étonnamment, ce n’est plus la peur qui transpire de ce regard émeraude, mais l’instinct de survie. Elle ne criera pas ; elle a déjà connu cette situation, dans un autre lieu, dans un autre temps, et la règle avait été claire dès le départ.


« Il vous est interdit de crier. C’est dans votre intérêt. Je serais obligé de vous tuer d’un seul coup de dague. »

Et comme alors, comme dans cette chambre d’auberge où elle avait été torturée, c’est la provocation qui prend le dessus, en lieu et place de la peur. Elle ne crierait pas, car ce serait faire trop plaisir à son agresseur. Elle ne grimacerait pas, mais continuerait de la défier du regard. Comme alors, c’est l’acier qui vient prendre la place de l’émeraude ; et c’est glaciale qu’elle observe la pseudo-anglaise sans se détourner. La lâcheté n’est pas dans ses habitudes.
Tu veux me tuer ? Alors tu me tueras en observant mon mépris.
Tout est clair à présent, le lieu du rendez-vous, l’heure tardive, le choix de la personne. Cette femme - ou un tiers - avait tout calculé minutieusement, usant d’un prétexte auquel elle ne pourrait pas résister pour la faire venir seule, et ça avait marché, ou presque. Mais pourquoi elle ? Elle était de très loin la Malemort qui savait le mieux se défendre, puisqu’elle maniait les armes depuis son enfance, et elle se déplaçait rarement sans un garde au moins pour veiller sur elle. C’est que depuis un certain épisode malencontreux, elle avait tendance à surprotéger ses arrières.
Était-ce parce qu’on la savait affaiblie de sa récente grossesse qu’on s’en était pris à elle ?

La question reste en suspend.
La lame déchire les chairs, lentement, avec plaisir. Elle joue avec sa proie comme son bourreau l’avait fait lorsqu’elle était à sa merci dans cette fameuse chambre d’auberge. Cette fois encore, on ne semblait pas pressé de mettre fin à ses jours, faire souffrir était tellement plus jouissif ; mais à trop jouer avec le feu…On l’a déjà dit.
La Malemort serre les dents, elle a connu pire, bien pire, en témoigne la croix aristotélicienne gravée à jamais sur son ventre, ainsi que les flammes sur son visage. Elle en connait un rayon sur les douleurs que le corps humain est capable d’endurer. Elle ne dira rien, elle ne bougera pas ; elle continuera de soutenir son regard sans verser une seule larme pendant que dans son dos se joue une danse macabre.
Harchi…
Harchi n’était pas loin, elle le sent ; alors elle gagne du temps en restant parfaitement immobile. On ne devient échec et mat que lorsqu’il n’y a plus aucun coup à jouer, or il lui reste sa carte maîtresse. Son Cavalier, celui qui sait se faire discret mais se montre décisif lorsqu’il s’agit de protéger la Reyne…

Froide, c’est sa haine qui transpire maintenant de son regard d’acier.
Elle l’aurait assassiné du regard, si Harchi n’était pas intervenu. Ou serait-ce elle qui l’aurait été par cette dague froide ? Le sang perle le long de sa gorge pour venir s’écraser sur le marbre de la pierre tombale ; la respiration, elle, a été coupée par le plat de la lame de l’homme d’armes. Il a réagi au bon moment…Elle-même a été surprise, pourtant elle plus que quiconque aurait dû s’y attendre.
Elle recule d’un pas, sa main se portant à la gorge blessée. Est-ce qu’elle aussi comptait faire un chef-d’œuvre ?
Le sang coule, mais pas assez pour mettre sa vie en danger. Au pire, ce ne serait là qu’une cicatrice de plus, qu’elle oublierait bien vite, comme toutes les autres. Les aciers continuent de regarder la chasseuse devenue proie. Que ferais-tu à présent, Clarisse, hein ? Elle laisse Harchi parler, il fait ça bien mieux que lui, et elle n’est de toute façon pas en état de le faire. Si elle n’était pas devant la tombe de sa Mère, elle l’aurait déjà saigné de ses propres mains, comme une bête blessée qui devient enragée pour sa survie.

Dépêche-toi de mettre fin à toute cette mise en scène Harchi…Car la rousse bouillonne. Elle réclame vengeance pour ces quelques gouttes de sang qui lui ont été arrachées.

_________________
--Gatien_de_rochefort


Elle était finalement arrivée, resplendissante comme toujours. Un fantôme déambulant parmi les mortels.

L'arbre, pas moins ombre que lui même en cet instant, tendait toujours ses bras à la nuit. Gatien se voulait son écorce silencieuse et discrète qui observait chaque mouvement des deux femmes. Un regard, parfois, se posait sur les mendiants mais sans y prêter grande attention. La superbe de son acolyte était visible même à travers le noir de la nuit.

Les larmes d'acier qui s'écoulaient des émeraudes, des yeux d'Anne, s'il ne les voyait pas, il les devinait. Il connaissait les soubressauts caractéristiques des blanches épaules de la femme lorsqu'elle feignait les sanglots.

Une prière sur un royal tombeau sans que cette fois elle ne saisisse de la moindre fleur aux pétales vermeils. C'est l'éclat immaculé d'une lame glissée presque imperceptiblement sous une manche grise qui amena Rochefort à saisir les desseins de son acolyte. Trois regards sur une même lame mais la proie était aveugle de ce qui se jouait.

Hêtre ou ne pas être ? Gatien, toujours près de l'arbre sentit un frisson le parcourir. Il n'était pas homme à mépriser les méfaits des créatures du Très Haut, il en avait vu d'autres ; pourtant, en cet instant quelque chose n'allait pas.
Scrutant les alentours par précaution, il ne vit pas la dague approcher le gosier de la princesse... Il ne vit pas Lady Clarisse s'évanouir pour laisser place à Anne de Breuil, il ne perçut pas le murmure d'une joueuse qui croit tenir sa victime aux portes du Jugement.

Des arbres hirsutes parsemés ci et là, des mendiants grouillants, putrides comme des charognes infâmes, des brises légères et glacées comme un souffle mortel... rien qui alarma le ballafré.
Ses yeux noirs se posèrent de nouveau vers le tombeau où déjà un drame s'était joué changeant la victime en bourreau.


"Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux verts,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers..."
Charles Baudelaire

La lame avait quitté son fourreau secret et faisait couler un sang royal sur une peau abîmée. Nouveaux frissons chez le Rochefort qui priait à présent pour qu'elle en finisse et cette fois, ne joue pas ses instinct félins ; mais Anne serait le chat aux yeux verts qui plante ses griffes juste un peu pour que la bête ne meurt pas, pas encore... Elle voudrait encore goûter l'agonie.

Encore, il scruta les alentours percevant à présent l'éclat de rire amer d'Anne tandis qu'un mendiant s'approchait inexorablement des deux femmes.
Gatien comprit que le jour où l'arrogance d'Anne mettait fin à son outrecuidance.

Le visage d'un enfant blond au sourire innocent vint encore le hanter...

Rochefort recula d'un pas, observa la blonde les deux armes posées sur elle et s'éloigna lentement tournant le dos à la tragédie, tournant le dos à cette femme défaillante aux rives de la mort.
Anne_de_breuil
Go to rot in hell, I'm Lady Clarisse. *

Elle était faite. Son mépris et sa condescendance avaient eu raison d'elle. La rage qui brûlait ses entrailles était grande et puissante mais les lames des épées pointées sur son corps la contenaient comme un feu condamné à ne point brûler trop, à garder les flammes près des braises sans jamais qu'elles ne viennent lécher le corps de son assaillant.

Elle devait improviser à présent. Comme un oiseau de nuit, Lady Clarisse revenait lentement se poser sur la scène pour jouer de nouveau mais l'anglaise était épuisée déjà.

Son visage n'était plus qu'humilité. La femme montrait à cet homme aux effluves de pauvreté, qui s'il n'avait tenu ses armes fièrement comme un maître d'arme aurait tout d'un sans le sou, qu'elle baissait les bras, admettait sa défaite et s'en remettait à lui.


My dear..., commença t-elle d'un air contrit, vos armes sont moins menaçantes que mon sort si je parle.

De nouveau, elle s'exprimait avec un fort accent d'outre manche.


"Mais faut-il à cette place
Avancer ou demeurer ?
Autour de nous tout menace,
Tout s'émeut, luit et grimace"
Gérard de Nerval


Elle pensa bien user de ses larmes pour amener l'homme au vague à l'âme mais la princesse ne serait dupe d'un drame qu'elle avait déjà vu jouer et sous les armes, Anne se devait d'innover.


Je confesse à Dieu Tout-puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes Amis parce que j'ai beaucoup péché...en pensée... en parole, et... et en action...


Son regard à présent était vide de toute lumière, celui d'une femme qui sait qu'elle va mourir et qui ne peut se sauver.
Elle tremblait à présent de froid, et de peur sans doute, peut-être...


Je confesse à Dieu Tout-Puissant...

Tandis que son flot de piété inondait la scène, elle étudiait ses possibilités. Elle ne pouvait pas fuir sans risquer sa vie, elle pourrait être tuée là mais elle gageait que la curiosité du vieil homme mais surtout de la Malemort les pousserait à la garder en vie... Elle n'avait cependant pas l'intention de rester enfermée le restant de ses jours.

Gatien avait du fuir, c'était ce qu'il avait de mieux à faire. Il saurait revenir au bon moment. Non, pour l'heure, il fallait qu'elle prie.


L'anathème me sera fait, my God, je l'assumerai. Such is my penitent.**

"Pour frapper, pour égarer ;
Arbres et rocs sont perfides ;
Ces feux, tremblants et rapides,
Brillent sans nous éclairer !..."
Gérard de Nerval

Je suis prête, ajouta t-elle à l'attention du soldat cette fois avant d'avancer légèrement son corps vers lui laissant les lames de ses épées percer un peu plus sa peau. Elle semblait aller vers la mort d'elle même dans une grimace de douleur, sans laisser le temps aux autres de l'y emmener




*Allez pourir en enfer
** Tel est mon repenti

_________________
--Harchi


Folle ! La diablesse était folle ! Alors que l'accent anglois avait laissé place à un parfait Français, voilà que la possédée reprenait de nouveau les intonations de la langue d'outre-manche. Loin de décontenancer le vieux soldat, cette réaction faisait naître en lui un profond sentiment de haine. La Blondine entendait certainement des voix. Et cette cruelle vérité le ramenait à sa propre folie. Les yeux verts de l'intrigante étaient-ils le miroir reflétant ce qu'il deviendrait lui ? Impossible, il se donnerait la mort avant de sombrer totalement... Pourquoi Elle, ne l'avait-elle pas fait.
La lame étincelante, sous le regard bienveillant du croissant d'argent, ne frémissait cependant pas. Toujours posée sur la peau de lait, un peu plus fermement pourtant, qu'il y avait quelques instants. Morsure glaciale de l'acier, meurtrissant les chairs délicates d'une gorge féminine.


- C'est ça ! Diablesse ! Prie donc ta déesse païenne, qui par la semence du sans-nom, t'a façonnée et permis de sortir de ses cuisses. Pries donc la Lune car c'est bien là que tu vas finir et nul ne l'empêchera. A l'heure qu'il est ton chien a déjà du rejoindre son panier puisqu'il n'a pas daigner se montrer... Tu es seule...

*Oh oui tu vas mourir ! Parce que tu représentes mon avenir. Parce que tout ce qui fait toi, je haïs, un jour, de devenir. Et je te laisserai là pourrir, la Nature fera disparaitre tout ce qui était toi ! * La déraison s'invitait, vicieuse et pernicieuse dans l'esprit et le cœur du Valet. L'homme Lige perdait pied. Le Très-Haut et le religion oubliées. Harchi sombrait, son vieux cœur trop éprouvé. Si elle n'avait pas été aveuglée par sa Folie, la Princesse reposerait en paix à l'heure qu'il est, aux pieds de sa défunte Mère... Amen... Le voilà Juge et Bourreau dans son propre tribunal.

    Il est amer et doux, pendant les nuits d'hiver,
    D'écouter, près du feu qui palpite et qui fume,
    Les souvenirs lointains lentement s'élever
    Au bruit des carillons qui chantent dans la brume,

    Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux
    Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante,
    Jette fidèlement son cri religieux,
    Ainsi qu'un vieux soldat qui veille sous la tente !

    Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
    Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
    Il arrive souvent que sa voix affaiblie

    Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie
    Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts,
    Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts.

(Charles Baudelaire - La Cloche Félée)

L'astre nocturne serait le témoin de l'acte impardonnable qu'il s'apprêtait à commettre là sur la sépulture royale. * Maudit croissant ! Sois le témoin de cette dette de sang ! Elle s'est attaquée à la Princesse aux cheveux de flammes. Ce sera donc rapide... Si ça avait été Mahelya ... * Le silence retomba sur la crypte en plein air. Lugubre, sombre, messager de l'outre-monde. L'idée que cette folle aurait pu s'en prendre à sa Filia(*), le mit dans une colère noire, sans précédent pour cet homme de loi. Nulle compassion pour l'engeance du Malin, les opales n'étaient plus glace mais ténèbres. Et le chasseur était aveuglé par le goût du sang. *Agonises Blondine. Expire une dernière fois ! *
Le rayon de lune éclaira l'acier de la lame qui s'élevait sans vaciller dans l'obscurité nocturne.

Folie, folie maîtresse de sa nuit, folie instigatrice de ces actes...


______________
(*) Fille en latin.
Aldraien
« Une vengeance trop prompte n’est plus une vengeance ; c’est une riposte » - Henry de Montherlant -

La litanie reprend, comme une mélodie qui s’accorderait au sang qui cogne contre ses temps dans un rythme endiablé. Comme une comédienne qui aurait raté sa formation, la fausse anglaise revenait sur le tapis dans une pirouette qui n’avait rien de convaincante. Si elle réussissait à berner Harchi, ce ne serait de toute façon pas son cas à elle, qui avait clairement reconnu l’accent français dans les paroles prononcées avant de faire couler le sang. Son sang.
Se confesser…
Voilà une bien drôle d’idée, alors que le remord ne l’avait pas habité une seule seconde lorsque la lame avait pénétré la chair de la Malemort. Se confesser sur la tombe d’une Reyne alors qu’elle voulait tuer sa belle-fille. La trentenaire n’était pas dupe, on pouvait la tromper une fois, mais deux…Ce n’était tout de même pas un lapin de deux semaines, et elle était loin d’être née de la dernière pluie. Les aciers continuent de fixer la femme tandis qu’elle sort son plus grand numéro pour l’homme-lige devant elle. Elle n’a pas bougé alors que Clarisse avance sur la lame ; elle fait confiance à Harchi.

Loin de se douter de ce qui peut se jouer dans l’esprit du Maître d’armes, elle l’écoute déverser un flot de haine sur la pécheresse. La tuer ? Ici, sur la tombe de sa Mère ?
Pas si elle pouvait l’empêcher.
Ce n’est plus le même homme qui se dresse devant elle, la Haine qui l’habite est presque palpable et semble avoir pris possession de lui tout entier. Il l’avait empêché de commettre l’irréparable, pourquoi alors semblait-il si remonté ?
Non Harchi…Tu ne dois pas faire ça.
Les aciers se posent sur la silhouette dépenaillée du vieux Valet. Retrouve la raison, vieil homme. Si elle-même perd parfois la tête, elle ne souhaite pas qu’il en soit de même pour Lui, il compte bien trop pour Marie-Amelya.
La lame se lève, funeste pour la fausse anglaise ; et la main de la Malemort se pose sur l’acier, salvatrice.


- Ca suffit, Harchi.

Elle fait pression sur la lame pour l’inciter à se baisser tandis que les mots sont lâchés d’un ton sans appel. Elle aussi a le goût du sang dans la bouche, mais celui-ci n’a déjà que trop coulé cette nuit, il est temps d’en arrêter le flot. Plus que tout, elle se refuse à souiller la tombe sacrée de sa Mère avec ce sang corrompu ; même si ce n’est pas elle qui porte le coup ; le liquide carmin de l’ennemie n’a pas assez de valeur pour se vider ici.
Il n’y a pas que ça.
Harchi ne doit pas faire ça. Pas pour elle. La vengeance et la colère ne sont jamais bonnes conseillères ; elle est très mal placée pour donner des conseils, pourtant l’endroit où elle se trouve l’apaise, et lui permet de garder un semblant de contrôle, malgré le sang qui coule sur sa gorge et sa poitrine et rend son teint encore plus blanchâtre qu’il ne l’est habituellement, contrastant avec le carmin qui s’écoule. Elle se rapproche d’Harchi, se postant à ses côtés.
Il doit comprendre.
Elle souffle alors, comme une caresse.


- Ne la laisse pas te pousser à bout. Si tu la tues sur la tombe de Mère, je ne pourrais rien faire pour te protéger. Rien. Tu devras assumer cet acte, et tu sais parfaitement que ça nuira à Marie-Amelya. Reprends-toi, Harchi. Pour Elle.
Cette femme paiera pour ce qu’elle a fait ; mais pas ici, pas comme ça. Enfermons-là. Qu’elle avoue ce qu’elle a fait, et soit jugée pour ses actes par le Très-Haut, et la Justice. De grâce, Harchi, abaisse cette lame, tu n’as pas à payer pour ses crimes.


Ne la laisse pas prendre possession de toi, cette folie destructrice.
_________________
Anne_de_breuil
Bien entendu le jeu était un peu éculé et ne prenait pas ; elle s'en rendait bien compte. Le vieillard et la brûlée la haïssaient...

"Eh bien ! oui c'est mon vice.
Déplaire est mon plaisir. J'aime qu'on me haïsse."
Edmond Rostand Cyrano

Son regard se devait rester humble, de celle qui accepta la défaite et s'en remet au Très Haut. Le divin était pourtant bien loin en cette nuit ou la Lune se voulait seule lumière céleste parmi les ombre et les haines dans un jeu de fous.

La pointe de deux épées dans sa chair laissait percer de fines gouttes immaculées qui glissaient sur le métal froid. Le froid les entourait comme un linceul à travers le regard du soldat. Anne voyait comme des éclairs de fureur qu'elle n'avait pas prévu transperçait le regard clair de l'homme. Il allait la tuer, elle devait trouver une parade...

Un râle de souffrance s'échappait de ses lèvres carmin tandis qu'elle voyait comme on entend le glas, les armes comme des masses se dresser devant elle.

Déjà la princesse craignait la fureur de l'homme plus que celle qu'elle avait elle même tenté de créer. Une pointe d’orgueil que l'on atteint ravivait une rage chez Anne. "Je suis celle que l'on redoute pardieu :!" pensait-elle les dents serrés. "..mais en position de faiblesse te voilà proie" répondait-elle à présent à sa propre personne.

Il allait la tuer et elle ne réfléchissait pas sainement laissant son égo la détourner de son propre sauvetage et c'était à une rousse qui devrait être morte en cette heure qu'elle allait peut être devoir son salue. Du sang s'écoulait à présent de sa bouche tant ses dents avaient pénétrés profondément la chair de ses lèvres.

Elle ne devait pas perdre la vie. Elle ne devait pas perdre.

La haine traversait à présent ses yeux et desserrant la mâchoire elle parvint à articuler quelques mots.


- Oui vous m'arrachez tout, le laurier et la rose !
Arrache ! Il y a malgré tout quelque chose
Quelque chose que sans un pli, sans une tâche,
J'emporte malgré vous, et c'est... c'est ?*


Un râle encore vint l'interrompre et déjà elle entendait comme un souffle la voix d'une princesse qui tentait de mettre fin à une folie qui n'était pas la sienne.
Allait-elle mourir ce soir en perdant son panache*, cette chose qu'elle pensait garder en elle jusqu'au seuil de sa mort et bien après ?

La peur se lisait dans ses yeux. Une peur feinte et réelle à la fois qui devait servir sa dernière carte et qui si elle ne fonctionnait pas avait sa légitimité à se lire puisque bientôt des lames perceraient son corps.


...mes secrets, dit-elle enfin comme un aveu. Un murmure à peine perceptible mais elle savait que les deux l'entendraient. Un secret est une chose qui attire la curiosité, les convoitises qui vous fait suspendre toute entreprise tant il est redouté que celui ci les mettent en péril.
Un secret est un aout qu'il soit réel ou non, Anne en jouait alors que les armes s'approchaient un peu plus d'elle.

Elle baissa ses paupières d'abord comme quiconque redoute d'assister à sa propre fin et les rouvre avec une volonté de fer refusant de s'abaisser devant un vieux soldat malodorant et sale.


Mes secrets... répéta t-elle encore. Elle jouait sa dernière carte. La crainte l'aiderait sans nul doute plus que la pitié.

"La Haine est un carcan, mais c'est une auréole !"
Edmond Rostand, Cyrano


* Cyrano, Edmond Rostand

_________________
--Harchi

    L'homme est moins lui-même quand il est sincère, donnez-lui un masque et il dira la vérité.
(de Oscar Wilde Extrait du Entretiens)

Vieux soldat ? Chasseur sanguinaire ? Le masque du vieil homme fleurissait sur son visage marqué aussi surement que les ténèbres s’abattent sur terre lorsque la nuit tombe. Là, sur la tombe d'une Reyne, le soldat semblait si impassible, paisible, neutre. Seul son regard brillait de Folie dévastatrice. La blondine l'avait poussé à bout, et le gout du sang brulait sa gorge. Bientôt la peau de perle serait souillée de carmin et sa propre folie disparaitrait en même temps qu'elle. Ainsi personne ne saurait jamais ce qu'il deviendrait. Il ferait disparaitre son miroir féminin, ses yeux verts déjantés qui le renvoyaient aux siens. * Tues là … Tues là … Transperce là parce qu'elle est toi … Égorge là parce que c'est ce qu'elle lui aurait fait … Aldraien … Silvine … Mahelya … Evalyne… *. Passé et présent se confondaient, se superposaient, le plongeant un peu plus dans les sombre méandres de sa folie. Harchi ... Harchi ... Si stable, si calme en apparence, n'était à l'intérieur, plus qu'un champs de ruine. Harchi... Harchi ... Un vieux cœur vacille...
Le rayon lunaire éclairait le métal suspendu dans les airs. La seconde de l'action semblait s'étirer en une éternité pour le fol. Arrêtez-le. Mettez un terme à cette folie... Ou il sera perdu à tout jamais et son âme damnée.


    L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
(de Oscar Wilde )

Prier le Très-Haut ? Pour quoi faire ? La rédemption ? Le pardon ? La justification de son geste ? Qui était-il ce dieu de pacotille ? Rien qu'un enfant capricieux jouant avec des figurines ? N'avait-il pas permis les atrocités de sa vie ? N'avait-il pas permis des guerres en son nom ?
L’amertume et la colère glaçaient son être jusqu'aux os. Pas de salut pour les maudits. Le vieil homme plongeait doucement mais surement et nulle croyance ne pourrait ramener la raison dans son Esprit torturé. Nulle croyance en effet ... Mais une femme ... Qui sait ?!...
La main Princière arrêta le geste funeste, ferme, inflexible et surtout salvatrice. * Tu ne seras pas un meurtrier ce soir... *. La voix intérieure était différente à présent.
Comme s'il avait été touché par une main divine, Le vieux soldat ressentit, aussitôt une chaleur envahir et réchauffer ses entrailles. Les opales se tournèrent immédiatement vers la Princesse, tandis que la main libre attrapait avec force l'épaule de l’Étrangère. C'est qu'il ne faudrait pas qu'elle en profite pour se faire la malle.
Et Aldraien trouva les mots. Enfin surtout un... Elle... Marie-Amélya... Sa vie, son passé, son avenir, son bourreau, son sauveur, son tout, son rien...


    La moralité est l'attitude que nous adoptons vis-à-vis de personnes que nous ne pouvons pas sentir.
(de Oscar Wilde Extrait du Phrases et philosophies)

Le vent entremêlait les cheveux grisonnant du vieux valet, alors qu'il savourait la brise fraiche sur son visage marqué par le temps. Les yeux fermés. Le silence était retombé sur la crypte, les mendiants étaient rentrés. La petite blonde avait bien essayé de parler et de se défendre, mais l'homme ne l'avait pas écouté, pourquoi s'encombrer les oreilles de mensonges... Harchi se contentait de se répéter à lui-même le prénom de son Étincelle. Celle qui en toutes circonstances et par d'étranges moyens le ramenait toujours à la raison. Ce soir c'était une Princesse qui avait susurrer son nom. Sa Mère Aldraien. Femme qu'il aurait volontiers détestée il y a peu, parce qu'elle lui avait arraché son oxygène.
La vie est cabotine n'est-il pas ? Et voilà que d'ennemie la Princesse était devenue presque aussi précieuse que sa Filia aux yeux du vieux soldat. Et ce soir, c'est elle qui au nom de sa Rouquine le ramenait dans le droit chemin. Un éclat dans la nuit. Une nébuleuse dans les ombres de son esprit. Le visage se tourna alors vers l'actrice et l'instigatrice de ce théâtre morbide. Les lèvres se penchèrent doucement à l'oreille de la blonde.


- Note bien cela Diablesse. Ce soir tu ne gardes la vie que parce que celle que tu voulais tuer, en a décidé ainsi. Apprécie l'ironie de la situation... Tu devras vivre avec cette humiliation. Enfin tu auras le temps d'y réfléchir en prison. Puis le ton se fit plus bas. - Notes bien ceci aussi, à notre prochaine rencontre je ne serait sans doute pas aussi complaisant !

La menace était lancée et pour sur elle serait appliquée si le chemin du Valet venait à croiser celui de la Folle, un jour. Le faux mendiant rangea l'une de ses épées, et se servant d'un filin qui avait maintenu les lames d'acier dissimulées contre ses jambes un peu plus tôt, Il noua très serré les mains de l'engeance du mal dans le dos. Une lame tout de même à portée de main.

- Elle est à vous ... Où voulez-vous qu'on l'emmène ?

Bien que le visage du vieil homme restait fermé, en son fort intérieur, les entrailles réchauffées, il se laissait bercer par la mélodie de la joie. Fier d'avoir une fois de plus résisté. Fier qu'une Princesse ait pu empêcher ses terribles démons de reprendre le contrôle de son Être. Sa folie s'était tut... Du moins pour l'instant... Comme il y avait douze ans, lorsque le sourire d'une enfant, qu'il voulait pourtant saigner, l'avait sorti de sa transe. Cette nuit là l'espoir l'avait quitté avant de renaître dans les prunelles émeraude d'un nouveau né.

    D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur.
(de Oscar Wilde Extrait du Le portrait de Dorian Gray)
Aldraien
La Malemort était restée de marbre face à la scène qui s’était jouée sous ses yeux, implacable, elle avait gardé sa main posée sur l’épée de Harchi, certaine qu’elle réussirait à le convaincre de ne pas faire cette erreur ; elle ne savait que trop ce poids sur la conscience que pouvait représenter un meurtre de sang froid, accompli sans songer aux conséquences d’un tel acte. Elle y songerait donc pour lui ; elle refusait de voir cet homme balancer au bout d’une corde et devoir faire face seule au chagrin inconsolable de sa fille ainée.
Peut-être une pointe d’égoïsme dans les pensées de la trentenaire et pourtant, elle n’avait certes pas envie de se retrouver à assumer seule la tristesse de sa fille, mais elle n’avait surtout pas envie de perdre un homme avec une telle bonté d’âme. Après tout, qui acceptait sans broncher de suivre une presque inconnue à un rendez-vous qui de toute évidence allait être dangereux ? Lui. Juste lui. Elle avait une dette envers lui, qui venait de lui sauver le cuir et la vie. Finalement, la main retourne contre sa gorge pour essuyer le sang sur sa peau, quittant ainsi l’acier réchauffé en même temps que le cœur du vieil homme ; maintenant elle le sait, il ne tentera plus rien.


- Tu es un homme bon, Harchi.

N’en doute jamais.
La phrase a été murmurée, a-t-elle été entendue ? Mystère.
Tu es en vie, Diablesse, parce que je l’ai voulu ; moi et uniquement moi.
La silhouette princière et blessée se redresse, le sang coulant en un mince filet pour disparaitre sous ses vêtements, de toute sa hauteur, elle toise sa désormais captive. Son séjour dans les geôles de Ussac sera tout sauf agréable, elle s’en fait la promesse. Tu veux jouer.
Jouons.
Je vais te les faire cracher, tes secrets.
Enfin, son regard croise celui d’Harchi. Il y a des choses qui n’ont pas besoin d’être dites, des secrets qui doivent rester entre deux personnes et seulement elles. La façon dont les secrets seront arrachés à la prisonnière en fait partie.


« Mon âme a son secret, ma vie a son mystère. » - Alexis-Félix Arvers -

- Dans les prisons de Ussac. Je m’occuperai de la mener devant le Procureur dès demain.

Aussitôt dit, aussitôt fait.
Le regard, plein de haine, se pose sur la fausse anglaise ; vois-tu comme je te suis supérieure ? En actes, en paroles et en pensées. Je suis cent fois ton égale. En quelques heures, Ussac est rejoint, et la femme écrouée dans les geôles désertes de la Baronnie, sous la surveillance de trois des meilleurs gardes de la Mesnie.
La trentenaire, elle, doit passer par la case médicastre afin de nettoyer la blessure ; pourtant elle s’esquive, et se rend dans ses appartements. Seigneur…Pourquoi m’infliger toutes ces épreuves, si c’est pour me laisser en vie à chacune d’entre elle ? Explique moi, je t’en prie…Elle tombe à genoux sur le prie-Dieu devant son lit. Combien de fois l’acier a-t-il tranché la chair ? Combien de fois a-t-elle cru que sa vie était révolue ? Pourtant, elle était toujours là.
De longues heures à prier, puis un sommeil sans rêve.


- Je m’en occupe, ouvrez la porte.

L’épée bâtarde est pointée sur la femme tandis que la porte est ouverte ; par mesure de sécurité, elle est ligotée par les gardes, et menée en dehors de sa cellule. Bien sûr, elle n’a rien eu à manger, ni rien à boire : les créatures du Sans Nom n’ont pas besoin de ça.
Tenue de Licorne, elle a dormi quelques heures et bien que très faible, elle saura largement tenir cette femme en respect. La femme est traitée sans égard, brusquement, la pointe de son épée reste plantée dans son dos tandis que les trois gardes l’entourent afin de l’escorter jusqu’à Limoges. Bien sûr la route serait longue, et la Malemort piquerait parfois du nez mais qui n’aurait pas la même réaction après la nuit éprouvante qu’elle venait de passer ? Heureusement, les gardes à la livrée chargée d’un croissant d’argent veillaient pour elle lors de ces cours moments d’absence.
Le bureau du Procureur dans la Capitale est trouvé rapidement, et la porte frappée tandis que la femme reste toujours sous le joug de l’acier.

_________________
Sirbalian
Le montbazon n'est pas rentré chez lui la nuit précédente...
Il est resté à son bureau de procureur, en tentant d'adoucir sa soirée avec une bouteille de Prune et d'Armagnac de sa cuvée personnelle.
Finalement le sommeil l'a rattrapé et c'est la tête sur un dossier qu'il a finit par s'endormir...

Et alors que le soleil vient à peine de se lever, un bruit lourd résonne comme si on lui fracassait le crâne.
Ses yeux s'ouvrent péniblement... reconnaissance des lieux.
Sa tête se décolle lentement du bureau... tête lourde et nuque amplie de noeuds.
Son ouie l'interpelle à nouveau... regard vers la porte d'ou semble venir le bruit.

Aucunes idées du moment de la journée si ce n'est que le soleil passe à travers sa fenêtre, signe que le jour est levé.
On vient sans doute le voir pour une plainte de plus...
Le montbazon se redresse et se tape légerement les joues histoire de se réveiller un peu plus, puis ôte les 2 bouteilles vides de son bureau, les cachant par terre derrière celui-ci.


Huum... ENTREZ !!
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)